Vous êtes sur la page 1sur 36

Le discours médiatique dans la presse française de vulgarisation

MODULE 0 : SCIENCE ET MEDIAS

Confirmatio Formulation
n/Refutation d’une
de hypothèse
l’hypothèse

Révision par Recueil de


les pairs données

Analyse des
données

À la base de la science il y a une méthode scientifique qu’on peut répliquer ou refuser

Si on parle de science, on parle normalement d’une méthode scientifique qui doit


formuler une hypothèse de départ, cette hypothèse de départ suppose un grand
recueil quantitatif de données scientifiques. Si on parle de linguistique, on travaille sur
un corpus. Puis, il y a aussi une phase d’analyse et de révision par les pairs ; par
exemple, il y a des recherches scientifiques qui ne sont pas validées par des pairs. Donc,
on peut avoir une confirmation ou une réfutation d’une hypothèse.

Il faut aussi vérifier les sources. La fiabilité de sources dérive d’une méthode d’évaluation
entre les pairs, d’une révision élaborée entre spécialistes. Par exemple, il existe des
bases de données qui permettent de vérifier le degré de fiabilité des documents, comme
google scholar. On prend aussi en considération le fait qu’un expert soit cité plusieurs
fois dans une base de données ou dans la presse. Plusieurs données n’ont pas des bases
scientifiques, parce qu’elles ne sont pas vérifiées par des chercheurs. La science passe
sous une phase de confirmation ou réfutation de l’hypothèse. Ces deux mondes n’ont
pas tout à fait la même méthodologie.

Les critères à la base de la méthode scientifique sont :

• La réfutabilité (dans les sciences il est normal que les données soient réfutables ;
cela marque un passage de la science passé à la science moderne)
• La présence de données
• Un cas isolé ne prouve rien dans la science
• Objectivité : elle est propre de la méthode scientifique

1
• Corrélation n’est pas causalité : (ex : Enfants et temps passé sur les portables→
> majeure tendance à abandonner l’école ; il y a une corrélation mais pas une
causalité)
• Transparence, vérifiabilité des sources
• Réplicabilité : les expériences sont réplicables, c’est la communauté des experts
qui doit valider les résultats de la recherche
• Consensus scientifique

Refutabilité

Présence de données

Un cas isolé ne prouve rien


Objectivité

Corrélation n’est pas causalité

Transparence, vérifiabilité

Réplicabilité

Consensus scientifique

Consensus scientifique → étude de cas : c’est le plus bas degré, qlq’un m’a dit que… Les
médias utilisent toujours la voix du public, ils cherchent à provoquer une identification de la
coté du public

HPI : Haut potentiel intellectuel

➢ Exemple : Article de Le Monde « Les


confinements auraient nettement
réduit les capacités physiques et
intellectuelles des enfants » →
conditionnel de mitigation énonciative :
augmenter la distance entre l’auteur du
texte et la distance de l’énonciation

2
➢ Titraille : titre de captation (causalité entre confinement et baisse de capacités
cognitives et physiques des enfants) qui augmente le niveau d’importance de la
nouvelle, à travers l’utilisation des adverbes qui remontent à une idée de
dramatisation et danger « nettement ». Il n’y a pas une référence précise, il n’y a
pas des éditeurs (« Selon X »). Puis en procédant dans la lecture, il y a une référence
à la baisse des capacités cognitives des enfants qui corresponde au 40%. Pendant la
période du confinement, la presse a joué sur ses aspects scientifiques, qui n’étaient
pas vérifiés.

➢ Article l’OBS : « EXCLUSIF, La


fréquentation intense des écrans nuit gravement
à la réussite des élèves » → Utilisation de l’adverbe
« gravement » et puis on parle des conclusions
« alarmantes ».
➢ « Adolescents et adolescents des villes et
des champs » : étude conduite pour faire
comprendre qu’il n’y a pas des liens forts entre le
rapport à l’école et les usages numériques. Il n’y a
aucun rapport de causalité.
➢ Article de l’Ouest-France : « Des physiciens
de Rennes ont percé le mystère de la dyslexie ».
Il y a toujours un dialogue auteur-lecteur, les
lecteurs sont convoqués par l’allocutif « vous ».
Puis, qlqs jours plus tard, la communauté scientifique publie un autre article qui invite
à la « prudence » (que, dans ce cas, est plutôt un euphémisme). Il y donc plusieurs
voix dans la presse qui s’alternent.
➢ Article Le Nouvel Observateur : « Oui, les OGM sont des poisons !» → Étude de
révélation des scientifiques français publié dans un journal prestigieux « Séralini ».
Dans cette étude on démontrait qu’il y avait un effet toxique, après l’installation des
OGM. Puis, qlqs jours plus tard, cet article est rétracté. → Il y avait à la base des
intérêts économiques.
➢ Exemple tiré de twitter
➢ « Le Gorafi » : journal parodique (« kebab contre le coronavirus »)

Dans la presse, on peut construire un événement, une polémique, etc.

➢ Article de Le Temps « Le noyau de la terre aurait changer/ serait-il changé de


sens de rotation ? » → Utilisation du conditionnel de mitigation énonciative

3
-Article Le Monde : « L’exposition au glyphosate pourrait avoir des effets sur plusieurs
générations »

Cet herbicide pourrait entrainer des modifications génétiques, selon une étude sur des rats
publié dans « Scientifique Reports ».

Article Relatant les résultats d'une expérience qui montre que l'injection d'une dose
relativement importante de glyphosate directement dans le ventre de rats peut entraîner des
maladies pour les générations futures. L'article commence par la phrase : « Une grande
partie de ce que nous mangeons pourrait affecter directement nos petits-enfants »…
Panique dans les ménages ! Or, il est bien connu qu'en toxicologie, tout est question de dose
et de voie d'exposition.

URL : L’exposition au glyphosate pourrait avoir des effets sur plusieurs générations
(lemonde.fr)

MODULE 1- COMMUNICATION ET MEDIAS

Communication- notions et modèles fondamentaux

En France on commence à parler d’analyse du discours à partir des années 60, puis on
passe à s’intéresser aux disciplines comme la sociologie, l’anthropologie et l’ethnologie qui
entrent dans le cadre énonciatif du discours. Puis, on commence à étudier la pragmatique
anglo-saxonne.

Communication : processus d’échange entre partenaires qui s’influencent réciproquement


dans un contexte donné (définition de la linguistique pragmatique) → Il s’agit d’une approche
orchestrale

Dimension de la communication:

• Interactionnelle
• Polyphonique : concept de « polyphonie » très important dans la presse
• Plurisémiotique : (verbale, paraverbale, non verbale) ce n’est pas que du verbal,
la communication a plusieurs rôles sémiotiques. Dans ces cas, les images jouent
un rôle fondamental. Par exemple, la presse utilise souvent des images
choquantes pour frapper le public → impact émotif

La communication est un engagement symbolique qui se réalise dans un contexte social


donné (voir économie du don / contre-don (Mauss, 1950, pour sa description
anthropologique des sociétés traditionnelles, mais aussi Winkin dans son anthropologie de
la communication) : la communication est une négociation qui demande le respect des
règles sociales.

Le premier modèle de communication est un modèle linéaire, c’est un modèle


technologique qui part d’un émetteur envers un destinataire. Donc, on a l’idée de

4
transmission linéaire. La communication est réglée par certaines règles sociales, que sont
violées par des effets de spectacularisation.

La communication de masse

• L’expression est utilisée pour la première fois aux États-Unis en 1923 (sociologie), et
arrive en France dans les années 50.
• L’idée de communication de masse, au début, est surtout une idée négative, liée à
l’idée d’un public-masse indifférencié et massif, manipulé par le discours médiatique.
• Les premières études sur les médias en revanche mettent l’accent sur leur nature
de supporte, apparemment transparent et neutre.
• À partir des années 60, on commence à raisonner sur l’impact de l’économie : les
médias sont des techniques, mais sont aussi des producteurs des messages,
contribuant au progrès de l’humanité et ayant une fonction active dans la formation
des savoirs → (Marshall McLuhan : Les médias deviennent des intermédiaires
techniques de communication sociale à la base de la formation de normes sociales –
ils assument la fonction de médiateurs, mais également d’acteurs, car ils organisent,
traitent et sélectionnent l’information.)

