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Quelques Eléments de Théorie des Lignes de Transmission

I. introduction
Les lignes de transmission permettent le transfert des informations. Les distances à parcourir, la
bande passante des signaux et la technologie utilisée dépendent du type d'information. La théorie
des lignes de transmission permet l'étude des phénomènes de propagation le long d'une structure
filaire. Cette méthode est basée sur la résolution de deux équations différentielles liant la tension
et le courant en une position sur le conducteur.
Ce principe permet donc de déterminer, de façon approchée, les tensions et courants induits sur
les conducteurs filaires ne comportant ni coude ni discontinuité géométrique. Elle s'applique
particulièrement aux structures filaires simples, en garantissant des temps de calculs relativement
faibles.
L'utilisation de cette approche est liée à la connaissance des paramètres linéiques dont
l'évaluation peut se faire par rapport à un référentiel constitué par le sol lorsqu’il s’agit d’une
structure filaire aérienne ou souterraine.

II. Hypothèses générales pour la théorie des lignes de transmissions


Une ligne de transmission est un ensemble de deux ou plusieurs conducteurs acheminant de
concert un signal électrique, d'une source (ou émetteur) vers une charge (ou récepteur).
Exemples de lignes bifilaires (figure 1)

a) Paires droite b) Paires torsadées


Figure 1. Les lignes bi-filaires.
a) deux conducteurs filaires parallèles et maintenus à distance constante l'un de l'autre par un
isolant.
b) deux conducteurs filaires isolés torsadés.

La ligne bifilaire est la plus simple (figure 2); elle est constituée de 2 fils conducteurs
cylindriques identiques parallèles entre eux.
I(x,t)
Conducteur d’aller

I(x,t) V(x,t) Conducteur de retour

o x
Figure 2. Schéma simplifié d’une ligne bifilaire.

La théorie des lignes de transmissions est construite sur les propriétés du champ
électromagnétique ; en utilisant les équations de Maxwell-Fraday et Maxwell-Ampère et sous
certaines approximations et hypothèses, il est alors possible de traduire ces équations liant les
champs électrique et magnétique en équations faisant apparaître directement le courant et la
tension. Les hypothèses de base de l’approximation des lignes de transmission sont:
- La géométrie de la ligne est raisonnablement uniforme ;
- Le mode de propagation quasi transverse électromagnétique (quasi-TEM) est prépondérant
le long de la ligne ;
- Les dimensions transversales de la ligne sont beaucoup plus petites que la longueur d’onde
significative minimum λmin (h<<λmin); c'est-à-dire que toutes les dimensions transversales
(hauteurs, espacements entre conducteurs, diamètre des conducteurs) sont faibles devant la plus
petite longueur d'onde.
- Conservation du courant (courant sur le conducteur de retour est égal et opposé au courant
sur le conducteur d’aller au même point d’abscisse x).
Sous ces conditions, la théorie des lignes de transmission donne des résultats valables jusqu'à
des fréquences de l'ordre de quelques dizaines de Mégahertz et offre l’avantage d’une mise en
œuvre aisée aussi bien en fréquentiel qu’en temporel.

III. Équations des lignes de transmission


L’équation différentielle d’une ligne de transmission uniforme dont les paramètres ne varient pas
en fonction de la fréquence, est obtenue en analysant une section infinitésimale de ligne ∆x
(figure 3). La ligne est connectée au nœud de gauche k et au nœud de droite m. Si ∆x → 0 alors
on obtient les équations différentielles partielles d’une ligne de transmission:
RΔx LΔx

CΔx GΔx

Figure 3. Modélisation d’une section d’une ligne à constantes distribués.

V ( x, t ) I ( x, t )
 RI(x,t)  L 0 (1)
x t

I ( x, t ) V ( x, t )
 GV(x,t)  C 0 (2)
x t
En dérivant par rapport à la variable d’espace x, les équations (1) et (2), nous obtenons les
équations des Télégraphistes qui sont comme suit :

(3)

(4)

Pour les lignes sans pertes (R=G=0), alors nous aurons :

(5)

Cette équation (5) est une équation de propagation sans pertes. Notons, que nous obtenons le
même type d’équation pour le courant.
En régime fréquentiel, la transformée de Laplace des équations (1) et (2) nous permet d’écrire :
dV ( x, )
 - ZI(x,) (6)
dx

dI ( x,  )
 - YV(x, ) (7)
dx

Avec :
Z  R  jL  (8)

