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Avortement Thérapeutique et

Criminel
Dr. N.MACHER
Service Médecine Légale
Chef de Service Pr. K. BOUSSAYOUD
C.H.U. de Bab El-Oued
PLAN
I. Généralités-Définition
II. Moyens abortifs
III. Diagnostic médico-légale
IV. Les complications
V. Problèmes déontologiques et éthique
VI. Problèmes médico-légaux
VII.Législation
VIII.Avortement thérapeutique
IX. Conclusion
GENERALITES-DEFINIION

• L’avortement est souvent pratiqué en début de grossesse, dans les deux


premiers mois, car le risque de complications est moins fréquent et
moins grave.

• L’avortement criminel est un phénomène universel, qui touche toutes


les sociétés quel que soit leurs religions ou leurs codes morales, même
si les lois l’autorise ou la punit, et malgré les progrès de la
contraception.
GENERALITES-DEFINIION

• Définition médicale de l’avortement : C’est l’expulsion de l’embryon


de l’utérus où il était implanté, soit spontanément (fausse couche), soit
provoquée (thérapeutique ou criminel)

• Définition juridique de l’avortement : le code pénal algérien ne donne


aucune définition claire et précise sur l’avortement, et se base
uniquement sur une jurisprudence pour réprimander les auteurs d’un
avortement criminel.
GENERALITES-DEFINIION

• Avortement provoqué : processus par lequel on met un terme à une grossesse


avant que le fœtus ne soit viable

• Avortement criminel (non médicalisé) : Avortement réalisé par des personnes


n’ayant pas les compétences requises, soit dans un cadre ne répondant pas aux
normes médicales, soit les deux en même temps.

• Avortement spontané: (fausse-couche) Il s’agit du décès ou de l’expulsion hors


de l’organisme maternel d’un embryon ou d’un fœtus de moins de 500 grammes
ou âgé de moins de 22 semaines d’aménorrhée ou sans règles (= 20 semaines de
grossesse). Si la fausse-couche survient plus tard dans la grossesse, on parle de
« mort fœtale in utero ».
MOYENS ABORTIFS

Il faut distinguer entre :


Les substances abortives et les manœuvres abortives

Les substances abortives :


Substances toxiques dont les effets abortifs ne sont ni primitifs ni
électifs, elles relèvent souvent de l’intoxication.

Les manœuvres abortives :


Manœuvre destinés à provoquer l'avortement.
MOYENS ABORTIFS
Les substances abortives :
• Elles sont toxiques, de posologie incertaine et d’action variable, elles sont aussi
dangereuses pour la mère que pour le fœtus à doses abortives. Elles atteignent
gravement l’organisme maternel.
• On peut citer :
• Les végétaux (l’apiol, la Sabine et l’Armoise)
• Les minéraux (Le Plomb, Le Phosphore  blanc et  la cantharide, le
Permanganate de Potassium, Les Sels de Quinines)
• Les hormones (les médicaments, œstrogènes(Folliculine))
MOYENS ABORTIFS
Les manœuvres abortives
• Manœuvres indirectes:
• Traumatismes abdominaux (Choc ou coup appliqué sur le ventre, marche forcée)
• Traumatismes vaginaux (Tamponnement, douche énergique, coïts répétés)
• Les massages violents du bas ventre . Le pétrissage énergique et renouvelé a été mis en cause
• Manœuvres directes:
• Dilatation du col : Tige, bougie de Hégar, doigts
• Décollement instrumental des membranes et de l’œuf
• Décollement hydraulique  des membranes par injection de liquide entre l’œuf et la paroi utérine (eau
savonneuse, vinaigre, eau oxygénée ou javellisée, alcool à 90°)
• La ponction de l’œuf avec une tige improvisée, aiguille à tricoter, épingle à cheveux
• La formolisation de l’œuf par injection à travers la paroi abdominale de formol.
DIAGNOSTIC MEDICO-LEGAL

 Diagnostic de l’avortement :
Le rôle du médecin légiste est d’apporter la preuve médico-légale que
l’acte a été accompli, c’est plus facile quand la femme est décédée, et
difficile voire impossible lorsque les manœuvres sont sans incidents.

