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Département du Droit Public

MASTER EN FINANCES PUBLIQUES ET


FISCALITE
La théorie du Trésor
Exposé sous le thème :

La Politique Budgétaire et la Politique


Monétaire
« Policy-Mix »

Préparé par :
AIT TALEB El mehdi
KARAOUS Karim

Encadré par :
Pr. EL ARAFI Hassane

Année universitaire : 2022 – 2023

Version provisoire
Introduction :

Chapitre 1. Les politiques conjoncturelles (concepts, objectifs et limites)

Section 1 : La politique budgétaire

1.1 : La politique budgétaire de relance (expansionniste)


1.2 : La politique budgétaire de rigueur (restrictive)

Section 2 : La politique monétaire

2.1 : La politique monétaire dite conventionnelle

2.2 : La politique monétaire dite non conventionnelle

Chapitre 2 : L’interaction entre la politique budgétaire et monétaire « Policy-Mix »

Section 1 : Les politiques convergentes

1.1 : Soutien budgétaire et soutien monétaire

1.2 : Freinage budgétaire et freinage monétaire : plan drastique de stabilisation

Section 2 : Les politiques mixtes ou politique croisées

2.1 : Soutien budgétaire et freinage monétaire

2.4 : Soutien monétaire et freinage budgétaire

Conclusion :

2
Résumé :

Pour préserver la bonne santé de l’économie d’un pays (région, nation, union monétaire).
Les pouvoirs publics sont censé de prendre plusieurs décisions en matière de politique
économique. La politique budgétaire et la politique monétaire sont des politiques
conjoncturelles qui agissent sur la demande globale (consommation, investissement) pour
réduire les écarts par rapport à l’équilibre. Alors que la politique budgétaire est menée par
l’Etat, la politique monétaire est mise en œuvre par la Banque centrale.

Mots clés : politiques conjoncturelles, politique budgétaire, politique monétaire, politique


budgétaire de relance, politique budgétaire de rigueur, politique monétaire conventionnelle,
politique monétaire non conventionnelle, policy-mix.

Abstract:

To preserve the good health of the economy of a country (region, nation, monetary union).
The public authorities are supposed to take several decisions in terms of economic policy.
Budget policy and monetary policy are short-term policies that act on aggregate demand
(consumption, investment) to reduce deviations from equilibrium. While Budget policy is
conducted by the state, monetary policy is implemented by the central bank.

Keywords: Short-term policies, budget policy, monetary policy, stimulus budget policy,
austere monetary policy, conventional monetary policy, unconventional monetary policy,
policy-mix.

3
Introduction :
Le Policy-mix peut être défini comme la coordination entre les Politiques budgétaires et la politique
monétaire. La politique monétaire consiste à réguler l’évolution de la masse monétaire en fonction
d’objectifs tels que la stabilité des prix ou la relance de l’activité économique. Alors que la politique
budgétaire est un instrument mis à la disposition de l’Etat pour procéder à des changements dans la
structure des impôts, des taxes et des dépenses publiques pour influencer l’activité économique.

L’utilisation conjointe des politiques monétaire et budgétaire peut servir de stratégie pour remédier à
la situation initiale dans laquelle se trouve un pays. La coexistence d’un soutien budgétaire et celui
monétaire constitue sans doute le cas de politique mixte le plus connu. Il s’agit d’éviter une forme
d’effet d’éviction1 lié aux variations du taux d’intérêt et ainsi de retrouver les résultats obtenus dans
un modèle keynésien élémentaire.

Le policy-mix2 relève de la gestion de la demande et s’inscrit le plus souvent dans un cadre d’analyse
de type IS-LM que nous allons développer dans le deuxième chapitre.

Le présent exposé a pour but d’évaluer la relation bé-directionnelle existant entre la politique
budgétaire et la politique monétaire. Pour le faire on s’intéresse à répondre à la problématique
suivante : Dans quelle mesure l’interaction entre la politique monétaire et la politique
budgétaire constitue un instrument important permettant de faire face à des situations dans
laquelle se trouve un pays ? cette problématique nous conduit à poser les questions suivantes :

Qu’est-ce qu’on entend par les politiques conjoncturelles ? Qu’est-ce qu’une politique
budgétaire de relance ? Qu’est-ce qu’une politique budgétaire de rigueur ? Qu’est-ce qu’une
politique monétaire dite conventionnelle ? Qu’est-ce qu’une politique monétaire dite non
conventionnelles ?

