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Cahiers slaves

Le thème de la dolja dans le rite funéraire slave


Olga Sedakova, Françoise Gréciet

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Sedakova Olga, Gréciet Françoise. Le thème de la dolja dans le rite funéraire slave. In: Cahiers slaves, n°3, 2001. La mort et
ses représentations (Monde slave et Europe du Nord) pp. 23-39;

doi : https://doi.org/10.3406/casla.2001.894

https://www.persee.fr/doc/casla_1283-3878_2001_num_3_1_894

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Résumé
L'auteur analyse d'abord la notion slave de dolja («part, lot »), qui implique prédétermination et
immuabilité, dans ses rapports avec d'autres notions voisines (vek, bog, sčastje, spora). Chaque être
humain a dès sa naissance «sa part » dont il doit se contenter. Les parts sont interdépendantes et si
quelqu'un en a plus, les autres en ont moins... La «dolja » est proche de la vis vitalis latine, comme le
vek (le temps de vie normal, prédéterminé, de chaque individu, symbolisé par... la taille). La dolja
appartient à la sphère du sujet dans l'opposition de ce qui est à soi et de ce qui ne l'est pas. Celui qui,
pour une raison ou une autre, n'a pas épuisé son temps de vie (ou, plus rarement, a vécu trop
longtemps) devient un mort «impur ». L'auteur étudie de façon très détaillée des éléments de
vocabulaire, dans différentes langues slaves, et souligne la dualité des ternies-clés de la tradition, qui
expriment une idée et son contraire. A travers le rite, les vivants sont séparés des morts et les morts
reçoivent leur dû : leur maison (la tombe), de la nourriture, ce dont ils sont supposés avoir besoin.
L'auteur note que la notion de dolja a laissé des traces dans la société russe, où l'on a beaucoup
valorisé (et où on valorise encore...) l'acceptation de son destin.

Abstract
The theme of «dolja» in slav funeral ritual.
The article begins with the analysis of the concept of dolja («part »), which implies predetermination
and immutability, in relation to other close concepts {vek, bog, Sčastje, spora). According to this
concept, eveiyone has from birth his dolja with which he must be satisfied. The parts are
interdependent and if anyone has more, the others have less... Dolja semantically close to the of latin
vis vitalis, like vek (the normal, predeterminated time of life allowed to a particular person, which is also
symbolized by... stature). In the opposition between svoj («yours ») and ne svoj («not yours») dolja
belongs to the sphere of the subject (svoj). A man who for one reason or another dies before his time
(or, less frequently, after his time) becomes a «foul» dead. The author gives a detailed analysis of the
corresponding vocabulary in various Slavonic languages and stresses the duality of the key traditional
concepts which unite opposite meanings. By means of ritual the living are separated from the dead,
who receive their due : their house (the grave), food and other things which they might need. The
author notes that the idea of dolja left a trace in Russian society where acceptance of one's fate was
and is a very valued virtue.

резюме
Tема доли в славянском похоронном обряде.
В начале статьи автор анализирует понятие доли, характеризующееся предопределенностью и
неизменностью, в отношении к другим понятиям (век, бог, счастье, спора). У каждого человека с
рождения своя доля, которой он должен довольствоваться. Доли взаимнозависимы, и если у
одного её больше, у других её меньше... Доля напоминает латинскую vis vitalis, как и век
(нормальный предопределённый срок жизни каждого человека, который может
символизироваться... человеческим ростом). В оппозиции «свой/не свой» доля принадлежит к
сфере «свой». Тот, который почему-то умер раньше времени (иногда и после времени)
становится нечистым мертвецом, заложником. Автор очень подробно изучает соответственную
лексику в разных языках и подчёркивает дуализм ключевых традиционных терминов, которые
совмещают противоположные значения. Через обряд живые отделяются от умерших, а
умершим даётся их часть : дом (гроб), пиша, то, что им будет нужно. Автор замечает, что
представления о доле оставили следы в русском обществе, где особо ценилась (и ценится...)
покорность судьбе.
LE THÈME DE LA DOLJA

