Vous êtes sur la page 1sur 14

« Les leçons apprises sont des ponts qui traversent la rivière des regrets » Alvine

Master Analyse
Cours du Pr DIOP Ibrahima Thione
Economie des finances publiques
2017/2018

Introduction
L’économie des finances publiques cherche à cerner l’action de l’Etat au sein de l’économie
.Dans tous les pays du monde, cette action de l’Etat se décline à travers son budget .Le
budget de l’Etat est un acte par lequel est prévu et autorisé toutes les recettes et les
dépenses de l’Etat au cours d’une année donnée .Lorsqu’’ on parle d’Etat ici, il convient de
souligner qu’on parle de pouvoirs publics et donc d’administrations publiques.
En matière d’économie publique, les pouvoirs publics ont une spécificité par rapport aux
autres agents économiques et c’est leur capacité à prélever des ressources de force. Toutefois
ces derniers doivent tout faire pour ne pas trop prélever de ressources car cela peut être
nuisible au bon fonctionnement de l’économie
Les pouvoirs publics comprennent : l’administration centrale, les collectivités territoriales et
les organismes de sécurité sociale.
Sur le plan pratique l’Etat présente toujours 3 caractéristiques :
- L’Etat fait un usage systématique de la contrainte dans ses relations avec les autres
agents : cet usage devant être conforme à des règles clairement établies
- L’Etat en principe est la seule institution qui détient ce pouvoir de contrainte (Pour
Max weber L’Etat est l’organe qui dispose sur un territoire du monopole de la contrainte
légitime).
Pour exécuter ses missions l’Etat doit avoir des ressources qui proviennent en priorité des
prélèvements effectués à travers l’impôt et les cotisations sociales (cet ensemble est appelé
prélèvements obligatoires)
Pour apprécier le niveau de ces prélèvements l’Etat calcule des indicateurs
Le TPO PO/PIB
T PF IMPOTS/PIB
Dans une économie libérale ces revenus constituent une part importante du Budget de l’Etat
qui a pour missions d’une part de financer ses dépenses surtout régaliennes, ensuite d’assurer
contre certains risques en troisième lieu de redistribuer les revenus et enfin de stabiliser cette
économie
Toutes ces interventions de l’Etat devant se faire à travers la politique économique d’où le
chapitre1
« Les leçons apprises sont des ponts qui traversent la rivière des regrets » Alvine

Chapitre1 : Les finances publiques dans le contexte


des politiques économiques
Section 1 : L’économie publique dans le contexte des finances
publiques
Les politiques économiques sont entre les mains des pouvoirs publics. Par politiques
économiques nous entendons la totalité des interventions des pouvoirs publics dans
l’optique de corriger les déséquilibres économiques négatifs pour une partie de la société.
Ces corrections peuvent être de long ou court terme
A long terme nous avons :
-Avoir un développement durable
-meilleure répartition des revenus
-croissance potentielle
- Orientation sectorielle de l’économie
Il convient de souligner que ces corrections de long terme renvoient toujours à des
réaménagements de structure. Pour mieux assoir ces corrections de long terme les pouvoirs
publics doivent se référer aux objectifs de court terme qui sont :
- La croissance : à court terme, la croissance effective devra être égale à la croissance
potentielle. La croissance potentielle correspondant à un fonctionnement à plein régime de
l’économie. A court terme la croissance effective ne peut pas dépasser celle potentielle. La
différence entre les 2 donnant l’Output Gap. Par contre à long terme la croissance potentielle
reste liée aux caractéristiques structurelles de l’économie comme sa composition sectorielle.
- Niveau de l’emploi : pour la question de l’emploi, l’objectif à court terme doit être le
NAIRU (taux de chômage naturel). En fait un taux de chômage à 0 ne peut être imaginé que
dans des régimes de type socialiste. Il faut être réaliste : le taux de chômage visé doit
correspondre au NAIRU.
Le NAIRU dans la réalité est un taux de chômage dit d’équilibre général c’est-à-dire qui ne
va pas entrainer de perturbations inflationnistes. Il s’interprète ainsi : si on est au-dessus du
NAIRU il y’aura tendance déflationniste et si on est en dessous tendance inflationniste.
- La stabilité des prix : à ce niveau, l’objectif visé est d’éviter un taux d’inflation négatif
qui entrainerait une situation déflationniste. L’idéal à ce niveau est d’avoir un taux d’inflation
pas élevé (5pour cent) : dans un cas contraire, la compétitivité baisse
« Les leçons apprises sont des ponts qui traversent la rivière des regrets » Alvine

