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Rédaction :
Benoît Rouillé
Huile et tourteaux Juillet 2010
de palme
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de production représentent donc à eux seuls 95 % des surfaces de palmier à huile,
les terres étant souvent utilisées au détriment de la forêt. Ces surfaces sont en
expansion forte du fait de l’utilisation possible d’huile de palme produite pour la
production de biodiesel.
En millions d’hectares
2004 2007
(%)
12,3 13,9
Monde
100 % 100 %
7,1 8,9
Asie
56 % 64 %
4,5 4,3
Afrique
37 % 31 %
En millions de tonnes
2004 2007
En %
31,2 39,3
Monde
100 % 100 %
27,1 34,7
Asie
87 % 88 %
2,1 2,3
Afrique
7% 6%
La demande mondiale en huile de palme est donc en plein essor et entraîne une
hausse régulière de la production de +3 %/an depuis environ 15 ans. La demande
est réellement mondiale car 67 % de la production est destinée à l’exportation.
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Tableau 3 : Exportations et importations d’huile et de tourteaux de palme
(Source : FAOSTAT)
L’huile de palme peut être utilisée en industrie alimentaire (selon différentes études,
10 % des produits de grandes surfaces en contiendraient), mais aussi comme
supplément énergétique dans des aliments composés ou ajoutée directement à la
ration par l’éleveur. Là encore, l’importance de cette pratique reste faible. Pour les
aliments composés destinés aux vaches laitières, les matières grasses végétales ne
représentent que 0,5 % de la composition d’un aliment moyen. En terme de volume,
cela ne représente qu’environ 15 000 tonnes, toutes origines végétales confondues.
Il n’existe pas de données fiables concernant l’utilisation d’huile (de palme ou autre)
par les éleveurs directement en élevage, mais il semblerait que les volumes soient
très faibles.
En alimentation animale, suite à l’interdiction d’utiliser des farines animales dès 2001,
les fabricants et le marché se sont tournés vers d’autres matières premières : les
importations de tourteaux de palme sont alors passées de 4 000 tonnes par an à
environ 150 000 tonnes par an. Cela représente actuellement moins de 1 % des
sources azotées utilisées pour alimenter le bétail. A titre de comparaison, les
tourteaux de colza et de soja consommés toutes espèces confondues sont de l’ordre
de 1,5 millions de tonnes et 4,5 millions de tonnes respectivement. Les tourteaux de
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palme n’apparaissent même pas dans les formules moyennes du SNIA pour les
vaches laitières ou les autres espèces, ce qui témoigne de la faible importance de ce
coproduit dans l’alimentation animale. Ces chiffres ont été confirmés par des
contacts récents avec le SNIA.
Tableau 4 : Part des différents acides gras dans les huiles et tourteaux de palme
(Source : Inra 2007)
% des AG Huiles végétales Tourteaux
totaux Palme
Palme Colza Soja Colza Soja
expeller
C6 + C8 + C10 - - - 7,8 - -
C 12:0 0,3 0,2 - 46,9 - -
C 14:0 0,6 0,1 0,1 15,7 0,1 0,1
C 16:0 43,0 4,2 10,5 8,5 4,2 10,5
C 16:1 0,2 0,4 0,2 - 0,4 0,2
C 18:0 4,4 1,8 3,8 2,6 1,8 3,8
C 18:1 37,1 58,0 21,7 14,9 58,0 21,7
C 18:2 9,9 20,5 53,1 2,2 20,5 53,1
C 18:3 0,3 9,8 7,4 0,4 9,8 7,4
C 20:0 0,4 - 0,3 - - 0,3
Total (%) 96,2 95,0 97,1 99,0 94,8 97,1
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L’huile de palme étant riche en acide palmitique (C 16:0), un acide gras saturé à
chaîne moyenne qui n’est pas recommandé en terme de santé humaine, son
utilisation n’est pas conseillée d’un point de vue nutritionnel car le lait ainsi produit
sera enrichi en C 16:0. La même conclusion peut être émise concernant les
tourteaux de palme expeller qui lui contient surtout de l’acide laurique (C 12:0) et de
l’acide palmitique. Les tourteaux et huile de colza sont favorables à la qualité
nutritionnelle des laits car ils sont riches en acide oléique (C 18:1), acide gras mono-
insaturés.
