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Nottes Le Breton langue mixte

Introduction

Anthropologie du présent avec perspective athno-historique.

Le corps comme condition d'existence mais aussi d'action individuelle et collective.

D'autres cultures ont une conception différente du corps :

 Societés traditionneles : il y a une consistence de cosmos-nature-personne-corps

La construction mécaniste, biologiste et fortement dualiste du corps en Occident. De


l'excision du corps à l'esprit au 17ème siècle.

Nous pouvons dé-naturaliser le corps avec Le Breton.

"Rien n'est plus mystérieux sans doute aux yeux de l'homme que l'épaisseur de son propre
corps". "Rien n'est plus mystérieux sans doute aux yeux de l'homme que l'épaisseur de son
propre corps".

 Ici, chaque société donne sa propre réponse.

Au cœur de la preuve, il y a le vide : la naturalisation qui empêche la vérification.

 Chaque société a ses symboles et ses significations sur le corps.

Le corps est le centre de l'action individuelle et collective : objective et subjective. Chaque


culture le façonne différemment.

Dans la modernité occidentale, avec les sciences naturelles du XVIIe siècle, le corps est
construit comme un corps mécanisé, biologisé, séparé de l'intelligence et de la
connaissance. Hiérarchie du savoir avant le corps.

Conditions sociales et culturelles : l'individualisme en tant que structure sociale, la pensée


rationnelle positive et laïque sur la nature, le souvenir progressif des traditions populaires
locales, l'histoire de la médecine...

Corps moderne fait une coupure du sujet avec des autres, le cosmo, et lui-même. L'ego
devient un facteur d'individuation.

La Renaissance comme naissance de l'individualisme. Pas d'unanimité sur le corps :


pluralité culturelle
Platon parlait déjà du corps comme de la prison de l'âme. Le corps comme le poids, ce qu'il
faut porter, par opposition aux idées, au transcendant, au bien.

Le cliché de la "libération du corps" demeure le dualisme.

La société contemporaine poursuit un affaissement du corps : la marginalisation de certains


corps (vieux, handicapés) et la valorisation d'autres (jeunes).

Corps contemporain comme alter-ego

La médecine classique s'intéresse au corps et aux maladies, mais pas au malade.

Catholicisme : le corps comme source de péché, l'appétit sexuel, les sens corporels à
contrôler. C'est la partie spirituelle qui doit contrôler la partie animale.

Ch 1

Le corps en tant que produit de la culture, porteur de significations et de positions dans un


système écologique de valeurs. Ainsi, le corps n'a pas de sens mais est toujours créé de
manière socioculturelle.

 Le corps en tant qu'effet dans des conditions historiques et culturelles spécifiques.


Ainsi, la conception du corps change d'une société à l'autre. Polysémie du corps
pour essayer de répondre à son mystère.

Le corps en tant que centre d'expérience et de relation au monde. C'est par le corps que
passent les fonctions d'approximation, de traduction, de compréhension et de signification
du monde.

Analyse du corps dans d'autres cultures : représentation du corps comme une continuité
avec le cosmos et la vie. Il vit en communion avec tout ce qui l'entoure et même son
langage consiste à nommer certaines parties du corps. Il utilise les mêmes mots.

Les Kanaks ne conçoivent pas le corps comme une forme et une matière isolées du monde :
le corps participe pleinement à une nature qui à la fois l'assimile et le recouvre. Le lien avec
le végétal n'est pas une métaphore mais une identité de substance.

 Correspondance entre le corps et le cosmos, même sur le plan linguistique : le corps


de l'homme dans le même terme que le cœur de la terre.
 Pas de meétaphore, pas de frontières, mais identités de substance.

La notion de personne au sens occidental ne se retrouve pas dans la vie sociale et la


cosmogonie traditionnelle kanak....
Le "corps" n'est pas une frontière, un atome, mais l'élément indiscernable d'un ensemble
symbolique. Il n'y a pas d'aspérité entre la chair de l'homme et la chair du monde. Ce n'est
pas une métaphore... Notre peau n'est pas différente de l'écorce de l'arbre, c'est le même
mot.

