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MODULE 8 Évaluation de la recherche

et science ouverte
Séquence 1 Représentations autour de l’IST

Par Abdou Beukeu Sow (Ecole Supérieure Polytechnique de Dakar – UCAD)

L’analyse des pratiques info-communicationnelles dans le monde académique, et plus précisément des
chercheurs, mobilise un cadre théorique et des concepts issus des sciences de l’information et de la
communication (SIC), qui sont empruntés également à des disciplines tierces telles que la sociologie et la
psychologie. C’est en effet dans ces disciplines que la notion de « pratique » est la plus convoquée, notamment
en relation avec celle de « représentation ». Comme le rappelle Serge Moscovici, « il n’est guère de règle ou
de pratique qui ne soit suscitée ou accompagnée d’un ensemble de représentations ». Le contenu d’une
représentation est constitué d’éléments à la fois cognitifs et affectifs : c’est un ensemble d’informations
organisées et structurées relatives à un objet. Ainsi la conception que nous avons de l’Information scientifique
et technique (IST) dicte nos pratiques info-communicationnelles et par conséquent notre volonté de publier.

L’information scientifique et technique

Le concept d’information scientifique et technique tel qu’il est perçu aujourd’hui est relativement récent si on
le compare avec l’organisation de la science à laquelle il est lié. Selon l’ENSSIB, l’Information Scientifique et
Technique désigne « l’ensemble des informations nécessaires aux professionnels de la recherche, de
l’enseignement, de l’industrie et de l’économie quelle que soit la discipline concernée ».

L’accès à l’information scientifique et technique, sa circulation et sa disponibilité constituent de fait, des


facteurs efficients pour l’enseignement supérieur et la recherche scientifique, et est ainsi à l’origine de
l’attention que les pouvoirs publics portent à ce secteur et les importants investissements consentis en sa
faveur. La reconnaissance scientifique d’un chercheur, d’une institution ou d’un pays repose
fondamentalement sur sa productivité. Une bohème scientifique, c’est-à-dire le fait d’être improductif dans
l'indifférence, serait une fatalité dans la recherche. Pour inciter les chercheurs et les institutions de recherche,
des organismes - comme le HCERES pour la France et le CAMES pour l’Afrique francophone - évaluent la
recherche par la méthode de la bibliométrie. C’est par cette méthode que les chercheurs et institutions de
recherche gagnent en reconnaissance des pairs. Ainsi, l’acte de publier est un acte de vie - ou de survie -
pour le chercheur qui raisonne selon l’enthymème : “je publie, donc j’existe !”. La publication scientifique
constitue un élément vital pour celui-ci, en quête d’une reconnaissance qui peut se traduire de plusieurs
manières, par exemple l’intégration d’un groupe d’élites, l’attribution de subventions, etc. Le chercheur publie
également, et surtout, pour la construction de nouveaux savoirs et pour le développement de nouvelles
connaissances. L’accès à ses publications par ses pairs lui permet de valider ses travaux, d’avoir ainsi une
reconnaissance, une visibilité scientifique et donc d’« exister ».

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Les représentations autour de l’IST
L’information, quelle que soit sa nature, reste un objet (concret et d’étude) totalement ancré dans le quotidien
des individus. Selon les sujets1 auxquels elle est destinée, l’information présente une dimension symbolique
et cognitive qui en fait un objet de représentation. Elle est à la fois source de savoir et de l’agir. L’information
occupe une place importante dans le cycle de la recherche. Elle est le « sang » de la science. Sans information,
la recherche serait vaine et la science n’existerait pas2. La circulation et l’accès à l’information sont
fondamentaux pour la recherche. Ils sont aussi importants que sa production. Le slogan « publier ou périr »
ne peut ainsi pas échapper aux universitaires africains en raison de l’universalité de la science et des
nombreux enjeux liés à l’évaluation et au financement de la recherche. La quantité et la qualité de
l’information produite sont essentielles pour gagner une reconnaissance et visibilité scientifique. L’information
scientifique et technique comme indicateur de performance et objet de reconnaissance a une forte valeur
représentationnelle.

Références
[1] S. Moscovici, “Pourquoi l’étude des représentations sociales en psychologie ?,” Psychol. société., p. 19,
2001.
[2] ENSSIB, “Information scientifique et technique (IST),” ENSSIB), 2012.
www.enssib.fr/le-dictionnaire/information-scientifique-et-technique-ist

1 Sujet désigne ici les choses et les êtres capables de recevoir et de décrypter des données (signes, images, son).
2 COADIC Y.-F. LE, 2004, La science de l’information, Presses universitaires de France, p. 20

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