Y  G  jC  (9)
R est la résistance linéique de la ligne ;
L est l’inductance linéique de la ligne ;
G est la conductance linéique transverse de la ligne ;
C est la capacité linéique transverse de la ligne.
Remarque :
Toutes les équations présentées ci-avant correspondent au cas d’une ligne à un seul conducteur
d’aller et un conducteur de retour.
Dans le cas d’une ligne multifilaires, il faut reprendre les équations avec des vecteurs et des
matrices :
d 2 [V ( x,  )]
 [Z ][Y ][V(x, )] (10)
dx 2

d 2 [ I ( x,  )]
 [Y ][Z ][ I (x,)] (11)
dx 2
En utilisant la théorie des valeurs propres, il est possible de transformer ces équations couplées
des quantités en phase aux quantités modales de manière telle que les équations deviennent
découplées. Cela signifie que les produits [Z][Y] et [Y][Z] sont des matrices diagonales. Les
équations modales sont résolues comme les équations d’une ligne monophasée. La
transformation inverse est utilisée pour passer des quantités modales aux équations en phase du
réseau connecté à la ligne multifilaires.
La représentation des lignes aériennes et des câbles nécessite l’utilisation de modèles détaillés
prenant en compte en particulier:
– les couplages capacitifs et inductifs entre les parties conductrices ;
– les pertes dans le sol ;
– la variation des paramètres linéiques en fonction de la fréquence.
Mais, la modélisation des composants (paramètres linéiques) du réseau pour la gamme
complète des fréquences n’est pas pratiquement réalisable et il est donc nécessaire de
choisir des modèles adaptés à la nature et à la gamme de fréquences du phénomène étudié.
Les modèles de type FD pour les lignes et de type FDP pour les câbles sont les plus appropriés.
Il demeure acceptable d’utiliser les modèles de type CP en l’absence de données
supplémentaires requis pour la construction des modèles de type FD et de type FDP.
- Le modèle CP est le modèle à paramètres distribués et constants. C’est le modèle de
premier niveau qui permet de représenter les délais de propagation pour les lignes et les
câbles.
- Le modèle FD permet de représenter la dépendance fréquentielle des paramètres, mais
utilise une matrice de transformation constante calculée à une fréquence.
- Le modèle FDP est le modèle le plus précis car il permet de tenir compte complètement
de la variation fréquentielle des paramètres, il est donc plus utile pour les câbles.
III.1 Solutions générales des équations des télégraphistes en régime sinusoïdal
Pour une ligne simple ligne bi-filaire (un conducteur d’aller + un conducteur de retour),
l’équation (10) devient:
d 2V ( x,  )
 ZYV ( x,  ) (12)
dx 2

et (11) : (13)

d 2 I ( x,  )
 YZI ( x,  )
dx 2

Z
En posant :  2  ZY  YZ , Z 0  et Y0  Z 01 .
Y

Z0 : impédance caractéristique de la ligne.


La solution générale de l’équation (12) est:
(14)

et celle de (13) :
(15)

Et on peut montrer que :


(16)

Où V1 , V2 , I1 et I2 sont des constantes d’intégration.


γ est complexe. On l'écrit sous la forme : γ=α+jβ où α et β sont réels. On a donc en réintroduisant
le temps :
V ( x, t )  V1e x e j (t  x )  V2 e x e j (t  x ) (17)
I ( x, t )  I 1e x e j (t  x )  I 2 e x e j (t  x) (18)
La tension v(x,t)= Real (V(x,t)) (et le courant i(x,t)= Real (I(x,t))) est la superposition de deux
ondes. La première est une onde qui se propage vers les x croissants alors que la seconde se
propage vers les x décroissants, mais toutes deux s'atténuent au cours de leur propagation d'un
facteur e±αx . La première ( V1e x e j (t  x) ) s'éloignant du générateur sera logiquement appelée

"onde incidente", alors que la seconde ( V2 e x e j (t  x) ) revenant vers le générateur sera appelée
"onde réfléchie".

