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EXPOSE GROUPE 9

Plan
1. Introduction
1. Génération et propagation des ondes radioélectriques
1.1. La constitution élémentaire d’une source de rayonnement
1.2. Champs et puissance portés par l’onde
1.3. Propagation et longueur d’onde
2. Propriétés physiques des ondes et du rayonnement
2.1. Dispersion de l’onde dans l’espace
2.2. La constitution des antennes
2.3. La directivité des antennes et du rayonnement
3. L’interaction des ondes radioélectriques avec la matière
3.1. L’influence de la conductivité électrique des sols
3.2. Influence des obstacles
3.3. Les ondes radioélectriques extérieures à l’environnement terrestre
4. Impact environnemental des ondes radioélectriques
Conclusion

1. Introduction
1Les ondes électromagnétiques évoquées dans l’article couvrent les domaines de la radiodiffusion, de
la télévision et des transmissions sans fils adoptées en téléphonie mobile.
Historiquement, l’existence des ondes électromagnétiques a été prouvée vers 1864 grâce aux travaux
théoriques menés par le physicien britannique James Clerc Maxwell. Toutefois, il faut attendre la toute
fin du XIXe siècle pour que le physicien germanique Heinrich Hertz apporte, en 1888, une vérification
expérimentale montrant que les champs électromagnétiques étaient transportés dans l’espace à la
vitesse de la lumière proche de 300 000 km/s. Plus souvent appelées aux vues des présentes
applications, « ondes radioélectriques » ou « ondes hertziennes », les champs transportés par les ondes
se manifestent par l’induction de tensions ou de courants produits sur tout conducteur électrique
exposé à ces phénomènes. En fonction des paramètres analysés, on peut assimiler les ondes
électromagnétiques à des vibrations ou à un flux de photons transmis dans un milieu immatériel à la
vitesse de la lumière.

2L’étude rigoureuse de la distribution des ondes radioélectriques dans l’espace exige l’usage de
développements mathématiques très pointus que le cadre et l’esprit de l’article ne permettent pas
d’approfondir. Aussi, le descriptif se cantonnera à une approche intuitive constituée par l’énoncé de
quelques propriétés fondamentales et par l’examen de situations propices à un exposé didactique.

3On aborde, dans un premier paragraphe, les propriétés de base des ondes, à savoir la description
d’observables physiques telles que la fréquence, la longueur d’onde ainsi que les champs électriques et
magnétiques. Dans un second paragraphe, on parlera de la dispersion des ondes, des antennes
d’émission et de la directivité des rayonnements. Dans un troisième paragraphe, le descriptif abordera
le rôle imparti à la conductivité électrique du sol ainsi qu’à l’influence des obstacles. Ce troisième
paragraphe se termine par l’apport de quelques détails sur le contexte des ondes radioélectriques
extérieures à l’environnement terrestre. Pour conclure l’article, l’auteur s’interroge sur l’impact
paysager des antennes et sur l’avenir pressenti de leur déploiement suite à l’adoption des procédés de
modulation numérique. Quelques informations sur la pollution électromagnétique seront également
communiquées en toute fin de l’article.
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1.Génération et propagation des ondes


radioélectriques
1.1. La constitution élémentaire d’une source de rayonnement
4La figure 1 illustre très schématiquement la constitution d’une source de rayonnement destinée à
produire des ondes électromagnétiques pour une transmission sans fils. L’onde radioélectrique
provient d’un générateur délivrant une tension et un courant de grande amplitude. Il s’agit d’un signal
périodique de forme sinusoïdale et de période T. La fréquence f associée qui n’est autre que l’inverse
de la période prend pour unité physique l’hertz et pour symbole Hz. En radioélectricité, les périodes T
étant très inférieures à la seconde, les fréquences seront des multiples du hertz, C’est ainsi qu’on
trouvera le kilohertz (kHz), le mégahertz (MHz) et le gigahertz (GHz). La fréquence porteuse f est
modulée par le signal dont on souhaite transmettre le contenu dans l’espace grâce aux propriétés de
propagation de l’onde porteuse. Le signal de modulation peut revêtir des caractéristiques diverses dont
l’analyse sera très brièvement évoquée en conclusion de l’article. Le signal porteur est transporté vers
une antenne au moyen d’un feeder, suivant la fréquence utilisée ou la puissance, la structure physique
du feeder peut être très variable. Nous aurons l’opportunité de revenir sur cette question au cours du
prochain paragraphe consacré à l’analyse des antennes. Il est important de préciser que le terme «
feeder » d’origine anglophone s’adresse à tout conduit destiné à transmettre des signaux électriques
sous une puissance généralement élevée.

5L’antenne dont la constitution géométrique est intimement liée à la longueur d’onde a pour fonction
de transformer l’énergie électrique transportée dans le feeder en énergie électromagnétique transmise
dans l’espace. Dès que l’on commute le générateur sur l’antenne émettrice, l’énergie
électromagnétique véhiculée par l’onde se répartit dans l’espace sur une surface sphérique (ou
hémisphérique) centrée sur l’antenne. Le rayon de cette sphère fictive croit avec le produit de la
vitesse de la lumière et du temps rapporté à l’instant de commutation. La surface de la sphère est
intitulée « le front d’onde ». Il faut signaler que la valeur rigoureuse de la vitesse de la lumière a été
fixée par décret à 299 792, 458 km / s.