1. Matériel et méthodes
Les animaux
Six vaches laitières ont été retenues pour réaliser cette observation. Elles n’étaient
plus en essai et étaient donc disponibles. Il s’agit des trois vaches multipares et de
trois vaches primipares. Elles ont été maintenues sur leur régime expérimental :
ensilage de maïs + concentrés.
Le rationnement
Tous les animaux reçoivent le même régime pendant trois semaines avant la
distribution de l’huile de palme. La ration contenant de l’huile de palme est distribuée
aux animaux pendant les trois semaines suivantes avant un retour à la ration de
départ.
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Tableau 1 : Planning des périodes d'alimentation et des prélèvements
Semaine Dates Prélèvements Rations
calendaire Du … au …
52-1-2 1er janvier au 11 4 prélèvements en S2 Ensilage de maïs
janvier (Témoin)
3-4-5 12 janvier au 5 4 prélèvements en S5 Ensilage de maïs
février + huile de palme
6-7-8-9 6 février au 29 4 prélèvements en S8 Ensilage de maïs
février 2 prélèvements en S9 (retour témoin)
Les rations sont établies à partir des résultats d'analyses en vert du silo de maïs
utilisé. Les valeurs nutritives des aliments concentrés proviennent de valeurs
moyennes observées sur la ferme des Trinottières.
La ration complète est distribuée après pesée des fourrages et les concentrés sont
apportés en proportion des fourrages. La distribution a lieu une fois par jour, le matin,
après enlèvement et pesée des refus de la veille. Pour les rations contenant de
l’ajout d’huile de palme, l’apport se fait après distribution de la ration dans le bac. La
dose est de 400 g/VL/j, et elle est mélangée aux fourrages et aux concentrés
manuellement.
2. Les résultats
Il faut bien noter que ces résultats ne sont que le fruit d’une observation sur un
nombre limité de vaches laitières (6) et que de ce fait, les analyses statistiques sont
impossibles. Il s’agit ici de tendances résultantes de la distribution d’huile de palme.
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Les performances zootechniques
Tableau 4 : Résultats des analyses CPG sur les acides gras du lait
(en % des acides gras) EM (S2) EM+HP EM (S8) EM (S9)
(S5)
Acides gras saturés 69,9 72,2 71,0 68,5
Dont acide palmitique 32,7 34,6 32,7 32,0
C16:0/AGS (%) 46,8 48,0 46,0 46,7
Dans le même temps, la part des acides gras insaturés baisse avec l’apport d’huile
de palme puis retrouve le niveau initial deux à trois semaines après le retour à la
ration témoin. Les acides gras mono-insaturés se comportent de la même façon.
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AGS
Evolution des teneurs en acides gras en fonction des C16:0
régimes alimentaires AGI
AGMI
80
70
% des acides 60
gras
50
40
30
20
EM (S2) EM + HP (S5) EM (S8) EM (S9)
35
34
% des AG
totaux
33
32
31
EM (S2) EM + HP (S5) EM (S8) EM (S9)
L’apport d’huile de palme dans la ration des vaches laitières a entraîné une
augmentation des acides gras saturés (non désirés) dans le lait et notamment de
l’acide palmitique (+ 2 points). A l’inverse, le pourcentage des acides gras insaturés a
baissé, y compris celui des mono-insaturés. Après l’arrêt de la distribution d’huile de
palme aux six animaux, le lait retrouve sa composition initiale au bout de trois
semaines environ, y compris concernant la teneur en acide palmitique. Toutefois,
aucune analyse n’a été effectuée entre S5 et S8.
L’alimentation des vaches laitières permet donc bien de modifier le profil en acides
gras du lait. Selon les recommandations nutritionnelles, l’huile de palme semble donc
détériorer la qualité du lait en augmentant la part des acides gras saturés et surtout
celle de l’acide palmitique.
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Pour en savoir plus :
Visitez notre rubrique « Les coproduits pour l’alimentation des ruminants »
http://www.inst-
elevage.asso.fr/html1/spip.php?page=rubrique_espace&id_espace=931&id_rubrique
=28
Références bibliographiques
Paccard P., Chesnais F., Brunschwig P., 2006. Maîtrise de la matière grasse du
lait par l’alimentation des vaches laitières. Etude bibliographique et simulations
technico-économiques. CR Collection Résultats, 36 pages.