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78)
états comportementaux
Sous la direction de
Renaud DAVID
et
Alzheimer
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ISBN 978-2-10-071490-2
© Dunod, Paris, 2014
5, rue Laromiguière
75005 Paris
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Table des matières
PRÉFACE XI
INTRODUCTION 1
P REMIÈRE PARTIE
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1. Prévalence et évolutivité 5
Renaud David
2. Retentissement 13
Nelly Darmon
Pour le patient 13
Déclin cognitif et fonctionnel, 13 • Hospitalisation et
institutionnalisation, 14 • Qualité de vie, 15
Pour l’entourage 15
Fardeau, 15 • Impact sur la santé mentale et la qualité de vie, 17
IV TABLE DES MATIÈRES
D EUXIÈME PARTIE
3. Symptômes psychotiques 23
Stéphanie Papin, Fethi Bretel
Préambule 23
Les questions spécifiques du NPI-C 23
Idées délirantes, 23 • Hallucinations, 24
Sémiologie 24
Les idées délirantes, 24 • Les hallucinations, 25 • Les délires
d’identification perceptive, 26
Spécificités dans les différents types de démences 27
Dans la maladie d’Alzheimer, 27 • Dans la démence à corps de
Lewy, 29
4. Comportements perturbateurs 33
Julie Piano, Valérie Lafont
Préambule 33
Agitation/agressivité 33
Les questions spécifiques du NPI-C, 33 • Données
sémiologiques, 35
Irritabilité 38
Les questions spécifiques du NPI-C, 38 • Données
sémiologiques, 38
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5. Symptômes affectifs 47
Olivier Andlauer, Jean-Marie Batail, Cécile Hanon, Renaud David
Les questions spécifiques du NPI-C 47
Dysphorie, 47 • Anxiété, 48 • Exaltation de
l’humeur/euphorie, 49
Table des matières V
6. Apathie 65
Alexandra König, Renaud David
Les questions spécifiques du NPI-C 65
Données sémiologiques 66
Distinction entre apathie et dépression 67
Particularités de prise en charge de l’apathie 69
7. Autres symptômes 71
Guillaume Sacco, Olivier Andlauer, Matthieu Bereau, David Bensamoun
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en charge, 73
Sommeil 74
Les questions spécifiques du NPI-C, 75 • Insomnie et troubles
du rythme circadien, 76 • Syndrome crépusculaire ou sundown
syndrome, 79 • Trouble du comportement en sommeil
paradoxal, 80 • Autres troubles du sommeil, 81
Comportements moteurs aberrants 83
Les questions spécifiques du NPI-C, 83 • Aspects cliniques, 84 •
Tremblements et MA, 87
VI TABLE DES MATIÈRES
T ROISIÈME PARTIE
Q UATRIÈME PARTIE
C INQUIÈME PARTIE
Place des psychotropes classiques dans la prise en charge des SPCD 169
Antipsychotiques, 169 • Anxiolytiques, 171 •
Antidépresseurs, 172 • Thymorégulateurs, 173 • Autres, 174
CONCLUSION 175
BIBLIOGRAPHIE 177
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Olivier A NDLAUER, psychiatre, praticien hospitalier, Centre d’explo-
rations du sommeil et de la vigilance, Fédération de psychiatrie et
psychologie médicale, CHU de Besançon.
Philippe BALARD, gériatre, CHU de Nice et médecin coordonnateur
régional pour le groupe ORPEA région PACA.
Jean-Marie BATAIL, psychiatre, chef de clinique des universités –
assistant des hôpitaux, Pôle hospitalo-universitaire de psychiatrie
adulte, EA 4712 « Comportement et noyaux gris centraux », CHU de
Rennes.
David B ENSAMOUN, interne en DES de psychiatrie, CHU de Nice.
Matthieu B EREAU, neurologue, assistant spécialiste, service de neurolo-
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Stéphanie PAPIN, interne en DES de psychiatrie, service de psychiatrie
pour personnes âgées, CH du Rouvray, Rouen.
Julie P IANO, neuropsychologue, Centre Mémoire de Ressources et de
Recherche, CHU de Nice.
Guillaume S ACCO, gériatre, chef de clinique des universités – assistant
des hôpitaux, Centre Mémoire de Ressources et de Recherche, CHU
de Nice.
David WALLON, neurologue, chef de clinique des universités – assistant
des hôpitaux, Centre national de référence pour les malades Alzhei-
mer jeunes, CHU de Rouen.
Préface
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L A MALADIE D ’A LZHEIMER et les syndromes apparentés se carac-
térisent par une altération des fonctions cognitives à laquelle sont
associés des troubles connus sous le terme de troubles du comportement,
symptômes psychiatriques ou symptômes neuropsychiatriques.
Cette dernière dénomination est importante car elle prend en compte le
fait que ces symptômes sont directement reliés au processus pathologique.
En effet, les symptômes neuropsychiatriques sont définis comme des
manifestations primaires d’un dysfonctionnement cérébral. Les maladies
dégénératives, comme la maladie d’Alzheimer, produisent à la fois des
altérations structurales et chimiques et les troubles neuropsychiatriques
peuvent être influencés soit par l’un soit par l’autre de ces changements.
Il faut cependant souligner que ces modifications biologiques spéci-
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fiques sont nécessaires mais non suffisantes pour produire les symptômes
neuropsychiatriques, car des facteurs additionnels très importants comme
l’environnement contribuent aussi à déterminer quel patient présentera
les modifications comportementales.
Dans une dimension plus descriptive, l’International Psychogeriatric
Association a proposé la dénomination de symptômes psychologiques et
comportementaux des démences (SPCD) qui regroupent les troubles de
la perception, du contenu des pensées, de l’humeur ou du comportement,
fréquemment observés chez les patients déments.
Les SPCD suscitent un intérêt croissant parce qu’ils occasionnent
une part importante de la souffrance des patients et des aidants, et
conditionnent fortement le mode de vie du patient et son parcours de
soins.
XII P RÉFACE
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et la prise en charge de ces symptômes qui constituent un enjeu majeur
dans la pathologie du sujet âgé.
Bonne lecture !
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B IEN QU ’ ELLES N ’ ENTRENT PAS dans les définitions cliniques suc-
cessives de la maladie d’Alzheimer, des modifications comporte-
mentales, invalidantes pour le patient et son entourage sont fréquem-
ment retrouvées dans les pathologies démentielles. Ces troubles du
comportement sont également appelés symptômes psychologiques et
comportementaux des démences (SPCD) ou symptômes neuropsychia-
triques. Leur origine est probablement plurifactorielle : environnemen-
tale, familiale, liée à la personne (personnalité, facteurs somatiques) et/ou
à la pathologie démentielle en elle-même. Ces symptômes peuvent être
présents avant même le diagnostic de maladie d’Alzheimer. Cependant,
ils sont habituellement identifiés au cours de l’évolution de celle-ci et
ont tendance à se majorer entre eux et avec l’aggravation du déclin
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cognitif (Benoît et al., 2003). Parmi ces symptômes, certains ont une
expression clinique facilement identifiable par l’entourage et les acteurs
de soins, comme l’agitation, l’agressivité ou les idées délirantes. D’autres,
comme l’apathie, sont plus difficiles à reconnaître. L’interrogatoire de
l’accompagnant habituel du patient est donc primordial pour identifier
certains de ces troubles. Les symptômes les plus fréquemment retrouvés
sont l’apathie, la dépression et l’anxiété. L’apathie est le symptôme
le plus précoce et peut être présente dès les stades prédémentiels.
Les idées délirantes, les hallucinations et les comportements moteurs
aberrants s’observent, en revanche, principalement au stade modéré à
sévère de la maladie d’Alzheimer. Selon les critères de l’International
Psychogeriatric Association (IPA), on distingue des symptômes compor-
tementaux, qui sont identifiables en procédant à l’observation du patient
2 I NTRODUCTION
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! Groupe 3 (SPCD avec prise en charge possible et moins éprouvante) :
pleurs, jurons, questions répétitives, poursuite incessante d’un proche,
manque d’entrain.
SPCD...leur importance
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Chap. 1 Prévalence et évolutivité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
Chap. 2 Retentissement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
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Chapitre 1
Prévalence et évolutivité
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Renaud David
al., 2011 ; Youn et al., 2011). Cette fréquence tend à augmenter avec
l’aggravation de la pathologie (fréquence d’au moins un SPCD passant de
50 % à 90 % après un suivi de dix ans de patients d’une même population
(Tschanz et al., 2011)). Des SPCD, même apparemment opposés, sont
souvent associés entre eux. Certains symptômes peuvent être présents
à un moment de l’évolution, disparaître, puis réapparaître. De même,
certains SPCD sont plus persistants que d’autres au cours de l’évolution
de la pathologie. Le tableau 1.1 résume les prévalences de SPCD issues
de plusieurs cohortes européennes et nord-américaines récentes, utilisant
l’Inventaire neuropsychiatrique (NPI) comme outil d’évaluation des
SPCD, et suivant différents niveaux de sévérité de l’atteinte démentielle
(score de la CDR : Clinical Dementia Rating Scale).
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EDAC
REAL. FR ALSOLVA NH EADC Cache County
(Espagne) ICTUS
(France) (Finlande) (Norvège) (CEE) (USA)
(Garre- (CEE)
(Nourhashemi et al., (Karttunen et al., (Selbaek and (Aalten et (Tschanz et al.,
Olmo et (Reynish et al., 2007)
2008) 2011) Engedal 2012) al., 2007) 2011)
al., 2010)
N 233 449 81 159 895 (D) 278 (S) 491 (BL) 2354 587 608 182 328 (D) 84 (S)
IMPORTANCE
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Prévalence et évolutivité 7
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des SPCD à expressivité clinique différente mais corrélats biologiques
potentiellement identiques. L’étude réalisée par le groupe de l’EADC
(European Alzheimer’s Disease Consortium) sur un nombre de patients
importants (n = 2 354) isole quatre sous-syndromes (Aalten et al., 2007) :
! hyperactivité incluant les items agitation, désinhibition, irritabilité,
comportements moteurs aberrants et euphorie ;
! psychose incluant les items délire, hallucination et trouble du som-
meil ;
! affectif incluant dépression et anxiété ;
! apathie incluant l’apathie et les troubles de l’appétit.
Sommeil Irritabilité
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Patients Dépression Hallucinations
ambulatoires
NPI Agitation
Anxiété
désinhibition
Irritabilité
CMA
Appétit
NPI désinhibition
CMA
Euphorie
Prévalence et évolutivité 9
Irritabilité
NPI CMA
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Engedal 2012
Patients EHPAD Appétit Hallucinations Euphorie
Anxiété Irritabilité
CMA
Sommeil
10
Tableau 1.3. Prévalence des SPCD dans différentes cohortes de sujets âgés sans troubles cognitifs (NC) et de sujets MCI.
CMA= comportements moteurs aberrants
MCI NC
Hong Hong
USA USA USA
Kong Inde Nigeria Kong
(Lyketsos et al., (Geda et (Geda et
(Chan et (Trivedi et al., 2013) (Baiyewu et al., 2012) (Chan et
2002) al., 2008) al., 2008)
SPCD...LEUR IMPORTANCE
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Prévalence et évolutivité 11
les SPCD les plus fréquemment retrouvés sont respectivement les troubles
du sommeil (22 %), l’irritabilité (19,6 %) et l’apathie (15,7 %) (Haibo et
al., 2013). De même, dans l’étude de Truzzi et collaborateurs, comparant
des populations brésiliennes et norvégiennes, les prévalences des SPCD ne
sont pas identiques (Brésil : apathie > agitation > comportements moteurs
aberrants ; Norvège : apathie > dysphorie > anxiété) (Truzzi et al., 2013).
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Chapitre 2
Retentissement
Nelly Darmon
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P OUR LE PATIENT
Déclin cognitif et fonctionnel
!
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Hospitalisation et institutionnalisation
!
Qualité de vie
!
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selon qu’elle est effectuée par les patients ou leurs aidants. La qualité
de vie perçue par l’aidant est moins bonne que celle perçue par le
patient lui-même. Les relations identifiées entre les SPCD et la qualité
de vie diffèrent également selon la perception du patient ou celle de son
aidant. Les SPCD qui sont perçus comme influençant le plus la qualité
de vie, selon le patient, sont les idées délirantes et la dimension perte
d’intérêt de l’apathie. Selon leurs aidants, les troubles qui retentissent le
plus sur la qualité de vie du patient sont la dépression, l’irritabilité,
l’apathie et le stress de l’aidant face à l’irritabilité. Les symptômes
délirants sont ressentis par les patients comme étant les plus anxiogènes,
et ainsi affectant le plus leur qualité de vie. Pour leurs aidants, la
dépression et l’irritabilité sont les plus anxiogènes pour les patients,
avec un retentissement plus important sur la qualité de vie.
La présence de SPCD est également un facteur indépendant favorisant
le risque de chute chez les patients MA en institution, ce qui favorise
les hospitalisations et impacte la qualité de vie (1 147 résidents suivis
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P OUR L’ ENTOURAGE
Fardeau
!
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et les idées délirantes sont les symptômes les plus anxiogènes pour
la famille (Fauth and Gibbons 2013). Une autre étude récente montre
que les SPCD les plus anxiogènes (toutes démences confondues) sont
les symptômes psychotiques, les troubles de l’humeur, ainsi que la
somnolence diurne (Lee et al., 2013). Les démences à corps de Lewy
(DCL) et liées à la maladie de Parkinson seraient en revanche plus
grandes pourvoyeuses de stress pour l’aidant que la MA et la démence
vasculaire. Pour Huang (Huang et al., 2012), les symptômes les plus
anxiogènes sont respectivement l’agitation, l’anxiété, l’irritabilité et la
dépression dans une population taïwanaise. Une étude récente chilienne
montre que les aidants familiaux ressentent un fardeau important lié à
la supervision d’un patient MA (63 % d’une population de 290 aidants),
entraînant même des symptômes psychiatriques chez ces derniers (47 %)
(Slachevsky et al., 2013). Une équipe japonaise s’est s’intéressée à
l’estimation du temps d’aide active et de supervision apporté à la
personne malade, qui augmente avec la présence de SPCD (Okura and
Langa 2011). L’étude rapporte que les patients qui présentent un ou
deux symptômes nécessitent 10 heures d’aide active et 12,4 heures de
supervision de plus que des patients sans SPCD. Les patients avec trois
symptômes ou plus reçoivent en moyenne 18,2 heures d’aide active
et 28,7 heures de supervision supplémentaires comparativement aux
patients ne présentant pas de SPCD. Les troubles qui demandent le plus
de temps à l’aide ou à la supervision de la part de l’aidant sont l’agitation,
les comportements moteurs aberrants et la désinhibition.
Les résultats issus de l’étude de cohorte REAL.FR ont montré que la
moitié des aidants supporte un fardeau élevé lié à la présence d’un patient
MA (Andrieu et al., 2003). Les facteurs, liés à l’aidant et aux patients,
qui sont le plus associés à un fardeau élevé ont été décrits. Concernant
Retentissement 17
l’aidant lui-même, le fardeau est plus élevé chez les femmes et si les
aidants font appels à des aides médicales extérieures. Le fardeau est
également plus important lorsque le patient est plus âgé, qu’il est à un
stade plus sévère de la maladie, qu’il présente une détérioration cognitive
plus importante, des SPCD plus fréquents et plus graves et enfin une
autonomie plus limitée. Néanmoins, les auteurs avancent l’idée que le
fardeau est plus associé aux SPCD qu’aux incapacités à effectuer des
actes de la vie quotidienne. L’étude de Benoît et al., rapporte également
qu’après un an de suivi, la variation des SPCD est corrélée positivement
avec la charge ressentie, le fardeau de l’aidant, et que cette corrélation
reste significative même après avoir contrôlé les variations du niveau
cognitif des patients (Benoît et al., 2005). Il apparaît donc qu’à un
niveau de sévérité de déficit cognitif équivalent, les sujets avec SPCD
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représentent un fardeau plus important pour l’aidant que les sujets sans
SPCD. Une étude plus récente apporte également des éléments en accord
avec cette conclusion, à savoir que le fardeau de l’aidant n’est pas
fortement associé au degré de perturbation cognitive des patients mais
plutôt à la présence de SPCD (Rosdinom et al., 2013).
D’autres travaux ont porté sur l’évaluation de ce fardeau par des
aidants professionnels en institution. Les résultats amènent l’idée que la
présence de SPCD tels que l’agressivité, des cris, ainsi qu’un bas niveau
d’autonomie sont significativement corrélés avec un fardeau important de
l’aidant. De manière plus générale, les études apportent des éléments sur
le lien positif entre les SPCD, la perte d’autonomie et la charge ressentie
par l’aidant professionnel (Mintzer et al., 2000 ; Miyamoto et al., 2010).
Les SPCD seraient associés au fardeau de l’aidant mais également
à une détresse psychologique et à des troubles dépressifs chez l’aidant
(Black et Almeida, 2004).
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l’aidant est la présence d’idées délirantes, bien qu’il ne soit pas le trouble
évalué comme étant le plus sévère et fréquent. De la même manière, les
SPCD les plus fréquents ou les plus sévères (trouble de l’appétit, apathie)
ne sont pas ceux qui induisent le plus de détresse chez l’aidant.
Il en est de même concernant la qualité de vie des aidants : la
qualité de vie de l’aidant est directement corrélée au profil clinique
comportemental du malade. Plus précisément, selon les symptômes,
la fréquence et la gravité du symptôme ne sont pas systématiquement
associées à un retentissement d’intensité équivalente par l’entourage. Par
exemple, certains symptômes peuvent être évalués dans leur sévérité
comme étant faible, alors que l’impact émotionnel est élevé et corrélé
à un faible niveau de qualité de vie (agitation et apathie). D’autres, tels
que les hallucinations, l’exaltation, la désinhibition, peuvent être sévères
et fréquents et être associés à une qualité de vie faible alors que le stress
qu’ils induisent est faible (Camus et al., 2009). De plus, il apparaît qu’une
dégradation de l’état mental de l’aidant est corrélée avec une diminution
de la qualité de vie du patient (Banerjee et al., 2006).
Certains travaux se sont intéressés à la qualité de sommeil des aidants.
Ces études suggèrent que les aidants ont plus de problèmes de sommeil
que les non-aidants. Ces études, qui mesurent la qualité de sommeil,
mettent en évidence le fait que l’âge, les perturbations cognitives de
l’aidé, le temps d’aide pendant la nuit affectent la qualité de sommeil de
l’aidant (Beaudreau et al., 2008). D’autres travaux ont, quant à eux,
pu établir le lien entre les troubles du sommeil des aidants et leurs
symptômes dépressifs : il semble que les symptômes dépressifs les
plus sévères chez les aidants soient associés à un sommeil peu efficient
(Bicket et al., 2010).
Retentissement 19
En résumé, il est donc admis que les SPCD sont associés à la détresse
psychologique, à la dépression de l’aidant, et sont considérés comme
facteurs prédictifs du fardeau, de la détresse et de la dépression de
l’aidant.
CE QU ’ IL FAUT RETENIR
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! Les SPCD augmentent la détresse psychologique et induisent des symp-
tômes dépressifs chez les aidants.