DANS LE RITE FUNÉRAIRE SLAVE

PAR

OLGA SEDAKOVA

Université d'Etat des sciences humaines de Russie, Moscou

La notion de dolja est l'une des plus signifiantes et des plus

prégnantes de la tradition culturelle slave, par ce qu'elle doit au

paganisme archaïque au christianisme populaire. En particulier, le

thème de la dolja est un des éléments qui différencient le

« christianisme populaire » de la doctrine officielle de l'Église

orthodoxe. Le « christianisme populaire » ignore totalement la notion

de liberté {svoboda / volja). Tout y est prédéterminé, aussi bien les

événements de la vie («
c'était écrit ») que le profil psychique («
il est

né comme ça »). Comme la dolja est absolument immuable, on peut

la connaître dès la naissance de la personne {cf. les mythiques


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rattachée à l'espace {uročnoe mesto, «un lieu déterminé») et u


autre au temps (uročnyj čas « un moment déterminé »). Les croyan
concernant Dolja ainsi que l'éthique populaire centrée sur l'idée
dolja constituent le niveau de fonctionnement « idéologique » de c
notion. Au niveau matériel, celui de la vie de tous les jours, on peut
reconnaître, par exemple, dans le rituel quotidien de partage du p
(ou de la nourriture) à la table commune, dans la famille paysan
traditionnelle. Entre ces deux pôles, dans la littérature populaire,
dolja (avec ses variantes : účasť, sud' ba, rok « lot, sort, destin
représente le motif central autour duquel se structurent les contes
légendes, les chants lyriques et épiques (surtout les ballades) et mê
une œuvre aussi livresque que la Povesť o Gore-Zločastii («
Histoire
Malheur-Misère »). Comme tous les symboles centraux de la tradit
la dolja concrétise, dans les zones les plus diverses de la réalité,
rapports sémantiques avec quantité d'autres symboles. Ce type
symbole a pour spécificité d'être fondamentalement imprécis
alogique. La dolja n'est pas tant une notion qu'une métaphore, d
le sens que donne à ce mot O.M. Frejdenberg, dont la géniale anal
du monde archaïque gréco-romain décrit mieux les matériaux sla
que ne le font les schémas proposés par les slavistes proprement dit
Ce sont les matériaux du rite qui permettent de mettre à jour
éléments les plus archaïques de la sémantique de la dolja. Si n
décrivons le rite funéraire des Slaves de l'Est et du Sud, n
découvrirons que le thème de la dolja (ainsi que ceux du « chemi
et de la « maison ») détermine toute la structure du rite.

Le mot russe dolja (qui entretient le même rapport causatif a


le verbe deliti « partager, diviser » que le mot rok avec le verbe r
« dire ») appartient à un champ sémantique composé de mots
n'ont plus de lien direct avec leur signification étymologique, com
vek « vie », bog « dieu », sčasťe « heur, bonheur », spora , (dont
sens sera précisé plus bas). En les examinant en même temps que
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mot dolja et quelques autres liés à l'idée de « destin » prennent une


signification positive {nedolja, nesčasťe, bessčasťe, zločasťe , etc.) se
sont sans doute formées plus tardivement. À l'origine, les mots dolja,
časť, sčasťe {cf. les expressions du type takoe ego sčasťe « tel est son
heur») sont neutres par rapport à l'opposition bon /mauvais et
peuvent désigner les deux sortes de destin, fortuna et fatum. Une autre
opposition joue là un rôle plus important : svoj « qui est à vous, qui
vous appartient » / čuzoj « qui n'est pas à vous, qui vous est étranger »
et, dans cette opposition, le mot dolja est très nettement rattaché à la
sphère du svoj.
Une des composantes sémantiques qui entrent dans la

signification de ce groupe de mots liés au destin est à ce point


évidente qu'elle en masque une autre : la durée et le caractère
irréversiblement prédéterminés de la vie d'un individu, et en
particulier sa chance et sa richesse. Dans une tranche encore plus
archaïque, il s'agit de la « force vitale », vis vitalis, que l'homme doit
dépenser entièrement avant sa mort. C'est à cette sémantique qu'est
liée, avant tout, l'opposition rituelle entre la mort svoja [à soi] et la
mort ne-svoja [non à soi] (entre les morts respectivement « purs » et
« impurs », entre différents types de rituels), opposition décrite pour la
première fois, dans le domaine slave, par D.K. Zelenin. Ceux qui
étaient morts de leur propre mort étaient révérés en tant
qu'«ancêtres », svjatye dedy-roditeli, ceux qui n'étaient pas morts de
leur propre mort mais de mort subite ou de mort violente devenaient
des êtres de nature démoniaque {nečistih biélorusse, dvodušnik,
dvudomnik, nipritomnik, puzajlo du Poles'e, vaper, lepir bulgares,
vupor biélorusse, vovlovak, vhrkolak slaves du Sud, etc.). Faisaient
partie de ces « impurs » : « Ceux étouffés par l'eau, avalés par la
guerre, pris dans une catastrophe naturelle, tués par des assassins,
tombés dans le feu ; enlevés brusquement, brûlés par l'éclair, gelés,
morts de toute espèce de blessure {Le Canon des Morts). » On peut
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« impurs », « d'entraîner les autres dans la tombe » ; les arbres s


