Vous êtes sur la page 1sur 13

ACCOMPAGNEMENT À LA CRÉATION D’UN JARDIN THÉRAPEUTIQUE

De la conception du projet à sa mise en œuvre

Les jardins apparaissent intuitivement comme des espaces propices au bien être, à la
santé, aux apprentissages… Leur présence au sein des établissements sociaux, médico-
sociaux et de santé est désormais reconnue comme un média pertinent pour améliorer
la qualité de vie des usagers et favoriser le maintien ou le développement des
capacités . Pour porter pleinement ses fruits , un projets de jardin thérapeutique
présente néanmoins des exigences précises : une démarche bien construite et intégrée
au projet d’établissement, une conception adaptée, une prise en compte réelle des
besoins et attentes des usagers / patients et la mobilisation de savoir-faire au sein des
équipes. Nous proposons ainsi un accompagnement complet allant du montage du
dossier à la réalisation en passant par l’analyse des besoins, la conception, la formation
des équipes et le travail avec les usagers.

Un jardin thérapeutique : Pourquoi ?

La présence de la nature dans l’environnement des personnes en situation de handicap,


d’exclusion ou présentant un trouble de santé répond à la fois à un droit, celui de
bénéficier d’un environnement de qualité, et à un besoin, celui d’être en contact avec la
nature pour garantir sa santé et son bien-être. C'est également un enjeu majeur :
diminuer l'anxiété, les états dépressifs, favoriser l'exercice physique, réduire la
désorientation spatio-temporelle, améliorer les fonctions exécutives, développer et
maintenir ses capacités d’agir, sa dignité et l'estime de soi, favoriser un mieux-être dans
un contexte où le handicap ou la maladie reste source de discrimination et d’exclusion.
Dans le cas de personnes présentant une démence ou un trouble associé, des études
récentes (réalisées par le bureau d’études O Ubi Campi, cf. tableau de résultats en
annexe) montrent un effet mesurable sur les troubles cognitifs, langagiers, les troubles du
comportement ou la psychomotricité
Jardiner est une activité ancestrale profondément inscrite dans la psyché humaine. C’est
une activité qui mobilise l’être tout entier, du corps à la pensée, faisant alterner action,
perception, réflexion, méditation. Accompagner le développement d’une vie végétale et
pouvoir en profiter pour ses fruits ou sa beauté, c’est impliquer la mobilisation de gestes
profonds, entrer parfois en contact avec des souvenirs d’enfance ou de jeunesse, faire
travailler le cerveau et les mains, redécouvrir des émotions, des sensations et des
saveurs, des couleurs, des textures.

Il y a dans l’activité « jardinage » au sens large une forme d’exercice complet : à la fois
thérapeutique (détente, stimulation), éducatif (reconnaissance, apprentissage), social
(partage, image de soi) et cognitif (sens et mémoire).
Le jardinage réinsère le patient dans un réel : le temps qui passe, les saisons, voire la
question du cycle de la vie, de la naissance à la mort.
Il devient un lieu et source de socialisation favorisant la rencontre, le partage, et
permettant d’accueillir ses proches et sa famille dans un cadre agréable, rassurant et
constructif.
Il renforce l’attractivité et l’image du lieu par sa douceur et son esthétique.
Le jardin thérapeutique permet donc d’importer la nature et ses bienfaits dans
l’environnement immédiat des personnes réduisant ainsi leurs efforts pour y accéder et
mobiliser leurs sens.
Les sens sont d'une importance majeure dans la vie de tout individu. Leur sollicitation,
notamment chez les personnes comportant des troubles démentiels permet de favoriser
le contact avec le monde extérieur et d'initier un processus de communication. Le jardin
à portée de main c'est aussi une autonomie retrouvée à portée de soi dans une
réduction des risques de déplacements, une sécurisation du soin, de l'activité, une
redécouverte des sens, et au travers de ces derniers une reconnexion, une réminiscence
à la vie.
Notre définition d’un jardin thérapeutique

Les jardins thérapeutiques, comme leur nom l’indique, se situent à la croisée de deux
domaines : celui du prendre-soin et celui du jardin (et du jardinage). Double nature qui ne
simplifie pas les choses : il faut qu’ils répondent à ce que l’on attend d’un jardin (qu’il
nous permette de bouger, de rêver, de jouer, de cultiver de s’extasier, de sentir…), tout en
respectant les principes du prendre soin. Dans le même temps, ils doivent bien entendu
être accessibles et sûrs pour toutes les personnes, y compris les plus fragiles, qui
souhaiteraient en profiter.

