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L'année psychologique

Mesurer la résistance à l'interférence chez l'enfant : élaboration d'un


nouveau test à « effet Stroop »
Valérie Pennequin, Isabelle Nanty, Abdelhamid Khomsi

Citer ce document / Cite this document :

Pennequin Valérie, Nanty Isabelle, Khomsi Abdelhamid. Mesurer la résistance à l'interférence chez l'enfant : élaboration d'un
nouveau test à « effet Stroop ». In: L'année psychologique. 2004 vol. 104, n°2. pp. 203-226;

doi : https://doi.org/10.3406/psy.2004.29664

https://www.persee.fr/doc/psy_0003-5033_2004_num_104_2_29664

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Abstract
Summary : Development of resistance to interference capacities
Age-related changes in resistance to interference were examined on a new task, the « Stroop-drawing
». This task was constructed to be isomorphous to the original Stroop task (1935), but the resistance to
interference was not based on subjects' reading capacities. Nine-year olds, 12-year olds and young
adults were tested on the original Stroop task and on the « Stroop-drawing » task. The findings showed
that performances on each task follow the same evolution throughout the age groups. These results
suggest that the « Stroop-drawing » task measures resistance-to-interference capacities without
requiring subjects' reading capacities.
Key words : elaboration of a task, resistance-to-interference, Stroop effect, development.

Résumé
Résumé
Les changements liés à l'âge concernant la capacité des sujets à résister à l'interférence sont
examinés à l'aide d'un nouveau test, le « Stroop-image ». Ce test est construit de façon isomorphe à la
tâche originale de Stroop (1935), mais le traitement automatique auquel le sujet doit résister n'est pas
lié à ses capacités de lecture. Des sujets de 9 ans, 12 ans et déjeunes adultes ont passé la version
originale du Stroop et la version « Stroop-image ». Les résultats montrent des profils
développementaux semblables pour les deux tâches. Il semble donc que le « Stroop-image » permette
de mesurer les capacités de résistance à l'interférence sans faire appel aux capacités de lecture du
sujet.
Mots clés : élaboration de test, résistance à l'interférence, effet Stroop, développement.
L'année psychologique, 2004, 104, 203-226

Université de Tours1
Laboratoire UPRES 2114
« Vieillissement et développement adulte :
cognition, rythmicité et adaptation »*
Laboratoire « Langage et Handicap »**

MESURER LA RÉSISTANCE
À L'INTERFÉRENCE CHEZ L'ENFANT :
ÉLABORATION D'UN NOUVEAU TEST
À « EFFET STROOP »

Valérie PENNEQUIN2*, Isabelle NANTY**,


Abdelhamid KHOMSI**

SUMMARY : Development of resistance to interference capacities

Age-related changes in resistance to interference were examined on a new


task, the « Stroop-drawing ». This task was constructed to be isomorphous to
the original Stroop task (1935), but the resistance to interference was not based
on subjects' reading capacities. Nine-year olds, 12-year olds and young adults
were tested on the original Stroop task and on the « Stroop-drawing » task. The
findings showed that performances on each task follow the same evolution
throughout the age groups. These results suggest that the « Stroop-drawing »
task measures resistance-to-interference capacities without requiring subjects'
reading capacities.
Keywords : elaboration of a task, resistance-to-interference, Stroop effect,
development.

Il est aujourd'hui bien admis que le développement cognitif


de l'enfant n'est pas seulement une accumulation de
connaissances, mais qu'il dépend également de l'autorégulation cognitive
au cours de l'apprentissage. Par exemple, l'évolution de la capa-

1. Département de Psychologie, 3, rue des Tanneurs, BP 4103, 37041 Tours


Cedex 1.
2. E-mail : pennequin@univ-tours.fr.
204 Valérie Pennequin, Isabelle Nanty, Abdelhamid Khomsi

cité de mémoire de travail permet à l'enfant d'activer


simultanément de plus en plus d'unités d'information, de les stocker et de
les traiter (Case, 1985 ; Halford, 1982 ; Pascual-Leone, 1970). De
plus, l'augmentation de la vitesse de traitement avec l'âge
permet à l'enfant d'activer plus rapidement les informations (Bjor-
klund, 1985, 1987 ; Band, Maurits, Van der Molen, Overtoom et
Verbaten, 2000).
Un comportement intelligent nécessite donc l'activation des
informations pertinentes. Il est également nécessaire de
développer des capacités à résister ou à supprimer les informations non
pertinentes pour la résolution de la tâche. Le développement des
processus inhibiteurs est encore mal connu. Cependant, des
théories récentes montrent que l'intérêt des chercheurs se tourne
vers les processus inhibiteurs afin d'expliquer certains
changements cognitifs tant chez l'enfant (Bjorklund et Harnishfeger,
1990 ; Dempster, 1993 ; Houdé, 1995) que chez les personnes
âgées (Hasher et Zacks, 1988). Ces chercheurs s'accordent à
penser que la maturation du cortex frontal joue un rôle important
dans le développement des comportements qui nécessitent un
contrôle inhibiteur. Grâce à la maturation du cortex frontal,
l'enfant serait de plus en plus capable de détourner son attention
des stimuli prégnants ou qui n'ont pas été utiles dans une
situation donnée afin d'orienter son attention vers des stimuli plus
pertinents. Les études en imagerie par résonance magnétique
fonctionnelle indiquent en effet que l'activation des régions
frontales, pariétales, striatales et thalamiques augmentent
jusqu'à l'âge adulte. Pour Golden (1981), le cortex préfrontal n'est
pas vraiment fonctionnel avant l'âge de 12 ou 15 ans et
incomplet jusqu'à 24 ans. Toutefois, de plus récentes études ont permis
d'envisager une activité du cortex préfrontal dès la fin de la
première année (Diamond et Goldman-Rakic, 1989 ; Bell et Fox,
1992 ; Korkman, 2001), même si sa maturation se poursuit
jusqu'à la fin de l'adolescence (Casey, Trainor, Orendi, Schubert,
Nystrom, Giedd et Castellanos, 1997).
De nombreux auteurs s'accordent à penser que, lors du
développement, la capacité à résister aux interférences augmente
(Enns et Cameron, 1987 ; Tipper, Bourque, Anderson, et Bre-
haut, 1989 ; Howe et Pasnak, 1993). Dempster (1993) propose
un modèle concernant le développement des capacités de
l'enfant à résister à l'interférence. Il distingue trois formes
d'interférence : l'interférence de forme motrice concerne la capacité à
Nouveau test à « effet Stroop » et développement 205

