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Mécanique des sols

CTN504, HIVER 2020

Enseignant: François Duhaime


Préparation des notes par Jean-Sébastien Dubé, ing., M.Sc.A., Ph.D., professeur
Ajouts et modifications par Yannic Ethier, Michel Vaillancourt et François Duhaime, professeurs
Benoit Renaud et Jean-Philippe Roy, chargés de cours

Cours 1 et 2
Introduction et description des sols

Département de génie de la construction


Cours 1 et 2
Introduction et description des sol

1. Historique et études de cas célèbres (livre sections 1.1 – 1.4)


2. Formation des sols (livre section 1.5, 2011: ch. 3)
3. Relations de phases (livre sections 2.2 et 2.3)
4. Texture des sols (livre sections 2.4 – 2.7)
5. Classification des sols (livre chapitre 3, 2011 : 2.8 – 2.10)

2
1. Historique
Auditorium building,
Qu’est-ce qui a motivé le développement Chicago (Peck 1948)

de la mécanique des sols?


• Érection d’ouvrages de plus en plus
importants pour s’abriter des éléments et
se protéger des invasions ennemies.
Antiquité
• Vitruve, 1er siècle avant J.-C., de Architectura
• Aqueducs, pieux, bâtiments publics Pont du Gard, France
1er siècle après J.-C.
• Classification des matériaux,
• Identification des sites inappropriés
• Tâtonnement (essais et erreurs) et règles du
pouce

3
1. Historique

Moyen âge et Renaissance


• Construction de cathédrales et autres bâtiments importants
• Redéfinition des règles du pouce
• Léonard de Vinci (1500, notes sur φsable et capacité portante)
• Charles-Augustin Coulomb (1776, Fmur)
• Début de la théorie, pas de techniques de mesure

Léonard de Vinci Charles Augustin Coulomb,


tiré de Sylvie Provost (1995).
Charles Coulomb. 4
La précision de l’ingénieur.
1. Historique

Tour de pise (XIIe siècle)


• Inclinaison maximale de 5.5°
• Travaux de correction (1993-2001)

5
1. Historique
William Smith (Legget 1939)
Révolution industrielle (19e siècle)
• Expansion des villes et de la taille des
ouvrages de génie civil
• Il faut des fondations sécuritaires et
économiques
• Il faut prévoir les tassements, la rupture,
les effets de l’eau
• Naissance de la géologie moderne avec
William Smith (ingénieur civil et géologue)
• Développements théoriques permettant de
décrire le comportement des sols (2e moitié
du 19e siècle)
• Otto Mohr (matériaux)
• Henri Darcy (hydraulique)
6
Perméamètre de Darcy (Simmons 2008)
1. Historique

Faits marquants du 20e siècle


• Plusieurs glissement de terrain
importants le long des voies ferrées en
Scandinavie, formation d’un comité en
1913 pour étudier la question
• Développement des premiers essais
pour mesurer la résistance au
cisaillement des sols
• Travaux particulièrement importants au
Québec parce que les dépôts meubles
scandinaves ressemblent aux nôtres
• Plusieurs figures marquantes
• L. Bjerrum
• A. Atterberg
Glissement de terrain à Vita
Sikudden le 1er Octobre 1918
7
1. Historique

Faits marquants du 20e siècle


• Karl Terzaghi (1883-1963)
• Père de la mécanique des sols
• Né à Prague, professeur au MIT (1924-1928) et à
Harvard (1938-56)
• Il a réconcilié les connaissances empiriques sur le
comportement des sols avec la théorie de la
mécanique des milieux continus.
• Vous utiliserez sa théorie de la consolidation, son
équation de la capacité portante et ses critères de
filtre.
• Vous entendrez plusieurs autres noms importants au
cours de la session : Casagrande, Peck, etc.
Karl Terzaghi en 1951
• Le Québec et le Canada ne sont pas en reste.
• Société canadienne de géotechnique (1947)
• Legget, Ladanyi, Tavenas, Lacasse, etc.
8
1. Études de cas célèbres
• Rupture du sol -
élévateur à grain de
Transcona, Manitoba,
1913
• Études post rupture
par Skempton, Peck
et Legget (Blatz et
Skaftfeld 2003)
• Redressé en 1914 et
encore utilisé
aujourd’hui

9
1. Études de cas célèbres
• La structure a été redressée
avec des pieux en béton et
des vérins

10
1. Études de cas célèbres

Photo prise à l’été 2016 par


un ancien étudiant du cours
(F.-A. Tremblay)
11
1. Études de cas célèbres
• Liquéfaction due à un tremblement de terre – Niigata, 1964 (Japon)
• La dynamique des sols est actuellement un domaine de recherche
très important.