Pour répondre à ces questions nous allons analyser dans un premier chapitre les politiques
conjoncturelles en analysant les types des politiques budgétaires et monétaires. Puis, dans un second
chapitre on va analyser l’interaction entre la politique budgétaire et la politique monétaire.

1
L’effet d’éviction se traduit par une baisse de l’investissement et de la consommation privée, provoquée par la hausse
des dépenses publiques.
2
L’idée de policy-mix est d’inspiration keynésienne de relance.

4
Chapitre 1. Les politiques conjoncturelles (concepts, objectifs et limites)

- Qu’est-ce qu’on entend par les politiques conjoncturelles ?

Selon Bertrand blancheton, Les politiques conjoncturelles3 visent à contrôler la demande


globale en intervenant à court terme sur une ou plusieurs de ses composantes. Le cas le plus
fréquent est celui d’une insuffisance de la demande qui, dès lors, doit être soutenue.

Quatre outils4 de politique économique conjoncturelle peuvent être identifiés : la politique


budgétaire, la politique salariale et des revenus, la politique monétaire, la politique de
change.

On s’intéresse dans la première section à la politique budgétaire, et dans la deuxième section


on va s’intéresser à la politique monétaire.

Section 1 : la politique budgétaire

- Qu’est-ce qu’on entend par la politique budgétaire ?

DKHISSI Atman a définit la politique budgétaire comme étant l’outil5 à travers lequel les
pouvoirs publics utilisent activement les recettes et les dépenses budgétaires pour agir sur
l’activité économique d’un pays. Selon lui, la politique budgétaire vise à réaliser les objectifs
du carré magique à savoir :

➢ Le plein-emploi ;
➢ La stabilité des prix ;
➢ La croissance économique ;
➢ L’équilibre extérieur.

3
Les politiques conjoncturelles sont dites d’inspiration keynésienne en raison notamment de leur horizon temporel et, de
manière liée, de la justification analytique de leur efficacité.
4
Chacun de ces instruments peut être associé à une composante de la demande qui constitue son canal de transmission
privilégié mais non exclusif (respectivement les dépenses publiques, la consommation, l’investissement et la composante
externe : exportations moins importations).
5
Cette action peut être de nature conjoncturelle (correction à court terme des déséquilibres économiques tels le chômage
ou l’inflation) ou de nature structurelle (promotion du potentiel de croissance d’une économie à plus long terme).

5
Pour TOUHAMI Larbi et EL HADFID ALLAH Samira, la politique budgétaire est
considérée comme l’une des politiques d’intervention permettant de relancer l’activité
économique et stabiliser la macroéconomie. Pour eux une politique budgétaire efficace :

➢ Contribuera à une amélioration des recettes et la maitrise des dépenses publiques ;


➢ Permettra un accroissement de l’efficacité des dépenses publiques ;
➢ Permettra d’alléger le fardeau de la dette ; etc.
Selon Jean-Bernard MATTRET, La politique budgétaire consiste à utiliser le solde
budgétaire comme instrument de relance économique ou d’austérité en agissant soit sur les
recettes notamment fiscales, soit sur les dépenses, en particulier d’investissement.

Yvette-Armelle BEAH à définit une politique budgétaire est une politique qui met en œuvre
un gouvernement pour agir sur l'économie du pays en utilisant son pouvoir de fixation des
recettes de l'Etat et ses priorités dans la répartition des dépenses publiques. Elle consiste à
utiliser certains instruments budgétaires (dépenses publiques, recettes publiques, solde
budgétaire) pour influencer sur la conjoncture économique.

1.1 La politique budgétaire de relance (expansionniste) :

Une politique de relance est une politique économique conjoncturelle qui consiste à relancer
l'économie d'un pays ou d'une zone monétaire lorsque ses capacités de production sont sous-
utilisées, dans le but de favoriser la croissance ou de lutter contre le chômage.