Figure 1 : Description sommaire des principaux constituants et paramètres physiques d’une source
génératrice d’ondes radioélectriques
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La zone marquée en trait fort représente une période T.

1.2. Champs et puissance portés par l’onde


6Une onde électromagnétique dans l’espace ne peut être observée que par la mesure des champs
électromagnétiques et par l’appréciation de la puissance transportée. Les champs constituent des
variables mathématiques prenant la structure de vecteurs. Ainsi, un retour sur la figure 1 signale sur le
front d’onde un vecteur champ électrique matérialisé par le symbole E porté par un caractère gras. Le
champ électrique prend pour unité le volt par mètre (V/m), on mesure le champ électrique à l’aide de
capteurs appropriés. L’onde transporte également un champ magnétique porté par le vecteur H dont
l’unité s’exprime en ampère par mètre (A/m). Champ électrique et champ magnétique sont
indissociables et constituent deux vecteurs orthogonaux. Le plan contenant les vecteurs E et H
s’intitule « plan de polarisation de l’onde », pour un observateur éloigné, le plan de polarisation est
tangent au front d’onde, c’est-à-dire perpendiculaire à la direction radiale de propagation marquée par
le symbole r.

7Sous ces conventions, si l’on forme le produit vectoriel de E et H, on obtient un troisième vecteur P
colinéaire à la direction radiale r, vecteur dont l’unité s’exprime en watt par mètre carré (W/m2). Le
vecteur P intitulé « vecteur de Poynting » représente la densité de puissance transportée par l’onde lors
de la propagation dans l’espace. Si on suppose l’amplitude des vecteurs E et H uniformément répartie
sur la surface sphérique du front d’onde, le produit scalaire de P et de la surface sphérique équivaut à
la puissance totale transportée par l’onde. Si on néglige la dissipation d’énergie dans l’antenne, la
puissance véhiculée par l’onde n’est autre que la puissance délivrée par le générateur.

1.3. Propagation et longueur d’onde


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8Pour la suite de l’analyse, nous raisonnerons sur une onde porteuse non modulée dont la
représentation graphique peut être donnée figure 2. La fonction sinusoïdale de période T oscille de part
et d’autre de zéro entre l’amplitude maximale +Em et l’amplitude minimale – Em de champ électrique.
Le champ magnétique suit une évolution tout à fait similaire. Le motif situé au bas de la figure donne
une représentation d’amplitude en niveaux de gris, le gris moyen équivaut à l’amplitude nulle, le gris
clair à l’amplitude maximale et le gris soutenu à l’amplitude minimale. L’échelle grisée va faciliter
l’explication physique du phénomène de propagation. Pour cela, on suit l’évolution du front d’onde au
cours d’intervalles de temps multiples de la période T. La figure 3 illustre l’interprétation physique du
phénomène. Chaque motif porté sur la figure indique la configuration instantanée d’amplitude et de
position du front d’onde après des durées respectivement égales à une période (T), deux périodes (2T),
trois périodes (3T)…

9Sachant que le front d’onde progresse à la vitesse de la lumière c, la distance r parcourue après une
période T sera le produit cT intitulé « longueur d’onde » ou ce qui revient au même, le rapport formé
entre la célérité c et la fréquence f de la porteuse. La longueur d’onde sera désignée par le symbole λ,
la longueur d’onde est d’autant plus petite qu’on accroît la fréquence porteuse. Pour des intervalles de
temps situés entre les multiples de la période, le diagramme d’amplitude adopte forcément une
configuration intermédiaire. Un observateur localisé à l’intérieur de la sphère du front d’onde verra, en
fonction de la variable temps, l’amplitude de l’onde se dérouler au rythme de la fonction sinusoïdale
de la figure 2, mais ce phénomène se manifestera avec un retard directement proportionnel au rapport
liant la position r à la vitesse c.

10Nous verrons dans le déroulement de l’article que la longueur d’onde λ joue un rôle très important,
et qu’elle constitue à ce titre une référence dimensionnelle dont la principale utilité consiste à exprimer
les dimensions d’une antenne en fraction de longueur d’onde. Autrefois, les émetteurs de
radiodiffusion n’étaient pas identifiés par la fréquence de la porteuse, mais par la longueur d’onde.
C’est ainsi qu’on distinguait les grandes ondes de 2 000 m à 1 150 m adoptées pour la radiodiffusion
pour lesquelles les fréquences se situent entre 150 kHz et 250 kHz. Les petites ondes entre 545 m et
167 m, pour les fréquences incluses entre 550 kHz et 1 600 kHz, les ondes courtes entre 50 m (5 900
kHz) et 18 m (16 000 kHz). Les émissions effectuées au-dessous de 18 mètres sont directement
désignées par la fréquence, on trouve la bande FM entre 87 MHz et 108 MHz, soit des longueurs
d’onde proches de 3 mètres. Les bandes IV et V utilisées pour la télévision et localisées entre 400
MHz et 700 MHz, c’est à dire des longueurs d’onde comprises entre 75 cm et 42 cm. Quant à la
téléphonie GSM, les émissions s’effectuent sur des fréquences proches de 900 MHz et
consécutivement sur des longueurs d’onde voisines de 30 centimètres. Les émissions reçues depuis les
satellites artificiels géostationnaires adoptent des fréquences encore plus grandes situées au voisinage
de 10 GHz, soit des longueurs d’onde de 3 centimètres. On envisage dans un avenir proche procéder à
des émissions de 60 GHz, génératrices de longueurs d’onde de 5 millimètres, les radars anticollision
installés sur véhicules utiliseront probablement ces gammes d’ondes.