- L’équilibre de la balance des paiements : document comptable qui retrace l’ensemble des
relations commerciales et financières entre un pays et l’extérieur. Il se subdivise en 2 blocs,
celui commercial en haut et le financier en bas du document.
Le haut du document donne le solde de la balance courante qui est très significatif sur le plan
économique. En réalité une balance courante déficitaire suppose qu’il faut un excédent au
niveau de la balance des capitaux pour réaliser l’équilibre
Exemple
Balance courante : -56 milliards de FCFA
Balance des capitaux : plus 55,6 milliards de FCFA
Erreur et omissions : plus 0,4 milliards de FCFA
Solde : 0

Remarque : en cas de déficit, il faut trouver des capitaux pour régler les importations. Pour
ce faire on se tourne en priorité vers l’épargne nationale. Cependant si cette épargne est
faible ou nulle, alors il faut chercher des capitaux extérieurs pour financer le déficit de la
balance courante. Ce qui ne peut se faire que lorsque le pays inspire confiance. Les PVD ont
souvent ce genre de problèmes et pour faire face à cela ils réduisent souvent le volume de
leurs importations pour équilibrer la balance courante.
Dans la pratique, on peut associer une politique à chacun de ces objectifs de court terme
Cf Tableau ci-dessous
Objectifs Instruments Contraintes
Croissance Politique budgétaire Composition sectorielle de l’économie
Emploi Politique des revenus Population
Stabilité des prix Politique monétaire Mondialisation
Equilibre externe Politique de change Régime de change

Section 2 : Les instruments de politiques économiques


conjoncturelles
Conformément au tableau analysé en haut, les pouvoirs publics disposent de 4 instruments
pour atteindre ces objectifs de cout terme :
-La politique budgétaire
Il s’agit à ce niveau et sur un plan conjoncturel d’utiliser les recettes et les dépenses de l’Etat
en vue de stabiliser la cadence de l’activité économique
-La politique salariale :
« Les leçons apprises sont des ponts qui traversent la rivière des regrets » Alvine

Elle désigne en gros la volonté du gouvernement de mettre en place une politique


d’indexation salariale. La marge de manœuvre de l’Etat à ce niveau de nos jours est limitée
par les rigidités du marché de l’emploi.

- La politique monétaire
Il s’agit de l’action des autorités dans le cadre du contrôle de la quantité de monnaie en
circulation dans l’économie. Définition de la quantité optimale en fonction de la richesse
créée dans le pays. Son action est limitée dans les pays d’obédience libérale car elle est
menée par la Banque centrale qui en général est indépendante à l’égard du pouvoir politique
-La politique du taux de change :
Elle désigne l’action des autorités en matière d’évolution de la valeur externe de la monnaie.
Pour le cas du Sénégal on est dans une communauté monétaire et un pays seul ne peut
prendre la responsabilité de dévaluer la monnaie nationale.
Au total nous constatons au vu de tous ces développements la primauté de la politique
budgétaire sur les autres instruments de politiques économiques conjoncturelles, dans le
contexte du Sénégal et de l’UEMOA d’où l’importance d’étudier le budget de l’Etat
« Les leçons apprises sont des ponts qui traversent la rivière des regrets » Alvine