 Communauté de vie

La mort comme continuité d'un processus dont nous ne sommes pas séparés mais dont nous
faisons partie.

Vie comme relationnelle au communauté, au liens.

Corps-monde comme une continuité

Les Africains ont la même vision de la communauté et de la nature...

L'homme africain est immergé dans le cosmos, dans la communauté, il participe à la lignée
de ses ancêtres, à son univers écologique et tout cela est à la base de son être. Il est une
sorte d'intensité, reliée à différents niveaux de relations. C'est dans ce tissu d'échanges qu'il
puise le principe de son existence.

Dans les sociétés de type communautaire, où le sens de l'existence humaine implique un


serment de loyauté au groupe, au cosmos, à la nature, le corps n'existe pas comme élément
d'individuation car l'individu ne se distingue pas du groupe : il est tout au plus une
singularité dans l'harmonie différentielle du groupe.

 Les différences sont comprises dans une unité de relations, un cosmos.


 rapport langue-corps-monde
 Dans certaines cultures, comme celle des Dogons, le corps est une mémoire vivante
où l'on est relié à ses ancêtres. De cette manière, le corps est actif pour attirer les
énergies magiques.

Le vocabulaire anatomo-physiologique opère une rupture ontologique du cosmos avec le


corps humain. Désormais, le corps est compris comme se référant à lui-même.

Vision individualiste du moi occidental. Extériorité par rapport à son propre corps

Individuation comme germe qui a rompu la solidarité organique

Vieille canaque : "ce que vous nous avez apporté, c'est le corps".

Individuation et l'apparition du visage, singularité.

Existence et liberté en tant que corps, en tant que possession. Là le corps est dissocié

Même bibliquement se maintient le rapport corps-monde mais avec Dieu


Le Breton dénaturalise le corps occidental en regardant les autres cultures de manière
synchronique.

Ch 2 A la source d'une représentation moderne du corps : l'être humain


anatomisé

La dénaturalisation diachronique, à travers le temps et l'histoire. Le dualisme de l'homme se


passe sur le plan profane.

Le seigneur féodal et ses serfs.

Corps à la fin du Moyen Âge : transition vers la modernité. Le christianisme folklorisé... un


mélange confus de traditions populaires locales et de références chrétiennes.

L'homme est indissociable du tissu communautaire et cosmique dans lequel il s'inscrit. Il


n'y a pas de sentiment d'individualité. Il s'agit plutôt de l'idée de faire partie de tout ce qui
constitue une communauté vivante. L'homme dans le tissu des relations

Le criminel procédait à un démembrement du corps social, le châtiment était donc


littéralement un démembrement.

À l'époque, les reliques religieuses constituaient un lien avec Dieu.

Deux types de fêtes... Dionysiaque et Apollinienne (Nietzsche). Tension dans la culture


gréco-romaine

Fêtes populaires : idée de communauté, idée grégaire, d'ensemble, il n'y a pas de conception
du SUJET. Le corps est un corps collectif, un corps social.

Melange collective du corps dan le carnaval

Le corps grotesque (Batjin) est un grand corps populaire, débordant, sans limites. La fête
des fous, des ânes et des innocents, absout et confond. Il dépasse ses propres limites.
Protubérances.

Débordement dionisiaque, transgressif, ouvert et intensif.

La liturgie religieuse, fête officielle du pouvoir fixe et distingue : germe de l'individualisme

Le corps a constitué une communauté, je suis ce corps et je me déplace dans cette idée de
communauté.
Tout rite est constitué pour préserver un certain ordre, rappeler une certaine hiérarchie, etc.
Il peut être religieux

Loin de la conception occidentale du cosmos

Moyen Âge tardif : le corps intouchable. Privatisation et privatisation des savoirs et


pratiques carnavalesques : pouvoir et moralité.