12
• Problèmes de tassement à Mexico
• Plusieurs mètres de tassement
• Argile très particulière : montmorillonite
et microfossiles

Photo au microscope
électronique
(Mesri et al. 1975)

Peck et al. (1974)


Chapelle de Notre-Dame de Guadalupe, Mexico 13
Teton Dam, Idaho, 5 juin 1976

14
Mosul Dam

Voir article dans le New Yorker 15


http://atlas.nrcan.gc.ca
• Glissement de terrain de St-Jean-
Vianney (4 mai 1971)
• 31 morts (Tavenas et al. 1971)
• Pas seulement des mauvais côtés :
intensification de la recherche sur le
comportement des argiles
Champlain.

Landry et Mercier (1992). Notion de géologie


16
Cours 1 et 2
Introduction et description des sol

1. Historique (livre sections 1.1 – 1.4)


2. Formation des sols (livre section 1.5, 2011: ch. 3)
3. Relations de phases (livre sections 2.2 et 2.3)
4. Texture des sols (livre sections 2.4 – 2.7)
5. Classification des sols (livre chapitre 3, 2011 : 2.8 – 2.10)

17
2. Formation des sols

Qu’est-ce qu’un sol?


• Matériau non consolidé que l’on retrouve au-dessus du
substrat rocheux, de compacité variable, composé de
minéraux et de matières organiques.
• Agencement de particules solides définissant un réseau
de vides remplis par une phase liquide, habituellement
de l’eau, et d’une phase gazeuse, habituellement de
l’air.
• La distinction entre sol et substrat rocheux est en partie
arbitraire.

18
Trois types de roches :

Dégradation, érosion,
Refroidissement
transport et dépôt

Roche ignée

Fusion Compaction et
Cimentation

Chaleur et
Roche Roche
Pression
métamorphique sédimentaire

Voir par exemple


http://www.pierrebedard.uqam.ca/accueil.html 19
2. Formation des sols
Formation du sol par altération de la roche mère:
• Altération chimique
• Composition modifiée, présence de minéraux secondaires
• Hydrolyse (réaction avec des solutions acides)
• Oxydation et réduction (réaction avec l’O2 ex. rouille)
• Hydratation (eau dans la structure des minéraux)
(CaSO4 (anhydrite) + H2O  CaSO4·2H2O (gypse))
• Carbonatation

20
2. Formation des sols
Sols résiduels :
• Sols demeurés sur leur lieu d’origine
• Altération chimique importante (ex. latérites)
• Peu important au Québec

21
2. Formation des sols
Formation du sol par altération de la roche mère :
• Altération physique
• Même composition, mêmes minéraux primaires que dans la roche
mère
• Érosion, gel-dégel, ∆ de température, sels expansifs, exfoliation,
activité humaine et animale, action des végétaux

22
2. Formation des sols
Sols transportés :
• Transportés sur une certaine distance à
partir de la roche mère
• Il peuvent être transportés par :
• Le vent : dépôts éoliens (lœss)
• Les glaciers : moraine ou till
• L’eau : dépôts fluviaux (alluvions),
lacustres ou marins

Till

Moraine Dunes à Tadoussac


23
2. Formation des sols
Lac glaciaire Glacier
Sols transportés – action
des glaciers :
• Au dernier maximum
glaciaire (env. 25 000 ans),
l’Amérique du Nord est
recouverte de plus de 1 km
de glace jusqu’au nord des
États-Unis. La situation est
similaire en Europe.
• Lors du retrait et de la fonte
de ces glaciers, différentes
formations géologiques sont
mises en place.
• Les dépôts associés aux Plaine d’épandage Esker
glaciers sont souvent très Till basal (moraine de fond)
hétérogènes. 24
2. Formation des sols
Sols transportés – action des glaciers :

Holtz et al. (2011)


25
2. Formation des sols
Sols transportés – action des
glaciers :
• Exemples de drumlins en
Saskatchewan
• Quelle est la différence entre un
drumlin et un esker?
0 2 km

(Eyles et Eyles 1992)


26
2. Formation des sols
Sols transportés – action des glaciers :
• Beaucoup de grandes agglomérations sont situées sur des
formations superficielles quaternaires
• Il y a 12 000 ans, le front glaciaire était situé près de Montréal

Déplacement du front
glaciaire dans le temps
27
2. Formation des sols
Sols transportés – action de l’eau
• Formations fluvioglaciaires
(environnement proximal) :
• Près du glacier
• Écoulement concentré dans quelques
chenaux
• Écoulement turbulent
• Charge en éléments détritiques élevée
(éléments grossiers)