avaient droit à « leur » mort, « par le vent » (vetrovaja ).
La menace que représentaient les morts « impurs » venait d
qu'«ils n'avaient pas épuisé leur vie, leur vek ». Le vek actualise i
sémantique archaïque, commune à beaucoup de termes désignan
temps dans les langues indo-européennes. L'étymologie du mot
vëkb < *veikь < *vey-/ voy- (cf. en vieux-russe voi, en latin
révèle la sémantique originelle de « force vitale », vis vitalis. Le ve
tant que « durée impartie à la vie humaine » (ne comportant pa
mesure quantitative précise) est un temps rempli, proche de la dolj
temps qu'il faut pour dépenser entièrement la puissance vitale. Le
peut concrétiser son aspect productif, mais une autre synonymi
plus intéressante : il y a une équivalence entre le vek, l'âge
l'homme, et sa taille {cf. les nombreux actes et règlements liés
mensuration qui montrent que la taille est un symbole pour l'hom
son double, comme l 'ombre ou le reflet ). On met dans le cer
d'un enfant la mesure de la taille de son père comme limite d
croissance qu'il pourra continuer outre-tombe ; on place l'instrum
de mesure dans la tombe ; si l'on a pris la mesure avec un cordon
garde le cordon « pour attacher le bonheur », pour que les abeille
s'en aillent pas ; si l'on s'est servi d'un fil, on l'enroule autour

pieds de la vache ; avec une mesure en bois, on frappe les vaches


met la mesure podosok du côté de la tête dans la tombe d'un en

« pour que les enfants vivent » ; on met le štočok (une bougie d


taille du défunt) sur la poitrine du mort et, après l'enterrement,
place ; on le brûle au quarantième jour, etc. (données recueillies
différentes régions slaves de l'Est).

La force vitale non dépensée par ceux qui sont morts avant
temps, do časa , agissant désormais depuis le domaine de la m
« prend l'âme » des vivants comme la mort elle-même. Il est sou
précisé dans les croyances que la durée de xoïdenie nečistiko
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baptisés) ; il y a des règlements particuliers concernant les


enterrements d'enfants (la lamentation, par exemple, est l'objet d'un
interdit).
Nous laissons de côté les différences concrètes dans les rites et

les listes d'«


impurs » selon les traditions locales, ainsi que les
modifications intervenues au cours de l'histoire (qui se résument à
l'élimination du vek et de la dolja en tant que facteur déterminant).
D'un point de vue général, l'idée de la mort ne-svoja n'est pas
exclusivement slave, ni originale. La même distinction existe dans les
langues baltes et finnoise : le champ sémantique de « l'issue
mortelle » différencie les mots qui désignent une mort svoja de ceux
qui désignent une mort ne-svoja, et comme chez les Slaves, « la mort
avant l'heure » se trouve dans un rapport complexe avec « la mort
sainte ». Cette ressemblance peut être interprétée comme résultant de
contacts entre les Slaves, les Baltes et les Finnois mais, plus
vraisemblablement, nous avons affaire là, comme dans d'autres actes
et symboles du rite funéraire, à des universaux de la culture humaine

(c/ľ l'existence de catégories de morts qui coïncident presque


entièrement avec celles du Canon des Morts slave dans une culture

aussi ethniquement éloignée que celle des Nagua). Ce qui nous


intéresse, c'est une autre modification de 1'«impureté », non
remarquée par D.K. Zelenin, mais aussi archaïque que la première et
exactement contraire : le vek perezitoj , la vie trop longue. Elle est
particulièrement mise en valeur dans la tradition bulgare : on connaît
des croyances bulgares selon lesquelles un vieillard arrivé à un âge
très avancé peut se transformer en vampire {cf. l'expression russe
čužoj vek zaedaet «il mange la vie des autres» à propos d'une
personne très âgée ; il existe des lamentations particulières que
prononcent sur eux-mêmes des vieillards « qui ont trop vécu » (nord-
ouest de la Bulgarie). Il existe enfin la pomana, le repas funéraire
organisé pour soi-même, de son vivant, comme tentative pour mettre
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vêtements, le mode de transport, le « prix de la place » plus élevé