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PARTIE II
SPCD...leur présentation
clinique
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Chap. 3 Symptômes psychotiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
Chap. 4 Comportements perturbateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
Chap. 5 Symptômes affectifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
Chap. 6 Apathie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
Chap. 7 Autres symptômes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
22 SPCD... LEUR PRÉSENTATION CLINIQUE
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Chapitre 3
Symptômes psychotiques
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P RÉAMBULE
Parmi les troubles psychotiques de la personne âgée, ceux secondaires
aux démences sont les plus fréquents, devant les états thymiques délirants,
puis les psychoses évoluées de l’adulte (notamment schizophrénie), et
enfin les délires liés à des troubles cérébro-vasculaires ou à des désaffé-
rentations sensorielles (Pancrazi et Metais, 2003). Toutes les démences
peuvent s’accompagner de troubles psychotiques, que ce soient des
idées délirantes, des hallucinations ou des troubles de l’identification
perceptive. Les éléments délirants dans la démence sont habituellement
moins complexes et organisés que dans les pathologies psychotiques
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Hallucinations
!
S ÉMIOLOGIE
Les idées délirantes
!
plusieurs idées qui fait le lit du délire, entraînant ainsi des désordres émo-
tionnels (angoisse, colère, euphorie...) et comportementaux (agitation,
repli, désinhibition...). Les idées délirantes se caractérisent en fonction
de :
" leurs thèmes (persécution, préjudice, culpabilité, mystique...) ;
" leurs mécanismes (interprétation, hallucination, illusion, intuition et
imagination) ;
" leur degré d’adhésion qui peut aller d’une conviction inébranlable à
une adhésion partielle où certaines convictions laissent alors place au
doute ;
" leur systématisation, c’est-à-dire la cohérence intrinsèque au récit
délirant ;
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" la participation affective qui y est associée, pouvant être plus ou
moins congruente au délire. Elles à différencier des confabulations
qui, dans le cas des démences, peuvent venir compenser des oublis,
mais auxquelles n’est pas associé de degré de conviction pathologique.
Les hallucinations
!
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Les délires d’identification perceptive
!
Syndrome de Fregoli
Syndrome d’intermétamorphose
Conviction délirante que les personnes proches du malade échangent
leurs identités et leurs apparences, se remplaçant les uns les autres
comme sous l’effet d’un tour de magie, généralement dans une intention
malveillante. L’apparence physique d’une personne est alors perçue
comme celle d’une autre.
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Autres formes de trouble de l’identification
" Le syndrome du compagnon imaginaire s’observe après le décès du
conjoint et serait une forme de délire adaptatif.
" Le trouble de l’identification de soi ou syndrome du miroir est la
non-reconnaissance de son image dans un miroir.
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de se rappeler avec précision l’emplacement d’objets usuels. Cette
forme serait la plus fréquente.
" Le patient croit occuper un domicile qui n’est pas le sien, car le patient
ne se rappelle pas ou ne reconnaît pas son domicile, pouvant amener
les patients à quitter leur propre domicile.
" Le conjoint est perçu comme un imposteur
" Un sentiment d’abandon, allant jusqu’au sentiment de conspiration
visant à placer le sujet en institution.
" Un sentiment d’infidélité de la part du conjoint.
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Dans la démence à corps de Lewy
!
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également été rapportée chez les patients DCL, qui seraient plus enclins
à expérimenter la survenue d’hallucinations visuelles, ainsi qu’un niveau
d’anxiété plus important (Thaipisuttikul et al., 2013). Les phénomènes
hallucinatoires dans la DCL peuvent plus volontiers être associés à
des perturbations du sommeil paradoxal (REM-behavior disorders), au
cours desquelles le sujet a le sentiment de vivre pleinement ses rêves et
cauchemars, ce qui peut entraîner une agitation nocturne importante. Ces
perturbations s’observent fréquemment dans la DCL et dans la démence
parkinsonienne, mais sont très rares au cours de la MA.
Des symptômes psychotiques, notamment des hallucinations visuelles
(10 % à 40 % des cas) et des idées délirantes (10 % à 20 % des cas) (Aars-
land et al., 2003), peuvent s’observer dans la maladie de Parkinson, par-
ticulièrement durant un traitement pharmacologique anti-parkinsonien
(Papapetropoulos et Mash, 2005). La démence parkinsonienne s’installe
au cours de l’évolution de la maladie de Parkinson dans plus de 40 %
des cas (Aarsland et al., 2003). Le syndrome démentiel apparaît donc
des années après l’installation du syndrome extrapyramidal, contraire-
ment à la DCL où le syndrome extrapyramidal s’installe de manière
concomitante au syndrome démentiel, voire lui succède (McKeith et al.,
2005). Il peut être difficile de distinguer les symptômes psychotiques
imputables à la maladie elle-même, de ceux induits par les médicaments
anti-parkinsoniens. Le risque d’apparition augmente après l’introduction
ou le changement de posologie du médicament (Aarsland et al., 2003).
Dans la démence parkinsonienne, les hallucinations sont relativement
similaires à celles de la DCL.
Symptômes psychotiques 31
CE QU ’ IL FAUT RETENIR
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moins complexes et durables que dans les pathologies psychiatriques.
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Chapitre 4
Comportements perturbateurs
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P RÉAMBULE
Avec l’évolution de la pathologie, les SPCD prédominants changent.
En effet, selon Srikanth et collaborateurs, l’agitation, la désinhibition
et l’irritabilité sont les symptômes les plus fréquemment observés aux
stades plus sévères, bien qu’ils soient observables au stade léger et
même chez les sujets présentant un trouble cognitif léger (Srikanth et
al., 2005). Les SPCD dits « perturbateurs » doivent se concevoir comme
la conséquence d’une situation d’inconfort physique, psychologique ou
somatique, difficilement verbalisable pour un sujet présentant un état
démentiel.
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A GITATION / AGRESSIVITÉ1
Les questions spécifiques du NPI-C
!
Agitation
1. Le patient est-il agacé par les personnes qui essayent de s’occuper
de lui ? S’oppose-t-il à certaines activités comme prendre un bain ou
changer de vêtements ?
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9. Le patient a-t-il une allure nerveuse ou coléreuse qui d’une certaine
façon change par rapport au comportement général ?
10. Le patient essaie-t-il d’une manière agressive de quitter la résidence
ou de se rendre dans un endroit différent (par exemple une chambre) ?
11. Patient tente-t-il d’utiliser d’une manière inappropriée le téléphone
dans une tentative pour recevoir de l’aide des autres ?
12. Patient amasse-t-il des objets ?
13. Patient cache-t-il des objets ?
Agressivité
1. Le patient crie-t-il ou jure-t-il avec colère ?
2. Le patient fait-il claquer les portes, donne des coups de pieds dans les
meubles ou lance-il des objets ?
3. Le patient essaie-t-il de frapper les autres ou de leur faire du mal ?
4. Le patient empoigne-t-il, pousse-t-il ou griffe-t-il les autres ?
5. Le patient polémique-t-il d’une manière déraisonnable ou inhabi-
tuelle ?
6. Le patient est-il intrusif comme en prenant la possession des autres ou
en entrant dans la chambre des autres d’une manière inappropriée ?
7. Le patient est-il en conflit ouvert ou voilé avec l’équipe ou les autres ?
8. Le patient essaie-il de faire des choses dangereuses comme allumer
une allumette ou grimper sur une fenêtre ?
Comportements perturbateurs 35
Données sémiologiques
!
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sentiment d’inconfort pour la personne atteinte de démence (Cohen-
Mansfield, 2008). Une des premières définitions cliniques de l’agitation
a été proposée par Cohen-Mansfield, comme étant une activité verbale,
vocale ou motrice inappropriée ne résultant pas directement d’un besoin
ou d’un état de confusion (Cohen-Mansfield et Billig, 1986). Clinique-
ment, l’agitation peut se manifester par une opposition dans les soins ou
un manque de coopération, un refus de prendre les traitements, des cris,
des insultes, voire des coups à l’égard de l’entourage. Cohen-Mansfield
identifie quatre sous-types d’agitation (tableau 4.1).
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tention, questions répétitives, négativisme) ;
" dissimulation ou accumulation d’objets.
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hyperthyroïdie, sepsis, causes intracrâniennes (méningite, hématome
intracrânien, tumeur), causes iatrogènes (corticoïdes, hormones
thyroïdiennes, anticholinergiques, diurétiques), sevrage éthylique
brutal ou sevrage médicamenteux (arrêt brutal d’un traitement par
benzodiazépines).
" Origines psychologiques : trouble anxieux et/syndrome dépressif en
lien avec des perturbations ou changements dans l’environnement de
vie habituel, symptômes psychotiques (état délirant, hallucinations),
excitation hypomaniaque ou maniaque, deuil récent.
I RRITABILITÉ1
Les questions spécifiques du NPI-C
!
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5. Le patient est-il grincheux et irritable ?
6. Le patient cherche-t-il les disputes et est difficile à vivre ?
7. Le patient est-il excessivement critique à propos des autres ?
8. Le patient exprime-t-il d’une façon ouverte des conflits avec des amis,
de la famille et/ou l’équipe soignante ?
9. Le patient est-il en pleurs ou pleure-il souvent et d’une manière
imprévisible ?
10. Le patient présente-il des changements d’humeur soudain ?
11. Le patient se plaint-il fréquemment ?
12. Le patient a-t-il arrêté de présenter de la joie ou de la gaieté en
réponse aux activités journalières ?
Données sémiologiques
!
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par des éléments externes, alors qu’irritabilité, sentiment de colère
et agressivité étaient généralement exclusivement réactionnels à un
événement externe (Craig et al., 2008). Pour Craig, l’irritabilité peut se
définir comme un état d’humeur, prédisposant à certaines émotions (par
exemple, la colère), certaines cognitions (par exemple, une appréciation
hostile), certaines actions (par exemple, l’agression), et qui serait subjec-
tivement déplaisant et objectivement caractérisé par l’expression d’émo-
tions négatives dans les relations interpersonnelles. D’autres auteurs
ont distingué irritabilité et agressivité, du fait notamment de l’absence
d’intention de faire mal ou de blesser dans l’irritabilité (Cerqueira et
al., 2010). Safer et al. distinguent l’irritabilité— qui est une réponse
émotionnelle physiologique à un stimulus provoquant — de la colère –
qui est une réaction cognitive à une circonstance « aversive » pouvant
aller du mécontentement à la rage (Safer, 2009).
Les manifestations cliniques peuvent donc être variées : énervement,
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(Siddique et al., 2009). Dans la MA, il a été montré que le métabolisme
dopaminergique cérébral était diminué d’environ 30 %-40 % (Siddique
et al., 2009), ce qui pouvait également expliquer, au moins partiellement,
la survenue de modifications comportementales telles que l’agitation et
l’irritabilité. La présence de modifications comportementales (irritabilité,
agitation psychomotrice et insomnie) a été constatée chez des sujets
parkinsoniens après traitement chirurgical par stimulation cérébrale
profonde des noyaux sous-thalamiques, suggérant l’implication de ces
structures dans les voies neuronales associées à la survenue d’irritabilité
(Merello et al., 2009).
D ÉSINHIBITION1
Les questions spécifiques du NPI-C
!
6. Le patient prend-il des libertés, touche les gens ou les prend-il dans
ses bras d’une façon qui lui ressemble peu ?
7. Le patient s’habille-t-il ou se déshabille-t-il dans des endroits inappro-
priés ou s’exhibe-t-il ?
8. Le patient a-t-il une faible tolérance à la frustration ou est-il impa-
tient ?
9. Le patient se comporte-t-il d’une façon qui est socialement inap-
propriée pour la situation comme de parler durant une cérémonie
religieuse ou de chanter au moment du repas ?
10. Le patient semble-t-il manquer de jugement social à propos de ce
qu’il faut dire ou de la façon dont il faut se comporter ?
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11. Le patient insulte-t-il les autres ?
12. Le patient semble-t-il incapable, réticent à contrôler son appétit ?
13. Le patient semble-t-il conscient mais pas concerné à propos du fait
que ses paroles ou actions affectent les autres ?
14. Le patient va-t-il aux toilettes dans des endroits inappropriés (non
dû à l’incontinence) ?
15. Le patient demande-t-il de l’attention sans respect pour les autres ?
16. Le patient prend-t-il des choses aux autres.
Données sémiologiques
!
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nombreux et précis. Il se rattache plus volontiers au cadre nosologique
de la démence fronto-temporale.
V OCALISATIONS ABERRANTES1
Les questions spécifiques du NPI-C
!
1. Le patient fait-il des bruits étranges comme des rires étranges ou des
gémissements ?
2. Le patient crie-t-il ou hurle-t-il bruyamment, apparemment sans
raison ?
3. Le patient parle-t-il excessivement ?
4. Le patient a-t-il des demandes ou des plaintes répétitives ?
5. Le patient injurie-t-il ou utilise-t-il un langage obscène ou menaçant ?
6. Le patient fait-il des avances sexuelles verbales ?
7. Le patient a-t-il des éclats verbaux fréquents ?
8. Le patient participe-t-il aux conversations avec les autres, même si la
conversation est absurde ou difficile à comprendre ?
Aspects cliniques
!
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pées sous le terme de « vocalisations aberrantes » (VA), qui sera utilisé
dans ce chapitre pour décrire tout comportement ressenti comme une
nuisance sonore auprès des autres patients, des aidants familiaux et
professionnels.
Les VA sont moins décrites que les autres SPCD et sont souvent
regroupées avec l’agitation et l’agressivité. En institution, les VA
affectent 10 % à 40 % de la population âgée et 5 à 10 % des patients
déments présentent de véritables cris (Cohen-Mansfield et al.,1990),
mais bien plus expriment des gémissements, marmonnements ou des
paroles répétitives.
Parmi les facteurs associés à la survenue de VA, on retrouve :
" Des facteurs de personnalité : une personnalité rigide, introvertie avec
une faible propension à exprimer ses émotions, semble plus vulnérable
aux VA (Holst et al., 1997).
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Retentissement
!
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lieux publics, attouchements sur le personnel soignant) ou d’agressions
verbales ou physiques à l’égard du conjoint. Leur prévalence serait
variable, entre 2 % et 17 % (Stubbs, 2011). Ils appartiennent princi-
palement au cortège des symptômes observables dans le syndrome
frontal et se rattachent au domaine « désinhibition » du NPI-C. Ils sont
d’ailleurs plus fréquemment rapportés dans la démence fronto-temporale
que dans la MA, sous le terme d’hypersexualité, avec la notion que les
patients présentent une exacerbation de leurs intérêts sexuels (incluant
une augmentation de l’activité sexuelle), d’excitation sexuelle pour des
stimuli légers ou non excitants au préalable (Mendez et Shapira, 2013).
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Chapitre 5
Symptômes affectifs
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Renaud David
Anxiété
!
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3. Y a-t-il despériodes pendant lesquelles le patient a (ou se plaint
d’avoir) le souffle coupé, il cherche son souffle ou soupire sans autre
raison apparente que sa nervosité ?
4. Le patient se plaint-il d’avoir l’estomac noué, des palpitations ou le
cœur qui cogne du fait de sa nervosité (symptômes non expliqués par
des problèmes de santé) ?
5. Le patient évite-t-il certains endroits ou certaines situations qui le
rendent plus nerveux comme circuler en voiture, rencontrer des amis
ou se trouver au milieu de la foule ?
6. Le patient est-il nerveux ou contrarié lorsqu’il est séparé de vous (ou
de la personne qui s’occupe de lui) ?
7. Le patient parle-t-il de sensation de terreur ou agit-il comme s’il était
effrayé ?
8. Le patient a-t-il des expressions d’inquiétude ?
9. Le patient fait-il des déclarations répétées ou des commentaires à
propos de quelque chose de mauvais qui va arriver ?
10. Le patient exprime-t-il une inquiétude ou des préoccupations à
propos de sa santé ou de ses fonctions corporelles, inquiétudes qui ne
sont pas justifiées ?
11. Le patient se met-il en larme d’inquiétude ?
12. Le patient a-t-il des peurs non réalistes à propos du fait d’être seul
ou d’être abandonné(e) ?
13. Le patient répète-t-il des questions à propos de ce qu’il devrait faire
ou où il devrait aller ?
Symptômes affectifs 49
Exaltation de l’humeur/euphorie
!
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à rire sottement ou de façon déplacée (lorsqu’une personne est victime
d’un incident malheureux par exemple) ?
4. Le patient raconte-t-il des blagues ou fait-il des réflexions qui ne font
rire personne sauf lui ?
5. Le patient fait-il des farces puériles telles que pincer les gens ou
prendre des objets et refuser de les rendre juste pour s’amuser ?
6. Le patient se vante-t-il ou prétend-il avoir plus de qualités ou de
richesses qu’il n’en a en réalité ?
Dépression
!
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7. Sentiments d’inutilité ou de culpabilité excessive (qui peut être délirante),
presque tous les jours
8. Difficultés de concentration, ou à prendre des décisions, presque tous les
jours (décrit par le patient, ou par un observateur du patient)
9. Pensées de mort ou de suicide récurrentes, ou plan suicidaire, ou tentative
de suicide
Le trouble provoque une souffrance significative, et n’est pas mieux expliqué
par un autre trouble médical ou psychiatrique
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Estime de soi Préservée Atteinte
Idées suicidaires Pour rejoindre le défunt Pour arrêter de souffrir, ou
secondaire à culpabilité
Trouble bipolaire
!
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Le trouble provoque une souffrance significative, et n’est pas mieux expliqué
par un autre trouble médical ou psychiatrique.
Anxiété
!
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Atypicité
!
Une des caractéristiques des symptômes affectifs chez le sujet âgé non
dément, et notamment des symptômes de la dépression, est l’importance
d’une sémiologie atypique par rapport aux descriptions cliniques habi-
tuelles du sujet adulte plus jeune. Les formes dites « masquées » sont
fréquemment retrouvées (Clément, 2009) et comportent une expressivité
plus souvent somatique que psychologique. L’expression de somatisa-
tions (douleurs musculaires ou ostéo-articulaires, symptômes gastro-
intestinaux, ainsi qu’une présentation hypocondriaque) doit faire recher-
cher un état dépressif, même si l’existence de comorbidités somatiques
est naturellement plus fréquente avec l’avancée en âge. Outre la présence
de symptômes somatiques, l’aspect « masqué » de la dépression peut
s’expliquer par l’expression d’autres symptômes psychologiques, moins
typiques pour la dépression : hostilité avec irritabilité et agressivité ;
accès anxieux répétés avec demandes itératives de supervision, refus de
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Plainte cognitive
!
Par ailleurs, chez le sujet âgé, une plainte mnésique peut être la princi-
pale demande et conduire à un diagnostic erroné de début de démence
(APA, 2013). Le traitement antidépresseur conduisant à l’amélioration
symptomatique permettra alors également une disparition des plaintes
54 SPCD... LEUR PRÉSENTATION CLINIQUE
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la personne âgée, où le décès concerne le plus souvent le partenaire. Cela
est bien souvent vécu comme une perte irremplaçable et offrir d’autres
opportunités de soutien émotionnel que le conjoint est donc important.