28
2. Formation des sols
Sols transportés – action de l’eau
• Formations fluvioglaciaires (environnement
intermédiaire) :
• Écoulement en chenaux anastomosés ou en
tresse (chenaux larges et peu profonds)
• Écoulement fluctuant dépendamment de la
morphologie du système fluviatile
• Alternance entre processus de dépôts et de
transport d’éléments détritiques

29
2. Formation des sols
Sols transportés – action de l’eau
• Formations fluvioglaciaires (environnement
distal) :
• Zone la plus éloignée du glacier, en contact
avec un lac proglaciaire ou une mer
• Écoulement laminaire
• Processus de dépôts dominants
(granulométries fines)

30
2. Formation des sols

Sols transportés – action de l’eau : :


• Argiles varvées
• Lac Candona
• Lac Châteauguay

McCarthy (1993)
Lac Cours d’eau

Varves
Gravier et
sable grossier
McCarthy (1993)

Argiles Silts Silt et


Sables
sable fin
31
2. Formation des sols

Sols transportés –
action de l’eau :
• Dépôts marins :
argiles marines
(argiles Champlain)
• Jusqu’à 100 m
d’épaisseur près du
Lac Saint-Pierre,
par exemple près
de Louiseville

32
2. Formation des sols
Dépôts glaciaires :

Till de fond des Basses-Terres

Robitaille et Allard. 1996. Guide pratique d’identification des dépôts de surface au


Québec. Publications du Québec.
33
2. Formation des sols
Dépôts glaciaires :

Esker

Robitaille et Allard. 1996. Guide pratique d’identification des dépôts de surface au Québec.
Publications du Québec.
34
2. Formation des sols
Dépôts marins post-glaciaires (Mer de Champlain) :

Argile Champlain

Robitaille et Allard. 1996. Guide pratique d’identification des dépôts de surface au Québec.
Publications du Québec. 35
2. Formation des sols
Sols transportés – action de Prest et Hode-Keyser Sédiments
l’eau : (1977) d’eaux
profondes

• Exemple de Montréal Till

• Dépôts meubles plus jeunes


que le dernier maximum
Sédiments
glaciaire littoraux

• Tills, dépôts glaciolacustres, Roche


primaire
fluvioglaciaires, fluviatiles et
marins (argile Champlain)
Fluvioglaciaire
• Des cartes des dépôts meubles Sédiments (p. ex. esker)

et des cartes d’aptitudes d’eaux


profondes
géotechniques sont disponibles Tourbe

pour la plupart des régions du Sables Till

Québec (SIGEOM). fluviatiles


36
Présence de
remblais en
milieu urbain,
exemple avec un
des forages pour
la construction
des résidences
de l’ÉTS

37
2. Formation des sols
Origine géologique des sols et matériaux résultants:

Résiduel

Alluvions
Marin
Lacustre
Glaciaire
Éolien

Remblais

Holtz et al. (2011)

38
RÉCAPITULATIF
Quels sont les 2 types d’altération de la roche mère et quelle est la
différence entre les deux?

Les sols du Québec sont principalement le résultat de quel type


d’altération?

Nommez 3 modes de transport des sols

Comment appelle-t-on les minces couches stratifiées que l’on observe


dans les sédiments lacustres?

Quels types de dépôts retrouve-t-on dans la région de Montréal?


39
Cours 1 et 2
Introduction et description des sol

1. Historique (livre sections 1.1 – 1.4)


2. Formation des sols (livre section 1.5, 2011: ch. 3)
3. Relations de phases (livre sections 2.2 et 2.3)
4. Texture des sols (livre sections 2.4 – 2.7)
5. Classification des sols (livre chapitre 3, 2011 : 2.8 – 2.10)

40
3. Relation de phases
• Un sol est un milieu poreux dont l’agencement des grains de la phase
solide (s) définit un réseau de vides (v = w + a) occupés par les
phases liquide (souvent de l’eau, w) et gazeuse (souvent de l’air, a).
• Les sols sont habituellement des systèmes tri-phasiques.

S
w
S
A S
S S
A
S w S
S S
A

41
3. Relation de phases
• Un diagramme de phase peut être utilisé dans la résolution
des problèmes.

ide

Vt ou V, Mt ou M= volume total et masse totale


Va , Ma = volume et masse de la phase gazeuse
Vw , Mw = volume et masse de la phase liquide
Vs , Ms = volume et masse de la phase solide 42
3. Relation de phases
Rapports volumiques : Rapports massiques :

 Indice des vides, e  Teneur en eau, w

 Porosité, n

 Degré de saturation, Sr

% du volume des vides occupé par l’eau


43
3. Relation de phases
Rapports masse/volume :

 Masse volumique totale, ρ  Masse volumique des solides, ρs

 Masse volumique du sol sec, ρd  Masse volumique de l’eau, ρw

 Masse volumique du sol saturé, ρsat  Masse volumique du sol déjaugé, ρ’

