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Dédicace
Préface
Une invitation
PARTIE I - Histoires de naissance
PARTIE II - Les essentiels de l’accouchement
Chapitre 1 - Le corps et l’esprit : une connexion
puissante
Chapitre 2 - Ce qui se passe pendant le travail
Chapitre 3 - Plaisir ou douleur : l’énigme du
ressenti
Chapitre 4 - La Loi des sphincters
Chapitre 5 - Ce qu’il faut savoir sur la grossesse
et son suivi
Chapitre 6 - La mise en route du travail
Chapitre 7 - Accoucher : permettre à la liberté de
mouvement et à la pesanteur de faciliter le travail
Chapitre 8 - La puissance oubliée du vagin versus
l’épisiotomie
Chapitre 9 - La troisième phase du travail
Chapitre 10 - Quelques jalons dans l’art d’être
sage-femme
Chapitre 11 - Ce à quoi une femme enceinte
s’attend le moins
Chapitre 12 - Accouchement vaginal après
césarienne (AVAC)
Chapitre 13 - Choisir un praticien
Chapitre 14 - Une vision de la sage-femme et de
la mère au XXIe siècle
Annexe
Glossaire
Crédits iconographiques
Notes
Biographie
MamaScope
Grossesse et accouchement
Allaitement
Soins des enfants
Du même auteur
Chez le même éditeur
Mentions légales
Ina May GASKIN
LE GUIDE
DE LA NAISSANCE
NATURELLE
Retrouver le pouvoir de son corps
MAMA EDITIONS
Aux femmes et aux médecins qui m’ont aidé
à devenir sage-femme.
PRÉFACE
Quels sont les points communs entre une mère de famille, ex-
hippie californienne, et un ex-chirurgien de la région parisienne ? Ina
May Gaskin et moi nous sommes posé la question la première fois
que l’organisatrice d’une conférence nous a demandé de nous
associer pour parler des accouchements par le siège. Nous avons
vite compris qu’entre nous les points communs étaient plus forts que
les différences.
Tout d’abord, nous avons l’un et l’autre été impliqués dans la
naissance des bébés à la suite de circonstances fortuites. En 1970,
Ina May Gaskin faisait partie d’une caravane de cent soixante-dix
hippies idéalistes qui quittèrent San Francisco et traversèrent les
États-Unis pour inventer une nouvelle façon de vivre et pour
« sauver le monde ». Ils s’arrêtèrent finalement dans une zone
pauvre du Tennessee où ils créèrent une communauté appelée The
Farm. Bien entendu, au cours de ces pérégrinations, et après
l’installation de la communauté, des femmes ont mis au monde des
bébés. C’est ainsi qu’Ina May Gaskin, qui avait une expérience de
mère, est devenue sage-femme. Quant à mon intérêt pour
l’accouchement, il s’est lui aussi développé selon des voies
inhabituelles. Ma formation chirurgicale date des années 1950,
époque où s’est répandue la technique nouvelle de césarienne qui
rendait l’opération infiniment moins risquée. La plupart des médecins
accoucheurs de l’époque, qui étaient avant tout des experts en
forceps, devaient faire appel au chirurgien pour les césariennes.
Pendant la guerre d’Algérie, au cours des années 1958-1959, les
hasards du service militaire m’ont fait pratiquer toutes sortes
d’opérations d’urgence à l’hôpital de Tizi-Ouzou, y compris des
césariennes. En 1962, parce que j’étais à l’aise avec la nouvelle
technique, je me suis occupé officieusement de la petite maternité
de l’hôpital de Pithiviers, alors qu’officiellement je prenais la seule
responsabilité du service de chirurgie. C’est ainsi que s’est développé
mon intérêt pour la physiologie de l’accouchement. Les sages-
femmes et moi avons multiplié les remises en cause des pratiques
obstétricales conventionnelles, à tel point que le nombre
d’accouchements est passé de deux cents à mille par an… Je n’avais
plus le temps d’être chirurgien.
L’autre point commun est que les années 1970 ont été pour l’un
comme pour l’autre des années charnières. Nous étions soumis,
directement ou indirectement, à des influences similaires. Dans la
baie de San Francisco aussi bien qu’en France, ce sont les années
qui ont suivi les révoltes d’étudiants. L’après Mai 1968 était une
période d’audace et de créativité où l’on agissait comme si tout était
permis. Nous étions imprégnés de mots d’ordre tels que « il est
interdit d’interdire ». Il est significatif que, sans nous connaître et
séparés par l’Atlantique, nous avons publié notre premier livre à la
même époque (Spiritual Midwifery* en 1975 et Bien Naître en 1976).
Finalement, notre point commun essentiel est le fait que, par des
chemins différents, nous sommes arrivés à des conclusions voisines
sur de nombreux sujets. C’est ce qu’ont compris les organisateurs de
conférences qui trouvent tout naturel de nous associer. C’est ce qu’a
compris Michka, l’éditrice de ce livre, qui m’a demandé de présenter
Ina May Gaskin au public français. Je le fais avec d’autant plus
d’enthousiasme qu’en France, les sages-femmes sont devenues des
« médecins à compétence limitée issus du tronc commun », et que
la redécouverte de la sage-femme authentique est particulièrement
urgente. Dans un tel contexte, la publication des propos d’Ina May
Gaskin est un évènement nécessaire.
Dr Michel Odent
Directeur du service de chirurgie
et de la maternité de l’hôpital de Pithiviers pendant vingt ans,
fondateur du Primal Health Research Centre,
auteur traduit en une vingtaine de langues.
* « La spiritualité dans l’art de la sage-femme » (N.d.T.).
Une invitation
Quelle que soit la raison qui vous ait poussé à ouvrir ce livre, je
rends hommage à votre curiosité et à votre désir d’en savoir
davantage sur l’acte majeur d’enfanter. Que ceux qui attendent un
enfant sachent que j’ai particulièrement pensé à eux en écrivant ces
pages.
Ce livre est une invitation à découvrir les véritables facultés du
corps de la femme pendant le travail et l’accouchement. Il ne s’agit
pas d’un abrégé des connaissances médicales actuelles, ou d’une
simple vulgarisation du jargon de l’obstétrique. Les rayons des
librairies regorgent de ce type d’ouvrages. Quand je parle des
véritables facultés du corps des femmes, je fais allusion à celles dont
elles font l’expérience dans leur corps, que celles-ci soient reconnues
ou non par l’autorité médicale. À mon sens, la connaissance la plus
juste du corps féminin pendant l’accouchement conjugue le meilleur
de ce que la science médicale nous a offert au cours du siècle
dernier et ce que les femmes ont toujours su découvrir quant à leurs
propres facultés, avant que la naissance se déroule à l’hôpital.
L’objet de ce livre est de vous apporter le meilleur de l’information
actuellement disponible sur les vraies facultés des femmes pendant
le travail et l’accouchement, et de vous montrer comment celles-ci
peuvent s’allier à une utilisation optimale de la technologie médicale.
Mon intention est de vous encourager et de vous informer.
Je suis sage-femme dans une communauté, aux États-Unis, depuis
plus de trente ans. Dans mon village, les femmes et les jeunes filles
n’ont pas peur de l’accouchement, ou à peine. Avec les autres sages-
femmes de ce village, nous avons assisté à la naissance de plus de
2 200 bébés, pour la plupart venus au monde à domicile ou dans
notre maison de naissance. Cette expérience m’a permis de
découvrir sur les femmes des choses que l’on ignore généralement
dans le milieu médical. Les femmes de mon village ont-elles moins
peur de l’accouchement parce qu’elles savent que nos facultés
dépassent la compréhension scientifique, ou bien parce qu’elles
savent que, en l’absence d’anxiété, ces facultés sont décuplées ?
Difficile à dire. En fait, les deux sont vrais.
Le village où je vis s’appelle The Farm. Il se trouve près de
Summertown, dans le sud du Tennessee. En 1971, avec plusieurs
centaines de personnes, mon mari et moi-même avons fondé ce
village, où nous continuons à vivre et à travailler. L’un des traits
remarquables de notre communauté est que, depuis qu’elle existe,
les hommes n’ont jamais interféré avec notre volonté, à nous les
femmes, de créer notre propre système d’accompagnement de la
naissance. En même temps, ils nous ont toujours apporté leur
soutien et leur expertise en matière de technologie, de façon à
améliorer notre système de soins et à le rendre plus accessible. Ils
n’ont jamais imposé le lieu ou la façon dont les bébés devaient
naître.
Laissez-moi clarifier mes propos au sujet de la peur et de
l’accouchement à The Farm. Je n’essaie pas de dire que les femmes
de mon village n’ont jamais connu la moindre anxiété à la
perspective d’accoucher ou qu’elles ne se sont jamais demandé si
elles étaient vraiment capables d’accomplir cet acte apparemment
irréalisable. Je pense que nous sommes nombreuses à nous être
posé la question, à un moment ou un autre. Toute femme, ou
presque, se la pose. Il est vrai que le phénomène de la naissance
n’est pas forcément une évidence pour les gens qui grandissent au
sein d’une culture civilisée – surtout celles où l’on est coupé des
animaux. Mais dans notre village, quand les femmes sont prises d’un
doute, elles peuvent se raccrocher à la certitude que leurs meilleures
amies, leurs sœurs et leurs mères en ont été capables. Cela leur
permet de croire qu’elles aussi peuvent y arriver, qu’elles aient ou
non été témoin d’une naissance. À The Farm, les femmes ont
réappris avec succès des comportements considérés comme
inhabituels chez les femmes des cultures civilisées – ces
comportements mêmes qui dépassent la compréhension médicale
classique du corps des femmes et du processus de la naissance.
Mon expérience de sage-femme m’a enseigné que le corps des
femmes fonctionne toujours. Ces lignes vous offrent l’occasion de
porter un regard neuf sur un savoir ancestral et d’élargir vos
connaissances sur la naissance. Peu importe où et comment vous
avez l’intention de mettre votre enfant au monde, votre expérience
aura des répercussions sur vos émotions, sur votre esprit, sur votre
corps et sur votre âme pour le restant de vos jours.
Les femmes de mon village1 s’attendent à accoucher par voie
basse, comme le font toutes les femmes de notre communauté, à
l’exception d’une ou deux sur cent. Certes, il nous arrive de devoir
emmener une femme à l’hôpital pour une césarienne ou une
délivrance instrumentale, mais ce type d’intervention est
relativement rare chez les femmes qui accouchent à The Farm.
(Notre taux de césariennes jusqu’en 2000 était de 1,4 % ; notre
taux d’extraction aux forceps ou à la ventouse était de 0,05 %. Le
taux de césariennes aux États-Unis s’élevait à 31,1 % en 2001 et
celui des extractions instrumentales avoisinait les 10 %.2) À The
Farm, les femmes savent que le travail peut être douloureux, mais
nombreuses sont celles qui savent aussi que le travail et
l’accouchement peuvent être extatiques – voire orgasmiques. Mais
surtout, qu’elles aient souffert ou non pendant le travail, elles ont
découvert que, dans la vie d’une femme, accoucher est un passage
qui apporte un formidable sentiment de puissance.
Si vous n’avez jamais entendu parler du travail et de
l’accouchement de manière positive, vous n’êtes pas seul dans ce
cas. L’un des secrets les mieux gardés est que l’enfantement peut
être une expérience fortifiante et extatique. Comme vous allez le
découvrir à la lecture des témoignages recueillis dans ce livre, un
accouchement extatique est source de puissance et de sagesse pour
la femme qui le vit. Même quand elles trouvent le travail douloureux,
les femmes de mon village savent que les sensations associées au
travail et à l’expulsion peuvent être rendues tolérables sans le
recours à des médicaments qui engourdissent les sens. Elles
comprennent qu’il est préférable de garder tous leurs sens en éveil si
elles veulent connaître la véritable sagesse et la puissance que
l’accouchement peut leur apporter.
Dans la première partie de ce livre, vous entendrez la voix de ces
femmes vous raconter comment elles ont mis leurs enfants au
monde. Certains témoignages appartiennent à la génération des
pionnières qui, ensemble, ont créé cette culture de la naissance dans
notre village ; d’autres nous sont livrés par leurs filles ou leurs
belles-filles, qui ont grandi dans cette culture ou y ont été exposées
par leur partenaire. Quelques-uns sont ceux de femmes nées à la
maison, elles aussi élevées dans cette culture, et qui ont accouché
avec d’autres sages-femmes indépendantes. D’autres témoignages,
enfin, viennent de femmes qui ont décidé de tirer profit de ce que
nous avions à offrir en venant accoucher dans notre maison de
naissance. Si vous êtes enceinte, ou si vous prévoyez une grossesse
dans un futur proche, vous aurez peut-être envie de lire et de relire
ces histoires de naissance, pour renforcer votre esprit en préparation
à l’accouchement.
Au moment de sa parution en 1975, Spiritual Midwifery,3 mon
premier livre, fut l’un des premiers ouvrages à traiter de l’art de la
sage-femme et de la naissance. Il s’est rapidement vendu à plus
d’un demi-million d’exemplaires et a été traduit en plusieurs langues,
me faisant connaître non seulement auprès d’une génération de
femmes enceintes et de leurs partenaires, mais également auprès
d’un nombre surprenant de médecins et professionnels de la
naissance. Dans certains pays, ce livre allait figurer au programme
des écoles de sages-femmes. Des médecins de plusieurs nationalités
m’ont confié l’avoir lu pour se remettre des aspects les plus
effrayants de leur formation en obstétrique. J’ai commencé à
rencontrer une catégorie de médecins qui se donnaient le nom de
MD (Midwife in Disguise4). Grâce à la parution de Spiritual
Midwifery,5 et des statistiques qui y étaient publiées, j’ai été invitée
dans le monde entier à partager mes conclusions et celles de mes
consœurs avec des professionnels de la naissance et des femmes de
cultures et de nationalités très diverses. Cette expérience
interculturelle m’a offert un regard élargi sur la grossesse et la
naissance et m’a permis de constater à quel point certaines
pratiques obstétriques enracinées dans divers pays ne font
qu’entraver le bon fonctionnement du corps de la femme. Mon
expérience m’a aussi enseigné que le rôle des sages-femmes est
primordial dans toute société, et combien il est important que cette
profession existe à part entière – indépendamment de l’obstétrique,
tout en étant capable de collaborer avec les obstétriciens dans les
cas relativement rares où le besoin s’en fait sentir.
Récemment, un obstétricien m’a fait la remarque suivante : « Les
deux pages les plus intéressantes de Spiritual Midwifery sont les
deux dernières. » Il faisait allusion aux pages où figurent les
statistiques sur les naissances qui ont eu lieu à The Farm. Il a
ajouté : « Il faut que vous expliquiez comment vous avez obtenu ces
résultats pour que nous, qui travaillons en milieu hospitalier,
puissions adopter vos pratiques. » La deuxième partie de ce livre
s’adresse à lui, et à tous ceux qui ont envie de comprendre pourquoi
la culture de la naissance à The Farm est couronnée d’un tel succès.
J’y décris les principes de base qui caractérisent et définissent notre
pratique, et j’explique comment ces principes peuvent être
transposés d’un accouchement à domicile à un accouchement à
l’hôpital.
Dans la deuxième partie, j’examine les raisons pour lesquelles un
tel mystère entoure le fonctionnement du corps de la femme qui
accouche et comment, à The Farm, nous avons pu lever le voile sur
une partie de ce mystère, et en retirer une connaissance pratique
valable pour toutes, ou presque, au sein de notre communauté. J’y
explique pourquoi, d’une femme à l’autre, accoucher peut être une
expérience si différente et pourquoi on rencontre tant d’avis
divergents sur ce qui constitue une pratique à risque, ou au contraire
tout à fait sûre, lors de la naissance. Il existe une explication logique
à tout ceci. Il en va de même pour la douleur ressentie pendant le
travail. J’étudie comment l’accouchement peut être vécu comme une
expérience sans douleur – voire orgasmique – et pourquoi il est
généralement vécu comme l’expérience la plus douloureuse qui soit
dans nos pays civilisés. Vous allez découvrir que l’utérus d’une
femme en travail peut tout aussi bien se fermer que s’ouvrir, et dans
quelles conditions le travail peut stagner ou même régresser. Vous
allez aussi apprendre par quels moyens pratiques vous pouvez
laisser la sexualité de la naissance travailler pour vous, et non pas
contre vous.
Cette partie offre aussi une vue d’ensemble sur les pratiques et les
soins que l’on peut rencontrer dans les hôpitaux, assortie d’un guide
qui explique lesquels sont étayés par des études scientifiques solides
et lesquels ne le sont pas.
La naissance fait tellement partie intégrante de la vie – elle est si
commune – que les choix qui s’y rapportent sont souvent livrés au
hasard. Nous avons tendance à faire comme tout le monde, partant
du principe que cela doit être ce qu’il y a de mieux. Comme nous
vivons dans une société où la technologie est omniprésente, nous
sommes portés à croire que le meilleur est ce qui coûte le plus cher.
Cela s’avère généralement vrai en ce qui concerne les téléphones
portables, les appareils photo, les voitures ou les ordinateurs. Mais
quand il s’agit de la naissance, ce n’est pas forcément le cas.
PARTIE I
Histoires de naissance
La naissance de James
16 novembre 1986
par Karen Lovell
La naissance de Harley
19 octobre 1995
par Celeste Kuklinski
De femme à femme
13 février 1992
par Mary Shelton
La naissance de Ramez
30 mai 2003
par Njeri Emanuel
La naissance de Shannah
22 mai 1985
par Mary Ann Curran
J’imagine que la chose la plus importante que j’ai comprise, c’est que l’attitude
et la manière avec lesquelles on aborde l’accouchement sont de la plus haute
importance. En d’autres termes, il est capital d’aborder chaque naissance comme
un taureau, avec toute sa force, sans peur et sans hésitation, avec la conviction
qu’on peut le faire et qu’on ne va pas y mettre de frein. C’est le moment de se
rappeler sa puissance en tant que femme, sans se laisser aller à la moindre
inhibition. Ces contractions sont des vagues de puissance, chacune rapprochant
le bébé de sa naissance. Votre bébé ressent votre force et aussi vos peurs. Les
sages-femmes m’ont tellement aidée sur ce point ; elles n’ont pas cessé de me
rappeler ma puissance.
Une fois sa tête dehors, le reste de son corps est sorti en une
poussée et voilà qu’elle était là, dans toute sa splendeur ! Bien sûr,
on a pu la prendre dans nos bras immédiatement.
J’étais comblée par des sentiments d’accomplissement,
d’émerveillement, d’excitation et de soulagement.
J’avais accompagné la naissance de Sara Jean en 1971. Ayant vécu
à The Farm pendant ses jeunes années, Sara Jean a grandi au sein
d’une culture où les femmes s’attendaient à enfanter sans
médication, dans l’intimité de leur foyer, accompagnées par des
sages-femmes qu’elles connaissaient bien. Quand elle est tombée
enceinte pour la première fois, Sara vivait dans un État où les
compagnies d’assurance ne prennent pas en charge les
accouchements à domicile. Elle a choisi d’accoucher en maternité
accompagnée d’une sage-femme indépendante.
L’histoire de Rosey
20 septembre 1994
par Rosemary Larson
La naissance de Galen
16 septembre 1972
par Anita Staengl
Le matin du jour où mon fils est né, j’ai commencé à ressentir des
sortes de crampes. Luke mon mari a patienté un peu avant d’appeler
les sages-femmes. C’était une belle journée ensoleillée, et j’ai passé
quasiment tout mon temps dehors à me promener.
Les contractions ont commencé à devenir plus fortes. J’ai perdu les
eaux. « J’ai peur », ai-je dit. Ina May s’est plantée devant moi et m’a
demandé : « De quoi ? » Je pensais que c’était évident. J’avais peur
de cette incroyable douleur en train de me foudroyer.
À la contraction suivante, j’ai compris que je me laissais aller à
m’apitoyer sur mon sort. Je me suis dit : « Non, là, je suis censée
avoir un bébé, pas penser à ma petite personne ! » J’ai commencé à
suivre les instructions d’Ina May et à prendre de grandes respirations
à chaque contraction. J’avais l’impression que j’allais me retourner
comme un gant à chaque poussée. Me redresser en position assise
m’aidait à utiliser toute l’énergie de la contraction, si bien que je ne
ressentais pas vraiment de douleur.
Galen est né après quelques poussées, une heure et demie après
que j’ai perdu les eaux. Quand il est sorti, il était d’un rouge violacé.
J’ai cru qu’un de mes organes glissait hors de moi quand il a
commencé à apparaître. Il est resté immobile, comme une statue
aztèque bleue. Nous avons tous retenu notre souffle et, tout
doucement, son corps a commencé à rosir. Une des sages-femmes
lui a nettoyé le nez et il a commencé à pleurer en serrant les poings
et en écartant les doigts tour à tour.
Il a immédiatement pris le sein.
Nous avons dormi. Le jour suivant, Luke m’a paru si beau avec ses
cheveux et sa peau dorés par le soleil. Il chantait : « C’est ainsi que
Dieu l’a créé parce que c’est ainsi qu’Il l’a voulu. »
Un parfum exquis émanait de la petite tête de Galen. Cette odeur
a persisté pendant des jours, embaumant toute notre chambre.
Depuis, j’ai entendu dire qu’un doux parfum révèle la présence des
anges. Je crois qu’ils étaient là.
La naissance de Samuel
18 juillet 1979
par Patricia Lapidus
L’histoire d’Angelika
18 juin 1991
par Angelika et Viktor Engelmann
Angelika : Cela faisait déjà quinze ans que nous étions mariés
quand je suis tombée enceinte. Ma grossesse nous a d’autant plus
surpris qu’on était ensemble depuis si longtemps sans avoir jamais
pratiqué de contraception. Sans enfant, il était facile de voyager de
par le monde dans notre camping-car. L’histoire a commencé alors
que nous étions employés dans une usine de transformation du
poisson pour quelques semaines, le temps de gagner un peu
d’argent. Un jour, nous étions en train de travailler avec une sorte de
poisson muni d’un double pénis. Des Amérindiens qui travaillaient à
l’usine lançaient des blagues parce qu’on dit chez eux que manipuler
ce poisson rend les gens fertiles. J’imagine que dans notre cas, c’est
ce qui s’est passé.
Viktor : Angelika m’a dit : « Tiens-toi debout derrière moi et tâte-
moi ces seins ! » Aucun doute, ils étaient différents. Nous avions
déjà évoqué la possibilité qu’elle soit enceinte, et nous savions que
ses règles étaient en retard. Cela lui était déjà arrivé d’avoir du
retard, mais les seins gonflés, c’est ce qui m’a convaincu. J’avais
déjà échafaudé des projets à d’autres occasions où nous avions cru
qu’Angelika était enceinte – par exemple, une fois en Crête, quand
ses règles avaient eu beaucoup de retard. Je m’étais dit qu’il faudrait
qu’on fasse une sorte de nid et qu’on se pose. Mais là, en Arizona,
alors que nous étions confrontés, cette fois-ci, à une vraie grossesse,
Angelika m’avait convaincu que nous n’aurions pas à nous poser,
qu’on pourrait avoir le bébé et continuer à voyager.
Angelika : Au début de ma grossesse, j’ai décidé que je ne voulais
pas annoncer la nouvelle à ma famille, en Allemagne. Je savais qu’il
y avait une possibilité de fausse couche à mon âge et je ne voulais
inquiéter personne. Par ailleurs, je ne voulais pas de tous les « bons
conseils » qui me seraient prodigués au passage. On nous aurait
conseillé de rentrer au pays sur-le-champ. On m’aurait énuméré tous
les dangers et toutes les difficultés d’être enceinte à l’âge de 38 ans.
Et pour couronner le tout, on nous aurait rebattu les oreilles de
l’incompatibilité de notre mode de vie avec une grossesse ou avec
un bébé.
En janvier, j’ai commencé à sentir le bébé donner des coups de
pied. À cette période, nous étions au Mexique, près de Ciudad
Valles. Nous avons commencé à rêver au futur. Je tricotais un pull
pour Viktor pendant qu’il lisait des histoires du Décaméron de
Boccace. Nous avons passé quatre semaines chez un ami, au Texas.
Là-bas, nous avons fait la connaissance d’une femme enceinte dont
le terme était un mois avant le mien.
Après un arrêt en Louisiane, dans le Mississipi et un autre en
Alabama, nous sommes arrivés à The Farm, dans le Tennessee, vers
la fin mars. Le lendemain, j’ai eu mon premier examen prénatal à la
maison de naissance. Le bébé devait naître début juin. Quel bonheur
de faire cet examen prénatal et d’apprendre que tout allait bien.
Viktor a écouté les battements de cœur du bébé. C’était un plaisir
d’être entourés par ces sages-femmes. Cela ne les inquiétait pas du
tout que j’attende mon premier bébé à 38 ans. Nous avons
commencé à avoir hâte que le bébé naisse. Après encore quelques
semaines passées à voyager, Viktor et moi avons décidé de retourner
à The Farm pour la naissance.
À minuit, six jours après mon terme, j’ai commencé à avoir des
contractions, à trente minutes d’intervalle. Puis l’intervalle s’est
raccourci. Viktor a appelé Pamela vers 5 h. Elle est arrivée,
accompagnée d’Ina May, peu de temps après notre coup de fil. Elles
ont constaté que mon col n’était qu’à un centimètre de dilatation et
que les contractions semblaient s’estomper. On devrait profiter plus
souvent de l’atmosphère qui règne à l’aube, quand les oiseaux
chantent et que la première lumière apparaît. Je me suis dit qu’à
l’avenir, j’allais probablement en profiter plus souvent que je ne le
souhaiterais. Je me sentais bien, d’autant mieux que je n’avais plus
de contractions depuis un moment.
J’en ai eu par intermittence tout au long de la journée, mais elles
n’étaient pas encore très fortes. Cette nuit-là, je n’ai pas fermé l’œil.
Entre rester allongée sur le lit, m’asseoir dans la chaise à bascule et
aller aux toilettes, je me vidais. J’étais heureuse d’avoir un temps de
repos après chaque contraction pour me détendre et imaginer de
quelle manière j’allais gérer la suivante. Je me sentais désolée pour
Viktor parce qu’il n’avait pas fermé l’œil non plus et qu’il fallait qu’il
se réveille pour chaque contraction. Il a mis un oreiller et un sac de
couchage dans la chaise à bascule et m’a massé le dos. Malgré le
petit somme que nous avions fait dans la matinée, nous étions assez
épuisés. Le lendemain matin, j’étais trop fatiguée pour tirer
réellement profit des conseils que Pamela me donnait. Ça m’a fait un
peu peur quand elle a parlé de femmes qui se fatiguent tant qu’elles
finissent par aller à l’hôpital. Viktor et moi n’avions pas trop le moral
à ce moment-là. Quand Pamela m’a examinée, mon col n’avait pas
vraiment bougé. Je savais qu’il fallait que je change d’attitude, que
je me lâche.
Comme mon col n’avait pas encore commencé à s’ouvrir, les
sages-femmes nous ont laissés seuls, toute la journée. Je n’ai pas
perdu mon temps à regarder l’horloge. Mes contractions
continuaient, de toute façon, et j’étais contente de me retrouver
seule avec Viktor. L’atmosphère agréable, une courte visite d’Ina
May, et même la partie de Scrabble, furent un plaisir. Viktor était
distrait pendant la partie ; il dit que c’est pour ça que j’ai gagné.
Deux jours ont passé. J’avais le sentiment que l’évènement se
rapprochait, mais je n’arrivais pas à imaginer comment ça allait se
passer. J’étais tellement contente que Viktor soit avec moi, qu’il ne
perde pas patience à force d’attendre l’arrivée du bébé. Il m’a
bichonnée et fait savoir qu’il m’aimait. Dans l’après-midi, j’ai tricoté
un moment, et je me suis demandé si le bébé allait être en bonne
santé. J’en étais arrivée à cette réflexion parce que je pensais que
ma poche des eaux s’était peut-être fissurée. Pamela a fait un test
pour voir si c’était le cas. Mais non. Je me suis demandé combien de
femmes faisaient ce test parmi celles qui s’apprêtaient à accoucher à
la maison, et quelle était la procédure habituelle quand une femme
de plus de 35 ans pense être en travail depuis plus de deux jours
déjà. J’étais très heureuse qu’une fois de plus nous soyons au bon
endroit au bon moment. Je ne pouvais pas imaginer de lieu plus
agréable que la forêt, avec les oiseaux qui chantaient et les chiens
qui passaient nous rendre visite chaque soir, pressentant que
quelque chose de spécial se préparait. Nous avons même eu la visite
d’un cerf sur notre porche. Comme tout ici était tellement naturel,
mes peurs que le bébé soit anormal se sont très vite évanouies et
j’ai commencé à croire en la prophétie selon laquelle j’allais bientôt
avoir un beau bébé en bonne santé. Mais je me demandais quand
allait être ce « bientôt ».
