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5 Equation de la chaleur

5.1 Existence de solution pour l’équation homogène


Considérons le problème
∂u
− ∆u = 0, t > 0, x ∈ Rd , (5.1)
∂t
u(0, x) = u0 (x), x ∈ Rd , (5.2)

où u0 (x) est une fonction donnée appartenant à l’espace Cb (Rd ) des fonctions
bornées continues. Pour t > 0 et x ∈ Rd , on pose
|x|2
Kt (x) = (4πt)−d/2 e− 4t .
Théorème 5.1. Pour tout u0 ∈ Cb (Rd ) la fonction
Z
|x−y|2
u(t, x) = (Kt ∗ u0 )(x) = (4πt)−d/2 e− 4t u0 (y) dy (5.3)
Rd

appartient à l’espace C ∞ (R∗+ × Rd ) ∩ Cb (Rd+1


+ ) et vérifie les équations (5.1),
(5.2).
Démonstration. Il est facile à voir que u ∈ C ∞ (R∗+ × Rd ). De plus, pour t > 0,
x ∈ Rd , on a
d |x|2
 |x|2 d
∂t Kt (x) = (4πt)− 2 e− 4t 2
− ,
4t 2t
d |x|2 xk
∂k Kt (x) = −(4πt)− 2 e− 4t ,
2t
d |x|2
 x2 1
∂k2 Kt (x) = (4πt)− 2 e− 4t k
− ,
4t2 2t
d’où on conclut que u vérifie l’équation (5.1). Montrons que u ∈ Cb (Rd+1
+ ). En
effet, si |u0 | ≤ C, alors
Z Z
|x−y|2 |z|2
|u(t, x)| ≤ (4πt)−d/2 e− 4t |u0 (y)| dy ≤ C(2π)−d/2 e− 2 dz = C.
Rd Rd

Montrons enfin que u(t, x) vérifie l’équation (5.2) au sens que, pour tout
R > 0, on a
lim u(t, x) = u0 (x) uniformément pour |x| ≤ R.
t→0+

Soit ε > 0. En faisant le changement de variable y = x − 2tz, on obtient
Z
|x−y|2
|u(t, x) − u0 (x)| ≤ (4πt)−d/2 e− 4t |u0 (y) − u0 (x)| dy
d
ZR √
|z|2
≤ (2π)−d/2 e− 2 |u0 (x − 2tz) − u0 (x)| dz. (5.4)
Rd

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On choisit des constantes N > 0 et δ > 0 telles que
Z
|z|2
(2π)−d/2 e− 2 dz ≤ (4 sup |u0 |)−1 ε,
|z|≥N
√ ε
sup |u0 (x − 2tz) − u0 (x)| ≤ pour |z| ≤ N , 0 ≤ t ≤ δ.
|x|≤R 2
Alors l’inégalité (5.4) implique que
Z
ε ε |z|2
sup |u(t, x) − u0 (x)| ≤ + (2π)−d/2 e− 2 dz ≤ ε.
|x|≤R 2 2 |z|≤N

Ceci achève la démonstration du théorème.


Exercice 5.2. Pour tout a > 0, trouver une formule explicite pour la solution de
l’équation
∂t u − a2 ∆u = 0,
munie de la condition initiale (5.2) avec u0 ∈ Cb (Rd ). Indication : faire un
changement de variable x = ay.

5.2 Formule de Duhamel


Considérons maintenant l’équation non homogène
∂u
− ∆u = f (t, x), t > 0, x ∈ Rd . (5.5)
∂t
où f est une fonction donnée. On note C 1,2 (R∗+ × Rd ) l’espace des fonctions
u(t, x) telles que u, ∂t u, ∂k u, ∂k ∂l u ∈ C(R∗+ × Rd ) pour tous k, l = 1, . . . , d. Les
1,2
espaces C 1,2 (Rd+1 d+1
+ ) et Cb (R+ ) sont définis d’une manière analogue.

