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mondialisé
- Le terme a d’abord un sens linguistique qui renvoie aux 274 millions de personnes capables de
parler le français. Il s’agit, en fait, du sens étymologique du mot « francophonie » et de l’adjectif
« francophone » qui signifie « personne parlant français ». Revenons un peu en arrière pour faire
la connaissance de l’inventeur du mot :
Le géographe français Onésime Reclus (1837-1916) invente le mot « francophonie », dans son
ouvrage paru en 1880, France, Algérie et colonies. Il définit les « francophones » comme étant «
tous ceux qui sont ou semblent destinés à rester ou à devenir participants de notre langue »
(Reclus (1883), France, Algérie et colonies, Paris, Hachette, p. 422).
Le terme « francophonie » faisait référence à l’existence des populations hors Hexagone parlant
le français comme langue maternelle ou langue de communication dans la société. Reclus
estimait à plus de 47 millions de « parlants français » dans le monde.
- L’année 1880 qui voit l’invention du mot, renvoie à une période d’expansion coloniale
française et belge et qui a eu pour conséquence la diffusion mondiale de la langue française. Ce
constat linguistique et géographique correspond à la première francophonie.
A ce niveau, la langue française est devenue un facteur de rapprochement entre des peuples dont
l’histoire, la géographie et la culture sont différentes.
En fait, quand nous voulons parler de l’ensemble des locuteurs qui utilisent le français, le mot
francophonie s’écrit avec un « f » minuscule. Mais aussi pour parler des domaines de
coopération francophone, par exemple : la francophonie éducative, la francophonie économique,
etc., soit pour désigner les activités francophones de la société civile.
La Francophonie avec un « F » majuscule désigne le regroupement sur une base politique des
États et gouvernements qui sont membres de l’Organisation internationale de la Francophonie
(OIF).
En somme, si le mot « francophonie » est polysémique, c’est non seulement en raison des
différentes significations que l’on vient de fournir, mais aussi parce qu’il est connoté
différemment selon le contexte temporel, spatial, historique ou politique.
Transcription de la vidéo 2 – Idées reçues sur la francophonie
Voyons à présent un ensemble d’idées reçues qui se retrouvent dans les discours actuels.
1. La Francophonie est un projet néocolonialiste.
Ce cliché est largement dépassé puisque les anciennes colonies françaises ne constituent plus le
bloc majoritaire à l’OIF. Aujourd’hui, plus de la moitié des pays membres de l’Union
européenne s’y trouvent en tant que membres et pays observateurs.
Par ailleurs, le projet d’unir les pays francophones n’a pas été initié par la France ni par la
Belgique, mais plutôt par de grandes figures et de chefs d’État représentants le mouvement des
indépendances sur les continents africain et asiatique. Il aura même fallu près de 20 ans à la
France pour reprendre l’initiative et assumer son rôle de rassembleur.
Boutros Boutros-Ghali constatait donc à juste titre que : « La Francophonie est un désir né hors
de France ».
Bien sûr, ces deux espaces géopolitiques sont tous les deux issus d’une volonté d’association
postcoloniale entre les ex-métropoles et leurs anciennes colonies respectives. Mais la
ressemblance s’arrête là.
En réalité, ce que les pays membres du Commonwealth ont tous en commun est d’avoir
appartenu à la couronne britannique. Les pays de la Francophonie, quant à eux, n’ont pas une
histoire ancienne commune. Il peut parfois sembler difficile de voir ce qui rassemble les pays de
la Francophonie, tant leur diversité géographique, culturelle, linguistique, économique et
politique est grande. Toutefois, c’est précisément ce qu’incarne la Francophonie ; elle est en soi
le rempart de la diversité. C’est en cela que réside sa vocation, la défense de cette diversité
culturelle, qui concerne tout le monde dans le contexte actuel de mondialisation.
3. La Francophonie est une autre tournure de l’ONU
Tout d’abord, il faut dire que l’ONU est une organisation mondiale, mais elle ne représente pas
la communauté internationale. La Francophonie est, quant à elle, un espace géopolitique des pays
ayant le français en partage. Elle dispose d’une organisation internationale qui est l’OIF. Bien
sûr, tous les pays membres de la Francophonie sont aussi membres de l’ONU. Le cas échéant, ils
peuvent constituer un véritable groupe de pression au sein de l’ONU.
Quant à la Francophonie en tant qu’organisation internationale, elle n’est pas une organisation
subsidiaire de l’ONU. La Francophonie comme acteur du système international intervient, donc,
souvent en synergie avec et à côté de l’acteur onusien, à la demande de celui-ci ou de ses pays
membres, dans plusieurs programmes tels que les actions de maintien de la paix ou de gestion et
règlement de conflit, de formation des maîtres, de coopération universitaire, de réduction de
pauvreté, etc.
La Francophonie s’implique activement sur la scène internationale pour la préservation et la
promotion de la diversité culturelle et linguistique, ainsi que pour une vision plus large du
développement durable.