Historiquement, la médecine était là avec la théorie de l'humour : la santé comme équilibre


des humeurs (sang, flegme, sang rouge et sang noir). Par rapport au cosmos, le médecin
était celui qui rétablissait l'équilibre du cosmos.

Médecine. Le corps et le sang sont tabous. Les chirurgiens, les barbiers, les bouchers et les
bourreaux sont mal vus. Les médecins universitaires cléricaux ne touchent ni au corps ni au
sang. Ils ne s'occupent que des maladies "externes".

Au XVIe ou XVe siècle, l'INDIVIDUALISME naît dans les villes italiennes, le marchand,
le banquier, l'homme de la ville. Il rompt avec la tradition communautaire et devient
individualiste, égoïste (intérêt personnel), sans scrupules, calculateur, ambitieux.

Proliferent les intérêts privés contre une économie médievale plus communautaire : Calvin
justifie le crédit et la Réforme individualise le corps devant Dieu. Bourgeoisie et réformes
comme propagandistes de l'individualisme.

Avec des personnages comme Machiavel, nous voyons des tentatives d'émancipation de la
solidarité sociale, du réseau holistique des fins humaines.

L'échange mercantile fait apparaître le bourgeois. Un homme qui s'est fait tout seul.

Fabrication de sa destination et de sa responsabilité

Conscience de la personne et reconnaissance sociale.

Apparence de l'artiste, sentiment d'appartenance à un monde et plus encore à une


communauté d'origine.

 L'artiste devient une créatrice autonome et non de la foule


 L'apparition du visage... la prééminence du regard... la signature de l'artiste...

Pour comprendre cela, il faut se rappeler que le visage est la partie du corps la plus
individualisée, la plus unique. Le visage est la marque d'une personne. D'où son utilité
sociale dans une société où l'individu ne s'affirme que lentement. La promotion historique
de l'individu marque parallèlement celle du corps et surtout du visage. L'individu cesse
d'être un membre indissociable de la communauté, du grand corps social, et devient un
corps pour lui-même.
Contre l'individualisation, il y a la résistance communautaire sous la forme d'un
rassemblement populaire : la distance individuelle. D'autre part, la peur est celle de la foule.

Le nouveau souci de l'importance de l'individu a conduit au développement d'un art centré


directement sur la personne et a conduit à un raffinement dans la représentation des traits, à
un souci de la singularité du sujet, socialement ignorée dans les siècles précédents.
L'individualisme a donné sa signature à l'apparence de l'homme enfermé dans son corps, à
la marque de sa différence, et l'a fait en particulier dans l'épiphanie du visage.

Des portraits sans religion. Des traits comme la bouche cessent d'être associés à une
fonction et deviennent une image qui fait partie de l'ego.

 Le portrait devient une célébration du profane.

Les bourgeois deviennent des mécènes. Importance des portraits, qui apparaissent dès le
XVe siècle... Le visage est ce qui marque l'individuation. Le regard, essentiel. Contraste
avec le carnaval, où il n'était pas aussi pertinent.

Apparition de la signature sur les tableaux

La Renaissance progresse vers un corps anatomisé...

 Le corps comme facteur d'individuation : "la définition moderne du corps implique


que l'homme soit coupé du cosmos, coupé des autres, coupé de lui-même. Le corps
est le résidu de ces trois portraits". p.47

Le savoir anatomique commence en Italie du quattrocento... les dissections étaient encore


rares dans le Moyen Age.

Deux figures de Le Breton qui nous aident à y réfléchir...

Les représentants d'une époque, les fruits d'une époque historique

 De Vinci : le corps comme objet séparé de l'identité de l'être humain.


