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L’indépendance des banques centrales renforce-t-elle l’efficacité des politiques

économiques ?
  Sommaire  
Aujourd’hui, dans la plupart des pays développés, les banques centrales, qui sont en charge de
la politique monétaire, sont indépendantes des gouvernements ; c’est notamment le cas de la
Banque centrale européenne (BCE) et de la Réserve Fédérale américaine (FED). Or, il semble
établi que la politique monétaire menée par A. Greenspan, lors de son dernier mandat de
gouverneur de la FED, serait une des causes de la crise économique et financière dite
des subprimes. En effet, en maintenant les taux directeurs à des niveaux assez bas, il aurait
contribué à la formation d’une bulle immobilière et financière, puis aurait ensuite favorisé son
éclatement par le resserrement des conditions de crédit à partir de 2006, justifié par le retour
de tensions inflationnistes. Dans ces conditions, il est possible de douter de l’aptitude d’une
banque centrale indépendante à mener une politique monétaire limitant l’amplitude des cycles
économiques.
La banque centrale est l’institution en charge de la politique monétaire. Par l’intermédiaire de
ses taux directeurs, elle contrôle la masse monétaire. On lui attribue traditionnellement trois
fonctions principales : émettre la monnaie fiduciaire, assurer la supervision du système
financier et jouer le rôle de prêteur en dernier ressort en cas de crise systémique.
La notion d’indépendance appliquée à la banque centrale recouvre à la fois une dimension
politique et une dimension économique. L’indépendance politique traduit l’absence
d’interférence du pouvoir politique sur les décisions prises par la banque centrale mais aussi
l’absence d’influence de celui-ci sur l’organisation institutionnelle de la banque centrale,
notamment sur la nomination et la révocation des dirigeants, sur les statuts de la banque
centrale, etc … [1]. De plus, la longueur du mandat du gouverneur de la banque centrale ainsi
que la nature des responsabilités qui lui sont confiées sont un indice de cette indépendance
politique.
Quant à elle, l’indépendance économique traduit à la fois le libre choix des objectifs fixés
(quantifiés ou non) et des instruments utilisés par la banque centrale mais aussi l’impossibilité
de financer le déficit budgétaire des gouvernements par la création monétaire [2].
Pour opérationnaliser la notion d’indépendance de la banque centrale, les économistes ont
tenté de la mesurer à l’aide de différents indicateurs, dans le but de pouvoir apprécier la
performance relative des différentes banques centrales dans la conduite de leur politique
monétaire. Il est traditionnellement distingué une mesure de :
 l’indépendance légale de la banque centrale, réalisée principalement dans la
littérature économique à l’aide de deux indices : l’indice GMT, du nom de ses
concepteurs Grilli, Masciandaro, et Tabellini (1991), qui mesure l’indépendance
politique et économique de manière binaire et l’indice de Cukierman (1992), plus
complet et plus précis en ce qu’il évalue en continu le degré d’indépendance ;
 l’indépendance réelle de la banque centrale qui tente d’évaluer l’indépendance
effective, et non a priori, de la banque centrale, à l’aide d’indicateurs comme la faible
fréquence de changement des gouverneurs de banque centrale ou encore l’absence de
cycles électoraux. Ces deux indicateurs constitueraient la preuve d’une indépendance
plus marquée de la banque centrale.
Par ailleurs, la question de l’indépendance des banques centrales se pose ici sous l’angle de
l’impact qu’elle aurait sur les politiques économiques, qui peuvent être définies comme
l’ensemble des instruments dont disposent les pouvoirs publics pour atteindre certaines
finalités à long terme, les principales étant d’assurer le bien-être maximum pour les
générations présentes et futures, de garantir la solidarité nationale et de limiter les inégalités
sociales.
Il est coutume de distinguer les politiques conjoncturelles qui visent à réguler l’activité
économique en poursuivant les quatre objectifs principaux mis en évidence dans le « carré
magique » de N. Kaldor (croissance économique, plein-emploi, stabilité des prix et équilibre
du commerce extérieur), et les politiques structurelles qui visent à agir sur les caractéristiques
fondamentales de l’économie (garantir la concurrence et la liberté des prix, améliorer la
compétitivité des industries…). Le sujet nous amène naturellement à focaliser notre attention
sur les politiques budgétaire et monétaire, donc sur le versant conjoncturel des politiques
économiques, et notamment sur leur efficacité que nous appréhendons comme leur capacité à
atteindre les objectifs qu’elles se fixent.
Au départ, l’indépendance des banques centrales, qui s’est très largement généralisée depuis
le début des années 1990, surtout dans les pays développés, est un choix guidé par la volonté
d’améliorer la conduite de la politique monétaire. Mais quelles sont les conséquences en
termes de politique budgétaire de ce choix ? Est-il pertinent si l’on conçoit la régulation
conjoncturelle comme le fruit de l’interaction entre les politiques budgétaire et monétaire et
non pas comme un cloisonnement de celles-ci ? L’indépendance des banques centrales
permet-elle vraiment d’améliorer l’efficacité de la politique économique conjoncturelle ?
Nous présenterons dans un premier temps les avantages théoriques supposés de
l’indépendance des banques centrales en termes de politiques monétaire et budgétaire. Puis,
dans un second temps, nous pointerons du doigt les limites de cet arrangement institutionnel
quant à la capacité de la politique économique à réguler efficacement l’économie.
 I- L’indépendance des banques centrales est censée, en théorie, améliorer l’efficacité des
politiques économiques
Les fondements théoriques de l’indépendance de la banque centrale partent de l’idée qu’une
politique monétaire aux mains des gouvernements n’est pas dynamiquement efficace (A).
Rendre indépendante la banque centrale permettrait non seulement de redonner de l’efficacité
à la politique monétaire mais aussi à la politique budgétaire (B).
A) A la base, l’inefficacité de la politique monétaire aux mains des gouvernements
On peut faire reposer le point de départ de l’analyse théorique menant à la proposition que
l’indépendance des banques centrales est un arrangement institutionnel souhaitable du point
de vue de l’efficacité de la politique économique sur la critique de Lucas (1976). Il est le
premier à avoir mis en évidence le fait que les anticipations des agents économiques
s’adaptent aux politiques économiques menées, qui en retour doivent elles aussi s’adapter.
Ainsi, toute politique économique discrétionnaire menée par un gouvernement générera une
adaptation du comportement des agents qui viendra conditionner son efficacité, celle-ci
dépendant de la nature des anticipations des agents (anticipations extrapolatives, adaptatives,
rationnelles…). Cette critique a ouvert la porte à deux débats différents concernant la
politique économique, et plus précisément la politique monétaire : celui concernant
l’opposition entre politique de règle et politique discrétionnaire, et celui concernant
l’indépendance de la banque centrale.