Chapitre 2 Le Budget de L’Etat : Les principes qui


régissent son élaboration
Le budget de l’Etat est un acte par lequel est prévu et autorisé toutes les recettes et les
dépenses de l’Etat, il est constitué par l’ensemble des comptes qui décrivent pour une
année civile toutes les ressources et toutes les charges permanentes de l’Etat.
Malgré cette formulation simple, l’adoption du budget soulève quelques difficultés puisque
certaines charges permanentes de l’Etat ne sont pas prises en compte dans le budget
contrairement à la comptabilité privée (Provisions et amortissements).
Ce budget adopté par le parlement se décline sous la forme d’une loi dite loi de finances qui
trouve son fondement juridique dans la perception de l’impôt payé par les contribuables.
Dans les faits, le budget est présenté sous une forme qui n’autorise que des réaménagements
faibles. Cependant, cela n’empêche pas de faire de la discussion budgétaire un moment
privilégié ou on discute globalement de la politique économique et budgétaire du
gouvernement.
Pour que cette discussion soit harmonieuse et productive les 2 parties (Gouvernement et
Parlement) doivent respecter chacune certaines règles garantissant les prérogatives des uns et
des autres.
Globalement, il revient au Gouvernement la préparation et l’exécution du budget alors que le
contrôle et le vote de celui-ci est du ressort du Parlement.
En des termes très simples lorsque le Ministre des Finances vient devant le parlement pour
présenter le budget il a dans une main les recettes de l’Etat et dans une autre les dépenses. A
partir de ce moment la représentation nationale va se poser une question fondamentale :
L’Etat a-t-il les moyens de sa politique ? Avoir les moyens de sa politique veut dire à ce
niveau est ce que les recettes de l’Etat peuvent couvrir les dépenses de ce dernier. Si tel
n’était pas le cas alors l’Etat devra faire la politique de ses moyens c’est-à-dire initier les
arbitrages nécessaires pour égaliser les 2 grandeurs. Toutes cette discussion sur les recettes et
les dépenses doivent conduire à l’adoption d’une loi des de Finances qui se décline sur le
plan de la pratique économique à l’élaboration d’un TOFE (Tableau des Opérations
Financières de l’Etat).

Section 1 : La loi de Finances


Il convient de signaler que la loi de Finances de l’année est l’unique texte législatif annuel
qui prescrit et autorise, dans le cadre d’une année budgétaire, l’ensemble des ressources et
des charges de l’Etat et exprime en même temps les objectifs économiques et sociaux du
Gouvernement. Dans sa mise en œuvre, cette loi de Finances obéit à des principes bien
définis dont le nombre varie suivant les auteurs.
« Les leçons apprises sont des ponts qui traversent la rivière des regrets » Alvine