Théories sur les effets sociaux des médias

• Les analyses critiques du XIXe siècle se focalisent sur les effets sociopolitiques de la
presse
• La première étude consacrée aux effets du discours médiatique : Alexis de
Tocqueville, De la démocratie en Amérique – lien entre développement de la
démocratie et de la presse – met en évidence la fonction sociale de la presse
• Au XIX siècle, on commence à faire des études de « Psychologie des foules », et
l’influence des médias a des effets sur les individus → naissance de la théorie de la
foule (Gustave Le Bon) : en interaction constante avec les moyens de
communication de masse
• Aux années 30-40 : le behaviorisme met l’accent sur le pouvoir de manipulation
exercé par les médias sur le modèle du schéma stimulus-réponse
• Fin années 40 : le courant empiriste s’oppose au behaviorisme sur la base d’études
quantitatives et statistiques (ex. : Les études du Bureau of applied social research)
• Courant de Francfort : pour la première fois, on abandonne la conception des médias
comme de simples supports, et on active la notion d’industrie culturelle – critique
du capitalisme médiatique, qui simplifie et homogénéise la vision de la réalité en
fonction de manipuler les consciences
• Tournant des travaux de Marshall Mc Luhan (années 60) : les médias sont des
techniques transmettant et façonnant les messages, contribuant au progrès de
l’humanité

Trois étapes de l’évolution médiatique:

5
❖ Société tribale (fondée sur l’oralité)
❖ Galaxie Gutenberg (née avec l’essor de l’alphabet sur base phonétique - fondée sur la
visualisation)
❖ Planète Marconi (médias électroniques et multimodaux)

Les études les plus récents travaillent surtout sur l’aspect de la réception : « Combien les
séries de télévisées ont contribué à la formation d’une certaine culture de masse ? »

-Puis, on parle d’une approche qu’on appelle la nouvelle rhétorique.

-Sensationnalisme de la presse

-Réseaux sociaux : il y a une égalité entre la communauté des usagers

-Le rapport qui existe entre la presse officielle et le lecteur n’est un rapport égalitaire : les
contraintes qu’il y a sont économiques. Il a toujours un rapport asymétrique. Les dynamiques
sociales sont assez différentes. En revanche, le rapport entre la presse et le lecteur est
univoque.

-Le site « l’observateur » travaille surtout au niveau de l’image.

L’information doit être partagée et validée par la communauté des pairs. Il y a, donc, un
rapport ambigu entre la science, d’un côté, et les médias, de l’autre. La presse, à ce propos,
se trouve dans une situation plutôt paradoxale. D’un côté, il y a cette coté scientifique et de
l’autre, il y a un côté de persuasion. La presse doit accomplir à ces deux nécessités : la
science et la communication. Par exemple, pendant la pandémie, tous les articles ne
traitaient pas des nouvelles scientifiques, mais chaque journal exposait plutôt son point de
vue (interpréter la littérature et les données).

• Études récentes (années 60-70) focalisent l’attention sur la réception du message


médiatique

• Approche fonctionnaliste – analyse les variables sociales qui influencent la


perception du discours médiatique (attentes, besoins des récepteurs…)

• Approche cultural studies – analyse de l’impact de la culture d’appartenance


sur la réception du message médiatique (Katz, réception de Dallas…)

• Notion de co-construction du message médiatique (voir également


Charaudeau)

• Années 80- : sociologie des usages, impact des variables contextuelles et du


profil des publics dans la réception des médias (enquête Nationwide)…

Les modèles de la communication

Modèle linéaire :

6
Le premier modèle de communication est un modèle linéaire et univoque, crée par des
mathématiciens, Shannon et Weaver, où on a un émetteur qui transmet un signal à un
destinataire. C’est un modèle univoque et mécanique (1949). Dans cette transposition, il y a
un destinateur qui envoie un message à un destinataire. C’est un modèle des années 60,
qui commence à être utilisé avec les premiers études anthropologiques, sociologiques, etc.

Au-delà de la théorie mathématique de Shannon et Weaver (1949), il y en a d’autres qui


considèrent la communication comme transmission d’un message d’un émetteur à un
récepteur :

➢ Modèle lié au support technologique (télégraphe)


➢ Modélisation en forme de chaîne – conception technique et mécanique
(« robotisée »)

Modèle de Lasswell

Le modèle de Lasswell est aussi appelé « modèle de l’aiguille hypodermique » (1948),


énoncé sous la forme de question programme. Il fonctionne comme les naissants
ordinateurs : transmission mécanique de l’information, où la communication est toujours
unidirectionnelle. Ce modèle a le mérite de réintroduire la dimension humaine dans la
communication, mais la communication est toujours unidirectionnelle. Donc, l’information
est transmise d’une façon passive. Les médias contrôlent les messages et les notions, ils les
transmettent à une masse passive des récepteurs. Puis, on se rend compte que la
communication n’est pas unidirectionnelle, parce qu’elle tient compte aussi d’un contexte.
Donc, elle est influencée par les variables du contexte, et le public n’est pas une foule
passive, parce qu’il peut interagir et pas être manipulé.

Deux grands types d’idéaux :


7
Dans la même ligne, plus axé sur le contexte de la communication et sur les participants, le
modèle de Jakobson (1963) :

Approche orchestrale de la communication

Naissance d’un autre modèle qui se déclenche à partir des années 60 (école de Palo Alto,
« Collège invisible »). Dans cette approche orchestrale de la communication il y a des
anthropologues et linguistes comme (Hymes), sociologues (Goffman), psychiatres (Jackson)
et psychothérapeutes (Watzlawick)

- Goffman a parlé à travers des métaphores (« métaphore du territoire » et « de la face »,


c’est la figuration que le locuteur a dans la communication ; dans les conflits, les
interlocutoires peuvent perdre leur face ou la défendre)

-La communication est un phénomène social, humain : donc, la communication est


essentiellement humaine

-La communication n’est pas simplement linéaire, mais la métaphore choisie est celle de
l’orchestre (est un système à multiples canaux auquel tout acteur social participe à tout
instant. Chacun joue en s’accordant à l’autre)

-La contexte de production est fondamental

-La communication comprend aussi les moyens para-verbaux et non-verbaux

-La communication n’est pas unidirectionnelle, n’est pas un acte ; mais, un processus dans
lequel chaque acteur influence les autres et chacun est influencé par les autres → principe
de la causalité circulaire ou mutuelle

Les types sociaux de la communication :

• Communication interindividuelle : qui peut avoir lieu entre un ou deux personnes


i) Communication intrapersonnelle : (soliloque, journal intime, blog…)
ii) Communication interpersonnelle : (interview, face à face, conversation
téléphonique, MSN…)
8
• Communication groupale : (entre un ensemble d’individus interdépendants dans un
contexte donné)
i) Dynamique des groupes : il y a des dynamiques à l’intérieur des groupes qui se
mettent en place, et elles sont importantes au niveau des réseaux sociaux
ii) Communications des organisations : (interne, externe)
• Communication sociétale : (entre sociétés et cultures différentes)
i) Communication publique : (pouvoirs publiques, instances publiques)
ii) Communication interculturelle

Formes de la communication :

• Communication directe :
o S’effectue sans intermédiaires
o Synchrone
o Les participants ont une identité bien définie

• Communication médiatisée :
o Utilise un support technique (téléphone, télé…)
o Synchrone ou différée

• Communication mixte :

o Directe et médiatée à la fois

o Communication directe + technique support

Les langages de la communication

o Moyens linguistiques: langue orale ou écrite

-Message digital (qui utilise des mots compréhensibles à partir d’un code précis) mais qui
pour être décodé a besoin d’un ensemble de signaux analogiques (geste, intonation,
posture…)

-Fonction sociale de la langue

-Pouvoir maîtriser la langue légitime (Bourdieu 1982)

-Code formel/Code restreint (Basil et Bernstein 1950)

La plupart de la communication ne passe pas par la langue orale ou écrite, mais elle se sert
d’autres moyens : message digital et fonction sociale de la langue, moyens paralinguistiques
et moyens extralinguistiques (gestes, distance, maquillage, etc.)

