Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Article 1 : Les discours de vulgarisation. De leur élaboration et leur circulation à leur place
dans la culture professionnelle des enseignants
Lien : https://journals.openedition.org/reperes/4089
Les revues scientifiques ont pour but premier de diffuser la recherche scientifique et de
présenter l’état actuel de la recherche dans le domaine qu’elles couvrent. Cependant, le monde
de la recherche est un monde fermé de prime abord; le foisonnement des revues scientifiques et
le faible tirage des revues imprimées indiquent que chacune d’elles s’adresse à un lectorat très
spécialisé. Le secteur le plus touché est le secteur des sciences humaines et sociales.
Cependant, de nos jours et encore plus avec l’ère du web, la science ouverte (ou open science)
vise à rendre accessible la production scientifique. Il y a de nos jours une pluralité de contenus
disponibles sur internets dans tous les domaines de recherche. Cette accessibilité favorise une
« diffusion en chaîne » avec la création de contenu par toute personne intéressée par le domaine
qui peut puiser dans ce vaste contenu. Cette vulgarisation scientifique est devenue un excellent
moyen pour la recherche de s’évaluer sur son accessibilité, son impact mais aussi sur les dérives
de cette accessibilité. Depuis plusieurs années, la vulgarisation prend une place importante dans
la formation des enseignants en raison des choix politiques et économiques ont entraînés un
bouleversement de ces formation.
La vulgarisation scientifique a connu un développement très fort, notamment grâce à son rôle
social et ses liens avec les mouvements socialistes, la spécialisation des sciences, les congrès
internationaux et la contestation de la science académique. Aujourd'hui, la vulgarisation est
influencée par des considérations de financement et d'évaluation de la recherche, ce qui soulève
des défis liés à l'ouverture et au maintien d'une distance entre les experts et le grand public. La
vulgarisation ne se limite pas à simplifier un langage spécialisé, mais elle implique la validation
des connaissances, le rapport au savoir et l'image de la science. Les scientifiques qui
communiquent au grand public peuvent être perçus de manière mitigée par leur communauté.
Pourtant, dans certaines disciplines, comme les mathématiques, la vulgarisation est valorisée, ce
qui confère un prestige à ses auteurs. La vulgarisation peut également donner une aura de
scientificité à des concepts, même s'ils ne proviennent pas directement de la recherche
scientifique. La relation entre le discours de vulgarisation et celui destiné à la communauté
scientifique est souvent comparée à la traduction. Cependant, la vulgarisation ne se limite pas à
une simple réécriture. Elle nécessite une mise en discours qui permet au lecteur de transformer
l'information en connaissances, avec un accent sur le pôle de la réception. Il persiste cependant
des problèmes liés à l'uniformisation de la vulgarisation, où les discours de vulgarisation sur un
même sujet peuvent éliminer les débats d'origine, conduisant à des interprétations diverses. Il
existe un fort impact des médias, des intérêts économiques et politiques sur les mouvements
d'opinions en vulgarisation, en particulier dans le domaine de l'éducation. La vulgarisation
scientifique est un contenu complexe, notamment en ce qui concerne la réception, la
transmission fidèle des connaissances, et son rôle dans la formation de l'opinion publique.
Une attente évidente et qui n’est pas remise en question est la nécessité pour les futurs
enseignants de devoir s'appuyer sur la recherche dans leur formation. Il existe cependant le
risque de la "posture prescriptive" qui se manifesterait par exemple dans le fait de « privilégier
ce qui est perçu comme innovant » et qui peut découler de cette attente, ainsi que le danger de
l'applicationnisme, qui se caractérise par le fait que des « données scientifiques [soient]
injectées dans le champ pratique, la plupart du temps sans réelle prise en compte des multiples
paramètres qui régissent ce dernier ». Cependant, les débats se cristallisent surtout autour de la
validation scientifique des approches didactiques. Il est illusoire de penser que des pratiques
efficaces dans la recherche se traduisent directement en pratiques efficaces dans
l'enseignement. La diffusion de discours de vulgarisation est examinée, avec l'idée que ces
discours peuvent influencer les pratiques et les croyances des enseignants. Il est également
important de questionner le rôle de la formation des enseignants dans la transmission des
connaissances théoriques et d’explorer comment ces connaissances se traduisent en pratiques.
La culture professionnelle des enseignants et les discours de vulgarisation qui la nourrissent,
sont parfois en contradiction avec la recherche académique.