résister à la répétition d'un acte moteur qui devient non


approprié (tâche de Go-noGo ou de Stop-signal). L'interférence de
forme perceptive concerne la capacité à résister à la distraction
engendrée par des stimuli visuels saillants (tâches d'attention
sélective). La troisième forme concerne la capacité du sujet à
résister à l'interférence provenant de la composante linguistique
de la tâche qui est non pertinente pour répondre à la consigne,
c'est-à-dire lorsque la lecture des stimuli interfère avec la
réponse correcte. Par exemple, dans la tâche de Stroop, la
lecture d'un mot de couleur interfère avec la dénomination de la
couleur de l'encre. Dans des tâches d'apprentissages successifs de
listes de mots, les mots appris dans la première liste interfèrent
lors du rappel des mots des listes suivantes. Selon le modèle de
Dempster, ces trois formes de résistance à l'interférence ne se
développent pas au même rythme : la diminution de la
sensibilité du sujet à l'une des formes d'interférence est accompagnée
par l'accroissement de la sensibilité à une autre forme. De la
naissance jusqu'à l'âge de 2 ans, le jeune enfant serait
particulièrement sensible à l'interférence motrice. Après 2 ans, la
diminution de la sensibilité à cette interférence s'accompagnerait d'une
augmentation de la sensibilité à la forme perceptive de
l'interférence. Vers 6 ans, l'enfant devient moins sensible à
l'interférence perceptive, mais devient plus sensible à l'interférence de
forme linguistique. Enfin, à partir de 8 ans, l'enfant devient peu
à peu moins sensible aux trois formes d'interférence jusqu'à un
seuil minimum vers l'âge de 16 ans.
Une tâche très souvent utilisée pour mesurer la capacité à
résister à l'interférence est le test de Stroop (Stroop, 1935). La
tâche consiste à donner le plus rapidement possible la couleur de
l'encre dans laquelle un mot est écrit. L'interférence est créée
par le fait que le mot est lui-même un nom de couleur : par
exemple le mot BLEU écrit en rouge. Cette condition interférente
est comparée à deux conditions contrôles dans lesquelles on
mesure la vitesse de lecture et la dénomination de couleurs. Ce
test mesure la capacité à focaliser sélectivement son attention
sur une information pertinente (la couleur de l'encre) et à
ignorer une information non pertinente (le sens du mot). Le sujet
doit inhiber le traitement automatisé de la lecture du mot de
couleur pour donner la couleur de l'encre.
La plus importante expérience concernant l'effet de l'âge sur
les performances au test de Stroop est celle de Comalli, Wapner
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et Werner (1962) ayant porté sur 200 personnes âgées de 7 à


80 ans. Les résultats ont montré que la sensibilité à
l'interférence diminuait entre 7 ans et l'âge adulte, restait
relativement stable chez l'adulte jusqu'à 65 ans, puis augmentait
entre 65 et 80 ans. Passler, Isaac et Hynd (1985) ont élaboré une
version du test de Stroop pour laquelle ils ont étudié l'évolution
des performances d'enfants entre 6 et 12 ans. La tâche consistait
à induire un conflit verbal en demandant au sujet de pointer du
doigt une carte grise quand l'expérimentateur disait « jour » et
de pointer une carte blanche quand l'expérimentateur disait
« nuit ». Les auteurs n'ont pas observé de différence de
performances entre 6 et 12 ans, car ils signalent l'existence d'un effet
plafond dès l'âge de 6 ans.
Gerstadt, Hong, et Diamond (1994) ont élaboré une version
simplifiée du test de Stroop afin d'étudier l'évolution des
capacités à résister à l'interférence des enfants de 3,5 ans à 7 ans. En
effet, la version originale du Stroop ne peut rendre compte de la
sensibilité des enfants de moins de 6 ans à l'interférence en
raison de leur incapacité à lire. La tâche utilisée par Gerstadt et ses
collègues (1994) possède quelques caractéristiques semblables à
la tâche de Passler et al. (1985). Toutefois, Gerstadt et al. ont
introduit des modifications afin de ne pas retrouver cet effet
plafond dès l'âge de 6 ans. La tâche est composée de deux types de
cartes : sur une face de la moitié des cartes est dessiné un soleil,
et sur la face de l'autre moitié des cartes sont dessinées une lune
avec des étoiles. La consigne du sujet est de dire « jour » lorsque
la lune et les étoiles sont dessinées sur la carte, et de dire « nuit »
lorsque le soleil est sur la carte. Comme le test de Stroop, le sujet
doit inhiber sa tendance naturelle à donner une autre réponse
verbale (c'est-à-dire à dire « jour » quand il y a le soleil et
« nuit » quand il y a la lune). Gerstadt et ses collègues pensent
que leur tâche requière davantage de capacités d'inhibition que
la tâche de Passler et al. en raison d'une plus forte association
entre les mots « jour » et « nuit » et les dessins de soleil et de
lune qu'entre les deux mots et les couleurs unies grise et blanche.
La condition d'interférence du Stroop Jour-Nuit est comparée à
une condition contrôle dans laquelle le sujet doit répondre
« jour » ou « nuit » selon deux signes arbitraires dessinés sur les
cartes. Selon les auteurs, cette condition contrôle ne requière que
de la mémoire, contrairement à la condition d'interférence
requérant de la mémoire et de l'inhibition. Les résultats de Ger-
Nouveau test à « effet Stroop » et développement 207

Stadt et al. (1994) montrent un accroissement régulier des


performances des enfants entre 3,5 ans et 7 ans au Stroop Jour-Nuit,
mais une amélioration des temps de réponse seulement à partir
de 4,5 ans. Les enfants réussissent à se rappeler correctement de
la règle d'association entre les mots « jour » et « nuit » et chaque
signe arbitraire dans la condition contrôle. Pourtant, la
condition d'interférence est très difficile pour les enfants les plus
jeunes. Les faibles scores dans la condition interférente ne
sont donc pas interprétables par à une difficulté à se rappeler les
deux règles d'associations (jour/lune et étoiles, nuit/soleil). Les
auteurs constatent que leurs résultats ne leur permettent pas de
trancher entre une interprétation en termes de déficit
d'inhibition ou en terme d'inattention et d'oubli. En effet, le fait qu'il
n'existe que deux possibilités de réponse ne permet pas de savoir
si les réponses correctes ou incorrectes des enfants sont
systématiques ou dues au hasard.
Dans une étude récente de Carlson et Moses (2001) portant
sur les liens entre les capacités inhibitrices et les performances de
« théorie de l'esprit » chez les enfants de 3 et 4 ans, deux versions
de Stroop ont été utilisées : le Stroop Jour-Nuit de Gerstadt et al.
(1994) et le Stroop Herbe-Neige inspiré de test de Passler et al.
(1985). Les deux versions du test original de Stroop reposent sur
le principe suivant : introduire un conflit entre l'information
perceptive visuelle et la réponse à produire. Le sujet doit résister à
1' « impulsion » de produire la réponse induite automatiquement
par le stimulus visuel, mais doit également produire une nouvelle
réponse qui est incompatible avec la réponse prégnante. Dans la
version Jour-Nuit, les enfants doivent donner leur réponse
verbalement, tandis que dans la version Herbe-Neige, la réponse est
motrice. En effet, l'enfant doit pointer du doigt une carte blanche
quand l'expérimentateur dit le mot « herbe » et pointer une carte
verte quand l'expérimentateur dit le mot « neige ». Les deux
versions de Stroop sont constituées de 16 essais chacune. Les
résultats montrent que les capacités des enfants à résister à
l'interférence augmente entre l'âge de 3 ans et de 4 ans. Les auteurs
observent une corrélation modérée mais significative entre les
deux tâches d'interférence, du fait de l'importance de
l'échantillon (3,61 % de la variance des performances au Stroop « jour-
nuit » est expliquée par le Stroop « herbe-neige »).
En 1997, Naglieri and Das ont publié une batterie de tests,
The Cognitive Assessment System (CAS), permettant l'évaluation
208 Valérie Pennequin, Isabelle Nanty, Abdelhamid Khomsi