-ex : l’ethos discursif d’une femme est influencé par un aspect culturel et social

9
o Moyens paralinguistiques: (vocaux et non-verbaux, ex. intonation, timbre de la voix,
volume, accent…)

Très importante: dans une communication, 35% est composante verbale, 65% est
composante non verbale

o Prosodie
o Kinésique (langage du corps, enjeu culturel, ex. signe , regard direct…)
o Proxémique (distance corporelle)

o Moyens extralinguistiques (gestes, distance de l’interlocuteur, vêtements,


maquillage…)

Communication médiatée- caractéristiques

o Mc Luhan (1977) distingue les formes de communication médiatée sur la base du


support utilisé et aussi sur la base de l’interaction qui se développe:

Médias chauds: qui n’exigent pas une grande participation de l’usager


(unidirectionnels, comme imprimerie, photographie, radio, cinéma)

Médias froids: incitent à une forte participation (Internet…)

o Cloutier (1973) différencient les communications médiatées:

Sur la base du langage véhiculé (message audio, message vision, message


scripto)

Sur la base des usagers concernés :

1. -Communication individuelle

2. -Communication de groupe

o Balle (2007) distingue les médias sur la base de leur modalité de diffusion et
d’échange:

Groupe 1: les médias autonomes (qui ne requièrent le raccordement à aucun


réseau particulier: livre, presse, disques…)

Groupe 2: les médias de diffusion (qui nécessitent d’un réseau, télé, radio)

Groupe 3: les médias de communication qui instaurent un dialogue à travers le


réseau: Internet, Minitel, téléphone…

10
L’information comme contenu

Selon Charaudeau (sociologue en analyse du discours, auteur de plusieurs textes ;


s’occupe de psychologie de médias): L’information n’existe pas en soi […] L’information
n’est que pure énonciation. Elle construit du savoir, et comme tout savoir celui-ci dépend à
la fois du champ de connaissances qu’il concerne, de la situation d’énonciation dans laquelle
il s’insère et du dispositif dans lequel il est mis en œuvre→ l’information n’existe pas en soi,
parce qu’elle est un processus de transformation des données

L’information est donc un acte de transaction et de transformation du savoir (principe de


l’impossible transparence de l’information, Charaudeau:

Donc, le monde passé sous des processus de production, réception et interprétation (de
la part du lectorat). Il y aussi une réinterprétation de la part du destinataire. → L’instance de
transformation va à hiérarchiser les informations

Dans la presse, le même événement peut être nommé et construit de façon différente. Par
exemple, pendant la pandémie, elle a été nommée sous plusieurs phases (pandémie, grippe,
peste, etc.)

Transparence impossible de l’information : il y a toujours une interprétation à la base de


l’information
11
Information médiatique entre information et captation

L’information médiatique présente les mêmes caractéristiques d’acte de transaction et de


négociation entre deux instances énonciatives:

• Instance de production : collecte, sélectionne, hiérarchise des événements et des connaissances en


apportant la preuve de ses discours, et les diffuse à travers des technologies. Elle est soumise à
des contraintes qui dépendent de son contexte (identité de l’instance, du public, de la
représentation sociale de l’information…)

• Instance de réception: reçoit le message, sélectionne les informations, opère des choix, intériorise
l’information selon de contraintes socio-culturelles

L’information médiatique n’est jamais objective

L’information médiatique…

Cadre symbolique précis:

Dès leur débuts (la presse en premier lieu), les médias se sont érigés en partie prenante de
la démocratie contre l’opacité des systèmes autoritaires (la monarchie en premier lieu): ils
ont donc un idéal d’objectivité, dans un but pédagogique:

▪ Rendre publiques les débats politiques auprès du public citoyen


▪ Permettre aux citoyens de s’exprimer
▪ Former le peuple à la raison civique

Cette éthique civique toutefois entre en conflit avec l’industrie médiatique, qui doit
permettre aux médias de survivre en tant qu’acteurs économiques; de cela dérive ce que
Charaeudeau appelle la double tension de l’information médiatique:

• Visée éducative de transmission de la réalité - objectivité

• Visée de captation du public dans un sens économique (logique de


consommation marchande) – sensationnalisme, dramatisation

Texte : La double tension de l‘information médiatique, par P. Charaudeau

« La démocratie nait de plusieurs contradictions : il faut que le plus grand nombre de citoyens ait accès
à l’information, mais tous les citoyens ne se trouvent pas dans les mêmes conditions d’accès à celles-ci ; il
faut que l’information en question soit digne de foi, mais ses sources sont diverses et peuvent être
suspectées de prise de position partisane, sans compter que la façon de les rapporter peut satisfaire à un
principe de dramatisation déformante ; Il faut que les citoyens puissent s’exprimer donner leur opinion,
mais encore faut-il que cette parole soit rendue publique par l’intermédiaire des médias, or ceux-ci ne
s’intéressent à l’anonymat que dans la mesure où ils peuvent intégrer la parole anonyme dans une mise
en scène dramatisante. L’information médiatique est prise dans le piège de ces contradictions : peut être
résumé par la formule suivante : être le plus crédible possible tout en attirant le plus grand nombre
12
possible de récepteurs. La finalité du contrat de communication médiatique se trouve en tension entre
deux visées qui correspondent chacune à une logique particulière : une visée de faire savoir, ou visée
d’information proprement parler, qui tend à produire un objet de savoir, selon une logique civique :
informer le citoyen ; une visée de faire ressentir : ou visée de captation, qui tend à produire un objet de
consommation marchande selon une logique commerciale : capter le plus grand nombre pour survivre à
la concurrence. On pourrait penser qu’il s’agit de la même finalité que celle qui définit le contrat de
communication publicitaire dans laquelle on retrouve cette tension entre information pour présenter le
produit et ses qualités et séduire pour amener le plus grand nombre à consommer. Ces deux types de
contrat cependant se différencient en ce que dans le publicitaire, c’est la deuxième visée qui domine,
masquant la première constituant finalement ce qui le légitime : séduire pour vendre ou (ce qui revient
au même) pour faire croire qu’on vende 1. Dans le contrat d’information, c’est la première visée qui
domine, celle du faire savoir, qui relève la vérité, qui suppose que le monde ait une existence en soi et
qu’il soit rapporté avec sérieux sur une scène de signification crédible. La deuxième visée, celle du faire
ressentir ì, devrait être secondaire dans un tel contrat, car contraire à la visée précédente. On pourrait
défendre l’idée inverse et avancer que dans le contrat d’information médiatique comme dans celui de la
publicité, c’est la deuxième visée qui prime et masque la première. Mais tout contrat de communication
se définit à travers les représentations idéalisées qui le justifient socialement et partant le légitiment.
Même si l’on sait que le discours d’information se soutient d’une forte tension du coté de la captation, il
ne serait pas acceptable, a vu des représentations sociales, que celles-ci se fassent au détriment du faire
savoir, alors que cela est parfaitement accepté pour le discours publicitaire. Le jeu de masquage d’une
visée par l’autre est inverse dans les deux contrats ; chacun de ceux-ci tire sa légitimité de la visée
opposée : le contrat médiatique de la visée d’information, le contrat publicitaire de la visée de
captation »

Démocratie- contradictions

-informations dignes de foi (notion de crédibilité)

-principe de dramatisation déformante (spectacularisation, déformation des donnés)→


Connotation négative → métaphore de la guerre (considérée déformante). Les politiques
ont parlé de la pandémie comme d’une guerre.

On est obligé à déformer de l’info puisque l’info soit plus intéressante

-deviser l’information pour former une opinion publique

-séduction : pour vendre et capter l’attention du public

-publicité vs presse : les deux moyens de communication sont justifiés par ces deux visées :
d’information et visée de captation

-Visée de transmission

-Visée de captation du public dans un sens économique : sensationnalisme, dramatisation


dans la presse

Il y a tout un arsenal des instruments rhétoriques pour captiver l’idée principale dans la
presse.

13
MODULE 2- LE LANGAGE JOURNALISTIQUE
LA LANGUE DE LA PRESSE

Un “théâtre de liberté langagière” (Hausmann, 2000)

•Tradition puriste de la presse VS innovations lexicales et morphosyntaxiques (voir


exemple la polémique sur la féminisation des noms de métier)

•Gaillard (1996) définit la langue de la presse comme un langage “simple, concret et


vivant”

•En réalité, la presse doit avant tout utiliser un langage accrocheur : présence de jeux de
mots, allusions, néologismes…

•Risque majeur : générer un jargon incompréhensible (voir les critiques de René Etiemble:
“La presse tout entière sabire avec délectation : elle a honte de parler français

Tendances néologiques :

-Formation des mots :

▪ La presse est le lieu de réalisation du « vocabulaire potentiel » ; notamment par


dérivation
▪ Anglicismes

-Les mots accrocheurs : « avec des mots ordinaires on n’épate pas les bourgeois, ni le
peuple ». Recherche des mots à forte charge expressive

-Phraséologie : emploi des locutions imagées et métaphores (surtout dans les titres)

-Traits morphosyntaxiques : antéposition des adjectifs, imparfait journalistique, syntaxe


nominale, nominalisation (densité informationnelle)

-Variations diaphasiques : présence massive de l’oralité (dans : les dessins et caricatures,


les citations du discours direct, l’emploi de la ponctuation)

-Allusions et détournements → Vieilles dentelles sans arsenic • Cracher sur les tombes •
Mérimée prospère • Une légion très étrangère • Le coussin germain

Connivence entre auteur et lecteur

-réduction de la distance constitutive entre le journal et son lecteur

-connivence= accord tacite entre auteur et lecteur → attentes du lecteur-cible

-Connivence qui dérive du contrat médiatique (Charaudeau)

-Rhétorique comme modèle heuristique de ce phénomène

14
-Fonction de représentation de l’instance de production et de l’instance de réception

-Visée de persuasion – analyse des exigences du public-cible (sociologie des publics)

-Études sur l’argumentation – relation entre ethos, logos et pathos

Exemple : Article tiré du Sud-Ouest (février 2020)

