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RÉSUMÉ – Cet article présente une étude statistique du rapport EM/qC issue des
résultats des investigations géotechniques réalisées par FONDASOL dans le Nord –
Pas-de-Calais. Une synthèse des travaux antérieurs est présentée, puis l’étude est
décrite à travers la présentation des résultats obtenus sur un chantier de référence.
Les résultats sont ensuite présentés pour les différents types de sol fréquemment
rencontrés dans la région, et comparés aux conclusions de l’étude bibliographique.
ABSTRACT – This paper presents a statistical analysis of EM/qC ratio obtained from
geotechnical investigations carried out in Nord – Pas-de-Calais by FONDASOL. A
synthesis of the previous researches is presented and then the present study is
detailed based on one case study. Results are presented for each type of soil which
can be frequently encountered in the region and also compared with the conclusions
of the bibliographical study.
1. Introduction
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De nombreuses études ont porté sur les argiles. D’après une étude réalisée à
partir de 165 essais comparatifs, (Cassan, 1978) propose un rapport EM/qC compris
entre 2,5 et 3,3. (Shahrour, 2005) distingue les argiles selon qu’elles soient
normalement consolidées ou surconsolidées et propose des valeurs de EM/qC
proches de 4,5 dans des argiles normalement consolidées et qui peuvent atteindre
une valeur de 7 lorsqu’elles sont surconsolidées. (Van Wambeke et D’Hemricourt,
1982) proposent également un rapport croissant avec le rapport de surconsolidation,
à savoir de 4,5 à 6. (Bahar et al., 1999), pour leur part, proposent à partir d’une
campagne d’essais réalisée dans des argiles algériennes des valeurs de EM/qC
comprises entre 3,0 et 4,9.
Pour les limons, (Cassan, 1978) donne des valeurs du rapport EM/qC comprises
entre 2,3 et 3,0. Par ailleurs, (Sanglerat, 1965) avait donné une estimation
approximativement égale à 2,4. (Shahrour, 2005) propose d’encadrer EM/qC entre 1
et 3. (Van Wambeke et D’Hemricourt, 1982) donnent pour ce rapport une valeur
variant entre 3,0 et 4,5.
Concernant les sables, de nombreuses études ont également été réalisées.
(Cassan, 1978) propose des valeurs de EM/qC restant sensiblement égales à 1.
(Costet et Sanglerat, 1983) proposent par ailleurs de considérer que ce rapport varie
entre 0,5 et 1. Enfin, (Van Wambeke et D’Hemricourt, 1982) donnent un rapport
EM/qC sensiblement égal à 1,5.
Les différents encadrements proposés par les auteurs cités dans la partie
précédente, sont synthétisés dans le tableau I.
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Les intervalles sont larges, mais on remarque que les auteurs sont généralement
en accord pour les différents types de sol, retenus dans la classification. Par ailleurs,
l’étude de l’évolution du rapport EM/qC en fonction du type de sol permet d’observer
des variations nettes.
En effet, les rapports EM/qC diminuent lorsque la granulométrie augmente, à savoir
des argiles vers les sables, et sont intermédiaires dans les limons.
Le chantier dont nous allons détailler l’étude a été réalisé à Auby, dans le
Département du Nord, en début d’année 2009 (figure 1).
La géologie attendue lors de la campagne réalisée était, d’après la carte
géologique de Douai au 1/50 000ème du BRGM, sous un recouvrement de terre
végétale et/ou de remblais, des horizons alluvionnaires d’âge quaternaire reposant
ensuite sur le substratum crayeux blanc du Sénonien d’âge secondaire.
Le chantier d’Auby a consisté en l’exécution de 5 sondages dans lesquels ont été
réalisés des essais pressiométriques (3 sondages jusqu’à 25 mètres de profondeur
et 2 jusqu’à 10 m) et de 6 essais de pénétration statique. Initialement, 2 d’entre eux
devaient être réalisés jusqu’à 20 m de profondeur et les 4 autres jusqu’à 10 m. Mais
de nombreux refus ont été observés et les profondeurs maximales n’atteignaient que
14 à 15 m pour les 2 premiers essais et 6 à 10 m pour les 4 autres.
Pour ce chantier, les essais pressiométriques ont été réalisés par FONDASOL
selon la norme NFP 94-110 tous les 1 m jusqu’à 3 m de profondeur, puis tous les
1,5 m jusqu’à la base des sondages. Les essais de pénétration statique ont été
réalisés par la société LANKELMA selon la norme NFP 94-113 avec un
pénétromètre Hyson monté par A.P. Van den Berg sur un camion et pouvant
développer jusqu'à 200 kN de poussée. Les mesures ont été réalisées tous les 2 cm
jusqu’à la base des essais.