dans certaines traditions folkloriques (ukrainiennes surtout)
racontent comment on tuait jadis les vieillards et pourquoi on a c
de le faire (sazať na lubok « mettre / un vieux / sur de la tille (pour
transporter dans un ravin) »). L'idée qu'un vek dépassé est mau
nous amène à la deuxième composante sémantique de la dolja.
La dolja (comme le udel « le lot ») dans la représentation s
du monde seront correctement compris si l'on tient compte du
que la « prédétermination » contenue dans leur sens agit n
seulement « verticalement » mais aussi « horizontalement » : la d
est la partie d'un tout qui est le lot d'un individu particulier et qui
en relation d'interdépendance avec d'autres parties, d'autres doli.
vek en tant que « quantité de force vitale » est réparti entre tous
membres de la communauté humaine : le motif du vampirisme,
l'être qui se nourrit de la force (de la vie, du sang) des autres dans
représentations archaïques concernant les vieillards n'est donc pa
fruit du hasard. C'est sur le même principe d'interdépendance
« parties » individuelles, des doli, qu'est fondée la spora sl
ensemble complexe de représentations. La spora comme le
associe les significations de « segment temporel » et de « force »
por-: cf. v pore, pornyj « fort », porato « très », Russie du Nord)
des significations aussi simples de spora et spornost ' que « fertili
et « capacité à produire de l'abondance » s'en ajoutent d'autres, p
complexes, liées à l'utilisation du temps : de la nourriture ou
l'argent sporyj se consomment très lentement ; l'homme qui a
spora travaille de façon extrêmement rapide et productive. La sp
« distend » ou « resserre » le temps selon qu'il est question de p
ou d'acquisition. On considère que celui qui a plus de spora que
moyenne la prend aux autres, de la même façon que le vieux ma
la vie des autres. Dans les deux cas, on a affaire à une not

spécifique de la prédétermination non seulement des parties mais


la quantité du tout, que l'on peut représenter (et que le
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kolač') comme signe qu'il n'y a plus la part du mort dans la maison
{cf. aussi la croyance selon laquelle les miettes tombées de la table
sont mangées par les enfants non baptisés). La dolja des enfants non
baptisés {strate at, poterčať) est assimilée à ces miettes.
En général, le pain est synonyme de « vie », d'«âme » {cf. les
données bulgares) : on ne fait pas le pain jusqu'au quarantième jour
car on croit que si la pâte gonfle, taka se razpa vala duša
umrloto « l'âme du mort grossit aussi », et au contraire : « le rite
commence par la préparation du pain, parfois même avant la mort :
on pétrit le pain aux pieds du mourant pour que " l'âme s'en aille "

en même temps que la vapeur chaude » ; le pain représente la dolja


{cf. les malédictions traditionnelles des Rodopes du type : Da mi
hvane hljabbt očité « Que le pain me prenne mes yeux » ; Da mi ubie
hljabbt « Que le pain me tue » : Dano te oslepi leba « Que le pain
t'aveugle », etc.). Mis en parallèle avec la mort, avec le monde des
morts, le pain peut aussi lui être opposé : cf. la coutume slave de
distribuer du grain pris dans un cercueil préparé du vivant de celui
auquel il est destiné. La symbolique du pain s'étend aux ustensiles
utilisés pour préparer le pain (le pétrin et le couvercle du pétrin), au
lieu de conservation du grain {cf. la coutume de mettre le cercueil
pour la nuit dans le grenier, les légendes où l'on transporte les
vieillards tués dans la fosse à grains, sur l'aire de battage, dans la
grange {cf. la croyance en le Rigačnik, l'esprit de la grange, censé
protéger des Umryjan, morts impurs). La sémantique commune
archaïque du pain, liée au monde de la mort, a sur le terrain slave des
illustrations innombrables. Il faut noter à ce propos que selon les
croyances slaves, le pain est un matériau de construction dans le
monde d'outre-tombe : Na nebjaske cerkov' s pirogov srublena,
prisnokami vyložená, ladkami podšitá (Smolensk) «Dans le ciel,
l'église est faite de gâteaux, garnie de prisnoky (galettes sans sel) et
doublée d 'olad'i (crêpes épaisses) ». Cf. le motif de la petite maison
зо OĽGA SEDAKOVA

C'est sur cette très particulière « loi de conservation


l'énergie » dans la création qu'est fondée la magie tradition
slave, aussi bien « professionnelle » que rituelle. Les actes magiqu
réduisent à une redistribution de l'énergie; le sorcier (viď m
« prend » quelque chose quelque part et le « déplace », 1'«env
ailleurs. C'est le contraire du miracle qui « crée à partir de rien
possibilité de sources d'énergie nouvelles, transcendantes, est ex
La notion de spora joue un rôle important dans le rite funér
celui-ci a pour vocation de conserver la spora (abondance des ré
de céréales, fertilité du bétail, efficacité des plantes médicin
naissances d'enfants), or la spora est menacée par la présence du
(c'est-à-dire que le mort pourrait 1'«emmener avec lui »).
Le motif sémantique de la « part », du « partage » se ret
dans différents termes du rite funéraire. Le mot smerť lui-m