-virus « chinois » → dénomination du virus (premièrement appelé grippe chinoise)

-texte de l’OMF qui explique comment il faut nommer le virus, il a créé de sortes des lignes
guide : il faut éviter des noms des groupes sociaux ambigus

-quand on a commencé à appeler le virus sars-cov2 ont a évoqué un autre virus et ceux-ci
a donné lieu à une idée de danger

-Fukushima rapporté à Tchernobyl → réveille la mémoire collective

15 février 2020 : La Une change « Coronavirus, La menace se répand » → dramatisation


déformante (menace sous-entend une prosodie sémantique d’anxiété) / Image raciste (
homme chinois avec un masque : fonction émotive, prosodie de danger, peur, renforcée par
la photo)

17 mars 2020 : « Nous sommes en guerre » (Emmanuel Macron ; métaphore de la guerre :


la menace doit être combattue) → photo de Macron : le geste et l’expression du visage
renforcent l’idée « Nous pourrons vaincre la guerre ») -métaphore de la guerre→ nous
suivons plus les choses qui nous disent, comme dans le cas de la pandémie

18 mars 2020 : « Le jour où la France s’est arrêtée » → période de confinement (photo :


fonction émotive : place vide)

19 mars 2020 : « En première ligne pour nous nourrir » → (photo : agriculteur qui est en
train de prendre de la salade)

20 mars 2020 : « Nous sommes avec vous » → connivence entre l’auteur et le lecteur
(dialogue)/ on parle de « ligne de front » et d’anciens combattants, à travers la voix d’un
lecteur qui parle

Instance de production vs instance de réception

14 avril 2020 : « 11 mai, le début de la fin » → (photo de Macron, indique incertitude)/ aussi
les points de suspension (…)

28 mai 2020 : « Enfin libres ! » (Titres nominaux avec point d’exclamation) → le « nous »,
pronom personnel qui marque une connivence entre auteur et lecteur
15
15 juin 2020 : « Un nouveau chemin » → change de métaphore et on reprend la métaphore
du chemin (le mouvement de Macron s’appelle « chemin » et donc évoque son parti
politique) / photo : ça dépend de la politique éditoriale du journal

« Les soignants restent à bout de nerfs »

« Pas de vacances pour le Covid » → personnification du virus

« Aux masques travailleurs ! »→ évoque la Marseillaise/ appelle a la mémoire collective →


renvoi à l’idée du rassemblement national (photo : stratégie rhétorique de la photo : les
femmes paraient heureuses de mettre les masques)

« Macron reconfine la nuit »→ C’est Macron qui annonce l’imposition des normes (photo :
mère qui embrasse sa fille- impression de peur)

10 novembre 2020 : « Vaccin contre le covid, enfin l’espoir » → utilisation de l’adverbe


« enfin » (photo : fonction informative, elle est liée au monde de la science)

« La course contre la montre » → vaccin : découverte difficile, narration qui transforme les
scientifiques en héros (faire vite, idée de course contre la montre, le temps)

« La campagne décolle enfin » → répétition de l’adverbe enfin (« On va enfin respirer »→ la


presse relance sur l’idée de la liberté)

Charaudeau → dramatisation déformante

MODULE 3- LA CREATION DE L’EVENEMENT MEDIATIQUE

ESSOR ET DEVELOPPEMENT DES GENRES JOURNALISTIQUES

GENRE INFORMATION :

La brève, le compte rendu chronologique et thématique, la brève publicitaire →


informations objectives

GENRE OPINION :

La critique et le reportage, l’interview, la lettre des lecteurs, les commentaires →


informations subjectives

GENRE SERVICE :

Le conseil, la publicité rédactionnelle

Selon Charaudeau :

• Événement rapporté (brève)


• Événement commenté (éditorial, critique, analyse…)
• Événement provoqué (débat, interview…)

16
Double tension de l’espace médiatique :

-Information
-Captation

Mise en forme d’un fait

• Du fait à l’événement
-Processus de cadrage (Esquenazi)
-Présence de l’instance énonciative (Benveniste, Amossy, analyse du discours…)
-Jeux de langue (Esquenazi)
-Rapport entre l’instance énonciatrice et réceptrice

• Selon Charaudeau, toute situation de communication présuppose un jeu de


conventions acceptées par les participants (contrat médiatique)
• Ce contrat de communication repose sur la co-intentionnalité des locuteurs
• Ce contrat dépend des données qui déterminent le contexte de la communication:
• Données externes (non-langagières)
• Conditions d’identité – traits de statut, d’âge, sexe…
• Conditions de finalité : l’objectif principal de la communication:
• Visée prescriptive (faire faire)
• Visée informative (faire savoir)
• Visée incitative (faire croire)
• Visée pathémique (faire ressentir)
• Conditions de propos: le sujet de la communication
• Conditions de dispositif: l’environnement médiatique utilisé
-Données internes (données discursives)
• Espace de locution : prise et maintien de la parole, identification du sujet parlant en
tant que légitimé…
• Espace de relation : espace du jeu des figurations des locuteurs
• Espace de thématisation : adhésion au sujet du discours, thématisation différente…

Les instances de production et réception

• L’instance de production : organisme ou ensemble d’acteurs qui participent à la


production du discours médiatique

• Le journaliste est l’acteur principal :

• Il a un rôle de pourvoyeur d’information ainsi que de commentateur d’information

• Problème de choix, sélection et traitement des informations (rapidité et nombre des


informations compliquent cette tâche)

17
• Problèmes de fiabilité des sources (le fait lui-même, ou des organismes de transmission
des faits, comme les agences de presse, ou encore des organismes officiels ou para-
officiels…

•L’instance de réception: ensemble hétérogène et multiforme, difficile à décrire

• Le « destinataire-cible »: construction fictive créée à l’avance, elle peut être déterminée


comme cible intellective ou comme cible affective

• La cible intellective repose sur l’intérêt du public pour une certaine information

• Sur la crédibilité de l’instance médiatique

• Sur l’accessibilité de l’information transmise

• La cible affective se base sur des réactions essentiellement émotive (le tragique,
l’énorme…

L’événement construit

• La création d’un événement représente toujours une forme d’interprétation du monde de


la part d’un sujet (Charaudeau parle de mimésis sur trois degrés)

1) Pour qu’un événement puisse être repéré, il faut que se produise une modification dans
l’état du monde phénoménal génératrice d’un état de déséquilibre, que cette
modification soit perçue par des sujets par un effet de saillance, et que cette perception
s’inscrive dans un réseau cohérent de significations sociales par un effet de « prégnance
»
2) Ex. que des morts (modification d’ordre biologique ou provoqué par l’homme) soient
désignés comme victimes du destin (catastrophe naturelle) ou de la méchanceté
humaine (crime) dépend du regard que le sujet humain porte sur ce fait

L’événement est sélectionné sur la base de son potentiel:

i) D’actualité (immédiateté de l’information en direct…)


ii) De socialité (intérêt d’une partie du public pour un certain univers de discours,
économique, politique…)
iii) D’imprévisibilité (prégnance, perturbation de l’ordre établi)

Genres journalistiques :

✓ La brève : (nouvelle brève)

18
Elle répond en un minimum des mots aux questions
essentielles : qui ? quoi ? quand ? où ? et
éventuellement comment ? et pourquoi ? C’est une
information parfois sans titre, de 5 ou 6 lignes. Elles ne
sont en général pas isolées mais regroupées. Ex. : les
brèves du jour (actualité)

✓ Le filet : (entrefilet) → Comme la


brève, mais il insiste plus sur le pourquoi ? et
le comment ? mais sans apporter de
commentaires. Il a un titre mais ne dépasse
pas 20/25 lignes.

✓ Le reportage→ C’est le genre journalistique par excellence. Le


reporteur va sur place, s’imprègne au maximum du sujet. Il peut être
composé d’un ou des plusieurs articles. Le mode d’écriture est très descriptif
et il n’y a aucun commentaire personnel, il y a l’implication de la part du
lecteur (le lecteur a comme l’impression d’y être présent) → le genre
privilégie le témoignage direct

L’interview → Consiste à
interroger quelqu’un de
représentatif d’un sujet ou au
moins dont le propos sont
significatifs. C’est une démarche
d’investigation qui a pour but
d’obtenir des infos originales,
inédites. Comme l’enquête, il

19
prend sa source dans les questions que se pose le journaliste ou/
et le public sur un problème donné. C’est un article explicatif,
qui donne à entendre ; il est très adapté à la vulgarisation car il
fait appel au langage parlé et à la spontanéité

✓ Le compte-rendu : il résume un fait : spectacle, ouvrage, réunion, audience du


tribunal… C’est un récit dans un style synthétique.

✓ La critique : article écrit par un spécialiste et traitant d’un spectacle, d’une exposition,
d’un livre dans lequel l’auteur exerce son droit de critique.