Ina May : J’ai rendu visite à Angelika et Viktor plusieurs fois au
cours des quelques jours où nous attendions que son travail
s’intensifie. À un moment, elle m’a confié qu’ils se disputaient
rarement, mais qu’ils se querellaient presque systématiquement
après une partie de Scrabble. « Comment se fait-il qu’une partie de
Scrabble provoque une dispute ? », ai-je demandé, surprise.
Ocarina mexicain.
La naissance d’Evan
24 janvier 1998
par Diana Janopaul
« C’est un nez ! »
22 décembre 1982
par Valerie Gramm
Mardi soir était un soir de pleine lune. J’avais du mal à croire que
j’avais des contractions alors j’ai commencé par m’assurer qu’elles
persistaient. Je n’en ai pas parlé à ceux qui séjournaient dans le
chalet de naissance avec nous. Peu après, j’ai commencé à chanter
pendant les contractions tandis que Kirk (notre ami) et Tom mon
mari ont commencé à les chronométrer. Comme elles se
rapprochaient, Tom a appelé Ina May et nous avons rapidement
changé de lit. Kirk est allé s’installer à l’étage avec Jojo, notre fils, et
Tom et moi avons pris nos quartiers dans le lit du rez-de-chaussée
pour accoucher.
Je me souviens d’avoir regardé l’heure. Il était presque minuit et
les choses prenaient tournure rapidement. Quand Ina May est
arrivée, elle m’a examinée et j’étais à sept centimètres de dilatation.
Pendant les contractions, je psalmodiais, à gorge déployée, une
vocalise libératoire « Ommmm, Ommmm ». Deborah a suggéré que
je prenne une grande inspiration et que je « souffle des
framboises » entre mes lèvres. Ina May a ajouté que c’était une
bonne idée parce qu’il était impossible que mon col demeure
contracté pendant que je soufflais ainsi. (Ina May : Voir au chapitre
4 l’explication que je donne à ce sujet.) C’était bon à savoir et Tom
et moi l’avons fait. Après, je me suis reposée pendant un moment.
J’avais l’impression d’être plus détendue à ce stade qu’auparavant.
Et puis les contractions ont commencé à devenir plus fortes et
Deborah a suggéré que je plonge mon regard dans celui de
quelqu’un d’autre. Je me suis souvenue d’avoir lu un témoignage qui
en parlait dans Spiritual Midwifery21 et j’étais contente d’essayer de
plonger mon regard dans celui de Deborah. Il semblait me donner la
force nécessaire pendant la contraction. À la fin de la contraction, je
me connectais à Tom de nouveau.
Vers 6 h, j’ai commencé à perdre mon calme. Je n’arrivais plus à
rester tranquille pendant les contractions. J’ai commencé à vomir et
elles m’ont toutes dit que c’était bon signe parce que cela voulait
dire que je me préparais à avoir mon bébé. « Vous ne m’aurez pas.
C’est mon corps qui réagit avec violence à la douleur ! », ai-je
répondu. J’ai voulu prendre une douche, mais je savais que c’était
pour fuir.
Sous la douche, les contractions étaient vraiment fortes et
rapprochées. Ce passage a été le plus difficile pour moi. Je n’avais
pas de temps de repos, ce que je souhaitais plus que tout. Je
chantais de plus en plus fort. Je n’arrêtais pas d’espérer que
quelqu’un me vienne en aide, ce que Deborah a fait. Elle est entrée
dans la salle de bains et s’est tenue près de la cabine de douche,
aspergée par l’eau tandis qu’elle me parlait. Elle me disait que mon
travail n’avait pas été vraiment long et je savais de quoi elle parlait
vu que pour la naissance de Joey, il avait duré longtemps. J’ai réalisé
que mon travail se déroulait à merveille et que tout allait
magnifiquement bien. J’avais songé à aller à l’hôpital pour qu’ils me
donnent une potion magique qui ferait partir la douleur. Je me suis
demandée si cette envie ne me venait pas de la césarienne que
j’avais eue. Pendant un instant, j’avais oublié qu’à l’hôpital, ils vous
enlèvent la douleur certes, mais toutes les sensations et le bébé
avec. Deborah m’a dit que tout ce que j’avais à faire, c’était de
décider ce que je voulais et que le reste suivrait.
Je l’ai écoutée un moment puis je lui ai demandé d’appeler Tom.
Je savais que je pouvais plaider auprès de Tom et qu’il m’aiderait à
prendre la bonne décision. Il est entré et il m’a dit qu’il savait que je
pouvais y arriver et qu’aller à l’hôpital n’était pas vraiment ce dont
j’avais envie. Il a ajouté que les sages-femmes disaient que je m’en
sortais à merveille ce qui, indéniablement, était plus encourageant
que ce que les sages-femmes avaient dit pour la naissance de Joey.
Je suis sortie de la douche et j’ai essayé de plus belle. Je ne m’en
suis pas si bien sortie pour la première contraction. À ce moment-là,
Pamela est entrée et m’a raconté son premier accouchement. C’était
réconfortant de l’écouter raconter son expérience. Après elle m’a
rappelé l’histoire de The Little Engine That Could.22 Elle ignorait que
je venais précisément de lire cette histoire à Joey la veille au soir.
C’est l’une de ses préférées. J’ai commencé à répéter : « Je crois
que je peux le faire. » Puis :« Je sais que je peux le faire. »
(Ina May : Juste après que Suzi eut commencé à dire : « Je crois
que je peux le faire », ses mots ont été accompagnés d’un effort
expulsif assorti d’un grondement alors que la tête du bébé passait le
col de l’utérus. C’était assez spectaculaire.)
Après deux contractions, Tom et moi étions suffisamment
détendus pour nous embrasser. Nos baisers étaient si délicieux que
je ne les oublierai jamais et qu’ils resteront une source d’inspiration
jusqu’à la fin de mes jours.
Ensuite, j’ai commencé à pousser. Ce n’était pas un effort
volontaire. Mon corps a pris le dessus. L’effort de poussée rendait les
contractions bien plus supportables.
Le bébé a commencé à sortir et c’était comme si tous mes besoins
étaient satisfaits tandis que je flottais à la dérive dans un cocon
douillet. Les sages-femmes me répétaient qu’elles voyaient une tête
foncée. Je voulais en voir et en savoir davantage. Deux ou trois
poussées de plus et Tom me montrait la tête du bébé dans le miroir.
J’avais l’impression d’être une jument. J’ai commencé à avoir une
sensation de brûlure et Ina May a mis une giclée d’huile sur mon
périnée, ce qui m’a soulagée un peu. Quand la tête du bébé a
commencé à pousser contre mon périnée, je n’étais pas très sûre de
vouloir qu’il sorte mais, de toute façon, il sortait. D’abord une tête,
suivie des épaules et le voilà qui était sur mon ventre ! Oh, merci !
Je n’ai eu ni épisiotomie ni déchirure, j’ai eu mon accouchement
vaginal après césarienne et mon fils avec une naissance parfaite.
C’était l’extase.
La naissance de Felicia
le 21 novembre 1973
par Susan Levinson
La naissance de Jake
le 31 mai 1989
par Lorrell Friend
La naissance de Joel
le 6 juillet 1973
par Kathleen Rosemary
La magie de la vie
le 13 mars 1990
par Tazio Qubeck
Ma belle-mère Nancy est médecin. Elle travaillait trois à quatre
jours par semaine quand elle était enceinte de mon frère. Elle avait
deux heures de trajet entre chez nous, à Waynesboro, et son travail.
Dans la famille, nous avions mis en place un roulement pour que
mon père ou moi l’accompagnions en voiture à son travail, vu qu’elle
était beaucoup trop enceinte pour être au volant. À une semaine de
la date qu’elle s’était fixée comme début de congé maternité, ce
rythme effréné commençait à nous user.
C’était mon tour d’accompagner Nancy à Nashville et je me
demandais ce qui se passerait si son travail se déclenchait alors que
j’étais avec elle. S’il démarrait, il était prévu qu’elle me bipe pour que
je la conduise jusqu’à chez nous, car elle voulait accoucher à la
maison. Par hasard, notre trajet tombait un jour de pleine lune et je
me disais que cela allait peut-être avoir une influence sur le
déclenchement de son travail. J’avais le pressentiment qu’un
évènement de taille nous attendait. Par chance, nous sommes
rentrées à la maison sans encombre et tout semblait paisible.
Steve mon père et Theron mon frère ont allumé les lampes à
pétrole et ont préparé un bon repas de truites et de poissons-chats,
fruits de leur pêche du jour. L’atmosphère était très agréable et
détendue, rehaussée par la lueur toujours magique de la pleine lune
qui filtrait à travers les fenêtres. Enfin, je me sentais à l’abri du
risque de devoir gérer l’accouchement de ma belle-mère. Sur le
chemin du retour, Nancy m’avait dit que chaque cahot de la voiture
lui déclenchait une contraction. Pourtant, en m’endormant ce soir-là,
la naissance était la dernière chose à laquelle j’aurais pensé.
À 6 h, j’ai été tirée d’un profond sommeil par des bruits de remue-
ménage qui venaient du rez-de-chaussée. Ma tante et ma cousine
s’empressaient et j’ai entendu quelqu’un parler des « sages-femmes
de The Farm ». J’ai tout de suite compris ce qui se passait. Le travail
de ma belle-mère démarrait avec trois semaines d’avance. Pendant
au moins cinq minutes, je suis restée au lit à essayer de me faire à
l’idée de cette nouvelle réalité. Je n’avais pas encore accepté l’idée
qu’un bébé allait vivre avec nous dans cette maison, encore moins
que j’allais le voir naître. Quand je suis descendue, tout était comme
dans un rêve et j’ai été absorbée par les préparatifs de la naissance.
Avant même que je m’en aperçoive, Nancy était sur son lit, prête à
accoucher.
Même si j’étais un peu nerveuse à l’idée d’assister pour la première
fois à un accouchement, je savais que j’allais apprécier l’expérience.
Ma mission était de prendre des photos, j’étais donc aux premières
loges. Dans un premier temps, j’ai eu du mal à me plonger dans
l’atmosphère de la naissance et je me suis sentie mal à l’aise mais,
petit à petit, ce sentiment est passé. J’ai commencé à me détendre
et à me sentir plus à l’aise derrière l’objectif. Tout semblait se passer
en douceur et je voyais le ventre de Nancy se métamorphoser sous
mes yeux. Le bébé était quasiment prêt à sortir.
C’est alors que j’ai vécu l’une des expériences les plus incroyables
de ma vie. Je me tenais au pied du lit quand la poche des eaux s’est
rompue et m’a trempée de la taille aux pieds. Vous parlez d’un
choc ! J’étais tellement surprise sur le coup que, pendant un instant,
je n’ai pas su quoi faire. La sensation d’un liquide corporel chaud,
répandu sur moi, aurait pu me donner la nausée, j’imagine, mais ça
ne m’a pas vraiment gênée. Je me suis changée en un éclair et je
suis revenue voir la suite de la naissance.
Je ne pense pas que beaucoup de gens se sont retrouvés trempés
suite à une rupture de poche des eaux, mais je ne crois pas que ce
soit la raison pour laquelle cette expérience a été si importante pour
moi. J’ai le sentiment que l’énergie qui unit les parents à leur enfant
m’a touchée, donnant un aspect spirituel à notre trio, Nancy, le bébé
et moi. Le temps d’un instant, j’ai été prise par la magie de la vie et
je baigne encore dans l’euphorie trois jours après. Une des
personnes présentes à la naissance a comparé le fait d’être trempée
par la rupture de la poche des eaux à un baptême, et c’est vrai que
c’est tout à fait comparable. Assister à une naissance est une
expérience tout à fait magique. Cela apporte un éclairage
merveilleux et très réaliste sur la vie. Cette expérience inhabituelle
m’a stupéfaite et a créé un souvenir sur lequel je peux toujours
revenir pour me remémorer l’intense énergie de vie que j’ai
ressentie. Je ne suis pas tout à fait sûre de savoir comment cela
m’affectera mais, pour l’heure, je suis reconnaissante du fait que
mon frère soit en bonne santé et que les liens qui unissent notre
famille se soient resserrés.
En 1974, dans le premier livre publié par notre communauté : Hey,
Beatnik ! This Is The Farm Book25, nous autres sages-femmes
proposions aux femmes qui envisageaient de se faire avorter de
venir accoucher à The Farm si elles étaient tentées par une
alternative qui comprenait des soins gratuits et l’opportunité, au
choix, de garder le bébé ou de le confier à des parents adoptifs. Je
n’avais pas le sentiment que l’avortement devrait être illégal, mais
j’avais l’impression que certaines femmes se tourneraient plus
volontiers vers une autre solution, si elle existait. Près de trois cents
femmes ont répondu à notre offre au cours des années où nous
avons été en mesure de la faire, parmi lesquelles un certain nombre
n’envisageait pas l’avortement, mais avait besoin d’un soutien
financier et/ou émotionnel. Rita, qui raconte son histoire ici, est l’une
d’entre elles.
La naissance de Harry
le 2 août 1976
par Rita Winningham
J’ai appelé The Farm en 1974 pour demander à l’une des sages-
femmes si je pouvais venir y accoucher de mon bébé. Presque
immédiatement, Mary Louise, de sa douce voix, m’a répondu oui. Il
n’a pas fallu me le dire deux fois. J’étais là, à New York, avec le
sentiment d’avoir été séduite et abandonnée. La moindre chanson
avec un refrain du genre « Il est parti et m’a quittée » me faisait
fondre en larmes. L’autre version de l’histoire devait être que j’étais
tout bonnement trop crédule.
Des amis qui m’ont vu broyer du noir, ne sachant ni où aller ni que
faire pour accoucher du bébé, m’ont parlé de The Farm. D’après la
description qu’ils m’en faisaient, j’avais l’impression que mes prières
avaient été entendues. Il ne m’a pas fallu longtemps pour me
débarrasser de mes robes en soie et de mes talons hauts, rendre les
livres en retard à la bibliothèque et donner mes chats. Une amie m’a
accompagnée en voiture jusque dans le Tennessee.
Soudain, nous étions en pleine campagne – la campagne
profonde. Ici, pas de Greenwich Village,26 de trottoirs ou de gratte-
ciel. Rien que des arbres et des champs. J’ai vite été invitée à passer
de l’accueil à une maison de taille modeste (pour The Farm, à
l’époque) connue sous le nom de The Hutch. Elle abritait trois
couples, sept jeunes enfants et une mère célibataire. Ils étaient tous
marrants et amicaux, honnêtes, espiègles et pleins de sagesse. J’ai
passé les premières semaines à apprendre comment faire des petits
pains, des biscuits et du pain de maïs, sans parler des tortillas.
Mais le principal, c’est que je suis allée à la maison de naissance
de The Farm, en consultation avec les sages-femmes. J’étais trop
ignorante sur l’état dans lequel je me trouvais pour avoir ne serait-ce
qu’un peu d’appréhension à l’idée d’accoucher. Je n’avais pas
vraiment prêté oreille aux histoires qui racontaient que c’était
douloureux. J’acceptais totalement l’approche de The Farm qui
concevait l’accouchement comme un rite de passage dont les
femmes ressortaient plus fortes. Cela avait du sens pour moi. En
toute franchise, les sages-femmes m’ont regardée sans ciller et
m’ont annoncé que, de ma vie, je n’avais jamais rien connu de plus
difficile et que je ne pouvais plus faire marche arrière. Ce n’était pas
un problème. J’étais là pour ça.
Je me suis forgée une idée de ce qui allait se passer pendant
l’accouchement en lisant les témoignages de naissances recueillis
dans Spiritual Midwifery.27 J’ai été particulièrement émue par les
histoires dans lesquelles un compagnon égoïste et sans égard pour
sa femme se transformait en un mari aimant en la voyant accoucher.
Cela peut paraître naïf, mais j’ai envoyé un exemplaire du livre à
mon amant aux abonnés absents dans l’espoir de le métamorphoser
en prince au cœur sensible. En vain. Toutefois, les témoignages
émouvants de femmes fortes et braves étaient stimulant.
Les gens avec qui je vivais se sont montrés d’une gentillesse et
d’une patience infinies. Ce que j’ai profondément apprécié, c’est que
les femmes mariées me laissent le loisir de bavarder avec leur mari.
Pas pour draguer, pas pour leur voler quoi que ce soit, mais
simplement parce qu’ils m’offraient la compagnie et l’attention
masculines dont une femme comme moi a besoin. Je me disais à
l’époque, et je le sais maintenant, que c’était incroyablement
généreux de leur part.
Un dimanche après-midi au début du mois d’août, après la grande
promenade que j’ai faite avec l’un des enfants pour aller chercher de
la nourriture pour chat, Susan, une sage-femme pleine de
perspicacité, m’a annoncé que mon heure était arrivée. La dilatation
avait commencé, mais n’était pas très avancée et Susan et Mary
Louise ont décidé que je pouvais prendre un bain. C’est pendant que
je paressais dans mon bain que le moment de vérité est arrivé. J’ai
commencé à avoir mal – rien de pire que de fortes douleurs
d’aérophagie – mais ce n’était pas facile. Je me suis dit : « Elles ne
t’ont pas laissé venir ici et ne t’ont pas donné tout ce soja à manger
pour que tu leur tapes une crise maintenant. Alors, prends ton
courage à deux mains. » Et c’est ce que j’ai fait.
C’est à ce moment-là que j’ai reçu un coup de fil de deux amis de
New York. Ils m’ont donné leur bénédiction, ce qui m’a beaucoup
aidée. Ensuite, on m’a accompagnée jusqu’au lit où j’allais
accoucher. La lumière était tamisée et l’ambiance paisible dans la
petite mezzanine. Quatre femmes fortes et bienveillantes étaient là,
à mes côtés. Elles m’encourageaient, riaient avec douceur et me
taquinaient. Mary Louise a dit les paroles magiques qui ont fait toute
la différence pour moi pendant le travail : « Tu es si bonne avec ce
bébé. »
Elle voulait dire qu’une attitude raisonnablement calme concourrait
à une naissance plus facile mais, avec ces mots, elle a effacé une
bonne partie des doutes et des inquiétudes que peut ressentir une
mère célibataire.
Je voguais au gré de la houle des contractions. Entre deux vagues,
je profitais de la pause pour m’assoupir quelques secondes et,
pendant ces instants furtifs, j’ai pu travailler sur les nombreux
sentiments d’attachement que je ressentais envers le père du bébé.
J’ai fini par atteindre un stade où je me suis sentie détachée de tout
ce que j’avais connu, en train de tourbillonner dans le cosmos. J’ai
demandé : « Quand est-ce que je vais arriver au moment où je suis
censée vomir et me fâcher ? » – qui est la description qu’on m’avait
faite de la phase de transition. Les sages-femmes ont ri et ont dit :
« Tu y es, là. »
Puis est arrivé le moment du vrai labeur – pousser. D’ordinaire, les
mots ne me manquent pas, mais là, je me suis retrouvée en train de
grogner : « Moi pas parler, moi pousser. » Grâce à l’usage généreux
d’huile et à un massage habile, Mary Louise m’a facilité le travail. Je
n’arrêtais pas de penser : « C’est elle qui fait tout le boulot. » Et
puis, Harry, mon garçon, mon ange, est venu au monde doucement,
lentement, gracieusement. Accueilli avec enthousiasme, il a porté
son regard bien alerte et conscient sur le monde qui l’entourait. Je
savourais toute cette approbation. Vu que je m’étais montrée sous
un jour si nerveux depuis mon arrivée en terre inconnue, au milieu
des bois, mes colocataires s’attendaient vraiment à ce que je flippe
et à ce que je fasse crise sur crise pendant l’accouchement. Ils
étaient donc épatés de me découvrir sous les traits d’une accouchée
si sereine. Avec le soutien de tant d’amour et d’affection
bienveillante, je ne pouvais pas me permettre d’être autrement.
Je suis convaincue que grâce à toute la bonté et la cordialité qui
m’ont soutenue et nourrie pendant tout ce temps, mon garçon,
Harry, a pu naître dans un véritable état de grâce. Cela a forgé son
caractère dès le premier instant. Je suis si reconnaissante envers cet
esprit communautaire.
La naissance de Mulci
le 13 octobre 1974
par Jeanne Madrid
La naissance de Robin
le 24 juillet 1983
par Susy Jenkins Viavant
L’histoire de Lois
le 7 mai 1977
par Lois Stephens
Je mets, au moins en grande partie, le fait d’avoir eu des
accouchements rapides et faciles sur le compte des séances de
visualisation que j’ai faites quotidiennement pendant ma grossesse.
Chaque soir, au moment de m’endormir, surtout pendant le troisième
trimestre, je me représentais les changements que mon corps aurait
besoin de faire pour que mon col de l’utérus s’ouvre. (J’étais plutôt
bien informée sur le processus physiologique de la naissance.)
Allongée au lit, je m’imaginais en travail, en train d’encourager les
sensations et d’accueillir le processus d’ouverture. Je visualisais la
tête du bébé en train d’appuyer sur le col de l’utérus qui s’ouvrait
régulièrement. Comme à l’époque où je vivais à The Farm j’avais
découvert le pouvoir des mots, je savais que pendant le travail, il me
serait possible de dire « tout ce que je veux, c’est m’ouvrir » ou bien
« j’accepte cette sensation », et que l’affirmation formulée pouvait
se réaliser.
J’étais incroyablement chanceuse d’avoir vécu à The Farm pendant
les années où tant de bébés y naissaient et d’avoir été l’amie de
toutes ces femmes qui glorifiaient leur accouchement. C’était la
seule réalité que je connaissais. Je n’ai pas eu à faire le tri dans les
messages subliminaux empreints de confusion et de fantasmes que
les médias, la famille, les amis et les autres véhiculent de nos jours.
Je n’ai jamais ressenti de peur à l’égard de l’accouchement à
domicile, mais à l’égard de l’accouchement à l’hôpital par contre, si.
J’éprouvais une confiance sans réserve envers nos sages-femmes.
C’est très important d’avoir confiance en sa sage-femme ou son
praticien. D’ailleurs, il est essentiel que seules soient présentes à
l’accouchement des personnes que l’on connaît et en qui l’on a
confiance et, inversement, d’éviter d’être en contact avec des
personnes que l’on ne connaît pas ou en qui l’on n’a pas confiance.
Quand mon travail a commencé, les contractions arrivaient, l’une
après l’autre, comme des vagues. Elles prenaient de plus en plus de
force et finissaient par culminer, puis elles s’estompaient doucement
avant de revenir progressivement. Je n’arrêtais pas de me dire des
trucs du genre : « Je veux que ça devienne plus fort. C’est pour mon
bébé. Je veux m’ouvrir. » Aussitôt que j’avais intégré un degré, ça
devenait plus fort. Dans la foulée, je devais repousser mes limites
pour intégrer la contraction suivante. Il ne fallait pas que je décroche
un instant.
Comme je n’étais qu’à trois centimètres de dilatation, Mary est
partie pour passer un peu de temps avec son mari et m’a dit qu’elle
allait revenir plus tard. L’une des sages-femmes assistante est restée
avec moi. Quand elle m’a examinée à nouveau, j’étais passée de
trois à sept centimètres de dilatation et nous avons appelé Mary sur-
le-champ. Cela a mobilisé toute mon attention d’intégrer les
contractions en respirant aussi doucement et profondément que
possible. Quand j’y arrivais vraiment, elles ne me faisaient pas mal.
Elles étaient puissantes et pures.
Mary n’a pas tardé à être de retour. Elle m’a dit que je devrais
laisser Thomas me toucher davantage. Elle avait remarqué que
j’étais irritable à son égard dans ce domaine. J’ai dit « Ouais » et
tout le monde a ri. J’étais reconnaissante que ces belles femmes
m’aident à traverser cette expérience remarquable.
À un moment donné, Mary a dit : « C’est la partie la plus
costaud » et je me suis dit que si c’était ça le plus difficile, je pouvais
le faire. J’ai commencé à avoir envie de pousser avant d’être arrivée
à dilatation complète. Je me suis penchée en avant. Peu après, j’ai
senti la tête du bébé s’engager dans le canal de naissance. Mon
corps a tout simplement pris le dessus quand j’ai commencé à
pousser et j’ai adoré ça ! En poussant, de puissants grognements
graves sont sortis de ma gorge. Je n’ai même pas fait ces bruits de
manière intentionnelle. Il n’a pas fallu longtemps pour que les sages-
femmes voient sa tête poindre. Il est sorti doucement avec la
bouche grande ouverte. Je l’ai bien regardé. Après que Mary eut
vérifié qu’il n’avait pas de tour de cordon, j’ai juste poussé un coup
et il a glissé tout entier. J’avais une telle hâte de le tenir. Et voilà qu’il
était sur mon ventre. J’ai posé mes mains sur lui et un flot d’amour
nous a inondés. Je l’ai regardé et il a souri. Je me sentais chanceuse
et plus heureuse que jamais.
Sortir du désespoir
32
par Charmaine O’Leary
De passage
La plupart des gens qui sont venus d’un autre État pour accoucher
à The Farm s’étaient, à l’origine, organisés pour accoucher plus près
de chez eux. Le fait que des personnes sensées et bien informées
fassent le choix d’un tel revirement dans leurs projets en cours de
grossesse révèle que l’on n’offre toujours pas aux femmes un large
éventail de choix en matière d’accouchement. Les témoignages
suivants ont été écrits par celles et ceux qui, pour diverses raisons,
ont pensé qu’il valait la peine de faire le déplacement jusqu’à un lieu
de naissance où ils se sentaient en sécurité.
Notre règle d’or pour accompagner l’accouchement d’une femme
est de la laisser choisir comment accoucher. En tant que sages-
femmes, nous n’avons pas de position que nous préférons que la
mère adopte pendant le travail ou l’expulsion. De temps à autre, il
arrive qu’une mère choisisse une position qui n’avantage pas la
progression du travail et alors seulement, nous lui en suggérons une
autre pour que son travail continue à progresser avant qu’elle
n’arrive à épuisement.
La naissance de Sebastian
le 12 juillet 1986
par Ellen Coss
Je me rappelle m’être réveillée avec la sensation de dériver sur les
flots. J’ai jeté un œil sur le réveil : 4 h 15 et une autre vague a
déferlé. Cinq minutes plus tard, la sensation a culminé et, d’un coup,
j’ai compris que mon travail avait enfin commencé.
J’ai réveillé Tom et j’ai appelé Deborah, en essayant de rassembler
mes esprits à toute vitesse. La seule chose à laquelle je pouvais
penser, c’était à ce bébé que j’allais bientôt rencontrer. Deborah est
arrivée et m’a conseillé de continuer mes activités. Tom et moi
sommes allés nous promener jusqu’à la baignade, nous avons joué
un peu au basket et nous avons essayé de ne pas trop nous
emballer à l’idée que je sois en début de travail.
Le soir venu, mon travail continuait à plein régime. Je continuais à
marcher, mais j’avais le pas lourd maintenant. J’arpentais
furieusement la pièce avant de m’appuyer lourdement sur Tom ou de
me jeter la tête la première sur le canapé.
Vers minuit, Deborah est partie chercher quelques affaires et Tom
s’est endormi. Livrée à moi-même, j’ai fait les cent pas et j’ai fini par
me diriger vers la baignoire où je me suis assise en faisant couler de
l’eau chaude sur mon corps. Quand Deborah est revenue, je suis
allée sur le lit et elle m’a massé le dos, ce qui m’a relaxée au point
de me plonger dans un demi-sommeil.
Peu après, j’étais de retour dans la baignoire et Deborah veillait
sur moi. J’étais tellement crevée qu’elle avait peur que je m’endorme
dans le bain. Finalement, je me suis sentie suffisamment calme pour
pouvoir essayer de dormir encore. Armée d’un coussin chauffant
pour mon dos, je suis donc retournée me coucher, pour dormir bien
sûr.
Vers 3 h, j’ai perdu les eaux. J’étais si stupéfaite par le flot qui
s’écoulait que je me suis mise à danser. Plus surprenante encore
était la force de mon travail après la rupture de la poche des eaux.