44
3. Relation de phases
Masses volumiques de certains sols (Mg/m³):
– Sables et graviers
ρsat = 1,9 – 2,4
ρd = 1,5 – 2,3 Pour le quartz :
ρs = 2,6 – 2,7 (sables, sables silteux) ρs = 2,65 g/cm3
= 2,65 Mg/m3
– Silts et argiles = 2 650 kg/m3
ρsat = 1,4 – 2,1
ρd = 0,6 – 1,8
ρs = 2,65 – 2,80 (argiles inorganiques)
– Tills
ρsat = 2,1 – 2,4
ρd = 1,7 – 2,3
45
Diagramme des phases – Exemple 2.2
À l’aide du diagramme de phases et des formules de base, déterminez la
masse volumique du sol sec (ρd), l’indice des vides (e), la porosité (n), le
degré de saturation (Sr) et la masse volumique saturée (ρsat) selon les
données de base suivantes:
ρ = 1,76 Mg/m³
ρs = 2,7 Mg/m³
w = 10 %

ide

46
Diagramme des phases – Exemple 2.4
À l’aide du diagramme de phases et des formules de base, déterminez la
masse volumique du sol sec (ρd), la masse volumique totale (ρ), ainsi que
la teneur en eau (ωsat) et la masse volumique à saturation (ρsat) selon les
données de base suivantes:
e = 0,62
ρs = 2,65 Mg/m³
w = 15 %

ide

47
Cours 1 et 2
Introduction et description des sol

1. Historique (livre sections 1.1 – 1.4)


2. Formation des sols (livre section 1.5, 2011: ch. 3)
3. Relations de phases (livre sections 2.2 et 2.3)
4. Texture des sols (livre sections 2.4 – 2.7)
5. Classification des sols (livre chapitre 3, 2011 : 2.8 – 2.10)

48
4. Texture des sols

Qu’est-ce que la texture d’un sol?


• C’est l’apparence extérieure d’un sol
Pourquoi s’intéresse-t-on à la texture des sols?
• La texture est directement reliée aux propriétés
géotechniques des sols.

49
4. Texture des sols

Apparence extérieure du sol et de ses


particules :
• Taille des particules
• Distribution relative des tailles de
particules, distribution granulométrique
(tamisage, sédimentométrie)
• Angularité des particules (arrondie, sub-
arrondie, sub-angulaire, angulaire)
• Sphéricité des particules
• Plasticité, cohésion

50
FIGURE 2.7 Typical shapes of coarse-grained bulky particles (photograph by M. Surendra).

An Introduction to Geotechnical Engineering, Second Edition Copyright ©2011, ©1981 by Pearson Education, Inc.
Robert D. Holtz • William D. Kovacs • Thomas C. Sheahan All rights reserved.
On peut diviser les sols en 2 grandes familles

sols cohérents sols pulvérulents

Synonymes : argileux Synonymes : granulaires


fins grenus
plastiques grossiers
non plastiques
Composition : Plus de 50% Composition : Plus de 50 %
d’argile et de de sable, gravier,
silt. cailloux, blocs
particules non- 0,08 mm ou 80 µm particules
visibles à l’œil nu limite silt-sable visibles à l’œil nu
consistance état compacité

52
4. Texture des sols

Distribution granulométrique :

Sols grossiers  tamisage

Sols fins  analyse hydrométrique


Loi de Stokes

McCarthy (1993)

53
• On fait la granulométrie en plusieurs parties
• Parfois plus compliqué qu’on pourrait le penser, voir par exemple
les normes BNQ 2501-025 (Analyse granulométrique des sols
inorganiques) et ASTM D422 (Standard Test Method for Particle-
Size Analysis of Soils).

75 µm - 4,75 mm

4,75 - 75 mm 1 - 75 µm

Tamis #200 = 200 mailles


80 µm??? 75 µm??? par pouce, ouvertures de
54
75 µm (voir ASTM E11)
Enrochement  mesurage et tamisage in situ Norme ASTM D5519

55
4. Texture des sols

Courbe granulométrique :
100
90
80
Pourcentage passant

70
60
50
40
30
20
10
0
100 10 1 0.1 0.01 0.001
Diamètre des grains (mm)

Granulométrie étalée Granulométrie uniforme Granulométrie discontinue


56
4. Texture des sols
Échelles logarithmiques :

Échelle secondaire
1 10 100 1000 10000 sur Excel
d

1 10 100 1000 10000


d

0 1 2 3 4
log(d)

2500 = 103.40 57
4. Texture des sols
Description des courbes granulométriques :

Diamètres significatifs
D10  diamètre correspondant à 10% de passant
diamètre effectif
D30  diamètre correspondant à 30% de passant
D60  diamètre correspondant à 60% de passant

 coefficient d’uniformité
granulométrie peu étalée, Cu < 4
granulométrie très étalée, Cu > 15

 coefficient de courbure
si Cu > 4 (graviers) ou 6 (sables),
et 1 < Cc < 3 granulométrie continue (W, well graded)

58
Exemple 2.7 (2011: ex. 2.11)
À l’aide des courbes granulométriques suivantes déterminez les valeurs
respectives de D10, D30, D60, Cu et Cc pour chaque courbe.