Un jardin thérapeutique se doit d’être tout à la fois :


 un lieu intime : un jardin ne peut être thérapeutique qu’à condition d’être rassurant,
notamment pour des patients désorientés, atteints de troubles cognitifs, anxieux, ou
des personnes âgées. C’est pourquoi son architecture est pensée pour créer de
la familiarité avec ses usagers, mais aussi pour placer stratégiquement des zones
d’ombres, des recoins où l’on peut venir s’isoler...
 un lieu de sensations : face à des facultés intellectuelles amoindries, l’expérience
sensorielle, aisée à mettre en œuvre dans tout jardin, a fortiori s’il est conçu
notamment à cette fin, devient prépondérante. Les équipements et plantes choisis
le seront pour leur capacité à mettre au travail les cinq sens du patient à travers
une large palette de stimulations. Ainsi, le jardin doit être conçu pour distiller un
émerveillement renouvelé à chaque saison, à chaque jour, à chaque changement
de luminosité ou d’orientation du vent.
 un lieu d’activités : un jardin, même conçu pour être thérapeutique, ne le
deviendra que s’il est investi par des personnes et des activités. Ces activités
doivent répondre à certaines caractéristiques si l’on veut qu’elles atteignent leurs
objectifs prothétiques : il ne suffit pas de mettre une personne malade devant un
pot de fleurs pour faire de l’hortithérapie. C’est pourquoi le jardin thérapeutique
reste avant tout un outil de médiation, support aux activités de prendre-soin
développées par le personnel soignant.
 un lieu de biodiversité : nos jardins thérapeutiques sont toujours des jardins
partagés avec d’autres êtres vivants. La faune et la flore y sont convoquées pour
créer un écosystème vivant et foisonnant, objet de stimulation pour les patients.
Ainsi, si l’on veillera à ce que les pratiques du jardin ne nuisent ps à ses usagers,
on s’assurera aussi que les pratiques qui prennent soin des usagers ne nuisent pas
au jardin ou à ses habitants. Ensuite qu’elles ne se contentent pas de ne pas
nuire : qu’elles prennent soin de la capacité de chacun à prendre soin des autres.
Et qu’en prenant soin du jardin nous prenions soin de nous-mêmes et de la
capacité du jardin à prendre soin de nous...

© Antoine Labreuche

La création d’un jardin thérapeutique est une démarche globale venant positionner le
jardin au cœur d'un projet d'établissement. Dans cette approche, le jardin intègre une
démarche sociale, thérapeutique précisément définie. Le jardin thérapeutique est donc
cette bordure nature/établissement mettant au service des usagers et des soignants les
processus naturels et leurs bénéfices.

Il remplit sa mission en répondant à plusieurs exigences dans sa conception :

 S’appuyer sur une définition précise des besoins et des objectifs, en associant
notamment les bénéficiaires , et être accepté comme un projet qui fasse sens
 S’appuyer sur un programme d’animation, la formation des équipes à son usage et
une mobilisation inscrite dans le budget et les ressources humaines
 Être appropriable par les usagers : de par sa taille, sa forme, des espaces à taille
humaine où l'on se repère aisément, son aspect (rassurant, sécurisant, reposant,
favorisant les transitions douces et un cheminement plaisant et confortable), sa
fonctionnalité (zones de jardinage surélevées, accessibles)
 Être utilisable toute l’année (choix des essences, des formes, de la structure,
présence de feuillages persistants)
 Être multifonctionnel (existence de plusieurs espaces, de plusieurs activités
possibles)
 Mettre l’aménagement au service de l’expérience thérapeutique (mobiliers pour
repos, entretien ou exercices sensorialité, couleurs, odeurs, cheminements…)
 Être sain : absence de pesticides, absence de plantes toxiques, urticantes ou
allergènes
 Être ouvert : possibilité d’accueillir des proches, des amis, des voisins…
 Être universel : usages possibles par et pour tous les usagers

© Antoine Labreuche
Notre option théorique : la permaculture comme culture de la permanence

La permaculture est une approche holistique qui s’inspire des écosystèmes naturels et de
leurs caractéristiques ( résilience, diversité…) pour concevoir des systèmes humains
durables. Dans la conception des jardins thérapeutiques, elle nous amène à considérer le
jardin et l’établissement comme un écosystème durable et global, au cœur duquel se
construit le bien-être et la bientraitance de l’usager.