L’enquête : (article ou série d’articles). Elle sert à


cerner un sujet, à faire le point sur une question.
Elle est sensée apporter une réponse ou des
informations inédites. Elle fait appel aux trois
genres suivants : reportage, interview, compte-
rendu

Le billet : bref article de commentaire satirique, genre périlleux,


mélange de légèreté et donne à réfléchir. Il est caractérisé par une
chute inattendue (humoristique, impertinente, paradoxale). Petit article
écrit avec soin et que l’on retrouve toujours au même endroit.

20
L’éditorial : donne le point de vue du journal. Il engage la
rédaction. Il donne à penser. Souvent écrit par le directeur du
journal. C’est un écrit un peu officiel, parfois pompeux et tirant
plutôt vers l’avenir. Il comprend de l’analyse et du
commentaire sur l’événement d’actualité ou sur un thème
dans l’air du temps

L’écho : petite information à caractère


anecdotique, amusante, pittoresque et
rédigée de façon piquante sur les à-côtés de
politique, la vie mondaine…

Le portrait : article qui décrit, dessine la personnalité de quelqu’un à


travers ses caractéristiques (biographie, déclarations, manières d’être,
apparence, physique…)

21
La publicité rédactionnelle : donne l’information pour vendre quelque chose

Article LeMonde : « qu’un champ impur… » → Référence à la Marseillaise « sang impur »


article sur les OGM

-séparer le bon grain de l’ivraie → référence à la Bible : renvoi au mémoire collectif (grain
génétiquement modifié)

-être coton : être difficile (être difficile à travailler comme le grain)

-emploi des questions rhétoriques et du pronom personnel « nous » ou « on »→ qui donne


l’idée d’une collectivité

-emploi de nominalisation (appelait paradigme « désignationel » : colza transgénique,


clandestin, futuriste → le colza est comparé à un homme clandestin)

-emploi de « on » : qui fait référence à nous, aux lecteurs

1) Visé de captation : visé de séduction (images : photos, dessins de presse [vignette],


infographies qui devrait avoir une fonction plutôt informative)

2) Visé d’énonciation : Dialogisme (connivence entre auteur de texte et lecteur), pronoms


personnels (« nous », « on »), polyphonie (alternance des voix dans le texte : voix de l’auteur,
qui ne prends jamais la parole directement, mais à travers un énonciateur, qui nous guide
vers l’instance de production), polyphonie indirecte (citations et allusions : « séparer le bon
grain de l’ivraie », référence biblique) → On prend une citation célèbre et l’on détourne

-Le titre du texte évoque une série d’idées : « qu’un champ impur… « → référence à la
Marseillaise « sang impur » article sur les OGM

-Déformation dramatisante : la presse dramatise les nouvelles/ Les énonciateurs


secondaires parlent (emploi du discours rapporté), et directe (« … ») : qui sont importantes
pour des questions de responsabilité informative

22
3) Nomination : création des paradigmes « désignationnels » qui ont la fonction d’orienter
dans le texte, surtout en ce qui concerne l’objet du discours

-dénomination VS nomination : « colza » appelé de différentes façons (paradigmes de


désignations) « future », « clandestin », « transgénique »

Colza « clandestin »→ Le colza est clandestin, donc doit être éradiqué (connotation
négative)

Le texte sur les OGM est un éditorial, où on fait allusion à la Marseillaise, le champ
sémantique fait référence à la guerre. Dans la deuxième partie, il y a des questions, qui ont
comme idée celle de capter l’attention du publique. On parle de « colza clandestin » et de
« colza transgénique ». Puis, on parle de « guerre » et des « offensives », deux termes qui
font référence à la guerre. Reprise du terme « sillon », qui renvoi à la Marseillaise, présence
du terme « guerre biotechnologique ». Deux termes qui renvoient au champ sémantique de
la guerre sont : « base arrière », « conquête ».

Présence de l’adverbe « certes »introduit un lien logique de concession et opposition →


=(bien que)/ « Sur de maigres espaces certes »→ les deux phrases dans le texte indiquent
opposition (ces deux dénominations renvoient à deux types des points de vue : on passe du
débat scientifique au débat politique) : Stratégie de polyphonie → laquelle évoque deux
points de vue (Il est vrai que… mais)→ Je suis d’accord sur celui-ci, mais pas du tout sur
celui-là/ Reprise du champ sémantique de la guerre : stratégie de polyphonie

« Une tempête dans une verre d’eau » : fare tanto casino per niente → Fait référence à une
vision réduite de l’adversaire (ministère de l’agriculture et de l’environnement)

« Sonner le tocsin » : suonare le campane a martello → Le risque selon le ministère de


l’environnement est extrêmement élevé

Le texte utilise plusieurs locutions figées (« accorder ses violons ») → cela renvoi à une
stratégie de connivence, qui renvoi aussi au deuxième paragraphe du texte.

-« champs impures » : terme qui fait référence à la guerre

-idée que la politique n’est pas claire : « Avant que le colza fleurisse et que les pollens et les
abeilles fassent leurs métiers »

MODULE 4- POLYPHONIE
ENJEUX DISCURSIFS DE LA POLYPHONIE

23
Aucun membre de la communauté verbale ne trouve jamais des mots de la langue qui soient
neutres, exempts des aspirations et des évaluations d'autrui, inhabités par la voix d'autrui.
Non, il reçoit le mot par la voix d'autrui, et ce mot en reste rempli. Il intervient dans son
propre contexte à partir d'un autre contexte, pénétré des intentions d'autrui. Sa propre
intention trouve un mot déjà habité. → Définition de polyphonie (M. Bakhtine, 1970 : 77)

Un seul terme, plusieurs voix…

Notion de polyphonie : terme appartenant au domaine musical

• Selon le TLFi : Superposition de deux ou plusieurs mélodies indépendantes, vocales et/ou


instrumentales, ayant un rapport harmonique ou non.

• Première application en sciences humaines: application à la narration littéraire (M.


Bakhtine, 1929, 1970)- Selon Bakhtine, les textes sont censés faire partie d’un dialogue
continu, se composant à la fois de reprises de paroles antérieures et d’anticipations de
paroles futures (virtuelles)

• Application en linguistique : O. Ducrot (1980, 1984)

1) Polyphonie : remise en question du postulat de l’unicité du sujet de l’énonciation


2) Tout énoncé naît de la mise en scène d’un cadre énonciatif où agissent des personnages
de l’énonciation

J’appellerai « énonciation » l’événement, le fait que constitue l’apparition d’un énoncé [...]. Je donne en
effet à ce concept une fonction purement sémantique. Pour qu’il puisse la jouer, je demande seulement
qu’on m’accorde que des énoncés se produisent [...] : ce dont j’ai besoin, c’est que l’on compte parmi les
faits historiques le surgissement d’énoncés en différents points du temps et de l’espace. L’énonciation,
c’est ce surgissement. (Ducrot 1980, pp. 33-34)

• Le sens de l’énoncé n’est que le résultat des différentes voix qui l’ont engendré

• Toute énonciation n’est qu’un “dialogue cristallisé” (Ducrot 1984, Préface)

Les mots ont une histoire et à travers les mots on peut utiliser la voix des personnages qui
sont prises en compte. Il y a une voix qui s’exprime à travers ses mots : « azur » (Mallarmé).
Il y a des mots qui sont associées le plus souvent à un énonciateur.

« Les premiers de cordées » : métaphore classiste utilisée dans la presse par Macron

« Utilizzatore finale » → termes qui évoquent dans la presse une idée (fait référence au
processus juridique de Berlusconi)

Ce langage est tiré de la linguistique structuraliste. Freud emprunte plusieurs termes à la


thermodynamique. La presse renvoi à ce langage polyphonique, aussi les mots du langage
quotidien ont une connotation polyphonique (« banc du sang »)/ (« utero in affitto ») → on
fait référence à une commercialisation du corps.

24
La notion de polyphonie vient du langage musical, consiste dans la superposition de deux
ou plusieurs mélodies indépendantes, avant un rapport harmonique ou non. La notion de
polyphonie est appliquée à la linguistique. Elle est aussi une mise en scène, de différents
acteurs. L’énoncé est un dialogue cristallisé, ce processus se veut très bien dans la presse,
où il y a une instance dialogale.