C B A
Qu’est-ce que
% passant (en masse)

ce plateau

% retenu(en masse)
signifie?

Diamètre des grains (mm)

Réponse: Voir en classe 59


4. Texture des sols
Limites d’Atterberg (important pour les sols fins) :
Situent la teneur en eau naturelle (wnaturelle ou wn) par rapport à
des teneurs en eau (w) qui correspondent à des
consistances bien précises

Limite de liquidité, wL

Limite de plasticité, wP

Indice de plasticité, IP = wL - wP

Indice de liquidité, IL = (wn - wP)/IP

60
CAN/BNQ 2501-090/2005, CAN/BNQ 2501-092/2006 ou ASTM D4318
4. Texture des sols
Limites d’Atterberg (important pour les sols fins) :
Cône suédois (ou cône tombant)

CAN/BNQ 2501-090/2005 & CAN/BNQ 2501-092/2006


Pas de norme ASTM 61
4. Texture des sols
Limites d’Atterberg (Définitions) :

Limite de liquidité, wL : Teneur en eau au-dessus de laquelle le sol


s'écoule comme un liquide visqueux sous l'influence de son propre poids.
Teneur en eau à laquelle un sillon de taille standard tracé sur un
échantillon de sol se referme sur une distance de 13 mm sous l'effet de 25
chocs dans un appareil standard (coupelle de Casagrande).

Limite de plasticité, wP : Indique la teneur en eau maximale pour


travailler un sol. En dessous de cette limite, le sol est friable.

Indice de plasticité, IP = wL - wP : Mesure l'étendue de la plage de teneur


en eau dans laquelle le sol se trouve à l'état plastique.

Indice de liquidité, IL = (wn - wP)/IP : Permet de situer la teneur en eau


par rapport aux limites d’Atterberg. C’est en quelque sorte une façon
d’exprimer la consistance du sol remanié par rapport aux limites de
consistance.
livre page 40, 2011 aussi 62
4. Texture des sols
Consistance :
Fragile Mi-solide Plastique Liquide visqueux

0 IL < 0 wP 0 < IL < 1 wL IL > 1 w (%)


IL = 0 IL = 1
(Argiles Champlain)
X w ≅ wP
Contrainte de
cisaillement

w < wP
w ≅ wL
w > wL

Déformation
Holtz et Kovacs (1991)
livres page 41 63
4. Texture des sols
Consistance - abaque de plasticité (abaque de Casagrande) :
60
Indice de plasticité, I P (%)

Symboles: L H
50 C = argile
M = silt CH
40 O = sol organique
L = wL < 50%
30 H = wL > 50%
CL
20
MH ou OH
10
CL-ML
ML ou OL
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Limite de liquidité, w L (%)
64
livre page 61, 2011: p 51
4. Texture des sols
Autres définitions (voir livre)

Limite de retrait, ws :
Limite inférieure de variation de volume (< wp), le sol commence à se
fissurer.

Activité (Skempton 1953): A=Ip/ %<2µm


Il est possible d’établir une valeur type pour une minéralogie donnée,
mais ce paramètre est peu utilisé en pratique.

Parc à résidus miniers


Site Manitou, près de
Val-d’Or (Saleh-
Mbemba 2010)
65
4. Texture des sols
Types de sols :
Types de sols
Propriétés Graviers, Silts Argiles
sables
Grosseur des Gros grains Grains fins Grains fins
grains visibles à l’œil pratiquement invisibles à l’œil
nu indissociables nu
à l’œil nu
Caractéristiques Pulvérulents Pulvérulents Cohérents
Non plastiques Non plastiques Plastiques
Granulaires Granulaires
Effet sur le comportement

Eau Sans grande Importants Très importants


importance
Distribution Importants Sans grande Sans grande
granulométrique importance importance
66
livre page 31, 2011:p32
Exercices pour le chapitre 2
Exercices suggérés :
• 1, 2, 3, 4, 5, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14,
15, 17, 18, 19, 21, 22, 23, 24, 25,
29, 33, 35 et 36
• Ces exercices portent surtout sur
les relations de phases.
• Nous ferons d’autres exercices
ensemble lors du TP1.