Cette méthode de conception rigoureuse est enrichie de nos expériences et modèles


d’intervention issus des différents métiers de notre équipe : médecine, orthophonie,
aménagement paysager , éducation spécialisée, gestion des espaces naturels, animation
nature...

© Antoine Labreuche
Notre démarche d’accompagnement

Nous proposons un accompagnement global du projet afin de sécuriser et de pérenniser


votre projet. Chaque projet bénéficie d’une approche spécifique et singularisée.

Étape 1 : Analyse initiale du besoin et définition du cadre

Cette étape prend la forme d’un entretien détaillé avec la direction de l’établissement et
les porteurs de projets, d’une analyse des données relatives à l’établissement (projet
d’établissement, budget, dimension spatiale immobilière et logistique, rapports d’activité,
CR d’évaluations interne et externe…).Elle comprend obligatoirement une consultation du
CVS. Elle débouche sur une première formulation des enjeux et besoins pour
l’établissement et valide le projet de jardin thérapeutique, ce qui prend la forme d’une
note d’opportunité.
Durée indicative : 1 mois
Valeur temps indicative pour les intervenant-e-s : 3 jours

Étape 2 : Analyse détaillée du besoin et définition des objectifs du jardin thérapeutique

Cette étape constitue le cœur de la démarche. Elle comprend des entretiens


approfondis avec les parties prenantes, deux questionnaires (un questionnaire auprès de
la direction/présidence, du personnel soignant et un questionnaire auprès des usagers et
de leurs familles), l’analyse du site selon les outils de la permaculture (analyse du sol,
évaluation du terrain…) et la prise en compte du cadre de l’Établissement (CPOM…)
Elle débouche sur une note d’analyse du besoin qui servira de support aux demandes de
subventions éventuelles.
Durée indicative : 2 mois
Valeur temps indicative pour les intervenant-e-s : 6 jours

Étape 3 : Construction de la démarche projet

Cette étape comprend la formalisation d’une première formulation du projet . Elle se


matérialise par une note technique générale et la construction d’un budget primitif
permettant de solliciter des financements. Notre équipe de par son expérience peut vous
accompagner dans les demandes de fonds auprès des bailleurs publics et privés afin de
générer un possible de réalisation, éligible, selon les régions, à des financements publics
(DLA...)
Ces trois premières phases seront engagées sans obligation de suite au regard des
financements disponibles.
Durée indicative : 1 mois
Valeur temps indicative pour les intervenant-e-s : 3 jours

Étape 4 : Conception collaborative

Cette étape se centre sur la conception du jardin au regard des différents besoins
repérés. Elle se concrétise par 5 réunions animées par notre équipe sur la base de
propositions de design.
Ces réunions réunissent direction, personnel soignant, usagers ou représentants,
partenaires. Elles s’appuient sur des outils d’animation et d’intelligence collective. Elles
débouchent sur un design du jardin comportant :
- définition des enjeux et objectifs
- formalisation du projet : pédagogique ou thérapeutique, spatial, de gestion...
- étapes et calendrier de mise en œuvre
- traduction graphique
- traduction par plan de plantation
- traduction par plan de financement
Elle donne lieu à un temps de restitution auprès des équipes et des usagers
Durée indicative : 3 mois
Valeur temps indicative pour les intervenant-e-s : 12 jours

Étape 5 : Installation

Cette étape consiste à installer le jardin de façon concrète. Elle représente une part
importante du budget et nous vous accompagnons dans l'optimisation des ressources
pour une plus grande efficacité et efficience financière : choix des plantes, des mobiliers,
des prestataires ...

Idéalement cette phase comprend la mobilisation des « bordures » : chantiers


participatifs, mobilisation des familles, TIG …
Durée indicative : 3 mois ( saison à prendre en compte – selon la date de démarrage de projet,
l’installation pourra être décalée pour une saison propice)
Valeur temps indicative pour les intervenant-e-s : 20 jours

Étape 6 : Formation des équipes

La formation des équipes constitue le relais indispensable du projet. Cette formation vise
à:
- mobiliser les équipes autour du projet
- donner des clefs pour faire vivre le projet
- organiser le suivi et l’entretien du jardin
- organiser les animations et actions de médiation à partir du jardin.