Le décès peut faire suite à une longue maladie, parfois accueillie comme
un soulagement, mais qui peut aussi faire le lit de ruminations et de
culpabilité d’avoir parfois souhaité le décès du conjoint, la charge étant
trop importante (Miller, 2012). On peut espérer qu’en n’excluant pas
systématiquement les situations de deuil du diagnostic de dépression et
en laissant donc plus de marge de décision au clinicien, les sujets âgés
bénéficieront d’une meilleure prise en charge. Il convient néanmoins de
rester attentif à ne pas médicaliser la tristesse humaine normale.
Trouble bipolaire
!
Troubles anxieux
!
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généralisé qui est le plus courant. Dans les troubles anxieux du sujet
âgé, notamment l’agoraphobie et le trouble anxieux généralisé, les
ruminations anxieuses peuvent être centrées sur la crainte pour la sécurité
du patient, et plus particulièrement sur la peur de tomber (Lenze et
Wetherell, 2011 ; APA, 2013).
La plupart des patients âgés souffrant de trouble anxieux généralisé
ne sont pas diagnostiqués par le médecin traitant, et seulement un tiers
d’entre eux recevraient un traitement adapté (Bland, 2012). Les effets
de taille des traitements sont faibles et on observe fréquemment des
réponses partielles.
Les sujets âgés auraient tendance à nier se sentir anxieux ou tristes
et présenteraient plus facilement une insomnie, une irritabilité, une
agitation et de multiples plaintes somatiques. Il existe un risque important
de confondre un trouble anxieux et une pathologie organique ou iatrogène
(Schneider et Heuft, 2012). Le tableau 5.2 présente certains éléments
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Les symptômes anxieux sont un effet Pas de nouveau traitement institué
secondaire connu d’un traitement récemment.
récemment débuté.
Le patient prend de nombreux Le patient prend relativement peu de
traitements (polymédication). traitements.
Les symptômes anxieux ont eu un Le patient a connu un événement de vie ou
début brutal, sans événement de vie un changement important dans son mode
associé. de vie.
Absence d’antécédent psychiatrique et Le patient présente un ou plusieurs
de facteurs de risques psychiatriques. facteurs de risques de troubles anxieux
(score de neuroticisme élevé par exemple).
Syndrome de glissement
!
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Dépression
!
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la dépression, quelle que soit l’origine de la pathologie démentielle
sous-jacente (Lebedev et al., 2014).
À l’opposé, la dépression peut aussi se concevoir comme une réponse
adaptative à la survenue des troubles cognitifs. Le rôle des facteurs
vasculaires pourrait également être fortement impliqué dans la genèse du
syndrome démentiel, car ils sont fréquemment associés aux éléments
dépressifs, et les formes de MA dites « pures » (i.e sans éléments
vasculaires associés) sont finalement relativement rares. La dépression
à début tardif serait d’ailleurs plus fréquemment observée dans la
démence vasculaire que dans la MA (Diniz et al., 2013). Cependant,
des travaux récents ont montré que la présence de symptômes dépressifs
augmentait le risque de déclin cognitif, indépendamment des effets liés
aux modifications de la substance blanche d’origine vasculaire (Verdelho
et al., 2013).
Les symptômes dépressifs sont fréquents en début d’évolution de
la MA et sont probablement plurifactoriels : d’une part, une origine
lésionnelle cérébrale en lien avec la pathologie neurodégénérative, entraî-
nant notamment une atteinte des régions limbiques ; d’autre part, une
origine réactionnelle liée à la prise de conscience par le patient de ses
difficultés cognitives. Il convient de préciser, par ailleurs, que la présence
de symptômes dépressifs chez le sujet MA s’observe plus fréquemment
que la survenue d’épisode dépressif majeur caractérisé.
La présentation clinique peut varier d’un sujet à l’autre (forme hostile,
forme masquée) et il est important de pouvoir rechercher des signes
indirects tels qu’un ralentissement psychomoteur, des comportements
d’opposition avec irritabilité et hostilité, ainsi que des perturbations du
sommeil et de l’appétit. Cependant, avec l’évolution de la démence et
l’émergence d’autres symptômes (majoration du syndrome apathique,
Symptômes affectifs 59
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dépressif présente une indifférence aux émotions positives, mais reste
très sensible aux émotions négatives. De même, le début des troubles est
classiquement plus net et plus facile à retracer dans le cas des symptômes
dépressifs, alors que les symptômes en lien avec l’apathie sont généra-
lement d’apparition plus lente, plus insidieuse (lorsqu’ils sont associés
à une MA, car un syndrome apathique peut être d’apparition brutale
suite à un événement vasculaire cérébral). L’existence d’antécédents
de dépression est aussi plus fréquemment retrouvée devant un épisode
dépressif évolutif (même s’il existe des états dépressifs d’apparition
tardive sans antécédents thymiques pendant la période adulte) que devant
un syndrome apathique évolutif (Clément, 2009).
Les SPCD les plus fréquemment associés à la dépression dans la MA
sont l’agitation, l’anxiété et l’irritabilité (Prado-Jean et al., 2010).
Exaltation
!
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Dans le trouble bipolaire, un questionnement demeure concernant
les liens avec la démence. En effet, les patients souffrant de trouble
bipolaire sont plus fréquemment atteints de démence (Tsai et al., 2007).
L’hypothèse d’une neurotoxicité des épisodes thymiques est fréquem-
ment formulée, mais il est également possible que la démence s’exprime
initialement sous une forme de pseudo-trouble bipolaire. De plus, les
patients souffrant de trouble bipolaire sont plus à risque d’accident vas-
culaire cérébral (Vasudev et Thomas, 2010). Enfin, dans une population
de patients souffrant de trouble bipolaire et traités par lithium, le taux de
démence revient à celui de la population des sujets âgés (Kessing et al.,
2008).
Anxiété
!
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existe un manque d’outils permettant de discriminer ce qui relève de
la pathologie psychiatrique pure ou d’une pathologie démentielle. Ce
paragraphe propose, d’abord, de rapporter quelques notions concernant
la physiopathologie de l’état dépressif à l’âge adulte. Ensuite, les
données de neuro-imagerie existantes dans le domaine plus spécifique
de la dépression du sujet âgé seront abordées. Enfin, des potentiels
bio-marqueurs, pouvant constituer de bons outils dans le diagnostic dif-
férentiel entre l’état dépressif et les démences (la MA), seront présentés.
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de boucles cortico-sous-corticales fronto-striato- limbiques (Naismith,
Norrie, Mowszowski, Hickie, 2012). Du point de l’imagerie structurale,
les travaux de Lloyd ont montré que le volume de l’hippocampe est
corrélé de façon négative avec l’âge de début du trouble dépressif,
les patients ayant un âge de début tardif de la dépression avaient un
volume hippocampique plus faible que les patients avec début pré-
coce ou les sujets contrôles (Lloyd, Ferrier, Barber, Gholkar, Young,
O’Brien, 2004). En outre, des atrophies au niveau striatal (noyau caudé
et putamen) ont été décrites dans une population de sujets âgés déprimés
(Krishnan, 1993 ; Parashos, Tupler, Blitchington, Krishnan, 1998). De
plus, il a été retrouvé, dans un petit échantillon de dix-neuf sujets
âgés déprimés, une atrophie bilatérale de la substance grise du CCA
ainsi qu’au niveau du cortex orbito-frontal (Ballmaier, Toga, Blanton,
Sowell, Lavretsky, Peterson et al., 2004). Enfin, des hyperintensités de
la substance blanche ont été observées chez 65,9 % des patients avec
un début précoce de la maladie dépressive alors qu’elles ont été décrites
chez 93,7 % des patients souffrant de dépression à début tardif (après
65 ans) (Fujikawa, Yamawaki, Touhouda, 1993). Ces hyperintensités,
d’origine cérébro-vasculaire, sont constatées plus fréquemment chez le
sujet âgé déprimé, ayant un taux de comorbidité cardio-vasculaire plus
important, et exposent à un faible taux de réponse aux antidépresseurs
(Naismith, Norrie, Mowszowski, Hickie, 2012 ;Smith, Gunning-Dixon,
Lotrich, Taylor, Evans, 2007 ; Disabato, Sheline, 2012).
Du point de vue de l’imagerie fonctionnelle, les données actuelles de
la littérature font état d’anomalies similaires à celles du sujet déprimé non
âgé, à savoir une hypoactivation du cortex préfrontal dorsolatéral et une
hyperactivation amygdalienne (Gunning, Smith, 2011). Ces anomalies
sont normalisées lors de la réponse aux antidépresseurs. Il a été néan-
moins souligné l’hypothèse que le sujet âgé déprimé pouvait avoir des
Symptômes affectifs 63
des démences ?
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Dans une revue de la littérature, Schneider et al.(Schneider, Prvulovic,
Oertel-Knöchel, Knöchel, Reinke, Grexa et al. 2011), ont proposé de
définir des bio-marqueurs permettant de faire le diagnostic différentiel
entre une dépression du sujet âgé et la maladie d’Alzheimer (démence
fréquente et souvent co-occurrente d’un tableau dépressif). Elle propose
de définir des bio-marqueurs positifs pour l’épisode dépressif et des
bio-marqueurs positifs d’une pathologie neurodégénérative (Schneider,
Prvulovic, Oertel-Knöchel, Knöchel, Reinke, Grexa et al. 2011). Les
conclusions font état qu’il n’existe pas à ce jour de biomarqueurs suffi-
samment robustes pour diagnostiquer l’état dépressif du sujet âgé. Une
façon de faire le diagnostic différentiel est d’utiliser les bio-marqueurs
connus et validés des pathologies neurodégénératives (par exemple,
l’atrophie hippocampique ayant une sensibilité diagnostique de 93 % et
une spécificité de 84 % dans le diagnostic différentiel entre les patients
déprimés et ceux atteints d’une maladie d’Alzheimer (O’Brien, Desmond,
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CE QU ’ IL FAUT RETENIR
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pour la prise en charge d’un syndrome dépressif du sujet âgé dément.
Chapitre 6
Apathie
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L ES QUESTIONS SPÉCIFIQUES DU NPI-C
1. Le patient semble-t-il moins spontané ou actif que d’habitude ?
2. Le patient est-il moins enclin à engager une conversation ?
3. Par rapport à son état habituel, le patient se montre-t-il moins affec-
tueux ou manque-t-il de sentiments ?
4. Le patient participe-t-il moins aux tâches ménagères (corvées) ?
5. Le patient semble-t-il moins s’intéresser aux activités et aux projets
des autres ?
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D ONNÉES SÉMIOLOGIQUES
L’apathie appartient au cortège des symptômes comportementaux
dits négatifs, c’est-à-dire à expressivité clinique peu démonstrative, par
opposition aux symptômes positifs, comme les hallucinations, les idées
délirantes, qui sont facilement identifiables et reconnaissables, même
par un observateur peu averti. Le terme d’apathie appartient au sens
commun, souvent pour décrire un état d’insensibilité, d’indifférence,
d’absence de réaction, souvent accepté sans inquiétude par un sujet dont
les intérêts habituels sont amoindris (Tribolet, 2006). Il a cependant fait
l’objet de définitions scientifiques. Marin, en 1990, propose de considérer
l’apathie comme une absence primaire de motivation, non attribuable à
une diminution du niveau de conscience, un déficit intellectuel ou une
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détresse émotionnelle. En 1991, il propose une définition plus complète
de l’apathie, en tant que baisse de motivation par rapport à un niveau
de fonctionnement antérieur en distinguant différentes composantes,
comportementale, cognitive et émotionnelle lors de la réalisation d’un
comportement intentionnel (Marin, 1991). Plus récemment, d’autres
auteurs ont considéré l’apathie comme une réduction quantitative des
comportements volontaires et dirigés vers un but, comparativement à
l’état habituel du sujet, et non pas comme la conséquence clinique
d’une perte de motivation. En effet, ils pensent que la définition de
l’apathie fondée sur une diminution de la motivation, comme l’a suggéré
initialement Marin, est problématique pour plusieurs raisons (Levy et
Dubois, 2005 ; Levy et Czernecki, 2006) :
! la motivation est un concept psychologique, pour lequel, différentes
théories, comportementale et sociale, ont été proposées. Il est donc
difficile de proposer une définition consensuelle de la motivation et de
la transférer au niveau psychopathologique ;
! la perte de motivation est une interprétation psychologique d’un état
comportemental.
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Pour Levy et Dubois, l’apathie apparaît lorsque les systèmes générant
et contrôlant les actions volontaires (ou dirigées vers un but) sont altérés,
à savoir l’axe formé par le cortex préfrontal et les ganglions de la base.
Il convient de préciser, toutefois, que d’autres descriptions cliniques
d’entités syndromiques proches de l’apathie, mais désignées sous un
vocable différent, ont été rapportées dans diverses atteintes neuro-
logiques, démentielles, psychiatriques, toxiques et iatrogènes (perte
d’auto-activation psychique, mutisme akinétique, athymhormie, aboulie,
anhédonie). À ce titre, l’aspect « transnosologique » de l’apathie rappelle
que le concept d’apathie n’est pas universellement adopté par l’ensemble
de la communauté scientifique et médicale.
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cliniques communs entre apathie et dépression (Boyle et Malloy, 2004),
ces deux entités se différencient d’un point de vue conceptuel : l’apathie
est un trouble primaire de la motivation, alors que la dépression est avant
tout un trouble de l’humeur (Marin et al., 1993 ; Marin et al., 1994).
D’un point de vue pathogénique, apathie et dépression ont des voies
neurologiques distinctes, comme cela a été décrit dans différentes études
d’imagerie cérébrales. Les termes d’aboulie et d’anhédonie ont, par
ailleurs, souvent été rattachés au syndrome dépressif, alors que l’analyse
sémiologique de ces syndromes, telle qu’elle est rapportée dans la
littérature, retrouve de nombreux aspects cliniques décrits dans l’apathie.
L’aboulie correspond, littéralement, à diminution importante voire d’une
disparition de la volonté (du grec boul= volonté). Ce symptôme se traduit
cliniquement par une diminution de l’activité spontanée et du langage, un
temps de latence augmenté dans la réponse aux questions et aux autres
stimuli, une fatigue, ainsi qu’une aversion pour toute activité (Kumral
et al., 1999), ou bien une altération de la capacité à communiquer et
initier des comportements auto-régulés ayant un but (Marin, 1990). Selon
Bhatia, l’aboulie se définit également comme une apathie avec perte de
l’initiative, des pensées spontanées et des réponses émotionnelles (Bhatia
et Marsden, 1994). Fisher considère l’aboulie comme un trouble de la
motivation, comportant (Fisher 1983) :
! une diminution de la spontanéité de l’action et du langage ;
! un ralentissement moteur ;
! une bradyphrénie (ralentissement des processus de pensée, se mani-
festant par une diminution de l’attention et de l’initiative (Tribolet,
2006)) ;
! un déficit d’attention avec distractibilité accrue ;
Apathie 69
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physique et sociale) de Chapman (Chapman et al., 1976), permettant
d’identifier les sujets à risque pour les troubles affectifs. Le plaisir est
alors caractérisé par un affect fortement positif, par une anticipation
enthousiaste de l’expérience qu’il évoque, par le souvenir satisfaisant
de cette expérience et par le fait de vouloir faire un effort pour arriver
à cette expérience. Au niveau comportemental, il a été montré que les
sujets anhédoniques montraient moins d’intérêt, étaient moins expressifs
et réactifs face à des stimuli jugés positifs par des sujets contrôles
(Fitzgibbons et Simons, 1992 ; French et Schuldberg, 1994).
Il a été montré que l’apathie était le symptôme comportemental le plus
fréquent dès le stade de trouble cognitif léger (MCI), pouvant constituer
un stade intermédiaire pré-démentiel, et que les sujets MCI avec apathie
étaient plus à risque de développer une MA que les sujets sans apathie,
notamment chez les patients présentant une perte de l’intérêt, une des
trois composantes cliniques de l’apathie (perte d’initiative, perte d’intérêt,
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un intérêt dans l’amélioration des symptômes en lien avec l’apathie. Les
antipsychotiques sont également à l’origine d’un syndrome amotivation-
nel proche de l’apathie (Lewander, 1994). Parmi les agents susceptibles
d’être bénéfiques pour l’apathie, certains psychostimulants, comme le
methylphenidate, ont montré des résultats positifs sur l’apathie dans la
MA, notamment au cours d’essai randomisé versus placebo (Rosenberg
et al., 2013 ; Lanctot et al., 2014), mais les risques d’effets indésirables
comme l’agitation avec agressivité, des symptômes psychotiques ou de
recrudescence anxieuse sont probablement des facteurs limitatifs. De
même, les agonistes dopaminergiques sont à éviter en raison du risque
d’apparition d’éléments psychotiques.
CE QU ’ IL FAUT RETENIR
! Il s’agit d’un des SPCD les plus fréquents dans la démence, avec un
début souvent précoce, et un impact négatif sur l’évolution du syndrome
démentiel.
! L’apathie est souvent considérée, à tort, comme un état dépressif.
! Les modalités de prise en charge sont limitées. De plus, de nombreux psy-
chotropes (ISRS, antipsychotiques) majorent les symptômes de l’apathie.
Chapitre 7
Autres symptômes
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David Bensamoun
A PPÉTIT1
Les questions spécifiques du NPI-C
!
Données générales
!
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phénomènes inflammatoires en lien avec les perturbations hormonales.
L’anorexie, principal trouble de l’appétit, fait partie, pour certains
auteurs, du sous-groupe instinctuel (pulsionnel) des SPCD avec l’apathie
et les troubles du sommeil (Petrovic et al., 2007). La perte de poids
est un symptôme particulièrement sensible puisque certaines études la
retrouvent avant même l’apparition des premières atteintes cognitives
(Barrett-Connor et al., 1996 ; Stewart et al., 2005). Son impact est majeur
puisque la dégradation de l’état nutritionnel est directement corrélée à
une dégradation accélérée des fonctions cognitives (Guérin et al., 2005).