67
Cours 1 et 2
Introduction et description des sol

1. Historique (livre sections 1.1 – 1.4)


2. Formation des sols (livre section 1.5, 2011: ch. 3)
3. Relations de phases (livre sections 2.2 et 2.3)
4. Texture des sols (livre sections 2.4 – 2.7)
5. Classification des sols (livre chapitre 3, 2011 : 2.8 – 2.10)

68
5. Classification des sols
But de la classification :
Paramètres et indices de classification
(w, e, ρ, S, granulo, wL, IP)

Système de classification
(langage) Les systèmes de
classification permettent de
faire le lien entre la texture,
Propriétés géotechniques
(perméabilité, compressibilité, les paramètres descriptifs et
retrait-gonflement, compactage les propriétés
résistance au cisaillement) géotechniques des sols.

Voir livre page 56


Applications géotechniques
(autoroutes, fondations, barrages)
(2011 : p. 48)
69
Dans les manuels de
référence, on
rencontre assez
souvent des masses
volumiques en lb/ft3.

Cet exemple est tiré


du manuel Design of
Small Dams du
United States
Department of the
Interior – Bureau of
Reclamation (1987)

70
5. Classification des sols
• Il existe plusieurs systèmes de classification selon les organismes et les
applications.
• Dans ce cours, on présente les méthodes et les systèmes de classification
suivants :
• Système USCS (united soil classification system), système développé
par Casagrande (norme ASTM D2487).
• Système du Ministère des transports du Québec (Norme MTQ 1101)
• Système de l’AASHTO (American Association of State Highways and
Transportation Officials), une méthode utilisée dans le domaine de la
géotechnique routière au États-Unis.
• Système du manuel canadien d’ingénierie des fondations (MCIF)
• Méthode d’identification visuelle des sols (norme ASTM D2488).
• Les limites entre les classes (ex.: sable et silt) sont arbitraires.
• Un sol peut avoir différents noms dépendamment du système de
classification. On doit donc toujours spécifier le système qui est utilisé.71
Système de
Caractéristiques principales
classification
• Basé sur la taille des grains pour les sols pulvérulents et sur les
USCS (ASTM limites de consistance pour les sols cohérents
D2487) • Choix du nom à partir d’un arbre pour les sols pulvérulents et à
partir de l’abaque de Casagrande pour les sols cohérents.
• Basé sur le système USCS.
• Frontières entre les classes deviennent métriques (ex.: sable et
MTQ 1101 gravier à 5 mm au lieu de 4,75 mm)
• Termes supplémentaires pour les gros éléments : blocs (B) et
cailloux (Q) pour les éléments dont la taille > 80 mm
• Développé pour des applications en géotechnique routière
AASHTO • Les sols sont classés selon 7 groupes en fonction de leurs limites de
consistance et de leur granulométrie
Manuel • Basé exclusivement sur la taille des particules (ex.: limite entre
canadien argile et silt à 2 µm)
d’ingénierie • Le nom de chaque classe est modifié en fonction du pourcentage
des fondations (un peu de sable pour 10-20%, trace de sable pour < 10%, etc.)
Ident. visuelle- • Méthode pour appliquer la classification USCS sur le terrain, sans
manuelle tamisage et sans limites de consistances.
72
(ASTM D2488) • Suggère aussi de noter d’autres propriétés des sols.
USCS - Norme ASTM D2487
5. Classification des sols
note : tamis #20075 µm, #44,75 mm
USCS – Sols grossiers :
SOLS GROSSIERS: P#200 <= 50%

P#200 < 5% P#200 > 12% 5% <= P#200 <= 12%

R#4 => R#200/2 R#4 => R#200/2 Cas limites


Symboles mixtes

Cu > 4 et 1 < Cc < 3 si les fins sont de l'argile GW-GC, GW-GM, GP-GC, GP-GM
GW GC SW-SC, SW-SM, SP-SC, SP-SM
Cu < 4 ou Cc < 1 ou Cc > 3 si les fins sont du silt
GP GM
R#4 < R#200/2 R#4 < R#200/2

Cu > 6 et 1 < Cc < 3 si les fins sont de l'argile


SW SC
Cu < 6 ou Cc < 1 ou Cc > 3 si les fins sont du silt
SP SM

Symboles: G = gravier S = sable M = silt


W = bien étalé P = peu étalé C = argile
livre page 57-69, P# = passant le tamis #
2011:p47-61 R# = retenu sur le tamis # 74
Exemple pour
la méthode
USCS On suppose que les fines ne sont
pas plastiques
5. Classification des sols
USCS – Sols fins :
• Plus de 50% des grains ont une taille inférieure à 75 µm.
• La classification est basée sur l’abaque de Casagrande.
• Symbole O pour les sols organiques : wL diminue de 25% après
une nuit de séchage à 110°C.