11La longueur d’onde a un impact retentissant sur la forme et les dimensions des antennes ainsi que
sur les phénomènes d’interférence avec les obstacles.

Figure 2 : Description de l’onde porteuse en fonction de la variable temps


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La zone marquée en trait fort représente une période T.

Figure 3 : Chronogramme illustrant la configuration de l’onde sur la direction radiale à des instants
multiple de la période T de la porteuse

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2.Propriétés physiques des ondes et du


rayonnement
2.1. Dispersion de l’onde dans l’espace
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12Revenons sur la puissance transportée par l’onde électromagnétique, et sous les conditions d’une
source isotrope émettant un champ électromagnétique uniformément réparti sur la surface sphérique
du front d’onde. Dans ce cas, la puissance transportée dans l’espace se résume au produit de la densité
de puissance représentée par le vecteur de Poynting P et de la surface de la sphère, soit 4πr2. Les
théories électromagnétiques indiquent qu’il existe entre le vecteur champ électrique E et le vecteur
champ magnétique lointains H, un rapport invariant intitulé « impédance d’onde » prenant pour valeur
remarquable 377 Ω. De cette propriété, on déduit immédiatement que la densité de puissance est
proportionnelle à l’amplitude carrée du champ électrique (ou du champ magnétique). Si on néglige la
contribution de tout phénomène d’absorption énergétique de l’onde au cours de la propagation, la
puissance sera invariante sur la surface du front d’onde, et des propriétés précédentes, il résulte que
l’amplitude du champ électrique (ou du champ magnétique) évolue de manière inversement
proportionnelle au rayon r du front d’onde. Le champ va donc suivre une amplitude inversement
proportionnelle à l’éloignement de l’observateur vis-à-vis de la source. La perte d’amplitude de l’onde
avec l’éloignement de la source n’est pas à proprement parler une atténuation puisque sans aucun
rapport avec une perte d’énergie, pour cette raison on adopte le terme « dispersion d’amplitude ».

13La figure 4 donne une illustration de la dispersion d’amplitude d’une onde établie sur la base de
l’échelle en nuance de gris adoptée plus haut dans le texte. La dispersion de l’onde engendrée par
l’éloignement de l’observateur a pour effet de réduire la dynamique des gris. A titre d’exemple, un
observateur distant d’une cinquantaine de kilomètres d’un émetteur rayonnant une porteuse de
fréquence 100 MHz reçoit un champ électrique d’une amplitude de 300 µV/m, à cinq kilomètres de
l’émetteur l’amplitude du champ s’élève à 3 mV/m à cause de la loi inverse de dispersion de l’onde.
Ce comportement est indépendant de la fréquence. Pour des raisons difficiles à justifier dans le cadre
restreint de cet article, à une distance de l’antenne inférieure à la longueur d’onde λ, la loi de variation
des champs en fonction de la distance r est profondément modifiée, c’est la zone de champ de
proximité.

14Hormis la perte d’amplitude engendrée par la dispersion de l’onde, la portée de la source est en
théorie infinie, la communication maintenue avec des sondes spatiales aujourd’hui localisées aux
limites du système solaire apporte la preuve concrète de cette propriété. Les seules restrictions
physiques imposées à la capture des champs proviennent de la sensibilité des récepteurs et du bruit
électromagnétique ambiant. Pour la radiodiffusion, le seuil de réception se situe au voisinage de 100
µV / m. Pour capturer des ondes d’amplitude beaucoup plus faible inférieure au µV / m, l’usage
d’amplificateurs cryogéniques est indispensable. En effet, l’immersion des composants électroniques
dans des gaz liquéfiés à de basses températures permet de réduire l’amplitude du bruit engendré par le
transport des électrons dans la matière active des circuits électroniques. La captation de signaux de
faible amplitude suppose également que les antennes réceptrices soient installées dans des zones
exemptes de pollutions électromagnétiques, tel est le cas du radiotélescope de Nançay situé dans la
forêt de Sologne près de Vierzon.

Figure 4 : Illustration du phénomène de dispersion d’amplitude de l’onde


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2.2. La constitution des antennes


15En règle générale, une antenne fonctionne en mode résonnant, ce qui signifie que la dimension L0 de
l’antenne forme un multiple entier du quart de la longueur d’onde λ de la porteuse. On rencontre le
plus souvent les antennes monopole schématisées en partie gauche
(a) de la figure 5 et les antennes dipôles symétriques en partie droite (b). Pour la radiodiffusion
émettant sur ondes kilométriques (grandes ondes) ou ondes hectométriques (petites ondes), le
monopole est constitué d’un pylône dont la base est connectée sur un pôle de la source génératrice de
fréquence porteuse, le pôle opposé est en contact avec le sol. Inversement, pour une antenne de type
dipôle, chaque pôle de la source est connecté sur un conducteur rectiligne dont la dimension L0 est
rigoureusement égale au quart de la longueur d’onde. Une station de radiodiffusion émettant en grande
onde sur la fréquence de 150 kHz correspond à une longueur d’onde de 2 000 m, la dimension L0
s’accordant sur le quart de la longueur d’onde sera donc voisine de 500 m. En revanche, une source
émettant une porteuse sur la fréquence de 100 MHz donne une longueur d’onde de 3 m. En
configuration dipôle, l’antenne sera composée de deux éléments de 75 cm, soit une envergure de 1,5
m. Cette confrontation géométrique explique immédiatement l’intérêt de la configuration monopole
dès que la longueur d’onde dépasse la centaine de mètres.