de différents processus cognitifs chez les enfants de 5 à 17 ans.


L'un des sous-tests d'attention, appelé Expressive Attention, est
construit pour mesurer les capacités de résistance à
l'interférence des enfants âgés de 5 à 8 ans. Le principe de la tâche est
d'introduire un conflit entre la taille perçue d'un dessin
représentant un animal et la connaissance de la taille réelle de
l'animal. Les dessins d'animaux communs sont présentés sur
une feuille : ces dessins sont soit de grande taille, soit de petite
taille. La tâche du sujet est toujours de donner la taille de
l'animal dans la vie réelle (et non sa taille sur le dessin). Il est
supposé que la dénomination de la taille du dessin est plus
automatique que la dénomination de la taille réelle de l'animal, en
raison de la prégnance perceptive du dessin sur le traitement
sémantique. Deux conditions contrôles et une condition
d'interférence sont proposées. Une des conditions contrôles consiste à
présenter tous les dessins avec une taille identique (contrôle de la
capacité du sujet à répondre à la consigne sans interférence). La
seconde condition contrôle consiste à faire correspondre la taille
réelle de l'animal avec la taille de son dessin (un éléphant dessiné
en grand ou un papillon dessiné en petit). La condition
d'interférence consiste à introduire un conflit entre la taille du dessin et
la taille réelle de l'animal (un éléphant dessiné en petit par
exemple). Dans la même batterie, Naglieri et Das (1997)
proposent de mesurer la capacité à résister à l'interférence des enfants
de 8 à 17 ans par un test inspiré du test de Stroop, basé sur la
résistance au traitement automatisé de l'identification du mot
écrit pour donner la couleur de l'encre dans laquelle le mot est
écrit. La version « dessin » est étalonnée chez des enfants âgés
de 5 à 7 ans, et la version « lecture » est étalonnée chez des
enfants de 8 à 17 ans.
En résumé, les auteurs ayant cherché à mesurer les capacités
de résistance à l'interférence chez les jeunes enfants pré-lecteurs
se sont souvent inspirés de la tâche originale de Stroop.
Cependant, nous avons relevé trois problèmes : le premier problème
est lié au fait que les différentes versions de la tâche de Stroop
(1935) ne sont généralement pas construites de façon totalement
isomorphes à la version originale. Le second problème concerne
l'absence de vérification des liens existant entre le Stroop
original et les versions dérivées pour enfants. Le troisième problème
concerne le fait que les nouvelles versions ne sont utilisées que
chez les enfants pré-lecteurs, le test original de Stroop étant
Nouveau test à « effet Stroop » et développement 209

ensuite utilisé pour les enfants lecteurs. Ces constats nous


amènent à avancer que ces différentes versions du Stroop élaborées
pour les jeunes enfants ne permettent pas d'avoir une vision
globale et uniforme du développement des capacités de résistance à
l'interférence du jeune enfant jusqu'à l'adulte.
Plus précisément, nous avons relevé plusieurs différences
méthodologiques existant entre les versions Jour-Nuit, Herbe-
Neige, Expressive Attention et la version originale du test de
Stroop rendant difficilement comparables les capacités
d'interférence mesurées avec ces tests :
— Le test original de Stroop possède 3 conditions : deux
conditions contrôles où sont mesurés, dans l'une, la capacité du
sujet à répondre à la consigne (donner la couleur de l'encre) et,
dans l'autre, le traitement automatisé (la lecture). La troisième
condition est celle d'interférence où le sujet doit résister à
l'interférence produite par le traitement automatisé de la lecture
pour répondre à la consigne. Les différentes variantes du test
original de Stroop comprennent en général la condition contrôle
permettant de mesurer la capacité du sujet à répondre à la
consigne, tant pour les enfants (Passler et al., 1985 ; Gerstadt
et al., 1994 ; Naglieri et Das, 1997) que pour les adultes (Shilling,
Chetwynd, Rabbitt, 2002). En revanche, la condition contrôle
qui permet de mesurer l'automatisation du traitement de
l'information n'est que rarement construite. Nous pensons que
la variance dans le degré d'automatisation de l'identification du
mot écrit est suffisamment faible pour justifier qu'il ne soit pas
systématiquement contrôlée. En revanche, on ne peut exclure
une variabilité développementale de l'automatisation des
processus de lecture ou de comptage. La prise en compte du degré
d'automatisation du traitement pour chaque individu apparaît
donc essentiel à contrôler pour mesurer la force de l'interférence
généré par ce traitement. Sans la prise en compte de ce prérequis
par la seconde condition contrôle, la mesure du degré de
résistance à l'interférence peut en fait refléter simplement la capacité
du sujet à répondre à la consigne : le sujet n'est pas gêné par
l'interférence, ne traitant pas l'information de façon
automatique. Par exemple, dans le Stroop Jour-Nuit, seule une
condition contrôle est utilisée permettant de mesurer la capacité du
sujet à répondre à la consigne. Le traitement automatique (dire
« jour » quand on voit un soleil et dire « nuit » quand on voit la
lune et les étoiles) n'est pas mesuré ni pris en compte dans le cal-
210 Valérie Pennequin, Isabelle Nanty, Abdelhamid Khomsi