La politique budgétaire de relance est une politique budgétaire keynésienne6 dans la mesure
où il était appliqué pendant la crise économique des années 30, l’objectif principal de la
gestion des finances était le financement des services publics. Le volume des dépenses de
l’État n’était alors pas considéré comme une variable susceptible d’influencer le niveau
d’activité de l’économie.

6
Keynes a modifié cette conception de la gestion des finances publiques en soulignant l’impact de la politique budgétaire
sur le niveau d’activité économique d’un pays.

6
1.1.1 Les principes de la politique budgétaire de relance :

La politique budgétaire de relance consiste, dans sa globalité, à agir sur le niveau de la


demande globale afin d’influencer celui de l’offre globale. La relance de l’économie sous la
forme d'une politique budgétaire s'appuie sur la théorie keynésienne qui veut que les
entreprises embauchent en fonction des besoins de l’économie et non en fonction de la
variation du prix de la main d'œuvre.

1.1.2 Instruments de la politique de relance :

La politique budgétaire de relance est actionnée par les dépenses et les recettes de l’État.

Lorsque l’État diminue ses recettes en diminuant le niveau de variables tels que les taux
d’imposition, il va accorder un pouvoir d’achat supplémentaire, et il va relancer ainsi la
consommation et l’investissement, et par conséquent il va donc relancer l’emploi.

Lorsque l’État augmente ses dépenses, cette augmentation va conduire les entreprises à
augmenter leur production et la demande de travail et donc à embaucher davantage.

L'augmentation de l'activité économique va générer une hausse des recettes fiscales qui va
partiellement compenser celle des dépenses publiques. Les fonds supplémentaires injectés
dans l’économie par l’Etat ont des répercussions sur l’activité économique, appelées effets
multiplicateurs : il s’agit du multiplicateur budgétaire 7(keynésien).

7
Le multiplicateur budgétaire permet de mesurer l’impact d’une politique budgétaire sur l’activité économique. Keynes, en prenant

l’exemple d’un investissement public, montre que ce multiplicateur est supérieur à l’unité : l'addition d'une unité de dépense publique,
non financée par l'impôt, permet un accroissement plus que proportionnel du produit intérieur brut (PIB). Une augmentation des
dépenses publiques engendre des revenus supplémentaires qui sont soit consommés, soit épargnés ou bien récupérés par les
administrations publiques (impôts et cotisations sociales). La partie consommée de ces revenus supplémentaires vient nourrir la
demande intérieure adressée aux entreprises. Ces dernières augmentent alors leurs investissements et partant leurs emplois, ce qui leur
fait distribuer des revenus supplémentaires. Le surcroît de dépenses publiques provoque par conséquent un effet cumulatif
(multiplicateur) qui stimule d’autant plus l’activité économique que les revenus sont peu épargnés, peu imposés, et que la demande de
consommation s’adresse principalement aux entreprises nationales.

7
1.1.3 Les limites de la politique budgétaire de relance:

Les principales difficultés proviennent de la contrainte extérieure, du financement des


déficits et du poids de la dette publique. La politique budgétaire de relance peut être
compromise par :

➢ L’effet d’éviction par le taux d’intérêt : lorsque l'État a recours au déficit et donc à
l'emprunt pour financer les dépenses, il pousse à la hausse les taux d'intérêt. Cette
hausse des taux décourage une partie des achats des consommateurs financés par
l’emprunt, et réduit les investissements des entreprises privées. La concurrence entre
le privé et le public, pour l'accès aux ressources d'épargne, se fait généralement au
détriment du privé, De ce fait, des dépenses publiques moins productives remplacent
des investissements privés a priori plus efficaces.
➢ L’effet d’éviction par l’extérieur : L'ouverture croissante des économies vient réduire
l'effet du multiplicateur parce que l'injection de sommes additionnelles par l'État ne
profite pas qu’aux producteurs nationaux ; une partie est effectivement employée pour
des achats à l'étranger et, en sortant du circuit (de production et de distribution)
intérieur, perd sa capacité d'engendrer localement des retombées économiques
supplémentaires. En outre, la croissance des importations peut entraîner un
déséquilibre de la balance commerciale et une instabilité de la devise nationale, ce qui
susciterait une hausse des taux d'intérêt et une diminution des investissements locaux.
➢ L’effet du fardeau de la dette : Des déficits répétés sur plusieurs années vont
augmenter la dette publique et la charge que celle-ci représentera dans l'avenir. Cette
situation n'est pas sans risque car une dette importante implique un paiement d'intérêts
considérables et le poids de cette charge dans le budget augmente la probabilité d'un
nouveau déficit qui, à son tour, entraînera une hausse des taux d'intérêt, et ainsi de
suite. C'est l’effet boule-de-neige de la dette8