Figure 5 : Configuration géométrique des antennes monopole et dipôle

16La figure 6 comporte l’illustration photographique de l’émetteur petites ondes de Lille dont la
fréquence porteuse se situe à 1 376 kHz, soit une longueur d’onde de 218 m. La puissance rayonnée
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voisine de 300 kW autorise une portée excédant largement 200 km. Rappelons que la portée de
l’émetteur est reliée à la limite de capture d’un champ électrique d’amplitude proche du seuil de
sensibilité des récepteurs, estimée à 100 µV/m pour les équipements grand public. La dimension L0 du
pylône est approximativement de 200 m, c'est-à-dire bien supérieure au quart de la longueur d’onde
présentement évalué à 54 m. Le choix de la dimension de 200 m sera justifié lors du prochain
paragraphe consacré à la directivité des Figure 6 : Emetteur petites ondes de Lille, longueur d’onde
218 m, puissance 300 kW

17Le générateur d’onde porteuse ainsi que le modulateur sont situés dans le bâtiment technique visible
en partie gauche de la photo. Le feeder reliant la source haute fréquence à la base du pylône est
constitué par un guide coaxial comprenant un conducteur central connecté à la base du pylône
(monopole) et en périphérie un ensemble de conducteurs de retour décrivant les génératrices d’un
cylindre. A la base du pylône, l’extrémité des conducteurs de retour est mise en contact avec la terre
par un réseau de fils contenu dans le sol afin de constituer le plan de référence mentionné dans le
schéma (a) de la figure 5.

18Sur une toute autre échelle de puissance d’émission et de fréquence porteuse, la figure 7 montre la
photographie de la partie supérieure d’un pylône agencé comme station de base du réseau de
téléphonie mobile. La prise de vue a été réalisée sur une aire de repos de l’autoroute A 26 (Calais –
Reims). Le sommet du pylône culmine à une vingtaine de mètres du sol. Les installations techniques
sont situées dans un local hors du champ de la photo. Le pylône supporte de nombreuses antennes
compactes exploitées par différents opérateurs de téléphonie.
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Figure 7 : Partie supérieure d’un pylône de station de base de téléphonie mobile

19On remarquera les aériens adoptés pour le système GSM émettant sur des porteuses de fréquence
proche de 900 MHz, soit des longueurs d’onde voisines de 30 cm. Les aériens composés de réseaux de
dipôles symétriques sont protégés des intempéries par une enveloppe étanche aux hydrométéores mais
perméable aux ondes radioélectriques. Le feeder reliant le générateur de porteuse installé au sol est
matérialisé par un câble coaxial disposé dans l’infrastructure métallique du pylône. La puissance de
l’émission n’est pas connue, mais probablement inférieure à 10 W. La portée de l’émetteur GSM peut
atteindre plus d’une dizaine de kilomètres. La présence d’obstacles sur le parcours de l’onde a pour
effet de réduire la portée, ces aspects seront succinctement analysés plus loin dans l’article.

2.3. La directivité des antennes et du rayonnement


20Contrairement aux hypothèses simplificatrices formulées plus haut, la distribution de la puissance
sur la surface sphérique (ou hémisphérique) du front d’onde n’est pas uniforme. Si on examine
l’antenne monopole illustrée par l’émetteur petites ondes de la figure 6, la distribution de la puissance
rayonnée et des champs autour du pylône est à symétrie de révolution. Autrement dit, et en absence
d’obstacle majeur, l’intensité des champs est indépendante de l’angle de gisement défini par rapport à
une référence méridienne. Par contre, l’amplitude du champ suivant l’angle de site rapporté au plan de
sol peut varier dans de grandes proportions en fonction de facteurs liant la dimension de l’antenne à la
longueur d’onde. Pour un observateur situé à la verticale du monopole et à une distance de ce dernier
très supérieure à la longueur d’onde, les champs et la puissance rayonnés sont strictement nuls. Dès
que l’observateur s’éloigne de la verticale, on observe des effets de directivité plus ou moins marqués.
Le tracé du diagramme de rayonnement va permettre d’analyser la répartition de l’amplitude des ondes
dans l’espace que l’on sait hautement corrélée aux propriétés de l’antenne. Il s’agit de tracés un peu
analogues aux courbes isohypses rencontrées en topographie.
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21Les courbes portées sur la figure 8 représentent les résultats de simulations numériques d’une
antenne dipôle dont les dimensions L0 s’adressent à deux configurations. En (1) L0 s’accorde sur le
quart de la longueur d’onde, soit : λ / 4. Sous la seconde configuration (2), l’accord s’effectue sur 3λ
/4. Les diagrammes de rayonnement forment les courbes d’égale intensité du champ électrique
calculées dans un plan contenant le dipôle. La position en site de l’observateur est repérée par l’angle
polaire θ réalisé entre l’axe du dipôle et la trajectoire r liant l’antenne au point de calcul défini
présentement par l’orientation du vecteur champ électrique E porté sur la figure.