Cet article est interessant car il donne un point de vue critique sur la vulgarisation scientifique et
sur les potentielles dérives qui peuvent en découler. On se souvient assez bien de la période de
Pandémie dû au SARS-Cov-2 et de cette multiplication de discours, parfois contradictoires qui
ont inondés les divers canaux de diffusion, les médecins de plateau qui, alors que les recherches
étaient en cours et que rien n’avait été officiellement publié à ce sujet, ont affirmé toutes sortes
de points de vues sur ce sujet, sous couvert de leur autorité de scientifique. C’était une époque
où personne ne savait de quoi il était question mais où tout le monde avait un avis sur le virus, les
masques, le confinement, les vaccins… . On se rend donc bien assez compte des dérives d’un
accès libre aux contenus scientifiques qui peuvent être compris à moitiés par des non
spécialistes intéressées par ce sujet. À mon sens, il est important que des contenus puissent
être accessibles pour des personnes non spécialistes de domaines mais il est important lorsque
l’on consomme ce genre de contenu de vérifier les sources, le parcours du créateur ou la
véracité de ces propos à travers une mise en parallèle de ce contenu avec d’autres. Pour
paraphraser ce que décrit assez bien Étienne Klein dans son livre « le goût du vrai », il est
difficile de discerner sur un même canal de diffusion, une vérité scientifique, d’un opinion, d’une
fake news, d’une croyance.
Lien: https://www.persee.fr/doc/comm_0588-8018_1969_num_14_1_1203
L’accès à la science, au savoir et aux connaissances scientifiques est restreint à une certaine
population initiée au domaine. Certains non initiés, intéressés par le sujet je voient offrir la
possibilité de côtoyer ce monde par l’intermédiaire de revues spécialisées dans ce domaine. Ces
revues, promettent à leurs lecteurs un accès à la « science sans douleur ». Telles sont les
promesses de la vulgarisation scientifique. Avec comme justification que le public a le droit de
savoir mais un problème se pose, la question de la communication du savant au néophyte. Ce
Probleme ne peut être étudié que dans une seule direction : Du savant au néophyte par
l’intermédiaire du vulgarisateur.
En observant une fraction du monde sans s’y inclure, le scientifique au travers d’une méthode
qui lui est propre. Cette méthode qui se veut d’une neutralité parfaite est paradoxalement
influencée par le savant qui l’utilise tout au long de sa recherche. Cette recherche n’a lieu
d’exister uniquement tant que le sujet est inconnu. Dès que les connaissances sur ce sujet
adviennent, par l biais de la méthode ou du hasard, elles anéantissent du même coup le sens de
cette activité. Ainsi, la science ne peut trouver d’achèvement. Cependant, pour que l’idéologie
puisse exister, il faut que l’inconnu soit borné pour donner un cadre à cette idéologie. La science
existe uniquement grâce à la brèche qu’elle induit dans ces bornes.
La recherche ne peut exister sans une institution qui la guide et l’encadre. Comme la recherche a
un lien consubstantiel à l’ignorance, elle a une trajectoire incertaine à un rythme aléatoire.
L’institution sert de couverture à la recherche. Grâce à elle, le savoir peut exister. Grâce au
savoir, deux types d’ignorances se rencontrent : celle du savant et celle du néophyte. La science
décrit le vrai mais ce vrai n’est pas accessible au néophyte qui va donc devoir se contenter du
vrai simplifié qui, agrémenté de bon sens, donne le vraisemblable. Ce passage du vrai au
vraisemblable est effectué par la vulgarisation scientifique.
Il ne faut pas confondre vulgarisation et enseignement. De par son mode de communication qui
lui est propre, la vulgarisation prend la forme principalement de texte (sachant que l’image n’est
qu’une illustration d’un texte et que les images de vulgarisation dépendent du texte) tandis que
l’enseignement prend la forme de parole. Là où un cours se construit sur l’échange, les questions
et les réponses ainsi que sur la recherche ensemble du processus réflexif, la vulgarisation est
construite sur l’énoncé de faits, sans débat ni discussion.
Date : 1997
Lien : https://www.cairn.info/load_pdf.php?ID_ARTICLE=HERM_021_0009&download=1&from-
feuilleteur=1
Il est intéressant de se pencher sur l’intérêt des médias pour l’actualité scientifique. Comme
précisé dans cet article, les médias préfèrent largement couvrir une actualité qui fait sensation
plutôt que des faits scientifiques en raison de la possibilité de créer des titres plus accrocheurs
et d’attirer un plus large public. C’est un problème majeur de la majorité des revues de
vulgarisation scientifiques telles que « science et vie » et autres dérivés qui ont depuis quelques
temps changé de ligne éditoriale en quittant une actualité scientifique avec un état de la
recherche en temps presque réel, pour une actualité qui fait plus sensation.