Mon premier réflexe a été de me recroqueviller sur le lit, le visage
enfoui dans les oreillers. Deborah, elle, avait d’autres projets. Elle
m’a envoyée arpenter les couloirs, avec, pour seules pauses, les
encouragements et les massages qu’elle et Tom me prodiguaient. À
peu près à ce moment-là, Joanne a fait son apparition pour relayer
Deborah. Elle et Tom ont essayé de ne pas me laisser sombrer dans
la folie pendant que je hurlais, que je grognais et que je marchais.
Arrivée à huit centimètres et demi, je voulais pousser. Joanne m’a
dit que mon col était enflé et qu’il ne fallait pas que je pousse avant
son signal. Deborah s’est réveillée à ce moment-là et a pris la relève.
Ina May est aussi arrivée et m’a redonné des forces. Elles m’ont
toutes dit de garder le visage détendu, les yeux ouverts et, pendant
les moments les plus intenses, de faire vibrer mes lèvres quand
j’expirais. J’avais l’impression d’être un chameau, mais le truc
fonctionnait. Pendant que je les regardais dans les yeux, nous
respirions calmement de concert et l’inconfort s’évanouissait. Elles
m’ont toutes donné beaucoup de courage.
Puis est arrivé le moment de pousser. Quelle sensation
merveilleuse ! J’étais tellement contente d’avoir quelque chose à
faire. J’ai tourné comme une folle pendant quelques instants avant
de finir par m’accroupir auprès du lit. Au bout de deux ou trois
bonnes poussées, j’ai bondi sur le lit. J’avais l’impression que j’allais
me fendre en deux, mais bizarrement ça n’avait pas d’importance.
Tout ce qui comptait, c’était de faire sortir ce bébé.
En regardant dans un miroir, j’ai vu une petite bosse violacée faire
son apparition et se transformer en une énorme tête, toute couverte
de cheveux noirs. Les épaules du bébé sont sorties en même temps
au lieu de l’une après l’autre mais, vu la position dans laquelle j’étais
(à quatre pattes), il n’est pas resté coincé. Tout à coup, le bébé tout
entier a glissé hors de moi – un garçon en bonne santé, indemne.
D’une manière ou d’une autre, elles se sont occupées de moi, le
bébé dans les bras. J’ai cherché quelque chose de magistral à dire,
mais les mots ne sont pas venus, juste une joie indicible, du genre à
embraser mon âme d’amour pour notre fils : Sebastian.
Un moment miraculeux
le 23 décembre 1986
par Rebecca Salonsky
Quand j’ai découvert que j’étais enceinte, je suis allée consulter
mon gynécologue. J’étais tout excitée et j’avais un tas de questions
à propos de la naissance. Je voulais connaître le pourcentage
d’épisiotomies et de césariennes qu’il avait pratiquées. Il ne l’avait
pas sous la main, mais j’ai insisté pour qu’il me donne une
estimation de tête. Avec un taux de 66 % de césariennes et 80 %
d’épisiotomies, je me sentais comme un poulet affolé avant
l’abattage. Naturellement, j’ai commencé à chercher une alternative.
Après deux ou trois visites à The Farm, j’accordais à mes sages-
femmes et à l’accouchement physiologique toute la confiance dont
j’avais besoin. Elles me témoignaient un intérêt véritable et je me
souvenais de la façon dont l’obstétricien s’était montré lassé par mon
enthousiasme et offensé par mes questions au sujet de sa pratique.
Cependant, au cours de mon septième mois, je suis allée rendre
visite à ma sœur qui travaille avec un gynécologue. Elle m’a
demandé si je pouvais venir faire une échographie pour qu’elle et ma
mère puissent connaître le sexe du bébé. Il était clair que je ne
voulais pas le savoir, mais j’étais d’accord pour faire l’échographie à
condition qu’elles gardent le secret. Finalement, il leur a été
impossible de déterminer le sexe du bébé. Il était en siège et il était
très gros, telle était leur conclusion. Ma famille a commencé à
paniquer.
De retour dans le Tennessee, Joanne m’a dit avec sérénité :
« Nous allons t’indiquer des postures pour aider le bébé à se
retourner. Si ça ne fonctionne pas, nous essaierons de le retourner à
l’aide d’une manœuvre externe. » J’étais rassurée et le bébé s’est
retourné après que j’ai pratiqué la posture tête en bas, allongée sur
un plan incliné.
Le bébé était prévu pour le 23 décembre. J’ai perdu le bouchon
muqueux le 20 et j’ai appelé Joanne. Elle m’a dit de prendre mon
temps, mais de venir m’installer pour la nuit. C’est ce que nous
avons fait et Deborah m’a examinée. Le lendemain, Pamela est
restée auprès de nous. Mes contractions étaient fortes, mais mon col
ne s’ouvrait pas et je n’avais pas perdu les eaux. J’avais envie de
faire pipi, mais je n’y arrivais pas. Finalement, le 23, elles ont appelé
le médecin pour voir s’il fallait me poser un cathéter. Il a suffi d’y
faire allusion pour que j’y arrive ! J’ai fait pipi.
Le travail est devenu vraiment fort et elles ont percé la poche des
eaux. Quel soulagement ! J’avais l’impression que le bébé était déjà
né. Elles m’ont si bien préparée pour la phase de transition que je ne
l’ai jamais sentie passer. J’ai reçu un soutien fabuleux de la part de
mon mari Stephen et de ces dames. Pendant les contractions, j’avais
l’impression de tomber de très haut à toute vitesse. Quand je
demandais à Stephen de me rattraper, nous nous embrassions et on
aurait dit qu’il avait placé un gros ballon sous moi pour amortir ma
chute.
À 19 h 32, Taylor a fait son apparition avec les yeux grands
ouverts. Il était beau et alerte. Il n’était pas fâché jusqu’à ce que
Joanne ait besoin de lui dégager les voies respiratoires, mais il a vite
retrouvé son calme. Il avait juste besoin de faire savoir au monde
qu’il fallait le compter au nombre des vivants. Il a même relevé la
tête et a souri un peu. Elles l’ont mis sur moi, et Stephen a coupé le
cordon – offrant à Taylor ses premiers instants de vie autonome. Je
me sentais si forte, primitive et puissante. J’ai ressenti une confiance
en mon corps comme jamais auparavant. Pendant qu’elle s’occupait
de Taylor, je suis allée prendre une douche et me faire propre pour
l’allaiter. Pas d’épisiotomie, bien sûr.
Je n’oublierai jamais le morceau qu’on écoutait pendant que j’étais
en travail : Morning with Roses. Nous avions des bougies et du
champagne pour accueillir notre petit ange, sorti tête la première à
une heure très décente. Il ne pesait que 2,8 kg le jour de son terme
et avait un score Apgar de 9 sur 10. Notre pédiatre nous a dit que
les bébés sont chanceux quand ils ont un score Apgar de 7 à
l’hôpital.
Mais surtout, je n’oublierai jamais le son de la pluie qui tombait
doucement sur le toit. Elle me rappelait de rester calme et sereine
pour savourer ce moment miraculeux. Calme et sereine, j’ai bien
senti le côté sacré.
L’histoire d’Annah
le 28 mai 1992
par Lais Sonkin
La naissance de Lisa
le 22 avril 1983
par Sue et Chris Topf
La naissance de Chelsea
le 22 juillet 1987
par Marbeth et Stephen Dunn
La naissance de Reuben
le 15 avril 1977
par Barbara Bloomfield
La naissance de Liza
Esalen, Big Sur, Californie
le 19 septembre 1990
par Karrie Dundas
J’ai 47 ans. J’ai deux fils de 18 et 14 ans. Mon mari Van est arrivé
dans nos vies quand les garçons avaient 10 et 6 ans et il a été un
père merveilleux pour eux. Il y a trois ans, j’ai fait une fausse couche
à quatre semaines, ce qui fut un évènement triste, mais rassurant
dans la mesure où il apportait la preuve que nous pouvions fabriquer
un bébé.
La deuxième grossesse arriva comme une vraie surprise. Nous
avions complètement lâché prise avec l’idée de procréer et j’avais
vaguement commencé à lire sur la ménopause.
Après les premières semaines et leur lot de souffrance affective,
quand nous avons réussi à croire que, cette fois-ci, nous allions
arriver à avoir un bébé en bonne santé, j’ai enfin pris plaisir à être
enceinte. Rapidement, ma grossesse est devenue visible et j’ai averti
mes collègues que, quand je suis enceinte, je deviens énorme. En
dépit de ma petite ossature, j’avais pris plus de vingt kilos pour
chacune de mes deux précédentes grossesses, même si les garçons
ne pesaient que 2,8 kg et 3,3 kg à la naissance. J’étais confiante vis-
à-vis de l’accouchement, car les deux autres avaient été relativement
exempts de complications, et le deuxième tellement plus facile que
le premier.
Par chance, j’avais été d’humeur sportive avant de tomber
enceinte. J’étais à mon poids idéal et en assez bonne forme. La
fatigue a fait partie du décor les premiers et les derniers mois ; au
deuxième trimestre, j’ai commencé à être gênée par des
hémorroïdes. Ces symptômes étaient les seuls à être liés à l’âge,
mais ils ont réellement affecté ma capacité à faire de l’exercice. Au
milieu du septième mois, j’avais déjà pris plus de vingt kilos et je me
traînais tellement au bureau que mes collègues s’inquiétaient à l’idée
du poids que j’allais encore prendre.
Au moment de prendre la route en direction du Tennessee pour
aller accoucher à The Farm (où j’avais vécu et où mes deux premiers
étaient nés), j’avais pris du repos et j’étais plutôt rétablie. Quand
nous sommes arrivés, les sages-femmes ont confirmé que j’étais
prête et m’ont dit que ce bébé allait être plus gros que les deux
autres. Deux semaines passèrent. La lune était pleine et la nuit
paraissait parfaite pour mettre un bébé au monde.
Une nuit, à 1 h 30, alors que je dormais profondément, j’ai perdu
les eaux. Je n’avais jamais perdu les eaux de manière spontanée
auparavant et Ina May m’avait prévenue que c’était un beau bazar.
Effectivement, ça l’était ! En fait, j’ai perdu les eaux en trois fois –
une fois dans le lit, une fois debout à côté du lit et, environ une
heure plus tard, assise sur la chaise à bascule dans la chambre. Van
a vraiment été occupé à courir avec des serviettes.
Ina May et Pamela sont arrivées vers 7 h. J’étais vraiment contente
de les voir. Ina May avait été en déplacement pendant mes autres
accouchements et j’appréciais qu’elle veuille m’accompagner pour
celui-ci. Pamela, quant à elle, m’avait aidé à mettre Asa au monde
dix-huit ans plus tôt. Il y avait aussi Cynthia, une autre amie de
longue date, dont la famille mettait à notre disposition leur chambre
de naissance.
Vers 9 h, j’étais à huit centimètres de dilatation et le travail était
puissant. Les contractions étaient devenues très prenantes à ce
stade et pour les intégrer, je disais « Ohhhhhhhh ! » avec une voix
grave de telle sorte qu’en le disant avec plus de force, on aurait dit
que je rugissais. Je passais du temps en privé avec Van, à le
regarder dans les yeux, et au moment où j’approchais de la
transition, je me suis permis de laisser ma voix exprimer un certain
désarroi face à l’intensité des sensations que je ressentais. Je l’ai vu
pâlir et je me suis souvenue que c’était son premier accouchement.
Je ne voulais pas entacher son expérience ou l’effrayer en me
plaignant. Cette motivation est devenue très importante pour moi et
m’a aidé à tenir bon. (Plus tard, quand j’ai discuté avec Van, il m’a
rassurée en me disant qu’à ce moment-là, il n’avait tout simplement
pas mangé depuis un certain temps et qu’il n’avait pas été effrayé.)
Le temps n’a pas de sens dans ces moments-là et ce n’est
qu’après coup, en lisant les notes prises pendant l’accouchement,
que j’ai pris conscience que cette phase du travail avait duré deux
heures. Carol Nelson, une autre de mes sages-femmes, n’arrêtait
pas de masser le petit bourrelet de col et de me rassurer en
m’affirmant qu’il devenait de plus en plus petit. Elle a suggéré que
j’essaie différentes positions – à quatre pattes, par exemple. À un
autre moment, elle a suggéré que je me mette debout et que Van
me soutienne.
J’aimerais pouvoir dire que j’ai été d’un courage indéfectible. Je me
souvenais de la vidéo de Carol et de la manière dont ses yeux
brillaient et dont elle souriait quand elle soufflait doucement entre
les contractions : « Fiou-ou-ou… » Mes yeux étaient exorbités et
j’avais oublié toute pudeur quant à faire du bruit dans une maison
pleine de jeunes hommes. Je rugissais, point. Entre les contractions,
j’ai commencé à dire des trucs comme « Ça y est, il a disparu ? »
(quand elle surveillait le bourrelet de mon col) et « Pas de doute, je
serai bien contente quand ce passage sera derrière moi. » Carol sait
s’y prendre pour que les mères tiennent le coup ; elle riait et disait :
« Tu continues à progresser » et « J’imagine bien. »
Je ne soupçonnais pas que pendant ce temps-là, elle était
confrontée à un dilemme. Quelqu’un a suggéré que je commence à
pousser malgré le bourrelet de col, car parfois cela le faisait
disparaître, mais Carol m’a raconté plus tard que je devenais toute
rouge et que j’y mettais toutes mes forces alors que je n’avais pas
de contractions d’expulsion pour accompagner mon effort et qu’elle
ne sentait aucune différence au niveau de la tête du bébé. Du coup,
elle m’a demandé d’arrêter. Carol et Ina May se sont concertées
dans une autre pièce au sujet de la possibilité que je reste bloquée à
ce stade, en train de m’épuiser en vain. Devaient-elles me transférer
à l’hôpital pour une césarienne ? « Si tu avais été à l’hôpital, m’a-t-
elle raconté, il ne fait aucun doute qu’ils t’auraient emmenée au bloc
opératoire. »
Elles ont décidé de m’examiner encore une fois. Cette fois-ci, Ina
May a massé le bourrelet de mon col pendant la contraction avant
de déclarer : « Il est parti, je ne le sens plus du tout. Tu es prête à
pousser ! » Un sursis, quelle joie ! L’arrivée était en vue !
Pour la naissance de mon premier fils, le plus petit, il m’a fallu
pousser une heure, pour celle de mon deuxième, douze minutes.
Nous ne savions pas encore à quel point le beau garçon qu’on avait
cette fois-ci était joufflu, mais j’ai passé quarante minutes à pousser
pour le mettre au monde. Van a pu voir sa tête au bout de cinq
minutes et je le sentais dans mon bassin. Pendant un moment, il
descendait à chaque contraction, mais remontait entre-temps. Van
n’arrêtait pas de me regarder de ses grands yeux bleus et de me
dire : « Tu t’en sors comme une chef, tu peux le faire. » Sa foi en
moi voulait tout dire.
Peu après, Ina May m’a demandé si je poussais, que j’en ressente
le besoin ou non. Honnêtement, je n’en savais rien. Pour moi, ce
n’était rien d’autre qu’un concours d’endurance. Elle m’a suggéré de
respirer et de me détendre pendant la première partie de la
contraction et ensuite seulement de retenir ma respiration et de me
laisser guider par les contractions. Ce conseil a vraiment été
merveilleux. Maintenant, je savais quoi faire et mon corps aussi. Dès
que je retenais ma respiration, une puissance irrésistible s’emparait
de moi. La progression était toujours lente, mais je sentais que
j’alliais mes forces à celles d’une puissance naturelle qui menait la
danse.
Aux picotements que j’ai ressentis au niveau de mon périnée, j’ai
su que la tête approchait. Van a essayé de la retenir en douceur
pour que ma peau puisse s’étirer autour d’elle. Le grand moment est
arrivé et la tête est sortie. Van a dit qu’on aurait cru qu’elle avait été
taillée dans la pierre, un énorme visage de guerrier. Le cou n’était
pas sorti et les épaules étaient sérieusement coincées. Carol a
suggéré à Van d’essayer de faire pivoter la tête. C’est ce qu’il a fait,
mais elle n’a pas bougé d’un pouce. Il a faufilé ses doigts à
l’intérieur de moi, le long du bras le plus haut, pour essayer de le
crocheter et l’extraire. Il a attrapé l’aisselle, mais le bras n’a pas
bougé. Il a essayé avec l’autre bras, le plus bas, mais sans succès.
Il y avait un caractère inéluctable à la situation qui évoquait une
justice immanente. Je ne me souviens pas d’y avoir pensé ou que
cela m’ait troublée pendant que des mains tendues m’aidaient à me
retourner pour me mettre à quatre pattes. Van et Carol travaillaient
en équipe maintenant. Non seulement Carol est experte en tant que
sage-femme, mais elle l’est aussi en tant que formatrice pour avoir
formé des centaines de sages-femmes. Elle savait comment laisser
Van faire tout ce qu’il pouvait et comment reprendre les choses en
main quand c’était nécessaire et, instinctivement, Van se débrouillait
très bien. Ina May a pris une photo de leurs quatre mains à
l’intérieur de moi en train de manipuler le bébé jusqu’à ce que le
bras du haut soit sorti. Avec encore quelques efforts, l’autre bras a
été dégagé à son tour et Van s’est mis à défaire les tours de cordon
qui passaient derrière la nuque et autour du torse du bébé.
Même avec toute cette aide, ma participation n’était pas terminée.
On m’a encore demandé de pousser pour faire sortir ce torse
drôlement charpenté, et encore pour faire sortir les hanches. Cela a
été le plus dur labeur que j’aie jamais fait ; avec ce bébé, j’avais
l’impression d’accoucher d’un individu de mon gabarit. J’ai empoigné
les barreaux du lit et j’ai donné tout ce que j’avais. Il y a eu des
transports d’exultation, des exclamations pour dire que c’était un
gros bébé, dans les 4,5 kg ! Quand j’ai pu reprendre des forces et
me retourner, ce que j’ai vu m’a stupéfaite. Quatre paires de mains
s’affairaient sur ce jeune géant violet qui bougeait et faisait de petits
bruits, mais ne respirait pas. Ina May écoutait son cœur et disait que
son rythme cardiaque était bon. Van et Pamela le massait. Carol lui
faisait du bouche à bouche. J’étais si heureuse qu’il soit dans un
endroit si calme et plein d’amour, entouré de gens si sages et pour
qui l’aider à démarrer dans la vie importait tant. Van a dit qu’il avait
l’air calme, qu’il n’avait pas l’air d’avoir peur.
Quatre minutes s’étaient écoulées entre le moment où sa tête était
sortie et où il était né tout entier. Il avait l’air satisfait d’être là tout
simplement, sans vraiment comprendre l’importance de respirer.
Quand enfin il a pleuré, il l’a fait de manière si charmante et
délicate ; ce n’était pas les vigoureux sanglots que nous voulions
entendre. Carol a agité le tube à oxygène sous son nez et il a rosi de
manière flagrante. Van me l’a tendu. Je l’ai bercé dans mes bras et
j’ai posé mes lèvres sur sa petite tête à la fragrance si douce, pleine
de gratitude qu’il soit ici et qu’il aille bien. J’ai su que je l’aimais
depuis le début, mais je n’avais pas vraiment l’impression que c’était
un de mes enfants tellement il était gros. Il allait falloir que je
m’habitue à avoir sauté toute la phase du nouveau-né.
Je ne peux pas mettre de mots sur l’effet que cela m’a fait de voir
Van et son petit garçon. Nous avions prévu de l’appeler Corbett
Marks Presley.
Et comment la vieille mère s’est-elle remise de la naissance d’un si
gros bébé ? Je dois bien dire avec une lenteur frustrante mais, au
final, complètement. J’étais horrifiée par mes hémorroïdes qui
allaient au-delà de mes cauchemars les plus délirants. Mais Pamela
m’a dit : « Oh ! Ce n’est rien, elles vont complètement disparaître. »
J’étais stupéfaite quand, effectivement, elles ont disparu, environ
trois semaines plus tard.
Et je profite à fond de cette grande blague cosmique : être mère
de nouveau. C’est comme faire du vélo : ça ne s’oublie pas. Et mon
pédiatre avait raison quand il disait que, dans sa pratique, les
enfants arrivés tardivement dans une famille semblaient toujours
être une source de grande joie pour leurs parents, lesquels sont en
mesure d’apprécier pleinement chaque moment en sachant, par
expérience, combien tout ceci est fugace et comme le temps file.
Quand Heidi et Rudy sont venus nous voir pour la naissance de
leur premier enfant, il ne m’a pas fallu longtemps pour m’apercevoir
que leurs peurs à propos de la naissance étaient plus profondes que
celles de la plupart des futurs parents que j’avais rencontrés. Leur
problème ? Ils étaient tous les deux médecins, en fin de
spécialisation pour devenir obstétriciens. Ils avaient eu affaire à de
multiples situations effroyables en rapport avec la grossesse et
l’accouchement et ils savaient tous les deux qu’une opération
chirurgicale inutile pouvait être dangereuse. Au cours de l’une de
leurs visites prénatales, j’ai appris que deux ou trois femmes en
bonne santé étaient mortes des suites de leur césarienne. (Aucune
de ces morts n’était due à la césarienne que ces femmes avaient
subie au CHU où Heidi et Rudy travaillaient. Elles étaient plutôt la
conséquence d’une césarienne précédente.) Pas étonnant qu’ils aient
voulu que leur enfant vienne au monde en mettant toutes les
chances de leur côté pour éviter une césarienne inutile. Sachant
qu’ils devaient également redouter l’idée que leur enfant vienne au
monde aussi loin d’un hôpital, je leur ai donné, au cours de leur
première visite prénatale, un tableau des résultats des quelque deux
mille naissances que j’avais accompagnées à l’époque, depuis la
première à laquelle j’avais assisté :
Van serre Nancy dans ses bras pendant qu’elle pousse.
« Docte heure » en médecine
par le Dr Heidi Rinehart
Après avoir attendu sept ans pour concevoir un enfant, mon mari
Rudy et moi attendions notre premier enfant. Nous avions attendu
pendant nos années de médecine générale et nous avions attendu
pendant nos quatre années de spécialisation en obstétrique et voilà
qu’arrivait l’heure où nous allions, à notre tour, faire comme nos
patients. Rudy et moi étions en train de devenir parents.
J’avais découvert pour la première fois l’existence des
accouchements à domicile en 1985 lors d’un congrès d’étudiants en
médecine. À l’occasion d’une campagne spéciale dont la mission
était de sensibiliser à la médecine humaniste, l’AMSA (American
Medical Student Association)38 – qui n’a aucun lien avec l’AMA39 –
avait sponsorisé l’intervention du Dr Stanley Sagov et d’Ina May
Gaskin pour donner une conférence sur l’accouchement à domicile.
Intuitivement, cela avait tellement de sens qu’un nouveau-né arrive
à la maison, entouré de sa famille ! Je ne me souviens pas de leurs
propos sur l’accouchement à domicile, mais je me rappelle avoir
pensé : « Cette approche holistique des soins, voilà ce qui m’a
donné envie de faire médecine. »
Quand j’ai commencé mes études, je n’avais pas beaucoup de
peurs au sujet de l’accouchement. Ma mère en parlait comme d’un
dur labeur – douloureux, certes, mais aussi comme d’une expérience
physique intense couronnée par une formidable récompense une fois
le travail accompli. J’adorais l’écouter raconter ma naissance et celle
de mon frère et de ma sœur. Enceinte de nous, elle refusait
d’écouter les horribles histoires que des femmes voulaient lui
raconter. En matière d’accouchement, ma mère préférait rester dans
l’ignorance plutôt que dans la peur. Elle a instillé en moi la foi que
l’accouchement est, sans aucun doute, quelque chose de normal vu
le nombre de gens qui vivent sur cette planète. Pour moi, cela
n’avait aucun sens que la grossesse et l’accouchement fassent partie
du cursus médical au même titre que toutes ces maladies qu’on
étudiait.
La médecine se penche sur le diagnostic et le traitement de la
maladie. Pour autant que je puisse le dire, elle ne se penche pas sur
la promotion de la santé, elle ne porte pas sur la prévention de la
maladie, elle n’est pas centrée sur le fait de donner aux gens les
moyens d’améliorer leur bien-être global. Au fur et à mesure, je me
suis rendu compte que le dépistage de la maladie et son traitement
constituent l’algorithme dominant en médecine. Le temps que je
comprenne que la médecine n’était pas la carrière idéale pour
promouvoir la santé, j’avais déjà investi une somme d’argent et de
travail considérables dans mes études ; il me semblait que la
meilleure chose à faire était de changer la médecine de l’intérieur.
J’ai donc continué mes études, en dépit du sentiment d’inadéquation
qui me tourmentait. Mon mari, lui, savait exactement quelles étaient
mes convictions et, le jour où j’ai reçu mon diplôme, il m’a offert une
plaque à mon nom où l’on pouvait lire : Heidi Rinehart, MD –
Midwife in Disguise.40
Rudy n’a pris la décision de se spécialiser en obstétrique et en
gynécologie qu’en troisième année, mais moi, je l’avais prise dès le
début. La reproduction nous fascinait tous les deux, nous prenions
plaisir à travailler auprès des femmes et nous éprouvions de l’intérêt
pour l’importance que les gens accordent à leur potentiel de
procréation et les choix qu’ils font à ce sujet. Un sentiment
d’accomplissement nous emplit chaque fois que nous assistons à une
naissance.
Puisque la médecine porte toute son attention à la pathologie, j’ai
abordé mon internat avec une certaine appréhension. Je savais que
je ne serais pas formée à prendre en charge la majorité des femmes
qui sont en bonne santé et n’ont pas besoin de la technologie
médicale pour accoucher. J’étais inquiète à la perspective de quatre
années d’endoctrinement par la culture de l’obstétrique
pathologique.
La médecine est une culture à part entière ; elle fixe ses propres
standards. Je savais que j’allais être immergée dans cette culture
une centaine d’heures par semaine, avec très peu de temps pour
prendre du recul par rapport à notre pratique. À mon sens, il est
incroyable de constater à quel point les croyances et les valeurs de
la culture médicale influencent la recherche « scientifique » et les
conclusions qu’on en tire. Toute démarche scientifique est influencée
par les croyances de ceux qui mènent la recherche, mais ce fait n’est
ni reconnu ni contesté en médecine. Quand la croyance en vigueur
est que l’acte d’enfanter est jalonné de dangers, comment faire pour
conserver ma conviction que la grossesse et l’accouchement sont
naturels ?
J’ai donc décidé d’écrire à Ina May pour lui demander si je pouvais
venir à The Farm. Aux États-Unis, The Farm fait figure de Mecque
pour ceux qui veulent reconquérir l’art du métier de sage-femme et
réhabiliter l’accouchement physiologique. En allant à The Farm,
j’avais en tête d’acquérir des bases solides en matière
d’accouchement sain, normal, avant d’avoir à affronter l’immersion
dans la culture de la maladie. Sur place, j’ai passé deux semaines
d’études intensives – j’assistais à des naissances, je lisais, je
regardais des vidéos d’accouchements, j’observais les soins donnés
par les sages-femmes et je m’entretenais avec elles. Cette
expérience a profondément changé ma vision. À l’hôpital, je n’avais
jamais perçu l’anxiété et le mauvais pressentiment qui transpirent
vis-à-vis de la naissance jusqu’à ce que j’en ressente l’absence
auprès des sages-femmes. Avec elles, la paix, l’intimité et
l’émerveillement étaient infiniment plus grands. Quelle différence
flagrante !
Lors de son accouchement, une femme s’est mise à perdre
beaucoup de sang après la naissance de son bébé. En observant ma
réaction et celles des sages-femmes, j’ai pris conscience que ce sont
les compétences (intellectuelles, manuelles, analytiques et intuitives)
du professionnel qui déterminent la qualité des soins, pas
l’environnement. À cause de ma formation, je me serais servie
d’instruments médicaux sans commencer par en évaluer la nécessité
réelle. Les sages-femmes sont intervenues en douceur ; elles n’ont
pas réagi de manière démesurée. Quand cela a été nécessaire, elles
se sont servies d’instruments médicaux, mais l’usage qu’elles en ont
fait a été beaucoup plus limité qu’à l’hôpital.
J’ai étudié la dangerosité des accouchements extrahospitaliers.
Pour une femme en bonne santé, assistée d’un praticien
expérimenté, l’accouchement à domicile ou en maison de naissance
ne présente pas plus de risque qu’en milieu hospitalier, en termes de
mortalité. Il est probable qu’il présente même moins de risques en
ce qui concerne le nombre d’interventions faites sur la mère ou de
dommages corporels infligés à la mère ou au bébé. Les femmes qui
ont besoin d’accoucher à l’hôpital ne représentent en réalité qu’une
minorité et, à domicile, les issues déplorables n’auraient souvent pas
pu être évitées à l’hôpital (complications périnatales à l’issue fatale,
dystocie des épaules, etc.).