Fines
Non plastiques

76
livre page 57-69
Norme
MTQ
1101
Exemple pour
la méthode
MTQ On suppose que les fines ne sont
pas plastiques
Exemple pour la méthode MTQ 1101

100
d P
(mm) (%) 90
800 100
600 90 80

Pourcentage passant (%)


200 70
112 66 70
80 62 60
56 58
28 50 50
20 47
14 44 40
10 41 30
5 34
2.5 28 20
1.25 24
0.63 22 10
0.315 14
0
0.16 6
0.08 4
0.01 0.1 1 10 100 1000
d (mm) 79
79
Exemple pour la méthode MTQ 1101

100
90
80
Pourcentage passant (%)

70 Réponse : QB/SP-SM (400-0 mm) 84% P


60
Quand la fraction d’éléments > 80 mm est
50 supérieure à 50 %, le symbole des blocs
40
et des cailloux est placé en avant.

30
20
10
0
0.01 0.1 1 10 100 1000
d (mm) 80
80
AASHTO

livre page 74-79, 2011: p61 81


5. Classification des sols
AASHTO – Sols grossiers:
SOLS GROSSIERS: P#200 <= 35%

P#200 < 25% P#200 <= 35%


A-2

P#40 <= 50% P#40 > 50% Silteux (P#40) Argileux (P#40)
A1 IP <= 10% IP > 10%

P#200 < 15% P#200 < 10% w L <= 40% w L <= 40%
P#40 < 30% Non plastiques
P#10 < 50%
IP < 6

A-1-a A3 A-2-4 A-2-6

P#200 < 25% w L > 40% w L > 40%


P#40 < 50%
IP < 6

A-1-b A-2-5 A-2-7


livre page 74-79 82
5. Classification des sols
SOLS FINS:
AASHTO – Sols fins : P#200 > 35%

Silt (P#40) Argile (P#40)


IP <= 10% IP > 10%

wL > 40%
wL <= 40% wL > 40% wL <= 40%
A-7

IP <= wL-30% IP > wL-30%


A-4 A-5 A-6
ou wP => 30% ou wP < 30%

A-7-5 A-7-6

83
livre page 74-79
5. Classification des sols
AASHTO – Sols pour fondation de route :
• Indice de groupe
(I .G.) = (F − 35)[0,2 + 0,005(wL − 40)] + 0,01(F − 15)(I p − 10)
où F = % particules < 0,075 mm (tamis #200)
wL= limite de liquidité
IP = indice de plasticité

• Indique la qualité du sol comme matériau de fondation


pour les routes
• Plus I.G. est élevé, moins le sol est de bonne qualité
• La classification du sol doit inclure l’indice de groupe
entre parenthèses.
livre page 74-79
84
5. Classification des sols
Système de classification du manuel canadien d’ingénierie des
fondations
• Basé entièrement sur la taille des particules et sur la modification des
termes en fonction de la proportion des particules
• Attention : les limites entre les classes sont différentes de celles des
systèmes USCS et MTQ.

Terminologie descriptive Proportion de Nom de la Taille des


particules (%) particule particules
traces 1 – 10 (mm)
Argile < 0,002
un peu 10 – 20
Silt 0,002 – 0,060
adjectif (ex. sableux, silteux) 20 – 35
Sable 0,060 – 2
et (ex. sable et gravier) > 35 Gravier 2
Exemple de mise
en application du
système de la
diapositive
précédente

Voir diapositive
suivante, système
hybride
On peut avoir d’autres
variantes. Il faut alors
expliquer le système dans le
rapport.

Nom de la Taille des


particule particules (mm)
Argile < 0,002
Silt 0,002 – 0,080
Sable 0,080 – 5
Gravier 5 – 75
Caillou 75 – 300
Bloc > 300

Terminologie descriptive Proportion de


particules (%)
traces 1 – 10
un peu 10 – 20
adjectif (ex. sableux, silteux) 20 – 35
et (ex. sable et gravier) > 35
100
90
3
80
70
Pourcentage passant

60
4
50
1
40 Sol wL wP
2 5 1 20 4
30
2 NP
20 3 124 77
4 49 25
10
5 NP
0
0.001 0.01 0.1 1 10 100 1000
d (mm) 88
USCS - Norme ASTM D2487
90
AASHTO

livre page 74-79, 2011: p61 91


5. Classification des sols
Identification visuelle-manuelle (ASTM D2488) :
• La norme D2488 propose certains trucs pour classer rapidement
un sol selon le système USCS (par exemple sur le terrain).
• Ces trucs demandent une certaine expérience. Au départ, il est
préférable de valider les résultats de la méthode visuelle avec
ceux de la méthode standard (D2487).
• Exemple de trucs pour faire la classification des matériaux fins
(taille inférieure à 75 µm > 50 %)
• Résistance du matériau sec
• Dilatance
• Ténacité
• La méthode d’identification visuelle suggère aussi d’autres
propriétés à noter lors de l’identification du sol.
92
Identification visuelle