A) Les principes budgétaires relatifs au contenu de la loi de


Finances
Dans le cadre de ce cours nous retenons 5 principes à savoir
a) Le principe de l’unité budgétaire
Il est énoncé à l’article 5 de la Directive aux lois de Finances de 2009, à savoir que « La loi
de finances de l’année prévoit et autorise …..L’ensemble des ressources et charges de l’Etat
». Autrement dit, le budget de l’Etat est un acte unique qui englobe toutes les ressources et
toutes les charges de l’Etat. Sur le plan pratique, ce principe d’unité budgétaire est aussi
appelé principe de la totalité budgétaire
b) Le Principe de l’annualité
Il s’énonce comme suit « Le budget de l’Etat doit être voté chaque année et pour une année »
L’application de ce principe doit cependant prendre en compte la cadence des opérations sur
l’argent public qui ne peut que rarement se plier au calendrier de l’année budgétaire. Dans
les faits l’étendu de la période budgétaire nécessite des réaménagements pour tenir compte
des dépenses d’investissements dont la durée de réalisation dépasse souvent le cadre annuel.
Dans ce contexte on note 2 exceptions à ce principe au Sénégal :
-Les autorisations de programme qui sont accordées par le parlement au gouvernement en ce
qui concerne les dépenses qui vont au-delà de l’année. (PTIP : Programme triennal
d’investissement public).
-Le report de crédit qui est une autorisation accordée au Gouvernement durant l’année pour
utiliser les dotations non utilisées de l’année passée.
c) Le principe d’équilibre budgétaire
Pour le Professeur Maurice Duverger, l’équilibre budgétaire doit être « la clé de voute des
finances publiques classiques ». Dans la pratique ce principe s’énonce ainsi « l’ensemble des
dépenses budgétaires de l’Etat doit au moins être égal mais ne doit pas être supérieur à
l’ensemble des recettes budgétaires de l’Etat ».
A l’épreuve des faits, on constate que ce principe reste toujours théorique car en général le
budget est en déséquilibre
d) Le principe d’universalité
Il se décompose en 2 aspects que sont la non affectation des recettes et la non compensation
entre dépenses et recettes :
- La non affectation
Elle signifie simplement que toutes les recettes doivent financer n’importe quelles dépenses..
C’est l’article 32 de la directive de 2009 qui donne son contenu « L’ensemble des recettes
assurant l’exécution de l’ensemble des dépenses, toutes les dépenses et toutes les recettes sont
imputées au budget général ». Au Sénégal il y a des exceptions à ce principe, il s’agit des
comptes spéciaux du trésor et des budgets annexes.
« Les leçons apprises sont des ponts qui traversent la rivière des regrets » Alvine

- La non compensation :
Ce principe interdit les contractions entre les recettes et les dépenses. Elle exige que l’on
n’inscrive dans le budget l’intégralité des recettes et l’intégralité des dépensesy compris les
sommes engagées pour recouvrées les recettes

e) Le principe de spécialité
Il s’énonce ainsi « les crédits ouverts par la loi de finances de l’année sont affectés à un
service(UGB) ou à un ensemble de services (Ministère de l’agriculture) et sont spécialisés par
chapitre groupant les dépenses selon leur nature (dépenses de personnel, matériel) ou selon
leur destination
Dans la pratique il y a des dérogations à ce principe il s’agit au Sénégal :
- Les crédits globaux qui sont des crédits sans affectation (Les fonds spéciaux de la
présidence)
- Les transferts de crédits qui sont définis comme des opérations réalisées dans le
cadre du budget général et destinés à faire passer les crédits d’un ministère à un autre sans
intervention de l’assemblée nationale.

B) Les différentes catégories de ressources et de dépenses de la loi


de Finances
Dans la pratique la loi de Finances se décompose en plusieurs blocs et plus exactement 3 à
savoir le budget général, les comptes spéciaux ou annexes du trésor et les comptes ou budgets
annexes
a) Le budget général
Il décrit les ressources et les dépenses de l’Etat dans leur intégralité :
1- Les ressources du budget général
Elles se subdivisent en ressources ordinaires et extraordinaires
1-1 Les ressources ordinaires
Elles se décomposent en plusieurs éléments :
-Les recettes fiscales : elles comprennent les impôts directs, indirects, les droits de timbre et
d’enregistrement
- Les recettes non fiscales : elles comprennent les revenus tirés des domaines (foncier,
maritime aérien, immobilier, forestier etc ). On y retrouve également les revenus issus
d’amandes et les remboursements de prêts octroyés par l’Etat.
1-2 Les ressources extraordinaires
On y retrouve en gros les fonds issus d’emprunts extérieurs et intérieurs
2-Les dépenses du budget général
« Les leçons apprises sont des ponts qui traversent la rivière des regrets » Alvine

Plusieurs classifications sont effectuées à ce niveau, on peut en retenir 3 :