L’approche de Lucas, et avec lui des Nouveaux Classiques, a mis en difficulté la conduite par
les gouvernements d’une politique monétaire discrétionnaire efficace. Supposons que les deux
principaux objectifs d’un gouvernement soient l’emploi et la stabilité des prix. Dans ce cas, le
gouvernement peut utiliser la politique monétaire pour chercher à atteindre l’un ou l’autre de
ces objectifs. Notamment, dans le cadre de la courbe de Phillips revisitée par Solow et
Samuelson (1960), il existe un arbitrage possible entre inflation et chômage. Or, dans la
version de la courbe de Phillips augmentée des anticipations (Friedman, 1968), cet arbitrage
n’est possible qu’à court terme en cas d’anticipations adaptatives (les agents sont alors
victimes d’illusion monétaire) et, à long terme, la politique monétaire perd son efficacité. On
retrouve alors la dichotomie Classique entre sphère réelle et sphère monétaire, avec un retour
au taux de chômage d’équilibre mais avec un niveau d’inflation plus élevée. Certains comme
Sargent et Wallace (1975) vont même plus loin en montrant, sous l’hypothèse d’anticipations
rationnelles des agents qui prennent leurs décisions en se basant sur toute l’information
disponible et connaissent les « lois » traduisant le fonctionnement de l’économie, et de
parfaite flexibilité des prix, qu’une politique monétaire expansionniste n’est jamais efficace.
En effet, les agents anticipent parfaitement l’annonce des gouvernements et adaptent
instantanément leurs comportements. On retrouve la neutralité de la monnaie même à court
terme. Pour Sargent et Wallace, seule une politique discrétionnaire visant à surprendre les
agents économiques pourrait être efficace à court terme pour rétablir l’arbitrage inflation-
chômage. Mais ce type de politique ne fonctionnerait qu’une seule fois, les agents
« sanctionnant » le gouvernement en élevant définitivement leurs anticipations d’inflation. On
se retrouve alors face au problème d’incohérence temporelle des décisions de politique
économique mis en évidence la première fois par Kydland et Prescott (1977) : dans ce cas, la
politique économique qui maximise le bien-être social à court terme ne serait plus celle
socialement optimale à long terme. Barro et Gordon (1983) ont appliqué ce raisonnement à la
conduite de la politique monétaire. Pour eux, le gouvernement serait tenté de « tricher » en
menant une politique monétaire plus expansionniste que celle qui lui permettrait de respecter
la cible d’inflation annoncée au départ. Une fois les salaires nominaux fixés par négociation
collective entre les partenaires sociaux, ce type de « surprise » permettrait de diminuer à court
terme le niveau des salaires réels, et donc le chômage, au prix d’une inflation un peu plus
élevée. Cependant, à plus ou moins long terme, selon que les partenaires sociaux formulent
des anticipations rationnelles ou non quant à la « stratégie » menée par le gouvernement, cette
politique perdrait de son efficacité et se traduirait par un niveau d’inflation beaucoup plus
élevé, pour un taux de chômage revenu à son niveau naturel. Ainsi, en l’absence de pré-
engagement de l’Etat quant à une règle stricte de politique monétaire, les tensions
inflationnistes seraient plus importantes et plus fréquentes.
Dans la vision que nous venons de présenter, c’est la manière dont est mise en œuvre la
politique monétaire, son caractère discrétionnaire, qui pose problème. Or d’autres
économistes ont mis en avant que le problème pouvait aussi venir du fait que ce soit le
gouvernement qui gère la politique monétaire. Pour Nordhaus (1975) mais aussi Alesina et
Roubini (1993), c’est l’existence de cycles électoraux qui justifierait de confier la politique
monétaire à une banque centrale indépendante afin d’éviter la mise en œuvre de politique
monétaire déstabilisante. Pour le premier cité, les gouvernements choisiraient de mener, à
l’approche des élections, des politiques monétaires accommodantes afin de réduire le
chômage et ainsi faciliter leur réélection. Une fois celle-ci acquise, ils se lanceraient dans une
politique de rigueur afin de réorienter les anticipations d’inflation à la baisse. Cet
enchaînement traduit les politiques de stop and go que les gouvernements de certains pays
comme la France et le Royaume-Uni ont menées de 1945 au début des années 1970. Pour
Alesina et Roubini (1993), ce serait davantage l’alternance politique entre des partis de
gauche « pro-emploi » et des partis de droite « anti-inflation » qui expliquerait l’existence de
ces cycles électoraux. Ces deux interprétations conduisent à la même conclusion : la politique
monétaire dans les mains des gouvernements ne peut être conduite efficacement.
Confier la politique monétaire à une banque centrale indépendante du pouvoir politique et lui
affecter comme unique objectif la stabilité des prix est apparu comme la solution la plus à
même de redonner de l’efficacité à la politique monétaire, compte tenu des deux problèmes
évoqués précédemment [3]. On peut noter à ce stade que d’autres solutions ont été proposées,
notamment celle de Rogoff (1985) pour qui la nomination d’un gouverneur de banque
centrale ayant une très forte aversion à l’inflation (plus forte en moyenne que celle de la
population) pourrait permettre d’assurer la crédibilité de la politique monétaire et garantir la
stabilité des prix, sans rendre nécessaire l’indépendance de la banque centrale ni le recours à
une politique de règle. Dans la pratique, cette solution n’a pas été perçue comme étant
substituable mais plutôt complémentaire à l’indépendance de l’institut d’émission de
monnaie. Nous allons maintenant expliquer les raisons de la plus grande efficacité supposée
des politiques monétaires par une banque centrale indépendante.
B) Les avantages attendus de l’indépendance des banques centrales
a. En termes de politique monétaire
Que ce soit en raison de l’incohérence temporelle de ses décisions ou de sa propension à
générer des cycles politico-économiques, un gouvernement aurait une tendance naturelle à
gérer peu efficacement la politique monétaire, eu égard à l’objectif de stabilité des prix. Il
serait à l’origine d’un biais inflationniste provenant de son incapacité à ancrer les
anticipations des agents économiques privés à un niveau bas. C’est ce manque de crédibilité
du gouvernement que le transfert de la politique monétaire à une banque centrale
indépendante est censé pallier [4]. En effet, la théorie prête à une banque centrale
indépendante la crédibilité qu’un gouvernement n’a pas concernant la gestion de la monnaie.
Par cette décision, non seulement le gouvernement se « lie les mains » quant à la possibilité
de créer de l’inflation surprise mais, de plus, le fait de ne confier à cette institution qu’un
unique objectif de stabilité des prix vient drastiquement réduire la tentation de chercher à
relancer l’économie réelle au prix d’une inflation plus forte. Si l’on ajoute que, le plus
souvent, est nommé à sa tête un gouverneur assez conservateur, on comprend qu’une banque
centrale indépendante contribue à réduire et à stabiliser l’inflation. Or, contenir la hausse
générale des prix permet de limiter les perturbations qui affectent les agents économiques
lorsqu’ils prennent leurs décisions d’épargne, de consommation et d’investissement.