(souvent utilisé avec un suffixe diminutif affectueux, et accomp


d'épithètes flatteuses : smertočka, smerton 'ka, smertuška, Milá
en tchèque, Božja smerť en ukrainien) remonte à la série
européenne *mer- / mor- / -mr- que l'on rapproche de
« culturels » comportant la signification de « part » co
ficfàpa, fJiepoÇ, fieipojiai en grec et Mara (slave de l'Est). Dan
traditions slaves de l'Est concernant Mara et Kikimora on observe

espèce de dédoublement de la Moïra grecque : en ukrainien, Mar


la personnification de l'évanouissement, elle est « la sœu
Sommeil » ; en bulgare, Mara est un fantôme, l'ombre d'un mor

motif du filage, qui manque dans ces deux images, est pr


l'unique caractéristique de la Kikimora, Šišimora, Šišiga de Russ
Nord, qui par contre, est généralement sans rapport avec la dolja
morts (exemple rare : « Rêver de Kikimora avec un rouet, c'est
de mort »). Ainsi *уъ-тъг/ъ, formé de la même façon que *sv
je, * sb-bož-'e, a pour sens premier "le fait d'être pourvu
dolja " si bien que l'expression svoja smerť est redond
L'ukrainien Božja smerť comporte certainement aussi ce sens
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mort » : nebogo (ukrainien), neboščik, njaboščik, nebiščik (biélorusse),


nebožtík (tchèque), mots dont la sémantique est voisine de celle de la
pauvreté {uboze en croate signifie 1 . le mendiant, 2. le mort) et de
celle de la déficience (ubogij en russe). Si l'on adjoint à ces mots les
préfixes négatifs u-et ne-, le tableau est inversé : la mort en tant
qu'«absence de dolja » ; nedolja a en particulier le sens de « misère »
{cf. la signification étymologique de *bog-dans le mot russe bogatyj
« riche »). Et effectivement, le mendiant, dans le rite, est le
« remplaçant » du mort, celui qui reçoit sa dolja ; de façon générale,
le mendiant chez les Slaves, on le sait, (au même titre que le gost le
čuzenin ou le prosjak, « l'hôte, celui qui vient d'ailleurs et / ou qui
fait la quête ») est imprégné de la signification de « divinité »,
d'«
ancêtre divinisé » {cf. la quête rituelle, autour de la Noël, des
koljadovščiki « hôtes du pays des morts »). Dans le rite, au thème de la
« misère du mort » s'associe celui de la faim du mort : pour l'apaiser,
on « nourrit la tombe », on « donne à manger à l'âme » lors du repas
funéraire, on laisse du pain et de l'eau (ou de l'alcool) dans le « coin
rouge » ou sur la fenêtre pendant quarante jours. Cf. le motif
folklorique de la perpétuelle faim de la Mort, 1'«
épreuve de la faim »
que l'on fait subir outre-tombe au nouvel arrivant, des termes comme
ada nesita («
enfer glouton » en bulgare), golodnij « affamé »,
vysušennyj « desséché » dans les lamentations. En échange de
nourriture, on peut se libérer de « ceux qui viennent prendre l'âme »,
par exemple du coucou « qui cherche l'âme : si tu as faim, voici le
pain-sel1 et ne reviens plus jamais ». En même temps, en un contraste
frappant, les morts « miséreux » sont révérés comme la source de
toute abondance {dedy hleb-sol ' zasylajut « les ancêtres envoient le
pain-sel ») et sont assimilés, même lexicalement, à la dolja : les restes
du repas funéraire sont mis sous le banc, čtoby dolja zagovela « pour
que la dolja en profite », avec le pain, avec la richesse. Le monde
d'outre-tombe est le royaume de l'abondance ; la sémantique
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couvrir la tête »). L'abondance est la caractéristique obligée du re


funéraire dans la plupart des traditions locales.
Une telle antinomie, propre aux couches archaïques de
culture, ne demande pas à être levée, la dolja est la mort et la vie
pain est la mort et la vie, la mort est la dolja et la nedolja , la faim e
nourriture, la misère et la richesse : dualité normale des termes-clés
la tradition...