De plus, la dénutrition chez les sujets âgés est un facteur de risque
indépendant de mortalité hospitalière (Herrmann et al., 1992) et ambula-
toire (Raynaud-Simon et al., 2002), d’augmentation des durées de séjour
hospitalier (Sullivan et Walls, 1998), d’infection nosocomiale (Potter
et al., 1995), d’escarre (Berlowitz et Wilking, 1989), de fracture par
chute (Ensrud et al., 1997) et de dépendance (Galanos et al., 1994). Ceci
est d’autant plus remarquable qu’une récente méta-analyse montre que
la supplémentation orale des sujets déments améliore leurs paramètres
anthropomorphiques (poids et indice de masse corporelle), mais aussi
leur statut cognitif (Allen et al., 2013). Ainsi, le dépistage et la prise en
charge de la dénutrition des patients atteints de MA sont un enjeu majeur
pour ces patients afin de diminuer le poids de leurs comorbidités, mais
aussi et surtout d’améliorer leur qualité de vie. Plusieurs facteurs, dans
la MA, peuvent contribuer à la perte de poids, en raison principalement
de l’apport calorique : la plus grande difficulté d’accès à l’alimentation
du sujet MA (isolement social et perte d’autonomie), les perturbations
cognitives dysexécutives rendant la préparation des repas et les gestes liés
à l’alimentation plus difficiles, des modifications du goût et de l’odorat,
certaines modifications métaboliques en lien avec la régulation de
Autres symptômes 73
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rapide de nombreux paramètres nutritionnels du patient, cliniques mais
aussi d’environnement, permettant une orientation pour la prise en charge
à venir. Suite à cette évaluation, un diagnostic de dénutrition peut être
réalisé selon les critères émis par la Haute Autorité de santé en 2007
(HAS 2007) selon quatre catégories :
" patients normo-nourris (MNA > 23.5) ;
" patients à risque de malnutrition (17< MNA < 23.5) ;
" patients modérément dénutris (perte de poids : # 5 % en 1 mois, ou #
10 % en 6 mois ; indice de masse corporelle (IMC) < 21 ; albuminémie
1 < 35 g/l ; MNA global < 17) ;
" patients sévèrement dénutris (perte de poids # 10 % en 1 mois ou #
15 % en 6 mois ; IMC < 18 ; albuminémie < 30 g/l).
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pour l’amélioration de la survie ni pour l’amélioration de la qualité
de vie (Volkert et al., 2006). Certaines situations particulières peuvent
cependant soulever une discussion concernant ces pratiques auxquelles il
conviendra de répondre au cas par cas par une approche pluridisciplinaire
de la situation de soins du patient et en tenant compte de son projet de
vie.
En cas de refus alimentaire, la première étape de prise en charge est
toujours d’éliminer une cause somatique (douleur dentaire, candidose
buccale ou œsophagienne, douleurs, dysgueusie notamment médicamen-
teuse avec les hypnotiques). En l’absence de facteur déclenchant, il
conviendra de proposer au patient des repas et collations à différents
moments de la journée, en différents lieux et toujours dans une ambiance
calme et bienveillante. Bien que souvent difficile à accepter par les
familles mais aussi par certains soignants, le refus alimentaire doit être
respecté s’il persiste malgré la stimulation et le patient ne doit jamais
être alimenté de force.
S OMMEIL1
Des modifications du rythme circadien sont fréquemment observées
avec l’avancée en âge, mais sont habituellement plus marquées chez
le sujet âgé dément. Ces modifications affectent à la fois les phases
diurnes (apparition et augmentation du nombre et de la durée des siestes)
et nocturnes (fragmentation du sommeil nocturne avec existence de
réveils plus nombreux) du nycthémère. Plusieurs facteurs extrinsèques
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lière et répétitive du rythme circadien sur une période de 24heures).
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Insomnie et troubles du rythme circadien
!
Physiopathologie
Clinique
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somnographiques concernent principalement le sommeil paradoxal. Il
existe une diminution de ce stade de sommeil, qui n’est pas retrouvée
chez les sujets sains âgés (Reynolds et al., 1985 ; Bonanni et al., 2005).
En effet, comparativement à ces derniers, les patients souffrant de MA
ont une diminution du temps total de sommeil paradoxal et des périodes
de sommeil paradoxal plus courtes (Montplaisir et al., 1995). De plus, la
latence d’apparition du premier épisode de sommeil paradoxal au cours
de la nuit pourrait être augmentée (Bliwise et al., 1989).
Même si la prévalence exacte des troubles du rythme circadien est
inconnue, l’expérience clinique montre qu’ils sont courants chez les
patients MA (Zhou et al., 2012). En effet, ces patients présentent
fréquemment une grande irrégularité du rythme veille-sommeil, ce qui
constitue en soi un SPCD, et s’associe souvent à des déambulations
nocturnes, voire une anxiété, agitation, et une somnolence diurne.
Parmi ces troubles du rythme circadien, l’irrégularité du cycle veille-
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Prise en charge
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des troubles du rythme circadien et de l’insomnie chez le sujet souffrant
de démence doit être individualisée et les approches nonmédicamen-
teuses doivent être favorisées (David et al., 2010).
Interventions médicamenteuses
La mélatonine à une dose de 2 mg à 10 mg par jour est fréquemment
proposée comme traitement des troubles du rythme circadien. Les
résultats sont contradictoires, mais l’essai clinique le plus important
sur la question n’a pas mis en évidence d’efficacité de cette molécule
chez les patients MA (Singer et al., 2003).
Les benzodiazépines et apparentées ne sont généralement pas recom-
mandées, du fait du risque d’aggravation des symptômes cognitifs, de
dépendance, de somnolence diurne et de chute (Conn et Madan, 2006).
Dans le cas des troubles psycho-comportementaux liés aux troubles du
sommeil, l’utilisation des antipsychotiques peut être discutée, pour une
durée la plus courte possible, pour les patients présentant des symptômes
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sévères, et en évaluant avec précaution le rapport entre bénéfices et
risques, et en privilégiant la monothérapie (Liperoti et al., 2008). Comme
toujours chez le sujet âgé, et a fortiori chez le sujet âgé souffrant de
démence, il convient d’adapter les doses et de réévaluer régulièrement la
pertinence de la prescription.
Physiopathologie
Clinique
Les symptômes psycho-comportementaux les plus fréquemment ren-
contrés sont la désorientation, l’agressivité, l’agitation, la déambulation
et les cris (Khachiyants et al., 2011). D’autres manifestations, telles
qu’une variabilité de l’humeur, des hallucinations visuelles et auditives
sont également décrites (Volicer et al., 2001). Le diagnostic différentiel
avec le delirium ou le syndrome confusionnel peut être difficile et la prise
en charge peut s’avérer délicate. En effet, la pérennisation du sundown
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syndrome est source d’épuisement de l’aidant et conduit fréquemment à
l’institutionnalisation des patients (Hess, 1997).
Prise en charge
La prise en charge du sundown syndrome repose sur des mesures
préventives d’hygiène de sommeil, des mesures non médicamenteuses et
des mesures pharmacologiques. Parmi les mesures non médicamenteuses,
la luminothérapie a particulièrement été étudiée. Chez des patients MA
traités par luminothérapie, une amélioration de la qualité du sommeil a pu
être observée (Satlin et al., 1992 ; Mishima et al., 1994 ; van Someren et
al., 1996). Une autre étude a montré une amélioration des performances
cognitives chez les patients sous luminothérapie (Murphy et Campbell,
1996).
D’autres études ont suggéré un effet positif de la mélatonine sur
la diminution des troubles du comportement nocturnes, ainsi qu’une
diminution de l’activité motrice nocturne, de la latence d’apparition
du sommeil et une augmentation de la qualité du sommeil (Monti et
Cardinali, 2000 ; Olde Rikkert et Rigaud, 2001 ; Asayama et al., 2003).
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Autres troubles du sommeil
!
Iatrogénie
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Un grand nombre de traitements modifie le sommeil en quantité et en
qualité. Les plus fréquents sont les bétabloquants, broncho-dilatateurs,
corticoïdes, inhibiteurs calciques, certains antidépresseurs, et les hor-
mones thyroïdiennes. Il faut, dans certains cas, ajouter à cette liste les
traitements sédatifs (benzodiazépines, antipsychotiques, etc.) car en cas
de somnolence diurne secondaire au traitement, ils peuvent contribuer à
aggraver la fragmentation du sommeil associée à la MA (Sleep Research
Society 2005), et donc les déambulations et autres agitations nocturnes.
Concernant les inhibiteurs de l’acétylcholinestérase, le donepezil a été
associé à une légère augmentation du risque d’insomnie, mais pas la
rivastigmine ou la galantamine.
Comorbidités
CE QU ’ IL FAUT RETENIR
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menteuses. En cas de nécessité, un traitement pharmacologique doit être
proposé pour la durée la plus courte possible.
9. Le patient a-t-il des mouvements et/ou des réactions plus lentes que
d’habitude ?
Aspects cliniques
!
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" une importante fréquence de répétition du comportement ;
" le caractère invariant de l’activité poursuivie, ainsi que son caractère
inapproprié ou excessif (Turner, 1999).
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études (Garre-Olmo et al., 2010). Sur le plan génétique, un statut
positif APOE epsilon4 est associé à une plus forte occurrence des CMA
(Steinberg et al., 2006).
Les comportements répétitifs mettent en jeu des boucles cortico-
striées. Alexander a montré que des lésions bilatérales de l’aire orbito-
frontale latérale ou de la portion du noyau caudé où elle se projette
entraînent des comportements répétitifs chez les primates (Alexander
et al., 1986). Les comportements répétitifs pourraient résulter d’une
interruption de la boucle corticostriée entre le striatum et le cerveau
antérieur ou d’une altération de la coordination à l’intérieur des noyaux
de la base du crâne (Robbins 1996). La boucle préfrontale chez l’humain
a été associée à la répétition de comportements dirigés vers un but
inapproprié (comme dans certains troubles obsessionnels compulsifs)
(McGuire et al., 1994). Rosen et collaborateurs ont montré, dans une
étude d’imagerie structurale, une diminution volumétrique des tissus
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répétition du comportement.
La déprivation sensorielle (captivité, déficit visuel total) constitue une
cause particulièrement connue chez l’animal. Les principales étiologies
des CMA chez l’homme sont psychiatriques : autisme, trouble obses-
sionnel compulsif, schizophrénie, catatonie, consommation de drogues
(cocaïne, amphétamine, L-dopa). On retrouve leur expression clinique
dans les maladies neurodégénératives parmi lesquelles les démences
telles que la MA et plus particulièrement la démence fronto-temporale.
Prioni et collaborateurs ont récemment décrit la prévalence des stéréoty-
pies dans les démences fronto-temporales, parkinsoniennes, Alzheimer
et paralysies supranucléaires progressives (Prioni et al., 2012). Ils
retrouvent, en accord avec d’autres études déjà réalisées, une préva-
lence augmentée des stéréotypies dans la démence fronto-temporale.
La démence parkinsonienne présentait aussi une prévalence élevée à
l’inverse de la MA. Cependant, des stéréotypies étaient présentes dans
chaque groupe de patients. Enfin, les CMA sont plus fréquemment
retrouvés dans la MA par rapport aux autres démences à l’exclusion de
la démence fronto-temporale (Lyketsos et al., 2002). Plusieurs cohortes
montrent une augmentation de la sévérité des troubles pour le domaine
CMA du NPI, du sujet sain au MCI et du sujet MCI au sujet MA. Il
n’existe pas, en revanche, de preuves concluantes sur la caractérisation
des CMA comme symptôme prévalent pouvant annoncer une MA. Par
ailleurs, la présence des CMA est liée à un plus grand déficit dans
les activités de vie quotidienne (Okura et al., 2010). L’agitation et les
errances sans but sont liées à un déclin fonctionnel plus rapide ainsi
qu’au risque d’institutionnalisation plus élevé (Scarmeas et al., 2007).
En termes de pronostic, le niveau de sévérité des CMA est associé à
Autres symptômes 87
Tremblements et MA
!
Les CMA ne doivent pas être confondus avec les anomalies motrices
de type symptômes extrapyramidaux, observables classiquement dans
la maladie de Parkinson et la démence à corps de Lewy. Dans la
MA, certains auteurs ont néanmoins mis en évidence l’existence de
symptômes moteurs de type parkinsonien (environ un tiers des patients)
(Horvath et al., 2014), en lien notamment avec la sévérité de l’apathie,
qui pourraient, de ce fait, constituer un marqueur de gravité de la maladie
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(Starkstein et al., 2009). Ces anomalies peuvent être un tremblement de
repos, une bradykinésie, une rigidité ou des perturbations de la marche
(Scarmeas et al., 2005) et seraient en lien avec une perte neuronale dans
les ganglions de la base (substance noire et putamen) (Horvath et al.,
2014). Certains auteurs ont suggéré l’existence d’un lien entre maladies
neurodégénératives et tremblement essentiel, ce dernier étant considéré
comme une maladie neurodégénérative en soi (Bermejo-Pareja 2011).
Il existe une co-occurrence entre dysfonction cognitive et tremblement
essentiel (Tsolaki et al., 2001). La notion d’un lien entre tremblement
essentiel et dysfonction cérébelleuse a été rapportée (Stolze et al., 2001 ;
Benito-Leon et Louis, 2006). Les études d’imagerie récentes pointent des
anomalies métaboliques ainsi que structurales au niveau de la substance
blanche et grise (Helmchen et al., 2003). Les patients avec déficits
cognitifs associés au tremblement essentiel pourraient ainsi avoir une
altération de la boucle cerebello-thalamo-corticale et/ou frontale (Wills
et al., 1994).
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tremblements, le mécanisme probable étant celui d’une action de la
galantamine sur les récepteurs muscariniques (Collins et al., 2011).
PARTIE III
SPCD...comprendre
leurs mécanismes
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Chap. 8 Apport de l’imagerie cérébrale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
Chap. 9 Apport de la biologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
Chap. 10 Apport de la génétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
90 SPCD... COMPRENDRE LEURS MÉCANISMES
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une meilleure préservation des capacités cognitives. En revanche, les
sujets présentant un déficit cognitif plus marqué ont probablement
des capacités de « résilience » face à un facteur stressant amoindries,
pouvant ainsi générer la survenue de SPCD plus marqués (agitation,
syndrome dépressif). L’attitude des aidants habituels (en imposant des
contraintes excessives au patient, en interprétant des comportements
agressifs comme de la défiance ou de la provocation, en établissant
un contact physique vécu comme une intrusion par le patient) ou la
multiplication des intervenants soignants (difficultés pour le patient
d’assimiler des visages non familiers) peut également être génératrice
de SPCD. Certains traits de personnalité tels que le « névrosisme »,
l’extraversion, l’ouverture aux expériences nouvelles, l’application
ont été associés à la survenue précoce d’apathie et de symptômes
affectifs chez les sujets MCI (Mendez Rubio et al., 2013). L’existence
de traits de personnalité prémorbides favorisant certains SPCD n’est
pas consensuelle actuellement (Pocnet et al., 2013), en revanche, il
semble exister une tendance au changement de facteurs de personnalité
au cours de l’évolution de la MA. De même, la survenue de SPCD est
très dépendante du milieu de vie et de l’environnement du patient. Tout
changement dans ces habitudes favorise l’apparition de SPCD et parfois
l’hospitalisation.
Chapitre 8
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Renaud Guignard, Renaud David
P RÉAMBULE
L’imagerie cérébrale structurelle – par résonance magnétique (IRM)
en particulier – occupe actuellement une place préférentielle dans
l’évaluation initiale des patients présentant des troubles cognitifs avérés
récents. La Haute Autorité de santé (HAS) préconise en effet, sur la base
des recommandations de la Société française de neuroradiologie (SFNR),
la réalisation systématique d’une IRM en première intention dans cette
situation clinique (Wichers et al., 2011). Les objectifs de cette imagerie
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bolisme neuronal (tomographie par émission de positons, TEP) ou la
perfusion corticale (tomoscintigraphie par émission monophotonique,
TEMP), peuvent être proposées en seconde intention, devant un tableau
de démence atypique, afin d’exclure une dégénérescence lobaire. Dans
un contexte de suspicion de démence striatale, une exploration isoto-
pique de la neurotransmission dopaminergique de la voie nigro-striée
(123I-FP-CIT, DaTSCAN ®) peut également être proposée.
Nous détaillerons dans ce chapitre les données de la littérature
disponibles depuis le début des années 2000 concernant les principales
modalités de neuro-imagerie (IRM, scintigraphie et TEP) spécifiquement
dédiées à l’exploration des SPCD dans la MA.
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sante) : le système limbique/paralimbique (amydgale, partie antérieure
de l’hippocampe, cortex entorhinal), le cortex cingulaire postérieur
et le précunéus adjacent, les aires associatives temporo-pariétales du
néocortex (latéralisation gauche préférentielle), l’hippocampe postérieur,
les aires péri-sylviennes, les aires thalamo-hypothalamique antérieure, le
cortex préfrontal (latéralisation gauche préférentielle), les striatas.
Comme dans la majorité des études réalisées jusqu’alors, utilisant
comme critère de jugement principal les résultats des examens d’ima-
gerie, ces auteurs n’avaient pas spécifiquement classé les anomalies
observées en fonction des SPCD que pouvaient présenter leurs patients.
Sur la base de travaux antérieurs réalisés chez des patients délirants
schizophrènes ou atteints de démence fronto-temporale (DFT), des
chercheurs italiens, précurseurs de l’analyse morphométrique dans les
SPCD, avaient tenté de quantifier une atrophie corticale systématisée
chez des patients MA délirants, en mesurant l’épaisseur de la corne
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94
Tableau 8.1. Principales études classées chronologiquement depuis le début des années 2000, corrélant spécifiquement les
SPCD des patients atteints de MA avec l’atrophie corticale quantifiée par analyse morphométrique en IRM.
Sex-ratio
SPCD... COMPRENDRE
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Légende des abréviations. CCA : cortex cingulaire antérieur ; GCS : gyrus cingulaire supérieur ; GFS : gyrus frontal supérieur ; GFI : gyrus
frontal inférieur ; GTI : gyrus temporal inférieur ; COF : cortex orbito-frontal ; CPF : cortex préfrontal.
Apport de l’imagerie cérébrale
95
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96 SPCD... COMPRENDRE LEURS MÉCANISMES
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Les études morphométriques se sont originellement majoritairement
intéressées à la mesure de la densité de la SG, la sévérité clinique
des troubles cognitifs étant corrélée à la sévérité de la perte neuronale
corticale. Certains auteurs ont néanmoins observé une augmentation des
anomalies de signal de la SB chez des patients MA souffrant de troubles
psychotiques (Lee et al., 2006) ou des patients MA apathiques et/ou
dépressifs (Starkstein et al., 2009) (tableau 8.2). Les anomalies de signal
de la SB, définies par un signal hyperintense de la densité de protons
en pondération T2, traduisent généralement des anomalies de la micro-
circulation, et peuvent être associées à une atrophie hippocampique chez
les patients MA les plus âgés (Staekenborg et al., 2008).
Chez les personnes âgées autonomes (étude internationale
multicentrique sur la leuco-araïose (LADIS)), la sévérité de l’atteinte
micro-angiopathique est un facteur prédictif indépendant des capacités
fonctionnelles cognitives (n= 633 patients ; âge moyen : 74,0±5,0ans ;
MMSE moyen : 27,0±2,0 ; ADAS moyen : 17,0±7,0(Van der Flier et
al., 2005)). Si une proportion importante de patients MA présente des
anomalies micro-angiopathiques (jusqu’à 90 % d’entre eux dans les
études selon l’âge de la population étudiée), la corrélation entre cette
atteinte cérébro-vasculaire et les troubles comportementaux dans la
MA reste débattue (Staekenborg et al., 2008 ; Klugman et al., 2009).
Cependant, certains auteurs ont montré que les sujets MA avec SPCD
avaient des hyperintensités de la SB plus importantes que les sujets MA
sans BPSD (Kandiah et al., 2013).