Cet argument, qui repose sur les fondements théoriques évoqués plus haut, a été testé
empiriquement dans un certain nombre de travaux, le plus connu de tous étant celui d’Alesina
et Summers (1993). En régressant des indicateurs mesurant l’indépendance des banques
centrales sur des variables réelles (le chômage, la croissance économique, les taux d’intérêts
réels) et monétaire (l’inflation), ces derniers trouvent que si l’indépendance des banques
centrales se traduit par de meilleure performance en termes de stabilité des prix (inflation
moyenne plus faible), en revanche, elle n’aurait aucun impact sur l’économie réelle en longue
période. On retrouverait donc empiriquement la dichotomie entre sphère réelle et monétaire,
qui viendrait légitimer, en retour, le choix d’attribuer à la politique monétaire le seul objectif
de stabilité des prix [5]. Il ressortirait donc de cette analyse qu’avoir un instrument unique
dédié à un seul objectif de politique économique constituerait un avantage certain.
Si ces travaux s’accordent à montrer qu’une banque centrale indépendante est mieux à même
de maîtriser l’inflation sans influencer les variables réelles, il existe cependant un canal par
lequel celles-ci pourraient se trouver impactées par la politique monétaire, et qui permettrait
d’améliorer l’efficacité de la politique monétaire en termes de croissance économique. En
effet, la crédibilité des banques centrales contribuerait aussi à la modération des taux d’intérêt
nominaux et réels à long terme. Pour atteindre la même cible d’inflation, les marchés
financiers exigeraient une « prime de risque » plus faible, ce qui se traduirait par un niveau de
taux d’intérêt plus faible propice à stimuler l’investissement productif, source de croissance,
sous l’hypothèse, bien entendu, que l’économie n’ait pas atteint son taux de croissance
potentielle. La politique monétaire pourrait donc permettre d’atteindre simultanément les
objectifs de stabilité des prix et de croissance économique. Son efficacité s’en trouverait donc
améliorée. De même, cela permettrait de rendre moins coûteuses les politiques de désinflation
tout en augmentant, en retour, la légitimité de l’indépendance de la banque centrale (Blinder,
2000). Au-delà de ce premier effet, l’indépendance de la banque centrale peut aussi influencer
la politique budgétaire restée aux mains des gouvernements.
b. En termes de politique budgétaire
L’indépendance de la banque centrale permettrait principalement d’améliorer l’efficacité de la
politique budgétaire en ce qu’elle inciterait les gouvernements à une plus grande discipline
budgétaire. En effet, l’indépendance politique est souvent accompagnée de l’interdiction du
financement monétaire du déficit et de la dette publics. La banque centrale ne peut plus faire
fonctionner la « planche à billets » (c’est-à-dire augmenter la masse monétaire) pour alléger le
poids réel de la dette publique (on qualifie cette pratique de seigneuriage). En effet, l’inflation
peut contribuer à faire baisser la valeur réelle de la dette si le taux d’inflation est supérieur au
taux d’intérêt nominal. Dans ce cas, le taux d’intérêt réel devient négatif ce qui allège
mécaniquement le poids de la dette en réduisant le service de la dette. La perte de cet
instrument comme moyen de faire face à un endettement excessif devrait conduire les
gouvernements à plus de prudence et de modération dans la mise en œuvre de leur politique
budgétaire. Cela d’autant plus que la banque centrale peut aussi jouer un rôle actif et « faire
payer cher » les gouvernements dispendieux en relevant ses taux directeurs. Ce jeu non
coopératif entre gouvernements et banque centrale aurait tendance à venir renforcer le côté
disciplinant de l’indépendance de la banque centrale en termes de politique budgétaire.
L’efficacité de celle-ci reposerait entièrement sur l’obligation qu’auraient les gouvernements
de garantir la soutenabilité de la dette et de se constituer des « réserves » en période faste afin
de conserver des marges de manœuvre en période de récession.
Bénassy-Quéré et Pisani-Ferry (1994) ont cherché à vérifier empiriquement l’impact
disciplinant de l’indépendance des banques centrales sur les finances publiques. En régressant
des indicateurs d’indépendance de banque centrale sur le solde primaire (déficit public hors
charge d’intérêts), ils confirment a minima l’influence positive d’une banque centrale
indépendante sur les dérapages budgétaires des gouvernements : les pays ayant connu une
forte hausse de leur solde primaire sont ceux dont les banques centrales sont faiblement ou
moyennement indépendantes, alors que les pays ayant respecté une certaine discipline
budgétaire sont plutôt ceux côtoyant une banque centrale indépendante (à l’exception du
Japon).
A l’issue de cette première partie, il semble donc que les arguments théoriques appuyant
l’idée d’une indépendance des banques centrales comme facteur d’amélioration des politiques
économiques conjoncturelles soient aussi confortés par quelques travaux empiriques dont les
résultats sont cependant à prendre avec précaution. A ce titre, la situation de la zone euro, où
l’indépendance de la banque centrale européenne (BCE) coïncide avec des situations
budgétaires peu reluisantes pour certains pays membres, apparaît comme un contre-exemple
amenant à s’interroger sur les limites de l’indépendance des banques centrales comme vecteur
d’efficacité des politiques économiques au niveau budgétaire, mais pas uniquement.
 II- Les vertus de l’indépendance des banques centrales connaissent certaines limites
La décision de rendre la banque centrale indépendante du pouvoir politique n’est pas exempte
de limites et ne garantit donc pas nécessairement une amélioration de l’efficacité des
politiques conjoncturelles. Tout d’abord, ce choix organisationnel repose sur un certain
nombre d’hypothèses dont on peut discuter la pertinence et qui pourraient conduire à en
relativiser l’intérêt (A). D’autre part, certains arguments et certains faits peuvent amener à
remettre en question l’efficacité de l’indépendance réelle des banques centrales en termes de
régulation macroéconomique (B).
A) Les limites liées aux hypothèses sous-jacentes à l’indépendance
Les fondements théoriques de l’indépendance de la banque centrale vis-à-vis du pouvoir
politique reposent sur l’idée que l’inflation est exclusivement un phénomène monétaire,
qu’une politique de règle est bien plus efficace qu’une politique discrétionnaire pour la
maîtriser, mais aussi et surtout, qu’elle trouve son origine dans l’existence de cycles
électoraux.
a. L’inflation comme un phénomène exclusivement monétaire et ses limites
Selon la formule de M. Friedman (1963), l’inflation serait « toujours et partout un phénomène
monétaire ». Les théories préconisant l’indépendance de la banque centrale comme moyen
d’assurer la stabilité des prix ont adopté cette position consistant à supposer, à plus ou moins
long terme, la neutralité de la monnaie et l’existence d’une dichotomie entre sphère réelle et
sphère financière. Or, il ne faut pas oublier que derrière cette idée se cache l’hypothèse
implicite de plein emploi des facteurs de production, hypothèse qui n’est pas toujours
satisfaite. Un équilibre de sous-emploi est en effet une situation possible, notamment pour les
économistes keynésiens. Par conséquent, dans le cas où une économie n’aurait pas atteint son
niveau de croissance potentielle, une politique monétaire discrétionnaire, qu’elle soit menée
par une banque centrale indépendante ou bien même par un gouvernement, pourrait affecter
l’économie réelle et réduire le chômage.