1.2 La politique budgétaire de rigueur (restrictive)

8
Elle crée sa propre dynamique et, à devenir insoutenable, entravant la capacité de l'État, non seulement à stimuler
l'économie, mais à mener les actions attendues de lui dans d'autres domaines.

8
En situation de haute conjoncture, le niveau de la demande globale est trop élevé par
rapport à l’offre globale et l’économie est confrontée à des tendances inflationnistes.
Afin d’éviter la surchauffe de l’économie, l’Etat peut alors pratiquer une politique de
diminution de la demande globale (réduction des dépenses publiques, hausse des
impôts) appelée politique de rigueur (ou politique budgétaire restrictive).

La politique budgétaire de rigueur est une politique d’inspiration libérale, cette


politique préconise de restreindre la demande globale afin de diminuer les tensions
inflationnistes, dans ce cas les moyens de la politique budgétaire sont :

➢ La réduction des dépenses publiques :

La réduction des dépenses publiques va ralentir la croissance économique mais elle


permet de stabiliser les prix.

➢ La hausse des prélèvements obligatoires (les recettes fiscales) :

Une augmentation des recettes fiscales va conduire à décroitre les revenus des agents
économiques, et par conséquent il y aura un découragement de la consommation et de
l’investissement, ce qui va pénaliser la croissance économique, mais elle permet une
maitrise des tensions inflationnistes.

➢ La limitation de l'endettement public :

L’adoption de la politique budgétaire de rigueur fait générer un excédent budgétaire


suite à une hausse des recettes budgétaires et baisse des dépenses budgétaires, ce qui
va permettre de limiter l’endettement public.

Les limites de la politique de rigueur :

➢ Ralentissement de la croissance économique : une augmentation des recettes


fiscales et une diminution des dépenses publiques va engendrer une baisse de
l’investissement, cela va impacter le PIB d’une façon qui est négative.
➢ Hausse du chômage : une diminution des dépenses d’investissement va engendrer
une augmentation du chômage.

9
➢ Pression fiscale : on peut l’expliquer à grâce à la courbe de LAFFER à travers
laquelle Arthur Laffer montre que lorsque les prélèvements obligatoires augmentent
trop, l’impôt conduit à une baisse des recettes de l'État.

Section 2 : La politique monétaire :

- Qu’est-ce qu’on entend par politique monétaire ?

Selon Bertrand BLANCHETON, la politique monétaire est dorénavant avant tout au service
de la stabilité des prix et elle soutien indirectement l’activité économique à travers un rôle
d’ancrage des anticipations salariales et financières.

Selon Christophe DEGRYSE, la politique monétaire est l’ensemble des moyens dont dispose
un pays pour influencer son économie en agissant sur les conditions de son financement.

- Qui conduit la politique monétaire ?

Selon Bertrand BLANCHE, la Banque centrale conduit la politique monétaire9, elle


approvisionne l’économie en liquidité. Elle dispose de plus ou moins de marge de manœuvre
dans la définition des objectifs de la politique monétaire et dans le maniement d’instruments
lui permettant d’atteindre ses objectifs.

2.1 La politique monétaire dite conventionnelle :

Toutes les banques commerciales sont dans l’obligation de détenir un compte auprès de la
banque centrale nationale de leur pays. C’est à travers ces comptes que la banque centrale
conduit sa politique monétaire. Pour cela, elle dispose de trois principaux outils à savoir : le
taux directeur, les réserves obligatoires et les opérations d’open market.