Le médecin doit répondre à trois questions :

 Déterminer la réalité de l’avortement


 Prouver sa nature criminelle ou accidentelle
 Déterminer l’âge de la grossesse au moment de l’interruption
CHEZ LA FEMME VIVANTE
Avortement précoce < 12 semaine Avortement tardif > 12 semaine
 Rechercher les signes de grossesse et
 Diagnostic Difficile d’accouchement récent:  Le développement de
 Les déclarations et les aveux de la femme l’utérus, l’état du col, l’écoulement lochial, la montée
constituent le principale élément d’identification. laiteuse
 Le passage d’un embryon jeune à travers le col
 La rétention placentaire: Présence de débris
laisse peu de traces (béance de l’orifice cervical,
glaires) . placentaire dans le sang de délivrance (signe de
 Des hémorragies durables persistantes ou répétées grande valeur).
ou bien d’emblée profuses ≠ les fausses  Vergetures de l’abdomen, modification des seins
couches naturelles (une seule hémorragie)  Les saignements durent peu de temps si l’œuf a été
complètement expulsé sans infection.
 Cicatrices de déchirure du col et de la fourchette,
vergeture, caroncules multiformes Chez la primipare.
CHEZ LA FEMME VIVANTE

Examens complémentaires :
• Test de grossesse : BHCG
• Echographie obstétricale : Met en évidence des débris placentaires
dans l’utérus
• Histologie des débris endométriaux permettent de différencier un état
menstruel d'un état de gestation.
CHEZ LE CADAVRE

Levée de corps :

• Examen des lieux et position du corps


• Vêtements, présence ou non de moyens abortifs sur les lieux
(établissement de scellées)
• Recherche et prélèvement de tâches qui pourront être identifiées par la
cytologie : liquide amniotique, vernix, cellules malpighiennes, débris
épithéliaux
CHEZ LE CADAVRE

Examen externe du cadavre : Sur les lieux et en salle d’autopsie

• Coloration de la peau : ictère par atteinte hépatique, bronzée si


septicémie à clostrodium perfingens
• Signe et âge de grossesse (abdomen, seins)
• Traces de blessures au niveau de la vulve, saignement vaginal
• Examen du vagin à la recherche de signes de grossesse récent ou en
cours, ou de tentative d’avortements (prélèvement de liquide à la
pipette)
CHEZ LE CADAVRE
Autopsie : plusieurs cas
• La cause de la mort ailleurs que la sphère génitale
• Femme enceinte sans lésions de violences aux organes génitaux
externes et internes
• Avortement patent : il existe des lésions des moyens abortifs :
 Lésions du col, vagin, et cul de sac : Ecchymoses, plaies, fausses routes d’instruments,
substances toxiques
 Lésions de l’utérus : perforation infection, infarctus utérin, décollement et déchirure de
membranes
 Lésions de l’œuf et du fœtus
• Anatomopathologie : Utérus gravide, présence de villosités
placentaires
REMARQUE !
Date de l’interruption de grossesse :
• L’examen de l’utérus d’une femme vivante ou morte ne donne que des
indices approximatifs
• L’examen du fœtus apporte de précieux renseignements

N.B : La constations de l’expulsion du placenta est la preuve formelle


de l’avortement
COMPLICATIONS
Mort subite : par deux causes
 Par inhibition : réflexe cardio respiratoire par excitation des zones réflexogènes génitales.
 Mort par embolie gazeuse : air dans le sang à travers les membranes décollées
• Perforation utérine : primitive par blessure direct du col ; ou secondaire par
transformation gangreneuse de l’infarctus utérin ou injection intra utérine de
produit caustique
• Infarctus hémorragique : de l’utérus et des annexes
• Accidents toxiques : ingestion de forte dose de substances abortives ce qui
engendre des lésions rénales et hépatiques
• Accidents infectieux : endométrite, péritonite, tétanos post abortifs
• Accidents tardifs : GEU, stérilité, ovarite scléro kystique, aménorrhée
PROBLEMES DEONTOLOGIQUE ET ETHIQUES
• Le statut de la vie prénatale humaine a ses divers stades et la protection du fœtus
(car non encore indépendant), l’article 25 du code civil définit la personnalité
comme suit : 
«  la personnalité commence avec la naissance de l’enfant vivant et finit par la
mort »

• Cet article pose la question : l’œuf fécondé est-il déjà une personne jouissant de
tous ses droits ? Ou alors ils ne lui sont acquis qu’à la naissance ??