 Andreas Vesalius : médecin. Vésale : gravures d'un corps anatomisé, mais non
prélevé sur l'homme.
o Coupure du corps mais avec tension

Les gravures de la Fabrica, et de nombreux autres traités produits jusqu'au XVIIIe siècle,
représentent des corps exécutés, alternant les images d'angoisse et d'horreur tranquille. Au
fil des pages, il propose les situations insolites d'un musée imaginaire de la torture,
catalogue onirique de l'insoutenable. Le travail de l'anatomiste n'est pas exempt de
culpabilité, et cela se voit dans les figures. Le corps blessé, lacéré, est un témoignage
symbolique de l'homme qu'il représentait, un rappel de son inviolabilité passée.
 Corps objectivé mais vitale ; coupure de l'homme du cosmos : signification à lui-
même
 Vesale coupe le corps de lui-même ; des autres et du cosmos mais pas complet
"L'homme de Vesale annonce la naissance d'un concept moderne : celui de corps,
mais il demeure à certains égards sous la dépendance de la conception anterieure de
l'homme comme microcosme".

Le tissu culturel se transforme, les traditions populaires sont combattues par les classes
dirigeantes. La connaissance du corps devient la caution plus ou moins officielle d'un
groupe de spécialistes. Polarisation de deux versions du corps : avoir un corps contre être
un corps.

Ch3. Body Machine

Origines de la représentation moderne du corps : le corps comme machine

XVIe-XVIIe siècle Début de la modernité, émergence du savoir biomédical. L'accent mis


sur le savoir scolaire se déplace vers le savoir scientifique.

 Giordano Bruno, Copernic, Galilée

Montée de l'individualisme, nouvelles formes de connaissance, essor du capitalisme.


L'homme occupe le devant de la scène ; Dieu perd son hégémonie.

Philosophie et science mécaniste

Trois formes de connaissances coexistent :

1. Foi : importance surtout dans les classes inférieures


2. Sens : expérience
3. Motif : les mathématiques. Du monde de l'approximation au monde de la précision.

Connaissance scolaire : connaissance des livres (la bible)

La nature devient un "jouet mécanique" entre les mains des hommes qui participent à cette
mutation épistémologique et technique. La nature comme un ensemble systémique de lois,
un espace géométrique. Univers comme machine géométrique.

Mécanisme soumis à tous dans une temporisation de l'espace et une spatialisation du temps.

L'important est maintenant de devenir "propriétaires et possesseurs de la nature". C'est le


passage de la scientia contemplativa à la scientia activa

Entre l'homme et le monde seul il y a une correspondance à travers les mathématiques.


La connaissance doit être utile, rationnelle, dénuée de sentiment et doit produire une
efficacité sociale (instrumentale).

Descartes : "et en vérité, on peut sans inconvénient comparer les nerfs de la machine que je
vous décris avec les tubes des machines de ces sources ; ses muscles et ses tendons avec les
divers mécanismes et ressorts qui servent à les mouvoir".

 Je pense, donc je suis.


 Descartes : cogito et corps comme machine

Entre corps-machine, mon existence en tant que rationnel. Et aussi l'anatomo-politique :


dispositifs, institutions, stratégies politiques en fonction du contrôle, de la surveillance et de
la régulation de ces corps individuels.

Foucault dit : "Le grand livre de l'Homme-machine s'est écrit simultanément dans deux
registres, l'anatomico-métaphysique, dont les premières pages ont été écrites par Descartes
et poursuivies par les médecins et les philosophes ; le technico-politique, constitué par tout
un ensemble de règlements militaires, scolaires et hospitaliers, et par des procédures
empiriques et réflexives de contrôle ou de correction des opérations du corps...".

 matérialisation de l'âme et docilisage du corps


 Machine du corps : Taylor et Ford

Il est intéressant de penser à Descartes et à son exil, à son voyage. Son attention au corps en
tant que corps qui se fatigue, un sentiment de dualité personnelle mais qu'il a généralisé en
un dualisme. Mais en tout cas "La philosophie cartésienne est révélatrice de la sensibilité
d'une époque, elle n'est pas une pure fondation. Elle n'est pas l'acte d'un seul homme, mais
la cristallisation à partir du discours d'un homme d'une représentation diffusée dans
l'époque" p.87.

Le corps de Descartes comme séparé du cogito, comme accessoire de la personne, réalité


accidentelle, machine corporelle, réductible à sa propre extension.

Mouvements vs matière.