Dans le même ordre d’idée, lorsqu’une banque centrale indépendante suit une politique de
règle dans le domaine monétaire, comme la BCE qui s’est fixée comme objectif de ne pas
dépasser un taux d’inflation annuel moyen de 2%, elle se trouve démunie face à un choc
d’offre. Par exemple, en cas de choc d’offre négatif, à l’image des deux chocs pétroliers de
1973-74 et 1979-80 qui ont tiré vers le haut les coûts de production, donc les prix, et réduit le
niveau d’emploi, une politique de règle est inefficace car elle conduit à assurer la stabilité des
prix au détriment d’une plus grande variabilité de la production et de l’emploi. Ce type de
politique se traduit dans ce cas par une plus faible adaptabilité de l’économie (Mourougane,
1998) [6]. En revanche, une politique discrétionnaire entretenant l’ambiguïté sur la priorité à
accorder aux objectifs de croissance économique et de stabilité des prix retrouve de
l’efficacité, même si elle rend possible l’apparition de cycles politico-économiques.
b. Les causes politiques de l’inflation et ses limites
La décision de rendre indépendante la banque centrale repose fondamentalement sur l’idée
que la compétition électorale est un des principaux déterminants de l’inflation. En effet, nous
avons vu que les travaux de Nordhaus (1975) puis d’Alesina et Roubini (1993) préconisaient
ce choix organisationnel pour mettre fin à l’existence de cycle électoraux, générateurs d’une
grande instabilité des prix. Accorder une place prépondérante aux déterminants politiques
impactant la conduite de la politique monétaire, en mettant au second plan les autres facteurs
traditionnellement retenus pour expliquer l’inflation (rôle de la demande, des coûts, de
facteurs structurels comme les structures de marché…), est un peu réducteur. Cela contribue
finalement à limiter la portée des résultats et donc les cas où l’indépendance de la banque
centrale correspond à une solution réellement pertinente. De plus, comme le met en avant
Steiner (2003), cela revient à considérer que la démocratie, en tant que régime politique
marqué par un fort degré de compétition électorale, possède un biais inflationniste. Pour lui,
cela pose problème à deux niveaux. Premièrement, réduire la compétition électorale a peu de
chances d’avoir un effet significatif sur l’inflation. Historiquement, les régimes dictatoriaux
des généraux d’Amérique latine dans les années 1960-70 ont connu un haut niveau
d’inflation. Deuxièmement, cela revient à placer l’origine d’un des principaux déséquilibres
macroéconomiques hors du champ de l’économie.
Par ailleurs, un autre élément de l’argumentaire conduisant logiquement à l’indépendance de
la banque centrale comme solution à la stabilité des prix pose problème. En effet,
principalement dans le modèle de Barro et Gordon (1983), mais aussi dans tous les modèles
qui font reposer l’indépendance de la banque centrale sur l’incohérence temporelle de la
politique monétaire, on retrouve l’idée qu’une fixation des salaires nominaux par négociation
collective entre les partenaires sociaux, pourrait déboucher sur une boucle prix-salaires
inflationniste, en raison du comportement opportuniste des gouvernements. Or, une telle
représentation du mode de fixation des salaires réels peut aussi paraître réductrice. Dans les
faits, certains syndicats, notamment allemands et japonais, ont apporté la preuve que les
négociations collectives pouvaient conduire à une certaine modération salariale, dans le cadre
d’une politique générale de désinflation compétitive. De plus, certains économistes (Hall,
1994 ; Hall et Franzese, 1998) sont venus appuyer ces faits empiriques en mettant en évidence
le rôle des négociations collectives comme mécanisme permettant de limiter les tensions
inflationnistes. Enfin, les travaux de l’École de la régulation ont donné un rôle différent aux
négociations collectives, en insistant sur l’importance du rapport salarial, et de sa relation
avec le système financier en vigueur, comme forme institutionnelle permettant d’assurer
l’équilibre du régime d’accumulation. Pour eux, le rapport salarial correspond à l’arbitrage
conflictuel qui existe entre, d’un côté, l’amélioration du niveau de vie des travailleurs et le
nécessaire soutien à la demande, et de l’autre, le maintien du taux de profit par compression
des coûts, notamment salariaux. Ils mettent en avant que, dans le cadre d’un régime
d’accumulation dominé par une finance libéralisée, qui favorise intrinsèquement une inflation
basse et stable au détriment de l’accumulation du capital, le rapport salarial apparaît comme
un contrepoids permettant d’assurer l’équilibre d’un tel régime. On sort alors de la logique
déstabilisatrice des négociations collectives. Aux limites provenant des hypothèses sous-
jacentes à l’adoption d’une banque centrale indépendante comme solution au biais
inflationniste occasionné une politique monétaire gérée par les gouvernements, viennent
s’ajouter celles reposant sur les conséquences de l’indépendance réelle des banques centrales,
notamment en termes de crédibilité, de transparence et de policy mix.
B) Les limites liées à l’exercice de l’indépendance
Si l’indépendance de la banque centrale semble, en théorie, garantir une plus grande efficacité
des politiques monétaire et budgétaire, dans la pratique, son indépendance réelle peut
présenter certaines limites ayant trait à la crédibilité et à la responsabilité démocratique de
l’institution (A) mais aussi soulever certains problèmes relatifs à la coordination des
politiques économiques conjoncturelles (B).
a. Les limites liées aux questions crédibilité et de responsabilité
L’un des arguments justifiant l’indépendance de la banque centrale serait la capacité de cette
dernière à garantir la crédibilité de la politique monétaire, c’est-à-dire d’ancrer à un niveau
bas les anticipations d’inflation à moyen/long terme des agents économiques. Or, rien ne
garantit que le transfert à la banque centrale de la politique monétaire élève automatiquement
la crédibilité de cette dernière. Dans les faits, d’ailleurs, il existe des contre-exemples à la
relation négative entre le degré d’indépendance des banques centrales et le niveau d’inflation :
celle-ci ne serait pas vérifiée pour les pays en développement ni pour certains pays
développés comme la Belgique, le Danemark ou encore le Japon, ce dernier ayant connu
depuis 1945 une inflation relativement faible et stable alors que sa banque centrale est loin
d’être indépendante du pouvoir politique. De plus, Barro (1995) ne trouve pas de lien
statistiquement significatif entre indépendance des banques centrales et stabilité des prix pour
l’ensemble des pays à l’échelle mondiale.
Il existe différents moyens pour rendre crédible la politique monétaire menée par la banque
centrale : nommer un gouverneur de banque centrale fortement averse à l’inflation (Rogoff,
1985), miser sur la transparence (« annoncer la politique menée et mener la politique
annoncée », par exemple en affichant clairement la règle suivie ; rendre public les débats du
conseil des gouverneurs…) [7], mettre en place un contrat incitatif liant la rémunération du
banquier central à l’atteinte des objectifs fixés (Walsh, 1995)… [8]
La banque centrale peut aussi chercher à améliorer sa réputation en pratiquant une politique
très restrictive ayant pour objectif d’envoyer un signal fort aux agents économiques, pendant
une durée plus ou moins longue, afin d’orienter leurs anticipations d’inflation vers la cible
souhaitée. Cette politique de désinflation visant à asseoir la crédibilité de la banque centrale
pourrait se révéler très coûteuse en termes de croissance et d’emploi (ratio de sacrifice élevé).