Mon internat a été tel que je l’avais escompté. C’était éreintant : le
nombre d’heures, l’intensité, l’endurance nécessaire, les drames dont
nous étions témoins. Une naissance normale y était si rare. Nous
n’apprenions ni comment la faciliter ni comment l’assister. Nos
interventions perturbaient le processus physiologique. Je peux me
remémorer à présent de nombreux cas où j’ai utilisé une technique
médicale (la péridurale, l’ocytocine de synthèse, la rupture artificielle
des membranes ou même la césarienne) alors que mon intervention
n’a fait qu’entraver le processus physiologique ou précipiter la
survenue d’une complication. Même en tant que praticienne la moins
interventionniste, je me suis sentie poussée par l’impératif
obstétrique à faire quelque chose, quand tout ce qui était réellement
nécessaire n’était qu’un soutien, une réévaluation affinée ou de la
patience.
J’ai tenté d’offrir un modèle de soins peu médicalisés aux femmes
que j’ai accompagnées dans ma pratique hospitalière. Quelle
déception de m’apercevoir que même les femmes motivées,
informées et qui m’avaient choisie pour mon inclination en faveur de
l’accouchement physiologique devaient se battre avec la routine
institutionnelle qui avait sa propre inertie. La plus petite entorse au
protocole de routine nécessitait une requête préalable, une
négociation ou la « permission » accordée à une femme de
s’octroyer de l’autonomie. Les termes que tout le monde utilisait
reflétaient bien qui détenait le pouvoir : « Nous l’avons laissé
manger, marcher, ne pas avoir de perfusion, etc. » ainsi que « Ils
m’ont laissé garder mon bébé auprès de moi toute la nuit. » Qu’il est
frustrant et difficile de changer l’atmosphère d’un accouchement à
l’hôpital !
Lorsque je suis tombée enceinte, je savais que je voulais faire le
suivi de grossesse avec des sages-femmes, accoucher naturellement
et me sentir en sécurité par rapport à cet état de vulnérabilité qu’on
ressent pendant la grossesse et l’accouchement. Ce troisième point
était le plus délicat. Le milieu médical m’a endoctrinée (comme tous
mes collègues) et m’a fait croire que les médecins ne sont pas
censés avoir de doutes ou d’interrogations ni être vulnérables. Pour
moi, il était primordial que les praticiens qui allaient m’accompagner
comprennent que j’étais sensible et vulnérable comme toute femme
enceinte l’est. Il fallait qu’ils soient en mesure de nous accepter,
Rudy et moi, comme nous étions – farcis de savoir obstétrique avec
tout son cortège de complications, mais profanes concernant l’aspect
physique et émotionnel de l’expérience. J’avais besoin de me
soustraire à l’anxiété ou à l’inhibition d’une course à la performance
pendant l’accouchement. Rudy et moi avions tous les deux besoin
d’être rassurés et guidés pendant que nous attendions notre bébé et
que nous devenions parents.
Nous avons décidé de faire le suivi de grossesse à The Farm (130
kilomètres aller) parce que nous nous sentions plus à l’aise avec les
sages-femmes qui exerçaient sur place. Pamela Hunt et Ina May ont
trois fois plus d’expérience en matière d’accouchement par voie
basse que Rudy et moi réunis. Cette expérience leur a conféré une
telle confiance en elles-mêmes et en leur pratique qu’accompagner
deux obstétriciens ne les impressionnait pas le moins du monde.
Cela nous a permis d’avoir confiance dans le fait qu’elles pouvaient
nous guider au long d’une grossesse et d’un accouchement
physiologiques – territoire qu’il nous était arrivé de croire que nous
connaissions !
Rudy et moi avons chéri le fait que nos longues visites prénatales
remettent en perspective la pathologie dont nous étions témoins
dans notre pratique ; cela nous offrait l’occasion de verbaliser
l’émerveillement que nous procurait notre propre expérience de la
grossesse et d’affirmer que la grossesse et l’accouchement étaient
naturels. Nous nous sommes sentis extrêmement nourris, aimés et
épaulés par nos sages-femmes. Elles ont partagé notre plaisir et
nous ont aidé à combattre nos difficultés. Il fallait que je puisse
exprimer mon besoin énorme de faire plaisir aux figures d’autorité et
que ce que nous étions en train de faire n’allait pas plaire à celles de
notre milieu ! J’avais aussi besoin de parler de tous les rêves que je
faisais au sujet de ma grossesse où des complications surgissaient ;
les mêmes que celles auxquelles j’avais récemment été confrontée
dans ma pratique. Rudy, quant à lui, était inquiet au sujet des soins
néonatals, même s’il avait eu entre les mains des centaines de
nouveau-nés.
Pendant la grossesse, j’ai choisi d’être suivie en parallèle par un
obstétricien. J’ai fait ce choix pour plusieurs raisons : la première est
que le stress physique et émotionnel de l’internat semble exposer les
médecins à un plus grand risque de prématurité et de pré-éclampsie.
J’ai décidé de me faire suivre par un obstétricien pour le cas où
j’aurais besoin d’accoucher à l’hôpital. Je ne voulais pas avoir à
négocier une entorse au protocole avec quelqu’un que je ne
connaissais pas. Deuxièmement, même si nous ne faisions pas de
notre projet un secret, je n’avais pas toujours envie d’en parler. Il y
avait les collègues (sages-femmes et obstétriciens) qui nous
soutenaient, ceux qui ne connaissaient pas les tenants et les
aboutissants mais se montraient curieux et ceux qui ne posaient pas
de questions à propos de ce qu’ils ne voulaient pas savoir ! Quand
un collègue susceptible de se montrer frileux par rapport à nos choix
demandait : « Tu es suivie par qui ? », je pouvais répondre sans
mentir. L’obstétricien qui nous suivait m’écoutait avec tact et
perspicacité et, bien qu’il n’abondât pas dans notre sens, il se
montrait très respectueux.
La naissance de Julianna
le 6 mars 1993
par le Dr Heidi Rinehart
Le jour du terme théorique de ma grossesse, les contractions que
je ressentais depuis des semaines ont changé. Elles se sont
installées dans le bas du dos et sont devenues un peu plus
douloureuses. Mes pertes blanches étaient devenues de plus en plus
abondantes au fil de la semaine et, le jour du terme, elles étaient
teintées de sang. Rudy et moi avons compris que le bébé pouvait
arriver à n’importe quel moment. Nous sommes sortis dîner ce soir-
là et j’ai eu des contractions toutes les cinq à dix minutes pendant
tout le dîner. Elles étaient vraiment douces. À la sortie du restaurant,
alors que nous marchions vers la voiture, Rudy m’a dit : « C’était
peut-être notre dernier dîner en tête à tête. »
Vers 2 h, j’ai été réveillée par une contraction suffisamment
douloureuse pour me tirer brusquement du sommeil et me faire
sauter du lit pour y faire face. Je me suis rendormie et j’en ai eu une
autre semblable vers 2 h 30. Vers 3 h, les contractions ont
commencé à se suivre toutes les cinq ou dix minutes. Elles étaient
légèrement inconfortables, douloureuses au niveau des reins. Rudy
somnolait et me massait le dos quand j’avais mal. Vers 5 h, il
semblait que le travail avait commencé, nous nous sommes donc
levés et douchés, nous avons fait deux trois trucs dans la maison et
nous avons mangé un bol de céréales. J’ai appelé Pamela pour la
prévenir que nous étions en chemin pour The Farm.
Il faisait jour quand nous avons quitté la maison ; il y avait un peu
de givre sur le pare-brise, mais le temps était ensoleillé et le ciel
clair. Le trajet a été calme. Les contractions se sont espacées au
rythme d’une toutes les dix minutes mais, en voiture, elles étaient
beaucoup plus inconfortables. Pamela nous attendait à la maison de
naissance sur Tower Road quand nous sommes arrivés vers 7 h 30.
Nous avons apporté quelques affaires à l’intérieur et nous sommes
installés pour discuter un peu. Pamela nous a préparé un petit-
déjeuner. Carol, une autre sage-femme, et Ina May sont passées
nous voir. Ce matin-là, Ina May était censée participer à un colloque
pour la réforme du système de soins qui se tenait à Nashville, mais
elle avait aussi très envie d’être présente à mon accouchement. Trois
personnes avaient rêvé que mon accouchement serait très rapide et,
étant donné que ma mère avait eu des accouchements rapides, il
semblait raisonnable de penser que le mien le serait aussi. J’ai dit à
Ina May qu’elle pouvait aller au colloque, car les contractions étaient
toujours douces et relativement irrégulières. Quand Pamela m’a
examinée, je n’étais qu’à trois centimètres de dilatation, Ina May a
donc pris la route pour Nashville après m’avoir laissé le numéro où
elle serait joignable.
Comme nous n’avions pas beaucoup dormi cette nuit-là et qu’on
savait qu’on allait avoir du pain sur la planche, Rudy et moi sommes
allés nous allonger pour faire une petite sieste ; Carol et Pamela sont
parties un moment. J’avais toujours quelques contractions, mais
elles n’étaient pas vraiment fortes. Pamela et Carol sont revenues
jeter un coup d’œil et, voyant qu’on dormait, elles s’apprêtaient à
nous laisser un mot. Alors qu’elles étaient dehors en train de l’écrire,
j’ai eu une contraction vraiment forte pendant laquelle j’ai roulé hors
du lit et je me suis appuyée sur le comptoir. Au sommet de la
contraction, j’ai eu un moment de panique, ne sachant pas comment
gérer la douleur, et je me suis prise à espérer que Pamela et Carol
reviennent pour m’aider. Précisément à cet instant, elles ont ouvert
la porte et j’ai dit d’un air un peu pitoyable : « Celle-ci m’a vraiment
fait mal. » À partir de ce moment-là, elles sont restées. Carol a
suggéré que nous allions faire une promenade pour changer d’air
aux alentours de 10 h 15.
C’était une belle journée. Comme on était début mars, il y avait
quelques jonquilles, une esquisse de verdure par terre et des
bourgeons charnus sur les arbres. Le soleil brillait et la température
avoisinait les 18o C. Nous nous sommes promenés sur une route de
terre bordée de pins et de champs. Nous nous sommes simplement
promenés et Rudy me massait les reins. Les contractions étaient
douces et nous en avons profité pour parler et nous taquiner. Rudy
s’inquiétait à l’idée de ne pas être d’un grand soutien pendant
l’accouchement, alors il faisait le compte de ses « bons et mauvais
points » en tant que mari. Nous passions vraiment un moment
agréable ensemble, dehors, et nous étions enthousiastes de me
savoir en travail. C’était tellement beau et nous étions si heureux
d’être en train d’avoir notre bébé – cette promenade restera toujours
un souvenir à part. Au bout d’environ une demi-heure, j’ai eu une
contraction longue et forte qui m’a poussée à me pendre à Rudy. J’ai
senti le bébé descendre. Cette sensation m’a fait brusquement vomir
ce qui ne m’a pas gênée, mais m’a laissée un peu frissonnante.
Nous sommes rentrés pour que je puisse me laver le visage et me
rincer la bouche. J’ai mis mes lentilles de contact, car il semblait que
les choses prenaient tournure et que, peut-être, je ne serais plus
capable de les mettre plus tard. Sage décision ! Quand je suis allée
aux toilettes, j’ai perdu une grosse masse de bouchon muqueux. Il
était environ 11 h. Nous pensions retourner nous promener, mais le
travail était nettement plus fort. À partir de là, le temps est devenu
flou, les évènements ne se sont plus clairement inscrits dans une
chronologie et ma conscience des choses a changé. Par exemple,
beaucoup plus tard pendant le travail, les autres sages-femmes,
Deborah et Joanne, sont arrivées pour aider. Je n’ai pas vu à quel
moment elles sont arrivées ni ce qu’elles ont fait, mais à un moment
donné j’ai remarqué leur présence. Je ne les ai pas saluées ; j’ai
juste enregistré leur présence, en quelque sorte.
Pamela m’a examinée à ce moment-là, et j’étais entre trois et
quatre centimètres de dilatation. Elle a décidé d’appeler Ina May et
lui a dit de ne pas traîner parce qu’elle pensait que les choses
pouvaient aller vite. À chaque contraction, j’avais vraiment mal au
dos jusque tout en bas, au niveau du sacrum. Cela m’aidait d’avoir
quelqu’un qui frottait ou appuyait là pendant les contractions.
Parfois, j’étais assise sur une chaise avec le front posé sur le ventre
de Rudy ou de Pamela et, à d’autres moments, j’étais pendue au cou
de Rudy. Le temps d’arriver à dilatation complète, j’étais aussi
passée sous la douche, je m’étais agenouillée, les genoux bien
écartés et les bras passés autour du cou de Rudy, et je m’étais
assise sur les toilettes ou allongée sur le côté. Quand une
contraction commençait, si Pamela ou Carol n’étaient pas déjà en
train de me masser, je criais : « S’il vous plaît, quelqu’un peut
s’occuper de mon dos ? » J’imagine que Deborah et Joanne ont
aussi prêté main-forte, mais je n’avais pas vraiment conscience de
quelles mains me massaient à quel moment. Grogner et gémir m’a
aussi beaucoup aidée. Je n’aurais jamais pu rester allongée au lit
avec le monitoring fœtal pendant le travail ; c’était trop intense et je
n’aurais jamais supporté le travail si je n’avais pas pu me mouvoir
librement.
Vers 15 h, mon père a téléphoné. Il est pilote de ligne et faisait
escale pour la nuit à Nashville. Il appelait à The Farm parce que
nous n’étions pas à la maison comme prévu. Rudy était parti
chercher quelque chose à grignoter et c’était donc à moi de
répondre au téléphone. J’ai dit : « Papa, je suis en travail et je n’ai
qu’une minute. J’ai deux ou trois choses à te dire. »
Sur le ton de la conversation, il m’a demandé : « À quel rythme tes
contractions se suivent-elles ? » Comme je sentais une contraction
arriver, je lui ai dit : « Tais-toi ! Je n’ai pas le temps ! » et je lui ai
donné les instructions nécessaires pour son passage à la maison. La
contraction suivante est arrivée avant que je n’aie eu le temps de
raccrocher et comme je n’avais pas commencé à respirer
profondément dès le début, elle a été beaucoup plus difficile à
supporter.
Pendant le travail, je transpirais abondamment, mais quelques
minutes plus tard j’avais froid. Je sais qu’on a allumé et éteint le
chauffage à plusieurs reprises. Rudy et moi avons tous les deux
pensé que j’avais peut-être contracté une infection et que c’était la
fièvre qui me donnait ces sensations, alors que nous aurions dû
savoir que ce n’était que l’intensité du travail (ou l’exorcisme des
démons de l’obstétrique !) qui provoquait ces variations thermiques.
L’un comme l’autre, nous avons songé à de multiples causes
pathologiques susceptibles d’induire différentes choses qui se sont
passées pendant le travail. Par exemple, le cœur du bébé battait à
140 la plupart du temps, mais à un moment où Carol m’a auscultée,
il battait à 160. Cela m’a inquiétée, car un rythme cardiaque accéléré
peut être le signe d’une infection ou d’une détresse chez le fœtus.
J’ai demandé à Carol de vérifier de nouveau quelques minutes plus
tard, car j’avais peur. Bien évidemment, il était redescendu à 140.
Une chose qui nous a rassurés, Rudy et moi, pendant le travail,
c’est que le bébé n’a pas cessé de donner des coups de pied et de
gigoter jusqu’à sa naissance. Je l’ai même senti donner un coup de
pied quand je poussais pendant l’expulsion. Et quand j’étais pendue
au cou de Rudy, nous la sentions tous les deux donner des coups de
pied entre nous.
Mais d’autres choses encore nous ont inquiétés. Le bébé est resté
haut dans mon bassin jusqu’à ce que je sois quasiment à dilatation
complète. Nos études nous avaient enseigné, à Rudy et moi, qu’un
premier bébé qui reste haut dans le bassin alors que le travail est
bien avancé est un bébé qui aura du mal à sortir et qui nécessitera
souvent le recours aux forceps ou à la césarienne. Au fur et à
mesure que les heures passaient et que je n’avais pas l’impression
que le bébé soit descendu (d’après la localisation de mes sensations
dans le dos), nous nous demandions l’un et l’autre ce qui le retenait.
Ina May : Nous, les sages-femmes, pensions toutes que le bébé
restait haut en raison de la peur qu’Heidi et Rudy ressentaient.
Heidi : J’ai continué à croire que mon bassin était normal et que le
bébé n’était pas gros et qu’il pouvait donc sortir. Mais je me
demandais si j’allais pouvoir supporter le travail par les reins aussi
longtemps qu’il allait durer. Rudy, lui, se demandait tout bonnement
si le bébé allait pouvoir sortir.
Quand Pamela m’a examinée la fois suivante, Rudy a demandé s’il
pouvait m’examiner aussi. Les sages-femmes sentaient les doutes de
Rudy quant à la possibilité que le bébé sorte et elles ont pensé que
cela pourrait l’aider. Elles avaient une confiance absolue dans le fait
que le bébé allait sortir, mais Rudy ne la percevait pas et le soutien
qu’il m’apportait n’était plus inébranlable. Pendant le travail, à deux
ou trois reprises, les touchers vaginaux de Rudy ont été
désagréables ; quand nous en avons reparlé par la suite, il m’a
avoué que, ces fois-là, il m’avait « examinée » par peur plutôt que
pour me rassurer.
Quand Rudy m’a examinée, j’étais entre huit et neuf centimètres
de dilatation et mon col était mou et très effacé. La tête du bébé
était en position que nous, obstétriciens, appelons « occipito-iliaque
transverse ». Il m’a dit qu’il fallait que je pousse le bébé à la
contraction suivante et quand je l’ai fait, sa tête est descendue sans
problème. À ce moment-là, le visage de Rudy s’est éclairé, il m’a
regardée dans les yeux et il m’a dit : « Tu peux le faire… Ce bébé va
sortir ! » À partir de là, Rudy s’est montré constant dans ses
encouragements.
Cela m’a aidée d’avoir la confiance de Rudy. Il est très mauvais
menteur ; il n’aurait pas pu feindre cet air sur son visage et ce ton
dans sa voix quand il a dit que je pouvais y arriver. Même si j’étais
encore plus vulnérable et sensible pendant les deux derniers
centimètres de dilatation et que je commençais à exprimer mes
peurs et mes émotions plus librement (« Tu me le dirais si quelque
chose clochait pour moi ou pour le bébé, pas vrai ? » et « Est-ce que
le bébé arrive vraiment ? »), j’étais portée par la confiance de Rudy.
Quand le travail était fort, sa puissance était accablante. J’avais
mal aux reins et c’était dur à supporter, mais je savais que cette
douleur ne m’infligeait aucune blessure. Le côté effrayant était cette
force. C’était comme si j’étais en train de courir sur une voie ferrée
avec une locomotive à vapeur fonçant droit sur moi et que j’étais sur
le point de me faire écraser. Je ne me suis pas rendu compte à ce
moment-là que le fait de libérer cette puissance faisait avancer le
travail et que je ne courais aucun risque « de me faire écraser ».
Après coup, Carol et moi en avons discuté. Elle a décrit la sensation
de manière plus juste : on a l’impression d’être à l’avant d’une
locomotive qui fonce à 240 km/h. On ne risque ni de tomber ni de se
faire écraser, mais la course exige qu’on s’abandonne à sa puissance
avec toute notre foi.
Quand cela devenait trop accablant, je faisais le vœu d’avoir un
peu de répit et les contractions s’espaçaient comme par miracle. Je
m’allongeais pendant un moment et je fermais les yeux. Cela s’est
produit à trois ou quatre reprises et les sages-femmes m’ont fait
remarquer qu’on aurait dit que je pouvais le faire à volonté. Quand
le travail m’a de nouveau semblé trop fort, j’ai dit : « J’aimerais me
reposer » et, de fait, le travail s’est calmé. Le problème, c’est que
ces pauses me laissaient l’occasion de songer à de nouvelles peurs,
ce qui ne rendait pas les choses plus faciles.
Ina May : C’est à peu près à ce moment-là que Heidi a dit qu’elle
ne pensait pas pouvoir continuer. Je lui ai demandé d’essayer de
formuler une affirmation positive pendant les contractions suivantes
avant d’abandonner. « Moi aussi, je peux encore m’ouvrir d’un
centimètre ; moi aussi, je peux encore m’ouvrir d’un centimètre »,
s’est-elle mise à répéter pendant les contractions qui lui ont fait
traverser la transition. Cette technique, qu’on appelle mantra dans la
tradition hindoue, est assez efficace pour dépasser les peurs
profondes, car le simple fait de formuler des affirmations positives
confère un sentiment de puissance.
Heidi : Enfin, je suis arrivée à neuf centimètres de dilatation et j’ai
demandé à Ina May de me percer la poche des eaux dans l’espoir
d’accélérer le travail (et maintenant, je l’avais compris, cette
impression d’être à l’avant d’une locomotive), car il me tardait de
pousser et de mettre mon bébé au monde. Peu de temps après, je
poussais effectivement. L’effort expulsif était un changement
bienvenu, mais la douleur dans le dos n’a cessé qu’une fois que le
bébé a été assez bas.
Les sensations que j’ai eues quand sa tête a commencé à pousser
contre mon périnée étaient hallucinantes. Je sentais les muscles à
l’entrée de mon vagin s’écarter pendant que sa tête sortait. Les
sensations étaient suffisamment nettes pour que j’aie le loisir de
percevoir les différents groupes de muscles. Comme c’était étrange !
Au moment où sa tête sortait, j’ai posé une main sur ma vulve, car
j’avais l’impression que ça m’aidait à pousser plus doucement pour la
faire sortir lentement. Je pensais que cela allait être plus douloureux,
le moment où elle allait naître ; alors qu’en réalité, c’était juste
intense, parce que chaque nerf sensitif envoyait une impulsion. Au
bout d’environ une heure d’efforts expulsifs dont quinze minutes de
couronnement, Julianna est née à 19 h 48.
Quel soulagement… physique et psychique, et quelle délivrance
des peurs, car elle était en bonne santé et a commencé à respirer
immédiatement, et soulagement que cette épreuve soit terminée. Au
début, j’étais abasourdie ; je ne me rappelle pas grand-chose, sauf
qu’il planait une sensation de bien-être. J’ai demandé aux sages-
femmes de couper le cordon, car il était court et me tiraillait quand
elles m’ont mis ma fille sur le ventre. Rudy et Joanne étaient
occupés à s’assurer que tout allait bien pour elle pendant qu’on m’a
fait un brin de toilette. Ensuite, on a pu la prendre dans nos bras et
elle y est encore.
Je suis si reconnaissante pour toute cette aide ; Rudy et les sages-
femmes ont été merveilleux. Je n’aurais jamais réussi à accoucher
sans médication à l’hôpital, car j’aurais été trop inhibée pour
m’octroyer la liberté de faire ce qui pouvait vraiment m’aider (être
nue, grogner ou, poser une main sur la tête de Julianna qui poussait
contre mon périnée) et j’aurais senti la contrainte de la routine
hospitalière. L’intimité et l’intensité émotionnelle de cette naissance
n’ont fait qu’ajouter à l’émerveillement. Rétrospectivement, Rudy et
moi sommes contents que l’accouchement n’ait pas été rapide. Nous
avions besoin de temps pour apprendre à travailler avec les
contractions et pour prendre de la distance par rapport à ce que
nous croyions savoir sur l’accouchement. Nous ressentons une
gratitude immense pour la qualité de cette expérience.
Je chéris l’expérience qu’a été la naissance de Julianna,
particulièrement au niveau symbolique, pour ses premières heures
de vie sur terre. Comme je n’avais reçu aucune médication, elle était
parfaitement alerte et à aucun moment nous n’avons été séparées.
Joanne l’a manipulée avec amour quand elle l’a examinée et lui a
mis du collyre dans les yeux. Pas une seule fois, elle n’a été
manipulée de manière brusque ou impersonnelle. Nous avons eu le
loisir de la couvrir d’amour toute la nuit après sa naissance. Quelle
bénédiction !
Le récit qui suit est un témoignage de la deuxième génération,
étant donné que la mère de Mariahna a elle-même accouché de
Mariahna à The Farm comme elle le raconte p. 145 :
La naissance de Ajahna
le 14 mai 2000
par Mariahna Nelson-Schaefer
Nous étions jeudi soir, le 11 mai 2000. J’espérais vraiment avoir
mon bébé pendant le week-end, même s’il restait encore une
semaine avant le terme. Je n’arrivais pas à trouver le sommeil et,
vers minuit, des contractions douces ont commencé. Elles étaient
irrégulières, j’en avais une toutes les demi-heures. J’ai essayé de me
reposer entre deux contractions. Eric, mon mari, n’était pas là et ne
serait pas de retour avant le lendemain soir, alors j’essayais de me
retenir. Il fallait que je tienne jusqu’à son retour.
Le lendemain matin, j’avais des contractions régulières. Ma mère
(qui est aussi sage-femme) m’a examinée ; j’étais à deux
centimètres de dilatation. J’ai eu des contractions toute la journée,
qui sont devenues plus fortes et plus rapprochées au fur et à mesure
que les heures passaient.
Avant le retour d’Eric ce soir-là, je suis allée faire une promenade
jusqu’à l’endroit où des amis faisaient un grand feu de joie. Le feu
éclairait tant que j’en voyais danser les flammes à bonne distance en
remontant la route. C’était une belle nuit. La lune était pleine et
lumineuse, éclairant la piste aussi loin que le regard pouvait se
poser. Il y avait de la magie dans l’air. Je sentais l’énergie du bébé
m’envelopper.
Quand Eric est arrivé, nous avons traîné un moment dehors. Puis
nous avons fait l’amour. Nous savions que c’était la dernière fois
avant quelques semaines. Cela a vraiment rendu les contractions
plus fortes. Eric a dormi toute la nuit mais moi, pas trop. Les
contractions étaient suffisamment fortes et rapprochées pour me
tenir éveillée.
À 5 h, le lendemain, j’étais à six centimètres de dilatation. Bon,
c’était encourageant – plus de la moitié de faite ! Mais d’un autre
côté, six, seulement ! J’avais l’impression que j’aurais dû être plus
dilatée. J’avais eu des contractions régulières – même si elles
n’avaient pas été vraiment rapprochées – pendant un jour et demi
déjà. J’avais bu et mangé pour garder des forces, mais je
commençais quand même à fatiguer.
J’ai beaucoup changé de positions. J’ai tout fait. J’ai marché, je me
suis accroupie, je me suis allongée sur un côté, puis sur l’autre. Je
me suis mise à quatre pattes. J’ai monté et descendu les escaliers.
J’ai pris quelques douches et quelques bains chauds. Je me tenais
debout, penchée, je bougeais les hanches, dansant parfois sur la
musique que j’aime. J’ai fait beaucoup d’allers-retours aux toilettes.
Cela faisait du bien, le simple fait d’y rester assise. J’ai marché au
grand air, je me suis assise dans un arbre, je me suis même pendue
à l’une de ses branches. J’ai aussi eu quelques contractions assise à
califourchon sur une grosse branche, adossée au tronc. Tout cela
avait l’air tellement naturel. Je ne voulais pas rester immobile. Il
fallait que je bouge sans cesse pour essayer de trouver ce qui allait
me faire du bien et me rendre le travail plus confortable tout en
m’aidant à progresser. Beaucoup d’émotions m’ont traversée. J’étais
si contente et j’aimais tout le monde et, d’un autre côté, les
sensations étaient si fortes et intenses. J’ai ri, j’ai pleuré et j’ai
ressenti de la frustration, parfois tout cela le temps d’une
contraction. Parfois, je pleurais de douleur.
Mon neveu, Lance, qui avait 3 ans à ce moment-là, venait me voir
et, d’un air triste, il me tenait la main. À un moment, il m’a dit :
« Tante Mari, est-ce que tu crois qu’un jour tu n’auras plus mal et tu
iras mieux ? » Je lui ai assuré que ce serait certainement le cas, une
fois le bébé sorti.