• La place donnée aux libertés individuelles et décisionnelles des femmes,


confortées à une grossesse non désirée
PROBLEMES MEDICO-LEGAUX
• Y a-t-il eu avortement ?
• Les manœuvres pratiquées avaient-elles un caractère abortif ?
• Les objets saisis peuvent-ils servir à pratiquer un avortement ?
• L’avortement a-t-il été la conséquence de ces manœuvres ?
• Le Dr X a-t-il pratiqué sur la dame Y un curettage utérin ?
• Ce curettage avait-il un caractère curatif ou abortif ?
• Les manœuvres abortives ont-elles été pratiquées sur une femme enceinte ou
supposée enceinte ?
• Le médicament prescrit par le Dr X a-t-il un effet abortif ?
• Un médecin peut-il ignorer qu’une femme est enceinte après l’avoir examinée ?
LEGISLTATION
L’avortement criminel est régi par les articles 304, 305 et 306 du code pénal
algérien.
Les peines sont de 1 à 5 ans, si lé décès de la femme survient, la peine est de 5 à
10 ans.
En cas de récidive, la peine est portée à 5 – 10 ans et la peine maximale en cas
de décès.
La femme qui se fait avorter est punie de 6 mois à 2 ans de prison et d’une
amende de 250 à 1000 dinars algériens (art 309).
Art. 308. - L’avortement n’est pas puni lorsqu’il constitue une mesure
indispensable pour sauver la vie de la mère
Le médecin peut dénoncer un cas d’avortement criminel sans risque d’être
poursuivi pour violation du secret professionnel (art 301/2 du CPA).
AVORTEMENT THERAPEUTIQUE
AVORTEMENT THERAPEUTIQUE
1-Définition :

« C’est l’interruption de la grossesse pratiquée avant le 180ème jour de


grossesse pour des raisons médicales, et ne constitue pas un délit » Simonin

• Définition médicale de l’avortement : C’est l’expulsion de l’embryon de


l’utérus où il était implanté, soit spontanément (fausse couche), soit
provoquée (thérapeutique ou criminel)
AVORTEMENT THERAPEUTIQUE
2-Conditions médicales : doivent être recherchées et réunies :

La mère encourt un danger extrême, réel et actuel qui menace sa vie, et sa
santé physique et mental.

Ce danger est sous la dépendance certaine de la grossesse, qui a créée ou


aggravée l’état pathologique

Que l’interruption de la grossesse le fera cesser

Qu’aucun n’autre moyen thérapeutique n’a réussi ou ne peut être essayé pour
sauver la mère
CONDITIONS LEGALES
• Le médecin traitant doit obligatoirement prendre l’avis de deux médecins
consultants dont l’un est un expert près du tribunal civil.

• Après examen et discussion ils adressent un écrit au directeur de


l’établissement attestant que la vie de mère est gravement menacée, et qu’elle
nécessite une intervention chirurgicale soit l’emploi d’une voie thérapeutique
afin d’entrainer l’avortement, un exemplaire est remis à la malades, et deux
autres sont conservés par les médecins.
TECHNIQUES
1-Classiques :  
• Curetage après dilatation (laminaire, bougies) mais risque de béance du
sphincter isthmique, performation, et de synéchies

• Petite césarienne par voie vaginale mais risque d’endométriose

• Césarienne par voie abdominale si l’on envisage la ligature des trompes.


CAS PARTICULIER

En 1998 une instruction ministérielle a permis aux femmes victimes de viol par
un ou des terroristes de pouvoir avorter, dans une structure hospitalière, si elles
le désirent et à condition d’avoir porté plainte pour viol
(apportant un PV de la police ou de la gendarmerie faisant foi)
LEGISTLATION
Article 308 du code de procédure pénal : l’avortement n’est pas puni lorsqu’il
constitue une mesure indispensable pour sauver la vie de la mère en danger qu’il
est ouvertement pratiqué par un médecin ou un chirurgien, après avis donné par à
l’autorité administrative.
Article 301 du code pénal algérien : relative au secret professionnel
Article 72 de la loi sanitaire :
L'avortement dans un but thérapeutique est considéré comme une mesure
indispensable pour sauver la vie de la mère du danger, ou préserver son équilibre
physiologique et mental gravement menacé.
L'avortement est effectué par un médecin dans une structure spécialisée, après un
examen médical conjoint avec un médecin spécialiste.
Article 33 du code de déontologie : Le médecin, chirurgien-dentiste, exercent
dans le respect de la vie et de la personne humaine
Je vous remercie de votre
attention

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