Or, par effet d’hystérèse (Phelps, 1972), cette hausse du chômage à court terme pourrait se
transformer en une hausse durable du chômage. La crédibilité de la banque centrale peut donc
avoir un coût macroéconomique non négligeable.
On peut noter au passage que le niveau de crédibilité accordé à la banque centrale concernant
sa capacité à stabiliser les prix dépend fortement de la conception que l’on se fait de la
monnaie. Si l’approche en termes de monnaie exogène, selon laquelle la banque centrale
maîtrise totalement la masse monétaire, est compatible avec l’idée d’une politique monétaire
apte à contenir l’inflation, ce n’est plus vraiment le cas dans l’approche en termes de monnaie
endogène, selon laquelle la masse monétaire est fortement influencée par la demande de
monnaie des agents qui est plus ou moins stable.
Par ailleurs, une politique monétaire trop restrictive dans un contexte où le gouvernement fait
face à un niveau de déficit et d’endettement très important peut avoir un effet contreproductif
sur la crédibilité de la banque centrale. En effet, les agents économiques anticiperont que cette
politique n’est pas tenable à long terme, et qu’en aggravant la situation des finances
publiques, elle se condamne à engendrer un niveau d’inflation élevée. Non seulement la
banque centrale ne gagnera pas en crédibilité mais le niveau d’inflation anticipée a de grande
chance d’augmenter, ce qui risque de se traduire par un effet opposé à celui recherché.
Surtout, de manière générale, assigner principalement aux banques centrales l’objectif de
stabilité des prix et ne percevoir l’inflation que comme un phénomène monétaire pose deux
questions. Tout d’abord, celle de la définition de la monnaie et de sa mesure par les agrégats
monétaires, qui a été bouleversée par les innovations financières ayant permis d’accroître le
degré de liquidité d’un certain nombre d’actifs. Mais aussi celle des variables devant intégrer
l’indice des prix servant de base au calcul de l’inflation : faut-il continuer d’exclure de
l’indice des prix ceux de l’immobilier par exemple ? A ce titre, déconnecter l’objectif de
stabilité des prix à la consommation de celui plus général de stabilité financière peut
déboucher sur ce que certains nomment le « paradoxe de la crédibilité » (Borio et al., 2003).
La crédibilité des banques centrales qui parviennent à maintenir l’inflation à un niveau faible,
peut conduire à un excès d’optimisme de la part des agents économiques et donc à un excès
de liquidité poussant à la hausse les prix de l’immobilier et le cours des titres boursiers. Si
l’inflation reste maîtrisée, l’instabilité financière s’accroît sans que la banque centrale n’y
prête vraiment garde jusqu’au jour où, en raison de l’effet richesse transmettant l’euphorie des
marchés financiers et immobiliers à l’économie réelle, les anticipations d’inflation remontent
justifiant un resserrement de la politique monétaire. Ici, c’est la crédibilité de la politique
monétaire qui génère une instabilité du système économique débouchant avec retard sur une
hausse de l’inflation.
Enfin, au-delà de la problématique relative à la crédibilité d’une banque centrale
indépendante, il convient aussi de s’interroger sur le degré de responsabilité démocratique de
cette dernière, nécessaire contrepartie de son indépendance. En effet, l’indépendance ne doit
pas consister à concentrer le pouvoir monétaire dans les mains d’une institution, sans contrôle
politique, et encore moins sans l’obligation de rendre des comptes aux citoyens ou à leurs
représentants. Le libre choix laissé à la banque centrale dans la définition de ses objectifs et
des moyens pour y parvenir devrait s’accompagner logiquement d’une justification ex post de
la politique menée, indépendance ne devant pas signifier irresponsabilité. Sur cette question,
la BCE semble faire preuve d’un déficit démocratique, notamment vis-à-vis de la FED. En
effet, si cette dernière doit rendre compte annuellement de sa politique devant le Congrès des
Etats-Unis, qui a de plus le pouvoir de modifier ses statuts, la BCE n’a véritablement de
compte à rendre à personne, y compris au Parlement européen. De plus, les pays membres de
l’Union européenne ont laissé la BCE quantifier seule l’objectif de stabilité des prix, ce qui ne
serait pas conforme aux exigences démocratiques et pourrait nuire à sa crédibilité (Fitoussi,
2002). Cet exemple illustre bien l’idée que derrière l’indépendance des banques centrales se
cachent des réalités diverses qui rendent moins automatiques la meilleure performance en
termes de régulation macroéconomique de ce type d’arrangement organisationnel. Par
ailleurs, la déconnexion totale entre l’autorité monétaire et les autorités budgétaires pourrait
contribuer à relativiser encore davantage cette idée.
b. Les limites liées au “policy mix”
L’indépendance de la banque centrale s’accompagne le plus souvent du choix de fixer la
stabilité des prix comme objectif principal (voire unique pour la BCE, par exemple) de la
politique monétaire. Il en résulte donc une séparation claire des objectifs relevant de la
politique monétaire et de la politique budgétaire : à la première, la lutte contre l’inflation ; à la
seconde, la croissance économique et le plein-emploi. Or, le fait de dédier un instrument à un
objectif particulier se traduirait, pour certains économistes, non seulement par une perte de
marges de manœuvre pour la politique économique mais aussi par un poids trop grand
accordé aux variables nominales, notamment en cas de récession économique accompagnée
d’une faible inflation (Le Cacheux, Mathieu, Sterdyniak, 1992).
De plus, l’indépendance de la banque centrale peut aussi poser un problème en termes
de coordination des politiques économiques conjoncturelles puisque les politiques
monétaire et budgétaire relèveraient alors de deux entités différentes. Or, en l’absence de
coopération entre la banque centrale et le gouvernement, un jeu non coopératif peut
s’instaurer et déboucher sur un policy mix sous optimal. Ce serait par exemple le cas si la
banque centrale et le gouvernement jouaient un « jeu de la poule mouillée » (ou “chicken
game”) dans lequel la banque centrale pratiquerait une politique monétaire restrictive afin de
pousser le gouvernement à un certaine discipline budgétaire, alors que ce dernier serait
engagé dans une politique budgétaire expansionniste. Non seulement, les effets de ces deux
politiques se compenseraient, ce qui empêcherait une relance efficace de l’économie, mais
cela dégraderait très rapidement les finances publiques si le niveau des taux d’intérêt réels
était supérieur au taux de croissance de l’économie (effet « boule de neige » de la dette créé
par un accroissement du service de la dette) [9].
Enfin, la configuration institutionnelle de la zone euro, où la politique monétaire unique est
gérée par la BCE et les politiques budgétaires menées par les gouvernements des dix-sept
pays membres, rend encore plus complexe la question de la coordination des politiques
conjoncturelles. En effet, pour mettre en œuvre une politique monétaire adéquate, la BCE est
dans l’obligation de tenir compte des situations économiques et budgétaires de chaque pays
membre. Or, Jean-Claude Trichet doit composer avec des économies dont la synchronisation
des cycles conjoncturels n’est pas garantie et dont la convergence réelle est loin d’être
assurée. Cela rend délicate la gestion de la politique monétaire au sein de la zone euro,
particulièrement en l’absence de mécanisme de coordination efficace : échec du Pacte de
stabilité et de croissance, relative inefficacité des Grandes orientations de politique
économique (GOPE) décidées par le Conseil de l’Union européenne, difficulté des politiques
structurelles à rapprocher des économies aux caractéristiques différentes….