Ceux qui accomplissent le rite funéraire voient nettement en


la séparation des vivants d'avec les morts, la définition de la dol
cf. la lamentation du Nord : Nadelju tja, mila lada, / Usem domom
pozemom, /Nadelju tebja skotikom, / Hlebuškom da otsyplju
/Denezkom otsčitajusja («Je te fournirai, doux époux, /Toute
maison et la terre, / Je te fournirai le bétail, / Ton comptant de grain
verserai, / Ton comptant d'argent te paierai »). C'est particulièrem
évident quand on enterre une jeune fille et que sa dot est distribué
ses amies. Les offrandes rituelles, qui à l'origine servent à définir
dolja , peuvent acquérir une autre raison d'être : « Dans l'autre mo
l'homme est propriétaire de tout ce qu'il a distribué dans sa vie
aussi de tout ce qui a été distribué en son nom ». Si nous décrivons
qui constitue la dolja définie par le rite, nous serons amenés à rép
presque la liste de la lamentation. C'est :
a) la maison, que remplacent le cercueil et la tombe : en ru
domovina, domok, en biélorusse domov'e, en bulgare khšca,
ukrainien garna hata, en serbe kuča ; cf. en bulgare : Da izmeta
tvojata khšca, ta da ne izmetešti mojata «je balaierai ta maison (=
tombe) pour que tu ne balaies pas ma maison à moi » ; dans le rit
est aussi demandé au mort de ne pas emporter la maison avec lui.

remplacement n'est cependant pas total : certaines parties de


maison (le pokut « le coin d'honneur » (face au poêle), le poêle
partie en sous-sol) restent consacrées aux « ancêtres » ; dans certa
croyances, c'est l'endroit où ils vivent à demeure ;
LE THÈME DE LA DOUA 33

est donnée à un mendiant : korovku pokojniku « la vache au mort » ;


c) le cheval. Duša pripadaic' («
L'âme s'attache ») au cheval et
donc pendant trois jours après l'enterrement, le cheval ne travaille pas
et est laissé à la grange, pour ne pas tomic ' duši njaboščika « fatiguer
l'âme du mort » ;
d) la tenue de mariage (elle est mise dans la tombe d'une
femme mariée) ; plus généralement, les vêtements personnels ; on les
détruit ou on les « enterre » ou on les jette dans les eaux usées, on les
donne à des mendiants ou on les utilise après différents types de
purification : ablution, « office des coqs », etc.

e) le pain ou le grain. On met un pain sur le cercueil ou dans le


cercueil (koržec pekuť na vode s vedra, presnyj, neukusnyj : to ego,
smercjaka, korovaj šitaicca « on fait une galette avec l'eau du seau,
sans sel, sans goût : c'est considéré comme le pain du mort ». On
verse du grain sur le cercueil, le banc, le chemin ; les invités apportent
le grain avec la bougie) ; avec le grain il y a la spora : lors de la levée
du corps on agite trois fois et on fait sauter trois fois le grain,
autrement le mort emporterait la spora — steblo e, a zerno ne e « il y
a la tige mais pas le grain » ;
f) l'argent: denezkom otsčitajusja «je paierai en argent». On
ne recourt pas principalement à l'argent-monnaie pour payer le
travail du rite (cet argent va au « transport », à « l'achat de la place », à
la podorozna « l'argent pour la route »). C'est la toile qui sert le
plus : coupons, serviettes, foulards, tabliers (autrement dit, l'argent
féminin archaïque de la tradition slave) ;
g) les liens du sang. Ils entrent aussi dans la dolja : le lien avec
les morts est brisé de différentes façons au cours du rite : la

lamentation do obmiranija «jusqu'à l'évanouissement», с


hrjastan 'em « en brisant quelque chose », permet de rendre en
quelque sorte au mort sa « part » dans les liens familiaux ; le partage
du pain entre les gens de la maison après l'enterrement signifie « la
34 OĽGA SEDAKOVA

sorcière veut son propre sang, Où la sorcière va-t-elle le prendre d


sa famille ? ») ; surtout l'époux pour l'épouse (région de Vladim
letun ; Russie du Sud : perelesnik, obajasnyk, régions d'Arhangeľ
d'Orlov, de Saratov : ognennyj zmej) ; parfois la mère pour les enfa
au sein : la gyrna ukrainienne est un démon féminin de ce genre.
Ainsi donc, la représentation la plus ancienne de la mort sv
comprend, premièrement, la coïncidence de la mort avec la fin du
(ni plus tôt, ni plus tard) et deuxièmement, le fait de garantir sa p
au mort grâce au rite. Le deuxième point dépend du premier mai
non-observation, même dans le cas d'une mort pravdivaja «just
empêche que la fin ait un caractère définitif, provoque la prése
mortifère du défunt dans le monde des vivants, ce qui prive les viv
de leur dolja.
Le thème de la dolja intervient à tous les niveaux du rite, m
celui où il se manifeste avec le plus d'éclat concerne les acteurs.
chaîne de dialogues qui constitue le rite sépare tous les participants
deux groupes : « ceux du côté des morts » et « ceux du côté
vivants », de la même façon qu'il y a dans le rite du mariage divis
entre le « parti de la fiancée » et le « parti du fiancé » (mais dan

