Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
FRANCEALGÉRIE
L
a mémoire est sélec
tive par nature. Pre
nez la relation à l’Algé
rie d’Emmanuel Ma
cron, qui se déplace à
Alger et à Oran du
25 au 27 août. De ce côtéci de la
Méditerranée, les plus distraits
(ou les plus roués) ne retiennent
bien souvent que les propos te
nus, le 15 février 2017, à Alger, par
celui qui était alors candidat à la
présidence de la République : la
colonisation est « un crime contre
l’humanité ». « C’est une vraie bar
barie. Et ça fait partie de ce passé
que nous devons regarder en face,
en présentant nos excuses à l’égard
de celles et ceux envers lesquels
nous avons commis ces gestes »,
assurait alors l’ancien ministre de
l’économie, dans un entretien à la
chaîne Echorouk TV.
Le tollé en France est tel que
l’épisode représente, aujourd’hui
encore, un traumatisme pour
celui qui est devenu par la suite
chef de l’Etat, rapportent ses pro
ches. Le mea culpa n’étant pas le
fort des responsables politiques,
l’intéressé n’a jamais ravalé son
propos, sans pour autant se ris
quer à réitérer une telle « position
philosophique », comme dit l’Ely
sée dans un euphémisme.
De l’autre côté de la mare nos
trum (où les distraits et les roués
ne manquent pas non plus), ce cri
du cœur a été mis au second plan
au profit d’une autre déclaration,
tenue à Paris cette fois, le 30 sep
tembre 2021, devant dixhuit jeu
nes dont les familles ont toutes
vécu la guerre d’Algérie. M. Ma
cron évoquait lors de cette ren
contre un « système politicomili
taire » algérien qui se serait cons
truit sur une « rente mémorielle »
et une « haine de la France ». Et le
président d’ajouter sur un mode
faussement ingénu : « Estce qu’il
y avait une nation algérienne
avant la colonisation française ?
Ça, c’est la question. »