Figure 8 : Simulations du tracé de diagrammes de rayonnement de dipôles symétriques

22La simulation réalisée à l’aide de formules analytiques montre que pour le dipôle symétrique
accordé sur λ / 4 le diagramme de rayonnement est composé de courbes proches de cercles. Cela
signifie que l’amplitude du vecteur champ électrique E évolue avec une loi presque proportionnelle au
sinus de l’angle polaire θ. Le rayonnement maximal en site est donc déterminé dans une direction
perpendiculaire à l’axe de l’antenne. Compte tenu de la symétrie de révolution du champ, on déduit
aisément que le diagramme de rayonnement porté dans l’espace en trois dimensions est pratiquement
confondu avec une surface de forme torique. La configuration (2) indique très clairement
qu’augmenter le rapport L0 sur la longueur d’onde λ a pour effet de modifier profondément le
diagramme de rayonnement et consécutivement la répartition spatiale des champs en angle de site.
Pour l’accord en 3λ / 4 mentionné par le tracé en trait continu de la figure 8, on relève deux lobes
principaux de rayonnement. L’émission est symétrique par rapport au plan sécant à l’axe polaire. On
observe deux lobes secondaires contenus dans ce plan de symétrie. Sachant que les échelles des axes
horizontaux et verticaux représentent les amplitudes relatives du vecteur E rapportées à l’amplitude
maximale relevée sous la configuration (1), on se rend compte que l’accord sous 3λ / 4 a pour effet
d’accroître le champ maximum dans un facteur proche de 50 % et dans une direction dont l’angle de
site est voisine de 45°.

23Revenons maintenant sur le monopole (a) illustré en figure 5. Sous l’hypothèse que le sol est
composé d’un conducteur électrique presque parfait tel que le cuivre et qu’il s’agit d’une surface
infiniment étendue, le plan se comporte vis-à-vis des ondes radioélectriques comme un miroir. Le
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champ électromagnétique rayonné vers la partie inférieure de l’antenne est réfléchi dans l’espace sans
perte significative d’énergie. En conséquence, la puissance rayonnée par l’antenne se répartira sur une
surface hémisphérique centrée sur la source. Tout se passe comme si un observateur localisé au dessus
du plan recevait la superposition du champ rayonné par le monopole et d’un monopole fictif
rigoureusement symétrique situé sous le plan, appelé pour cette raison « image électrique ». Autrement
dit, l’antenne s’apparente à un dipôle symétrique constitué du monopole et de son image électrique.
Toutefois, un retour sur l’émetteur petites ondes de la figure 6 indique qu’un mode résonnant en λ / 4
mène à un pylône de 54 m, alors que sur une résonance en 3λ / 4 on passe à 165 m, soit une dimension
encore inférieure de 35 m à l’aérien de 200 m implanté sur le site de Lille. Ce
surdimensionnement est justifié pour infléchir la direction du lobe principal parallèlement à la surface
du sol.

24Un autre procédé intervenant sur la directivité des rayonnements consiste en la réalisation de
réseaux d’antennes. L’exemple illustré figure 9 se réduit à un réseau composé de deux dipôles D1 et
D2 symétriques et identiques accordés sur le quart de la longueur d’onde. Le réseau est adossé à un
plan métallique réflecteur distant des dipôles de λ / 4. Cette disposition permet de produire face aux
dipôles des interférences constructives avec l’onde provenant des images électriques, alors qu’à
l’arrière du plan, le rayonnement est nécessairement atténué. De plus, en jouant convenablement sur
l’espacement d des dipôles et sur les propriétés du feeder, on dispose de degrés de liberté
supplémentaires. En effet, l’espacement d joue sur la différence de phases des ondes perçues par un
observateur lointain alors que le feeder engendre un retard de propagation fonction de ses propriétés
physiques et géométriques. En ajustant ces deux paramètres, on parvient à orienter le rayonnement
maximum dans une direction privilégiée. L’usage de simulations théoriques offre évidemment une
grande souplesse quant à la détermination des conditions optimales de directivité. Ces théories
montrent qu’en accroissant la population de dipôles composant un réseau, on accroît la directivité de
l’émission et par conséquent le gain dont la définition sera rappelée ci-après. Le réseau illustré Figure
9 n’est intéressant que sur des émissions réalisées aux fréquences supérieures à 100 MHz permettant
d’agencer des aériens d’envergure raisonnable. Tel est le cas de la photographie portée à droite de la
figure, quatre réflecteurs installés sur le mat du pylône permettent de couvrir les quatre points
cardinaux du site d’émission. Le nombre de dipôles fixés sur chaque face détermine la directivité du
réseau. Le cliché a été réalisé sur le site de l’émetteur FM de Montpellier Mont Saint-Baudille. On
retrouve ce type de réseau sur les émetteurs TV et surtout sur les stations de base de la téléphonie
mobile. C’est présentement le cas des aériens dissimulés sous la protection étanche signalée figure 7.

25Figure 9 : Réseaux de dipôles agencés pour produire un rayonnement directif


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26La directivité d’une antenne ou d’un réseau d’antennes peut être rassemblée dans un seul paramètre
intitulé « gain ». Le gain est le rapport formé entre le champ maximum rayonné par le réseau (ou
l’antenne) au champ isotrope que produirait une antenne virtuelle émettant la même puissance. Le gain
s’exprime sur une échelle logarithmique libellée en décibels (dB), un gain de 20 dB correspond à un
facteur dix.