rite funéraire cette structure duelle s'exprime de façon beaucoup p


voilée que dans le rite du mariage : appartenir au « parti des mor
est dangereux ; de plus, la composition des groupes varie).
dialogue avec le mort qui constitue le substrat dramatique
funérailles en tant que mystère primitif (substrat que résument à
manière les jeux archaïques autour du mort : les zabavy pry vmery
zabava paruboc'ka d'Ukraine occidentale) se réalise à la fois s
forme verbale (échange de répliques-formules) et, plus largemen
fondamentalement, par les objets et par les actes. La scène princip
répétée maintes fois dans le rite, peut être caractérisée comme
rencontre (vstreča ) des deux partis, qui sert de modèle à la rencon
« dans l'autre monde » (l'accueil fait au mort) ; cf. des termes uti
LE THÈME DE LA DOUA 35

de donner : cf. le rôle de ces verbes dans les phraséologismes


équivalant à «mourir» : Bog / Gospod' ubral /pribral, otdať dušu,
dubu dať ; viddaty Bogovi dušu, a diťkovy s... ku (Ukraine
occidentale « donner son âme à Dieu et son cul au diable » ) et dans
ceux qui évoquent des actes rituels : dat ' na pozvunnoe (Carpates),
dať za golovu, podavať čerez grobi (Vladimir), bere za golovu, miru
bratý (Ukraine), ainsi que leurs synonymes : otpustiť dušu, prinjať
dušu. Cette sémantique des actes rituels amène de nouveau à faire le
parallèle entre l'enterrement et le mariage. Les verbes brať
« prendre » et davat ' « donner » ont été décrits en rapport avec la
catégorie de « réciprocité », si importante pour le mariage, par
G.A. Levinton : il a émis l'hypothèse que l'indo-européen *bher-
avait la même signification de réciprocité que l'indo-européen *dô,
pour lequel cette signification a été établie. La terminologie du rite
funéraire donne un exemple remarquable de cette sémantique de
« réciprocité » : brane duša (en bulgare) signifie la mort tout comme
dava duša, tout aussi employé (bere et dava ont le même type de
sujet à la différence du russe otdať dušu, où le sujet est celui qui
meurt, et pribrať dušu, où le sujet est Dieu). L'acte rituel observé
dans différentes régions slaves, qui consiste à faire passer l'offrande
par-dessus le cercueil (podavat ' čerez grobi, Vladimir), par-dessus la
tombe (dava darove prez umrjaloto, bulgare), montre que la place du
mort lui-même est censée se trouver entre le « donneur » et le

« preneur ».

A de nombreux actes rituels fondamentaux qui peuvent être


décrits en termes de « prendre-donner » (toute la série des offrandes
accompagnées de formules « contractuelles » comme na toe svjat

tvoja da bbde, na negov svjat negova « que ce qui est dans l'autre
monde soit à toi, que ce qui est dans son monde à lui soit à lui », lors
du don d'une brebis ou d'argent à un pauvre) ou de «ne pas
prendre / ne pas donner » (sphère des actes cathartiques ou
36 OĽGA SEDAKOVA

et « transmettre » (à d'autres en passant par le mort). Dans la plup


des scènes, la sémantique de «réciprocité» est répartie entre de
participants de façon à ce que le donneur et le preneur s'oppose
comme rodnoj / čuzoj « proche / étranger », bogatyj / bednyj « ri
/ pauvre », etc. Cependant, une des scènes centrales du rite, le re
funéraire, incarne pleinement la coïncidence de sens entre « donne
et « prendre » qui, en l'occurrence, signifient « servir, donner de
nourriture » et « être servi, prendre de la nourriture ». Le re
funéraire représente le don d'adieu au mort, la nourriture offe
« pour le voyage », mais ceux qui l'organisent prennent aussi
nourriture. La scène du repas funéraire dans la tradition slave prése
toute une série de variantes :

1. Le double repas : le premier pour les ancêtres, défu


invités, le deuxième pour les vivants ;
2. le repas commun où le mort, gos 'сік poč asnyj en biéloru

invité d'honneur »), a droit à la place principale ;
3. le repas commun où le mort n'a pas sa part à lui mais
chacun des participants lui donne une partie de la sienne (en vers
sur la nappe ou sous la table la première gorgée de chaque plat
bien seulement des plats funéraires, kisel' ou kuťja) ; cf. le mo
analysé par V.Ja. Propp du repas offert au nouvel arrivant dans

royaume tridesjatyj (le domaine de la mort) où le nouveau, qui n


pas sa part à lui, prend un peu de chacun des douze plats ;
4. la présence du défunt nécessite l'intermédiaire d'aut