J’ai continué à essayer de rester centrée et détendue, mais c’était
dur. Les contractions étaient fortes – différentes de tout ce que
j’avais connu jusqu’ici. Quelquefois elles étaient comme de fortes
crampes. Parfois, une sensation d’étau m’enserrait si fort que je
pensais que mon utérus allait se déchirer et se disloquer sous la
force de la contraction. Parfois, je me frictionnais le ventre et je le
pressais avec force pendant la contraction et cela me faisait vraiment
du bien. Cela rendait la contraction plus forte, mais j’avais
l’impression que cela m’aidait à progresser davantage. J’ai beaucoup
marché. J’ai respiré doucement et profondément pendant chaque
contraction. J’ai respiré si profondément que je sentais mon
inspiration aller jusqu’à chaque cellule de mon corps. J’ai essayé
d’accueillir les contractions une par une sans penser à ce qui allait
suivre. J’ai l’impression que cela m’aidait vraiment. Je ressentais une
grande douleur et une grande tension dans les reins. Cela me
soulageait que quelqu’un me les masse avec de l’huile, qu’on me
masse et qu’on exerce des points de pression le long de la colonne
vertébrale et sur le sacrum. Je me suis beaucoup servie de la
bouillotte. La chaleur me faisait du bien. Elle m’aidait à me détendre
et à soulager en partie la douleur.
Quand elles auscultaient le cœur du bébé, les sages-femmes se
servaient d’un doppler et on l’entendait résonner dans la chambre.
C’était si agréable à entendre. Cela me donnait confiance et me
permettait de savoir que tout allait bien. Je savais qu’il ne me restait
plus beaucoup de temps à entendre son petit cœur battre à
l’intérieur de moi. Bientôt, elle serait sortie.
Ma mère m’a encore examinée vers 22 h et m’a dit que j’étais
presqu’à dilatation complète, mais qu’il restait un bourrelet de col.
J’en étais à ce stade depuis plusieurs heures déjà. À ce moment-là,
elle m’a dit que si je n’avais pas progressé sous peu, il faudrait
songer à aller à l’hôpital. Elle sentait que cela n’allait pas, comme si
quelque chose empêchait le bébé de descendre. Elle savait que je
commençais à être très fatiguée et que cela allait faire la troisième
nuit que j’étais en travail.
C’est là que j’ai décidé que j’allais laisser le travail être plus
douloureux. J’étais déterminée à avoir mon bébé à la maison. J’avais
un petit bourrelet de col qui ne voulait pas s’effacer. Ma mère a
essayé de le repousser à plusieurs reprises, mais je n’arrivais pas à
le supporter. Elle a appliqué de l’huile d’onagre sur mon col vers
23 h 15. À 23 h 40, mon autre sage-femme et amie Sharo, a aidé à
repousser le bourrelet par-dessus la tête du bébé. Une fois à
dilatation complète, pendant que je commençais à pousser, ça allait
mieux. Il était 23 h 45.
Nous avions un miroir dans lequel je pouvais suivre la progression
du bébé. À partir du moment où j’ai aperçu sa tête et ses cheveux,
j’ai été déterminée à la faire sortir, peu importait la douleur. Il n’était
plus question de faire marche arrière. C’était si intense, j’avais
l’impression de perdre pied. Je ressentais une grande pression. Sa
tête étirait mes tissus. C’était une douleur aiguë et ça piquait fort. Je
voulais vraiment qu’elle sorte, mais j’avais aussi très envie d’attendre
le jour de la fête des Mères, qui approchait à grands pas.
Quand elle est née, une minute après minuit, ce fut un grand
soulagement. Je n’oublierai jamais à quel point elle était chaude,
douce et soyeuse. Elle sentait si bon, une odeur sucrée et de
nouveau-né. Quelle petite puce ! Elle pesait 3,8 kg et mesurait 54,5
cm. Elle a tout de suite pris le sein et s’est mise à téter dans les
minutes qui ont suivi.
Il s’est avéré qu’elle avait les deux mains autour du visage. On
appelle cela un « bras nucal ». Avec elle, c’était les deux bras ! C’est
pour cela que ça a pris tant de temps. C’est aussi pour cette raison
que j’avais un travail par les reins si fort. Ses petits coudes
appuyaient d’abord sur ma colonne et ensuite sur mon sacrum.
Tout cela a été si intense, j’étais tellement contente que ce soit
terminé. Elle a maintenant 20 mois et elle continue de porter les
mains à son visage et ses oreilles quand elle tète ou qu’elle a
sommeil. Quelle adorable petite choupette à l’odeur délicieuse. Elle
m’a fait travailler très dur, mais elle en valait tellement la peine. Je
l’aime tant !
Quel bonheur de ne pas avoir eu à aller à l’hôpital et que Eric, mes
sages-femmes, mon amie Lily et ma famille aient tous été là pour
moi. Ma sœur Sally a tout filmé. Je n’y serais jamais arrivée sans
eux. Je ressens une telle gratitude de recevoir tant de soutien et
d’amour de ma famille.
Ajahna Kaya Sky Nelson-Schaefer est née à 00 h 01, le 14 mai
2000. Mon vœu s’est exaucé. C’était le week-end, la fête des Mères
et elle était belle, en bonne santé, charmante ; une jolie petite fille
souriante.
PARTIE II
Les essentiels de l’accouchement
Introduction
Le corps et l’esprit :
une connexion puissante
Anonyme
Les modifications physiques qui se produisent dans le corps d’une
femme pendant le travail sont sans doute les plus importantes que le
corps humain connaisse. Ces modifications supposent davantage de
mouvements, de changements morphologiques de plusieurs
organes, de sensations corporelles prolongées et d’efforts que celles
qui accompagnent les autres fonctions physiologiques que sont
bâiller, avaler, roter, éternuer, tousser, rire, pleurer, digérer, respirer,
uriner, vomir, déféquer, péter et jouir – fonctions que nous
expérimentons plus fréquemment. L’accouchement – du point de vue
de la mère – c’est l’Everest des fonctions physiologiques chez tous
les mammifères. À moins d’avoir déjà eu l’occasion d’en être témoin,
on arrive difficilement à concevoir que quelque chose d’aussi gros
puisse sortir d’un orifice qui, d’ordinaire, paraît si petit. Et pourtant,
cela arrive tous les jours.
Étant donné qu’il n’est pas si évident de comprendre comment
c’est possible, penchons-nous sur les données élémentaires, à
commencer par les modifications que connaît l’utérus pendant la
grossesse et le travail.
Aucun autre organe ne peut s’apparenter à l’utérus. Si les hommes
avaient un organe comme celui-ci, ils s’en vanteraient. Et c’est
d’ailleurs ce que nous devrions faire.
La poche membraneuse, presque transparente et remplie d’un
liquide salé – un océan miniature – abrite le bébé et son cordon
ombilical. Partant de son nombril, ce cordon rattache le bébé au
placenta, organe de courte longévité mais néanmoins fantastique
qui, enraciné dans la paroi utérine et raccordé à ses vaisseaux
sanguins, accomplit une multitude de fonctions pendant la
grossesse. Le placenta remplit les fonctions qui seront ensuite
assurées par les poumons, le système digestif, le foie, les organes
excrétoires et les deux chambres cardiaques lesquelles, pour
l’essentiel, ne sont pas encore actives pendant la vie intra-utérine.
Dans certaines langues, le mot placenta se traduit par gâteau
maternel, peut-être par reconnaissance du rôle vital qu’il joue dans
la croissance intra-utérine du bébé.44 Le placenta nourrit
littéralement l’enfant.
Le col de l’utérus, orifice circulaire dont la forme s’apparente à un
goulot de bouteille et qui se trouve à l’extrémité la plus basse de
l’utérus, est un anneau musculaire puissant qui le maintient bien
fermé jusqu’au début du travail. Imaginez une bourse en maille dont
la fermeture est assurée par un cordon. Cet épais muscle cervical45
doit être assez puissant pour maintenir l’utérus fermé malgré la
pression qu’exercent sur lui les 7 kg, ou presque, que pèsent le
bébé, le placenta et la poche des eaux – et même considérablement
plus dans les cas de jumeaux et de grossesses multiples. Le muscle
cervical est capable de rester fermé sans effort dans la phase qui
précède le travail. (Une fois le travail commencé, sa tâche consiste à
s’effacer et à s’ouvrir.) Pendant la grossesse, le col de l’utérus est
scellé par un bouchon de mucus épais, qui est expulsé dans les
heures qui précèdent le travail. Il est habituellement légèrement
teinté de sang, ce qui lui confère une couleur rougeâtre ou brunâtre.
L’expulsion de ce mucus, appelé bouchon muqueux, signale que le
début du travail est proche.
Le reste de l’utérus est aussi fait de tissu musculaire, mais d’un
genre différent de celui du col de l’utérus. Les trois couches de fibres
musculaires qui constituent le corps de l’utérus sont incroyablement
puissantes, élastiques et souples. Elles doivent s’étirer au point de
pouvoir accueillir une grossesse multiple tout en gardant la capacité
d’expulser tout leur contenu à l’issue du travail, quelles que soient la
taille du bébé et la quantité de tissus.
Avant la grossesse, l’utérus est un organe musculaire de la forme
et de la taille d’une poire à l’envers. Il est situé dans le bas-ventre de
la femme et maintenu en place par de puissants ligaments. Après la
conception, l’œuf fécondé est balayé de la trompe de Fallope jusqu’à
l’intérieur de l’utérus où il se niche dans la paroi utérine et fabrique
un placenta et une poche des eaux contenant un futur être humain.
Au fur et à mesure que le bébé et le placenta grandissent, l’utérus
grandit avec eux. Pendant la grossesse, l’utérus grossit jusqu’à
atteindre la taille d’une grosse pastèque s’il abrite un seul bébé – et
davantage s’il y en a plusieurs. Au moment où le bébé est prêt à
naître, le sommet de l’utérus s’est développé au-delà des dernières
côtes de la cage thoracique et a repoussé l’estomac au-dessus de sa
position habituelle. (C’est la raison pour laquelle, souvent, les
femmes enceintes trouvent nécessaire de manger moins mais plus
fréquemment pendant les dernières semaines de grossesse afin
d’éviter les brûlures d’estomac. Certaines n’y échappent pas.)
À l’approche du travail, les parois de l’utérus sont relativement
fines. Pourtant, leur capacité à se contracter pendant le travail est
suffisante pour pousser un gros bébé à travers le col de l’utérus
ouvert pour qu’il s’engage dans le vagin, lequel doit également
s’étirer et s’ouvrir.
Au cours des derniers jours de grossesse, les hormones qu’on
appelle prostaglandines ont pour effet de ramollir et de raccourcir
l’épais anneau musculaire du col en prévision du travail. Ce
processus s’appelle la maturation du col. Le col de l’utérus, qui
pointe comme un nez pendant la grossesse, devient extrêmement
mou au toucher lorsqu’il arrive à maturité, et perd alors sa forme
distinctive de goulot de bouteille pour se fondre dans le corps de la
bouteille.
La première phase de l’accouchement, au cours de laquelle le col
de l’utérus s’ouvre, est appelée dilatation ou travail. Chez la plupart
des mammifères, les femelles livrées à leur instinct restent actives
pendant cette phase de l’accouchement, car c’est l’étape au cours de
laquelle, s’il n’était pas déjà bien positionné, le bébé va être poussé,
ballotté, gigoté et tourné dans la position la plus avantageuse pour
s’engager dans le canal de naissance. Les ongulés ont tendance à se
présenter les pieds en premier. Les primates, comme les humains et
les grands singes, naissent généralement la tête la première, bien
qu’un accouchement vaginal par le siège ou les pieds soit également
possible.
Une fois le col complètement dilaté, une combinaison de
contractions utérines et abdominales pousse le bébé à l’extérieur du
corps de la mère. Cette deuxième phase de l’accouchement s’appelle
l’expulsion. Elle dure jusqu’à la naissance du bébé. La pesanteur
peut grandement influencer la progression du bébé pendant cette
partie du travail ; de même que beaucoup d’autres facteurs, mais
nous y viendrons plus tard.
Quant à la poche des eaux, elle se perce parfois avant le travail46,
plus souvent pendant le travail et, plus rarement, il arrive qu’elle soit
intacte à la naissance et qu’il faille la percer et l’ouvrir pour que le
bébé puisse prendre son premier souffle. Parfois cette poche est
percée volontairement pour tenter d’accélérer le travail. La rupture
intentionnelle de la poche des eaux47 peut être dangereuse lorsque
le bébé est encore trop haut et qu’une partie du cordon risque d’être
entraînée par le liquide amniotique qui s’écoule. Dans ces cas-là, il
arrive que cette partie du cordon se retrouve pincée entre le bébé et
le col en train de se dilater, ce qui entrave la circulation du sang et
réduit l’apport en oxygène pour le bébé.
Pendant la dilatation, les contractions rythmiques de la partie
supérieure de l’utérus effacent et ouvrent le col. Au cours de la
deuxième phase, l’expulsion, ces contractions poussent aussi la
partie du bébé qui fait face au col pour l’engager dans la partie
inférieure du bassin. Il est rare que la taille du bassin (ou pelvis)
d’une femme empêche la naissance de son bébé. (Toutefois, au XIXe
siècle, les femmes des villes souffraient souvent de déformations du
bassin causées par une carence en vitamine D, et ce genre de
difformités présentait effectivement une entrave à l’accouchement
par voie basse.) À ce stade, le crâne du bébé – qui, comme le
bassin, est composé de plusieurs os maintenus ensemble par des
ligaments – a la capacité de s’adapter temporairement aux
dimensions du bassin maternel pour le traverser plus facilement.
Grantly Dick-Read
L’Accouchement sans douleurs :
les principes et la pratique de l’accouchement naturel
Plaisir ou douleur :
l’énigme du ressenti
Naissance orgasmique
Dans certaines cultures – y compris la nôtre – beaucoup de
femmes acceptent ou réclament une médication contre la douleur
avant même d’avoir essayé un accouchement non médicalisé. Il
m’est arrivé un jour, au cours d’une conférence, de demander à
l’auditoire si quelqu’un avait entendu parler de femmes qui auraient
eu une expérience orgasmique au cours du travail ou de l’expulsion.
Alors que je balayais du regard le visage des auditeurs, je pouvais
y lire avant tout une expression de surprise ou un air interrogateur.
Puis, j’ai remarqué une petite blonde dont le visage était
particulièrement animé. « Oui ! Je suis si heureuse de vous entendre
soulever la question ! J’ai eu l’orgasme le plus long et le plus
extraordinaire de ma vie en accouchant il y a maintenant dix-sept
ans. Je pensais être la seule personne au monde à qui c’était arrivé
et je me disais juste que je devais être bizarre. »
Elle continua en expliquant que sa détermination à avoir un travail
non médicalisé s’était heurtée à l’opinion de son médecin. « On ne
vous donnera pas de médaille pour avoir accouché sans
antidouleur », lui avait-il dit. Elle nous raconta qu’alors que l’intensité
du travail allait en grandissant et que la naissance devenait
imminente, elle avait commencé à sentir des fourmillements dans
tout le corps. Puis elle avait ensuite fait quelque chose qu’elle
regretta par la suite : elle avait confié à son médecin qu’elle avait
l’impression d’avoir un orgasme.
« Savez-vous ce qu’il m’a répondu ?, nous demanda-t-elle. Il s’est
exclamé : “Vous êtes cinglée ! Vous êtes la patiente la plus bizarre
que j’ai jamais eue !” Voilà ce qu’il m’a dit. Je comprends aujourd’hui
que l’embarras que j’ai ressenti chaque fois que je me suis rappelé
mon accouchement était, en réalité, imputable uniquement à son
ignorance et à sa grossièreté. » Elle marqua une pause avant
d’ajouter : « Mais l’orgasme valait le coup ! »
J’ai rencontré un certain nombre de femmes qui avaient eu une
expérience semblable : indépendamment de ce qu’elles s’attendaient
à ressentir pendant l’accouchement, elles avaient découvert qu’en
partie au moins, l’expérience s’était avérée extrêmement agréable.
Quelques-unes avaient été surprises de ressentir des sensations si
agréables tout en étant entourées d’inconnus qui ne se rendaient
pas compte de ce qu’elles étaient en train de vivre – d’autant plus
que jamais elles n’avaient entendu dire qu’il était possible d’avoir du
plaisir en accouchant. Caroline, qui donne des cours de préparation
à la naissance en Caroline du Sud, m’a confié qu’elle avait préféré ne
pas parler de ses sensations au médecin et à la sage-femme qui
étaient présents : « J’ai laissé faire et j’y ai pris plaisir. Et je n’en ai
jamais parlé à personne. Je me suis toujours demandé pourquoi on
n’en parle jamais. »
Curieuse de savoir combien je pourrais trouver de femmes qui
avaient eu une expérience orgasmique pendant le travail ou
l’expulsion, j’ai décidé de mener une petite enquête auprès de mes
amies. Parmi les 151 femmes interrogées, j’en ai trouvé 32 qui
témoignaient avoir eu au moins un accouchement orgasmique. Ce
chiffre est considérablement plus élevé que celui auquel je
m’attendais. La plupart ont accouché à The Farm, mais il est
intéressant de noter qu’un certain nombre d’entre elles disent avoir
eu un orgasme alors qu’elles accouchaient à l’hôpital. Je cite
quelques passages de leurs témoignages, car ils peuvent révéler
quels facteurs leur ont permis de vivre ce genre d’expérience. (J’ai
changé les prénoms par respect pour leur intimité.)
Julia : J’ai eu un orgasme pour la naissance de mon quatrième
enfant. C’est arrivé pendant que je poussais. Nous étions allés à
l’hôpital, car mon travail stagnait à neuf centimètres depuis un
certain temps alors que j’essayais d’accoucher à la maison, entourée
de sages-femmes qui me rendaient nerveuse. Arrivée à l’hôpital, à
peine avais-je franchi le seuil de la porte que je fus prise d’un besoin
irrésistible de pousser ce bébé HORS de moi ! J’ai eu un orgasme
pendant que le bébé naissait. Ils ont tout juste réussi à m’installer
sur la table d’accouchement à temps pour sa naissance, mais j’étais
loin de toutes ces préoccupations, accaparée par les sensations si
agréables qui accompagnaient sa sortie.
Margaret : J’ai eu un orgasme d’union cosmique, un état de
béatitude. Dans un certain sens, j’en ai gardé une empreinte. Je
peux toujours retrouver cet état.
Vivian : Être en travail, c’était du boulot ; mais accoucher, le
processus même de laisser passer tout le corps du bébé hors de
mon utérus (qui fut d’ailleurs de courte durée) a été incroyablement
indicible, en particulier la première fois.
Marilyn : Mon dernier accouchement a été très orgasmique
pendant un long moment, comme si je surfais les vagues d’une
béatitude orgasmique. Je savais davantage à quoi m’attendre, j’avais
moins peur et j’essayais de m’en remettre à cette puissance au lieu
d’y résister ou d’essayer de l’éviter comme je l’avais fait la première
fois. L’effet a certainement été avant tout d’ordre psychologique,
grâce à l’énorme satisfaction que j’ai ressentie d’avoir pu traverser
une épreuve si difficile en toute sécurité. Je me suis sentie très bien
pendant des mois, ce qui m’a aidé à avoir une image positive de
moi-même en général. Du coup, ça a eu une influence sur ma
manière de me percevoir sur le plan sexuel. Je pense aussi que,
pour moi, apprendre à me laisser aller et à faire confiance à mon
corps pendant le travail (au lieu de le vivre de manière trop
cérébrale tout du long !) m’a aidé à mettre le doigt sur une partie de
moi que je ne connaissais pas jusque-là et m’a aidé à être davantage
disposée à me laisser aller en faisant l’amour.
Janelle : Pour la naissance de mon deuxième et de mon troisième
enfant, accoucher s’est apparenté à des sensations pré- et post-
orgasmiques, mais je n’ai pas ressenti les pulsations qui
accompagnent le sommet de l’orgasme. Être en harmonie avec les
contractions, pousser, me relaxer profondément entre deux
contractions, tout cela a été une expérience très puissante et
sexuelle, mais plus remarquable qu’un orgasme, qui est davantage
égocentrique et de courte durée. Accoucher est une expérience
tellement spirituelle, tellement miraculeuse – on se trouve en accord
avec Dieu, on perçoit la divinité en chacun – que l’aspect sexuel
n’est pas si important. On est totalement immergée dans l’amour
sans ego, si bien que les sensations d’extase sexuelle et de
béatitude sont un effet secondaire, un cadeau pour avoir laissé le
corps faire ce qu’il sait faire tout en étant en état d’expansion de la
conscience.
Paula : Je me penche sur la question depuis un certain temps. J’ai
toujours senti que le travail et l’accouchement étaient une sorte
d’orgasme de grande envergure. Les contractions étaient comme des
vagues de plaisir ondulant dans mon corps. Seuls les quelques
derniers centimètres de dilatation m’ont paru extrêmement puissants
et un peu moins agréables. Mais j’ai vraiment ressenti le travail et
l’expulsion comme un orgasme prolongé. Je ne peux pas dire que ce
soit comme l’orgasme pendant un rapport sexuel où je me retrouve
engloutie et perdue dans la vague orgasmique. L’expérience
orgasmique que j’ai connue pendant l’accouchement était une
sensation plus prenante qui réclamait davantage mon attention que
celles que j’ai pendant les rapports sexuels. Cependant, je l’ai
ressentie comme un orgasme. La naissance en elle-même est très
orgasmique quand le bébé passe par les voies maternelles – c’est
extrêmement agréable et satisfaisant.
Maria : Il m’a fallu plusieurs jours de réflexion pour répondre à
cette question. Tout d’abord, je me suis dit : « Non », mais c’est
certain que pendant la phase de dilatation, j’ai eu des sensations
d’une incroyable intensité quand Ted m’embrassait ou que je nichais
ma tête dans son cou pendant une contraction. Je n’ai pas connu de
moment particulièrement difficile pendant la première partie de mes
accouchements et je me souviens d’en avoir apprécié l’essentiel.
L’excitation générale, les afflux d’énergie et tous les câlins ont été
très agréables. Les sensations n’ont pas été exactement les mêmes
que celles d’un orgasme, mais quand une contraction s’achevait, elle
me laissait dans un état de relaxation extatique très similaire à celui
que je ressens après un orgasme (et que j’appelle l’effet nouille
cuite). Dans mon cas, néanmoins, la deuxième phase, c’était une
autre histoire. Je me souviens de ne pas avoir aimé cette partie à
cause de la sensation de picotement intense qui accompagnait
l’étirement des tissus. J’ai toujours pensé que c’était étrange que
j’aime la première phase sans jamais réussir à vraiment m’approprier
la deuxième. En tout cas, il va sans dire que la force agréable des
contractions demeure un plaisir et que, même si j’ignore si mes
muscles intimes palpitaient à intervalles réguliers ou pas, accoucher
a été la plus grande marée d’énergie que j’ai jamais connue. Je
pense que c’est très probablement une expérience plus magistrale
que l’extase d’un orgasme ou en tout cas, incontestablement
différente.
Autre chose : je n’étais peut-être pas encore experte dans l’art
d’avoir des « superorgasmes » quand j’étais jeune et que j’ai eu mes
enfants. Depuis, avec les années, j’ai acquis une certaine aisance
dans cet art. Je me demande si le manque d’expérience a pu
m’empêcher de connaître ce genre de sensations pendant
l’accouchement.
Plutôt qu’un orgasme à proprement parler, certaines femmes
témoignent d’une euphorie qui offre des similarités avec la béatitude
associée au plaisir sexuel.
J’ai souvent entendu des femmes justifier leur besoin d’avoir une
péridurale à un stade précoce du travail en prétextant qu’elles ne
peuvent pas supporter la moindre douleur. Bien entendu, j’accorde
davantage de crédit à ce genre d’argument de la part d’une femme
qui n’a pas les oreilles percées, qui ne porte pas de tatouages ou
d’implants mammaires, qui ne s’est pas fait faire de chirurgie
esthétique et qui ne porte pas de chaussures inconfortables. Autant
d’exemples où la femme aurait choisi délibérément de se laisser
infliger une douleur – traumatique à un degré ou un autre – en
ayant l’impression qu’elle avait quelque chose à y gagner.
L’échographie
La biopsie du trophoblaste
(ou CVS – prélèvement des villosités choriales)
L’amniocentèse
Dépistage du streptocoque B
Bien que nous ayons tendance à penser que les bactéries induisent
des maladies, notre corps – notre gorge, notre vagin et nos
intestins, par exemple – en abrite un grand nombre sans aucun
problème. Une souche assez répandue, le streptocoque B – aussi
appelé strepto B – se retrouve en ligne de mire chez la femme
enceinte. La flore bactérienne vaginale normale d’une femme est
quelquefois porteuse du streptocoque B. Près d’une femme sur cinq
en est porteuse dans sa flore vaginale (« colonisée », pour
reprendre les termes médicaux). Il y a une différence entre être
porteuse du strepto B – colonisation saprophyte – (comme beaucoup
d’entre nous le sont) et être infectée par le strepto B – colonisation
pathogène.
En général, la présence du streptocoque B ne provoque pas de
symptôme chez la femme qu’il colonise. Il arrive qu’elle soit victime
d’infections urinaires et beaucoup plus rarement qu’elle développe
une infection au niveau du placenta qui provoque une rupture
prématurée des membranes et un déclenchement précoce du travail.
Chez les 15 à 20 % de femmes en travail dont la flore vaginale est
colonisée par un streptocoque B,65 près de la moitié des bébés
seront colonisés au moment de l’accouchement. Mais cela ne signifie
pas que ces bébés développeront une infection. En réalité, au moins
98 % des bébés colonisés par un streptocoque à la naissance ne
contractent pas d’infection. Cependant, quand une infection se
développe, il faut la prendre au sérieux étant donné que l’issue est
fatale dans 10 % des cas. Toutefois, il est important de garder à
l’esprit que seuls deux bébés pour mille développent une infection.
Le problème est qu’il n’existe pas de moyen de dépister avec
efficacité quels sont les deux bébés qui tomberont malades.
Certains facteurs semblent exposer le bébé à un risque plus
important de développer une infection par le streptocoque B. Parmi
ces facteurs, on trouve :
un faible poids de naissance ou une naissance prématurée.
une rupture des membranes (poche des eaux) plus de dix-huit heures avant la
naissance.
un travail prolongé, surtout quand il est assorti de multiples touchers vaginaux.
une intervention obstétricale : déclenchement, pose d’un monitoring fœtal interne,
extraction à la ventouse ou aux forceps.
un rythme cardiaque fœtal particulièrement rapide pendant le travail.
un état fiévreux de la mère pendant le travail.
une colonisation particulièrement importante par le streptocoque B de la flore
vaginale maternelle.
une réanimation néonatale.
En travail ou pas ?
La première décision majeure pour une femme en travail est
généralement de savoir à quel moment partir pour la maternité ou,
dans le cas d’un accouchement à domicile, quand appeler la sage-
femme. Allez-vous vous précipiter pour arriver à destination le plus
tôt possible ou au contraire allez-vous prendre votre temps ? De
toute évidence, la réponse à cette question dépend, dans une
certaine mesure, du temps de transport nécessaire pour arriver à
l’hôpital. Si c’est la première fois que vous êtes en travail, vous
n’avez aucune référence vous permettant de connaître l’intensité
qu’il doit atteindre au moment où la naissance devient imminente.
Vous serez peut-être encline à vous rendre sur le lieu de votre
accouchement le plus tôt possible, car personne n’a envie
d’accoucher dans une voiture. (Ces accouchements se passent
généralement sans complications, d’ailleurs.) Mais avant de foncer
dès la première manifestation d’un début de travail, souvenez-vous
qu’il y a de bonnes raisons pour ne pas vouloir se rendre trop tôt à
la maternité.
Tous ceux qui travaillent dans un service obstétrique connaissent
bien ce scénario : une primipare arrive à l’hôpital et se présente à
l’accueil, croyant être déjà bien avancée dans son travail, se soumet
à toutes les procédures d’admission et, quand finalement elle arrive
en salle de travail ou de naissance, son travail a quasiment cessé. Si
les procédures d’admission suffisent à enrayer votre travail, je vous
suggère de rentrer chez vous. Il faut savoir qu’il n’est pas rare que le
travail s’arrête une ou deux fois avant de devenir suffisamment
intense pour se conclure par l’accouchement. Cette situation est
susceptible de se produire en début de travail, dans la phase de
latence. Si vous pensez être en travail et que la journée est déjà
bien entamée, essayez de prendre un bain chaud, de boire un verre
de vin et d’aller vous coucher un moment. Vous serez ainsi peut-être
en mesure de prendre un peu de repos avant que le vrai travail
intense ne démarre. Ce serait une bonne chose, car cela diminue vos
chances de voir votre travail stagner une fois arrivée à l’hôpital, cela
vous permet de garder un maximum d’énergie et il se peut même
que votre travail progresse bien pendant ce temps de repos. Même
un travail déjà bien avancé peut ralentir ou stagner suite au trajet
vers l’hôpital ou la maison de naissance.