Le plan de formation est organisé en lien avec la Direction, les Ressources Humaines et
l'encadrement de l'établissement. Il comporte un tronc commun de 3 jours et des
modules spécifiques ajustables par métier.
L’objectif est d’autonomiser les professionnel-les dans la gestion du jardin et
l’implémentation d’activités adaptées, mais aussi d’intégrer le jardin au projet institutionnel
global.
Durée indicative : 3 mois/ en parallèle de la phase d’installation
Valeur temps indicative pour les intervenant-e-s : 12 jours

Étape 7 : Formalisation du plan de suivi

Un plan d’entretien et de suivi est formalisé en cours d’étape 5 et 6 : schéma de


plantation, schéma d’entretien, guide d’animation.
Valeur temps indicative pour les intervenant-e-s : 2 jours

Étape 8 : Évaluation

Une étape d’évaluation collaborative est proposée afin de poser un jalon de "deliance
reliance" du projet et de se projeter dans les étapes suivantes, de tirer les enseignements
de cette expérience et de rendre compte aux financeurs. Elle s’appuie sur un référentiel
construit spécifiquement pour ce type de projet.
Durée indicative : 1 mois
Valeur temps indicative pour les intervenant-e-s : 2 jours

Durée moyenne indicative totale (en incluant les phases blanches : vacances et ponts) : 18
mois
Durée moyenne indicative pour les intervenant-e-s : 60 jours

Notre équipe

Notre équipe est constituée de professionnel-le-s issus de métiers complémentaires,


toutes et tous formé(e)s et expérimenté(e)s dans le domaine du soin, du handicap ou du
social d’une part, de l’environnement et de l’aménagement paysager d’autre part. Elle se
structure en deux pôles :
- une équipe opérationnelle engagée dans le suivi et la mise en œuvre du projet
- une équipe expertise intervenant au fil des étapes en soutien, apports ou formations

Équipe opérationnelle

Anthony FOUSSARD assure la fonction de chef de projet et de coordinateur. Diplômé en


gestion d’espaces naturels et en animation nature, certifié en permaculture, il
accompagne en France et en Europe des projets de résilience et d’aménagements
écologiques. Il a dirigé une association du champ environnemental qui a notamment
porté des projets européens relatifs aux thèmes « nature et handicap » et «
compétences pour une éducation au changement climatique dans les communautés
vulnérables » . Il assure des formations auprès de divers acteurs publics et parapublics.

Yachar JUSSERAND est orthophoniste spécialisée en neurologie, accompagnant aussi


bien des patients en libéral qu’en milieu hospitalier. Une première carrière professionnelle
l’a amenée avant sa reconversion au diplôme et à la fonction d’ingénieure agronome.
Cette double compétence lui permet de penser le jardin thérapeutique au croisement
des enjeux botaniques , paysagers et cliniques. Elle anime des formations à destination
des orthophonistes, des aidants de personnes atteintes de maladies neuro-dégénératives
mais également au sein de Masters Paysage ou production horticole en université.
Christophe ZANDER est technicien supérieur agricole / paysagiste , certifié en
permaculture. Il accompagne des créations de jardins et de projets écologiques en
France et en Europe. Il a exercé au cours d’une première carrière les fonctions de cadre
médico-social, plus particulièrement dans le champ de la protection de l’enfance, et de
formateur en IRTS (responsable de filière CAFDES ). Il est enseignant chercheur associé
au CNAM au sein de la Chaire Accessibilité, coordonnant des programmes de
recherches relatifs aux aides techniques et à l’accès à l’enseignement supérieur et à
l’emploi des personnes en situation de handicap.

Équipe Expertise

Guillaume HERR ZEKANOWSKI est urbaniste et paysagiste, ancien vice président de


l’office de qualification des urbanistes (OPQU). Il est spécialisé dans les aménagements
écologiques et à réalisé plusieurs projets pour des ESMS. Il interviendra dans le projet
dans les phases de conception et de formation des équipes.

Simon BEAL est médecin psychiatre, directeur médical de CMPP et diplômé en


gérontologie, enseignant à l’université de Bourgogne. Il interviendra pour avis dans la
phase conception et pourra assurer des temps de formation des équipes.

Roger RAMASSAMY est éducateur sportif, intervenant depuis plus de quinze ans en sport
adapté (santé mentale, handicap, CHRS). Il sera sollicité au besoin pour concevoir des
animations adaptées prenant appui sur le jardin conçu au cours du projet (ergonomie,
sécurité, progressivité).
ANNEXES

TABLEAU RÉCAPITULATIF DES BÉNÉFICES ASSOCIÉS À L’HORTITHÉRAPIE


ÉTUDE CLINIQUE CONDUITE SUR UNE POPULATION ALZHEIMER EN INSTITUTION

Vous aimerez peut-être aussi