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LIMON LIMON
5 5
SABLE SABLE
10 10
Profondeur (m)
Profondeur (m)
ARGILE ARGILE
15 15
20 20
EM Em/qc
qc
CRAIE CRAIE
25 25
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L’étude statistique dont les résultats sont décrits ci-dessous a porté sur 96
chantiers réalisés par FONDASOL dans le cadre d’études géotechniques entre 2004
et 2009. Ces chantiers représentent une longueur totale d’essai de pénétration
statique d’environ 5 500 m comparée avec les résultats de prés de 4 000 essais
pressiométriques réalisés dans 5 500 m de sondage. Pour chacun des chantiers
d’investigation, les essais pressiométriques ont été réalisés par FONDASOL et les
essais de pénétration statique par LANKELMA.
Les valeurs utilisées pour la caractérisation du rapport EM/qC pour chaque type de
sol sont les suivantes :
- le coefficient directeur de la régression linéaire ajustée sur le nuage de points
par la méthode des moindres carrés ;
- la classe modale de la distribution log-normale théorique que suit la distribution
validée par le test du χ2, relativement faible puisque la loi log-normale n’est pas
symétrique ;
- la moyenne des rapports, plus élevée compte tenu de la forme élancée vers la
droite des distributions mais qui permet de tenir compte des valeurs les plus
importantes.
Dans les cas où aucune adéquation à une loi classique n’a pu être trouvée
(notamment pour les sables), seule la classe modale de la distribution observée a
été retenue.
L’étude des courbes et des valeurs décrites dans la partie précédente confirme
l’hypothèse initiale selon laquelle le rapport EM/qC dépend bien du type de sol que
l’on cherche à caractériser et que l’on peut donner une valeur approximative pour
chacun d’eux.
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40
45
35 40
EM = 3.2 qC
30 35
30
25
25
20
EM
20
15
15
10
Effectifs observés
10
Effectifs théoriques
5
5
0
0
0 2 4 6 8 10 12
qC 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18
35
30
25
20
15
10
Effectifs observés
Effectifs théoriques
5
0
0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5 5 5.5 6 6.5 7 7.5 8 8.5 9 9.5 10
45
EM = 1.4 qC 25
40
35
20
30
EM
25
15
20
10
15
10
5
5
0 0
0 5 10 15 20 25 30 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5 5 5.5 6 6.5 7 7.5 8 8.5 9 9.5
qC
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Les nuages de points sont assez diffus mais peuvent suggérer dans l’ensemble
une relation linéaire entre les deux paramètres étudiés pour les différents types de
sols retenus.
Les lois log-normales s’avèrent quant à elles plus délicates à interpréter,
notamment pour les sols où les données sont moins nombreuses (les sables ici)
mais une tendance se dessine quelque soit le sol ou le paramètre étudié.
On remarque par ailleurs que les sols sont classés par ordre de granulométrie
décroissante s’ils sont rangés dans l’ordre des EM/qC. Ces valeurs permettent de
définir les encadrements des différents rapports rapportés synthétiquement dans le
tableau III.
Van Wambeke
Baguelin et al.
Sable
Sanglerat
Cassan
Données Fondasol
Van Wambeke
Baguelin et al.
Limon
Sanglerat
Cassan
Données Fondasol
Van Wambeke
Baguelin et al.
Argile
Sanglerat
Cassan
Données Fondasol
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Em/qc
5. Conclusion
Cet article présente une étude statistique des valeurs du rapport EM/qC des
résultats obtenus sur 96 dossiers d’études géotechniques de FONDASOL dans la
région Nord – Pas-de-Calais entre 2004 et 2009.
L’étude a montré que ces rapports varient selon les types de sol et sont classés
par granulométrie décroissante pour le ratio EM/qC.
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Par ailleurs, les résultats obtenus concernent les types de sol fréquemment
rencontrés dans la région étudiée et ils pourront permettre d’obtenir des corrélations
simples entre les résultats des essais pressiométriques (EM dans cette étude) et
ceux fournis par les essais de pénétration statique (qC).
Ces résultats sont cependant à utiliser avec prudence car ils ont été obtenus à
partir d’un nombre restreint d’échantillons pour certains sols et qui ne permet pas
d’assurer totalement leur validité.
A ce stade de l’étude, sans l’extrapoler à l’ensemble du territoire, nous pouvons
affirmer que ces corrélations permettent toutefois d’avoir une bonne approche
comparative pour les sols de la région Nord – Pas de Calais.
6. Références bibliographiques
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