Au final, si un certain nombre d’arguments semble plaider pour l’indépendance de la banque
centrale comme arrangement institutionnel permettant de rendre plus efficace la politique
monétaire (la crédibilité de la politique monétaire permettant d’orienter les anticipations
d’inflation à la baisse) et la politique budgétaire (notamment car l’absence de financement
monétaire du déficit public incite à la discipline budgétaire), il existe cependant certaines
limites qui pourraient questionner l’avantage que présenterait l’indépendance des banques
centrales en termes de régulation conjoncturelle. Des limites théoriques telles que le problème
de coordination des politiques monétaire et budgétaire, le manque de souplesse à cause de
l’attribution ex ante d’un instrument à un seul objectif, ou encore l’hypothèse réductrice d’une
inflation perçue uniquement comme un phénomène exclusivement monétaire. Mais aussi des
limites empiriques assez bien illustrées par l’exemple de la Banque du Japon (BoJ) qui, bien
que peu indépendante du pouvoir politique, a connu de bonnes performances en termes de
maîtrise de l’inflation.
Mais au-delà de cette problématique, il convient aussi de s’interroger sur le véritable degré
d’indépendance des banques centrales dans les pays développés, même pour les banques
centrales ayant administré la preuve de la crédibilité de leur politique monétaire comme la
BCE ou la FED. Sont-elles vraiment indépendantes lorsqu’elles jouent leur rôle de prêteur en
dernier ressort comme dans le cas de la dernière crise systémique dite des subprimes ? Le
phénomène bien connu d’aléa moral entre elles et les banques de second rang ne vient-il pas
amoindrir de fait leur degré d’indépendance, en tout cas vis-à-vis des acteurs privés ? Plus
récemment encore, la BCE est-elle vraiment indépendante lorsqu’elle accepte de financer la
dette grecque, mais aussi irlandaise et portugaise, en assouplissant les conditions auxquelles
elle accepte comme « collatéral », en contrepartie des liquidités fournies, les « titres pourris »
(junk bonds) attachés à la dette souveraine de ces pays, cela sous la pression des
gouvernements européens et du Fonds monétaire international (FMI) ?
 Bibliographie :
 Agnès BÉNASSY-QUÉRÉ et Jean PISANI-FERRY (1994). Indépendance de la
banque centrale et politique budgétaire. CEPII, Document de travail n° 94-02.
 Jérôme CREEL et Jacky FAYOLLE (2002). La banque centrale et l’union
européennes : les tribulations de la crédibilité. La revue de l’OFCE, 83bis : 211-244.
 Frédéric LARCHEVEQUE et Jean-Pierre TESTENOIRE (2005). Les enjeux de
l’indépendance des banques centrales, Économie et Management, n°114.
 Annabelle MOUROUGANE (1998). Indépendance de la Banque centrale et politique
monétaire : application à la Banque centrale européenne. Revue Française
d’économie. 13(1) : 135-197.
 Yves STEINER (2003). Le coût réel de l’indépendance de la banque centrale :
économie politique comparée de la Deutsche Bundesbank et de la Banque du Japon
dans les années soixante-dix. Université de Lausanne, Institut d’études politiques et
internation

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L’indépendance des banques centrales renforce-t-elle l’efficacité des politiques


économiques ?
Notes
[1] A ce titre, la BCE semble avoir un degré d’indépendance supérieur à celui de la FED car
le congrès américain peut, contrairement au Parlement européen, modifier les statuts de la
FED.
[2] Si la FED s’est dotée de trois objectifs que sont la stabilité des prix, le plein-emploi et la
modération des taux d’intérêt à long terme, la BCE ne s’est fixée comme unique objectif que
la stabilité des prix (avec pour seuil un taux d’inflation annuel ne devant pas dépasser 2%).
[3] On se trouve ici face à une version plus contraignante de la règle, attribuée à Tinbergen
(1949), selon laquelle il faut autant d’instruments que d’objectifs. En effet, ici un instrument
est explicitement affecté à un seul objectif précisé ex ante. Il y a une séparation nette entre la
politique budgétaire et son objectif de croissance économique et la politique monétaire et son
objectif de stabilité des prix.
[4] La crédibilité se définit pour Barro et Gordon (1983) comme la capacité à influencer les
anticipations d’inflation des agents.
[5] On peut signaler ici que Barro (1995) a critiqué les résultats de cette étude, notamment en
questionnant la pertinence des indicateurs utilisés pour évaluer l’indépendance des banques
centrales.
[6] Il existe un moyen de limiter l’inefficacité d’une politique de règle en cas de choc d’offre :
fixer une règle contingente au choc. Cependant, ce type de mécanisme est difficile à mettre en
œuvre, notamment parce qu’il suppose la connaissance parfaite des états de la nature et de
leur occurrence.
[7] On peut préciser ici que la transparence des décisions de politique monétaire, qui consiste
à diffuser des informations claires et précises afin de faciliter la compréhension du public vis-
à-vis des objectifs et des intentions de la banque centrale, ne conduit pas nécessairement à une
plus forte crédibilité de la banque centrale. En effet, trop de transparence pourrait soit
paralyser la prise de décision des banquiers centraux (c’est tout le débat sur la publication des
discussions au sein du conseil des gouverneurs, qui existe aux États-Unis mais pas en
Europe), soit mettre à jour un processus de décisions déficient. Dans tous les cas, cela
viendrait réduire la crédibilité de l’institut d’émission.
[8] Ce type d’instruments n’est pas sans poser quelques problèmes puisque le respect des
objectifs n’est pas de l’unique ressort du banquier central.
[9] A l’inverse, un policy mix à la Clinton-Greenspan, caractérisé par la coordination entre
une politique budgétaire restrictive et une politique monétaire expansionniste, peut améliorer
les performances macroéconomiques du pays considéré en termes de croissance, d’inflation et
de chômage.
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 Publié le
jeudi 23 juin 2011
 Mots-clés
o  Economie
 Auteur(s)
Yann Videau
article de cet auteur
 Politiques économiques et sortie de crise : un éclairage à partir de la crise des
subprimes
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LA RÉGULATION DE L’ÉCONOMIE : LES POLITIQUES CONJONCTURELLES
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ÉCONOMIEL'INTERVENTION DE L'ETATTERMINALE
LA RÉGULATION DE L’ÉCONOMIE : LES POLITIQUES CONJONCTURELLES
ET STRUCTURELLES
PARPASCAL KERMARREC02/11/2021
De même qu’en stratégie d’entreprise, l’Etat définit des objectifs économiques et alloue des
ressources  pour atteindre ses objectifs. C’est ici qu’interviennent les politiques budgétaires et
monétaires. Par budgétaire, on entend que l’Etat va prélever des impôts, qui constituent ses
ressources financières pour ensuite les réinvestir dans l’économie sous différentes formes
(soutien à l’économie, protection sociale, grands travaux etc…). L’Etat peut mener une
politique conjoncturelle, à court terme, mais aussi cherché à transformer son économie via des
politiques structurelles.