Compacité N
(coups/300 mm)
Très lâche <4
Lâche 4 – 10
Compact ou moy. 10 – 30
Dense 30 – 50
Très dense > 50

Compacité Évaluation visuelle


Très lâche Doigt, pouce ou poing pénètre facilement

Lâche Difficilement pénétrable avec le poing et récupérable facilement avec une pelle manuelle

Compacte ou Difficilement récupérable avec une pelle


moyenne
Dense Pic nécessaire pour rendre lâche

Très dense Équipement lourd pour rendre lâche 93


93
Aussi à noter pour grenus : étalement de la granulométrie, forme des particules
Identification visuelle Consistance Résistance au
cisaillement, cu
(kPa)
Très molle < 12
Molle 12 – 25
Ferme 25 – 50
Raide 50 – 100
Très raide 100 – 200
Dure > 200

Terminologie Évaluation visuelle


descriptive
Très molle Poing pénètre facilement
Molle Pouce pénètre facilement
Ferme Pouce pénètre avec effort modéré
Raide Pouce pénètre avec beaucoup d’efforts
Très raide Rayé facilement par ongle du pouce
Dure Rayé difficilement par ongle du pouce

94
Identification visuelle Sensibilité St (Cu/Cur)

Faible <2
Moyenne 2–4
Forte 4–8
Très forte 8 – 16
Argile > 16
sensible
Leda Clay, Ottawa, Ontario
Holtz, Kovacs, Sheahan (2011)

Plasticité Limite de liquidité, wL (%)

Faible < 30
Moyenne 30 – 50
Élevée > 50
Aussi à noter pour argile : litage avec
épaisseur et contenu des lits, présence de
M.O., odeurs, couleur, oxydation, induration

95
5. Classification des sols

• Autres éléments importants à noter lors de l’identification


visuelle
• Matière organique
• Couche végétale superficielle (épaisseur) ou en %
dans la couche
• Tourbière (système de classification Von Post)
• Remblais
• Décrire comme un sol (composition granulométrique,
résistance, consistance, couleur...)
• Indiquer les indices qu’il s’agit d’un remblai, les débris
particuliers (ex.: briques)
• Présence de contamination
• Odeurs, débris, iridescence
• Recommander étude environnementale
96
Exercices pour le chapitre 3
Faire le problème 3.6 - Classification de 16
sols
Le plus important est de maîtriser le
système du MTQ et le système du MCIF

97
Références
• Blatz, J., and Skaftfeld, K. The Transcona grain elevator failure: A modern perspective 90 years
later. In 56th Canadian Geotechnical Conference, 4th joint IAH-CNC/CGS Conference, Winnipeg,
MB. 29 septembre - 1 octobre 2003 2003, pp. 8-22 - 28-29.
• Eyles, N., et Eyles, C. 1992. Glacial Depositional Systems. In Facies Models. Edité par R.G.
Walker et N.P. James, Geological Association of Canada, St. John's, TN.
• Holtz, R.D., Kovacs, W.D., et Sheahan, T.C. 2011. An Introduction to Geotechnical Engineering,
Prentice Hall, Englewood Cliffs, NJ.
• Legget, R.F. 1939. Geology and Engineering. McGraw-Hill, New York, NY.
• Mesri, G., Rokhsar, A., et Bohor, B.F. 1975. Composition and compressibility of typical samples of
Mexico City clay. Géotechnique, 25(3): 527-554.
• Peck, R. B. (1948). History of Building Foundations in Chicago. University of Illinois Bulletin,
45(29), 1–62.
• Peck, R.B., Hanson, W.E., et Thornburn, T.H. 1974. Foundation Engineering, 2e édition. John Wiley
& Sons, New York, NY.
• Prest, V.K., et Hode Keyser, J. 1977. Geology and engineering characteristics of surficial deposits,
Montreal Island and vicinity, Quebec. Geological Survey of Canada, Paper 75-27.
• Simmons, C.T. 2008. Henry Darcy (1803-1858): Immortalised by his scientific legacy. Hydrogeology
Journal, 16(6): 1023-1038.
• Tavenas, F., Chagnon, J.-Y., et La Rochelle, P. 1971. The Saint-Jean-Vianney Landslide:
Observation and Eyewitnesses Accounts. Revue canadienne de géotechnique, 8(3): 463-478. 98

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