cul de la résistance à l'interférence. Carlson et Moses (2001) ne


précisent pas dans leur article si une condition contrôle a été
élaborée et utilisée pour la version Stroop « herbe-neige ». Une des
conditions contrôles de Naglieri et Das (1997) est effectivement
isomorphe à une des conditions contrôles du Stroop permettant
de mesurer les capacités du sujet à répondre à la consigne sans
interférence (items pour lesquels la taille des dessins est
identique ou planche avec des rectangles de couleurs). Selon nous, il
manque à la version de ces auteurs la condition contrôle dans
laquelle on mesure, pour chaque sujet, le degré d'automatisation
du traitement de la taille perçue d'un dessin. En effet, dans la
seconde condition contrôle de Naglieri et Das (1997), il existe
une congruence entre la réponse à la consigne et l'information
sur laquelle porte l'automatisation (la taille du dessin est eon-
gruente avec la taille réelle de l'animal). Nous pensons que cette
condition correspond à une condition facilitante et non à une
condition contrôle dans laquelle le sujet devrait juger de la taille
d'un dessin qui ne soit pas un animal.
— Le test original de Stroop possède trois possibilités de
réponse (trois mots qui correspondent à trois couleurs : rouge,
bleu, vert). Les tests Stroop Jour-Nuit, Herbe-Neige et
Expressive Attention ne possèdent que deux possibilités de réponse.
Cela est un inconvénient, car, comme le signalent Gerstadt et al.
(1994), les enfants les plus âgés ont simplifié la consigne de la
tâche en transformant la consigne (dire « jour » quand on voit la
lune et les étoiles, et dire « nuit » quand on voit le soleil) en
« dire l'opposé ». Cette simplification de la consigne n'est pas
possible quand il y a trois possibilités de réponse.
— Pour l'épreuve du Stroop, les trois conditions (celle
d'interférence et les deux conditions contrôles) sont passées par
les mêmes sujets. Ainsi, un score d'interférence est calculé pour
chaque sujet prenant compte son degré d'automatisation de la
lecture et sa capacité à dénommer les couleurs. Dans la version
du Stroop Jour-Nuit, Gerstadt et al. (1994) ont utilisés des
groupes indépendants pour la passation de la condition
d'interférence et pour la condition contrôle. De plus, la condition
contrôle n'a pas été soumise aux enfants âgés de 5,5 ans à 7 ans en
raison de l'existence d'un effet plafond dès l'âge de 5 ans. La
passation de la condition contrôle à des enfants différents de ceux
qui ont passé la condition d'interférence ne permet pas de tenir
compte des différences interindividuelles dans la capacité du
Nouveau test à « effet Stroop » et développement 211

sujet à répondre à la consigne, ni du degré d'automatisation


acquis par ce sujet pour le traitement interfèrent. En effet, tous
les sujets d'un même âge ne lisent pas ni ne dénomment les
couleurs à la même vitesse. Il est également probable que
l'automatisation sur laquelle Gerstadt et al. (1994) s'appuient pour
élaborer l'épreuve du Stroop Jour-Nuit (l'association jour-soleil et
nuit-lune) ne soit pas acquise au même degré selon les enfants.
A partir de ces différents constats, nous avons souhaité
élaborer une nouvelle version du test de Stroop qui serait
davantage isomorphe à la version originale du test de Stroop (1935) et
qui permettrait de mesurer les capacités de résistance à
l'interférence chez des sujets qu'ils soient lecteurs ou non et quel
que soit leur âge. En effet, selon Shilling et al. (2002), deux tests
ayant une structure commune mobilisent chez le sujet les mêmes
processus, ces deux tests différant seulement selon des traits de
surface. Notre nouvelle variante du Stroop permet, tout comme
le Stroop original, l'inhibition d'une information prégnante au
profit de l'activation d'une autre information. Notre test est
élaboré de façon à mesurer la capacité du sujet à résister à
l'interférence en prenant en compte, d'une part, sa capacité à
répondre à la consigne et, d'autre part, son degré
d'automatisation lié à l'interférence. Afin de répondre à notre objectif,
nous nous sommes inspirés du test de Naglieri et Das (1997) qui
remplace l'utilisation de l'automatisation de la lecture (qui
n'existe pas avant l'âge de 6-7 ans) par un autre traitement
automatique que possède les enfants avant 6 ans. Ce traitement
concerne la prégnance visuelle de tailles différentes de dessins
d'animaux qui sera mise en conflit avec la connaissance de la
taille réelle des animaux.
Afin de valider notre test, nous avons étudié la corrélation
existant entre la version originale du Stroop et notre version,
que nous appellerons le « Stroop-taille ». Cette validation
portera donc sur une population de sujets lecteurs. Quatre groupes
d'âges ont été utilisés afin d'étudier si la corrélation entre les
deux versions de Stroop existe à différents âges de
développement et comment se développe la résistance à l'interférence de
7 ans à l'âge adulte. Si cette corrélation existe chez les enfants et
adultes lecteurs, il sera raisonnable de penser que le Stroop-
image puisse indiquer une mesure de la résistance à
l'interférence chez des sujets dans une perspective « vie-entière ».
212 Valérie Pennequin, Isabelle Nanty, Abdelhamid Khomsi

METHODE

SUJETS

152 sujets divisés en quatre groupes d'âges différents ont été testés :
35 enfants âgés de 7 à 8 ans (moyenne d'âge de 7,4 ans avec écart type de
0,6 an), 39 enfants âgés de 9 à 10 ans (moyenne d'âge de 9,4 ans avec écart
type de 0,9 an), 37 enfants de 12-13 ans (moyenne d'âge de 12,4 ans avec un
écart type de 0,8 an) et 41 adultes de 20 à 30 ans (moyenne d'âge de
25,2 ans avec un écart type de 4,2 ans). Les enfants de 7-8 ans sont en classe
de CEI, les enfants de 9-10 ans sont en classe de CM1, et les enfants de 12-
13 ans sont en classe de 5e dans des écoles de la région tourangelle. Les
enfants ont un niveau scolaire normal et n'ont jamais redoublé. Les sujets
adultes ont au minimum le niveau de Baccalauréat, soit douze années
d'études formelles, sans toutefois excéder quinze ans d'études. Tous les
sujets ont le français comme langue maternelle.

MATERIEL

Nous avons construit le Stroop-image de sorte qu'il soit isomorphe à la


version originale du Stroop (1935). Le Stroop original et le Stroop-image
possèdent chacun trois conditions : une condition d'interférence et deux
conditions contrôles. Ces conditions sont décrites dans le tableau I ci-
contre.
La résistance à l'interférence est mesurée dans le Stroop original par la
capacité du sujet à résister à l'automatisation de l'identification du mot
écrit pour donner la couleur de l'encre dans laquelle le mot est écrit. Dans le
Stroop-image, le traitement automatique auquel le sujet doit résister
concerne la prégnance visuelle de la taille du dessin pour donner la taille
réelle de l'animal. Chaque condition pour le Stroop et pour le Stroop-image
possède 100 items.