LES POLITIQUES CONJONCTURELLES
La stabilisation des cycles économiques
La notion de cycle économique
L’activité économique n’est pas un long fleuve tranquille. Ainsi l’activité va connaître de
nombreuses fluctuations, à la hausse comme à la baisse, qui vont constituer un cycle. 
On distingue ainsi différentes phases : 
 L’expansion économique : le taux de croissance augmente. Elle peut s’accompagner
d’inflation.
 La crise : il s’agit d’un point de retournement brutal de la conjoncture. La période qui
suit la croissance est faible et le chômage élevé.
 La récession : baisse du PIB sur trois trimestres, pouvant dans des cas exceptionnels
aller jusqu’à la dépression, caractérisée par une diminution importante et durable de la
production avec souvent un mécanisme de déflation (baisse des prix).
 La reprise : le taux de croissance redevient positif, le volume de la production
augmente.
Les politiques procyclique et contracycliques
Les politiques contracycliques ont pour objectif de limiter les variations trop importantes d’un
cycle économique : 
 en limitant les surchauffes (emballement des prix, bulles spéculatives)
 en anticipant la reprise économique

Cette modération des cycles est liée à la prise en compte des acteurs. Une crise violente, c’est
une reprise trop lente, ce sont des actifs qui se paupérisent, des crises sanitaires, sociales, des
entreprises qui disparaissent, donc de l’emploi….  De même sacrifier un peu de croissance
permet d’éviter une destruction future de richesse, qui peut être plus importante.
De manière schématique, on considère un plan de relance en cas de crise économique et un
plan d’austérité en cas de surchauffe, ou pour assainir les comptes publics après une période
de soutien de l’économie.
A l’inverse, les politiques procyclique visent à stimuler un cycle de croissance ou de reprise
afin d’atteindre la croissance potentielle du PIB.
LES POLITIQUES DE RELANCE ÉCONOMIQUE
L’objectif d’une politique de relance est de provoquer une reprise rapide de l’économie en cas
de crise/récession. 
L’état peut ainsi choisir d’agir en privilégiant la demande de son pays, ou de son offre. 
Agir sur la demande
Les politiques de relance appelée politique keynésienne ou politique de la demande sont
associées à un soutien de l’Etat, qui va investir dans l’économie en soutenant la demande
de biens et de services du secteur privé. Ce soutien peut prendre différentes formes:
 Augmenter les investissements publics (infrastructures, grands travaux…)
 Augmenter la  consommation du secteur public, 
 Favoriser la consommation privée par des baisse d’impôts, ou des aides, allocations,
revalorisation des revenus de remplacement ou des retraites
L’Etat, dans cette logique, va utiliser ses ressources financières (ou s’endetter) pour alimenter
l’économie. Les sommes investies, en favorisant la reprise économique, ou en soutenant
l’activité, devraient alors alimenter la hausse du PIB et favoriser le remboursement de la dette
contractée. En effet, si la consommation augmente, l’Etat percevra davantage de TVA, si les
revenus des ménages augmentent les prélèvements au titre de l’impôt sur le revenu
s’accroissent, de même pour l’impôt sur les bénéfices etc…
Agir sur l’offre
La politique de l’offre vise à soutenir l’activité des entreprises, estimées entravées par des
prélèvements excessifs (cotisations sociales impôts et taxes), des salaires insuffisamment
soumis à la concurrence du marché, une régulation excessive des marchés etc… Le soutien
aux entreprises passe alors par une simplification administrative (moins de régulation), et une
baisse des impôts aux entreprises et de la fiscalité dans son ensemble, le marché étant plus à
même d’allouer de la meilleure manière les ressources financières libérées.
source : https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/06/30/un-an-apres-le-bilan-mitige-
du-plan-de-relance_6086287_823448.html
LES POLITIQUES D’AUSTÉRITÉ
A l’inverse d’une politique de relance, les politiques d’austérité ont pour objectif principal
non pas la croissance mais le rétablissement des comptes publics. Pour ce faire, l’Etat va
réduire ses dépenses, diminuer le nombre de fonctionnaires, réduire ou modérer les salaires
des derniers, limiter ses investissements mais il va aussi augmenter ses recettes par des
hausses d’impôts, qu’il peut exercer sur les ménages et/ou les entreprises. Dernier outil, une
hausse des taux directeurs via la politique monétaire, qui enrichit le coût du crédit des
ménages et des entreprises, qui réduisent leur consommation.
Cet assainissement des finances publiques entraîne dans un premier temps une réduction de la
demande et donc de la consommation, ce qui provoquera à court terme une diminution du
taux de croissance du PIB : c’est le « prix à payer » pour accroître le taux de croissance de
long terme qui ne sera pas entravé par les déséquilibres financiers de l’Etat.
Là aussi, les débats font rage sur l’impact d’une politique d’austérité sur l’économie. Celle-ci
peut avoir un effet récessif en fonction des anticipations des ménages (qui épargnent
davantage en prévision des impôts futurs) et du retrait trop important de la demande publique.
Une déréglementation excessive peut aussi amener l’Etat à devoir prendre en charge des
externalités sociales, conséquence des inégalités sociales ou de la précarité.. Ainsi, dans les
années 1980, la présidence Reagan a conduit une politique de baisse de la dépense publique et
des impôts, en réduisant prioritairement les budgets des programmes sociaux. S’en est suivi
une hausse de la délinquance et de la criminalité, qui a conduit à l’embauche de forces de
police, de juges, de construction de prisons qui ont dû être financés, et conduit à une
annulation partielle des baisses d’impôts initialement consentis. De même, le fonds monétaire
international a sous-estimé l’impact récessif des plans de redressement appliqués aux
économies qui ont eu recours à ses financements.
LA POLITIQUE MONÉTAIRE
La politique monétaire est l’ensemble des moyens mis en œuvre par un État ou une autorité
monétaire pour agir sur l’activité économique par la régulation de sa monnaie 
LA POLITIQUE MONÉTAIRE EST MENÉE PAR LA BANQUE CENTRALE D’UN
PAYS. 
Une banque centrale est une institution publique qui gère la monnaie d’un pays ou d’un
groupe de pays (zone euro) et contrôle la masse monétaire, c’est-à-dire la quantité de monnaie
en circulation.
L’un des principaux outils à la disposition d’une banque centrale consiste à fixer les taux
d’intérêt, autrement dit le « coût de l’argent », dans le cadre de sa politique monétaire.
LA BANQUE CENTRALE EUROPÉENNE
La BCE, instaurée lors de la création de la zone euro, bénéficie d’un monopole d’émission de
l’euro en tant que monnaie commune et unique de l’Union économique et monétaire. Elle
définit les grandes orientations de politique monétaire de la zone euro et prend les décisions
nécessaires à sa mise en œuvre ; c’est-à-dire en vue de maintenir le pouvoir d’achat de l’euro
et donc la stabilité des prix dans la zone euro.