9
Aujourd’hui, la politique monétaire accorde la priorité à l’objectif de stabilité des prix. La politique monétaire a changé
de statut depuis le début des années 1980. Elle est aujourd’hui un instrument indirect de soutien de la croissance à travers
l’ancrage des anticipations inflationnistes et moins un outil direct de contrôle de l’activité.

10
2.1.1 Les réserves obligatoires :

La banque centrale impose à toutes les banques commerciales de déposer sur leur compte
auprès de leur Banque centrale un pourcentage des dépôts qu’elles gèrent. Si le taux des
réserves obligatoires est de 1 %, cela signifie que si une banque commerciale gère 1000 DH
de dépôts, elle doit déposer 10 DH à la Banque centrale nationale.

Plus le taux des réserves obligatoires est faible, plus les banques pourront faire circuler la
monnaie. Si la banque centrale décidait de baisser ce taux à 0,5 %, lorsqu’une banque gère
1000 DH, elle ne devrait plus déposer que 5 DH à la Banque centrale nationale au lieu des 10
DH précédemment.

Inversement, si la banque centrale augmente ce taux à 2 %, les banques pourront moins faire
circuler la monnaie car pour 1 000 DH de dépôts, 20 DH au lieu de 10 DH précédemment
devront être déposés à la banque centrale nationale et seront donc gelés.

2.1.2 Les opérations d’open market

Quand une banque a besoin de liquidités pour honorer les paiements effectués par ses clients,
et si ses clients retirent plus d’argent de leurs comptes qu’ils n’en déposent, elle les emprunte
à une autre banque.
De l’autre côté, quand une banque a des liquidités disponibles, dans ce cas ses clients
remettent plus d’argent sur leurs comptes qu’ils n’en retirent, elle les propose aux autres
banques. C’est ce que l’on appelle le marché interbancaire.

Les banques se prêtent pour des durées très courtes, parfois seulement pour 24 heures, et
jusqu’à un an. Les paiements entre banques se font exclusivement par l’intermédiaire
des comptes qu’elles détiennent à la banque centrale. C’est pourquoi on parle de la monnaie
de la banque centrale10.

10
NB : La monnaie banque centrale n’est utilisée par les banques que sur le marché interbancaire et ne circule donc pas
dans l’économie

11
2.1.3 Le taux directeur :

Quand une banque ne trouve pas le montant nécessaire auprès des autres banques, elle peut
s’adresser à la Banque centrale qui va lui prêter ces liquidités à un taux d’intérêt appelé taux
des opérations principales de refinancement ou taux directeur .

Si la banque centrale augmente le taux directeur, les banques vont répercuter cette hausse sur
le coût des crédits qu’elles accordent. Les agents économiques vont être plus réticents à
emprunter et vont alors réduire leur consommation (particuliers) ou leur production
(entreprises).

Inversement, si la banque centrale diminue le taux directeur, les banques vont diminuer le
taux d’intérêt de leurs crédits. Les agents économiques vont être plus enclins à emprunter et
vont alors augmenter leur consommation (particuliers) ou leur production (entreprises).

2.2 la politique monétaire dite non conventionnelle

Selon AIT HAMMOU Youness et AKKABOUNE Mohamed, La politique monétaire non


conventionnelle peut prendre plusieurs formes. Parfois ça peut prendre la forme de taux
d’intérêts négatifs, comme le cas de la Banque Nationale du Danemark, ou parfois en
modifiant ou en suspendant les objectifs d’inflation. Dans ce cadre, AIT CHEIKH Mohsine
et FETTAHI Ithri, pensent qu’on peut distinguer entre trois grandes catégories de mesures
non conventionnelles, susceptibles d’être combinées. Ces mesures visent respectivement à :

➢ Augmenter massivement la quantité de monnaie en circulation dans l’économie. On


parle alors de “Quantitative easing” (Assouplissement ou détente quantitative) ;
➢ Agir sur la pente de la structure par terme des taux d’intérêt en s’engageant sur la
trajectoire future des taux directeurs de façon à orienter les anticipations des agents ;
➢ Débloquer les marchés de crédit en élargissant la gamme des crédits accordés à
l’économie et en achetant directement des titres sur les marchés des taux afin de peser
sur les primes de risque. On parle dans ce cas de “crediteasing” (Assouplissement
des conditions de crédit).