La fabrication du corps humain entre dans l'ère de sa reproductibilité industrielle : prothèses


et amélioration des performances du corps.

Mais en fait, le corps est le lieu de l'identité de l'homme et le corps n'est pas une machine.

Chapitre 4 : Médecine et médecines dites parallèles :


d'une conception du corps à des conceptions de l'homme
Pluralité des corps parce qu'il y a une pluralité des médecines, pluralité culturelle.

Le corps est une construction sociale et culturelle dont la "réalité ultime" n'est jamais
donnée.

Il existe de nombreux systèmes thérapeutiques qui représentent différentes modalités


d'efficacité et d'universalité. Nous devons les considérer dans leur singularité.

Différentes représentations du corps et du mal. Chaque médecine différente s'adresse à un


corps, à une maladie, à un état, et à des efficacités particulières, mais elles participent toutes
d'une certaine vérité du corps ou de la maladie.

La collaboration entre les systèmes est possible : "Entre eux, il n'y a pas de progrès, mais
une différence de vision du monde, une différence d'application" p.108.

Chaque système renvoie à une dimension symbolique du corps humain : "Le symbolique
est toujours la forme sous laquelle le réel apparaît pour la condition humaine". L'accès au
corps par le symbolisme

Aucune médecine n'est la restriction de l'autre, mais seulement une voie d'accès possible au
corps et à la souffrance par l'intermédiaire de la relation thérapeutique.

Dans le savoir anatomo-physique, le médecin personnalise la maladie : elle n'est rien


d'autre qu'une défaillance fonctionnelle (réduction aux fonctions biologiques). La maladie
est une intrusion, née d'une série de causalités mécaniques.

Anthropologie résiduelle, le corps n'est pas un savoir sur l'homme mais un savoir anatomo-
physiologique (son extrême serait l'hyperspécialisation).

Tendance d'abstraction du patient, de la maladie, du corps.

En outre, le médecin de famille connaissait les antécédents de la famille et du patient et


agissait également de manière intuitive pour s'informer sur la maladie et la manière de la
gérer.

Le dualisme favorise une vision instrumentale du corps : le mal plutôt que le mal.

Vision du patient comme passif et ne pas actif pour son amélioration.

Le médecin généraliste comme médecin plus holistique, qui a un dialogue avec le patient et
un certain recul. Rencontrer l'homme derrière son dos et agir plus en profondeur, sans
porter atteinte à l'unicité de son patient ou de son environnement : il conseille la famille,
prévient les risques de santé...

La médecine comme élément thérapeutique intrinsèque : comprendre la douleur,


comprendre le sens de la vie du patient :
Le médecin est une relation thérapeutique dans laquelle le praticien se prescrit lui-même
dans la mesure où sa présence est déjà thérapeutique, indépendamment du traitement qu'il
dispense." p.114

Ethique de la responsabilité : prise en compte de la singularité souffrante de l'homme (d'une


science du corps à une science de l'homme).

Dans tout exercice professionnel mettant en jeu l'Autre, trois dons sont en jeu : le savoir
(valorisé par la faculté), le savoir-faire (valorisé par la clinique) et le savoir-être (valorisé
par le patient).

Le patient et le médecin sont immergés dans leur propre relation, éducation, culture, statut
social, etc. Les soins au patient sont prodigués dans un sentiment partagé d'égale dignité et
de reconnaissance mutuelle.

Connaissance biomédicale, représentation officielle du corps humain aujourd'hui.

Mais rares sont ceux qui connaissent vraiment la biologie du corps et la médecine. Le
médecin ne comprend pas les peurs du patient et ses questions existentielles. Le patient se
tourne vers d'autres médecins.

La biomédecine ne donne pas de sens au patient (dimension symbolique du corps et de la


santé, pauvre en sens) alors que d'autres médecines "populaires ou alternatives" en donnent
(image intéressante du corps, riche en sens).

Si la médecine répond à la question des causes de la maladie, elle laisse dans l'ombre la
question de sa signification.