Théorème 5.3. Pour tout f ∈ Cb1 (Rd+1


+ ) la fonction
Z t

u(t, x) = Kt−s ∗ f (s, ·) (x) ds
0

appartient à l’espace Cb1,2 (Rd+1


+ ) et vérifie les équations (5.5), (5.2) avec u0 ≡ 0.
Démonstration. La fonction u peut être représentée sous la forme
Z t Z
|y|2
−d
u(t, x) = (4πs) 2 e− 4s f (t − s, x − y) dy ds. (5.6)
0 Rd

Cette formule implique que u ∈ Cb1 (Rd+1 + ) et


Z t
 
∂t u(t, x) = Kt ∗ f (0, ·) (x) + Ks ∗ (∂t f )(t − s, ·) (x) ds, (5.7)
0
Z t

∂k u(t, x) = Ks ∗ (∂k f )(t − s, ·) (x) ds
0
Z t Z
|x−y|2
−d
= (4πs) 2 e− 4s (∂k f )(t − s, y) dy ds, (5.8)
0 Rd

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où k = 1, . . . , d. En dérivant la√relation (5.8) par rapport à xl et faisant le
changement de variable y = x − 2sz, on obtient
Z tZ d √
1 |z|2
−d/2
∂k ∂l u(t, x) = −(2π) zl (2s)− 2 e− 2 (∂k f )(t − s, x − 2s z) dz ds.
0 R
(5.9)
Nous avons montré que u ∈ Cb1,2 (Rd+1
+ ). Vérifions les équations (5.5), (5.2). En

faisant le changement de variable y = x − 2sz dans (5.6), on obtient
Z t Z √
|z|2
−d
u(t, x) = (2π) 2 e− zs f (t − s, x − 2sz) dz ds.
0 Rd

Si |f | ≤ C, alors
Z tZ
|z|2
−d
|u(t, x)| ≤ C (2π) 2 e− zs dz ds = C t → 0 quand t → 0+ .
0 Rd

De plus, les relations (5.7) et (5.9) impliquent que

(∂t − ∆)u(t, x) → f (0, x) quand t → 0+ .

En combinant cette observation avec la relation


Z τ
 
u(t + τ, x) = Kτ ∗ u(t, ·) (x) + Kτ −s ∗ f (t + s, ·) (x) ds, (5.10)
0

on démontre que l’équation (5.5) est vérifiée pour t > 0, x ∈ Rd .


Exercice 5.4. Vérifier que Kt+s (x) = (Ks ∗ Kt )(x). Utiliser cette relation pour
démontrer (5.10).

5.3 Principe du maximum et unicité


Théorème 5.5. Soit u ∈ C 2 (R∗+ × Rd ) ∩ Cb (Rd+1
+ ) une fonction vérifiant l’in-
égalité
∂t u − ∆u ≤ 0 pour t > 0, x ∈ Rd .
Alors
sup u(t, x) = sup u(0, x).
(t,x)∈Rd+1
+
x∈Rd

Démonstration. Il suffit de montrer que pour tout T > 0 on a

sup u(t, x) = sup u(0, x),


(t,x)∈DT x∈Rd

où DT = {(t, x) : 0 ≤ t ≤ T, x ∈ Rd }. Pour ε > 0 introduisons la fonction

uε (t, x) = u(t, x) − ε(4dt + |x|2 ).

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Alors uε ∈ C 2 (]0, T [×Rd ) ∩ Cb ([0, T ] × Rd ) et

sup uε (t, x) → −∞ quand |x| → ∞.


0≤t≤T

Donc, il existe (t0 , x0 ) ∈ DT tel que

sup uε (t, x) = uε (t0 , x0 ).


(t,x)∈DT

Montrons que t0 = 0. En effet, si t0 > 0, alors

∂t uε (t0 , x0 ) ≥ 0, ∂k2 uε (t0 , x0 ) ≤ 0, k = 1, . . . , d.

Il s’ensuit que
∂t uε (t0 , x0 ) − ∆uε (t0 , x0 ) ≥ 0.
D’autre part,

(∂t − ∆)uε = (∂t − ∆)u − ε(∂t − ∆)(4dt + |x|2 ) ≤ −2dε < 0.

La contradiction obtenue prouve que t0 = 0. Nous avons établi l’inégalité

uε (t, x) ≤ uε (0, x0 ) ≤ sup u(0, x) − ε|x|2 ≤ sup u(0, x).



x∈Rd x∈Rd

En passant à la limite quand ε → 0+ , on obtient le résultat cherché.

Corollaire 5.6. Pour toutes fonctions u0 ∈ Cb (Rd ) et f ∈ Cb1 (Rd+1


+ ) le pro-
blème (5.1), (5.2) possède une unique solution u ∈ C (R+ × R ) ∩ Cb (Rd+1
1,2 ∗ d
+ ).

Exercice 5.7. Soit QT = {(t, x) : 0 < t < T, x ∈ D}, où D ⊂ Rd désigne un


domaine borné à bord régulier, et u(t, x) une fonction de classe C 2 (QT )∩C(QT )
vérifiant l’inégalité

∂t u − ∆u ≤ 0 pour (t, x) ∈ QT .

Montrer que
sup u(t, x) = sup u(0, x).
(t,x)∈QT x∈D

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