12
2.2.1 Quantitative Easing (Assouplissement Quantitatif) :

Selon AIT HAMMOU Youness et AKKABOUNE Mohamed, Une politique


d'assouplissement quantitatif (ou Quantitative Easing) consiste pour une banque centrale à
créer de la monnaie en procédant à des achats massifs d'actifs financiers (notamment des
obligations d’Etat). L'objectif recherché étant d'injecter des liquidités importantes dans
l'économie de façon à stimuler l'activité et la croissance économique et à redresser le taux
d'inflation pour éviter que l'économie ne tombe en déflation11.

Selon d’autres auteurs (AIT CHEIKH Mohsine et FETTAHI Ithri), Le Quantitative Easing
(QE) est une politique d’expansion du bilan de la Banque centrale, qui peut être scindé en
deux types : le QE direct12 et le QE indirect13.

2.2.2 la structure par terme des taux d’intérêt :

Il s’agit d’agir sur la courbe des taux d’intérêt en influençant les anticipations des agents sur
les marchés des capitaux. Pour ce faire, la banque centrale peut s’engager explicitement à
maintenir son taux directeur à un niveau très bas (voire nul) pour une période de temps
significative (AIT HAMMOU Youness et AKKABOUNE Mohamed).

La banque centrale peut également définir les conditions préalables à une augmentation
future de son taux directeur : par exemple, garantir qu’aucune hausse n’interviendra tant que
l’inflation n’aura pas atteint un certain niveau. Cette stratégie est encore plus efficace si la
banque centrale s’est dotée, dans son cadre général de politique monétaire, d’une définition
chiffrée de la stabilité des prix, qui sert alors de référence explicite (Ciblage de l’inflation).

2.2.3 Credit Easing (Assouplissement des Conditions de Crédit) :

11 La déflation est le gain du pouvoir d'achat de la monnaie qui se traduit par une diminution générale et durable des prix ; c'est une
inflation négative.
12 À travers le QE direct, la Banque centrale augmente la taille de son bilan en achetant sur le marché des actifs financiers, comme les

obligations à court, moyen et long terme. Cette augmentation de l’actif du bilan se réalise en contrepartie d ’une augmentation des
réserves bancaires au passif de la Banque centrale. Le principal objectif du QE direct est de réduire les taux d’intérêts à long terme des
actifs à faible risque, afin d’influencer à la baisse les taux à long des autres actifs risqués à travers les mécanismes de l’ajustement des
risques.

13À travers le QE indirect, la Banque centrale n’achète pas les actifs sur le marché mais elle injecte la liquidité aux banques en
contrepartie des actifs à faible risque

13
Selon AIT CHEIKH Mohsine et FETTAHI Ithri, Le Credit Easing (CE) est une politique du
bilan de la Banque centrale qui peut être divisée en deux types : le CE direct et le CE
indirect.

Le CE direct est utilisé par la Banque centrale en modifiant la composition de son bilan en
vendant les actifs à faible risques et en achetant des actifs beaucoup plus risqués. Ainsi, la
Banque centrale assume le risque de crédit dans son bilan, ce qui la pousse à évaluer tous les
actifs qu’elle décide d’acheter.

À travers le CE indirect, la Banque centrale fournit la liquidité aux banques commerciales en


contrepartie des actifs risqués, Ce qui fait que les risques liés à ces actifs ne sont pas
transférés à la Banque centrale.

14
Chapitre 2 : L’interaction entre la politique budgétaire et monétaire
« Policy-Mix »

- Qu’est-ce qu’on entend par Policy Mix ?

Selon Bertrand Blanche, Le concept de policy mix doit être entendu au sens large à savoir
l’ensemble des combinaisons possibles entre politique budgétaire et politique monétaire. Le
choix d’un policy mix dépend des contraintes qui pèsent sur une économie et pose la
question de la coopération entre autorités budgétaire et monétaire.