Les savoirs de santé des traditions populaires sont multiples. Ils reposent sur des savoir-
faire ou des savoir-être qui créent une certaine image du corps. p.119

 Un savoir qui n'isole pas le corps du cosmos et qui s'articule sur un tissu de
correspondances.

Il y a des guérisseurs empiriques qui possèdent une expérience des affections les plus
courantes et connaissent bien des vertus des plantes.

La sorcellerie populaire agit sur plus que le corps, les limites de sa peau et son identité
sociale : ses biens, ses voisins, sa queue, ses champs, etc.

Il y a aussi les figures des saints gardiens : ils ont le pouvoir d'agir favorablement sur une
maladie. "Par la prière, le vœu, le pèlerinage ou le cierge allumé sous son effigie, il s'attire
ses bonnes grâces".
D'autres médecines populaires sont : la Radiesthésie : harmonie des vibrations avec une
notion d'homme-microcosme ; le Magnétisme : le corps vibre dans le champ de résonance
de l'univers.

Dans les campagnes européennes, ce savoir traditionnel sur l'homme malade n'a pas encore
disparu malgré l'opposition de la médecine.

La psychanalyse ouvre une première brèche dans le modèle médical (l'anthropologie en


ouvre une seconde) où Freud oppose à la représentation médicale du corps, impersonnelle
et hors du temps, une approche biographique, vivante et singulière.

Dans une étude anthropologique, Lévi-Strauss confirme que la réalité du corps est d'ordre
symbolique : "Devant l'énigme intolérable du non-sens d'un accouchement entravé, face à
l'épaisseur inconnue d'une chair qui se rebelle, le rôle du chaman consiste à réintroduire du
sens, à expliquer à la femme, à travers le consensus nécessaire du groupe, le contenu des
sensations insolites et douloureuses qui la traverse" p.129

Leur matériau premier, leur chaise, est commun : le tissu symbolique : "La chaise
fonctionne sur une logique sociale de cet ordre. La parole ou le rite dénouent un symptôme
ou suscitent la mort, car ils trouvent d'emblée une résonance dans la chair." p.130

Le praticien (chaman par exemple) répare les nouveaux dommages dans le tissu des sens et
restitue symboliquement à la communauté, aux corps.

De l'efficacité symbolique à l'effet placebo :

La médecine populaire est basée sur le savoir plutôt que sur la connaissance, sur une
approche existentielle plutôt que scientifique.

Les médecines parallèles (acupuncture, homéopathie, chiropractie, etc.) ne sont pas


pleinement reconnues institutionnellement mais socialement. "Elles mobilisent davantage la
"volonté de sauver" de la personne malade par l'effort plus important qu'elles lui
demandent" p.136.

Le médicament officiel dispose d'une ressource symbolique qui peut potentiellement


augmenter ses effets.

L'effet placebo comme reformulation médicale du vecteur symbolique lié à la délivrance


des soins : rendre compte autant que le produit. Le thérapeute est conscient de ce qu'il est et
de ce qu'il fait : savoir être plus opérationnel que savoir faire.

L'"effet placebo" met en évidence les projections du malade, le travail de l'imagination qui
ajoute un complément décisif à l'acte médical. Il souligne les limites de la relation
thérapeutique envisagée de manière trop "technique"". p.137
Dans certaines sociétés, la médecine a besoin des actions du patient pour guérir :
engagement et pratique réciproques.

A l'efficacité pharmacologique, le médecin ajoute l'efficacité symbolique. L'efficacité


de la première n'est pleinement réalisée qu'en association avec la seconde. L'action
symbolique potentialise les effets physiologiques induits par l'acte médical p.138

Parfois, les usagers sollicitent à la fois un médecin et un praticien, la médecine


homéopathique, etc. Chaque société connaît un pluralisme médical qui autorise les
praticiens à passer d'un système à l'autre ou à les combiner sous une même forme de
médecine.

Les médecins parallèles prennent contact avec le patient : consultations plus longues, plus
personnalisées, etc. Ils prennent en compte les pathologies croissantes de la modernité
(stress, solitude, peur de l'avenir, etc.). Comment agir en tant que psychothérapeute.