27Nous devons préciser que l’action du gain d’une antenne et consécutivement sa directivité conserve
la loi de dispersion d’amplitude des ondes inversement proportionnelle à l’éloignement.

28Pour conclure ce sous-paragraphe, nous devons ajouter que les antennes monopoles telles que
décrites en figures 5 et 6 peuvent comporter deux ou trois pylônes identiques formant un réseau.
L’émetteur petites ondes de Strasbourg Sélestat est ainsi composé de trois pylônes distants et orientés
de telle manière que la directivité principale couvre l’axe nord sud de la région Alsace.

29Un degré supplémentaire agissant sur la répartition des ondes dans l’espace consiste à intervenir sur
la polarisation, l’examen de la figure 9 montre qu’après une rotation de 90° des dipôles D1 et D2 et du
feeder, les champs électriques et magnétiques ont également pivoté de 90°. Ainsi, on peut passer d’une
polarisation horizontale donnant un champ électrique parallèle au sol à une polarisation verticale
normale à la précédente.

3.L’interaction des ondes radioélectriques avec


la matière
3.1. L’influence de la conductivité électrique des sols
30Revenons un instant sur le monopole (a) de la figure 5, si le plan est un conducteur parfait et de
dimensions idéalement infinies, le champ rayonné est totalement réfléchi vers la partie supérieure du
plan. Cette propriété a pour cause l’impossibilité physique d’entrer de l’énergie électromagnétique
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dans un matériau de conductivité électrique infiniment grande. Le plan parfaitement conducteur réagit
par conséquent d’une manière tout à fait similaire à un miroir optique. Un observateur situé au-dessus
du plan est donc soumis au double effet du champ initialement rayonné par le monopole auquel
s’ajoute le champ de son image électrique rigoureusement symétrique.

31Prenons maintenant le cas d’un matériau de grande conductivité électrique tel que le cuivre. Sous
ces conditions, une faible partie de l’énergie pénètre dans ce matériau très conducteur et dans lequel se
produiront des dissipations thermiques. Si on réalise le bilan de puissance rayonnée au-dessus et dans
le plan, on prend conscience que le rendement de l’émission est moins favorable qu’en présence d’un
conducteur parfait, pratiquement irréalisable dans l’état actuel de la technologie ! En définitive, à
puissance d’émission identique et pour un observateur situé au-dessus du plan, la portée de l’émetteur
sera réduite à cause de l’énergie dissipée dans le matériau le constituant. L’unité physique de la
conductivité électrique est le siemens par mètre, ainsi le cuivre possède pour conductivité une valeur
proche de 5,85 107 S/m. Considérons maintenant la surface du sol et plus spécialement la conductivité
des terrains composant les grands bassins sédimentaires de la France, Flandres, Ile de France,
Aquitaine… la conductivité de ces sols constitués pour la plupart de limons est voisine de 0,01 S / m,
soit un chiffre plus d’un milliard de fois inférieur à la conductivité du cuivre ! Il est évident que l’effet
réflecteur exercé par le sol est loin d’être idéal et qu’une part non négligeable de la puissance rayonnée
par le monopole sera dissipée sous forme thermique dans la couverture superficielle du sol. La portée
des émissions réalisées à partir de pylônes rayonnant sera donc très influencée par la conductivité
électrique du sol intimement liée à la composition géologique de surface. Les sols contenant des
granites (Bretagne, Massif Central) ou des calcaires (Lorraine, bordure des grands bassins
sédimentaires, Causses) possèdent des conductivités électriques dix fois plus faibles que les
couvertures en limons, soit 0,001 S / m, en contrepartie, l’eau salée bordant les marges continentales
offre une conductivité dix fois plus élevée proche de 0,1 S/m. Le calcul de l’interaction des ondes
radioélectriques avec les matériaux de conductivités électriques modérées est un problème physique
difficile qui ne peut être résolu qu’au prix de simulations numériques très sophistiquées. Les
caractéristiques d’implantation d’un site pour des émissions réalisées en petites ondes ou grandes
ondes et consécutivement la prédiction de la portée des émetteurs doit être effectuée en fonction de ces
critères.

32Il est utile de mentionner que les émissions réalisées en ondes métriques et décimétriques sont par
rapport aux précédentes moins influencées par la conductivité des sols. Compte tenu des dimensions
raisonnables des dipôles, les aériens sont installés au sommet de pylônes et situés à une altitude parfois
supérieure à 200 m de la surface du sol. Sous ces conditions, dans un rayon allant de 50 à 100 km, la
réception des ondes s’effectue sous portée quasi optique. L’influence de la conductivité électrique du
sol est donc nettement réduite.

33Il faut également signaler que les ondes pénétrant dans le sol subissent une atténuation très
importante dont l’évolution en profondeur est inversement proportionnelle à la racine carrée du
produit de la fréquence et de la conductivité électrique. Tout revient à dire que le champ entrant dans
les matériaux conducteurs se concentre en surface sur une épaisseur δ appelée « profondeur de
pénétration ». Une onde de fréquence 1 MHz pénétrant dans un sol de conductivité électrique de 0,01
S / m sera concentrée dans une épaisseur δ de 5 m, à la fréquence de 100 MHz cette couche est
réduite à 50 cm. Ce phénomène explique en partie l’extinction de la réception des grandes ondes ou
des petites ondes dès qu’un véhicule équipé de la radio emprunte un long tunnel. Paradoxalement, ce
phénomène d’atténuation est beaucoup moins perceptible lors de la réception des programmes de la
radio FM diffusant sur des porteuses proches de 100 MHz, soit des longueurs d’ondes voisines de 3
EXPOSE GROUPE 9

m. En effet, dès que la longueur d’onde passe au-dessous des dimensions transversales du tunnel, ce
dernier guide la propagation des ondes entrant par les extrémités. Bien entendu, l’atténuation sera
plus importante que la dispersion naturelle trouvée en espace libre à cause des dissipations d’énergie
engendrées dans les parois de conductivité électrique modérée du tunnel.