Selon DESQUILBERT et VILLIEU, Le policy mix est présenté comme une action globale
visant à faire interagir simultanément les mesures de politiques monétaires et budgétaires
dans des conditions et surtout dans des proportions convenues à l’avance.

Section 1 : Les politiques convergentes

1.1 Soutien budgétaire et soutien monétaire :


La coexistence d’un soutien budgétaire et d’un soutien monétaire constitue sans doute le cas
de politique mixte le plus connu, car le plus dans la logique du cadre IS/LM14, puisqu’il
s’agit d’éviter l’effet d’éviction lié aux variations du taux d’intérêt et ainsi de retrouver
l’entièreté de l’effet multiplicateur comme dans le modèle keynésien élémentaire (passage du
revenu de Yo en Y1 sur le schéma ci-dessous).
Avec ce double soutien (déplacement de ISo vers IS1 qui traduit une politique budgétaire
expansionniste et de LMo vers LM1 qui traduit un soutien monétaire), nous obtenons un effet
sur le revenu plus élevé que dans le cas d’une utilisation isolée de chaque instrument et un
effet beaucoup plus limité (voire nul) sur le taux d’intérêt (i). Il ressort du modèle que l’on
peut toujours augmenter l’efficacité de la politique budgétaire par une politique monétaire
complémentaire sans craindre l’inflation. Cette vue optimiste résulte de l’hypothèse
d’élasticité parfaite de l’offre qui permet la stabilité des prix. Le nécessaire relâchement de
cette hypothèse forte et les choix des objectifs intermédiaires de stabilité (dès 1979-1980
pour la Grande-Bretagne et les États-Unis, à partir de 1983 dans le cas particulier de la

14 Le modèle IS-LM est considéré comme une version formalisée des idées de Keynes, une représentation algébrique et graphique
d'un certain nombre de relations posées plus ou moins explicitement par Keynes dans la Théorie générale. Cependant, certains
keynésiens réfutent cette idée de synthèse dont ils nient le caractère keynésien. Ainsi le débat autour du modèle IS-LM reflète le débat
sur l'interprétation de la Théorie Génétale.

15
France) permettent de comprendre la relative désuétude de stratégies expansionnistes
convergentes au profit de politiques croisées.

Source : Bertrand BLANCHETTON – sciences économiques (2009, Dunod) page 234

1.2 Freinage budgétaire et freinage monétaire :


La stratégie d’un double freinage monétaire et budgétaire s’inscrit en général dans une quête
de stabilisation rapide et drastique de l’économie sans se préoccuper véritablement des
conséquences réelles des mesures à l’œuvre. La contraction de la demande vient abaisser le
revenu de manière importante alors que le freinage monétaire permet de maintenir les taux
d’intérêt à un niveau élevé. La baisse de revenu est plus importante que si une seule des
modalités avait été mise en œuvre. Implicitement cette stratégie s’attaquerait à une inflation
dont l’origine se situe du côté de la demande et non du côté de l’offre de monnaie même si,
en maintenant les taux à leur ancien niveau, on souhaite toujours une rigueur en la matière.
Aujourd’hui, la primauté accordée à la stabilité des prix est associée au recul des stratégies
convergentes au profit de stratégies croisées.
Section 2 : Les politiques mixtes ou politiques croisés
2.1 Soutien budgétaire et freinage monétaire
Toujours dans le cadre d’un modèle IS/LM en économie fermée, la coexistence d’une relance
budgétaire et d’un freinage monétaire entraîne une forte hausse des taux d’intérêt et un effet