-La classification par ministère (administrative) : à ce niveau, les dépenses budgétaires
sont regroupées d’après les autorités administratives des crédits pour leurs dépenses
-La classification fonctionnelle : à ce niveau les dépenses budgétaires sont classées d’après
les fonctions assumées par l’Etat dans les domaines ou celui-ci exerce ses missions. Au
Sénégal, on constate 4 fonctions « Pouvoirs publics, Action administrative générale, Action
économique et Action culturelle et sociale ».
-La classification économique : elle répartit les dépenses budgétaires en 2 rubriques : les
dépenses ordinaires ou courantes et les dépenses en capital ou d’investissement
Les dépenses ordinaires ou courantes sont constituées des dépenses de fonctionnement (
gestion courante des Adm, charges de personnel, entretien) et des dépenses de transfert (
allocations , subventions et revenus versés aux ménages et aux entreprises par l’Etat)
Les dépenses en capital ou d’investissement renvoient aux fonds destinés à
l’investissement càd à la création l’extension et la modernisation des équipements collectifs
(éducation, santé)
b) Les comptes spéciaux du trésor
Il s’agit de comptes ouverts dans les écritures du Trésor pour retracer des opérations de
recettes et de dépenses effectuées par des services de l’Etat dépourvus de la personnalité
juridique. Ces comptes constituent ainsi des dérogations par rapport aux 2 grands principes
budgétaires que sont : l’unité et l’universalité. Jusqu’au 15 octobre 2001, le nombre de
comptes spéciaux était de 7 ; ce dernier est ramené à 5 par la loi organique du 8 mars 2011
après la suppression des catégories des comptes d’opérations monétaires et de celle des
comptes de règlement avec les gouvernements ou autres organismes étrangers.
-Les comptes d’avance : Ils décrivent les avances que le Ministère chargé des finances
compte accorder dans la limite des crédits ouverts à divers organismes. Les avances du
Trésor sont productives d’intérêt dont le taux est au moins égal au taux moyen des bons du
Trésor
-Les comptes de commerce : Ils retracent les opérations à caractère industriel ou commercial
effectuées à titre accessoire par des services publics de l’Etat (on peut citer le compte de
commerce des armées (Gendarmerie) pour 2013 d’un montant de 150 millions de FCFA
-Les comptes de garanties et d’avals : Ils retracent les engagements de l’Etat découlant des
garanties et avals accordés par lui à des tiers : (Ex : garantie accordée dans les PPP)
-Les comptes de prêts : Ils concernent les prêts que l’Etat accorde à ces organismes pour
financer des investissements. Dans la loi de finances de 2013, les ressources des comptes de
prêts sont évaluées à 15 milliards 300millions de FCFA.
-Les comptes d’affectation spéciale : Ils concernent les opérations de l’Etat qui sont
financées par des ressources particulières : le principal compte d’affectation spéciale est le
FNR (Fonds National de Retraite) : en 2013 ce fonds absorbe la quasi-totalité des ressources
accordées à cette catégorie (62 milliards sur un total de 64.2 milliards)
« Les leçons apprises sont des ponts qui traversent la rivière des regrets » Alvine

c) Les budgets annexes


Ils concernent les services de l’Etat qui ne sont pas dotés de personnalité juridique propre
mais qui exercent à titre principal une activité industrielle ou commerciale. Pour ces services,
leurs budgets sont annexes au budget de l’Etat dans la loi de finances.
NB : Au Sénégal, aucun budget annexe n’est aujourd’hui créé depuis la transformation de
certains services exerçant une activité industrielle ou commerciale en EPIC (entreprises
publiques à caractère industriel ou commercial).