La dépression, symptôme prédictif d’un risque accru de conversion
chez les patients MCI, pourrait être liée originellement à la progression
d’une atteinte micro-circulatoire de la SB, anomalie qui favoriserait
la progression de l’atrophie corticale par désafférenciation entre les
régions frontales impliquées dans le contrôle de l’humeur et les structures
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Tableau 8.2. Principales études classées chronologiquement depuis le début des années 2000, corrélant spécifiquement les
SPCD des patients atteints de MA avec les anomalies de signal de la substance blanche en IRM.
Sex-ratio
Population Âge moyen ± Topographie
Premier Année (Femmes/Hommes) MMSE moyen
totale écart-type SPCD
auteur de publication des patients MA ± écart-type lésionnelle
étudiée (années)
exclusivement
9/5 72,6 ± 7,1 19,3 ± 6,0 Apathie (n= 14) Régions frontales
J.W.
2011 51 19/5 73,0 ± 7,9 17,5 ± 4,0 Apathie CCA gauche
Kim
Apport de l’imagerie cérébrale
97
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98 SPCD... COMPRENDRE LEURS MÉCANISMES
IRM de diffusion
!
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d’améliorer le rapport signal/bruit et donc la résolution spatiale de l’IRM,
favorisant l’essor de l’imagerie des tenseurs de diffusion (IRM TD).
Grâce à l’IRM TD, une équipe coréenne a récemment observé des
anomalies micro-architecturales de la SB au niveau du CCA gauche
chez les patients MA apathiques, anomalies qui se traduisent par une
perte de l’anisotropie physiologique de la diffusion des molécules
d’eau le long des fibres nerveuses myélinisées (réduction de la fraction
d’anisotropie (FA) chez ces patients). Bien que la physiopathologie de
ce phénomène reste mal comprise, ces éléments plaident en faveur du
rôle des altérations du transport axonal (désafférenciation secondaire à
une démyélinisation ?) dans l’évolution de la MA (Kim et al., 2011).
Avec une méthodologie proche, une équipe américaine a observé des
altérations de la FA dans le CCA chez des patients MA présentant
principalement une humeur instable (n= 25 patients MA + 25 patients
MCI ; prévalence de l’irritabilité : 35,6 % de la population totale ; âge
> 55 ans) (Tighe et al., 2012).
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> 2/1) ; la conversion hydrophilique de ces composés est responsable de
leurs rétentions cellulaires. Dans la MA, la scintigraphie de perfusion
cérébrale permet de détecter les zones hypofonctionnelles, c’est-à-dire
ayant un débit sanguin régional diminué comparativement aux régions
saines, et qui correspondent aux régions corticales dans lesquelles s’ac-
cumulent le plus de plaques amyloïdes et de lésions de dégénérescence
neuro-fibrillaire.
Idées délirantes
Au début des années 2000, l’une des premières études effectuées chez
des patientes MA présentant principalement des hallucinations et des
idées délirantes décrivait des altérations du débit sanguin régional (rCBF,
pour regional cerebral blood flow) du système limbique antérieur et des
circuits corticaux frontaux (mésial et dorso-latéraux droit et gauche).
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Les auteurs, bien que conscients des limites liées à la taille de leur
échantillon et de sa sur-représentativité féminine, concluaient alors à
l’absence de systématisation corticale évidente (Mega et al., 2000).
Néanmoins, d’autres équipes contemporaines pressentaient déjà une
topographie lésionnelle spécifique selon les symptômes exprimés, avec
une latéralisation hémisphérique droite préférentielle chez les patients
délirants (lobe frontal (Staff et al., 2000) ; cortex pariétal postéro-médial
(Fukuhara et al., 2001)). L’hypoperfusion systématisée dans des aires
corticales de l’hémisphère droit sera confirmée dans les travaux ultérieurs
portant sur l’analyse des idées délirantes chez les patients MA, principal
SPCD étudié en scintigraphie de perfusion cérébrale (tableau 8.3). Une
récente revue de la littérature (vingt-cinq études retenues dans l’analyse
finale) incluant l’ensemble des modalités de neuro-imagerie résume le
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100
Tableau 8.3. Principales études réalisées depuis le début des années 2000, corrélant spécifiquement les SPCD des patients
atteints de MA avec les anomalies de la perfusion corticale en TEMP classées selon le radiotraceur utilisé, par SPCD, et enfin
par ordre chronologique.
SPCD... COMPRENDRE
Sex-ratio Âge
MMSE
Année Isotope-traceur Population (Femmes/Hommes)moyen ± Topographie
Premier moyen ±
de publi- (activité moyenne totale des patients écart- SPCD lésionnelle
auteur écart-
cation injectée) étudiée MA type (hypoperfusion)
type
exclusivement (années)
Région pariétale
R. 99mTc-HMPAO 76,7 ± 20,0 ± Idées
2001 18 9/0 postérieure
Fukuhara 740 MBq 6,5 2,9 délirantes
médiale droite
74,7 CCA
S. 99mTc-ECD (inter- 16,8 ± Idées CPF
2006 64 ?
Nakano 600 MBq valle : 5,9 délirantes GTM, GTI
55-92) Cortex pariétal
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Idées
E. 99mTc-ECD 80,4 ± 15,7 ± délirantes
2009 41 35/6 CPF
Lee 740 MBq 6,2 4,6 (fabulation
épisodique)
M.
2002 CCA
Benoît 99mTc-ECD 77,6 ± 19,8 ±
30 12/3 Apathie Régions frontales
1100 MBq 6,1 3,7
2001 inférieures
O. Migneco
1,4 ± 0,5
H. 99mTc-ECD 73,8 ± (Clinical
2008 44 18/8 Dépression CPF gauche
Akiyama 740 MBq 7,2 Dementia
Rate)
N.
99mTc-ECD 78,3 ± 23,2 ±
Levy- 2008 56 18/9 Dépression CPF
740 MBq 7,2 4,4
Cooperman
Apport de l’imagerie cérébrale
101
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102
CCP
GFS droit
Gyrus post-central
68,2 ± 17,2 ±
6/3 Apathie GTS gauche
3,9 4,9
SPCD... COMPRENDRE
Région temporale
moyenne droite
K.L. 99mTc-ECD 74,0 ± Irritabilité (n
2004 49 24/25 17,7± 5,0 (amygdale postérieure,
Lanctôt 740 MBq 11,0 = 30)
hippocampe et région
parahippocampique)
Comportement
Y. 99mTc-ECD 73,1 ± Lobe temporo-pariétal
2005 26 9/4 20 [16-23] moteur
Rolland 1100 MBq 7,4 gauche
aberrant
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Précunéus
K. 123I-IMP 74,0 ± 18,3 ±
2012 25 21/4 Idées (territoires
Nomura 167MBq 7,2 4,3
délirantes hyperperfusés :
(persécution) thalamus Insula)
GTI droit
Idées
(territoires
délirantes
hyperperfusés : GFM,
(abandon)
Insula, CCP)
Légende des abréviations. HMPAO : hexamethyl propyleneamine oxime ; ECD : ethyl cysteinate dimer ; IMP : isopropyl iodoamphetamine ; CCA :
cortex cingulaire antérieur ; CCP : cortex cingulaire postérieur ; COF : cortex orbito-frontal ; CPF : cortex préfrontal ; GFI : gyrus frontal inférieur ;
GFM : gyrus frontal moyen ; GFS : gyrus frontal supérieur ; GTI : gyrus temporal inférieur ; GTM : gyrus temporal moyen ; GTS : gyrus temporal
supérieur
Apport de l’imagerie cérébrale
103
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104 SPCD... COMPRENDRE LEURS MÉCANISMES
fait que la production d’idées délirantes chez les patients MA est spécifi-
quement liée à l’interruption fonctionnelle entre les réseaux neuronaux
frontaux et temporaux de l’hémisphère droit. Ce dernier présentant un
déficit fonctionnel n’assure plus ses fonctions modératrices et inhibitrices
sur un hémisphère gauche responsable d’un état d’hyper-interprétation
(inférence) non critique vis-à-vis de la causalité (Ismail et al., 2012).
La plus large cohorte de patients MA présentant des idées délirantes
a été étudiée par Nakano et al., en 2006. Dans leur analyse statistique
paramétrique comparant les patients MA délirants (n = 25) des patients
MA non délirants (n= 29), les auteurs identifiaient une diminution
significative du rCBF au niveau du cortex préfrontal (CPF), du CCA,
du cortex temporal inférieur, du cortex temporo-mésial et enfin du cortex
pariétal de l’hémisphère droit (Nakano et al., 2006).
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Les patients MA victimes de troubles délirants, chez lesquels il existe
une diminution de la perfusion du CPF, seraient plus enclins à exprimer
épisodiquement des récits imaginaires. Ces fabulations épisodiques, qui
ne cherchent pas à compenser les troubles mnésiques, traduiraient donc
bien un SPCD, a contrario de l’atteinte sémantique, qui témoigne de
la sévérité de l’atteinte cognitive (Lee et al., 2009). Comme chez les
patients schizophrènes, les idées délirantes seraient exacerbées chez les
patients MA présentant une altération plus sévère de la perfusion du
cortex insulaire antérieur droit, région corticale impliquée dans la pro-
duction de sentiments subjectifs en réponse à des stimuli (émotionnels)
interne et externe (Matsuoka et al., 2010).
Si l’atteinte hémisphérique droite semble constante dans la plupart de
ces travaux, la différence de topographie lésionnelle est sans aucun doute
imputable à l’expression diverse des idées délirantes dans ces cohortes,
qui incluent majoritairement des femmes âgées de plus de 75 ans. Cette
hypothèse est en effet confirmée par Nomura et al., en 2012, la seule
étude à notre connaissance abordant les troubles délirants comme des
entités multiples et qui se traduisent par des altérations perfusionnelles
variables en fonction de leurs expressions cliniques (Nomura et al.,
2012) ; l’autre originalité de ce travail concerne l’utilisation d’un traceur
de perfusion cérébrale marqué à l’iode 123, comme cela est décrit dans
le sous-chapitre « Autres radiopharmaceutiques ».
Apathie
(Migneco et al., 2001 ; Benoît et al., 2002) ; le CCA gauche est égale-
ment impliqué dans les troubles de l’appétit (Ismail et al., 2008). Ces
résultats précurseurs seront confirmés quelques années plus tard avec
une cohorte de patients canadiens, majoritairement masculine (Lanctot
et al., 2007). En sus d’une hypoperfusion du cortex orbito-frontal (COF)
droit, L’équipe de Lanctot et al., identifiait une épargne perfusionnelle
relative (compensatrice ?) des régions corticales appartenant également
au réseau neuronal du système de récompense (brain reward system)
et impliqué dans la motivation, à savoir les hippocampes et le cortex
temporo-mésial.
Autres SPCD
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L’analyse de la perfusion cérébrale par méthode isotopique chez les
patients MA présentant d’autres SPCD que l’apathie ou les troubles
délirants reste marginale dans la littérature. L’hypoperfusion du CPF
a été décrite chez des patients MA dépressifs (Ebmeier et al., 1998 ;
Akiyama et al., 2008 ; Levy-Cooperman et al., 2008), avec des arguments
plaidant en faveur d’une atteinte fonctionnelle différente chez les patients
dépressifs et les patients apathiques (Kang et al., 2012).
Les comportements agressifs, quant à eux, seraient associés à une
hypoperfusion temporo-mésiale droite, conformément à ce qui a pu être
préalablement observé dans des conditions expérimentales chez l’animal
ou chez l’homme, dément ou non (Lanctot et al., 2004).
L’altération de la neurotransmission noradrénergique, et en particu-
lier la neurodégénérescence du noyau sous-cortical situé à la jonction
ponto-mésencéphalique, le locus coeruleus (rostral), a été incriminé dans
la présence de comportements agressifs chez des patients MA (série
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Territoires « hyperperfusionnels »
Traditionnellement, les études perfusionnelles (et/ou métaboliques)
cherchent à détecter précocement des défauts fonctionnels systématisés ;
néanmoins, dans certains SPCD, les symptômes peuvent être associés à
106 SPCD... COMPRENDRE LEURS MÉCANISMES
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postérieur (régions corticales bordant la partie postérieure du corps
calleux) serait également impliquée dans le comportement d’interro-
gations répétitives, symptôme non strictement répertorié comme SPCD,
habituellement observé aux stades les plus avancés de la MA ; si aucune
explication physiopathologique n’est établie à ce jour, ces anomalies
perfusionnelles ont été également décrites dans les troubles obsessionnels
compulsifs (Kishimoto et al., 2010). Une relation entre les troubles du
sommeil et une charge amyloïde Aβ accrue dans le précunéus chez les
personnes âgées non démentes a été récemment décrite par une équipe
américaine, soulevant l’interrogation d’un éventuel lien de causalité entre
MA et troubles du sommeil (Spira et al., 2013).
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apathiques présentant un hypométabolisme orbito-frontal (gauche), aire
associative de la région mésiale du lobe frontal, tandis que les patients
déprimés présentaient préférentiellement un hypométabolisme du CPF
dorso-latéral (Holthoff et al., 2005). Ces données TEP confirmaient
l’implication physiopathologique dans l’apathie d’une région corticale
interconnectée avec le CCA, le gyrus orbito-frontal gauche, identifiée
quelques années auparavant en TEMP (Benoît et al., 2002).
L’intérêt d’établir une cartographie métabolique cérébrale en fonction
des symptômes comportementaux présentés par les patients MA fut
confirmé par un essai thérapeutique ouvert américain subventionné par
Janssen Pharmaceuticals (n= 19 patients ; âge " 50 ans ; MMSE "
15), visant à évaluer par imagerie TEP la réponse thérapeutique aux
inhibiteurs de la cholinestérase (galantamine ; évaluation TEP avant et
après 8 semaines de traitement) chez des patients présentant des SPCD.
Les auteurs de cet essai ont rapporté une modification significative du
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108
Tableau 8.4. Principales études classées chronologiquement depuis le début des années 2000, corrélant spécifiquement les
SPCD des patients atteints de MA avec les anomalies de la perfusion corticale (15O-H2 O) ou du métabolisme cortical
(18FDG) en TEP.
Topographie
Année Isotope- Sex-ratio lésionnelle
Population Âge moyen ± MMSE
SPCD... COMPRENDRE
CTS
0/1 72 20 Dépression
CCA
CPF dorso-latéral
15O-H2 O 1/0 84 19 Apathie
LEURS MÉCANISMES
CTM gauche,
1/1 76/85 26/19 Idées délirantes
CPF dorso-latéral gauche
15O-H2 O
O.L.
2001 1480-1850 9 CTM gauche
Lopez
MBq
1/1 69/68 20/13 Hallucinations CPF dorso-latéral gauche
Cortex pariétal droit
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V.V. 18FDG 11/6 66,6 ±10,7 22,1 ± 4,2 Apathie GFI et GFM gauche
2005 53
Holthof 300 MBq 6/4 69,5 ± 10,0 22,5 ± 3,3 Dépression GFS et GFM gauche
A. 18FDG
2010 25 22/3 74,0 ± 6,0 17,7 ± 5,4 Dépression CCP
Caroli 150-185 MBq
Légende des abréviations. CCA : cortex cingulaire antérieur ; CCP : cortex cingulaire postérieur ; COF : cortex orbito-frontal ; CPF : cortex
préfrontal ; CFS : cortex frontal supérieur ; GFI : gyrus frontal inférieur ; CFI : cortex frontal inférieur ; GFM : gyrus frontal moyen ; GFS : gyrus
frontal supérieur ; GTI : gyrus temporal inférieur ; GTM : gyrus temporal moyen ; GTS : gyrus temporal supérieur ; CTS : cortex temporal
supérieur ; CTM : cortex temporo-mésial.
Apport de l’imagerie cérébrale
109
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110 SPCD... COMPRENDRE LEURS MÉCANISMES
Autres radiopharmaceutiques
!
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Deux équipes japonaises ont récemment étudié les anomalies scin-
tigraphiques du débit sanguin régional chez les patients MA délirants,
en utilisant un radiopharmaceutique (RP) marqué à l’iode 123 (123I-N-
isopropyl-P-iodoamphétamine ou 123I-IMP ; principal pic γ : 159 keV ;
période radioactive : 13 heures), réputé pour sa plus grande sensibilité
aux modifications du rCBF comparativement aux traceurs technétiés
(tableau 8.3).
Matsuoka et al. ont observé une diminution de la perfusion (non
statistiquement significative) dans le cortex insulaire droit chez les
patients délirants, qui pouvaient, selon les auteurs, être associée à une
exacerbation des symptômes chez ces patients (Matsuoka et al., 2010).
Nomura et al., ont, quant à eux, identifié dans un échantillon de
patients de taille inférieure et présentant une pathologie démentielle
probablement plus avancée, des anomalies perfusionnelles (atteinte
temporale droite préférentielle) spécifiquement différentes selon le type
d’idées délirantes exprimées par les patients. Certains territoires pré-
sentaient a contrario un débit sanguin augmenté. Pour ces auteurs,
l’implication du cortex insulaire, notamment dans les délires d’abandon
ou persécution, était associée au rôle modérateur de l’insula sur les
fluctuations émotionnelles qu’occasionne l’expression d’idées délirantes,
confirmant l’hypothèse (inverse) émise par Matsuoka et al. (Nomura et
al., 2012).
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droite en cas d’hallucinations visuelles) (Lopez et al., 2001) (tableau
8.4).
Imagerie de la neurotransmission
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déments ; âge moyen : 61,3 [51,5-74,8] ans)(Madsen et al., 2012). Des
travaux antérieurs menés chez des patients plus âgés et traités pour une
dépression sévère avaient évoqué un possible lien (sans pouvoir l’établir
formellement) entre dépression et MA, 3 patients sur 6 montrant une
charge amyloïde accrue (RP : Pittsburgh B compound (PIB) marqué
au carbone 11 ; n= 9 patients dont 7 présentaient des troubles cognitifs
légers ; âge moyen : 71,8±5,7ans) (Butters et al., 2008).
Concernant l’apathie, une étude récente retrouve une corrélation entre
la sévérité de l’apathie et la densité de plaques amyloïdes (PIB) au niveau
des régions frontales et du cortex cingulaire antérieur droit (n= 28) dans
la MA (Mori et al., 2013), et dès le stade MCI (Marshall et al., 2013).
Si ces travaux présentent tous l’originalité d’utiliser des radiophar-
maceutiques « exotiques » permettant d’appréhender différemment les
mécanismes physiopathologiques des SPCD, ceux-ci restent non faci-
lement transposables en routine clinique dans la majorité des centres,
principalement du fait d’une accessibilité limitée à ces radio-isotopes
coûteux et/ou compliqués à produire.
Apport de l’imagerie cérébrale 113
CE QU ’ IL FAUT RETENIR
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existantes et à venir.
Au final, synthétiser les données cliniques et paracliniques disponibles peut
sans aucun doute permettre de mieux appréhender les SPCD, et ainsi faciliter
le classement des patients en fonction de mécanismes physiopathologiques
communs. L’objectif ultime de cette démarche reste de proposer à ces
patients, une prise en charge médicale personnalisée singulière, en évitant
à certains d’entre eux l’administration de traitements longs, inefficaces voire
dangereux, et coûteux.