PROCÉDURE

Préalablement à la passation du Stroop-image, le sujet est entraîné à


identifier les différentes tailles : petit (1 cm X 1 cm), moyen (2 cm X 2 cm),
grand (4 cm X 4 cm). L'expérimentateur s'assure également que le sujet
reconnaît parfaitement les dessins d'animaux (papillon, chien, éléphant).
Concernant la passation du Stroop original, l'expérimentateur s'assure que
le sujet identifie correctement les couleurs (bleu, vert, rouge) et lit
correctement ces noms de couleurs. L'ordre de passation des deux tests est contre-
TABLEAU I. — Description des trois conditions
dans les tests de Stroop et de Stroop-image
Description of the four conditions for the Stroop task
and for the Stroop-drawing task
Stroop original
Condition d'interférence Dénomination de la couleur de l'encre
de mots de couleurs écrit dans une
couleur différente
Condition contrôle n" 1 : mesure du Lecture simple de mots de couleurs en
traitement automatique noir et blanc
Condition contrôle n° 2 : mesure de la Dénomination de couleurs de rectangles
capacité à répondre à la consigne
sans interférence
Réponses possibles 3 réponses : bleu, vert, rouge
214 Valérie Pennequin, Isabelle Nanty, Abdelhamid Khomsi

balancé : la moitié des sujets ont passé en premier la version originale du


Stroop, et l'autre moitié a commencé par la version Stroop-image. A
l'intérieur de chacun des tests, l'ordre de passation des trois conditions a
également été systématiquement contrebalancé.
Pour la condition d'interférence la consigne est :
— pour le Stroop original, de donner la couleur de l'encre des mots, et d'en
donner le plus possible pendant une minute ;
— pour le Stroop-image, de donner la taille réelle des animaux, et d'en
donner le plus possible pendant une minute.
Pour la condition contrôle n° 1, la consigne est :
— pour le Stroop original, de lire les mots, et d'en lire le plus possible
pendant une minute ;
— pour le Stroop-image, de donner la taille des carrés dessinés, et d'en
donner le plus possible pendant une minute.
Pour la condition contrôle n° 2, la consigne est :
— pour le Stroop original, de donner la couleur des rectangles, et d'en
donner le plus possible pendant une minute ;
— pour le Stroop-image, de donner la taille réelle des animaux, et d'en
donner le plus possible pendant une minute.
En cas d'erreur, l'expérimentateur la signale au sujet qui doit la
corriger. L'erreur est alors prise en compte dans le score, car la correction de
l'erreur par le sujet le retarde.
Appelons Ci le nombre d'items traités (lus ou dont la taille a été
donnée) pour la condition contrôle n° 1, C2 le nombre d'items traités pour la
condition contrôle n° 2 et I le nombre d'items traités dans la condition
d'interférence. D'après Golden (1978), le score d'interférence SI est alors
obtenue par l'opération suivante :

Le score d'interférence prend donc en compte le degré d'automatisation du


sujet (C,), sa capacité à répondre à la consigne dans une condition où le
traitement automatique n'interfère pas avec la réponse (C2) ainsi que sa
capacité à résister à l'interférence. La prise en compte du degré
d'automatisation du traitement interfèrent de chaque sujet est importante, car, si
cette automatisation est faible, alors le sujet aura un bon score I. Mais,
dans ce cas, ce bon score I ne reflétera pas une grande résistance à
l'interférence. En effet, si le sujet ne traite pas l'information interférente de façon
automatique, celle-ci ne le gênera pas lors de la condition d'interférence. La
prise en compte des scores du sujet aux deux conditions contrôles permet
de tenir compte des différences inter individuelle s des sujets dans leur
capacité à répondre à la consigne et dans le degré d'automatisation. Meilleures
seront les capacités du sujet à résister à l'interférence, et plus son score sera
Nouveau test à « effet Stroop » et développement 215

petit. Un score SI négatif correspond à un sujet ayant de bonnes capacités


d'interférence : en effet, son score I est alors plus grand que le quotient. Ce
quotient étant d'autant plus grand que l'automatisation est forte. Donc, si
le sujet a bien automatisé le traitement auquel il doit résister, un score I
élevé mettra en évidence ses bonnes capacités de résistance à l'interférence.

RESULTATS

Dans un premier temps, nous avons comparé les profils déve-


loppementaux des scores au Stroop original et au Stroop-image.
Le tableau II représente l'évolution des scores pour chaque
condition contrôle et chaque condition d'interférence pour les
deux tests et par groupe d'âge.

TABLEAU IL — Moyennes et écarts types


dans chaque condition des tests de Stroop
et de Stroop-image et pour chaque groupe d'âge

Means and standard deviations


for each condition of the Stroop task
and Stroop-drawing task and for each age group

Âges

Jeunes
tions 7-8 ans 9-10 ans 12-13 ans adultes

Stroop original CA 92,54 93,46 105,29 142,24


(15,45) (13,82) (18,57) (23,28)
CC 66,28 62,49 72,48 107,61
(11,2) (11,59) (10,52) (18,12)
CI 36,31 33,95 44,27 71,19
(10,42) (8,53) (10,49) (17,97)
Stroop-image CA 66,08 61,54 73,75 102,02
(15,4) (H) (15,41) (14,42)
CC 54,37 50,13 64,81 88,61
(13,68) (9,18) (13,81) (15,93)
CI 34,31 42,69 55,3 79,49
(13,68) (12,99) (16,86) (14,07)
CC : Condition contrôle mesurant la capacité du sujet à répondre à la
consigne.
CA : Condition contrôle mesurant le degré d'automatisation du traitement
du sujet.
CI : Condition interférente dans laquelle il y a incongruence entre la
consigne et le traitement automatique.
216 Valérie Pennequin, Isabelle Nanty, Abdelhamid Khomsi