La Polyphonie dans le discours : les tendances actuelles

Dans ses études, on reconnait cet énoncé comme une mise en scène et ses énonciateurs
sont considérés comme des acteurs du théâtre. On parle aussi de positionnement
énonciatif : c’est la position qui occupe dans l’énoncé chaque énonciateur (un énonciateur
X qui dénonce les OGM, et d’autres qui partage les OGM)

-Notion de reformulation : marque le dialogue entre les voix convoquées, dans lesquelles
les gens sont obligés à reformuler l’énoncé (qui menace la face de l’interlocuteur)

-il y a toujours une mise en scène : on compare l’énonciateur à l’acteur de la presse →


L’idée fondamentale en est la suivante : lorsqu’un locuteur L produit un énoncé E [...], il met en scène un
ou plusieurs énonciateurs [...]. Ce locuteur peut adopter vis-à-vis de ces énonciateurs (au moins) deux
attitudes : ou bien s’identifier à eux [...], ou bien s’en distancier en les assimilant à une personne distincte
de lui [lui désignant le locuteur-auteur de l’énoncé], personne qui peut être ou non déterminée.

Prenons le cas du discours rapporté, avec un énoncé tel que→ Ex. : Stéphane dit que tout
est réglé : fait entendre deux « voix », ou encore deux énonciateurs : celui qui correspond
au locuteur, ainsi que celui – origine de « Tout est réglé » – qui se trouve désigné par le nom
de Stéphane.

D’une manière comparable, la phrase Il paraît que l’avion a décollé constitue une mise en
scène où se manifestent tant l’énonciateur responsable du point de vue « L’avion a décollé
» que celui qui met cette affirmation à distance, le locuteur s’identifiant à ce dernier. • En
d’autres termes, la pluralité des voix impliquée par l’emploi du terme de polyphonie se
traduit, dans cette perspective, par la pluralité des énonciateurs.

Il parait que l’avion a décollé (il y a toujours deux vois : l’annonce de l’avion qui décolle et
une personne qui dit « Il parait que l’avion a décollé »)

L’instance de production construit les rôles dans le processus d’énonciation : d’un côté, il y
a les énonciateurs, de l’autre côté, il y a les destinataires qui sont convoqués directement
dans le texte.

La ScaPolinE : une approche récente

Le groupe de chercheurs de la ScaPoLinE a développé la notion d’être discursif, en donnant


à cette notion un statut théorique et linguistique servant d’outil dans une analyse
polyphonique des textes (Nølke, Fløttum et Norén 2004, p. 37-43).

25
Il s’agit plus précisément d’images de différents personnages présents dans le texte,
construits et mis en scène par le locuteur. • Les autres êtres discursifs importants sont la
troisième personne, l’allocutaire et la voix collective. La troisième personne est un être
individuel nommé, susceptible d’être indiqué ou réellement indiqué dans le texte par un
pronom de la troisième personne. L’allocutaire est représenté par tu ou vous et par d’autres
marqueurs qui signalent que la parole est adressée directement à l’interlocuteur (le lecteur).
La voix collective peut être représentée par on, nous, ceux, eux (entre autres) ; elle peut
également être indiquée par une expression concessive, une construction impersonnelle,
un proverbe ou une présupposition

Le cadre de l’énonciation- La configuration polyphonique

Se situant au niveau de l’énoncé, la configuration est l’explicitation de la mise en scène, par


le locuteur, des liens entre êtres discursifs et points de vue. Il s’agit d’associer les points de
vue manifestés aux êtres discursifs qui sont susceptibles d’être à l’origine de ces points de
vue, en spécifiant les liens énonciatifs. C’est seulement au niveau de la configuration que
nous pouvons identifier le responsable du pdv 1 de la négation. En voici un exemple avec la
voix collective :

Si Ariel Sharon est assuré d’être élu premier ministre, ce n’est pas que les Israéliens ont
décidé de tourner le dos à la paix. C’est simplement qu’en fait de paix, Ehoud Barak a trop
promis. Et qu’on ne lui pardonne pas l’explosion de haine dans les Territoires. Peu importe
aux électeurs qu’Ariel Sharon en soit en partie responsable, avec sa visite provocatrice sur
l’esplanade des Mosquées, le 28 septembre. L’élection d’Ariel Sharon ne résoudra rien. Au
contraire. L’ancien général porte un stigmate moral indélébile pour sa complicité dans les
massacres des camps palestiniens de Sabra et Chatila, à Beyrouth, en 1982. (Fig 9)

•pdv 1 : (associé à la voix collective) “L’élection d’Ariel Sharon résoudra quelque chose”

•pdv 2 : (associé au locuteur) “L’élection d’Ariel Sharon ne résoudra rien” → Ici, la voix
collective est marquée par on et électeurs. Contrairement au locuteur, le on et les électeurs
sont d’avis que “L'élection d'Ariel Sharon résoudra quelque chose”. Le pdv 1 est ainsi, selon
les indications du (con)texte, associé par un lien de responsabilité à la voix collective. Le
pdv 2 est associé par un lien de responsabilité au locuteur qui prend en charge le pdv 2 et
réfute par là le pdv 1

Ex. : la voix collective est marquée par l’usage des pronoms comme (« on », « électeurs »)

Interpréter la polyphonie- Les voix en jeu

L’interprétation d’une séquence sonore ou écrite s’effectue nécessairement en rapport avec


certaines « circonstances » ; par ce terme, Prieto (1966, p. 13) entend « tous les faits connus
» par la personne qui attribue tel ou tel sens à ce qui est dit ou écrit. A la suite de Haillet
(2002), Perouse (2008) désigne par le terme d’environnement discursif tous ces « faits
connus », qui englobent tant le contexte et la situation que les savoirs accumulés.

26
On reconnaît alors deux types de phénomènes qui interviennent dans l’interprétation de tout
énoncé.

- Convocation de points de vue, d’une part : tout locuteur se positionne ainsi par rapport
aux points de vue « mis en scène » par son discours, à travers la construction de certaines
représentations discursives ; on parle alors de phénomènes qui relèvent de la polyphonie
immédiate.

- Convocation de savoirs accumulés d’autre part, qui constituent une base hétéroclite de
connaissances et de références (politiques, scientifiques, culturelles, etc.) commune à des
individus partageant la même culture ; ces données appartiennent à la sphère de la
polyphonie à distance, et plus précisément à celle de l’interdiscours (savoirs partagés,
proverbes, expressions figées et détournements).

Les stratégies de polyphonie immédiate

Phénomènes de dialogisme direct

1) L’ironie- contraposition directe entre l’énonciateur A et le locuteur principal → Ex. :


Léo vient de se faire opérer des amygdales, et il a attrapé la varicelle. Bref, il est en
pleine forme !

Ce qui sous-tend une telle conception de l’ironie comme phénomène consistant à


interpréter, de cette manière, un énoncé donné en rapport avec son environnement
discursif, c’est une réticence « naturelle » à considérer comme assumés par la même
instance discursive deux points de vue jugés incohérents. L’impossibilité d’expliquer le
phénomène à l’œuvre dans [un énoncé interprété comme ironique] par la présence de
tel ou tel segment de discours spécifique produisant invariablement le même effet
conduit à rechercher d’autres critères formels constitutifs de l’ironie : d’une manière
générale, ce qui caractérise les environnements discursifs dans lesquels un point de vue
se trouve interprété comme ironique, c’est leur compatibilité avec un point de vue de
type opposé. (Haillet 2006a, p. 59)

2) Recours au conditionnel mitigation-prise de distance : l’auteur utilise le


conditionnel pour atténuer la capacité énonciative (Ex : Je voudrais une baguette et
trois croissants, s’il vous plait.) → Stratégie d’atténuation
2.1) Le conditionnel d’altérité énonciative : attribution de la responsabilité de
l’énonciation à quelqu’un d’autre (typique des textes de divulgation
scientifique)
Ex. : Il a fallu quinze ans pour que Valenciennes reprenne vie. En vingt ans, le
taux de chômage a baissé de 20% et est maintenant inférieur à la moyenne
nationale. Valenciennes aurait, à présent, le même potentiel d’embauche que
Lille.

27
- Je suis là car je voudrais te parler de vive voix

3) La question comme prise en charge de l’énonciation sous-jacente : suppose une


réponse de la part du lecteur (interrogative rhétorique : Tu as mangé des pommes ?
Il n’y avait pas des oranges.)
4) Polyphonie et discours rapporté : on cite des voix d’autorités (reconnues), et aussi
on va à citer des gens ordinaires (cela dépende du type de lecteur auquel nous
rapportons)→ différents types de discours (le discours rapporté au style direct :
Franck Le Gall reconnaît tout de même avoir souffert sur le plan graphique. « Au
départ, je n’arrivais pas à dessiner le visage de Spirou, confie-t-il. C’est contraint et
forcé que je suis revenu à Franquin. Il avait imaginé deux sphères qui se mélangent
au niveau du nez, un peu comme Mickey. » ; Le discours rapporté au style indirect,
suivi d’une conjonctive, Il dit que… elle souligna que; le discours indirect libre : Ils
s'en revinrent à Yonville, par le même chemin... Rodolphe de temps à autre se
penchait et lui prenait la main pour la baiser. Elle était charmante à cheval!)
5) Modalisation (1) et confirmation (2): combinaisons d’une représentation directe
d’un point de vue et de l’attitude du locuteur à l’égard de ce point de vue (1) utilisation
d’un adverbe qui change complètement le sens des phrases (Ex. : Gabriel était
surement soucieux)/ Malheureusement elle n’est pas venue + (2) utilisations
positives des adverbes (Ex. : C’est bien de ce médicament qu’il s’agit/ Ils ont échoué,
parfaitement.)
6) Opposition et concession : combinaisons de deux représentations directes de
points de vue et de deux représentations directes
-Opposition : Ce temps estival en plein mois de février est très agréable, mais
inquiétant.
-Concession : Depuis le début de la campagne, les cours du blé français ont certes
augmenté, mais cela n’a eu qu’une incidence dérisoire sur le prix du pain.
7) Comparaison : combinaison de deux représentations directes de points de vue reliés
par un morphème spécifique (Ex. : Le rôle du chef de l’Etat sera plus de mesurer les
risques de déclin du pays que de décider du nombre de policiers.)