CCA
Troubles de l’appétit TEMP
COF
CTM TEMP
Agressivité
CPF, CTM TEP
Apport de la biologie
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Audrey Gabelle
P RÉAMBULE
Les avancées dans le domaine du diagnostic de la MA sont, depuis
quelques années, majeures. De nouveaux critères de recherche à des
fins diagnostiques de la MA ont récemment été proposés (Dubois et
al., 2007 ; Dubois et al., 2010 ; Reiman et al., 2011). Ces critères
intègrent, aux données cliniques et neuropsychologiques, les résultats des
bio-marqueurs. Grâce à ces marqueurs du vivant, à ces bio-marqueurs, il
est possible de détecter un processus neurodégénératif de type Alzheimer
in vivo très précocement. Trois principaux bio-marqueurs sont utilisés
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et al., 2003). Les bio-marqueurs semblent utiles pour optimiser la
pertinence diagnostique, pour améliorer la confiance dans le diagnostic
(Mouton-Liger et al., 2013) mais également pour mieux comprendre les
mécanismes physiopathologiques de l’affection en cause et pour suivre
l’efficacité des nouvelles thérapeutiques visant à modifier le processus
neurodégénératif.
En parallèle, une recherche intense et innovante est en cours pour
déterminer d’autres marqueurs, de nouveaux bio-marqueurs encore plus
sensibles et plus spécifiques du processus pathologique ouvrant de
nouvelles voies mécanistiques et de nouvelles pistes thérapeutiques.
Parmi les technologies permettant de découvrir de nouveaux marqueurs,
la protéomique est un outil précieux dans ce champ d’expertise à la
fois en termes de seuil de détection et de détermination de nouvelles
protéines sans a priori. En effet, la protéomique permet de déterminer
des protéines d’intérêt déjà connues mais également de découvrir de
nouvelles molécules sans avoir au préalable focalisé la recherche sur
telle ou telle voie physiologique déjà décrite comme la voie amyloïde
ou celle de la protéine Tau. Ainsi, de nombreuses études proposent
d’autres candidats bio-marqueurs dans les fluides biologiques comme
le LCR mais également dans le plasma (Lehmann et al., 2013) comme
les marqueurs des cytokines pro-inflammatoires, du stress oxydant, du
métabolisme des lipides, de la neuro-dégénérescence, de la transduction
du signal...
Dans le champ des SPCD, les données de la littérature sont plus
parcellaires. Les bio-marqueurs du LCR sont principalement utilisés
pour aider au diagnostic différentiel entre la MA et le variant frontal
des dégénérescences fronto-temporales et pour éliminer des troubles
Apport de la biologie 117
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Le profil typique MA des bio-marqueurs du LCR associe une dimi-
nution du peptide Aβ42 (< 400pg/ml) et une augmentation du taux de
Tau totale (> 450pg/ml) et de sa forme phosphorylée P-Tau (> 60pg/ml).
Ce profil argumente en faveur d’un processus Alzheimer in vivo. En
cas d’atypie clinique, mais de profil biologique typique de la MA,
la sensibilité et la spécificité du diagnostic sont supérieures à 90 %.
L’apport des biomarqueurs du LCR dans la discrimination des diag-
nostics différentiels de la MA, en particulier du variant frontal des
dégénérescences lobaires fronto-temporales (vf-DLFT), est important
(Gabelle et al., 2011 ; Fernandez-Matarrubia et al., 2013). Certains
ratios ou biomarqueurs ont été proposés pour discriminer les sujets
MA des vf-DFT, ou des démences sémantiques (DS). Ainsi, le ratio
P-Tau/Aβ(42) permet de discriminer les sujets MA des vf-DLFT avec
une sensibilité/spécificité (Se/Sp) de 91 %/98 % et les MA des DS
avec une Se/Sp de 92.6 %/84.2 % (de Souza et al., 2011). Le ratio
P-Tau/Aβ(42) semble même capable de prédire le diagnostic de DFT
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de façon précoce (2 ans avant) avec une Se/Sp de 80 %/68% (de Rino
et al., 2012). Les dosages du peptide amyloïde de 38 acides aminés dit
Aβ38 (Gabelle et al., 2011 ; Mollenhauer et al., 2011) et de la forme
soluble du précurseur de la protéine amyloïde, le sAPPβ (Gabelle et
al., 2011) sont également pertinents dans l’arsenal diagnostique MA
versus vf-DFT. De plus, chez certains sujets DFT dont le diagnostic a été
validé à l’autopsie, les concentrations de protéine Tau dans le LCR sont
diminuées, ce qui n’a jamais été mis en évidence dans les MA (Grossman
et al., 2005). Des modifications des isoprostanes (8,12-iso-iPF2a-VI)
sont également observées lorsque des patients MA sont comparés à
des DFT et des sujets contrôles (Grossman et al., 2005). Concernant
les diagnostics différentiels de type aphasie progressive non fluence
(ANFP), le profil des biomarqueurs dans le LCR n’est pas si discriminant
118 SPCD... COMPRENDRE LEURS MÉCANISMES
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psycho-comportementaux, de délai d’institutionnalisation, de prise de
traitement spécifique... Une étude récente a analysé la valeur prédictive
des bio-marqueurs LCR Aβ42, Tau et P-tau réalisésun an avant, chez
des sujets de plus de 50 ans cognitivement sains sur les troubles du
comportement et l’humeur (Roe et al., 2013). Sur les quatre cent trente
sujets cognitivement sains, ceux qui présentaient des valeurs anormales
des bio-marqueurs avaient un déclin des symptômes noncognitifs de la
MA dans l’année de suivi. Si on considère que les SPCD signent une
atteinte frontale dans le processus pathologique et que la Phospho-Tau est
corrélée aux dégénérescences neurofibrillaires (Buerger et al., 2006), il
n’est pas étonnant de mettre en évidence des modifications de la protéine
Tau dans les troubles frontaux de la MA. Ainsi les données de la cohorte
ADNI (Alzheimer’s Disease Neuroimaging Initiative) ont souligné une
augmentation de la concentration de la protéine Tau dans le LCR chez
les patients MA avec SPCD de type symptômes psychotiques (Koppel et
al., 2013).
D’autres marqueurs de facteurs de risque vasculaire, d’inflammation
et de pathologie micro-vasculaire semblent en relation avec les SPCD
mesurés par le NPI. Ainsi, chez cent quatre-vingt-quatorze patients
présentant une MA légère à modérée, des taux élevés d’interleukine
15 IL-15, de molécule d’adhésion vasculaire (VCAM) et de triglycérides
sont associés à un nombre de SPCD plus faible, alors que des taux élevés
de cholestérol et d’homocystéine sont associés à une réduction de ces
symptômes psycho-comportementaux (Hall et al., 2013).
Des modifications biologiques significatives des neurotransmetteurs
(acétylcholine, dopamine, sérotonine, noradrénaline, glutamate) ont été
rapportées chez les patients atteints d’une pathologie neurodégénéra-
tive. Des dysfonctionnements du système cholinergique sont fréquents
dans la MA (notamment une diminution de l’activité cholinergique) et
Apport de la biologie 119
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L ES BIO - MARQUEURS DANS LES AFFECTIONS
PSYCHIATRIQUES À COMPOSANTE FRONTALE
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Aβ42/Aβ40 sont augmentés chez les patients bipolaires sans troubles
cognitifs comparés aux sujets contrôles (Jakobsson et al., 2013). De
plus, les concentrations de secrétogranines de type II, marqueurs de
neuro-dégénérescence et de perte synaptique, sont modifiées dans les
formes sévères de troubles bipolaires versus contrôles (Jakobsson et al.,
2013).
En complément des données génétiques et des études comportemen-
tales, les récents développements en protéomique et en transcriptomique
mettent en évidence des marqueurs qui pourraient être utilisés pour
améliorer la pertinence diagnostique des troubles du spectre autistique,
et ce, à un stade précoce (Broek et al., 2013 ; Taylor et al., 2013).
L’intégration de ces marqueurs dans le bilan du diagnostic pourrait
permettre de modifier la prise en charge de façon précoce chez les enfants
en pleine évolution/maturation développementale.
CE QU ’ IL FAUT RETENIR
Apport de la génétique
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David Wallon
P RÉAMBULE
Les SPCD constituent un ensemble de symptômes fréquemment
associés aux démences notamment neurodégénératives comme la MA
ou les dégénérescences lobaires frontotemporales (DLFT). S’ils sont
sous-tendus par des lésions cérébrales affectant diverses topographies
cérébrales comme le cortex préfrontal, les aires limbiques ou les noyaux
gris centraux, l’identification de nombreuses anomalies génétiques asso-
ciées à ces démences a grandement contribué ces dernières années à
mieux comprendre les pathologies à l’origine de tels troubles.
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dizaines d’études aboutissant à l’implication potentielle de l’APOE, ou
de gènes impliqués dans les voies sérotoninergiques, ou dopaminergiques
(DeMichele-Sweet et Sweet, 2010).
Nous proposons donc de faire une mise au point sur la génétique de
la MA couvrant les formes autosomiques dominantes et les facteurs de
risque identifiés. Les principales corrélations phénotypiques avec les
gènes causaux seront décrites en insistant sur les phénotypes présentant
des troubles neuropsychiatriques. Dans un deuxième temps, nous décri-
rons les gènes associés au DLFT au titre des diagnostics différentiels
au sein des démences neurodégénératives. Enfin dans une troisième
partie seront résumées les principales études génétiques d’association
concernant les facteurs de risque associés aux SPCD de la MA.
PSEN1
!
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pénétrance reste toutefois complète avant 65 ans dans tous les cas.
Le phénotype clinique le plus fréquent est celui d’une présentation
amnésique de MA pour près de 80 % des patients (Wallon et al., 2012b).
L’imagerie cérébrale par IRM objective généralement une atrophie hip-
pocampique bilatérale qui peut être sévère (stade IV de la classification
de Scheltens (Scheltens et al., 1992)) et l’imagerie fonctionnelle, un
profil d’hypoperfusion ou hypométabolisme des aires temporo-pariétales.
Toutefois, des présentations plus atypiques peuvent se rencontrer chez
les patients porteurs d’une mutation de PSEN1. En effet pour 8 %
d’entre eux, des troubles du comportement prédominant entrant dans
le cadre du variant frontal de MA, sont rencontrés (Raux et al., 2000 ;
Larner et Doran, 2009 ; Wallon et al., 2012a). Ils présentent souvent une
grande apathie ou une désinhibition verbale et comportementale avec
un dysfonctionnement exécutif initial. Il est intéressant de noter que les
mutations décrites sont réparties sur l’ensemble de la protéine depuis
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PSEN2
!
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sont encore nécessaires pour garantir leur caractère pathogène.
Le phénotype rencontré est celui d’une MA classique avec des âges de
début plus tardifs que ceux associés aux mutations PSEN1. Les troubles
débutent entre 47 et 69 ans (Wallon et al., 2012a), mais il est décrit
des formes débutant jusqu’à 85 ans (Sherrington et al., 1996). Dans la
plus grande série comportant cent un cas porteurs de la même mutation,
l’âge de début moyen était 53,7 ans (39 à 75) et le décès survenait en
moyenne autour de 64,2 ans (43 à 88 ans) (Jayadev et al., 2010). Ces
écarts imposent donc une certaine prudence pour évoquer le pourcentage
de pénétrance complète avec une mutation de PSEN2.
Mutations d’APP
!
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la forme « Artic APP ». Enfin, plus récemment, ont été découvertes
des variations intéressantes sur le codon 673. La mutation p.Ala673Val
entraînerait la maladie à l’état homozygote (Di Fede et al., 2009), alors
qu’à l’inverse les apparentés porteurs hétérozygotes ne présentent aucun
trouble cognitif définissant ainsi pour la première fois une transmission
autosomique récessive (Di Fede et al., 2012). À l’inverse, le remplace-
ment de l’alanine par une thréonine (p.Ala673Thr) sur le même codon
confère un caractère protecteur pour la MA dans une étude d’association
portant chez 1795 individus islandais. Selon les auteurs, cette variation
rare du gène APP est associée à un moindre risque de développer une
MA avec un odds ratio = 0,236 (p = 4 × 0-5 ) (Jonsson et al., 2012).
Duplications d’APP
!
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malades Alzheimer jeunes (CNR-MAJ) a établi les critères nécessaires
pour le diagnostic moléculaire des formes autosomiques dominantes de
MA. Compte tenu de ce que nous savons de la pénétrance et des présen-
tations cliniques, une recherche d’altérations génétiques concernant les
trois gènes causaux doit être proposée lorsque :
" soit au moins deux apparentés du premier degré présentent ou ont
présenté une MA dont l’âge de début des premiers symptômes était
intérieur ou égal à 65 ans pour chacun. Il est recommandé de docu-
menter une preuve physiopathologique de MA par des biomarqueurs
du liquide céphalorachidien d’au moins un patient en faveur d’une
MA (McKhann et al., 2011) ;
" soit un cas isolé présente une MA dont l’âge de début des premiers
symptômes était inférieur ou égal à 50 ans. Il est recommandé de
documenter une preuve physiopathologique de MA par des biomar-
queurs du liquide céphalorachidien en faveur d’une MA (McKhann et
al., 2011).
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celle de l’APOE4 : un variant spécifique du gène TREM2. Leurs résultats
permettent de retenir que la variation génétique p.Arg47His constitue
un nouveau facteur de risque de développer la MA dans les formes
sporadiques à début tardif (Guerreiro et al., 2012 ; Jonsson et al., 2013)
avec un odds-ratio atteignant 4,5 [1,7 – 11,9]. La fréquence de ce facteur
de risque reste très rare : < 0,5 % en population générale (Guerreiro et al.,
2012). Une étude complémentaire a permis de confirmer l’implication de
ce facteur de risque dans les formes à début précoce avec une fréquence
et un odds-ratio similaire (Pottier et al., 2013).
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Neuropathologie
!
Génétique
!
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autosomique dominant. Le seuil d’expansion de l’allèle pathologique par
rapport à l’allèle normal reste controversé. Les expansions anormales
excèdent généralement soixante répétitions, limite de détection de la
technique la plus communément utilisée (repeat-primed PCR). Une
expansion anormale explique une grande proportion de famille avec
transmission autosomique dominante de DLFT (jusqu’à 29 %), de SLA
(jusqu’à 50 %) et de DLFT-SLA (jusqu’à 88 %). Sur le plan clinique,
la diversité est importante : un individu porteur peut développer soit
une DLFT, soit une SLA, soit les deux. L’âge de début clinique varie
de 30 à 76 ans (DLFT) et de 27 à 83 ans (SLA) (Cruts et al., 2013).
Les DLFT associées au gène C9ORF72 s’expriment plus fréquemment
par une DFTc [59-87 %] (Hsiung et al., 2012 ; Majounie et al., 2012 ;
Snowden et al., 2012) et les signes psychotiques semblent également plus
fréquents en début de maladie en comparaison avec les autres causes.
Les mutations du gène PGRN (Progranuline) représentent la deuxième
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déterminants pour identifier une mutation de ce gène.
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sérotoninergique et dopaminergique puisqu’en effet, ces deux voies sont
fortement impliquées dans le comportement, la régulation de l’humeur,
les processus d’apprentissage, le sommeil ou l’appétit. L’identification de
mécanismes moléculaires impliqués dans ces voies chez les patients pré-
sentant une MA avec SPCD, offre des cibles thérapeutiques potentielles.
Plusieurs études d’association ont donc évalué les gènes de certains
récepteurs de la sérotonine : 5HT2A et 5HT2C, du transporteur de la
sérotonine (SERT), des récepteurs 1 à 4 de la dopamine (DRD1, 2, 3 et
4), du transporteur de la dopamine (DAT) et enfin de la catechol-O-methyl
transferase (COMT). Cependant des résultats à nouveaux contradictoires
ont été rapportés (Holmes et al., 1998 ; Nacmias et al., 2001 ; Assal et
al., 2004 ; Borroni et al., 2004 ; Sweet et al., 2005 ; Borroni et al., 2006 ;
Pritchard et al., 2008 ; 2009 ; David et al., 2011). Dans la plupart des cas,
les effectifs des échantillons de ces études castémoins, ne permettaient
pas de dégager un effet significatif. De même que précédemment, les
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PARTIE IV
SPCD...les évaluer
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Chap. 11 Échelles et questionnaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135
Chap. 12 Gérontechnologies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
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Chapitre 11
Échelles et questionnaires
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Renaud David
P RÉAMBULE
Les SPCD sont classiquement évalués, en pratique clinique quoti-
dienne, à l’aide de questionnaires et d’échelles permettant de recueillir
les informations fournies par le patient lui-même, par son entourage
familial proche et/ou le personnel participant aux soins. Parmi ces
questionnaires, certains permettent une évaluation globale des SPCD
les plus classiquement observables. D’autres questionnaires sont, en
revanche, spécifiques d’un symptôme donné. Ces questionnaires et
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Q UESTIONNAIRES
Globaux
!
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par l’accompagnant habituel du patient, et évaluant la fréquence, la
sévérité et le retentissement pour l’accompagnant, des douze symptômes
neuropsychiatriques les plus classiques.
En raison de certaines limitations dans l’évaluation proposée par le
NPI, une version révisée et modifiée, le NPI-C, a été développée et
validée dans différentes pathologies neuropsychiatriques (de Medeiros
et al., 2010). Cette nouvelle version propose notamment une évaluation
réalisable directement par le clinicien, indépendamment de la présence de
l’accompagnant habituel. La cotation « clinicien » obtenue, afin d’être
la plus précise possible, doit tenir compte des informations cliniques
fournies par le patient lui-même, les aidants familiaux et professionnels,
ainsi que de l’impression clinique du clinicien et des éléments antérieurs
du dossier médical. Dans la version initiale du NPI, une question initiale
de sélection doit être lue à l’aidant, pour chaque domaine comportemen-
tal. Si l’aidant répond « OUI », le clinicien lit alors toutes les questions
du domaine comportemental. S’il répond « NON », le clinicien passe
alors au domaine comportemental suivant. Dans les NPI-C, la question
de sélection n’est pas prise en compte, chaque question d’un domaine
comportemental devant être cotée. Dans l’exemple suivant portant sur
le domaine comportemental « idées délirantes », le clinicien, désireux
de réaliser la cotation « clinicien », répondra individuellement aux huit
questions du domaine comportemental en évaluant la sévérité (entre 0
et 3), et non pas le score composite Fréquence × Gravité comme réalisé
dans le NPI, des signes cliniques pour chaque question. Le score total
sera la somme des scores de sévérité de chaque sous-question.
Échelles et questionnaires 137
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AD Assessment Échelle à 10 items, développée pour mesurer les change-
Scale-Non-cognitive ments chez les patients Alzheimer après mise en route
(ADAS-noncog) (Rosen et d’un traitement médicamenteux. Ne comprend pas tous
al., 1984) les SPCD habituellement observés au cours de la MA et
n’est donc probablement pas l’outil le plus adapté pour
mesurer les modifications comportementales dans les
essais cliniques.
Behavioral Pathology in AD Échelle à 26 items, notée suivant les informations de l’ac-
Rating Scale (BEHAVE-AD) compagnant, plus spécifique des troubles psychotiques
(Reisberg et al., 1996) des patients déments, et développée initialement pour les
essais médicamenteux.