Nous avons réalisé une analyse de variance avec l'âge et les


différentes conditions comme variables indépendantes. La
variable dépendante est le score obtenu pour chaque condition.
Le premier point à noter est que chacune des deux conditions
contrôles donne toujours lieu à de meilleures performances que la
condition interférente, tant pour le Stroop original que pour le
Stroop-image, et ce pour chaque groupe d'âge. {Pour le Stroop
original, F(l,148) = 385,17, p < .001 et F(l,148) = 235,47,
p < .001 pour les 7-8 ans ; F(l,148) = 480,8, p < .001 et
F(l,148) = 237,89, p < .001 pour les 9-10 ans ;
F(l,148) = 479,65, p < .001 et F(l,148) = 220,62, p < .001 pour
les 12-13 ans ; F(l,148) = 720,4, p < .001 et F(l,148) = 407,18,
p < .001 pour les adultes ; et pour le Stroop-image,
F(l,148) = 131,21,p < .001 et F(l,148) = 263,27, p < .001 pour
les 7-8 ans ; F(l,148) = 20,09, p < .001 et F(l,148) = 103,22,
p < .001 pour les 9-10 ans ; F(l,148) = 31,2, p < .001 et
F(l,148) = 93,95,/) < .001 pour les 12-13 ans ; F(l,148) = 31,79,
p < .001 etF(l,148) = 155,18,p < .001 pour les adultes.}
Conformément à ce qui était attendu, ces résultats montrent que tous
les sujets, quel que soit leur âge, ont davantage de difficultés à
effectuer les conditions interférentes que les conditions contrôles.
De plus, l'analyse de variance met en évidence un effet d'âge
pour le Stroop original (F(3,148) = 113,89, p < .001) et pour le
Stroop-image (F(3,148) = 82,18, p < .001). Plus précisément, les
performances de Stroop original dans chaque condition
augmentent entre l'âge de 9-10 ans et 12-13 ans (F(l,148) = 10,6,
p < .001 ; F(l,148) = 7,96,/) < .001 ; F(l,148) = 12,82,/) < .001
respectivement pour les deux conditions contrôles et la
condition interférente) ainsi qu'entre l'âge de 12-13 ans et l'âge adulte
(F(l,148) = 134,02, p < .001 ; F(l,148) = 79,42, p < .001 ;
F(l,148) = 89,39, p < .001). En revanche, les performances
restent stables entre 7-8 ans et 9-10 ans (F(l,148) = 1,49, ns ;
F(l,148) = 0,05, ns ; F(l,148) = 0,65, ns). Pour le Stroop-image,
on observe également une augmentation des performances dans
les deux conditions contrôles et dans la condition interférente
entre 9-10 ans et 12-13 ans (F(l,148) = 14,2, p < .001 ;
F(l,148) = 22,77, p < .001 et F(l,148) = 14,44, p < .001
respectivement pour chaque condition) ainsi qu'entre 12-13 ans et
l'âge adulte (F(l,148) = 77,84, p < .001 et F(l,148) = 61,27,
p < .001 et F(l,148) = 54,47, p < .001). Comme pour le Stroop
original, les performances restent stables entre 7-8 ans et 9-
Nouveau test à « effet Stroop » et développement 217

10 ans dans les trois conditions (F(l,148) = 1,91, ns ;


F(l,148) = 1,85, ns ; F(l,148) = 6,19, ns).
Nous avons également réalisé une analyse de variance en
prenant l'âge (facteur indépendant) et le type de test (mesures
appareillées) comme variables indépendantes. La variable dépendante
est ici le score d'interférence (SI) calculé selon la formule
précédemment présentée, qui prend en compte le score à chaque
condition contrôle et à la condition d'interférence. La figure 1 ci-
dessous représente l'évolution des scores d'interférence (SI) aux
deux tests selon l'âge.

10 T
5-

ans adultes

Stroop original
Stroop image

Fig. 1. — Évolution des scores d'interférence


selon l'âge dans les deux épreuves d'interférence

Evolution of interference scores by age for each interference task


(Original Stroop ; Stroop-drawing)

Cette analyse fait apparaître un effet significatif de l'âge


(F(3,148) = 49,16, p < .001) et un effet significatif du type
d'épreuve (F(l,148) = 697,16,/? < .001), indiquant que les sujets
ont des scores d'interférence meilleurs dans le test du Stroop-
image que dans le test original du Stroop. L'interaction
significative entre les deux facteurs (F(3,148) = 26,78, p < .001), indique
que la différence de performances entre les deux tests s'accroît
avec l'âge : les progrès sont plus importants avec le Stroop-image
218 Valérie Pennequin, Isabelle Nanty, Abdelhamid Khomsi

qu'avec le Stroop original. Plus précisément, les scores


d'interférence du Stroop original n'augmente pas significativement
entre 7-8 ans et 9-10 ans (F(l,148) = 0,86, ns) ni entre 9-10 ans et
12-13 ans (F(l,148) = 1,6, ns) du fait d'une amélioration très
progressive, mais augmentent significativement entre 12-13 ans et
l'âge adulte (F(l,148) = 36,27, p < .001). Pour le Stroop-image,
l'amélioration des performances d'un groupe d'âge à l'autre est
significative (F(l,148) = 24,94, p < .001 entre les enfants de 7-
8 ans et de 9-10 ans ; F(l,148) = 10,37, p < .001 entre les 9-10 ans
et 12-13 ans et F(l,148) = 19, p < .001 entre les 12-13 ans et les
jeunes adultes).
Dans un second temps, nous avons réalisé des analyses de
corrélations entre les deux scores d'interférence de chacun des
tests, sur l'ensemble des sujets, puis dans chaque groupe d'âge.
L'analyse de corrélation réalisée sur l'ensemble des 152 sujets
indique que les deux tests partagent 55,53 % de variance
commune (R = .7452, p < .001). Les calculs du coefficient de
corrélation dans chaque groupe d'âge montrent une corrélation
positive et significativement différente de zéro entre les scores
d'interférence aux deux tests, dans le groupe des enfants de 7-
8 ans (R = .763, p < .001), dans le groupe des enfants de 9-
10 ans (R — .39, p < .001), dans le groupe des enfants de 12-
13 ans (R = .6259, p < .001) ainsi que dans le groupe des jeunes
adultes (R = .9081, p < .001). A chaque âge, nous pouvons donc
dire que les sujets qui montrent une plus grande résistance à
l'interférence dans le Stroop original sont également ceux qui
montrent la meilleure efficience dans le Stroop-image.

DISCUSSION

Le test original de Stroop (1935) est considéré comme étant


une des plus robustes mesures de la capacité à résister à
l'interférence (Kok, 1999 ; Shilling et al., 2002). Le principe de
base est de résister au traitement automatique de l'identification
du mot écrit afin de répondre à la consigne. La passation de ce
test nécessite donc que le sujet ait acquis certaines compétences
en lecture et que celles-ci soient suffisamment automatisées. Le
test de Stroop a suscité l'élaboration de plusieurs versions afin
de l'adapter aux sujets non lecteurs (Carlson et Moses, 2001 ;
Nouveau test à « effet Stroop » et développement 219

Gerstadt, Hong et Diamond, 1994 ; Naglieri et Das, 1997 ;