8) Négation : combinaison d’une représentation directe d’un point de vue et d’une


représentation indirecte (Ex. : Pendant des millénaires, de grandes variations
climatiques se sont succédées, alors non, le climat ne subit actuellement des
changements plus extraordinaires qu’auparavant.)

-La plupart des énoncés négatifs relèvent de la négation polémique, c’est-à-dire qu’ils
font apparaître leur énonciation comme le choc de deux points de vue antagonistes, l’un,
positif, imputé à une première instance énonciative, l’autre, qui est un refus du premier,
imputée à une autre instance. Ce dernier est déduit de l’énoncé négatif ; il est indirect.
Ces propriétés nous font donc envisager cette forme de négation comme un procédé
polyphonique, du fait de la pluralité des points de vue représentés.

28
9) Présupposés et sous-entendus : fonctions attribuées au lexique/

-Présupposé : Paul continue l’équitation → Il est inévitable de déduire que pas


seulement Paul pratique l’équitation actuellement, mais il la pratiquait auparavant

-Sous-entendu : Tu es bien habillée aujourd’hui → c’est-à-dire les jours précédentes tu


ne l’était pas, tu étais habillais mal

L’interdiscours

• Les savoirs partagés (savoirs résidents dans la culture : histoire, géographie, etc.)→
accès à un interdiscours précédent (Ex. : Avant, les quartiers huppés de Tokyo
semblaient des succursales de la Cinquième Avenue. Maintenant, on dirait les
décors d’Amélie Poulain.)
• Les proverbes : font partie de l’interdiscours (Ex. : Quand le courage manque, la
chance galope.)
• Les expressions figées : Arrêter d’enfoncer le clou ! Je me sens déjà assez
coupable! (smettila di mettere il dito nella piaga)
• Les détournements: Ex. : Paris vaut bien un armistice

Savoirs partagés: « Les hommes viendraient de Mars et les femmes de Vénus »

« Les gens de Mme e M. de Cro-Magnon »

« Ulysses » (ligne 69)

« Chiennes de gardes » : collective féministe

« Les galléries de la Fayette » : magazine très célèbre où les femmes


peuvent avoir leurs plaisirs

Proverbe : phrase syntaxiquement complète « Papa pique et maman coud »

Expressions figées : « enforcer des portes ouvertes », « rectifier le tir »

Détournement : « laver leur linge sale », « jusqu’au à ce que transparence s’ensuive »

Conditionnel d’altérité énonciative : « viendraient », « seraient enchantées »

Combien des voix il y a dans les textes ?

-voix de l’auteur du livre

-voix de l’auteur

-voix des hommes et des femmes

-voix de l’interdiscours
29
-voix de la personne qui a distribué le sondage

-Polyphonies directes et indirectes

Dans l’interdiscours il y a des phénomènes de polyphonie directe et indirecte (M. de Cro-


Magnon).

Conditionnel d’altérité énonciative (ligne 2 : Les hommes viendraient de Mars et les femmes
de Venus, ligne 69)

Négation : (ligne 75)→ Pour mettre en relief deux personnages qui disent deux choses
opposées

Modalisateurs : (ligne 56) juste

Ironie : (lignes 50-55)- (lignes 82-88)- (lignes 94-96)

Il est très difficile repérer la voix de l’auteur dans la presse

MODULE 5- LE DISCOURS DE VULGARISATION SCIENTIFIQUE ET LE PALIER LEXICAL

Vulgarisation : « fait d’adapter des connaissances techniques, scientifiques, pour les


rendre accessibles à un lecteur non spécialiste » (Dictionnaire Robert)→ ça veut dire
rendre les sources accessibles au peuple, les ouvrages concernent aussi des aspects
techniques, pas seulement scientifiques

Le fait d’adapter des notions aux gens, dérive du fait que le langage technique est un langage
identitaire (donc, pas tout le monde a l’accès au domaine de spécialité). Il faut partager avec
la communauté les aspects rituels de la situation, comme dans touts les langages de
spécialité. La langue de spécialité est vraiment perçue comme une langue, c’est pour ça
que pas tout le monde a accès à la communication.

Ex. : vin avec du corps (ça signifie que le vin est acholique, donc qui a une certaine structure,
charpente) → terme extrêmement stricte (connaissait par les locuteurs non-spécialistes,
c’est-à dire les amateurs)

La connaissance doit être compréhensible (on passe par une explication qui est parfois
déformée par rapport au public)

« La vulgarisation scientifique est classiquement considérée comme une activité de


diffusion, vers l’extérieur, de connaissances scientifiques déjà produites et circulant à
l’intérieur d’une communauté plus restreinte » (Arthier-Revuz, 1982)

Autre définition plus récente : « Transmission de la science dans des contextes non
formels » (Authier-Revuz, 1982)

« Légitimité » ? du discours de vulgarisation

30
Dans cette action de translation du discours publique à un autre, cette information ne change
pas de forme, mais elle est simplifiée et le mot prend un sens péjoratif. (Définition de Myers,
2003) → La presse n’a pas la tache de donner de l’information de façon précise, mais de
rendre l’information « sexy », c’est-à dire appétible, plus curieuse pour le public.

Dans la presse, il y a l’idée de transmettre une idée précise, qui devient la même pour tous
les lecteurs (l’idée change selon la ligne éditoriale évidemment). Il y a des niveaux de presse
différents : on part d’un niveau base jusqu’à arriver à un niveau plus haut.

Il y a des locuteurs qui connaissent le sujet et des locuteurs qui ne connaissent pas: cela
remonte à l’idée d’asymétrie des locuteurs. Dans la presse, l’asymétrie devient plutôt
accessible pour tous les locuteurs qui lisent le journal.

Il faut avoir un consensus entre les pairs pour parler de légitimité. Aussi le discours
d’autorité (scientifique ou épistémique) est très important.

Comment on peut établir qu’une source est fiable par rapport une autre ? On cherche à
comprendre l’auteur de la source, on regarde aussi la source que je suis en train de lire.

« Sélection naturelle » (Darwin) : il cherche une formulation de la théorie qui soit captivante.
Il n’utilise pas un terme savant, mais il utilise un lexique qui appartient à la langue courante,
qui crée une certaine image. A travers la création de ce terme, sélection naturelle, il voulait
transmettre simplement un message.

« Junk » DNA : qui a crée des effets au niveau de la communauté. Cette première
formulation a des effets négatifs, on abandonne cette idée de « poubelle », pour la remplacer
avec un autre terme. Chaque fois qu’on change de discours on a des reformulations
différentes. Cela permet aussi de créer des messages dans la mémoire collective des
personnes. La chaine de la reformulation a un certain aspect d’orientation, a le but d’orienter
le public (le colza, dans le texte des OGM).

Hétérogénéité énonciative

• Discours sources → des spécialistes


• Discours seconds → pour les non spécialistes

« Trou de verre »→ métaphore qui vient de l’astrophysique et qui est entrée dans le langage
courant

« Spaghettification »→ On est « spaghettifiés » envers le trou noir

Les reformulations peuvent être plus ou moins innocentes : cela dépend du message qui
l’auteur veut transmettre

Un peu d’histoire

31
On commence à parler de vulgarisation en XVII -ème siècle (Fontanelle, Les Entretiens sur
la pluralité des mondes, 1686). On commence à parler de cela, parce que, dans cette
période, commence la grande révolution scientifique, mais aussi la naissance de la littérature
scientifique. Puis, on passe au XIX -ème siècle à la naissance des revue scientifiques.

Figures de la vulgarisation scientifique : expert vs non-expert. On a toujours besoin d’une


instance de médiation.