Dans le cadre d’un suivi périnatal physiologique, quand le travail
d’une femme commence, nous, sages-femmes, passons un coup de
fil ou rendons une petite visite à la mère pour voir comment vont les
choses. Si le travail vient à stagner ou à ralentir, nous nous
contentons habituellement de rentrer chez nous et d’attendre le
prochain coup de fil. Nous savons qu’il n’est pas rare qu’un travail
physiologique ait une progression en dents de scie. La femme suit
alors le cours de sa vie et n’appelle sa sage-femme que lorsque le
travail reprend. Il peut arriver qu’un travail s’arrête trois ou quatre
fois avant de continuer ininterrompu jusqu’à la naissance. Ce type de
progression discontinue est parfaitement normal et ne met pas en
danger la vie du bébé tant que la poche des eaux est intacte. Alors
pourquoi ne pas patienter ? Vous n’avez rien à perdre.
Avant que l’utilisation des ocytociques (hormones de synthèse
utilisées pour déclencher ou accélérer le travail) ne se généralise, la
plupart des services obstétriques renvoyaient les femmes en début
de travail à leur domicile si les contractions n’étaient pas régulières.
Ou bien les femmes en travail arpentaient les couloirs tant que leurs
contractions n’étaient pas assez fortes pour effacer et dilater leur col
de l’utérus. De nos jours, une fois que les femmes sont admises en
maternité, de nombreuses équipes médicales les découragent de
rentrer chez elles, même si leur travail s’est arrêté. Avec le large
éventail d’ocytociques disponibles et le peu de connaissances que le
public a des effets secondaires de ce type de produits, il devient
moins capital de se contenter des méthodes naturelles pour stimuler
le travail. En dépit de cette banalisation des ocytociques, si votre
travail n’en est qu’à ses débuts, il est possible que vous puissiez
négocier le fait de déambuler ou bien de rentrer chez vous pour ne
revenir que lorsque votre travail sera plus avancé. Si votre travail
n’est pas intense et que vous restez à l’hôpital, vous serez tenue par
la contrainte horaire, souvent de mise dans les hôpitaux, qui consiste
à ne pas laisser un travail durer plus de douze à vingt-quatre heures.
Il arrive que la durée devienne une contrainte même dans le cas
d’un accouchement à domicile. Il y a des années de cela, j’étais en
déplacement en Californie du Sud et alors que j’avais un emploi du
temps chargé, je me suis retrouvée chez ma belle-sœur Sherry au
moment où son travail commençait.
Comme elle avait déjà accouché à l’hôpital, elle eut envie que
j’accompagne cet accouchement à la maison et décida rapidement
de changer de plan. Le seul problème était que mon emploi du
temps ne me permettait pas de rester plus de vingt-quatre heures ;
après, j’avais un impératif. Son travail semblait prendre de l’intensité
en proportion directe avec l’attention qu’elle y accordait. Elle annula
une partie de cartes prévue avec les voisins, ce qui contribua à une
meilleure concentration sur son travail. Une heure et quelque plus
tard, il me vint à l’esprit une idée susceptible de nous aider : j’ai
demandé à Sherry si elle était d’accord pour faire, entre les
contractions, un bras de fer avec notre amie Margaret. Je savais
qu’elle allait la battre assez facilement et je me doutais que la
stimulation apportée par la victoire allait aider son travail à gagner
en intensité. C’est exactement ce qui s’est passé. Ma belle nièce
Christina est née au petit matin, plusieurs heures avant mon départ.
Nous avons célébré sa naissance avec mon mari, lui aussi présent.
Avoir à contracter les muscles du bras pendant le travail offre une
distraction à la femme et contrarie sa tendance à contracter le
plancher pelvien et les cuisses pour se « protéger » de la douleur du
travail.
Déclenchement du travail
Un des choix auxquels est confrontée une Américaine sur trois [et
une Française sur cinq68] en fin de grossesse concerne le
déclenchement artificiel du travail. Il existe des raisons médicales
légitimes de le déclencher. Parmi ces pathologies d’appel, on compte
le cancer, l’hypertension, le diabète, l’insuffisance rénale, le retard de
croissance intra-utérin, le manque de liquide amniotique ou le décès
intra-utérin du fœtus sans déclenchement naturel de l’avortement
(au bout de plusieurs semaines, pas seulement quelques jours).
Dans ces cas, les risques qui accompagnent le déclenchement sont
susceptibles d’être inférieurs à ceux associés à l’attente d’un
déclenchement naturel du travail. Nombreuses sont les études qui
s’accordent pour conclure que moins de 10 % des femmes
nécessitent un déclenchement artificiel pour raison médicale. Une
conférence interrégionale organisée par l’Organisation mondiale de
la santé (OMS) sur le thème de la « Technologie appropriée à
l’accouchement » qui s’est tenue à Fortaleza, au Brésil, en 1985,
concluait qu’« aucune région du monde ne devrait afficher un taux
de déclenchements supérieur à 10 % ».38 De toute évidence, les
raisons non médicales de déclencher le travail (déclenchement de
« convenance » ou de « principe ») se sont multipliées au cours des
dix dernières années pour la simple et bonne raison que les femmes
actives et les obstétriciens s’évertuent à vouloir en faire toujours plus
avec des emplois du temps déjà surchargés et que, de surcroît, de
nouveaux ocytociques sont sortis sur le marché. Aux États-Unis, le
taux de déclenchements a doublé entre 1989 et 1998 (de 9 % à
19,2 %) [tandis qu’en France, il a doublé entre 1981 et 2003 (de
10,4 à 20 %)], et continue apparemment de croître, bien qu’il n’y ait
aucune justification telle une augmentation du poids moyen chez les
bébés, un allongement de la durée des grossesses ou une plus
grande incidence des pathologies d’appel exigeant un
déclenchement.39, 40, 41 Avec un tel pourcentage de déclenchement
de principe, une conception erronée se répand, laissant croire que
les obstétriciens peuvent déclencher les accouchements à volonté
sans que cette intervention ait d’effet délétère sur leur déroulement.
La plupart des femmes actives ne disposent que de six semaines de
congé de maternité aux États-Unis [et dix semaines, ou dix-huit
semaines à partir du troisième enfant, en France]. On comprend
pourquoi les femmes sont prêtes à être déclenchées si la
programmation ne présente pas de risques à leur connaissance. Elles
supposent – souvent à tort – que les professionnels les informeront
des risques qu’un déclenchement de convenance pourrait comporter.
Le rasage du pubis
Dans certains endroits reculés perdurent d’autres routines
hospitalières que vous pouvez, d’après les conclusions d’études
médicales de référence, décliner en toute sécurité. Par exemple, il
n’est pas nécessaire d’avoir le pubis rasé pour accoucher. Cette
pratique fut introduite au début de l’accouchement en milieu
hospitalier en guise de mesure préventive contre les infections. Des
études ont révélé par la suite que le rasage du pubis ne faisait en
réalité que majorer les risques d’infections, raison pour laquelle la
plupart des services ont délaissé cette pratique. Les personnes qui
se sont déjà fait raser les poils du pubis savent combien les coupures
du rasoir peuvent être désagréables et à quel point la repousse des
poils s’accompagne de démangeaisons.
Le lavement
Une autre pratique de routine que vous devez refuser est le
lavement intestinal. À une époque, il était considéré comme
nécessaire dans la plupart des hôpitaux et il se pratiquait peu après
l’admission dans le service. C’est devenu plus rare. Deux études ont
démontré que les lavements ne raccourcissent pas la durée du
travail et ne réduisent pas le taux d’infections. Si on ne vous fait pas
de lavement (et parfois même si on vous en fait un), vous ferez une
petite crotte au moment où la tête du bébé sortira. Il n’y a aucune
raison de s’en inquiéter puisqu’elle sera facilement enlevée. Cela
étant dit, il m’est arrivé d’assister à des naissances où un lavement a
permis de stimuler un travail qui démarrait lentement.
La diète imposée
Vous vous demandez peut-être si vous devriez boire ou manger
pendant le travail. Beaucoup d’hôpitaux limitent la prise de boissons
ou d’aliments dès l’admission dans le service obstétrique. Certains
suivent à la lettre le règlement qui exclut toute absorption par voie
orale. Les raisons de cette restriction sont davantage historiques que
scientifiques. Elle trouve son origine dans la crainte qu’en cas de
césarienne d’urgence, la femme, inconsciente suite à l’anesthésie
générale, se mette à vomir et inhale une partie de ce reflux. En
limitant la prise alimentaire et les boissons, les initiateurs de ce
protocole espéraient pouvoir garantir l’absence de bol alimentaire
dans l’estomac, pour les rares cas où une anesthésie générale serait
pratiquée.
Pourtant, des recherches menées ultérieurement ont démontré
que le fait de proscrire la prise d’aliments et de boissons après
l’admission à l’hôpital ne permettait pas de garantir un estomac vide.
Pendant le travail, la digestion est plus lente qu’à l’accoutumée, il en
résulte que la nourriture consommée plusieurs heures avant
l’admission en maternité se trouve probablement toujours dans
l’estomac. De plus, même « vide » depuis plusieurs heures,
l’estomac sécrète des sucs gastriques qui peuvent être vomis et
inhalés sous anesthésie générale. Ce type d’inhalation peut brûler la
muqueuse des poumons ou causer une pneumonie par aspiration, ce
qui est une maladie grave. Dans certains hôpitaux, avant une
anesthésie générale, les anesthésistes administrent aux femmes des
antiacides pour diminuer l’acidité gastrique ; mesure qui a pour effet
de réduire les risques de pneumonie par aspiration, mais pas de les
éliminer complètement.
Avant que l’usage de la péridurale ne se répande, les césariennes
se pratiquaient forcément sous anesthésie générale. Les femmes
césarisées sous péridurale sont moins sujettes aux nausées et, s’il
leur arrive de vomir, elles ne sont pas inconscientes, ce qui écarte le
risque d’inhaler le reflux gastrique. De toute manière, une bonne
maîtrise de l’anesthésie écarte les risques de pneumonie par
aspiration.
La perfusion intraveineuse de routine
Les hôpitaux qui n’autorisent pas la consommation de boissons et
d’aliments pendant le travail imposent généralement à toutes les
femmes une perfusion intraveineuse de sérum glucosé (de l’eau
sucrée). Les études montrent que les sérums administrés en
perfusion intraveineuse de routine ne sont pas sans danger.65, 66, 67
De grands volumes de solutés de perfusion peuvent induire une
détresse respiratoire et une crise de convulsions chez le nouveau-né
suite à une hypoglycémie et un taux de sodium sanguin trop bas.
Quand ces solutés sont administrés plus vite que la femme ne peut
les éliminer, elle peut souffrir de convulsions ou ses poumons
peuvent se remplir comme dans le cas d’une noyade.
Certains hôpitaux – souvent ceux où les sages-femmes ont su
influencer le règlement en s’appuyant sur des études probantes –
autorisent la consommation de boissons et d’aliments à volonté
pendant le travail. Aucun effet délétère n’a été observé suite à ce
changement de protocole. Lever l’interdit sur la consommation de
boissons, en particulier, évite la déshydratation de la mère, le
manque d’énergie pendant le travail et les complications induites par
les solutés de perfusion.
Dans une vaste étude menée dans un service d’obstétrique, Judith
Rooks et ses collègues ont examiné le dossier de 11 814 femmes qui
avaient mangé et bu à volonté pendant le travail. 22 % des femmes
en question avaient choisi de consommer de la nourriture pendant le
travail.68 Aucun cas de mortalité ou de morbidité suite à une
pneumonie par aspiration n’était signalé bien que certaines d’entre
elles aient subi une césarienne d’urgence. Les données de The Farm
confirment ces conclusions. Aux Pays-Bas, la pratique obstétrique
reflète une compréhension plus fine de la part des sages-femmes
des besoins de la femme en travail. Une étude néerlandaise récente
montrait que 80 à 85 % des sages-femmes et des obstétriciens
néerlandais laissent aux femmes la décision de manger ou boire
pendant le travail et ce, visiblement, sans préjudice pour la santé
des femmes ou des bébés.68 Une autre étude néerlandaise
comparait un groupe de femmes qui avaient mangé pendant le
travail avec un autre groupe qui s’était contenté de boire. Le groupe
qui n’avait pas mangé présentait une plus grande incidence de
femmes dont la phase d’expulsion s’était avérée laborieuse. Comme
il serait merveilleux de voir ce bon sens néerlandais mis en pratique
dans les hôpitaux du monde entier.
L’accouchement est le seul travail de force où les aliments et la
boisson sont frappés de proscription médicale. Je pense que la
« dystocie utérine » observée dans les hôpitaux peut être attribuée à
une hypoglycémie induite par une abstinence alimentaire de
plusieurs heures. Judith Goldsmith, auteure de Childbirth Wisdom
from the World’s Oldest Societies,76 nous raconte que dans la plupart
des cultures dont on garde une trace écrite, si la mère avait un fort
désir de manger ou de boire, on ne l’en empêchait pas. En fonction
de sa culture, la femme se voyait offrir un porridge léger, du poulet,
du chevreau, ou un bol de riz accompagné d’un œuf.69 Parmi les
sages-femmes qui accompagnent les naissances extra-hospitalières,
je n’en connais aucune qui interdise de boire ou de manger pendant
le travail. En fait, je pense que certaines femmes ont besoin de se
sustenter pendant le travail. Je l’ai toujours pensé. Je n’ai jamais
accouché en moins de douze heures, et chaque fois, j’ai ressenti le
besoin de manger un sandwich de salade de tofu à un stade
relativement avancé du travail et de boire quelques gorgées d’eau à
intervalles réguliers pour me sentir en forme et relativement à l’aise.
Je sais que pour certains accouchements auxquels j’ai assisté,
quelques bouchées ont apporté à la mère la force nécessaire pour
pousser son bébé sans forceps ni ventouse. Dans ces cas-là, la
femme bénéficiait immédiatement de s’être un peu restaurée. Ses
contractions retrouvaient presque instantanément la vigueur perdue
et elle retrouvait suffisamment d’énergie pour pousser son bébé
alors que, quelques instants auparavant, cela semblait impossible.
Jamais une femme dont nous avons accompagné l’accouchement n’a
souffert d’avoir mangé ou bu pendant le travail. Il est arrivé qu’elle
vomisse après avoir mangé, mais cela ne cause aucun souci dans la
mesure où la femme n’est pas inconsciente. Vomir facilite
généralement la dilatation, selon la Loi des sphincters.
Beaucoup de femmes ne ressentent jamais le besoin de manger
pendant le travail qui progresse si rapidement que manger serait une
contrainte pour elles. Si le travail progresse bien et que la mère ne
veut pas manger, je trouve préférable d’aller dans son sens. Elle sait
ce qu’il lui faut. D’un autre côté, beaucoup de femmes, surtout celles
qui accouchent pour la première fois, peuvent avoir un travail qui
dure beaucoup plus longtemps que six heures. Mes consœurs et
moi-même offrons toujours à manger aux femmes en travail qui le
désirent. En général, leur préférence va plutôt aux aliments qui ne
nécessitent pas de mastication tout en étant nourrissants – par
exemple, une soupe ou un peu de sherbet (sorte de « crème
glacée » végétale à base de soja). D’autres ont envie d’une part de
pizza ou d’un hamburger. La requête la plus étrange qu’il m’ait été
donné d’entendre est celle d’une jeune maman qui – juste avant de
pousser – a demandé à son mari un pot de beurre de cacahuète et
s’est mise à en avaler deux cuillères à soupe bombées, qu’elle a
ensuite fait descendre avec près d’un litre d’infusion de feuilles de
framboisier avant de se mettre à pousser son bébé. J’étais
impressionnée.
Boire est plus important que manger pour la plupart des femmes.
Nombreuses sont celles qui respirent suffisamment par la bouche
pendant la phase la plus intense du travail pour apprécier le
soulagement qu’offre une gorgée par-ci par-là. Mes consœurs et
moi-même aimons avoir de l’eau et des boissons isotoniques à
disposition pour la femme et la laisser choisir ce qui lui fait le plus
envie. Naturellement, une femme qui se désaltère pendant le travail
a besoin d’uriner. Quand les femmes font régulièrement pipi pendant
le travail, il est rare que leur urètre enfle au point qu’il soit
nécessaire de placer un cathéter pour vider leur vessie – situation
que j’ai vue se produire chez des femmes qui n’avaient pas
suffisamment bu pendant le travail. De plus, sortir du lit pour aller
aux toilettes peut être un bon moyen de faciliter la descente du
bébé.
Il est aussi important de garder à l’esprit que la limite de temps
qu’on impose aux femmes qui accouchent à l’hôpital (souvent douze
heures, parfois moins) est en corrélation immédiate avec l’habitude
d’interdire de boire et de manger pendant le travail. Quand les
femmes se mettent à avoir faim au bout de plusieurs heures de
travail, celui-ci est généralement devenu moins efficace. Les solutés
de perfusion peuvent combler le besoin d’hydratation, mais
n’empêchent pas la faim de sévir et d’affaiblir. Nombre des
naissances que mes consœurs et moi-même avons accompagnées
ont duré plus de vingt-quatre heures. Invariablement, les femmes
ont eu besoin de manger pour alimenter leur endurance. Les
femmes qui mangent et qui boivent pendant le travail peuvent
supporter un travail qui dure plus de vingt-quatre heures sans
préjudice pour elles ni pour leurs enfants.
CHAPITRE 7
Quel que soit le lieu que vous ayez choisi pour accoucher, il est
utile de savoir que la plupart des femmes en travail ont besoin de
pouvoir changer de position et de se mouvoir à leur guise. En début
de travail, le mouvement facilite grandement la dilatation du col de
l’utérus et aide au positionnement le plus favorable du bébé pour
son passage dans le bassin. Ne soyez pas surprise si vous ne tenez
pas en place en début de travail. Vous aurez peut-être envie de vous
asseoir sur les genoux de votre compagnon, sur un tabouret ou un
ballon de naissance ou sur les toilettes. Si votre liberté de
mouvement n’est pas entravée par une perfusion intraveineuse, un
monitoring fœtal ou une péridurale – à moins qu’elle ne soit de type
ambulatoire – il vous sera généralement plus facile d’adopter les
positions qui facilitent la dilatation cervicale et, dans un deuxième
temps, la descente du bébé. L’ERCF77 n’induit aucune douleur, mais
quand vous vous déplacez alors que vous êtes reliée au monitoring,
il arrive souvent que le capteur ne détecte plus les battements du
cœur du bébé et que, tout alarmée, une sage-femme se précipite
dans la chambre pour voir ce qui se passe. La plupart des
péridurales paralysent temporairement vos membres inférieurs.
Même la péridurale dite « ambulatoire » ne mérite pas forcément
son nom, et les sages-femmes l’appellent quelquefois la péridurale
« traîne-la-patte » étant donné qu’elle limite malgré tout la plupart
des mouvements.
Scène d’accouchement
au XIXe siècle à San Luis Potosi
au Mexique.
(Source : Engelmann)
Scène d’accouchement
chez les Indiens
de l’Orénoque, au XIXe siècle.
(Source : Witkowski)
Scène d’accouchement
d’une femme Tonkawa,
au XIXe siècle.
(Source : Engelmann)
En tant que roi, il bénéficiait de privilèges auxquels les autres
hommes ne pouvaient prétendre. À l’époque, la présence d’un
homme – y compris celle du père de l’enfant à naître – dans la
chambre d’accouchement était taboue. Moins de cent cinquante ans
avant l’accouchement de Louise de la Vallière, le Dr Wertt de
Hambourg avait été brûlé sur le bûcher pour avoir osé se travestir
afin d’assister à un accouchement. (Apparemment son déguisement
ne suffit pas à convaincre les femmes présentes.)
Scène d’accouchement
d’une femme Tonkawa, au XIXe siècle.
(Source : Engelmann)
Les tranquillisants
Il n’y a pas d’avantage à prendre des tranquillisants pendant
l’accouchement. Les tranquillisants (le Valium® étant le plus
répandu) sont censés diminuer l’anxiété et la nervosité, mais ils
traversent la barrière placentaire et interfèrent avec la capacité du
bébé à respirer, à téter et à maintenir un bon tonus musculaire (les
nouveau-nés sous tranquillisants ont tendance à être moins
toniques). Les tranquillisants, les sédatifs et les somnifères ont tous
des effets délétères sur le bébé et n’apaisent pas la douleur.
Les morphiniques (analgésie opiacée)80
Pris en quantité suffisante, les morphiniques seraient efficaces
pour apaiser la douleur de l’accouchement de manière significative.
Le problème est que les doses nécessaires pour lutter contre la
douleur ne sont pas sans danger pour la mère et l’enfant, ce qui
oblige à administrer des doses moins fortes. Aux États-Unis, le
Demerol® est le morphinique le plus souvent utilisé dans les
services obstétriques. Administrée en intraveineuse ou en injection,
une dose relativement sans danger peut induire une certaine
somnolence et souvent des nausées, des vomissements et une chute
de tension. Cependant, ne vous attendez pas à ce que la douleur
soit apaisée de manière significative.
Diverses études ont révélé les effets secondaires à long terme sur
les bébés exposés au Demerol®. Ils peuvent être irritables, manquer
d’appétit et être atteints de somnolence.73 [Le Dolosal®, équivalent
français du Demerol®, est de moins en moins utilisé en France, car
il provoque un rythme cardiaque fœtal (rcf) aplati et des difficultés
respiratoires chez le nouveau-né. On lui préfère souvent le protocole
Nubain®.]
On utilise aussi couramment d’autres morphiniques comme le
Nubain®, le fentanyl et le butorphanol.81 Leur effet n’est pas aussi
prolongé que celui du Demerol® – seulement une heure ou deux –
mais c’est préférable, car les risques de souffrance fœtale sont
également moindres.
Essayez l’hydrothérapie
Je viens de mentionner une sorte d’hydrothérapie – boire de l’eau.
Une autre sorte d’hydrothérapie utile pendant l’accouchement est de
prendre une douche ou, mieux, de s’immerger dans un bon bain
chaud (si la poche des eaux est intacte). La plupart des femmes
ressentent un soulagement immédiat grâce à l’hydrothérapie. Être
dans l’eau est apaisant et relaxant. En fait, il est difficile de rester
tendu dans un bain chaud. L’eau aide les femmes à entrer dans l’état
méditatif favorable à un travail efficace.
Le besoin d’intimité
La douleur ressentie pendant les contractions peut être soulagée
de différentes manières qui ne nécessitent pas le recours à la
panoplie pharmaceutique de l’hôpital. La mode pendant les années
1980 était de créer une atmosphère de chambre à coucher dans la
salle de naissance et l’idée était bonne. Toutefois, certaines des
caractéristiques les plus importantes d’une chambre à coucher
manquaient souvent, comme par exemple, la possibilité d’en
interdire l’accès aux visiteurs inopportuns ou de tamiser la lumière.
Ce qui est nécessaire pour permettre un travail efficace, caractérisé
par un faible niveau d’hormones de stress, c’est un lieu confortable,
douillet, avec une lumière tamisée, pour faciliter l’accès à la partie
primitive de votre cerveau, qui régule les processus hormonaux et
détermine la facilité avec laquelle se déroule le processus normal de
la naissance. Nous partageons ce besoin d’intimité pendant le travail
avec presque toutes les autres femelles mammifères.87
Explorez le contact physique
Le contact physique et les massages peuvent apporter un
soulagement incroyable quand le travail est douloureux. Vous savez
certainement si vous apprécierez cette forme d’analgésie. Le
massage des cuisses et les points de pression exercés dans le bas du
dos m’ont été d’un grand secours. L’un et l’autre m’ont semblé divins
pendant le travail.
Voici une sorte de toucher dont vous n’avez peut-être pas
connaissance. Secouer les puissants muscles des fesses ou des
cuisses est un moyen efficace d’aider certaines mères – à
commencer par moi – à se détendre pendant le travail. Même si cela
peut ne pas sembler confortable aux observateurs, les femmes en
travail apprécient souvent la relaxation qu’apporte le fait d’être
secoué en rythme. (Les germanophones appellent cela « secouer les
pommes. »)
Il y a fort longtemps, j’ai assisté au premier accouchement d’une
femme. Elle était mince, très tendue, apeurée et étonnamment
forte. Sa peur était grande et je n’avais pas encore trouvé le moyen
de la calmer. D’ordinaire, l’intensité des contractions relâche la
tension dans les jambes. En dépit de l’intensité de ses contractions,
les muscles de ses jambes étaient durs comme du bois. Le défi était
de trouver comment l’aider à se détendre et à relâcher la tension de
ses jambes. Les muscles moins puissants du bassin suivraient
naturellement, permettant au col de l’utérus de se détendre et de
s’ouvrir. Je lui massais les pieds et les mollets pendant une
contraction. Ce genre de massage s’était montré efficace chez la
plupart des trente-cinq femmes dont j’avais déjà accompagné
l’accouchement. Mais elle, avec sa musculature puissante,
accumulait la tension dans les jambes plus vite que je n’arrivais à la
dissiper par mes massages. Chaque contraction semblait plus
puissante que la précédente et elle se décomposait à vue d’œil. Je
continuais à lui pétrir les mollets et les cuisses tout en lui montrant
comment adopter une respiration abdominale lente et profonde, la
meilleure pour faciliter la dilatation. Ses yeux commencèrent à rouler
en signe de panique. C’est alors que j’ai utilisé une technique que je
n’avais jamais employée ni même songé à employer lors d’un
accouchement. Il arrivait de temps en temps que Stephen me
secoue les muscles des cuisses et des fesses et je trouvais que
c’était relaxant. Employant la même technique, j’empoignais les
muscles de ses cuisses pendant une contraction et je commençais à
les ballotter doucement et régulièrement de droite à gauche. Au
début, elle avait les cuisses tellement crispées que j’arrivais à peine
à faire les faire ballotter. Puis elle poussa un petit soupir et je
continuais. C’était un peu comme de voir un bébé en pleurs se
détendre à force de bercements. Pendant que je faisais ballotter ses
cuisses, elle s’abandonnait de plus en plus au bercement rythmique.
Les muscles des mollets et des cuisses finirent par se détendre et, à
la sensation de chaleur qui commença à se diffuser au niveau de
mon col de l’utérus, je savais que le sien était probablement en train
de s’ouvrir. Au bout d’une vingtaine de minutes à se laisser ballotter
et à respirer profondément, ses cuisses étaient devenues molles,
chaudes et douces comme celles d’une femme sur le point
d’accoucher. Son col de l’utérus était à dilatation complète et, enfin,
elle s’apprêta à pousser son bébé pour le mettre au monde.
Depuis, j’ai souvent employé cette technique. Parfois, c’est le
compagnon de la femme qui lui ballotte les fesses de haut en bas ou
de droite à gauche ; quelquefois, c’est l’arrière des cuisses qu’on
ballotte. J’utilisais cette technique depuis quelques années déjà
quand j’ai découvert qu’elle était mentionnée dans les pratiques
ancestrales des cultures traditionnelles du monde entier78.
Une sage-femme de Floride m’a parlé d’un obstétricien qui avait
largement sillonné la Chine rurale. Il avait observé qu’en cas
d’accouchement long et difficile, les sages-femmes faisaient ballotter
la femme. À deux ou trois, elles se mettaient à faire ballotter tout le
corps de la mère très vigoureusement. L’obstétricien en fut témoin
plusieurs fois. Et chaque fois, la technique porta ses fruits.
La sage-femme essaya elle-même cette technique au cours d’un
travail dont la progression était particulièrement lente.
Nous avions tout essayé, y compris de longues promenades ou des
balades en jeep sur des routes cahoteuses. Tout à coup, je me suis
rappelée cet article et j’ai expliqué à tout le monde en quoi cela
consistait. À trois, nous avons ballotté tout le corps de la mère aussi
fort et aussi longtemps que possible pendant qu’elle se tenait
debout, penchée en avant, les bras en appui sur une commode. Je
pensais que cela allait être douloureux, car les contractions étaient
très fortes. À notre étonnement, elle déclara que c’était agréable !
Nous avons ri et nous avons continué jusqu’à en avoir mal aux bras.
La femme arriva enfin à dilatation complète et donna naissance à un
petit garçon en pleine forme quelques heures plus tard. Je pense
que l’avoir ballottée a fait toute la différence.
Le fait que tant de peuplades du monde entier aient découvert
cette technique sans communiquer entre elles témoigne sans
conteste de la valeur universelle de ce ballottage musculaire pendant
le travail.
La puissance oubliée
du vagin versus l’épisiotomie
Sheela-Na-Gig.
