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La France a produit des armes chimiques à Toulouse - 10/11/2013 - la... http://www.ladepeche.fr/article/2013/11/10/1749611-la-france-a-produi...

Publié le 10/11/2013 à 03:48, Mis à jour le 10/11/2013 à 09:02

Le site, aujourd'hui démantelé, de l'ex centre de production de gaz sarin, doit accueillir une station du futur
téléphérique, l'Aérotram reliant l'Oncopole à Rangueil./Photo DDM,Thierry Bordas

On savait déjà que Toulouse vivait à côté d’une poudrière (1). On vient d’apprendre que la Ville rose a aussi
accueilli un site ultrasecret de production d’armes chimiques. Un ingénieur militaire à la retraite, Daniel
Froment, ex haut responsable des essais d’armes chimiques en France, vient de révéler au «Nouvel
Observateur», que le site toulousain de Braqueville a abrité, dans les années soixante, une unité de
production de gaz d’assaut et d’armes chimiques (2).

L’ancien responsable du centre d’essais chimiques du Bouchet, dans la région parisienne, évoque la
production d’une «centaine de kilos de gaz sarin, et d’une dizaine de tonnes de tabun, dans l’usine de
Braqueville, près de Toulouse». Des propos qui confirment, en les minorant, les révélations du livre publié
en 2006, «War of Nerves», par l’un des meilleurs spécialistes américains des armes chimiques, Jonathan
Tucker, qui évoquait, lui, la production de «plusieurs dizaines de tonnes de sarin et 400 kg de VX» (produit
de la famille du gaz sarin) par la poudrerie de Braqueville.

Daniel Froment assure que «la plupart (des stocks toulousains) ont été utilisés dans des tests. Dans le
centre d’essais de B2-Namous en Algérie, puis dans le camp militaire de Mourmelon» et que les stocks non
utilisés «ont été détruits, sur place, à Braqueville». Mais le responsable ne donne pas de date.

On retrouve la trace, dans les documents officiels du ministère de la Défense sur la dépollution de l’ex
poudrerie de Braqueville (3) d’une «installation d’essais construite entre 1963 et 1965 à l’est de l’usine de
poudres, en bordure de la Saudrune». Cette installation, définitivement fermée en juin 1976, permettait une
production semi-industrielle à titre expérimentale, d’où son nom de «demi-grand chimique», familier des
anciens employés du site chimique toulousain.

Ce demi-grand chimique était officiellement destiné à la «recherche sur les produits chimiques de
synthèse». Une formulation assez vague pour couvrir la production de quelques tonnes de sarin et tabun,
parmi les armes chimiques les plus dangereuses au monde (bien plus «efficaces» que le phosgène).

Le service de communication du ministère de la Défense (Dicod), contacté par nos soins, n’a pas souhaité
faire de commentaire sur ces informations. Pas de confirmation mais pas de démenti, donc. L’armée reste,
sur ce sujet délicat, la grande muette.

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La France a produit des armes chimiques à Toulouse - 10/11/2013 - la... http://www.ladepeche.fr/article/2013/11/10/1749611-la-france-a-produi...

«La France, qui a signé la convention internationale prohibant les armes chimiques en 1995, ne fabrique
plus d’armes chimiques, les seules existant actuellement remontent à la première guerre mondiale», a juste
précisé un officier de la Dicod désirant garder l’anonymat.

Le site de l’ex-usine d’armement se trouve à proximité de l’Oncopôle. Le lieu, au bout de l’allée des
platanes, où l’on a créé un parking mutualisé, doit accueillir une station intermodale du futur téléphérique,
l’Aerotram qui doit relier l’Oncopole à Rangueil.

On espère que le site d’essais, complètement démantelé en 1997, a bien été dépollué et débarrassé de
ses produits dangereux et de ses stocks d’armes chimiques, comme l’assurent les responsables.

1-A moins d’1 km de l’Oncopole, 4700 tonnes de poudre (nitrocellulose) dorment depuis 1920 sous les
eaux des ballastières, les lacs creusés par les gravières du site proche de la Garonne, dans l’attente d’un
éventuel traitement.

2-Le Nouvel Observateur du 1er novembre- «La France a testé des armes c himiques près de Paris»3-
SPPPI Toulouse du 5 décembre 2005

«La France a été le premier membre permanent du conseil de sécurité de l’Onu à signer, en 1995, la
convention internationale prohibant (en 1993) la production, le stockage et l’usage d’armes chimiques»,
rappelle un officier du Dicod, le service Communication du ministère de la Défense.

«270 tonnes de munitions chimiques, soit quelque 18 000 munitions, produit de 15 ans de découverte et de
récupération sur les terrains de la guerre 14-18 dans l’Est de la France sont conservées dans des lieux de
stockage (pas à Toulouse-NDLR). La France possède une capacité totale de stockage d’armes chimiques
de 350 tonnes», précise l’officier communicant qui ajoute : «Le programme Sequoia (1) prévoit la
destruction de l’ensemble de l’armement chimique existant dans une usine robotisée en projet dans l’Aube,
l’enquête publique doit avoir lieu fin 2013 et la mise en service fin 2015/début 2016». Avec une capacité de
traitement de 42 tonnes par an, il faudra encore compter sept ans pour éliminer totalement les stocks de
munitions chimiques de 14-18.Il aura alors fallu plus d’un siècle, depuis la fin de la grande guerre, pour
détruire les stocks d’armes au chlore, au phosgène ou à l’ypérite.

1-Le projet Sequioa répond curieusement au programme Acacia, projet de développement d’un armement
chimique opérationnel qui fut développé puis arrêté sous la présidence de Mitterrand.

Philippe Emery

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