Spécialiste- le grand public- le troisième homme (qui peut être aussi un scientifique, qui est
surtout un journaliste, mais il ne fait pas forcément une traduction) ; il y a souvent une
présentation de cette figure (Ex. : Ethos du journaliste vulgarisateur)

Nous avons un discours premier (la personne qui parle) et un discours second (celui qui
traduit les notions d’une façon plus simple ; scientifiques). Le terme doit se positionner d’une
certaine façon par rapport au discours. Il y a le scientifique, le vulgarisateur et le public.

Nomination

L’acte de nomination est très important, il y a des débats dans le discours scientifique afin
d’établir le terme le plus approprié. Nommer un concept signifie marquer sa propriété sur
une découverte sur un concept nouveau. Par rapport aux autres scientifiques : signifie, pour
le scientifique, établir une certaine légitimité d’un mot para rapport aux autres.

Par exemple, dans la presse en 2020, on parle du coronavirus comme : un virus mystérieux
(janvier 2020), un virus inquiétant (2020), mais, encore comme un virus chinois, de Wuhan.
(11/02/2020) : l’OMS communique la nomination officielle du virus → c’est covid-19

Il y a des chaines de désignation et de reformulation qui se répètent et produisent un


cadrage précis. La science va à nommer le nouveau virus, mais dans la presse on utilisait
plusieurs termes pour le définir.

Lutte biologique → étude publiée dans une revue scientifique en 2019 « Ledouble »sur la
fréquence de 3 termes (biocontrôle, lutte biologique, protection biologique)

Dans la presse, quand un terme est utilisé plusieurs fois, il est difficile de le substituer ; par
exemple, on utilise dans la presse généraliste les deux termes : lutte biologique et
biocontrôle.

Dan la presse régionale, on tend à reformuler les nouvelles de façon accessible, par rapport
ò la presse nationale.

Du langage spécialisé à la médiatisation

32
Des termes de la langue spécialisée, on peut prendre un terme et le reformuler dans la
presse, en l’utilisation avec une fonction captivante (guerre biologique, arme biologique,
lutte verte)

Hyperstructure : une grande page ou une double page, même discours traité par plusieurs
genres journalistiques.

Petit dragon : enfant trop vivace

Outiller : attrezzare

Polémiques qu’il y a eu en France: « Parentalité positive », « enfants qui ont des problèmes
pourraient avoir un haut QI »

-dramatisation

-médiatisation

Vérité scientifique VS pseudoscience (liée à des concepts économiques)

• Texte- Guerre secrète du tabac : la « French connection »

-Hyperstructure : 3 pages (article principal- très long- article secondaire- document présent
dans le texte- dossier- et le fait de citer le document authentique va à donner de l’authenticité
au texte/ image (« Camel » est substitué par « cancer » : il s’agit d’un jeu de mots, on change
le slogan/ il y a une section « repères » ou on donne le bilan des informations sur les articles/
chronique d’un recrutement raté → c’est un détournement d’une ouvre : il s’agit d’une
ouvrage littéraire écrite par Gabriel Garcia Marquez)

Titre : Guerre secrète du tabac : la « French connection » (métaphore de la guerre :


scientifiques sérieux et ceux qui ne le sont pas )- deux auteurs de l’Hyperstructure

-modalisateurs : guerre « secrète », la « French connection » → c’est un renvoi à la


mémoire collective : lié au marché de la drogue (au cours des années 30-40), « taupe »
(terme métaphorique qui fait référence au secret de la première page)

-polyphonie indirecte : (recours à la mémoire collective, aux citations, etc.)/ dans le texte
il y a donc une polyphonie indirecte

• Idée de guerre du tabac : met en scène l’idée de deux armés opposés →(propagande
conduite par les industries de cigarettes vs les scientifiques)
• Verbes : révéler, enrôler (renvoi à la guerre)

Iconographie : tout élément sémiotique qui renvoi à des dessins, tableaux, photos

Infographie : image qui a une fonction d’information (carte géographique)

33
Brève : genre d’information, concourt à la fonction persuasive dans l’espace de
l’Hyperstructure

Genres persuasifs : éditorial, commentaire, etc. → ce sont les genres d’opinion

Renvois explicites dans l’article : Alain Viala, John Faccini

Renvois implicites : cadrage de la guerre

Objets du discours : on va à identifier des thématiques ou concept qui revoient à plusieurs


objets dans le texte → Paradigmes désignationnels : tabagisme passif (ETS), qualité de l’air
intérieure

-Tabagisme passif : si on parle de ça, on fait appeler à l’encyclopédie collective (connotation


négatives : qlq’un qui fume et quelqu’un d’autre qui subit le tabac) VS Fumée ambiante du
tabac : terme neutralisante (pas de positionnement)

-Cadrage guerrier

-Cadrage de la « spy story »

-Cadrage de la science fiable (vraie science) VS fausse science (blouses blanches)

Allusions : « french-connection » ; « Morte d’un chronique annoncé »; Détournements :


« Morte d’une chronique annoncé » (peut être considérée soit comme allusion soit
comme détournement)

Citation d’autorité dans le texte : sert à valider la thèse

Présentations en classe des articles

• Article 1
• Titre : Coronavirus : les fumeurs moins touchés par le covid-19 ?
• Signature : Salomé Vincendon (l’auteur va à s’exprimer pas en première personne,
mais en troisième personne : majorité du discours indirect)
• L’auteur cite plusieurs études qui donne l’idée que la nicotine fasse bien n’ont pas de
références
• Présence du conditionnel de distanciation/ mitigation énonciative
• Présence de chiffres

Article 2

La nicotine, une arme contre le Covid ?

34
• Termes spécialisés : neurobiologiste, patchs nicotiniques, etc.
• Objet du discours : maladie (covid), nicotine
• Positionnement de l’auteur : Effacement
• Présence de chiffres et pourcentages
• Présence de modalisateurs précis : hypothèse (très sérieuse)

Article 3

Covid-19 : la nicotine pourrait avoir un rôle protecteur, une étude est lancée

• Camille Gaubert
• Problématique : le rôle de la nicotine dans la diffusion du Covid-19
• Présence d’une photo : fonction informative et illustrative
• Tweet : fonction persuader
• Objet du discours : Nicotine : décrite de façon positive → première partie du texte
• Objet du discours : Tabac
• Positionnement de l’auteur : effacement → l’auteur cherche a s’exprimer de façon
plus ou oins évidente
• Allusions : cadrage de la guerre
• Inscription du lecteur :
• Inscription de l’auteur : modalisateurs, conditionnels, notamment, complètement, etc.

Article 4

La nicotine testée contre le coronavirus

• Thème : corrélation entre la nicotine et le coronavirus


• Fonction : informer
• Genre : enquête
• Positionnement de l’auteur : effacement
• Stratégie de distanciation dans l’article : utilisation du conditionnel
• Termes négatives : fléau
• Inscription du lecteur : « Pourquoi tester la nicotine ? »
• Modalisateurs : « ce qu’on sait »
• Texte expositif

Editorial -genre d’opinion- discours reformulé par l’auteur du texte (La Nicotine, héroïne du
jour ?) vs genre d’information-discours rapporté (direct)

Article, n°7 : Coronavirus : la proportion de fumeurs parmi les personnes atteintes du


Covid-19 est faible

35
-article publié le 22 avril et puis modifié

-genre→ enquête (informer)

-photo (informative)

-seulement 4 termes spécialisés

-abondance de chiffres dans le premier paragraphe (1.000 personnes infectées-12,6%)

-plusieurs énonciateurs et voix mis en scène

-abondance du discours direct

-utilisation du conditionnel

L’article, tout au débout du texte, présent les données comme sources qu’il faut vérifier,
mais en avançant dans l’article, l’incertitude devient mineure, jusqu’à arriver à une certitude
constatée avec l’expression dans le dernier paragraphe « Aucun doute pour les médecins ».
La voix qui parle dans l’article est la voix de la science (absence de la voix politique dans ce
texte)

Article n°2 : Fumer, un facteur aggravant face au coronavirus

-genre : enquête

-Termes spécialisés : pneumologue, immunodépression, Sars-Cov-2, BCPO, ECDC, ACE2,


enzyme, tabagisme

-noms cités et énonciateurs- sont les mêmes (l’auteur veut se déresponsabiliser)

-question ouverte : « Danger pour les fumeurs, mais aussi pour les vapoteurs ? »→ étude
conduit par le professeur Santoni, mais le nom de l’étude n’est pas explicité

- Le positionnement est différent, parce que l’article est publié après les études conduites
pendant a pandémie→ « La nicotine pourrait protéger du coronavirus ? » → Évidemment
no, après on discute sur cet aspect dans les autres articles

-modalisateurs : clairement, il est évident que

N.B → Reportage : journaliste qui se déplace et fait une enquête (va sur le lieu)

Enquête : explique les faits, leur causes, leurs conséquences à partir de plusieurs sources
d’informations dont les témoignages

36

Vous aimerez peut-être aussi