convives (mendiants, vieillards, organisateurs du repas). Dans chacu


des variantes énumérées, où l'importance du rôle de « la place vid
représentant le défunt va en diminuant, ce sont les convives qui
« remplacent » de plus en plus en passant « du côté des morts ». L
du repas funéraire, toute la nourriture est considérée com

appartenant au mort : cf. la mertveška voda bulgare, « l'eau av


laquelle on a lavé la vaisselle du repas funéraire ».
LE THÈME DE LA DOUA 37

l'espace en «espace de la vie» et «espace de la mort»: dans un


mouvement progressif semé de difficultés, « l'espace de la mort » est
extrait de la maison et transporté au cimetière pour se refermer là ;
cf. la formule magique de la région d'Arhangeľsk prononcée quand,
depuis une éminence où l'on a accompagné « l'âme », on tend la
main en direction du cimetière : vot tebe dom, tam i žiť, а к nam

sledu net « voici ta maison, c'est là que tu dois vivre, et tu n'as plus à
revenir chez nous ».

Ainsi, décrit du point de vue de la dolja, le rite funéraire peut


être défini comme le partage, la séparation des vivants et du mort, de
l'âme et du corps, du domaine de la mort avec le domaine de la vie, et
ensuite comme le chemin de l'âme, en fonction de sa dolja, jusque
dans le domaine de la mort, jusqu'e«sa maison.
Résumons ce qui, dans les matériaux du rite, permet de préciser
la sémantique archaïque de la dolja. La dolja, qui dépasse
l'opposition « bon / mauvais », « vie / mort », n'est à plus forte raison
pas concernée par des dichotomies plus particulières : « matériel
/ spirituel », « concret / général », « matière / énergie ». Sa sémantique
est principalement liée au pôle svoj de l'opposition svoj / čuzoj. La
dolja a pour synonymes « la vie », « la mort », « la famille », « la
richesse », onyj svet («
l'autre monde »), vek, « le pain », « la taille »,
vstreča. Mais le plus original dans la représentation slave de la dolja
est sa signification première de « partie d'un tout en relation d'inter¬
dépendance avec d'autres parties ». Des traces de cette signification se
retrouvent jusque dans des textes, des croyances et des normes
éthiques du domaine slave appartenant à une période beaucoup plus
tardive. Il s'agit alors d'une éthique où la conduite optimale n'est pas
fondée sur « l'altruisme », mais sur le fait de se contenter de sa dolja,
de s'y conformer, de l'accepter et de l'utiliser pleinement — sans
s'emparer des doli des autres.
La conception ancienne de la dolja a laissé des traces dans les
38 OĽGA SEDAKOVA

qu'autrement il serait arrivé à quelqu'un d'autre, qu'il aurait é

de son poids », l'élan sacrificiel de l'intelligentsia s'allie-t-il à l


slave familière de la prédétermination du tout, divisé entre tous.

Traduit du russe par Françoise Gr

SEDAKOVA
L'auteur
prédétermination
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СЕДАКОВА О. A., Тема доли в славянском похоронном обряде


В начале статьи автор анализирует понятие
характеризующееся предопределенностью и неизменностью
отношении к другим понятиям (век, бог, счастье, спора). У каж
человека с рождения своя доля, которой он до
довольствоваться. Доли взаимнозависимы, и если у одног
больше, у других её меньше... Доля напоминает латинскую
vitalis, как и который
человека, век (нормальный
может предопределённый
символизироваться...
срок жизни
человече
каж

ростом). В оппозиции «свой/не свой» доля принадлежит к с


«свой». Тот, который почему-то умер раньше времени (иног
после времени) становится нечистым мертвецом, заложником. А
очень подробно изучает соответственную лексику в разных язы
подчёркивает дуализм ключевых традиционных терминов, кот
совмещают противоположные значения. Через обряд ж
LE THÈME DE LA DOUA 39

SEDAKOVAO. A. The theme of « dolja » in slav funeral ritual

The article begins with the analysis of the concept of dolja («


part »), which

implies predetermination and immutability, in relation to other close

concepts
from birth
{vek,
hisbog,
dolja
Sčastje,
with spora).
which According
he must to
bethis
satisfied.
concept,The
eveiyone
parts has
are

interdependent and if anyone has more, the others have less... Dolja

semantically close to the of latin vis vitalis, like vek (the normal,

predeterminated time of life allowed to a particular person, which is also

symbolized by... stature). In the opposition between svoj («


yours ») and ne

svoj
who («
fornot
oneyours
reason
») or
dolja
another
belongs
diestobefore
the sphere
his time
of the
(or,subject
less frequently,
(svoj). A after
man

his time) becomes a « foul » dead. The author gives a detailed analysis of the

corresponding vocabulary in various Slavonic languages and stresses the

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