γ est appelée la constante de propagation complexe, α est la constante d'atténuation


(affaiblissement linéique) et β est le retard de phase linéique. Ces ondes électriques se propagent
avec une vitesse de phase Vφ = ω/β
III.2. Modèle quadripolaire de la ligne de transmission
L’utilisation de la théorie des lignes de transmission en fréquentiel (équations (6) et (7)), permet
de déterminer les tensions et les courants sur chacune des lignes du réseau, dès lors que celles-ci
sont uniformes, c’est-à-dire dès lors que leurs caractéristiques électriques et géométriques ne
varient pas en fonction de la longueur. Pour une ligne bi-filaire (figure 4), si le courant et la
tension sont posés à l’entrée de la ligne (x=0), alors on peut déterminer ces grandeurs en tout
point d’abscisse x de la ligne par la relation (démonstration en TD):
V ( x,  ) V (0,  )
 I ( x,  )   T(x) I (0,  )  (19)
   
Où :
[T(x)] : est la matrice de transition (ou matrice Chaîn).
Avec :
 Cosh (x)  Z 0 Sinh(x)
T ( x)    (20)
 Y0 Sinh(x) Cosh (x) 

I(0,ω) I(x, ω)
Conducteur d’aller

I(0, ω) U(x, ω)
Conducteur de retour

o x
0 l
Figure 4. Ligne bi-failire de longueur l.

En théorie des lignes en fréquentiel, un résultat bien connu pour une ligne bifilaire de longueur l
est celui qui consiste à représenter cette dernière par un quadripôle électrique (figure 5).

I(0, ω) I(l, ω)

U(0, ω) [T(l)] U(l, ω)

Figure 5. Représentation d’une ligne par un quadripôle.

Cette représentation permet donc de déduire une écriture des grandeurs électriques en sortie en
fonction de l’entrée en utilisant la matrice de transition [T(l)] :
U (l ,  ) U (0,  )
 I (l ,  )   T(l) I (0,  )  (21)
   
Que l’on peut mettre sous la forme suivante :
U (l ,  ) 
 1 0   I (l ,  ) 
     [ 0] (22)
 [T (l )]
 
 0 1   U ( 0 , )
 
 I (0,  ) 

IV. Coefficient de réflexion et impédance le long d’une ligne

IV.1. Coefficient de réflexion


On rappelle l'expression (14) des ondes de tension et de courant (16) qui se propagent sur la ligne
:

L'existence d'une onde réfléchie sur une ligne peut s'expliquer, soit par la présence sur la ligne
d'un élément perturbateur tel que la charge disposée en bout de ligne ou par une discontinuité
dans les caractéristiques de la ligne. Par exemple, une onde acoustique se propageant dans l'air
se réfléchira sur un obstacle interposé sur sa trajectoire (échos sur les flancs d'une montagne) ou
encore une onde lumineuse dans une fibre optique se réfléchira partiellement tout au long de sa
propagation (rétro diffusion) à cause des micro-imperfections du milieu de propagation
composant la fibre. Dans notre cas, nous supposerons la ligne de transmission parfaite et
n'étudierons que les réflexions causées par l'interposition d'une charge à l'extrémité de la ligne
(figure 6).

Zg

Zt
Vincidente Vréfléchie
e
x
0 l
Figure 6. Ligne chargée à sa deuxième extrémité.

Afin de quantifier cette réflexion, on peut définir le coefficient de réflexion comme étant
l'amplitude complexe de l'onde réfléchie rapportée à celle de l'onde incidente :
Ce coefficient de réflexion dépend bien sur de la position sur la ligne.

(23)

C’est à dire :
(24)

Le coefficient de réflexion est un nombre complexe. On le notera dans la suite :


(25)

L'argument de Γ(x) noté θ(x) est le déphasage de l'onde réfléchie par rapport à l'onde incidente,
tandis que le module ρ(x) représente la fraction de tension réfléchie.

IV.2. Impédance sur la ligne


En bout de ligne (figure 6), on sait relier la tension et le courant par l’impédance complexe :
Zt = Vt /It (26)
Où Vt et It sont respectivement la tension et le courant sur la charge placée en bout de ligne,
c’est à dire pour x=l (figure 6).
De la même façon, on peut définir l’impédance en un endroit quelconque de la ligne comme
suit :
(27)

C'est-à-dire :

(28)

On définit l’impédance réduite z(x) de Z(x) comme étant :

(29)

Et donc :

(30)
IV.3. Relation entre l'impédance et le coefficient de réflexion
On a vu que (30):

C’est dire :

(31)

Or on a vu que (22):

D’ou la relation entre Γ(x) et z(x) :

(32)

Nous aurons donc:

(33)

IV.3.1. Relations en bout de ligne


Sachant que z t  Z t / Z 0 , en bout de ligne la relation (33) devient :
(34)

- si Zt = Z0 , alors Γt = 0, pas de réflexion : on dit que la ligne est adaptée.

- si Zt = 0 , alors Γt = -1, la ligne est en court circuit .


- si Zt est infinie, alors Γt = +1, la ligne est ouverte

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