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"La douleur de l'enfantement est légitimée par le


fait que la femme a péché" – L'histoire de
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Jusqu’au 19e s, la maternité est considérée comme la vocation naturelle de la femme © James Porter - Getty Images

RTBF La Première
 le mercredi 15 avril 2020 à 14h31
Comment accouche-t-on à travers les siècles ? Comment vit-on sa grossesse ?
Des mythes antiques jusqu’à certaines pratiques contemporaines, en passant
par les débats actuels sur l’obstétrique, voici l’histoire de la maternité en
Occident.

Au fil du temps, le fonctionnement de la procréation a fait l’objet de maintes


croyances et les connaissances ont beaucoup évolué. L’Egypte ancienne
connaissait déjà certains moyens contraceptifs, utilisait déjà des tests de
fertilité, mais c’est vraiment au 19e siècle que les plus grands bouleversements
en la matière se produisent.

C’est ce que nous expliquent Anne Delbaere, Chef de la Clinique de la Fertilité,


Hôpital Erasme, ULB et Valérie Piette, Vice-Doyenne de la Faculté de
Philosophie et Sciences Sociales, ULB.

___________________

Les progrès scientifiques


Au 19e siècle, l’hôpital change. L’accouchement se médicalise tandis que la
professionnalisation du médecin se généralise. Grâce aux techniques, grâce à
Pasteur, l’hôpital est beaucoup plus sain, les fièvres sont moins fréquentes.

Après des siècles d’ignorance, l’embryologie se développe. Jusque là


cohabitaient des théories de préformation - qui affirmaient que le foetus était
déjà préformé dans le spermatozoïde - ou autres théories des humeurs : on
assimilait effectivement la conception à l’acte de reproduction, mais le côté
féminin restait essentiellement passif, c’était l’humeur masculine qui était
génératrice, rappelle Anne Delbaere, cheffe de la Clinique de la Fertilité-
Hôpital Erasme.

La question de l’infertilité est vue comme une malédiction au fil des siècles.
L’insémination artificielle est expérimentée dès le 18e s, malgré un frein
imposé par l’Eglise : l’interdiction de la masturbation.

La fécondation in vitro progresse d’abord aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne,


pays protestants. Les expérimentations de type eugéniste sont davantage
admises dans ces pays, qui adhèrent aux théories de Darwin, au 19e s.
Un eugénisme positif se développe, avec l’idée de favoriser la naissance
d’enfants sains. Les milieux libéraux et socialistes s’y engouffrent mais dans nos
pays, dès la montée des fascismes dans les années 30, ils s’en détournent.
L’eugénisme depuis a repris de l’importance.

En 1954 apparaît la première banque de sperme congelé aux Etats-Unis. Et


en 1978 naît Louise Brown, premier bébé né par fécondation in vitro. "Au
niveau de la reproduction humaine, c’est une véritable révolution, puisqu’elle
dissocie pour la première fois la sexualité de la reproduction et qu’elle permet
pour la première fois l’accès à l’embryon", précise Anne Delbaere.

C’est dans les années 90 que la fécondation in vitro connaît un essor


spectaculaire, dans les pays développés. Et encore aujourd’hui, dans nos pays,
on peut dire que 5% des enfants sont issus de la procréation assistée. Avec
toutes les questions de droit et de bio-éthique et toutes les considérations
marchandes que cela peut engendrer.

Maternité et féminisme
"Tu enfanteras dans la douleur, c’est l’un des messages de la Genèse. La douleur
de l’enfantement est légitimée par le fait que la femme a péché. Le fait d’être
enceinte est valorisé mais implique un rapport sexuel qui, lui, n’est pas valorisé
par l’Eglise", explique Valérie Piette.

A partir du 18e s, la notion d’amour conjugal et de mariage est mise en valeur ;


la grossesse, le projet d’un couple dans un enfant vont prendre de l’importance.

Jusqu’au 19e s, la maternité est considérée comme la vocation naturelle de la


femme, elle est glorifiée. La grossesse structure l’identité féminine. Les
mouvements populationnistes encouragent la natalité.