Au delà de la politique monétaire, la BCE a pour responsabilité de conduire la politique de


change de la zone euro, la détention et la gestion des réserves de change des États membres,
mais aussi de s’assurer du bon fonctionnement des systèmes de paiement électroniques et
physiques.
L’action de la BCE peut donc se résumer ainsi : 
 un objectif principal : le maintien de la stabilité des prix,
 une autorité monétaire unique : la Banque Centrale Européenne,
 une politique de taux d’intérêt,
 le refinancement des banques par la banque centrale
La politique monétaire de la BCE va ainsi influencer la quantité d’argent en circulation dans
la zone euro (par les mécanismes de refinancement) et son coût via sa politique de taux
d’intérêt. Ainsi, en cas de tension inflationniste, la BCE va relever ses taux pour augmenter le
coût du crédit d’une part et limiter l’endettement. En effet, une hausse des taux va réduire la
capacité d’emprunt des consommateurs, et donc limiter la hausse des prix. 
En adoptant l’euro, la France a transféré l’exécution de sa politique monétaire à la banque
centrale européenne, qui par les traités n’est pas un prêteur en dernier ressort. Ceci signifie
que les Etats membres de la zone euro ne peuvent emprunter directement auprès de la banque
centrale européenne, contrairement aux USA qui peuvent emprunter à la banque fédérale
américaine
UNE MONNAIE COMMUNE QUI IMPLIQUE UNE CONVERGENCE BUDGÉTAIRE
La France a intégré l’union monétaire de l’Union Européenne, et partage la même monnaie
que 18 autres pays. A ce titre, chaque État de la zone euro s’est engagé à respecter des critères
de convergence budgétaire prévus par le traité de Maastricht, à savoir un déficit budgétaire
inférieur à 3% et une dette inférieure à 60% du PIB. 
Chaque Etat s’expose à des procédures pour déficit excessif en cas de non respect injustifié de
ses engagements, et s’engage à prendre des actions correctives. De même, l’adoption du pacte
de stabilité et de croissance engage chaque état à réaliser un solde structurel variant de 0,5% à
1% du PIB, selon son endettement.
Cependant, la convergence budgétaire ne s’accompagne pas d’une convergence des
économies, dont les modèles et fondamentaux restent très différents. L’action de la BCE est
parfois accusée de favoriser les économies du Nord de la zone euro au détriment de
l’économie des pays du Sud.
LES POLITIQUES STRUCTURELLES
La politique structurelle est une politique publique à moyen-long terme, dont l’objectif est de
transformer en profondeur les structures et les fondamentaux de son économie et de
développer la compétitivité d’un pays..
Sa finalité est souvent d’accroître la croissance potentielle de ce dernier, ainsi que la
réalisation d’objectifs macroéconomiques (soutenabilité de la croissance, indépendance
énergétique ou souveraineté technologique, alimentaire…)
Le PIB potentiel est défini comme le volume de production pouvant être réalisé sans entraîner
de tensions sur les prix, compte-tenu des facteurs de production (travail et capital)
disponibles.
Une politique économique structurelle vise donc à définir une stratégie sur différents éléments
:
 le fonctionnement du marché 
 la compétitivité/attractivité du pays
 la politique sociale
Le fonctionnement du marché
Optimiser le fonctionnement du marché inclut à la fois réglementation et déréglementation et
la prise en charge des défaillances du marché. Bien évidemment, on retrouve ici le
fonctionnement de la concurrence, mais également la sécurisation des échanges et des
investissements par la réglementation, à l’instar de la protection des brevets, les droits voisins
pour la presse, les obligations de production des longs métrages par les diffuseurs, mais aussi
des règlementations sur la consommation énergétiques des logements, l’urbanisme, la
protection du littoral, le droit du travail…
Améliorer le fonctionnement du marché peut aussi se traduire par des mesures fiscales (taxe
ou subventions). Ainsi la politique agricole commune via des subventions versées au
producteur définit des orientations en termes de volume ou d’impact sur  l’environnement. La
mise en place d’une taxe carbone au sein de l’Union Européenne vise à pousser les entreprises
à limiter et/ou compenser les externalités négatives de leurs productions. De même, les aides à
la rénovation énergétique versées aux ménages et aux bailleurs…
La compétitivité/attractivité du pays
La compétitivité d’un pays peut se définir comme sa capacité à faire face à la concurrence
d’autres pays. Elle peut se décliner en deux éléments: 
la compétitivité prix : faire aussi bien mais pour moins cher par des coûts de production
moins élevés (coût du travail, productivité, coût du capital), des taux de change et des coûts de
transport avantageux.
la compétitivité hors prix : elle s’appuie sur les entreprises à travers un savoir-faire unique,
difficilement reproductible, une expertise ou le poids sur un marché des entreprises sur ce
pays. L’Etat va alors favoriser l’émergence de “champions” par un cadre règlementaire,
social, fiscal spécifique, en favorisant l’innovation par des politiques de soutien à la recherche
et développement, la création d’écosystèmes réunissant organismes de recherche pure et
entreprises, la montée en gamme de ses produits etc (comme a pu le réaliser la Chine ces
dernières années, ou comme a pu le faire le Japon après la seconde guerre mondiale).
La compétitivité d’un pays repose sur un certain nombre de choix politiques, comme la
fiscalité des entreprises, le coût du travail, les investissements dans les infrastructures (réseau
routier, ferroviaire, énergétique, internet à haut débit etc…), l’aménagement du territoire
(avec la création des métropoles et le passage de 22 à 13 régions en France)  mais aussi par la
qualité de la formation de sa population, la transformation numérique de ses
administrations…
Conséquence ou corollaire de la compétitivité d’un pays, son attractivité appréciée par les
investissements étrangers dans le pays, qui vont développer de la croissance sur le territoire
national, dans le cadre d’échanges internationaux.
la politique sociale
La politique sociale regroupe l’ensemble des actions publiques visant à protéger et favoriser
les conditions de vie des individus, via des mécanismes de solidarité ou d’assurance publique.
En France, la politique sociale est souvent assimilée à la protection sociale, qui en constitue
un maillon essentiel mais pas unique.
La politique sociale va intégrer la redistribution des revenus afin de limiter les inégalités
sociales à un niveau socialement acceptable (donc relatif), mais aussi les systèmes de retraite,
d’assurance maladie, d’assurance-chômage, la famille via la CAF, la formation initiale et
professionnelle. Les individus sont ainsi protégés contre les aléas de l’existence (devenir trop
vieux pour travailler, ou pouvoir être soigné sans tomber dans l’indigence…) ce qui favorise
in fine le fonctionnement du système économique. Des salariés en bonne santé, formés et
diplômés via des services publics (ce qui enlève le frein du financement de ces études) sont
davantage productifs. Les mécanismes d’assurance publiques limitent l’épargne de précaution
et favorisent la consommation, donc la demande de biens et de services. Cependant le coût de
cette prise en charge peut se révéler contre productif en étant principalement instauré sur les
cotisations des travailleurs, ce qui alourdit le coût salarial de chaque actif. 

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