3.2. Influence des obstacles


34L’interaction des ondes radioélectriques avec les obstacles est un problème difficile qui ne peut être
résolu rigoureusement qu’à l’aide de développements mathématiques. Toutefois, nous nous
cantonnerons à des approches intuitives inspirées de la diffraction des ondes par des objets
conducteurs. Imaginons une onde radioélectrique agissant sur un objet dont le rapport des dimensions
vis-à-vis de la longueur d’onde jouera un rôle déterminant dans les processus de réflexion et
d’occultation des ondes.

35Considérons tout d’abord un objet de dimensions très inférieures à la longueur d’onde du champ
excitateur. L’interaction de l’onde incidente a pour effet primaire l’induction de courants répartis
uniformément sur toute la surface de l’objet. Ces courants provoquent une onde secondaire intitulée
dans ce contexte « onde diffractée ». Sur la face exposée au champ électromagnétique, l’onde
diffractée renvoie l’énergie électromagnétique vers la source. L’interprétation locale du phénomène
équivaut à une réflexion de l’onde. Pour un observateur localisé sur la face opposée de l’objet, c'est-à-
dire à l’ombre de l’onde incidente, seule l’énergie électromagnétique due à l’onde diffractée peut être
perçue, car l’onde incidente est totalement absorbée lors de la traversée du milieu conducteur
constituant l’objet.

36Lorsqu’on accroît la fréquence de l’onde porteuse afin que la longueur d’onde soit proche des
dimensions de l’objet, la distribution des courants en surface cesse d’être uniforme. Sur la face
éclairée, les courants maintiennent l’amplitude initiale, alors que sur la face située à l’ombre de la
source, les courants diminuent d’amplitude. Il en résulte que les champs portés par l’onde diffractée à
l’ombre de l’objet diminuent dans le même rapport que les courants et qu’il s’en suit un effet
d’occultation plus prononcé de l’onde incidente.

37Un accroissement encore plus important de la fréquence amenant une longueur d’onde plus de cent
fois inférieure à la taille de l’objet a pour conséquence d’éliminer totalement les courants induits sur la
face cachée de l’objet. L’occultation de l’onde incidente est totale sur cette face alors que la réflexion
de l’onde incidente passe au paroxysme sur la face éclairée.

38Dans ce contexte, l’interposition d’une chaîne de montagne culminant à 1 500 m entre un émetteur
de radiodiffusion et un observateur lointain produira une atténuation modérée si l’émission a lieu en
grandes ondes. En revanche, l’atténuation sera très perceptible si l’émission est réalisée en petites
ondes. S’il s’agit d’émetteurs diffusant la modulation de fréquence sur des porteuses proches de 100
MHz, l’occultation sera totale. Le lecteur peut se livrer à l’expérience en comparant la réception de la
radio sur le plateau lorrain et en plaine d’Alsace entre lesquels s’interpose le massif vosgien. La
réception de France Inter grandes ondes sur la fréquence de 165 kHz sera assez peu influencée, par
contre la réception des programmes de France Info émettant en petites ondes sur l’émetteur régional
de Nancy (fréquence 837 kHz) se situeront en limite de réception après franchissement de la ligne de
crête des Vosges. Quant aux émissions provenant des émetteurs FM de Nancy ou d’Epinal,
l’extinction sera totale dès le passage en Alsace !
EXPOSE GROUPE 9

39Les obstacles représentés par les immeubles obéissent à des lois de diffraction similaires hormis
l’homothétie géométrique. Par exemple, la diffraction produite par un immeuble de 15 m de hauteur
est suffisante pour maintenir inchangé le niveau des champs collectés à l’ombre de la construction
éclairée par des émissions en grandes ondes ou petites ondes. Par contre la réception des programmes
en FM émettant sur des longueurs d’ondes de 3 m peut être sérieusement altérée. Quant aux ondes
émises par les téléphones GSM ou les stations de base couvrant le domaine décimétrique (30 cm de
longueur d’onde), la présence de ces gros objets se traduira par une réception d’intensité très aléatoire
ou se combinent effets d’occultations et de réflexions multiples des ondes.