Passler, Isaac et Hynd, 1985). Mais aucune de ces versions n'est
vraiment isomorphe au test original de Stroop. Nous avons
effectivement relevé des différences concernant le nombre et le type de
conditions contrôles et le nombre de modalités de réponses. En
conséquence, il semble difficile d'avoir une vision cohérente du
développement des capacités de résistance à l'interférence tout
au long du développement.
L'objectif de notre étude était d'élaborer un test isomorphe à
la version originale du test de Stroop (1935) qui permettrait de
mesurer le développement des capacités de résistance à
l'interférence du jeune enfant à la personne adulte en prenant en compte
la capacité individuelle de réponse à la consigne et le degré
d'automatisation du traitement de l'information auquel le sujet
doit résister. Afin de répondre à notre objectif, il s'agissait
d'étudier les profils développementaux de ces deux versions de
Stroop et d'observer la corrélation existant entre la version
originale du Stroop et notre version, appelée le Stroop-image. Nous
avons construit le Stroop-image afin qu'il respecte les
caractéristiques méthodologiques du Stroop original, notamment au
niveau des conditions contrôles, du nombre de réponses possibles
et de l'absence d'un effet plafond chez les adolescents et adultes.
Des analyses de variance nous ont permis de constater que,
pour chacun des deux tests, les performances dans la condition
interfère nte sont toujours plus faibles que celles des conditions
contrôles, et ce, pour chaque âge. Ce résultat indique que,
conformément à nos attentes, la condition du Stroop-image dans
laquelle il y a incongruence entre la taille du dessin et la taille
réelle de l'animal crée un conflit entre deux réponses
concurrentes. Le traitement de la taille perçue visuellement étant plus
automatique que le traitement sémantique de la taille réelle, on
observe alors un ralentissement de la réponse du sujet par
rapport aux conditions contrôles dans lesquelles il n'y a pas de
conflit entre réponses. L'observation de ces résultats dans tous les
groupes d'âges, ainsi que l'absence d'effet plancher et d'effet
plafond permet d'avancer que la condition interférente du
Stroop-image introduit un conflit entre deux traitements de
l'information, dont l'un est plus automatique que l'autre ; le
Stroop-image s'avère donc adapté à la mesure de la résistance à
l'interférence tant chez l'enfant de 7 ans que chez le jeune
adulte. Nous observons une variabilité importante des scores
220 Valérie Pennequin, Isabelle Nanty, Abdelhamid Khomsi

dans les conditions contrôles qui mesurent le degré


d'automatisation du traitement interfèrent, et ce pour chaque test et pour
chaque groupe d'âge. Cela confirme que ni la lecture, ni le
traitement de la taille perçue ne sont automatisés à un même degré
chez des sujets du même âge, y compris chez des adultes. Ce
résultat nous conforte dans l'idée que pour mesurer les capacités
de résistance à l'interférence des sujets, il est essentiel d'évaluer
individuellement le degré d'automatisation du traitement
interfèrent par une condition contrôle. L'utilisation d'une seule
condition contrôle évaluant la capacité du sujet à répondre à la
consigne sans interférence n'est donc pas suffisante et introduit
un biais quant à la mesure des capacités de résistance à
l'interférence du sujet.
L'analyse de variance sur les scores d'interférence (SI) met
en évidence une amélioration des performances au Stroop
original et au Stroop-image au cours de l'avancée en âge. Ce résultat
est en accord avec le modèle de Dempster (1993) qui suppose une
augmentation de la résistance aux formes perceptive et
linguistique d'interférence entre 7 ans et l'âge adulte. Toutefois,
l'amélioration des scores lors du développement est plus
importante pour le Stroop-image. Cela semble montrer que le Stroop
original crée une interférence plus difficile que le Stroop-image.
Les analyses de corrélations complètent ces premiers résultats en
indiquant l'existence d'une corrélation significative entre les
scores d'interférence obtenus au Stroop original et ceux obtenus
au Stroop-image, et ce sur l'ensemble des sujets et dans chaque
groupe d'âge. Ces corrélations montrent que les sujets les plus
sensibles à l'interférence du test de Stroop (la lecture) sont
également les plus sensibles à l'interférence présente dans l'autre test
(la taille perçue). Les deux tests partagent une part commune de
variance relativement importante. Cependant, l'interprétation
de ce résultat soulève la question de la mise en évidence d'un
processus psychologique par la corrélation entre les scores de
plusieurs tâches. Il est en effet difficile d'être certain que le
processus commun entre les deux Stroop est bien celui de résistance
à l'interférence. Dans leur récente recherche concernant la
mesure de l'inhibition par quatre variantes de la tâche de Stroop
chez des personnes âgées (expérience n° 1), Shilling et al. (2002)
n'observent aucune corrélation significative entre les quatre
versions. Les auteurs interprètent ce résultat par le fait que, même
s'il existe un processus commun à ces quatre tâches, les traits de
Nouveau test à « effet Stroop » et développement 221

surface des tâches (type de stimuli) entraînent trop de


spécificités pour que le processus commun de résistance à l'interférence
puisse être mis en évidence. Dans une seconde expérience, les
auteurs utilisent alors deux variantes très semblables du
« Stroop Flèche » afin que le processus de résistance à
l'interférence puisse être mis en évidence et non masqué par les
différences entre traits de surface des deux tâches. Celles-ci sont deux
variantes du « Stroop Flèche » : le sujet doit indiquer la
direction d'une flèche (« droite » ou « gauche » pour une des versions
du test et « haut » ou « bas » pour l'autre version) à l'intérieur
de laquelle un mot indiquant une autre direction est écrit (par
exemple, le mot « gauche » écrit dans une flèche pointant à
droite). Les auteurs observent 71 % de variance commune entre
les deux tâches et donc 29 % de variance résiduelle. Shilling
et al. (2002) concluent que les différences de traits de surface
entre les tâches peuvent masquer leur composante commune
d'inhibition. Ward, Roberts et Phillips (2001) observent
également de faibles corrélations entre différentes mesures de Stroop,
mais mettent néanmoins en évidence deux processus différents
entre mesures de résistance à l'interférence (tâches de Stroop) et
mesures de flexibilité mentale. Bien qu'il existe une
communauté de variance entre le Stroop original et le Stroop-image, ces
deux tests diffèrent également selon d'autres demandes cogni-
tives. Toute tâche est basée sur le postulat que la réponse à la
consigne nécessite la mobilisation du processus cognitif qu'est
censé mesurer la tâche de façon plus importante que la
mobilisation d'autres processus cognitifs. Les différences
interindividuel es observées dans les scores de la tâche sont donc davantage
imputées au processus cognitif mobilisé majoritairement.
Toutefois, nous ne devons pas oublier que d'autres processus, cognitifs
et non cognitifs, interviennent également lors de l'exécution de
la tâche. Le modèle structural de Miyaké, Friedman, Emerson,
Witzki et Howerter (2000) concernant l'organisation des
fonctions executives montre que chacune des neuf tâches étudiées
(dont le Stroop) ont une part importante de variance (de 60 % à
89 %) qui n'est pas expliquée par la variable latente
représentant le concept auquel chaque tâche est rattachée. Cependant,
dans le modèle de ces auteurs, les résultats montrent que la
tâche de Stroop contribue davantage à la variable latente «
inhibition » qu'aux deux autres variables que sont la flexibilité et la
remise à jour en mémoire de travail. Ce résultat est en accord
222 Valérie Pennequin, Isabelle Nanty, Abdelhamid Khomsi