C) Les différents soldes budgétaires


Dans sa présentation, on parle toujours d’un budget équilibré, mais dans les faits, le budget de
l’Eta est toujours en déséquilibre c’est-à-dire que les dépenses sont supérieures aux
ressources. Du point de vue des techniciens de la finance, ce Gap s’interprété soit comme un
déficit soit une impasse. Il y a déficit du budget quand l’ensemble des recettes à caractère
définitif est inférieur au total des dépenses à caractère définitif.
Les ressources à caractère définitif (RACD) comprennent essentiellement les recettes
fiscales et non fiscales alors que les dépenses à caractère définitif (DACD) englobent les
charges courantes de fonctionnement et les dépenses d’investissement.
Par contre la notion d’impasse budgétaire (impasse du trésor ou découvert) est beaucoup
plus large. Il y a impasse lorsque les recettes à caractère définitif (RACD) et celles à caractère
temporaires (RACT : essentiellement les remboursements de prêts et d’avance de l’Etat) sont
inférieures aux dépenses à caractère définitif (DACD) plus celles à caractère temporaire
(DACT : globalement les prêts et les avances de l’Etat).
L’impasse du trésor prend en compte à la fois les opérations financières définitives (budget
ordinaire) et celles temporaires (comptes spéciaux du trésor).

D) L’exécution du budget et son contrôle


a) L’exécution du budget
Elle s’articule autour du principe de la séparation des administrateurs, ordonnateurs et
comptables et se décline en 2 phases aussi bien pour les recettes que pour les dépenses.
1-La procédure d’exécution des dépenses
1-1 La phase administrative
Cette étape est toujours assurée par les administrateurs et ordonnateurs et se décline en trois
temps :
« Les leçons apprises sont des ponts qui traversent la rivière des regrets » Alvine

- La proposition d’engagement et l’engagement


La proposition d’engagement précède l’engagement mais les 2 éléments sont très liés. Dans
la réalité des faits, la proposition d’engagement est émise au niveau de chaque ministère , non
par le Ministre administrateur de crédits mais par son délégué représenté soit par le DAGE ,
soit par le SAGE. Cette proposition devra toujours être transmise pour contrôle à
l’inspecteur des opérations financières.
Par contre, l’engagement est défini comme l’acte par lequel un agent administratif
(l’ordonnateur) , habilité à cet effet crée ou constate à l’encontre de l’Etat une obligation
dont résultera une dépense.
- La liquidation
C’est l’acte par lequel l’ordonnateur du budget constate les droits du créancier à partir de la
règle du service fait.
- L’ordonnancement
C’est l’ordre de payer adressé par l’ordonnateur principal ou son délégué au comptable
public . Dans la pratique, cet ordre de paiement est établi par un ordonnateur secondaire et
est souvent désigné sous le vocable de mandatement
1-2 La phase comptable
A ce niveau il n y a qu’un acte qui doit se matérialiser par le règlement. Cependant, le
comptable public va toujours contrôler la régularité de la dépense avant de payer : il
contrôle et si c’est régulier il paie. Toutefois dans les faits l’ordonnateur d’un budget peut
imposer le paiement d’une dépense en endossant la responsabilité de la régularité de celle-ci.
2-La procédure d’exécution des recettes
Elle comporte 4 étapes qui se répartissent dans les 2 phases (administrative et comptable)
2-1 La phase administrative
Elle renferme les 3 premières étapes que sont :
-Première étape : l’assiette
Il s’agit ici de définir l’acte qui va être à la base de la détermination par exemple de l’impôt
à payer. (Cet acte peut se déterminer de plusieurs manières : évaluation directe, déclaration
du contribuable ou par constations et vérification).
- Deuxième étape : la liquidation
C’est l’acte qui détermine tout simplement le montant de l’impôt à payer à payer par exemple
(dans ce cas précis il s’agit de taux de base nette imposable déjà déterminée dans la phase
passée. Pour les créances de l’Etat qui ne relèvent pas de l’impôt mais de contrats signés, la
liquidation relève de l’application des termes contenus dans les conventions signées.
- L’établissement du titre de perception : c’est le document qui justifie l’entrée es ressources
dans les caisses de l’Etat ou qui permet au trésor public d’engager des pour suites pour le
recouvrement.
« Les leçons apprises sont des ponts qui traversent la rivière des regrets » Alvine