À la Révolution française, les mères de citoyens vont être valorisées, mais elles
restent tenues de rester dans la sphère privée pour y accoucher et élever des
enfants. C’est leur destinée ultime. Après la Révolution, des lois médicalisent
l’accouchement et en éloignent les sages-femmes.
Les mouvements féministes sont divisés sur la question de la maternité, à une
époque où les femmes n’ont aucun droit. Certaines féministes utilisent la
maternité comme argument ultime pour pouvoir accéder à ces droits : "Je peux
voter parce que je suis une future mère". A l’inverse, d’autres mouvements
féministes vont utiliser l’argument : "La maternité n’est pas une destinée, mon
corps m’appartient et je peux décider si j’ai envie ou non d’avoir un enfant. Il y a
d’autres manières de se réaliser."

Entre 1890 et 1945, les féministes vont contribuer à la mise en place de réformes


majeures : le congé de maternité, l’assistance et l’assurance pour les femmes
qui accouchent et les mères sans ressources, les allocations familiales, le
contrôle des naissances…

La contraception pour toutes


Margaret Sanger aux Etats-Unis est une pionnière dans le planning familial,
en 1923. Dans les années 50, Katharine McCormick contribuera au
développement de la pilule contraceptive, dont l’accès se généralisera dans les
années 60, voire dans les années 70 pour la Belgique.

Actuellement la couverture contraceptive est excellente chez nous, tout comme


l’information concernant la contraception, selon Anne Delbaere. Mais suivant
l’idée "un enfant si je veux quand je veux", l’âge de la maternité recule
fortement et certaines patientes sont confrontées à une infertilité liée à l’âge,
pour lesquelles il n’existe pas encore vraiment de techniques médicales.

De la sage-femme à l’accoucheur
Jusqu’au 17e s, l’accouchement se pratique à la maison, dans la salle commune
qui est chauffée. C’est une affaire de femmes. La parturiente est assistée par
une matrone expérimentée, souvent reconnue voire institutionnalisée par
l’Eglise, puisqu’elle est autorisée à baptiser les enfants fragiles. D’autres
femmes de l’entourage participent à l’accouchement.

Jusqu’au 19e s, l’hôpital est considéré comme dangereux, voire mortel, pour les
femmes en couches. Les conditions sanitaires y sont déplorables et les risques
d’infection nombreux.
Les sages-femmes se professionnalisent vers le 16e s. Mais c’est seulement au
18e s que des écoles apparaissent.

Les accoucheurs ne sont pas bienvenus au départ, parmi ces femmes qui
bénéficient à la fois d’un savoir ancestral et de la confiance de la communauté.
Ils sont assimilés aux barbiers mais se dégageront progressivement de ce
monde pour être formés. La première école de gynécologie obstétrique est
créée au 19e s en Belgique.

Contrairement à la sage-femme, le médecin ne peut pas voir le corps de la


femme, ce qui complique l’auscultation. La position gynécologique qu’on
connaît aujourd’hui, allongée sur le dos, est instituée à ce moment-là, pour
faciliter le travail de l’accoucheur. Jusque là, on accouchait sur le côté ou à 4
pattes.

Accoucher sans douleur


Depuis toujours les femmes souffrent et ont peur de souffrir, ont recours à des
décoctions, à de l’éther et autres produits pour tenter de réduire les douleurs de
l’accouchement. Puis arrivent, au milieu du 20e s, des techniques développées
principalement au Royaume-Uni, avec Grantly Dick-Read et en URSS avec
Nikolaiev et Velvosky, deux médecins inspirés par les théories de Pavlov.
Ils vont mettre en avant l’idée de l’accouchement sans douleur. Au programme :
mieux informer la future mère, visiter au préalable la maternité, faire des
exercices, de la kinésithérapie.

"C’est plus une évolution qu’une révolution, dit Anne Delbaere, c’est l’accès à la
connaissance et à la compréhension qui permet de contrôler la douleur."

On parle aujourd’hui de la médicalisation à outrance de l’accouchement, que


certaines appellent des violences obstétricales. Il y a une volonté chez les
femmes de réhumaniser la naissance, d’être vraiment acteur de son
accouchement, de se le réapproprier, d’avoir un projet de naissance, de suivre
le rythme naturel du travail, tout en bénéficiant de la sécurité de
l’environnement hospitalier.

"Tout ce qui touche au ventre est toujours omniprésent aujourd’hui dans les
revendications féministes", souligne Valérie Piette.
Ecoutez ici la séquence complète, dans Un Jour dans l’Histoire.

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