Relative’s Assessment of Auto-questionnaire à 21 items permettant d’évaluer les
Global Symptomatology symptômes psychiatriques et comportementaux de rési-
(RAGS) (Raskin et Crook dents de maison de retraite.
1988)
Consortium to Establish a Échelle permettant d’évaluer la sévérité des comporte-
Registry for AD Behavior ments au cours du dernier mois suivant les informations
Rating Scale for Dementia de l’accompagnant (46- ou 48-items) [Patterson, 1997].
(C-BRSD)
Dementia Behavior Échelle à 28 items évaluant la fréquence des symptômes
Disturbance Scale (DBD) au cours de la dernière semaine précédant l’évaluation,
(Baumgarten et al., 1990) suivant la notation de l’accompagnant.
Frontal Behavioral Inventory Échelle à 24 items permettant d’évaluer les manifestations
(Kertesz et al., 1997) comportementales des démences du lobe frontal.
Frontotemporal Behavioral Outil développé pour le diagnostic précoce de la démence
Scale (Lebert et al., 1998) fronto-temporale et le diagnostic différentiel avec la MA et
la démence vasculaire, en postulant que les modifications
comportementales sont les premiers symptômes de la
démence fronto-temporale.
138 SPCD... LES ÉVALUER
I NDEX QUANTITATIF
Fréquence
0. Jamais
1. Quelquefois : moins d’une fois par semaine
2. Assez souvent : environ une fois par semaine
3. Fréquemment : plusieurs fois par semaine mais pas tous les jours
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4. Très fréquemment : tous les jours ou pratiquement tout le temps
Gravité
0. Absent
1. Léger : produit peu de stress pour le patient
2. Moyen : stressant pour le patient et entraînant des anomalies comporte-
mentales non négligeables
3. Important : source majeure d’anomalies comportementales
Retentissement
À quel point ce comportement est perturbant-il pour vous au plan émotionnel
(pour vous, en tant que soignant, entourage) ?
0. Pas du tout
1. Minimum
2. Légèrement
3. Modérément
4. Sévèrement
5. Très sévèrement, extrêmement
Spécifiques
!
NPI NPI-C
Aidant Patient Clinicien
!si Fréq. Sev. Ret. Fréquence Sévérité
Description
oui 0-4 0-3 0-5 0-4 0-3
1. Le patient/la patiente croit-il/elle être en danger ou que les autres ont l’intention
de lui faire du mal ?
2. Le patient/la patiente croit-il/elle que les autres le/la volent ?
3. Le patient/la croit-il/elle que sa conjointe/son conjoint a une liaison ?
4. Le patient/la patiente croit-il/elle que des hôtes indésirables vivent sous son
toit ?
5. Le patient/la patiente croit-il/elle que sa conjointe/son conjoint ou d’autres
personnes ne sont pas ceux qu’ils prétendent être ?
6. Le patient/la croit-il/elle qu’il/elle n’est pas chez lui/elle dans la maison où il/elle
habite ?
7. Le patient/la patiente croit-il/elle que des membres de sa famille ont l’intention
de l’abandonner ?
8. Est-ce que le patient/la patiente croit-il/elle que des personnes que l’on voit à la
télévision ou dans des magazines sont réellement présentes dans sa maison ?
(essaie-t-il/elle de leur parler ou de communiquer avec elles ?)
Cotation du domaine : Total colonne
Fréquence (0-4) Total : Freq. x Sev.
Sévérité (0-3)
Total (Freq. x Sévérité)
Échelles et questionnaires
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140 SPCD... LES ÉVALUER
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C RITÈRES DIAGNOSTIQUES
Les critères diagnostiques, proposés par certains auteurs, ont été
développés afin de permettre d’évaluer la présence ou l’absence d’un
syndrome comportemental donné. Ils sont donc qualitatifs, et non pas
quantitatifs (ils n’ont pas pour objectif de préciser l’intensité d’un
syndrome). Il en existe actuellement pour les symptômes psychotiques
(Jeste et Finkel, 2000), la dépression (Olin et al., 2002) et l’apathie
(Robert et al., 2009).
CE QU ’ IL FAUT RETENIR
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Échelle d’Evaluation de la Démotivation (EAD) (Chantoin, 2002).
Apathie
Dementia Apathy Interview and Rating (DAIR) (Strauss, 2002).
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conversation, réaliser des activités de la vie quotidienne, initier une
activité sociale, communiquer des choix)
RÉPONSE : Perte des comportements en réponse aux sollicitations de
l’environnement (p.ex. : répondre dans la conversation, participer à une
activité sociale)
B2. COGNITION : Perte ou réduction des activités cognitives orientées
vers un but, mises en évidence par au moins un des symptômes
suivant :
INITIATION : Perte de spontanéité ou de curiosité pour les événements
nouveaux ou habituels (p.ex., initier des tâches complexes, s’intéresser
aux événements récents, répondre aux opportunités sociales, manifes-
ter un intérêt pour les affaires personnelles, familiales ou sociales)
RÉPONSE : Perte de réactivité aux commentaires ou questions de
l’entourage concernant les événements nouveaux ou habituels (p.ex. à
propos de la résidence, du voisinage ou du quartier)
B3. ÉMOTION : Perte ou diminution des émotions mises en évidence
par au moins un des symptômes suivant :
INITIATION : un manque de ressenti émotionnel (p.ex., sentiment
subjectif d’un manque ou d’une absence d’émotion ou observation par
autrui d’affects émoussés), rapporté par le sujet lui-même ou observé
par les autres
RÉPONSE : Perte de réactivité émotionnelle aux événements posi-
tifs ou négatifs de l’environnement (p.ex., l’entourage rapporte une
absence ou une faible réactivité émotionnelle face à des événements
agréables, une épreuve personnelle, une maladie grave, des nouvelles
bouleversantes)
C. Les critères (A et B) sont à l’origine d’une souffrance et/ou
interfèrent avec la vie sociale et occupationnelle.
Échelles et questionnaires 143
* NA = non applicable ** la réponse OUI = A & B ne sont pas liés à un handicap La réponse
NON = A et B sont liés à liés à un handicap.
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Chapitre 12
Gérontechnologies
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Alexandre Koenig, Alexandre Derreumaux,
Guillaume Sacco
P RÉAMBULE
Les nouvelles technologies de l’information et de la communication
(nTIC) prennent une part de plus en plus importante dans notre vie
quotidienne et peuvent être un support tant pour une aide directe des
usagers (Wichers et al., 2011) que pour l’évaluation clinique (David et
al., 2010 ; Robert et al., 2010).
Concernant cette dernière, il devient de plus en plus nécessaire
de trouver des méthodes permettant d’avoir une appréciation la plus
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Téléconsultation
!
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économique, lié entre autres à la diminution des visites à domiciles et
du nombre d’hospitalisations (Dansky et al., 2001), ce type de système
permet également l’accès aux soins spécialisés dans des zones rurales ou
sous-médicalisées (De Leo et al., 1992).
De façon intéressante, l’acceptabilité de la téléconsultation est très
bonne chez les sujets atteints de troubles cognitifs et s’est révélée efficace
dans la prise en charge des troubles de mémoire, du langage et de
l’attention dans cette population (Poon et al., 2005 ; Vestal et al., 2006).
Actimétrie
!
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Reconnaissance vidéo automatisée
!
Géolocalisation
!
Analyse de la voie
!
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parole par un système d’enregistrement audio lors de la consultation,
combinée avec d’autres méthodes, pourrait devenir une méthode simple,
non invasive et à faible coût, utile au diagnostic précoce de certaines
démences (Lopez-de-Ipina et al., 2013).Ainsi, des analyses de discours
à la recherche de biomarqueurs vocaux ont déjà été utilisées dans la
démence (Bucks et al., 2000) et dans la maladie de Parkinson (Tsanas et
al., 2012). En 2013, Lopez-de-Ipiña et son équipe ont obtenu des résultats
prometteurs en appliquant des algorithmes intelligents à des discours de
patients afin de contribuer à l’amélioration du diagnostic de la MA et à
son degré de gravité (Lopez-de-Ipina et al., 2013). De même, dans les
troubles cognitifs légers (MCI), différentes caractéristiques du langage
parlé (fréquence, durée des pauses) permettent ainsi de discriminer sujets
sains et sujets atteints de MCI (Roark et al., 2011).
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Concernant les troubles du comportement, plusieurs équipes ont
travaillé sur l’intégration de capteurs infrarouges. Ces travaux ont abouti
à la possibilité d’évaluer la modification de mobilité sur 24 heures (Chan
et al., 2005), de détecter et de classer les principaux mouvements réalisés
dans une pièce (Banerjee et al.,2003) mais aussi de détecter d’éventuels
troubles du sommeil comme marqueurs précoces de démence (Suzuki et
al., 2007).
Néanmoins, certaines questions éthiques et juridiques sont encore en
suspens et, à l’heure actuelle, il n’existe aucune preuve des effets des
maisons intelligentes sur la santé. Des essais contrôlés randomisés sont
donc nécessaires pour comprendre les avantages et inconvénients de ces
projets, c’est pourquoi la communauté européenne promeut actuellement
plusieurs projets visant à déterminer la faisabilité et l’intérêt clinique
de ce type de systèmes dans la prise en charge des patients atteints
de démence. Néanmoins, selon certains experts, cette évaluation ne
sera possible qu’avec une prolifération généralisée et la pénétration des
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Serious games
!
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Afin d’acquérir plus de crédibilité académique et professionnelle ainsi
qu’une meilleure acceptation, le domaine des serious games aurait besoin
d’investir davantage dans la recherche visant la faisabilité et l’efficacité
de ces derniers dans les troubles liés à la démence, nonobstant les défis
éthiques émergents dans ce domaine.
CE QU ’ IL FAUT RETENIR
SPCD...les traiter
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Chap. 13 Approches non pharmacologiques (ANP). . . . . . . . . . . 153
Chap. 14 Approches pharmacologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163
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Chapitre 13
Approches non
pharmacologiques (ANP)
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Audrey Deudon, Elsa Leone, Julie Piano
qualité de vie, l’autonomie et les droits des personnes malades ainsi que
ceux de leurs aidants. Un rapport synthétique a été remis en 2013 sur les
SPCD, leur prise en charge et l’efficacité des différentes ANP existantes.
Il est également possible de consulter la revue de la littérature réalisée
par Hulme et collaborateurs portant sur l’efficacité des ANP dans la prise
en charge des SPCD (Hulme et al., 2010).
Les ANP ont été décrites par de nombreux auteurs en tant qu’inter-
ventions ne se fondant pas sur une médication mais se focalisant sur des
domaines particuliers influençant le comportement de patients atteints de
démence, tels que la cognition, les émotions et l’environnement (Camp
et al., 2002 ; Dorenlot, 2006).
Il existe de multiples ANP qui ont toutes pour objectif commun
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de prévenir, prendre en charge, réduire, voire éliminer les occurrences
d’un comportement problématique, réunissant donc deux versants : des
actions à la fois préventives et symptomatologiques.
Selon la définition du Larousse, la prévention est un « ensemble
de moyens médicaux et médico-sociaux mis en œuvre pour empêcher
l’apparition, l’aggravation ou l’extension des maladies, ou leurs consé-
quences à long terme » et selon l’Organisation mondiale de la santé,
« la prévention est l’ensemble des mesures visant à éviter ou réduire
le nombre et la gravité des maladies, des accidents et des handicaps »
(rapport Flajolet : http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/annexes.pdf ).
Les actions préventives menées auprès des personnes atteintes de MA
ou d’un syndrome apparenté, ou d’une façon plus globale d’une démence,
peuvent donc être effectuées à deux niveaux :
! prévenir l’apparition d’un SPCD non manifesté jusque-là par la
personne malade ;
! éviter qu’un SPCD ne se reproduise et ne se pérennise.
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contexte de survenue, des causes étiologiques, des causes sous-jacentes
et de s’interroger sur le degré d’urgence et/ou de dangerosité des SPCD
relevés chez un sujet donné pour lui-même et ses proches. L’étape
suivante consiste à la mise en place d’un plan de traitement. Pour finir,
l’efficacité et l’adaptation des actions mises en place doivent toujours
être évaluées afin que des ajustements puissent être élaborés en continu
(Gitlin et al., 2012).
L ES DIFFÉRENTES APPROCHES
NON MÉDICAMENTEUSES
Interventions environnementales
"
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les troubles du sommeil, la dépression saisonnière (Skjerve et al., 2004)
et de réguler le rythme circadien. Les troubles du sommeil font partie
des SPCD les plus perturbateurs pour l’entourage. Ils peuvent conduire
à des errances nocturnes, des idées délirantes, de l’agitation et perturber
le sommeil de l’entourage et donc leur qualité de vie. Des patients
atteints de démence peuvent bénéficier de programmes d’amélioration
du sommeil (comme le NITE-AD (McCurry et al., 2005)) fondés sur
une meilleure hygiène de sommeil, une augmentation des activités
diurnes comme des activités physiques (marche) et une augmentation
du temps d’exposition à une forte source de lumière pendant la journée
(luminothérapie ou lumière naturelle). Cependant, ce type de prise en
charge doit être accompagné d’une formation de l’accompagnant pour
aider à la mise en place et au bon déroulement du programme.
Un questionnement quant à l’agencement architectural des lieux
d’accueil pour les personnes atteintes de démence émerge actuellement.
En effet, la reproduction du modèle hospitalier ne ferait qu’accentuer la
désorientation et la confusion des résidents. Un accueil en petite unité
dans des conditions rappelant celles du domicile, avec une participation
accrue aux activités de la vie quotidienne, serait à privilégier (Charras,
2013). Une personnalisation de l’espace et une plus grande intimité
permettraient également de réduire certains SPCD comme l’anxiété et
l’agressivité (Zeisel, 2013). Le contrôle de certaines composantes de
l’environnement physique permettrait donc de faire évoluer les compor-
tements des personnes âgées démentes. Ainsi, un espace privatif, avec des
chambres personnalisées, générerait une diminution des comportements
d’agression et d’agitation, tandis que des salles communes décorées
selon des thèmes variés, des accès extérieurs camouflés, contribueraient
à une diminution des symptômes dépressifs (Zeisel et al., 2004).Depuis
Approches non pharmacologiques (ANP) 157
Stimulation sensorielle
"
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permettrait de réduire les SPCD lors d’un soin, notamment les comporte-
ments d’opposition, d’agressivité et anxiété. Les auteurs reconnaissent
toutefois que le comportement des soignants pendant les soins est
impliqué dans la manifestation ou non de SPCD par les résidents
(Andreeva et al., 2011).
Toujours dans le domaine des stimulations sensorielles, la musicothé-
rapie est classiquement utilisée. Elle est réalisée soit de manière passive,
basée par exemple sur de l’écoute musicale, soit de façon plus active
avec une expression vocale et/ou musicale. Ce type d’interventions est
relativement aisé à mettre en place et permettrait notamment de réduire
l’agitation des patients ou d’augmenter la coopération pendant les soins
(Thomas et al., 1997 ; Clark et al., 1998). Certaines études mettent en
évidence que des interventions ciblées avec une recherche des airs et
chansons « préférés » des patients seraient encore plus efficaces (Gerdner
2000 ; Ragneskog et al., 2001). Une récente revue de la littérature dans
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Stimulation psychosociale
"
Certaines ANP possibles pour réduire les SPCD font intervenir les
émotions et la communication. Le robot phoque Paro est par exemple une
solution alternative pour réduire les SPCD des patients MA à un stade
sévère. Une réduction globale statistiquement significative des SPCD a
été observée chez les participants après huit séances individuelles de 20
minutes de présentation de l’objet (Sant’anna et al., 2012). Récemment,
et de manière pilote, Chalumeau et ses collaborateurs ont montré l’impact
positif de la présence de clowns dans une unité spécifique Alzheimer
(Chalumeau et al., 2011). Il s’agit d’une étude observationnelle, mais
les résultats qualitatifs sont suffisamment prometteurs pour conduire à
la réalisation d’une étude reposant sur une méthodologie rigoureuse. En
2013, une revue de la littérature sur les ANP faisant intervenir des ani-
maux réels ou robotisés conclut à l’impact positif de ce type d’approche
sur l’agitation et dans le domaine des interactions sociales. Cependant,
les auteurs soulignent que les interventions sont très différentes. En plus
du type d’intervention, leur durée et leur fréquence optimum en termes
de meilleur ratio entre bénéfices et coûts ne sont pas encore clairement
définies (Bernabei et al., 2013).
Stimulation motrice
"
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comportement permettait d’améliorer à la fois la forme physique et les
symptômes dépressifs (Teri et al., 2003). Une étude récente comparant
l’effet sur les SPCD d’exercices de marche quotidienne d’intensité
croissante (jusqu’à 20-30 minutes par jour, 5 fois par semaine) chez des
sujets déments et leur accompagnant familial habituel n’a, en revanche,
pas montré d’amélioration de l’exercice physique sur les SPCD, mais
retrouvait une amélioration du fardeau pour l’aidant par rapport aux
SPCD présentés par le conjoint MA (Lowery et al., 2013).
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pour leurs patients est capitale. Cependant, certains médecins traitants
n’ont pas connaissance de ces informations et peuvent être sceptiques
quant aux ANP constituant un frein à leur mise en place (Barrett et
al., 1997 ; Pucci et al., 2004 ; Turner et al., 2004). Des campagnes
d’informations synthétiques, pratiques, ludiques et compatibles avec
leurs contraintes de travail devraient faire l’objet d’une réflexion.
Parallèlement, d’autres auteurs se sont, quant à eux, centrés sur les
relations et l’amélioration des compétences d’interaction entre les aidants
naturels et leur proche. Le rôle des aidants va toujours en s’accentuant, et
on leur demande de plus en plus de temps et d’implication. Les informer
sur ce qu’implique le fait d’être un aidant leur permettra de mieux
prendre leurs dispositions, de chercher du soutien dans leur entourage
ou des aides extérieures. Des approches structurées et individualisées
peuvent être développées pour aider les aidants à réduire ou à gérer
les SPCD et à développer des réponses appropriées (Seattle Protocols :
Teri et al., 2002, 2005). Ces stratégies, connaissant l’interaction forte
entre les SPCD des personnes malades et les symptômes présents chez
les aidants, plus particulièrement l’anxiété et la dépression, permettent
de les réduire significativement. Certaines interventions psychosociales,
par exemple, portent directement sur les aidants afin de les aider à
mieux gérer leur stress, à augmenter leur bien-être et contribueraient à
réduire leurs symptômes dépressifs (Mittelman et al., 2004, 2007, 2008).
Plusieurs études ont pu mettre en évidence que la combinaison support
familial/accueil de jour était efficace pour réduire les SPCD. Parallèle-
ment, ce tandem améliorerait le niveau de confiance de l’accompagnant
et retarderait même le placement en institution (Mittelman et al., 2006).