2-2 La phase comptable


Elle ne comporte qu’une seule étape c’est-à-dire le recouvrement qui est tout simplement
l’acte par lequel le comptable public fait entrer dans les caisses ou dans les écritures du
trésor les sommes dues par les débiteurs ou les redevables de l’Etat.

b)Le contrôle de l’exécution du budget


Dans la pratique il y a 3 types de contrôle : les contrôles administratifs, le contrôle
juridictionnel et le contrôle parlementaire
1- Les contrôles administratifs
Sur le plan mondial, ces contrôles se retrouvent dans toutes les démocraties et se déclinent
sous des variantes diverses. Au Sénégal, le Président de la République reste le dépositaire du
contrôle administratif de la comptabilité publique. Cela est consacré par l’article 25 du décret
66-458 du 17 juin 1966 qui stipule « Le Président de la République est le seul ordonnateur
du budget général, des budgets annexes et des comptes spéciaux du trésor ». Pour l’exécution
de cette mission, le PR délègue une partie de ses prérogatives au Ministère de l’économie et
des finances. On peut ainsi distinguer au Sénégal 2 types de contrôles administratifs : le
contrôle depuis la Présidence et celui relevant du Ministère des finances
1-1 Le contrôle exercé par la présidence
Il s’agit à ce niveau des missions exécutées par le contrôle financier et de l’IGE. Le contrôle
financier rattaché au secrétariat général de la présidence effectue un contrôle à priori ( avant
l’exécution de la dépense), alors que l’IGE travaille à postériori ( après exécution de la
dépense).
1-2 Le contrôle exercé par le ministère des finances
Au niveau de ce Ministère central, plusieurs démembrements s’occupent de ce contrôle, on
peut citer à ce titre : les IOF (inspecteurs des opérations financières, les comptables publics,
la Brigade des vérifications et l’IGF (l’inspection Générale des Finances).
2- Le contrôle juridictionnel
Au Sénégal il est exercé uniquement par la Cour des comptes qui est l’organe compétent
pour juger les comptes des comptables publics et pour sanctionner les fautes de gestion dans
le cadre de la discipline budgétaire
Dans le cadre de l’exécution de cette mission la Cour peut rendre plusieurs types d’arrêt :
-Un arrêt définitif qui peut prendre 2 formes (arrêt de décharge si le compte est régulier et
que le comptable reste en fonction) et (arrêt de quitus si le compte est régulier et que le
comptable quitte sa fonction)
-Un arrêt de débet si le compte est irrégulier et à charge alors au comptable public de
réparer sur ses propres ressources le préjudice causé à la collectivité
« Les leçons apprises sont des ponts qui traversent la rivière des regrets » Alvine

-Un arrêt d’avance lorsque le compte est excédentaire irrégulièrement : dans ce cas
d’espèce il appartient au comptable public de justifier cet excédent.

3- Le contrôle parlementaire
Il est effectué fondamentalement par l’Assemblée nationale qui vote le budget et se fait de 2
manières soit en cours d’exécution soit à postériori
-Contrôle en cours d’exécution :
Il s’exerce de plusieurs façons : Commission des finances, des députés (questions orales et
écrites au gouvernement) et par les commissions d’enquête ou de contrôle.
-Contrôle à postériori : Il est établi au cours de l’examen du projet de loi de règlement
d’un budget déjà exécuté dont le vote permet de clore définitivement les résultats
comptables et administratifs.