16
limité sur le revenu. Les deux instruments cumulent leurs effets pour pousser le taux d’intérêt
à la hausse puisque l’offre de monnaie est réduite par la politique de rigueur monétaire alors
que, dans le même temps, la demande de monnaie augmente du fait de la politique budgétaire
expansionniste. Il y a donc toujours une hausse des taux, mais l’impact sur la croissance est
indéterminé. Il dépend des paramètres et de l’ampleur de chacune des mesures monétaire et
budgétaire.
L’économie américaine du début des années 1980 fournit un assez bon exemple de ce type de
politique mixte. Le soutien budgétaire délibéré lié surtout aux allégements fiscaux a été très
important (baisse continue du solde structurel des administrations publiques de – 0,5 % du
PIB en1981 à – 3,3 % en 1986). Dans le même temps, la politique monétaire a été restrictive
(taux d’intérêt élevé entre 1982 et 1984 : les taux courts oscillent entre 8,5 et 10,5 %, les taux
longs entre 11 et
13 %). Au total, l’effet de relance budgétaire l’a emporté sur la rigueur monétaire, d’autant
que l’afflux de capitaux a facilité le financement des déficits. La croissance du PIB de 5,2 %
par an entre 1983 et 1985 a été entraînée par la demande sous l’effet de la politique
budgétaire.
La stratégie allemande de 1990-1991 – pour répondre au choc de la réunification – constitue
un autre exemple de ce type de politique mixte. Les dépenses budgétaires liées à l’unification
allemande ont creusé le déficit et pesé à la hausse sur les taux d’intérêt. La stabilité monétaire
au sein du SME a imposé une rigueur monétaire.
Plus généralement la mise en œuvre de cette stratégie peut résulter du caractère impérieux
accordé à un objectif de change ou d’une configuration institutionnelle particulière, un
équilibre non coopératif, qui met en présence une Banque centrale très autonome et
conservatrice face à des responsables politiques soucieux de soutenir coûte que coûte
l’activité.
2.2 Soutien monétaire et freinage budgétaire :
La coexistence d’un freinage budgétaire et d’un soutien monétaire entraîne une baisse du
taux d’intérêt et un effet limité sur le revenu. Les deux politiques cumulent leurs effets pour
réduire les taux car l’offre de monnaie est augmentée par le soutien monétaire alors que la
demande de monnaie est réduite par la rigueur budgétaire. Si le taux d’intérêt baisse bel et

17
bien, l’effet sur le revenu est a priori indéterminé et dépend comme dans le cas précédent des
paramètres et de l’ampleur des mesures.
La politique conduite aux États-Unis à la fin des années 1990 paraît correspondre assez bien
à cette configuration. Le pragmatisme monétaire de Greenspan va de pair avec une réduction
du déficit budgétaire (avec même l’apparition d’un solde positif entre 1998 et 2000) par
l’équipe Clinton.

18
Conclusion :

Finalement, on peut constater que la stabilisation de l’économie est, désormais, un souci


incontournable pour tous les Etats tout en évitant les déséquilibres (inflation, inégalités de
revenu et de richesse, chômage, déficit des Finances Publiques). En effet, les administrations
publiques (dont l’Etat, la banque centre, et les collectivités territoires) interviennent sur
l’activité économique pour atteindre des objectifs (croissance, plein emploi, justice sociale).
En l’occurrence, nous avons met l’accent sur les politiques conjoncturelles de relance
(politiques budgétaires de relance et politique monétaire expansionnistes) qui consistent à
limiter l’ampleur des ralentissements économiques ou des récessions. Également, nous avons
traité les politiques conjoncturelles de rigueur qui visent à freiner l’activité économique et de
lutter contre l’inflation en cas de croissance forte, mais aussi de rétablir les Finances
Publiques.

Par ailleurs, l’interaction entre les politiques conjoncturelles a été discutée. C’est ce qu’on
appelle le Policy-mix ou le dosage macroéconomique qui désigne la combinaison par l’Etat
de politiques budgétaires et de politiques monétaires afin d’atteindre des objectifs politiques.

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Bibliographie :
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par L’Association Marocaine de Sciences Économiques (AMSE).
➢ Bertrand, B. (2020, Mars). MAXI Fiches de Sciences économique – 4ème édition,
Dunod.
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Management et Finance D’Organisation, n°5 juillet 2017.
➢ Jean-Baptiste D., Patrick V., (1998). La théorie du policy-mix : un bilan critique.
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➢ Jean-Bernard, M. (2020). Les politiques budgétaires et la politique monétaire, GFP
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➢ Yvette-Armelle, B. (2015, Janvier). Politique budgétaire dans l’UEMOA :
Soutenabilité de la dette et perspectives de financement. Thèse soutenue le 30 Janvier
2015.

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