L’épisiotomie :
s’accompagne d’une douleur à la cicatrisation qui dure parfois des semaines voire
des mois.
augmente la perte sanguine.
occasionne des déchirures plus graves (déchirures de 3e et 4e degrés), car un
périnée entaillé est moins résistant qu’un périnée intact.
la cicatrice s’infecte souvent.
est associée aux risques de rupture cicatricielle, d’abcès, de dommage permanent
des muscles du plancher pelvien et autres complications qui peuvent entraîner une
incontinence (par exemple, une fistule recto-vaginale – une communication anormale
entre le vagin et le rectum).
entrave l’allaitement chez beaucoup de femmes en raison de la douleur qu’elle
occasionne.
La délivrance du placenta
Même si votre bébé est né, vous n’en avez pas encore fini avec
l’accouchement. Il reste encore à votre corps une tâche à
accomplir : expulser le placenta qui n’est plus nécessaire à la
nutrition du fœtus. Si vous accouchez à domicile ou en maison de
naissance, il est probable que le processus normal d’expulsion du
placenta soit respecté. Il se produit le plus souvent dans la demi-
heure qui suit la naissance. À The Farm, nous avons pour habitude
de mettre le nouveau-né en contact peau à peau sur la poitrine de
sa mère et de le recouvrir d’une couverture bien chaude. Ce contact
peau à peau maintient la température corporelle du bébé et favorise
les prémices de la communication entre la mère et son enfant. Nous
ne massons pas vigoureusement l’utérus, nous n’administrons pas
systématiquement d’ocytociques et nous ne tirons pas non plus sur
le cordon pour accélérer la délivrance du placenta. Nous avons
toujours des ocytociques sous la main en cas d’hémorragie, mais
nous n’y avons recours que trois ou quatre fois sur une centaine de
naissances. Nous préférons respecter le processus naturel. Nous ne
séparons pas la mère de son enfant. Nous les gardons tous les deux
au chaud – si possible, en contact peau à peau. Nous n’avons aucun
protocole de routine susceptible d’entraver l’atmosphère euphorique
qui règne dans la pièce juste après la naissance. À un moment
donné, nous inspectons le bébé et nous appliquons un antiseptique
sur le nombril, mais tout cela peut être pratiqué au moment le plus
opportun pour la mère et l’enfant. Ils accomplissent quelque chose
de plus important en étant simplement ensemble. Ils sont en train
de tomber amoureux. Nous avons plaisir à assister à ce processus,
tout en prenant soin de ne pas l’entraver.
Si une mère est allongée après la naissance, qu’elle tient son bébé
depuis un quart d’heure ou vingt minutes, et que le placenta s’est
détaché mais qu’il n’a pas encore été expulsé, nous l’aidons souvent
à adopter une position verticale. Celle-ci, qui facilite la descente du
bébé, favorise aussi l’expulsion du placenta, tout comme la
stimulation des mamelons.
Dans un grand nombre d’hôpitaux, la primauté est surtout donnée
à l’achèvement de cette phase de l’accouchement dans un délai
imparti. L’accoucheur essaie quelquefois d’accélérer l’expulsion du
placenta en exerçant une légère traction sur le cordon ombilical.
Mais cette intervention présente le risque de séparer le cordon du
placenta, et par conséquent d’augmenter la perte de sang. Peut-être
souhaiterez-vous négocier avec l’équipe soignante une diminution
des interventions pendant le déroulement de cette phase de
l’accouchement.
Quel que soit le lieu où vous accouchez, la personne qui donne les
soins doit être préparée à une éventuelle hémorragie du post-
partum. En milieu hospitalier, environ 8 à 9 % des femmes saignent
très abondamment après la naissance ou l’expulsion du placenta. La
fréquence des hémorragies du post-partum dans ma pratique et
celle de mes consœurs est toujours inférieure à 2 %.
L’ocytocine de synthèse est en général le médicament de
prédilection pour arrêter ce type d’hémorragie en milieu hospitalier,
en maison de naissance et même à domicile. Parmi les sages-
femmes qui accompagnent les accouchements à domicile, certaines
préfèrent avoir recours aux simples (plantes médicinales) en tisanes
ou en teintures mères comme la bourse-à-pasteur, le colosh bleu
(Caulophyllum thalictroides) ou l’agripaume.
Votre bébé est né sans encombre. Si vous êtes chez vous ou dans
une maison de naissance, votre bébé restera avec vous autant que
vous le désirerez. Si vous accouchez à l’hôpital, il est possible que
vous ayez à négocier pour pouvoir le garder constamment à vos
côtés après la naissance. Le protocole de routine en place dans
certains établissements incite le personnel soignant à s’empresser de
le laver (y compris pour le débarrasser de son précieux vernix), de le
peser, de le mesurer, de lui administrer du collyre et de lui faire les
soins du cordon. Faites en sorte de convaincre le médecin, la sage-
femme ou l’infirmière, de retarder ces interventions pour que vous
puissiez profiter d’un moment ininterrompu avec votre bébé. Vous
pouvez aussi spécifier que vous préférez qu’on lui laisse sa couche
de vernix.
Choisissez un hôpital qui offre la possibilité de garder le bébé dans
votre chambre plutôt qu’en nurserie. Le garder dans votre chambre
vous offrira les meilleures chances de bien démarrer l’allaitement.
Plusieurs actes de routine pratiqués sur les nouveau-nés sont
banals dans les maternités. L’un d’entre eux consiste à pratiquer une
aspiration des voies aériennes (nez et bouche) juste après la
naissance. Il arrive que les parents s’imaginent ainsi que leur bébé
est en danger alors qu’il ne s’agit que d’un acte de routine
hospitalière.
Un effort particulier sera fait pour garder le bébé au chaud. Les
salles de naissance des hôpitaux sont souvent assez fraîches et les
nouveau-nés encore tout humides peuvent facilement souffrir d’une
chute de température corporelle. Le meilleur endroit où votre bébé
puisse atterrir est votre poitrine nue, avant d’être recouvert d’une
petite couverture bien chaude. Le bébé peut rester dans vos bras
pendant qu’on l’examine. En revanche, s’il a besoin d’une
réanimation, il faudra généralement y procéder dans un endroit
mieux chauffé.
Les yeux de votre bébé seront traités à l’aide d’un onguent aux
antibiotiques pour prévenir les risques d’ophtalmie à gonocoques ou
à chlamydia. En général, l’onguent est à base de tétracycline ou
d’érythromycine. [En France, il semble que de plus en plus de
maternités délaissent la prévention par administration systématique
de collyre ou d’onguent antibiotique et lui préfèrent une
antibioprophylaxie ciblée, assortie d’une vigilance accrue vis-à-vis de
tous les nouveau-nés.] Souvent, les parents apprécient de pouvoir
échanger un regard avec leur enfant avant que cet onguent ne soit
appliqué, étant donné qu’il est suffisamment visqueux pour
interférer légèrement avec la vision pendant un moment.
La vitamine K est administrée par injection (ou oralement dans
certains hôpitaux) pour prévenir la maladie hémorragique du
nouveau-né. [En France, l’administration de vitamine K se fait
uniquement par voie orale.] Cette maladie est rare et les
complications graves qu’elle peut entraîner sont encore plus rares.
N’oubliez pas que vous êtes en droit de refuser tout traitement ou
acte, même s’il fait partie du protocole de routine de l’hôpital où
vous accouchez.
La doula du post-partum
Margaret Charles Smith, une sage-femme remarquable, avec Ina May Gaskin.
Le professeur G. J. Kloosterman, qui vit à Amsterdam, a
méticuleusement analysé les données de Catharina Schrader. Il
remarque que le taux élevé d’accouchements spontanés est d’autant
plus surprenant quand on considère que, dans sa pratique, elle était
davantage exposée à des grossesses et des accouchements à risque
que la moyenne. Par exemple, on retrouve un taux de 2,4 % de
grossesses multiples et de 2 % de placenta prævia recouvrant, l’une
des complications les plus dangereuses qui soit pour toute
grossesse.
En raison de la dangerosité du placenta prævia, la césarienne est
la méthode appliquée dans ces cas-là depuis le début du XXe siècle.
Il y eut 10 cas de placenta prævia parmi les accouchements que
Schrader accompagna. Le premier cas fut la 661e naissance, et
Vrouw Schrader perdit la mère. Il est probable qu’elle ignorait à
l’époque l’existence d’une telle complication. Mais elle y repensa. Elle
arriva visiblement à la conclusion qu’il lui faudrait agir plus
rapidement si le cas venait à se présenter de nouveau. La 1 250e
naissance fut son deuxième cas de placenta prævia et elle mit à
exécution son plan de faire accoucher la femme le plus rapidement
possible. À l’instar de Louise Bourgeois, la fameuse sage-femme
française et sa quasi contemporaine, elle sortit le placenta en
premier et fit tourner le bébé en présentation par les pieds afin de le
tirer. La mère et l’enfant eurent la vie sauve cette fois-ci comme
dans 7 autres des 10 cas de placenta prævia auxquels elle fut
confrontée. Le fait qu’il n’y ait eu que 2 décès maternels sur 10 cas
de placenta prævia recouvrant au XVIIe siècle est remarquable, on
peut même dire phénoménal.
Le taux élevé d’accouchements spontanés dans la pratique de
Schrader est aussi étonnant qu’instructif. Il témoigne à la fois de ses
talents d’accoucheuse et de ses connaissances. Il démontre, par
ailleurs, les capacités intrinsèques d’une femme à mettre au monde
un enfant.
Martha Bellard, qui exerça dans le Maine de 1785 à 1812, a elle
aussi consigné dans son journal tous les accouchements qu’elle a
accompagnés. Au total, 814 naissances, avec seulement 5 décès
maternels. Ce qui revient à 1 décès maternel pour 198 naissances.82
Jusque dans les années 1930 (époque à laquelle on disposait déjà
de médecins, d’hôpitaux et l’on pouvait recourir à la césarienne), il y
avait un décès maternel pour 150 naissances aux États-Unis.83
Une sage-femme, qui vivait et exerçait à Kendal en Angleterre
depuis les années 1660 jusque dans les années 1670, a tenu avec
soin un registre des 412 naissances qu’elle a accompagnées. Il n’y a
pas eu le moindre décès maternel parmi ces accouchements.84
Pratiques d’obstétrique avec un faible taux de
césariennes et de délivrances instrumentales (et un
faible taux de mortalité)
Mahmoud Fathallah
Choisir un praticien114
L’accompagnement morcelé
118
L’accompagnement global
L’accouchement à domicile
Enfin, votre sage-femme peut accompagner votre accouchement à
domicile (AAD). C’est sans doute ainsi que la sage-femme jouit le
plus de sa liberté et de son autonomie. Il n’en reste pas moins que
ces dernières ont un prix, celui d’une grande responsabilité, car les
tarifs proposés par les compagnies d’assurance en France sont
totalement prohibitifs (de l’ordre de 17 000 à 25 000 euros par an).
Même si l’AAD en soi n’est pas interdit en France, il devient litigieux
quand les sages-femmes travaillent sans assurance, puisqu’elles
doivent légalement contracter une assurance en responsabilité civile
qui couvre tous les aspects de leur pratique (loi en vigueur depuis
2002) et qu’elles sont susceptibles d’être radiées le cas échéant.
D’après le rapport de la Cour des comptes sur la Sécurité sociale de
2011, sur les 72 sages-femmes libérales qui déclarent pratiquer les
accouchements à domicile en France, seules 4 sont assurées pour
cette activité. Or, depuis 2004, le manquement à l’obligation
d’assurance peut entraîner une amende de 45 000 euros et une
interdiction d’exercer. On comprend dès lors que les sages-femmes
qui offrent cette possibilité aux parents se trouvent dans une
position précaire et que celles qui envisagent d’adopter cette
pratique restent frileuses. Malheureusement, le rapport de la Cour
des comptes propose comme unique solution de : « faire strictement
respecter l’interdiction de réaliser des accouchements à domicile
programmés sans couverture assurantielle. » On s’étonne qu’il ne
préconise pas plutôt de trouver une solution pour que les sages-
femmes puissent être assurées pour cette activité à un tarif
compatible avec leurs revenus.
Ce problème d’assurance représente un frein certain à la prise en
charge des accouchements à domicile par les sages-femmes. L’Ansfl
(Association nationale des sages-femmes libérales) souligne que
« actuellement, les parents qui font la démarche de l’accouchement
à domicile sont donc prévenus que, en cas de problème, leur recours
envers la sage-femme sera limité à la hauteur des biens personnels
de celle-ci. En attendant l’aboutissement de discussions permettant
une réelle et complète assurance responsabilité civile professionnelle
des sages-femmes [pour la pratique des accouchements à domicile],
il s’agit donc d’un “risque” partagé dont sont informés parents et
professionnels concernés. »
Cette situation n’a pas empêché le nombre de naissances à
domicile de doubler entre 2008 (1052) et 2009 (1939).125 Et encore,
d’après une enquête menée auprès des sages-femmes libérales par
l’Ordre des sages-femmes, en 2008, 4 500 demandes de parents qui
souhaitaient accoucher à domicile n’ont pu être satisfaites (contre
3900 en 2007).
En tout cas, si vous envisagez d’accoucher à domicile, il faudra très
certainement que votre grossesse reste dans le cadre de la
physiologie – mais 80 % des grossesses sont considérées comme
« normales », ne l’oublions pas – pour qu’une sage-femme accepte
de vous accompagner dans votre projet. Vous jouirez d’une sécurité
affective du fait d’être chez vous et d’avoir établi un lien avec la
sage-femme de votre choix. Cette pratique se développe
actuellement pour la simple et bonne raison qu’elle répond à une
demande croissante des parents, même si elle ne concerne encore
que 2 à 3 % des accouchements.]
Interroger un praticien
Obstétricien
Quelles sont les chances que vous soyez présent le jour de mon accouchement ?
Si vous n’êtes pas là, qui le sera ?
Pourrais-je rencontrer tous vos collaborateurs ?
Quelle est votre politique en matière d’échographie ?
Quel type d’anesthésie conseillez-vous ?
Combien de femmes donnent naissance sans péridurale ou autre analgésie dans
vos services ?
Que pensez-vous des doulas ?
À quel rythme viendrez-vous me voir pendant le travail ?
Quels examens prénatals prescrivez-vous systématiquement ?
Quels gestes médicaux pratiquez-vous systématiquement pendant le travail ?
Quelles méthodes proposez-vous pour soulager la douleur ?
Est-il possible de surveiller le cœur du bébé à intervalles réguliers plutôt que de
l’enregistrer en continu ?
Pratiquez-vous l’épisiotomie de routine ? Quel est le pourcentage de femmes qui
accouchent sans épisiotomie dans vos services ? [Et quel pourcentage de primipares
en particulier ?]
Serai-je libre de boire et de manger pendant le travail ?
Le jour de l’accouchement, si mon travail ralentit alors que je ne suis encore qu’en
début de dilatation, pourrai-je rentrer chez moi – même après avoir été admise dans
le service ?
Quel est votre taux de déclenchements ? Quelle méthode utilisez-vous ?
Pourrai-je déambuler pendant le travail ?
Devrai-je accoucher dans un temps imparti ? Combien de temps pourrai-je
pousser ?
Pourrai-je adopter la position de mon choix pour accoucher ? Pourrai-je accoucher
à quatre pattes si j’en ai envie ?
Quel est votre taux de césariennes ?
Cela peut paraître un peu personnel, mais (s’il s’agit d’une femme) pourrais-je vous
demander si vous avez déjà accouché par voie basse ?
Cela peut paraître un peu personnel, mais (s’il s’agit d’un homme), pourrais-je vous
demander si au moins un de vos enfants est né par voie basse ?
Quel est votre taux d’extractions instrumentales ? Utilisez-vous les forceps ou la
ventouse obstétricale ?
Attendrez-vous que les pulsations aient cessé dans le cordon avant de le couper ?
Pourrez-vous mettre le bébé sur ma poitrine (en contact peau à peau) après sa
naissance ?
Doula
Quelle est votre formation ?
Avez-vous d’autres impératifs susceptibles de vous empêcher d’être disponible le
jour de mon accouchement ?
Pourriez-vous me donner vos références ?
Combien de naissances avez-vous déjà accompagnées ?
Pouvez-vous me dire à quels types de situations vous avez déjà été confrontée ?
Francophonie
Sites d’information / Blogs / Forums
Accouchement naturel
Un témoignage personnel sur les préparations à l’accouchement,
sur une naissance naturelle et sur l’allaitement maternel.
accouchement.chez.com
Césarine
Association d’usagers d’information et de soutien sur les
naissances par césarienne.
www.cesarine.org
Contact général : info@cesarine.org
Forum de discussion : forum.cesarine.org
Co-naître
Organisme qui forme les professionnels pour une approche plus
respectueuse de la naissance.
Contacts en France, Belgique et Canada sur le site : www.co-
naitre.net
Forum Les Maternelles
Le forum de l’émission présentée sur France 5 pour toutes les
questions à se poser entre mères ou futures mères.
http://forums.france5.fr/lesmaternelles/liste_categorie.htm
Infobébés
Un portail d’information généraliste.
www.infobebes.com
Libre Choix Naissance
Une association qui présente de nombreuses informations pour
aider à construire un projet de naissance, médicalisé ou non.
www.libre-choix-naissance.com
Magicmaman.com
Portail sur tout ce qui concerne les bébés et les mères.
www.magicmaman.com
Mama is Comic
Blog de BD d’une mère américaine. En anglais.
www.mamaiscomic.com
Maman bébé aujourd’hui
Des dossiers, des quiz, des vidéos pour préparer l’arrivée du bébé.
http://maman-bebe.aujourdhui.com
Maternage
Un site documenté, avec de nombreux articles scientifiques et des
témoignages d’accouchement.
http://maternage.free.fr
Materneo
Site sur le maternage.
www.materneo.com
Naissance consciente
Un site avec de nombreuses informations sur la grossesse et
l’accouchement.
www.naissanceconsciente.fr
Neuf mois en moi
Une association qui a mis en place un forum sur la conception,
l’infertilité, la grossesse, la maternité et la paternité.
www.9moisenmoi.com
Portail Naissance
Ce portail fournit de nombreux liens intéressants « pour une
approche citoyenne de la naissance ».
http://portail.naissance.asso.fr
Projet de naissance
Un blog écrit par une sage-femme pour élaborer son « projet de
naissance », avec des informations juridiques et les démarches à
entreprendre pour un accouchement serein.
www.projetdenaissance.com
France
Associations / Collectifs
AFAR – Alliance francophone pour l’accouchement
respecté
Une association pour informer et soutenir les parents dans leur
projet de naissance.
afar_contact@yahoo.fr
www.afar.info
Blog : www.blog.afar.info
Association Maman Blues
Association de soutien aux personnes concernées par la difficulté
parentale.
Association Maman Blues, Nadège Beauvois-Temple,
47, rue Pierre-Curie, 91600 Savigny-sur-Orge.
info@maman-blues.fr
www.maman-blues.fr
CIANE – Collectif interassociatif autour de la naissance
Le Ciane est un collectif d’associations agréées pour la
représentation des usagers dans le système de santé.
Association Ciane, 9, rue Boulitte, 75014 Paris
Gilles Gaebel : 06 22 54 01 12
collectif_ciane@yahoo.fr
http://ciane.net
Collectif Maisons de naissance
L’objectif du collectif est de militer auprès des pouvoirs publics
pour promouvoir l’ouverture des maisons de naissance et soutenir le
métier de sage-femme.
collectif-mdn@yahoogroupes.fr
http://maisonsdenaissance.wordpress.com
Doulas de France
Cette association a pour but d’informer sur les doulas et
l’accompagnement non médicalisé de la naissance.
Annuaire de doulas sur le site : www.doulas.info
L’arbre à bébés
Association créée en 2003, à l’initiative de jeunes parents, pour
échanger sur l’accompagnement respectueux des enfants : la
naissance respectée, l’allaitement, le portage.
Contact : arbreabebes@ml.free.fr (ou via le forum)
http://larbreabebes.free.fr
Naître chez soi
Collectif de parents pour promouvoir la naissance à domicile.
naitrechezsoi@neuf.fr
Groupe de discussion :
http://fr.groups.yahoo.com/group/naitre_chez_soi
www.naitre-chez-soi.info
NaitreOmonde
Une association pour préparer à la naissance, voire à la
conception, via des ateliers dans plusieurs villes de France.
Tél. : 07 60 48 19 73
www.naitreomonde.com
SMAR – Semaine mondiale de l’accouchement respecté
Mobilisation internationale en faveur du respect de la naissance,
chaque année en mai, créée en 2004 par l’AFAR.
Contacts presse pour la SMAR : smar@mdncalm.org
Catherine Bernard : 06 28 04 41 16 ;
Laure Delpierre : 06 80 47 31 28
www.smar.info
SOS Préma
Association d’aide aux parents d’enfants prématurés.
Par courrier :
SOS Préma, 6, rue Escudier,
92100 Boulogne-Billancourt
Permanence téléphonique : 0811 886 888
info@sosprema.com
www.sosprema.com
Sages-femmes
Association nationale des sages-femmes libérales
Pour trouver les coordonnées d’une sage-femme libérale :
http://ansfl.org/page.php?id=12
Pour toute autre raison : contact@ansfl.org
www.ansfl.org
Collège national des sages-femmes
En complémentarité avec le Conseil national de l’ordre des sages-
femmes, il défend la profession de sage-femme.
Collège national des sages-femmes, 136, avenue Émile-Zola,
75015 Paris
www.cnsf.asso.fr
Conseil national de l’Ordre des sages-femmes
Il veille au respect du code de déontologie des sages-femmes.
Tél. : 01 45 51 82 50
Conseil national de l’ordre des sages-femmes,
168, rue de Grenelle, 75007 Paris
contact@ordre-sages-femmes.fr
www.ordre-sages-femmes.fr
Midwifery Today
Site anglophone pour le soutien des sages-femmes dans le
monde ; organise régulièrement des colloques et des conférences (y
compris en Europe).
Tél. : +1 541 344 7438
conference@midwiferytoday.com
www.midwiferytoday.com
Blogs de sages-femmes et de doulas
Dix Lunes
http://10lunes.canalblog.com
Femmes sages-femmes
http://femmes-sagesfemmes.over-blog.org
Les mères veilleuses
Blog d’une doula.
http://lesmeresveilleuses.over-blog.com
Ma sage-femme et moi
http://masagefemmeetmoi.com
Passion sage-femme
http://passionsagefemme.e-monsite.com
Île-de-France
Associations / Collectifs
ABDOLOG – Institut de Gasquet
Un institut qui dispense des cours de yogas pour les mères et les
bébés, des préparations à la naissance, une rééducation des muscles
après la naissance.
Tél. : 01 43 20 21 20
89, boulevard du Montparnasse, 75014 Paris
www.degasquet.com
Association française de maternologie
Association qui étudie la dimension psychique de la maternité et
les difficultés de la relation mère-enfant.
1, rue Raymond-Lefebvre, 78210 Saint-Cyr-l’École
Tél. : 01 30 07 27 00 – Fax : 01 30 23 03 17
materno@sfr.fr
http://materno.perso.sfr.fr
CALM – Comme à la maison
Association en partenariat avec la maternité des Bluets, pour
permettre un accouchement naturel, dans un espace peu médicalisé.
6, rue Lasson, 75012 Paris
Tél. : 01 44 75 85 93
http://mdncalm.org
Réseau sages-femmes Paris – Île-de-France
Pour consulter en ligne l’annuaire des sages-femmes en Île-de-
France.
www.sages-femmes-idf.fr
Sud-Ouest
Maternités / Divers
Centre hospitalier d’Orthez
Le centre offre une piscine de prétravail et la mise à disposition du
plateau technique à deux sages-femmes libérales.
Centre hospitalier d’Orthez, rue du Moulin, B.P. 118, 64301 Orthez
Cedex
Tél. : 05 59 69 70 70 – Fax. : 05 59 69 70 00
www.ch-orthez.fr
Clinique Sarrus Teinturiers
Elle propose des salles de naissance « nature », avec des écharpes
de traction, des gros ballons, un tabouret de naissance, une
baignoire, etc.
49, allée Charles-de-Fitte, 31076 Toulouse Cedex 3
Standard : 05 61 77 33 33
www.clinique-sarrus-teinturiers.fr
Maison Arc-en-Ciel
Maternité qui propose des accouchements physiologiques, dans la
région de Bordeaux.
Polyclinique Bordeaux Rive Droite,
24, rue des Cavailles, 33310 Lormont
www.maison-de-naissance.fr
Maternité de l’hôpital Joseph-Ducuing
Elle favorise un accouchement le plus naturel possible.
Tél. : 05 61 77 34 87
15, rue de Varsovie, 31076 Toulouse Cedex 3
www.hjd.asso.fr
Sud-Est
Associations / Maternités
Association Béziers périnatalité
Elle organise des rencontres sur la périnatalité.
Contact : Nathalie Esteve
Permanence :06 58 16 00 75
2, avenue de la Pléiade, 34500 Béziers
perinatalite@gailhac.com
www.beziers-perinatalite.fr
Aurore
Un réseau de maternités, de services de pédiatrie, de
professionnels et d’associations dans la région Rhône-Alpes, pour
accompagner la grossesse, la naissance et le développement de
l’enfant.
aurore-perinat@chu-lyon.fr
www.aurore-perinat.org
Clinique du Champ-Fleuri
Maternité permettant un accouchement naturel (dans les environs
de Lyon).
Tél. : 08 26 96 99 99
224, avenue Jean-Jaurès, 69150 Décines
clinique-champ-fleuri@sersante.com
www.sersante.com/clinique-champ-fleuri/index2.html
NAD – Naissances à domicile
Association qui soutient la liberté d’accoucher à domicile.
Emmeline : 04 68 38 91 46
Juliet : 06 85 50 72 68
naitrechezsoi@gmail.com
http://nad-66.blogspot.com
Réseau naissance allaitement
Association qui a créé un réseau d’échanges entre parents en
Ardèche.
contact@nouvellesnees.com
www.nouvellesnees.com
Réseau périnatal Alpes-Isère
Réseau de maternités autour de Grenoble, pour un meilleur suivi
de la grossesse.
www.rpai-perinat.org
Réseau périnatal des Deux-Savoies
Réseau de maternités en Savoie et en Haute-Savoie.
www.rp2s.fr
Est
Associations / Maternités
Maternité clinique Sainte-Anne
Elle propose des salles de naissance avec baignoire, ballon, et des
solutions alternatives pour gérer la douleur, comme l’acupuncture ou
la réflexothérapie.
Information inscription : 03 88 45 81 21
Visite maternité : 03 88 45 81 65
rue Philippe Thyss, 67085 Strasbourg Cedex
http://sainteanne.ghsv.org
Naître autrement
Association de parents pour vivre la naissance autrement et choisir
en toute connaissance de cause un accouchement qui respecte la
mère et l’enfant.
71, rue Mazelle, 57000 Metz
Tél. : 03 87 74 64 02
naitre.autrement@free.fr
Ouest
Associations / Maternités
Association Bien Naître
Elle a pour but d’informer les parents et de promouvoir des
conditions de naissance plus respectueuses.
2, rue Malherbe, 44000 Nantes
biennaitre.nantes@gmail.com
www.biennaitre-a-nantes.fr
Association Maman Blues Rennes
Antenne de l’association Maman Blues, elle organise des groupes
de parole mensuels gratuits avec la participation d’un psychologue.
Association Sources,
2, allée de Lucerne, 35000 Rennes
Inscription : 02 99 32 26 95
ou par mail : mamanblues35@gmail.com.
Clinique Jules-Vernes
Maternité qui propose une naissance naturelle.
2-4, route de Paris, 44300 Nantes
Tél. : 02 51 17 17 17
www.cliniquejulesverne.fr
Maternité du CHU d’Angers
Elle propose un accouchement « autrement », avec baignoire,
lianes en tissu, etc.
Tél. : 02 41 35 42 19
1, allée de la Maine, 49000 Angers
www.maternite-chu-angers.fr
Belgique
Accoucher à domicile
Cette association a pour mission de soutenir les parents dans leur
projet de naissance naturelle.
marcia@babykriebels.be
www.accoucheradomicile.be
Alter-Natives ASBL – Pour une naissance à visage humain
Association qui vise à aider les couples à développer leur projet de
naissance.
339, rue de la Tour-Carrée, 5300 Andenne
Tél. : 04 77 47 49 63
contact@alternatives.be
www.alternatives.be/philosophie.htm
Association francophone des doulas de Belgique
Elle propose des formations pour devenir doula et un annuaire
pour trouver une doula proche de chez vous.