Section 2 : le TOFE (Tableau des Opérations Financières


de l’Etat)
Lorsqu’un Etat est en difficulté et que les Institutions de Brettons Woods doivent intervenir le
plus souvent ces dernières ont besoin d’avoir la situation économique et financière exacte du
pays considéré. Pour ce faire elles établissent plusieurs tableaux parmi lesquels le TOFE.
Le TOFE retrace de manière exhaustive l’ensemble des ressources que l’Etat a obtenues ou
obtiendra ou qu’il a déjà utilisé ou qu’il utilisera durant une période donnée qui est en
général une année. Dans sa présentation le TOFE est toujours présenté en équilibre (Total des
ressources égal au total des emplois).
En termes de tableau, le TOFE obéit à une structuration définie

A) La structure du TOFE
Plusieurs rubriques sont inscrites dans le TOFE entre autres :
1-Les recettes
Il s’agit essentiellement des recettes fiscales, non fiscales et des dons
2-Les dépenses
Elles se décomposent en plusieurs rubriques à savoir :
2-1 Les dépenses courantes
On y retrouve les salaires, les traitements et les autres dépenses courantes (achats de matériels
courants, fournitures, services), les dépenses de transfert, les intérêts sur la dette publique.
2-2 Les dépenses en capital
Elles renferment les achats de biens qui vont demeurer plus d’un an dans le patrimoine de
l’Etat (Infrastructures publiques : routes, écoles, santé). Dans les PVD, ces dépenses en
« Les leçons apprises sont des ponts qui traversent la rivière des regrets » Alvine

capital sont toujours ventilées entre celles financées sur ressources internes et celles sur
ressources externes.

3- Les prêts nets


Il s’agit des prêts (moins les remboursements en capital) effectués par le Gouvernement pour
des raisons de gestion générale du service public (prêts consentis aux entreprises publiques)
4-Le solde du TOFE( Excédent ou déficit)
Il convient de noter que dans les PVD, ce solde est pratiquement toujours un déficit pour des
raisons de moyens très limités. Dans le cadre du TOFE 3 soldes sont notés : le solde base
engagement, le solde primaire hors dons et le solde base caisse.
-Le solde base engagements (dons compris) = Recettes totales dons compris - dépenses
totales

-Solde primaire de base = aux recettes courantes - dépenses courantes ( hors intérêts
sur dette publique) - dépenses en capital ( hors celles financées sur ressources externes)

-Solde base caisse = solde base engagements + les arriérés

Remarque : Le solde base caisse est le véritable solde qui donne une signification
économique car il symbolise toutes les recettes qui ont été reçues effectivement dans les
caisses de l’Etat. D’ailleurs c’est ce solde dont on cherche le financement

B) Le TOFE dans le cadre de l’analyse économique


Ce tableau décrit la contrainte budgétaire que rencontrent les gouvernements. Son analyse
très approfondie peut permettre aux décideurs de savoir dans quel sens il faut infléchir les
politiques économiques.
L’analyse économique du TOFE peut se décliner ici dans 3 directions :
-Les conséquences des financements publics : celles-ci sont différentes selon la nature des
dépenses réalisées par les pouvoirs publics (dépenses locales ou produits importés). Ensuite
quels sont les secteurs affectés : routes, écoles santé
Ainsi pour mieux agir l’Etat au-delà du TOFE devrait essayer de décomposer toutes ses
dépenses par nature économique
-Les niveaux du déficit : savoir que tout déficit n’est pas mauvais : déficit pour sortir d’une
récession et lutter contre le chômage. Toutefois il y a le problème de la soutenabilité du
déficit et son mode de financement : monnaie (inflation) , endettement ( effet d’éviction du
secteur privé.
« Les leçons apprises sont des ponts qui traversent la rivière des regrets » Alvine

-Enfin une autre remarque fondamentale dans le TOFE réside au fait que les dons
apparaissent dans le bloc d’en haut comme des ressources, cela est toujours
difficilement explicable dans les PVD pour lesquels l’essentiel des dons proviennent de
l’extérieur et à ce titre ils devaient apparaitre dans le bloc du bas exactement comme un
moyen de financement du déficit.

Vous aimerez peut-être aussi