Leurs procédures sont moins invasives : elles donnent le sentiment de mieux contrôler la
maladie, de racheter enfin l'acteur de sa douleur (agentivité).

Le corps aujourd'hui

Crise du sujet moderne.

Avec la crise de la modernité, ses fondements sont en crise.

 les récits totalisants


 Des progrès infinis
 La raison
 La société industrielle

Attitude éclectique - Grande capacité de synthèse - Des choses contradictoires peuvent


coexister

Une nouvelle esthétique qui allie l'ancien et le nouveau

Multiculturalisme

Prévalence de l'incertitude

Coexistence du local, du national et de l'international

L'émergence des valeurs féminines

Hyperindividualisation

Les liens sociaux sont beaucoup plus instables (modernité liquide).


Accent mis sur la forme, l'esthétique et l'hédonisme

Explosion des chaînes d'information

L'essor de l'ère nouvelle et de l'environnementalisme

Une communauté perdue ?

L'univers rationalisé manque de sens, le monde est désenchanté et aspire à de nouvelles


spiritualités : multiplication des images du corps, parfois contradictoires.

Le yoga, le chamanisme, le zen, l'acupuncture, les arts martiaux deviennent un ensemble


d'idées simples, de formules, de technologies. La plupart du temps détachées de la vision
philosophique du monde sur laquelle elles sont basées, elles deviennent, une fois
commercialisées, une technologie.

Versé dans le "développement personnel" ils sont vecús sans contradiction par un acteur à
la recherche de la seule efficacité thérapeutique

Une partie du marché, plus liée à la consommation qu'à toute autre chose. Si le savoir
biomédical est hégémonique, il reste la référence.

Le corps comme un costume d'arlequin : fait de nombreux tissus, couleurs, etc.

Le corps détaché de tout plan axiologique. Mécanisé. L'homme du commun projette sur son
corps un savoir composite qui ressemble à un costume d'Arlequin, un savoir fait de zones
d'ombre, d'imprécisions, de confusions, de connaissances plus ou moins abstraites
auxquelles il donne un certain relief. Souvent, la version populaire du modèle anatomo-
physiologique est modifiée par des croyances, aujourd'hui triviales, liées aux ondes, à
l'énergie, aux étoiles, etc. Dans les sociétés occidentales, on assiste à une multiplication des
représentations du corps, plus ou moins organisées et en concurrence les unes avec les
autres.

Mécanismes de la mondialisation.

Il y a aussi le phénomène de la glocalisation.

Les connaissances sont en constante évolution. Manque de certitude. Besoin de se fixer sur
quelque chose.

Ch 8 : L'homme et le corps comme alter ego

C'est le corps qui était l'autre, qui est maintenant la seule chose qui me reste.

L'individualisme invente le corps en même temps que l'individu.


Cette nouvelle modalité du monde contemporain apparaît comme une sensualité
narcissique. Le corps devient le point d'ancrage dans un monde ouvert et instable.

Le métrosexuel. Une belle apparence. Retarder la vieillesse. Être jeune.

Le corps suit une logique dualiste. S'il était le lieu de la chute, il est désormais la planche de
salut.

L'homme et son double : le corps alter ego

Le corps apparaît comme le discours privilégié. Lieu de la confrontation recherchée avec


l'environnement, grâce à l'effort et à l'habileté. Lieu privilégié du bien-être ou de
l'apparence.

Mais le dualisme persiste et accompagne cette prétendue libération du corps.

Ce n'est plus le lieu de l'erreur, de la chute du corps.

Il en résulte une relation ambiguë du corps :

Les deux côtés de la balance sont le corps méprisé et démuni par la techno-science et le
corps choyé de la société de consommation. Le corps méprisé - le corps choyé : les deux
faces d'une même pièce.

Libération du corps : on parle de montrer le corps

Une dualité demeure.

C'est tout ce qu'il y a et tout ce qu'il reste

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