L’aide aux aidants qu’elle soit d’ordre informel, émotionnel, social ou
pratique représente donc une réelle valeur ajoutée dans la prise en charge
Approches non pharmacologiques (ANP) 161
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Stimulation cognitive
"
CE QU ’ IL FAUT RETENIR
Les ANP sont multiples. Elles sont souvent choisies et mises en place en
fonction du matériel et des professionnels à disposition sur le terrain (soutien
psychologique, réhabilitation, psychomotricité, ergothérapie, musicothérapie,
orientation dans la réalité (Proulx et al., 2001)). En effet, les ANP revêtent
différents aspects et utilisent différents supports. Ils peuvent s’appuyer sur
une approche psychosociale, être issus du champ de la psychopathologie,
ou encore être développés au regard des connaissances issues de la
neuropsychologie cognitive (Proulx et al., 2001). Ces thérapies sont très
largement appliquées dans les consultations mémoires, les accueils de jour,
les établissements d’hébergement pour personnes âgées et commencent à
être mises en place à domicile par les accompagnants.
Le développement d’études visant à évaluer l’efficacité des ANP n’a conclu
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qu’à des résultats modestes, en contradiction avec la perception positive
qu’en ont ceux qui les appliquent ou en bénéficient (ANAES, 2003 ; Dorenlot
2006 ; Oresnik 2008 ; Hulme et al., 2010). Ces résultats mitigés peuvent
s’expliquer par différents facteurs : premièrement, du fait de la population
étudiée (c’est-à-dire des personnes ayant des troubles cognitifs et peu de
capacités de verbalisation) (Dorenlot, 2006) ; deuxièmement, en raison
de la difficulté à définir des niveaux de preuves avec les ANP à visée
psychothérapeutique ou réadaptative (Charazac, 2006) ; troisièmement,
en raison du manque de modèle consensuel explicatif qui sous-tendrait
l’ensemble de ces approches ; quatrièmement, du fait que le type d’ANP
le plus efficace n’a pas encore été défini, la plupart des études associent
plusieurs types d’intervention : couplage stimulation motrice et musicothé-
rapie (Sung et al., 2006), association stimulation motrice et programme
de formation des aidants (Teri et al., 2003), ou encore le programme Voix
d’or (Delphin-Combe et al., 2013) associant musicothérapie, réminiscence,
relaxation et réorientation ; ou d’autres encore plus floues, ne définissant
pas les prises en charge réalisées et indiquant uniquement qu’il s’agit d’ANP
(Chen et al., 2013). Toutefois, plusieurs revues de la littérature dans le
domaine semblent s’accorder pour dire que l’une des techniques les plus
prometteuses et efficaces est les techniques de prise en charge comporte-
mentale. Ces techniques correspondent à une éducation psychologique des
accompagnants et un apprentissage — par ces mêmes accompagnants —
de techniques pour changer leur mode d’interaction avec le patient.
Ainsi, même s’il n’y a pas encore suffisamment de preuves pour indiquer
clairement que les ANP sont efficaces sur les SPCD, ni quelle est l’ANP la
plus efficace, comme le conclut le rapport synthétique de ALCOVE de 2013,
la nécessité d’augmenter les recherches dans ce domaine pour essayer de
diminuer la fréquence des SPCD et augmenter les compétences des soignants
pour faire face à ce type de symptôme doit être promulguée et effective.
Chapitre 14
Approches pharmacologiques
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Philippe Balard, Renaud David
P RÉAMBULE
Le développement industriel d’agents pharmacologiques dans la MA
a très largement ciblé, en premier lieu, l’amélioration des performances
cognitives, mais très peu la mise en place de stratégies médicamen-
teuses spécifiques pour les SPCD (Ballard et al., 2013). Il est, pourtant,
indispensable de pouvoir proposer une réponse thérapeutique efficace,
mais surtout rapide, tant les SPCD peuvent être d’installation brutale
et entraîner un retentissement socio-familial fort. Actuellement, les
recommandations quant à leur prise en charge sont cependant plus
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Traitements symptomatiques
!
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l’acetylcholinesterase (IAChE) (donepezil, galantamine, rivastigmine)
et les antagonistes glutamatergiques (memantine). Ces molécules sont
préconisées dans le traitement symptomatique de la MA, et ciblent
essentiellement l’amélioration des troubles cognitifs. Elles ont toutefois
montré, dans certaines études, un effet bénéfique, bien que modéré, sur la
plupart des SPCD observables dans la MA (Winblad et al., 2007 ; Camp-
bell et al., 2008). Le bénéfice de ces traitements reste toutefois discuté
(Gauthier et al., 2010). Les IAChE seraient préférentiellement efficaces
sur l’apathie, la dépression et les comportements moteurs aberrants,
alors que la Mémantine serait plus efficace sur l’agitation/agressivité,
l’irritabilité et les symptômes psychotiques. Cependant, ces médicaments
ne font pas l’objet de recommandations spécifiques, par l’HAS et d’autres
sociétés savantes, dans la prévention et le traitement des symptômes
psychotiques et comportements perturbateurs (HAS, mai 2009), ni pour
les autres SPCD. Du fait d’un profil d’efficacité possiblement différent
des IAChE et de la mémantine sur les SPCD associés à la MA, les
bithérapies associant un IAChE et la memantine ont montré, pour certains
auteurs, un bénéfice clinique significatif en présence de SPCD multiples
chez un même sujet, sans effet bénéfique, en revanche, au plan cognitif
(Howard et al., 2012). Cependant, la bithérapie n’est actuellement pas
une recommandation d’experts en France en raison de l’absence de
données congruentes suffisantes (HAS, décembre 2011). Une revue de la
littérature récente regroupant les résultats de plusieurs essais randomisés
contrôlés et méta-analyses relatives aux associations Mémantine-IAChE
et incluant également les résultats de plusieurs études non publiées, tend à
montrer un bénéfice significatif, bien que faible, sur les troubles cognitifs
et sur les SPCD après 6 mois de traitement (Farrimond et al., 2012).
L’utilisation d’IAChE, avec ou sans mémantine, permet notamment
de diminuer la durée et la posologie des psychotropes (lorsque leur
Approches pharmacologiques 165
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mais pas avec galantamine. Les symptômes les mieux améliorés par le
traitement étaient l’agitation/agressivité (Cumbo et Ligori, 2013). Un
aspect important de la prise en charge médicamenteuse de patients
ayant une MA consiste également à éviter la prescription d’agent
pharmacologique ayant une action anticholinergique, comme certains
psychotropes et d’autres médicaments d’utilisation courante mais à
action anticholinergique cachée (tableau 14.1). En effet, un tel effet
va à l’encontre de l’action cholinergique recherchée avec les molécules
visant à ralentir le déficit cognitif et mnésique dans la MA, telles que
les IAChE. Il a par ailleurs été montré par certains auteurs les effets
délétères au plan cognitif des molécules anticholinergiques (Ancelin et
al., 2006 ; Carriere et al., 2009 ; Fox et al., 2011), tant au niveau des
fonctions mnésiques que des fonctions exécutives (Lechevallier-Michel
et al., 2005), ainsi que l’association entre activité anticholinergique
sérique (reflet du retentissement anticholinergique des médicaments
et de leurs métabolites chez une personne donnée) et fonctionnement
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Hypnotique Méprobamate+ Noctran
acétaprométazine Mépronizine
Gastro- Antiémétiques Métoclopramide Primpéran
entérologie Métopimazine Vogalène
Antispasmodique Oxybutynine Ditropan
dans l’instabilité Trospium Céris
Urologie vésicale Toltérodine Détrusitol
Solifénacine Vésicare
Antitussifs anti H1 Pimétixène Calmixène
Oxomémazine Toplexil
Pneumologie
Bronchodilatateurs Ipratropium Atrovent
anticholinergiques Tiotropium Spiriva
Cardiologie Troubles du rythme Disopyramide Rythmodan
Antihistaminiques Prométhazine Phenergan
phenothiaziniques Alimémazine Théralène
Allergologie Anti H1 Hydroxyzine Atarax
Dexchlorphéniramine Polaramine
cyproheptadine
Antispasmodiques Atropine Visceralgine
Autres anticholinergiques Tiémonium
Scopolamine
est plus fréquente chez les sujets recevant un traitant par IAChE que
chez ceux les sujets n’en recevant pas (analyse rétrospective sur sept
cent mille dossiers) (Johnell et Fastbom, 2008). La prescription initiale
d’IAChE chez un sujet dément favorisait la prescription subséquente de
molécules à action anticholinergique (pour lutter, par exemple, contre
une incontinence urinaire secondaire) (Gill et al., 2005). De plus les
molécules anticholinergiques sont déconseillées chez le sujet âgé en
Approches pharmacologiques 167
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prescription d’IAChE de 16 %, d’anticholinergiques de 23 % (à partir
de l’analyse de 1367 ordonnances) (Balard et al., 2013). L’association
IAChE – anticholinergique était retrouvée pour 23,4 % des patients avec
IAChE, et passait à 8 % après signalement de l’association médica-
menteuse auprès du médecin traitant. Les cinq molécules anticholiner-
giques les plus prescrites (parmi les trente-quatre molécules recensées)
étaient respectivement l’hydroxyzine (Atarax®) (18 %), la mirtazapine
(Norset®) 11 %, l’oxybutynine chlorhydrate (Ditropan®) (10,5 %), le
trimébutine maléate (Débridat®) (9,6 %) et le Noctran (9 %). Les autres
molécules anticholinergiques avaient une fréquence de prescription de
5 % et moins (tableau 14.2).
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Olanzapine Zyprexa 4% Antipsychotique
Trospium chlorure Céris 3,70 % Instabilité vésicale
Tropatépine Lepticur 3,40 % Antiparkinsonien
Amitriptyline Laroxyl 3% Antidépresseur
Métopimazine Vogalène 2,50 % Anti-nauséeux, anti-vomitif
Tiotropium bromure Spiriva 1,80 % Bronchodilatateur
Clozapine Léponex 1,50 % Antipsychotique
Alvérine citrate, Météospasmyl 1,50 % Troubles digestifs fonctionnels
siméticone
Zuclopenthixol Clopixol 0,90 % Antipsychotique
Trihexyphénidyle Artane 0,90 % Antiparkinsonien
Carbamazépine Tégrétol 0,90 % Anti-convulsivant
Clomipramine Anafranil 0,60 % Antidépresseur
Trimipramine Surmontil 0,60 % Antidépresseur
Solifénacine Vésicare 0,60 % Instabilité vésicale
Bipéridène Akinéton 0, 30 % Antiparkinsonien
Ipratropium bromure Atrovent 0, 30 % Rhinorrhée
Colchicine Colchimax 0, 30 % Crise de goutte
Doxylamine Donormyl 0, 30 % Insomnie
Chlorpromazine Largactyl 0, 30 % Antipsychotique
Clidinium bromure, Librax 0, 30 % Anxiété avec troubles
chlordiazépoxide fonctionnels digestifs
Lévopromazine Nozinan 0, 30 % Antipsychotique
Flluphénazine Modécate 0, 30 % Antipsychotique
Prométhazine Phenergan 0, 30 % Manifestations allergiques,
insomnie
Disopyramide Rythmodan 0, 30 % Troubles du rythme cardiaque
Oxomémazine Toplexil 0, 30 % Antitussif
Approches pharmacologiques 169
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P LACE DES PSYCHOTROPES CLASSIQUES
DANS LA PRISE EN CHARGE DES SPCD
Antipsychotiques
!
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au maximum), à dose minimale efficace et réévalué au maximum dans
les 15 jours (en pratique, la risperidone [0,25 à 1mg/j], l’olanzapine [2,5
à 5mg/j], l’aripiprazole [5 à 10 mg/j] peuvent être utilisés) (Ballard et
Corbett, 2010). La tolérance doit être le premier critère de choix du traite-
ment antipsychotique prescrit (Alexopoulos et al., 2004). La prescription
de neuroleptiques classiques n’est pas recommandée actuellement (HAS
Mars 2008). Dans la MA, la prescription d’antipsychotique ne doit être
proposée que chez des sujets recevant déjà un agent anti-Alzheimer
(IAChE ou mémantine), sauf en cas de contre-indication à ce dernier.
Les antipsychotiques sont, de plus, déconseillés dans la MA en raison de
leurs effets indésirables connus :
" action anticholinergique (valable pour les neuroleptiques classiques et
les antipsychotiques atypiques) ;
" effets secondaires extrapyramidaux, dyskinésies tardives, trouble de
la marche avec chute, sédation importante ;
" majoration du risque cardiovasculaire (augmentation du risque d’AVC,
allongement de l’intervalle QT) ;
" syndrome métabolique (présence d’au moins trois atteintes parmi :
obésité, hyperglycémie, hypertension artérielle, dyslipidémie) ;
" augmentation de la mortalité avec les antipsychotiques atypiques
(Schneider et al., 2005) et classiques (Ballard et al., 2009).
Anxiolytiques
!
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Ils sont habituellement prescrits pour traiter les symptômes anxieux
ponctuels, mais également parfois en cas d’agitation, d’agressivité,
d’irritabilité. Leur durée maximale de prescription doit être inférieure
à douze semaines pour les anxiolytiques et quatre semaines pour les
hypnotiques.
Des règles de bon usage pour la prescription de benzodiazepines ont
été proposées en décembre 2012 par l’ANSM (ANSM, décembre 2012) :
" prescription de benzodiazépines (à visée anxiolytique ou hypnotique)
uniquement après échec des approches non médicamenteuses ;
" durée de prescription la plus courte possible ;
" réévaluation régulière de la prescription ;
" information du patient quant aux risques liés à la consommation de
benzodiazépines, avec accompagnement dans l’arrêt de leur consom-
mation.
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Antidépresseurs
!
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la MA, même si certaines données récentes suggèrent qu’ils n’améliorent
pas ou peu les symptômes dépressifs dans la MA (Banerjee et al., 2011).
Dans cette indication, les antidépresseurs de la classe des inhibiteurs
spécifiques de la recapture de la sérotonine (ISRS) ont montré une
efficacité comparable aux autres classes d’antidépresseurs (non-ISRS),
avec généralement une meilleure tolérance. De ce fait, les ISRS sont
recommandés en première intention en cas d’épisode dépressif associé
à la MA, à condition que le diagnostic différentiel avec l’apathie ait été
correctement fait. Une étude récente a néanmoins montré une absence
d’efficacité, comparativement au placebo, des molécules de sertraline et
mirtazapine dans un essai randomisé-contrôlé réalisé chez 326 sujets MA
avec dépression (échelle de Cornell), évalués après treize semaines de
traitement, faisant ainsi évoquer l’idée d’évaluer de nouvelles molécules
antidépressives (Banerjee et al., 2013). Inversement, une étude compa-
rant l’évolution des SPCD de patients déments non dépressifs traités par
citalopram, escitalopram, sertraline ou paroxetine pendant au moins trois
mois, puis séparés en deux groupes (poursuite versus arrêt du traitement
antidépresseur), a montré une augmentation des symptômes dépressifs
dans le groupe ayant interrompu le traitement antidépresseur (Bergh et
al., 2012).
Les ISRS ont également montré une efficacité, plus contrastée cepen-
dant, en cas d’agitation associée à la MA. Ainsi, les molécules de
Sertraline et Citalopram ont montré une efficacité similaire aux antipsy-
chotiques Haloperidol et Risperidone en cas d’agitation (Pollock et al.,
2007), mais ne doivent pas être prescrites en cas d’agitation associée à
un état maniaque. Les antidépresseurs tricycliques doivent actuellement
être évités, au moins en première intention, en raison de leur action
anticholinergique et de leur tolérance souvent moins bonne. En cas
d’anxiété chronique, les ISRS sont également préconisés (d’autant plus
Approches pharmacologiques 173
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Par ailleurs, certaines molécules récentes et d’utilisation courante ont
quelques restrictions de prescription chez le sujet âgé (par exemple,
escitalopram Seroplex® (ISRS) (limitation de la posologie à 15 mg/j
si âge > 65 ans) ; agomélatine Valdoxan® (antidépresseur mélatoniner-
gique) (efficacité non démontrée pour les sujets > 75ans). Les antidépres-
seurs tricycliques, du fait de leur action anticholinergique, favorisent la
survenue d’effets indésirables à type de constipation, rétention d’urine,
glaucome aigu ou syndrome confusionnel.
Les antidépresseurs de type inhibiteur de la monoamine oxydase
(IMAO) sont peu prescrits, en raison des précautions de prescription
qu’ils requièrent. Le moclobémide, en revanche, est un IMAO sélectif
de la MAO-A, ayant peu d’effets indésirables et ne nécessitant aucune
précaution d’emploi particulière (si ce n’est sa prescription conjointe
avec un ISRS). Cette molécule présente un intérêt en cas de syndrome
apathique marqué en raison de ses propriétés éveillantes.
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Thymorégulateurs
!
Autres
!
CE QU ’ IL FAUT RETENIR
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intention devant la survenue de troubles du comportement associés à la
MA, sauf dans certaines situations précises (état psychotique avec danger
potentiel, épisode dépressif majeur avec ou sans idéation suicidaire, état
d’agressivité avec danger pour autrui).
Lorsque la prise en charge non pharmacologique seule ne permet pas
l’amélioration des SPCD, le recours à un traitement pharmacologique doit
être envisagé en association à une prise en charge non pharmacologique.
Les agents anti-Alzheimer peuvent permettre une amélioration, souvent
modérée, de certains troubles du comportement, tels que l’apathie, la dépres-
sion, les comportements moteurs aberrants (agents anticholinesterasiques)
ou l’agitation, l’irritabilité et les symptômes psychotiques (Mémantine).
Les psychotropes peuvent être considérés en suivant les précautions énoncées
précédemment. Le recours aux antipsychotiques peut permettre, en l’absence
d’alternatives, d’améliorer de façon modérée certains troubles du com-
portement, tels que les symptômes psychotiques ou l’agitation/agressivité,
en veillant à initier le traitement aux posologies minimales efficaces, en
réévaluant régulièrement le traitement qui doit être maintenu pour une
durée limitée seulement.
En présence de symptômes neuropsychiatriques dans le cadre d’une MA, les
traitements anticholinergiques ou la Mémantine doivent être mis en œuvre
avant l’utilisation de psychotropes, permettant entre autres de réduire les
posologies ou la durée totale de prescription de psychotropes lorsque ceux-ci
s’avèrent indispensables.
Conclusion
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L A COMPRÉHENSION ET LA PRISE EN CHARGE des SPCD ont sus-
cité moins d’intérêt, de la part de la communauté scientifique, que
les symptômes cognitifs ou même que le retentissement fonctionnel
sur les activités de vie quotidienne dans la maladie d’Alzheimer et les
pathologies apparentées. Pourtant, grâce aux approches thérapeutiques
actuellement disponibles, à la fois non médicamenteuses et pharmaco-
logiques, il existe des modalités de prise en charge thérapeutique pour
les SPCD. Ces modalités thérapeutiques sont, certes, symptomatiques,
c’est-à-dire qu’elles ne permettent d’empêcher, de manière définitive, la
survenue des différents SPCD présentés dans cet ouvrage. Elles sont,
par ailleurs, chronophages et mobilisent un entourage professionnel
nombreux, devant être spécifiquement formé, dans le cas des approches
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pas encore permis de proposer des thérapeutiques permettant d’en
interrompre le processus neurodégénératif.
Bibliographie
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