Tél. : 04 77 83 48 54
27, rue Armand-Bellery, 4570 Marchin
www.doulas.be
Carrefour Naissance
Site de l’association belge de parents concernés par la naissance
naturelle, consciente et responsable.
http://users.swing.be/carrefour.naissance/
Sages-femmes
Maison de la naissance
Un groupe de sages-femmes qui proposent des accouchements à
domicile ou dans différentes maternités dans la région de Bruxelles.
www.maisondelanaissance.be
Union professionnelle des sages-femmes belges
Pour les futurs étudiants sages-femmes ou pour les parents qui
cherchent une sage-femme en Belgique.
203, rue de Baume, 7100 Haine-Saint-Paul
Tél. : 04 97 25 80 22
contact@sage-femme.be
www.sage-femme.be
Maisons de naissance
L’Arche de Noé
Maison de naissance à Namur.
39, rue Loiseau, 5000 Namur
info@maison-de-naissance.be
www.maison-de-naissance.be
Liste des maisons de naissance en Belgique
http://www.libre-choix-
naissance.com/pages/Maisons_de_Naissance_ailleurs-455227.html
Québec
Hypnonaissance
Cours prénatals d’hypnonaissance à Montréal.
Tél. : (514) 592 4946
4020, St-Ambroise, suite 472 Montréal, Québec, H4C 2C7
ilona@hypnonaissance.com
www.hypnonaissance.com
Maman Chérie
Site qui propose des informations sur une naissance
démédicalisée, une boutique en ligne, des cours prénatals, à Laval.
Tél. : (450) 661 6629
info@mamancherie.ca
www.mamancherie.ca/fr
Associations / Organismes
Alternative Naissance
Organisme communautaire de soutien périnatal.
6006, avenue de Bordeaux, Montréal, Québec, H2G 2R7
Tél. : (514) 274 1727
info@alternative-naissance.ca
www.alternative-naissance.ca
Étoile de Mère
Centre d’accompagnement à la naissance à Montréal.
Tél. : (514) 278 3769
info@etoiledemere.com
www.etoiledemere.com
Groupe MAMAN – Mouvement pour l’autonomie dans la
maternité et pour l’accouchement naturel
631, Jacques-Brodeur, Laval, Québec, H7E 2W4
Tél. : (450) 664 0441
info@groupemaman.org
www.groupemaman.org
Le Regroupement Naissance – Renaissance
Organisme qui défend les droits des femmes pendant la période
périnatale.
Tél. : (514) 392 0308
info@naissance-renaissance.qc.ca
www.naissance-renaissance.qc.ca
Les Relevailles de Montréal
Centre d’accompagnement après la naissance.
Bureau 341, 14115, rue Prince-Arthur, Pointe-aux-Trembles,
Montréal, H1A 1A8
Tél. : (514) 640 6741
www.relevailles.com
MAM – Autour de la maternité
Réseau d’accompagnement pour les jeunes parents, qui propose
notamment des marraines d’allaitement.
Tél. : (514) 990 9626
info@mam.qc.ca
www.mam.qc.ca
Mère et Monde
Mère et Monde est un centre de maternité à Montréal qui fournit
aux femmes enceintes l’information et le soutien pour vivre
pleinement leur grossesse en toute sécurité.
Tél. : (514) 362 0177
info@mereetmonde.com
www.mereetmonde.com
Réseau des centres de ressources périnatales du Québec
Ce réseau regroupe plusieurs centres de ressources périnatales
afin de proposer des services plus complets aux parents.
Tél. : (418) 704 2562
reseaudescrp@videotron.ca
www.reseaudescrp.org
Sages-femmes / Doulas
Maison de naissance Mimosa
Pour trouver une liste de maisons de naissance au Québec.
182, rue de l’Église, Saint-Romuald, Québec, G6W 3G9
Tél. : (418) 839 0205
www.mimosa.qc.ca
Ordre des sages-femmes du Québec
Informations sur les maisons de naissance et les sages-femmes au
Québec, ainsi que leur formation.
Tél. : (514) 286 1313
administration@osfq.org
www.osfq.org
Réseau québécois d’accompagnantes à la naissance
Réseau de doulas du Québec.
information@naissance.ca
www.naissance.ca
Suisse
Associations
ANSFD – Association neuchâteloise des sages-femmes à
domicile
Pour le canton de Neuchâtel, Les Franches-Montagnes et le vallon
de Saint-Imier.
Tél. : 079 280 48 28
Centre Brazelton
Association qui dispense des cours et des formations pour
l’accompagnement des parents.
www.brazelton.ch
Swiss Maman Blues
L’association Maman Blues sur la dépression du post-partum.
www.swissmamanblues.ch
Sages-femmes / Doulas
Association de sages-femmes à domicile
Permanence téléphonique : 022 329 05 55
www.arcade-sages-femmes.ch
Doula Suisse romande
Pour trouver une doula en Suisse.
www.doulasuisse.org
Fédération suisse des sages-femmes
25 C Rosenweg, 3000 Berne 23
Tél. : 031 332 63 40
info@hebamme.ch
www.sage-femme.ch
Maisons de naissance
IGGH-CH – Association suisse des maisons de naissance
Liste des maisons de naissance dans toute la Suisse.
www.maison-de-naissance.ch
Centre Agapê
Préparation individuelle ou en groupe à la grossesse et à la
naissance, soins après l’accouchement, soutien à l’allaitement,
médecine douce pour les enfants.
20, chemin Rieu, 1208 Genève
Tél. : 022 347 21 22
Maison de naissance des Dix Lunes
45, route de Presinge, 1241 Puplinge
Tél. / Fax : 022 700 42 31
contact@dixlunes.ch
www.dixlunes.ch
Maison de naissance Tilia
9, chemin des Valangines, 2000 Neuchâtel
Tél. : 032 724 12 23
info@tilia-naissance.ch
www.tilia-naissance.ch
Livres sur l’accouchement
Accoucher par soi-même, Le Guide de la naissance non assistée, Laura Kaplan
Shanley (Mama Editions, 2012)
Bien-être et maternité, Bernadette de Gasquet (Albin Michel, 2009)
Bien naître, Dr Michel Odent (Seuil, 1976)
Bouger en accouchant, Blandine Calais-Germain (Éditions Désiris, 2009)
Césariennes : questions, effets, enjeux. Alerte face à la banalisation, Dr Michel
Odent (Éditions Le Souffle d’or, 2007)
Devenir mère. Histoire secrète de la maternité, Jean-Marie Delassus (Dunod, 2007)
Histoires de naissances, Dr Michel Odent (Desclée De Brouwer, 1991)
HypnoNaissance : la méthode Mongan, Marie F. Mongan (Éditions du Petit Monde,
2009)
Intimes naissances. Choisir d’accoucher à la maison, Juliette et Cécile Collonge (La
Plage éditeur, 2008)
J’accouche bientôt et j’ai peur de la douleur, Maïtie Trelaün, préface de Michel
Odent (Éditions Le Souffle d’Or, 2008)
La Naissance orgasmique. Guide pour vivre une naissance sûre, satisfaisante et
agréable, Elizabeth Davis, Debra Pascali-Bonaro (Éditions du Hêtre, 2010)
Le bébé est un mammifère (nouvelle édition enrichie de Votre bébé est le plus
beau des mammifères), Dr Michel Odent (Éditions l’Instant Présent, 2011)
Le Droit des mères. La grossesse et l’accouchement, Sophie Gamelin-Lavois,
Martine Herzog-Evans (L’Harmattan, 2003)
Le Guide de la naissance naturelle, Retrouver le pouvoir de son corps, Ina May
Gaskin (Mama Editions, 2012)
Le Périnée féminin et l’accouchement, Blandine Calais-Germain (éditions Désiris,
1999)
Le Sens de la maternité, Jean-Marie Delassus (Dunod, 2011)
Les Droits des mères. Les premiers mois, Sophie Gamelin-Lavois, Martine Herzog-
Evans (L’Harmattan, 2003)
Ma grossesse, mon bébé bio, Claude-Suzanne Didierjean-Jouveau et Martine
Laganier (Eyrolles, 2009)
Parents et sage-femme : l’accompagnement global, Paloma Chaumette (éditions
Yves Michel, 2005)
Pour une naissance à visage humain, Claude-Suzanne Didierjean-Jouveau (éditions
Jouvence, 2007)
Trouver sa position d’accouchement, Bernadette de Gasquet (Marabout, 2009)
Vivre sa grossesse et son accouchement : une naissance heureuse, Isabelle
Brabant (Éditions Chronique sociale, 2003)
Allaitement
Francophonie
Sites d’information / Blogs / Forums
ADJ+ Allaitement des jumeaux et plus
Site spécialisé dans l’allaitement des jumeaux et plus.
questions-espace-allaitement@allaitement-jumeaux.com
www.allaitement-jumeaux.com
Allaitement et droit – Blog de Martine Herzog-Evans
Informations sur les aspects juridiques de l’allaitement maternel,
par l’auteur d’Allaitement maternel et droit.
http://allaiteretdroit.blogspot.com
Allaitement pour tous
Liste de discussion.
http://fr.groups.yahoo.com/group/allaitement_pour_tous
À tire d’Ailes
Le blog des femmes qui allaitent et travaillent.
www.lactissima.com/blog
Info Allaitement
Site d’information sur l’allaitement qui regroupe le Centre
ressource documentaire pour l’allaitement maternel et l’association
Information pour l’allaitement.
www.info-allaitement.org
Le Lien lacté
Ce site a pour but d’aider les mères qui désirent s’informer sur
l’allaitement maternel et qui cherchent du soutien.
http://lelienlacte.com
Vêtements
Ma Belle
Vêtements pour les femmes qui allaitent.
http://www.mabelle.ch
MamaNANA
Site de vente en ligne de vêtements d’allaitement.
www.mamanana.com
Blog de Mamanana : http://blog.allaitement.mamanana.com
Associations
ADLF – Association des lactariums de France
Cette association collecte les dons de lait maternel en France via
des lactariums.
26, boulevard Brune, 75014 Paris
www.lactariums-de-france.fr
AFCL – Association française des consultants en lactation
Elle regroupe les consultants en lactation dans toute la France, via
un annuaire.
www.consultants-lactation.org
AMF
Fondé par La Leche League, Allaitement maternel-formation est un
organisme de formation spécialisé dans l’accompagnement de
l’allaitement maternel, l’accueil du nouveau-né et le soutien du lien
parental.
www.allaitement-maternel-formation.com
CERDAM – Centre de ressource documentaire pour
l’allaitement maternel
Il met à disposition des informations scientifiques sur l’allaitement.
165, chemin du Grand-Revoyet, 69310 Pierre-Bénite
Tél. / Fax : 04 78 42 09 16. Port. : 06 75 81 42 53
cerdam@info-allaitement.org
CO-FAM – Coordination française pour l’allaitement
maternel
Cette association soutient l’allaitement et participe notamment à
l’organisation de la Semaine mondiale de l’allaitement maternel.
Liste d’associations par région sur le site.
http://coordination-allaitement.org
IPA – Information pour l’allaitement
Cette association soutient l’allaitement auprès des professionnels.
http://www.info-allaitement.org/association-ipa.html
La Grande Tétée
Association de parents pour défendre l’allaitement maternel, qui
organise une tétée collective publique dans plusieurs villes de
France.
www.grandetetee.com
La Leche League – France
Antenne française de la Leche League pour défendre et
encourager l’allaitement.
Conseils et informations ainsi qu’un répertoire des permanences
téléphoniques dans votre région sur le site.
www.lllfrance.org
Mosaïques d’allaitements
Association de soutien pour les mères qui allaitent.
http://reseau-allaitement.com
Solidarilait
Réseau d’associations de soutien à l’allaitement, présent dans
toute la France.
www.solidarilait.org
France (Est)
Action pour l’allaitement
Association de soutien à l’allaitement en Alsace-Lorraine.
Tél. : 03 88 27 31 72
http://action-allaitement.fr
Info allaitement 54
Association de soutien à l’allaitement dans la Meurthe-et-Moselle.
Tél. : 03 83 35 00 42
info.allaitement54@free.fr
http://info.allaitement54.free.fr
France (Nord)
Materlait
Association de soutien à l’allaitement dans le Nord-Pas-de-Calais.
Tél. : 03 28 59 00 09
associationmaterlait@gmail.com
http://materlait.e-monsite.com
Solidarilait Nord
Antenne de l’association Solidarilait.
Tél. : 03 20 78 08 00
contact@solidarilait-nord.fr
www.solidarilait-nord.fr
France (Ouest)
Allaiter à Nantes
Association de soutien à l’allaitement.
http://allaiteranantes.canalblog.com
Allô Allaitement 44
Association de soutien à l’allaitement dans le département de
Loire-Atlantique.
alloallaitement44@free.fr
http://alloallaitement44.free.fr
Bébé Koala
Association de soutien à l’allaitement et cours de portage en
écharpe à Saint-Brieuc.
Permanence à partir de 14 h : 02 56 40 10 08
http://bebekoala.e-monsite.com
Renoal
Ce site recense les associations de soutien à l’allaitement en
Normandie.
www.renoal.fr
France (Sud-Est)
Association 83
Association de soutien à l’allaitement dans les environs de Toulon.
allaitement83@hotmail.fr – http://allaitement83.over-blog.com
CADRAR – Collectif allaitement Drôme-Ardèche
Association de soutien à l’allaitement à Valence.
Tél. : 04 75 83 73 25
cadrar2607@gmail.com
www.cadrar.org
Galaectee – Groupe allaitement lyonnais accueil conseil
témoignage écoute entraide
Association de soutien à l’allaitement, avec une permanence
téléphonique.
4, rue Bodin, 69001 Lyon
Boîte vocale : 04 72 07 01 00
www.galactee.org
Lactea
Association de soutien à l’allaitement dans la région du Vaucluse.
lactea@orange.fr
http://lactea.free.fr
La Voie lactée
Association de soutien à l’allaitement à Grenoble.
contact@voielactee38.com
http://voielactee38.com/
Le Tétou
Association de soutien à l’allaitement à Béziers.
Tél. : 06 26 36 00 70
Maison de la vie associative, 15, rue du Général-Margueritte,
34500 Béziers
le_tetou@hotmail.com
http://tetoublog.canalblog.com
MAM – Montpellier allaitement maternel
Association de soutien à l’allaitement à Montpellier.
http://allomam.canalblog.com
France (Sud-Ouest)
Conseil en allaitement
Site d’une consultante en lactation dans la région de Toulouse.
barrio.edith@gmail.com
http://conseilallaitement.fr
Solidarilait Gironde
Antenne de l’association Solidarilait en Gironde.
http://sites.google.com/site/solidarilaitgironde
Belgique
Allaitement-Infos
Association de soutien à l’allaitement. Numéros des permanences
téléphoniques via le site.
www.allaitement-infos.be
Infor-Allaitement
Association de soutien à l’allaitement.
Permanence téléphonique : 02 242 99 33
11, rue de Braives, 4210 Vissoul (Burdinne)
info@infor-allaitement.be
www.infor-allaitement.be
La Leche League Belgique
Pour trouver le numéro d’une animatrice : 02 268 85 80
www.lllbelgique.org
Québec
Allaitement Québec
Association de soutien à l’allaitement à Québec.
Tél. : 418 704 3575
Permanence téléphonique : 418 623 0971 ou 1 877 623 0971
177, 71e Rue Est, 2e étage, Québec, G1H 1L4
info@allaitementquebec.org
http://allaitementquebec.org
Allaitement maternel
Liste de groupes de soutien dans chaque région du Québec.
www.allaitementmaternel.ca
Chantelait
Groupe de soutien à l’allaitement.
1320, rue Saint-Paul, L’Ancienne-Lorette, G2E1Z4
Tél. : 418 877 5333
chantelait@videotron.ca
www.chantelait.org
Entraide Naturo-Lait
Association de soutien à l’allaitement.
Permanence téléphonique : 663 2711
info@entraidenaturolait.com
www.entraidenaturolait.com
Fédération québécoise Nourri-Source
Mouvement d’entraide pour l’allaitement maternel.
110, rue Sainte-Thérèse, bureau 001,
Montréal, Québec, H2Y 1E6
Tél. : (866) 948 5160 ou (514) 948 9877
http://www.nourri-source.org
La Leche League Canada
www.lllc.ca
Liste des organismes offrant des services en allaitement :
Les P’tits Gobe-lait :
www.allaitementmaternel.ca/ptitsgobelait/index.htm
Maison de la famille Éveil-Naissance :
www.eveilnaissance.com
La Nichée :
www.lanichee.org
Association Parents-Ressources des Bois-Francs :
www.parentsressources.org
Allaitement-Soleil : www.allaitement-soleil.org
Centre Ressources naissance :
www.ressourcesnaissance.ca
Maison de la famille des Chenaux :
www.maisondelafamilledeschenaux.com
Maison de la famille Drummond inc :
http://maisonfamille.drummond.net
Maison des familles de Mékinac :
mdfmekinac@globetrotter.net
Maison des familles Chemin-du-Roi : www.mfcdr.org
Centre en périnatalité L’Étoile de mère :
www.etoiledemere.com
Collectif de Sept-Îles pour la santé des femmes :
www.collectifsante.org
Allaitement Sein-Pathique :
http://seinpathique.weebly.com
Les Amies de l’allaitement de la Matawinie :
www.lesamiesdelallaitement.org
Naissance – Renaissance des Hautes-Laurentides –
La Mèreveille : www.telebecinternet.com/mereveille
Suisse
IBCLC – Association suisse des consultantes en lactation
www.stillen.ch
GIFA – Association genevoise pour l’alimentation infantile
Association de soutien à l’allaitement à Genève.
Tél. : 022 798 91 64
info@gifa.org
www.gifa.org
La Fondation suisse pour la promotion de l’allaitement
maternel
Schwarztorstrasse 87, 3007 Bern
Tél. : 031 381 49 66
contact@stiftungstillen.ch
www.allaiter.ch
LLL Suisse romande – La Leche League Suisse
Réunions mensuelles de partage d’expérience sur l’allaitement et
le maternage et contact d’animatrices sur le site.
http://romandie.stillberatung.ch
Livres sur l’allaitement
Allaitement maternel et droit, Martine Herzog-Evans (Éditions L’Harmattan, 2007)
Allaiter, c’est bon pour la santé, Claude-Suzanne Didierjean-Jouveau (Éditions
Jouvence, 2004)
Anthologie de l’allaitement maternel, Claude-Suzanne Didierjean-Jouveau et Dr
Michel Odent (Éditions Jouvence, 2002)
L’Allaitement maternel : la voie lactée, Claude-Suzanne Didierjean-Jouveau
(Éditions Jouvence, 2003)
L’Art de l’allaitement maternel, La Leche League (First Éditions, 2009)
Le Guide de l’allaitement naturel, Nourrir son enfant en toute liberté, Ina May
Gaskin (Mama Editions, 2012)
Petit Guide de l’allaitement pour la mère qui travaille, Claude-Suzanne Didierjean-
Jouveau (Éditions Jouvence, 2009)
Soins des enfants
Sud-Ouest
Bébé Bien-être
Ateliers de portage en écharpe et cours de massage pour bébés
à Toulouse et dans sa région.
Tél. : 06 14 45 01 20
bebebienetre@gmail.com
www.bebebienetre.fr
Bébés Bohèmes
Ateliers de portage et de massages pour bébés.
Villa 64, 7, route de Saint-Simon, 31100 Toulouse
Tél. : 06 61 50 26 61
contact@bebesbohemes.fr
http://bebesbohemes.fr
La Maison des bébés
Un espace à Bordeaux qui propose des ateliers de massage et de
portage.
Tél. : 05 56 07 23 56 ou 06 28 02 67 36
lamaisondesbebes@yahoo.fr
http://lamaisondesbebes.wifeo.com
Massage Bébé Bordeaux
Tél. : 06 03 60 61 80
contact@massagebebe-bordeaux.fr
www.massagebebe-bordeaux.fr
Sud-Est
Bébé terrien
Boutique de produits naturels pour les bébés.
4, rue Romarin, 69001 Lyon
Tél. : 04 72 00 27 72
contact@bebe-terrien.com
www.bebe-terrien.com
Périnatalité Massage Bébé
Espace d’échanges autour de la périnatalité et en particulier du
massage pour bébés dans l’Hérault et la Région Provence-Alpes-Côte
d’Azur.
Tél. : 06 12 09 20 54
ginko2207@gmail.com
http://perinatalite.over-blog.net/
Porter son enfant
Association pour l’information et la promotion du portage, mais
aussi des adresses pour trouver des ateliers de portage en France et
en Belgique.
Tél. : 04 50 19 03 06 ou 06 11 70 32 23
info@portesonenfant.fr
www.portersonenfant.fr
Porter en écharpe
Ateliers de portage en écharpe dans la région de Montpellier.
Tél. : 06 22 17 34 33
portageenpartage@gmail.com
http://porter-en-echarpe.lescigales.org
Tout contre mon cœur
Ateliers de portage en écharpe à Lyon, Vienne, Beaurepaire et les
environs.
Tél. : 06 88 24 06 30
contact@toutcontremoncoeur.com
www.toutcontremoncoeur.com
Ouest
Bébé Planète
Boutique à Rouen qui propose des produits naturels pour les
mères et leur bébé, des ateliers de massage, de portage, etc.
11, rue du Général-Leclerc, 76100 Rouen
bebeplanete@live.fr
www.bebe-planete.com
Jamaril
Cours de réflexologie pour les mères et leur bébé.
34, avenue du Corniguel, 29000 Quimper
Tél. : 06 24 80 63 66
jamarilcontact@orange.fr
www.reflexologie-quimper.fr
Naïna
Une boutique de produits naturels pour bébés à Rennes.
10, rue Saint-Melaine, 35000 Rennes
Tél. : 02 99 36 29 81.
contact@naina-bebe.com
www.naina-bebe.com
Tribu Koala
Des cours de portage organisés en Bretagne.
Contact sur le site pour des cours organisés près de chez vous.
http://tribukoala.fr
Est
Cœur de bulle
Ateliers de portage près de Nancy.
http://coeurdebulle54.e-monsite.com
Massage Bébé
Cours de massage pour bébés en Alsace.
Tél. : 03 89 47 36 28
giselejost@orange.fr
www.massage-bebe.com
Belgique
Association belge de massage pour bébés
Des informations et des adresses pour apprendre le massage pour
bébés.
Consulter le site pour trouver un animateur près de chez vous.
www.abmbb.be
Ecole de massage autour de la naissance et de l’enfance
Cours de massage pour bébés à Namur, Brabant Wallon, Charleroi
ou à domicile.
Tél. : 04 98 57 14 13
contact@massage-bebe.be
www.massage-bebe.be
Ecole de portage
Cours de portage dans toute la Belgique.
Sur le site, liste des animatrices par région.
www.ecoledeportage.be
Mamzelle Zonzon
Boutique en ligne qui propose des couches lavables et autres
accessoires pour mères et enfants.
www.mamzellezonzon.be
Sebio
Produits bio pour toute la famille, ateliers de massage, de portage
et d’aromathérapie.
101A, rue du Monténégro, 1190 Bruxelles
www.sebio.be
Suisse
Association suisse de massage pour bébés
Cours de massage pour bébés.
3, Ch. du Ruisselet, 1009 Pully
Tél. : 02 17 29 81 42 ou 07 86 34 31 09
m.jayet@hispeed.ch
www.coursmassagebebe.com
Kidsup
Espace pour les enfants qui propose des cours de portage, de
massage pour bébés et de signes pour communiquer.
Tél. : 07 92 08 21 12
info@kidsup.ch
www.kidsup.ch
Jubilane
Vêtements pour femmes enceintes et allaitantes, objets pour
bébés.
www.jubilane.ch/fr/
Portail suisse des parents
Liste d’instituts de bien-être pour enfants et femmes enceintes.
www.naissance.ch/massage-bebe-portage-bebe-suisse.html
Terralana
Magasin de produits bio pour bébés.
www.terralana.com
Canada
Centre du bien-être corporel et yoga
Massage prénatal et pour bébés.
Villa Maria, 4578, rue Harvard, Montréal, QC H4A 2X2
Tél. : 514 488 4544
elyse@yogaplus.net
http://www.yogaplus.net/french/massage.htm
Chimparoo
Informations sur le portage, boutique en ligne et évènements
organisés au Québec autour de cette pratique.
Tél. : 514 905 64 84
www.chimparoo.ca
La Câlinerie
Soins pour toute la famille, cours de portage, langage des signes
pour bébés.
3095, boul. Wilfrid-Hamel, local 101, Québec, QC G1P 4C6
Tél. : 418 907 9479 ou 888 907 9479
www.lacalinerie.com
Massage bébé Linda Coté
Cours de massage pour bébés à Montréal et Longueuil.
Tél. : 514 524 8112
massagebebe@sympatico.ca
www.massagebebe.ca
Livres
L’Art de porter bébé. Nouages et positions, Manuella Favreau (La Plage éditions,
2009.)
Peau à peau. Technique et pratique du portage, Ingrid Van Den Peereboom
(éditions Jouvence, 2009.)
Porter bébé. Avantages et bienfaits, Claude-Suzanne Didierjean-Jouveau (éditions
Jouvence, 2006.)
Du même auteur :
COLLECTION CHAMANISMES
La Voie du chamane
Un manuel de pouvoir & de guérison
Michael Harner
Un manuel irremplaçable qui permet de comprendre et de pratiquer la transe chamanique
sans plantes, avec pour seule aide un tambour. Une référence mondiale, entièrement mise à
jour et préfacée par Laurent Huguelit, auteur de Les Huit Circuits de conscience et coauteur
de Le Chamane & le Psy.
Le Matériau de Seth
Une initiation (tomes I & II)
Un livre de Seth, par Jane Roberts
Une introduction éclairante et d’accès particulièrement facile au message de Seth, l’entité
considérée par des millions de lecteurs comme l’un des grands maîtres spirituels de notre
époque.
Présenté par Jane Roberts, qui lui prêta sa voix.
COLLECTION TÉMOIGNAGES
Mr Nice
Une autobiographie
Collector Edition
Howard Marks
Hier recherché par toutes les polices, aujourd’hui star internationale, Howard Marks, le
contrebandier de hasch aux quarante-trois identités devenu héros d’un film, raconte.
Confessions d’une légende vivante, figure emblématique du mouvement pour la légalisation
du cannabis. (Photos et épilogue inédits). .
De l’ombre à la lumière
Voyages d’un guérisseur chez les chamanes
Metsa Niwue
François Demange, un Français au destin hors-norme, découvre le chamanisme à la suite
d’une expérience de mort imminente.
Initié à diverses traditions d’Amazonie et d’Amérique du Nord, il sera finalement adopté
dans ces différentes cultures comme le fils spirituel de grands guérisseurs.
COLLECTION JARDINAGES
Culture en intérieur
Master Edition : la bible du jardinage indoor
Jorge Cervantes
Plantes et fleurs exotiques sous lumière artificielle, été comme hiver : le manuel de
référence pour l’horticulture high-tech, du jardin pour amateurs aux installations les plus
sophistiquées.
JardinoScope inclus (annuaire d’adresses utiles).
Culture en intérieur
Basic Edition : l’abc du jardinage indoor
Jorge Cervantes
L’horticulture high-tech simplifiée pour tous.
JardinoScope inclus (annuaire d’adresses utiles).
Cannabis médical
Du chanvre indien au THC de synthèse
Michka et collectif
Un état des lieux richement illustré, avec la participation de médecins et de patients :
variétés, modes d’absorption, législations, bénéfices thérapeutiques, nouveaux
médicaments, coffeeshops renommés, dispensaires d’herbe dans le monde, etc.
CannaScope inclus (annuaire d’adresses utiles).
Mr Nice
Une autobiographie
Howard Marks
Hier recherché par toutes les polices, aujourd’hui star internationale, Howard Marks, le
contrebandier de hasch aux quarante-trois identités devenu héros d’un film, raconte.
Confessions d’une légende vivante, figure emblématique du mouvement pour la légalisation
du cannabis.
COLLECTION NAISSANCES
À PARAÎTRE
Tuning In
Six channels d’aujourd’hui
de David Thomas
Ce livre réunit des interviews de six des plus éminents channels actuels. Il passionnera
aussi bien ceux qui connaissent les livres de Seth – textes fondateurs du channeling – que
ceux qui découvrent ce phénomène contemporain.
Ces channels abordent, entre autres, la « loi de l’attraction », le concept de Dieu, la façon
dont nous créons notre réalité et l’émergence d’un nouveau niveau de conscience humaine.