avec ceux de Ward, Roberts et Phillips (2001). On est alors en


droit de penser que la variance commune entre le test de Stroop
et le Stroop-image concerne probablement la capacité à résister
à une information interfère nte, sans pour autant négliger leurs
différences.
Ces différences concernent particulièrement la part
linguistique. En effet, le principe du Stroop original repose sur la
capacité à résister à l'automatisation de la lecture. Nous avons
élaboré la version du Stroop-image dans le but de construire un
nouveau test mesurant un « effet Stroop » qui soit adapté à une
population de sujets pré-lecteurs ou non lecteurs. Le traitement
automatique auquel le sujet doit résister n'est donc pas basé sur
la lecture mais sur la prégnance visuelle. Le sujet doit résister à
la prégnance visuelle de la taille du dessin d'un animal afin de
donner la taille réelle de l'animal. Nous avons donc introduit un
conflit entre la taille perçue visuellement et des connaissances
stockées en mémoire à long terme. En référence au modèle
théorique de Dempster (1993) distinguant une forme motrice, une
forme perceptive et une forme linguistique d'interférence, nous
avançons l'hypothèse que le Stroop-image fait appel aux formes
perceptive et linguistique d'interférence, tout comme le Stroop
original (Dempster, 1993). Cependant, le Stroop original est basé
sur la résistance à la lecture de mots, tandis que le Stroop-image
est basé sur la résistance à la prégnance visuelle de la taille du
dessin. Il est possible que les formes perceptive et linguistique
n'entrent pas en compte dans les deux tests avec la même
proportion. Nous émettons l'hypothèse que le Stroop-image
mesurerait majoritairement une résistance à l'interférence de forme
perceptive, tandis que le Stroop original mesurerait
majoritairement une résistance à l'interférence de forme linguistique. Le
Stroop original et le Stroop-image diffèrent également selon les
composantes visuelle et spatiale impliquées dans chaque test.
En référence au modèle de la cognition visuelle de Kosslyn
(1994), le Stroop-image nécessite de porter attention à une
composante spatiale du stimulus (la taille), ce que ne nécessite pas le
Stroop original qui demande plutôt le traitement d'une
composante visuelle (la couleur). Les études de Logie et Pearson (1997)
montrent des vitesses de développement différentes des
composantes visuelle et spatiale de la mémoire de travail. McDowd,
Oseas-Kreger et Filion (1995) observent une dissociation lors du
vieillissement selon que l'inhibition porte sur une composante
Nouveau test à « effet Stroop » et développement 223

spatiale ou visuelle des stimuli ; Tipper et McLaren (1990), Band


et al. (2000) et Plaie, Pennequin, Fontaine, Joda et Ferrier
(2002) envisagent l'éventualité d'un développement différentiel
des processus inhibiteurs selon que ceux-ci portent sur les
composantes spatiale ou visuelle des stimuli à traiter. On peut donc
penser qu'une part de la variance résiduelle entre le Stroop
original et le Stroop-image puisse correspondre aux composantes
spatiale et visuelle différentes entre les stimuli des deux tâches.
Le Stroop original et le Stroop-image possèdent
nécessairement des différences, mais le résultat le plus important est qu'ils
possèdent une part commune de variance suffisamment
importante pour avancer que la version Stroop-image mesure la
capacité de résistance à une forme d'interférence. D'autres recherches
seraient cependant nécessaires pour valider ce Stroop-image,
comme comparer ces deux versions de Stroop à d'autres tests
connus pour leur capacité à mesurer la résistance aux
interférences (tâche d'Eriksen, tâche de Simon) (Kok, 1999). L'étude des
liens entre plusieurs tâches très semblables au Stroop-image
permettrait de confirmer sa validité conceptuelle (Shilling et al.,
2002).
Le Stroop-image peut être utilisé chez les sujets pré-lecteurs
ou non-lecteurs (enfants de moins de 6 ans, adultes illettrés et
enfants ou adultes présentant des troubles de la lecture), mais
également chez des sujets enfants ou adultes lecteurs.
L'utilisation du Stroop-image présenterait alors l'avantage d'obtenir un
étalonnage du développement « vie-entière » des capacités
d'interférence. Le second avantage serait de pouvoir être utilisé
comme un outil de diagnostic concernant la mesure des capacités
de résistance à l'interférence chez les sujets quel que soit leur âge
et leur niveau de lecture.
Deux pistes de recherches nous semblent donc pouvoir être
envisagées d'après ces résultats. La première piste concerne
l'étude de la cohérence des scores individuels entre plusieurs
tâches très semblables afin d'assurer la validité conceptuelle du
Stroop-image. La seconde piste de recherche concerne l'étude du
profil développemental des capacités de résistance à
l'interférence mesurées par le Stroop-image dans une perspective vie-
entière. L'étalonnage du Stroop-image est en effet indispensable
à des fins de diagnostic. En effet, différents troubles du
développement ont été spécifiquement associés à des troubles du contrôle
inhibiteur, c'est le cas notamment des enfants présentant des
224 Valérie Pennequin, Isabelle Nanty, Abdelhamid Khomsi

troubles attentionnels avec ou sans hyperactivité (TDA/H) (Bar-


kley, 1997). Ce trouble peut se manifester dès la naissance, mais
son diagnostic est en général tardif et correspond souvent à un
signalement d'inadaptation scolaire. La mise au point d'épreuves
susceptibles de permettre un dépistage précoce des difficultés
d'inhibition d'enfants à risque de TDA/H est attendue par les
praticiens. Il serait intéressant d'étudier dans quelle mesure le
Stroop-image pourrait contribuer au dépistage de déficits
spécifiques de l'inhibition chez des enfants à risque de TDA/H.

RÉSUMÉ

Les changements liés à l'âge concernant la capacité des sujets à résister à


l'interférence sont examinés à l'aide d'un nouveau test, le « Stroop-image ». Ce
test est construit de façon isomorphe à la tâche originale de Stroop (1935), mais
le traitement automatique auquel le sujet doit résister n'est pas lié à ses
capacités de lecture. Des sujets de 9 ans, 12 ans et déjeunes adultes ont passé la
version originale du Stroop et la version « Stroop-image ». Les résultats
montrent des profils développementaux semblables pour les deux tâches. Il
semble donc que le « Stroop-image » permette de mesurer les capacités de
résistance à l'interférence sans faire appel aux capacités de lecture du sujet.
Mots clés : élaboration de test, résistance à l'interférence, effet Stroop,
développement.

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(Accepté le 16 juin 2003.)

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