40D’autres paramètres que les composants géologiques ou les matériaux primaires de construction
peuvent diversement atténuer les ondes en fonction de la fréquence des porteuses. Tel est le cas des
ouvertures pratiquées dans des écrans conducteurs ou plus généralement les grilles métalliques
constituants majeurs des structures en béton armé. Du point de vue de la pénétration des ondes
radioélectriques, un immeuble en béton armé est assimilable à une cage formée de barreaux
métalliques délimitant un grand nombre d’ouvertures. Pour simplifier, nous supposons ces ouvertures
toutes identiques et de forme rectangulaire. Soumis à une onde électromagnétique extérieure,
l’immeuble constitue un réseau de conducteurs siège de courants induits. Ces courants produisent un
champ antagoniste au champ incident. Autrement dit, un observateur situé à l’intérieur de l’immeuble
enregistre une atténuation du champ dont l’importance relative va dépendre de la longueur d’onde du
champ excitateur. Une alternative à ce raisonnement consiste à dire que les ouvertures réalisées par le
maillage du béton opposent une atténuation au passage de l’onde incidente. Ainsi, dès que la longueur
d’onde est très supérieure à la plus grande dimension de ces rectangles, l’onde extérieure sera
fortement atténuée et cela d’autant plus que le rapport longueur d’onde sur dimension de l’ouverture
augmente ! En revanche, dès que la fréquence de l’onde s’accroît pour atteindre la condition de
résonance des ouvertures, ces dernières deviennent transparentes au champ extérieur. La condition de
résonance est obtenue lorsque la demi-longueur d’onde s’accorde sur la plus grande dimension de
l’ouverture rectangulaire.

41Le lecteur pourra observer une dégradation très importante de la qualité de la réception de la
radiodiffusion en grandes ondes à l’intérieur de la plupart des immeubles construits en bétons armés.
L’atténuation peut atteindre un facteur 10 soit une amplitude de 20 dB convertie en échelle
logarithmique. En petites ondes, l’atténuation est moins importante du fait de la réduction de la
longueur d’onde, et pratiquement inexistante pour la réception des programmes de la FM. Ceux-ci
émettant sur 3 m de longueur d’onde, la condition de résonance doit se produire pour des ouvertures
dont la plus grande dimension dépasse 1,5 m, ce qui est généralement le cas au niveau des fenêtres ou
des portes d’accès. De ce constat, on déduit immédiatement que les transmissions en téléphonie
mobile GSM seront très peu affectées par ces atténuations étant donné que la condition de résonance
se manifeste pour des ouvertures de 15 cm !

42Les lignes téléphoniques aériennes ainsi que les lignes d’énergie électrique contribuent à
l’atténuation locale des ondes. L’atténuation est due à la présence d’un conducteur périodiquement
connecté à la terre. Tel est le cas du blindage de protection des lignes téléphonique ou du conducteur
neutre rencontré sur les réseaux d’énergie électrique basse tension. Les ondes radioélectriques
induisent des courants sur ces conducteurs passifs, courants qui donnent naissance à un champ
antagoniste. Il s’en suit une atténuation locale des ondes, le phénomène est surtout perceptible sur la
réception de la radiodiffusion en grandes ou petites ondes. En effet, dès que l’altitude de la ligne
rapportée au sol dépasse le quart de la longueur d’onde, il peut être démontré que l’atténuation
diminue. Ces phénomènes se manifestent dans le voisinage immédiat de la ligne, notamment lors de
EXPOSE GROUPE 9

l’écoute de la radio dans un véhicule longeant une ligne téléphonique ou lors du franchissement
inférieur d’un ouvrage d’art composé en béton armé.

43Les conditions météorologiques influencent également la propagation des ondes. L’indice de


réfraction de l’air modifié par les gradients de pression ou de température relevés à l’échelle régionale
est suffisant pour accroître la portée des émetteurs par courbure de la trajectoire des ondes. On observe
ces phénomènes lors de certains épisodes anticycloniques. Quant aux hydrométéores, leur impact est
surtout sensible sur la propagation des ondes centimétriques lorsque se manifeste l’absorption
dipolaire des molécules d’eau.

3.3. Les ondes radioélectriques extérieures à l’environnement


terrestre
44Au sommet de la tropopause se situent des couches formant des plasmas à faible densité dont
l’origine provient de l’ionisation de l’air. À ces altitudes situées entre 30 et 100 km du sol, l’action des
particules émises par le soleil ou les rayonnements X et γ venant du cosmos ionisent les atomes
composant l’air raréfié. Le plasma est similaire à un écran conducteur capable d’absorber et de
réfléchir des ondes radioélectriques émises depuis la surface du sol ou d’un satellite artificiel. Sachant
que la position du plasma varie en situation diurne ou nocturne, la réflexion des ondes émise depuis un
émetteur terrestre sera plus ou moins influencée. La nuit, le plasma est situé à une altitude d’une
centaine de kilomètres, cette configuration est alors propice à la réflexion des petites ondes.
L’accroissement du nombre de stations capturées en réception nocturne sur un récepteur radio usuel
est à ce titre édifiant. Cela signifie que la portée des émetteurs peut être singulièrement accrue par la
réflexion ionosphérique nocturne. Les radioamateurs communiquent bien souvent en ondes courtes
pour exploiter de manière optimale ce phénomène naturel. Les couches du plasma de l’ionosphère sont
également influencées par l’intensité de l’activité solaire. On observe des variations importantes de la
couverture des émetteurs ondes courtes lors des aurores polaires. Dans certaines gammes de
fréquences les ondes sont absorbées lors de la traversée de l’ionosphère. Pour cette raison, les
communications hertziennes réalisées avec les satellites artificiels ne peuvent s’établir qu’à l’intérieur
de fenêtres spectrales où l’absorption est réduite.

45Le cosmos constitue également une source de rayonnement d’ondes radioélectriques provenant
principalement des réactions de fusion nucléaire engendrées dans les étoiles. Ces rayonnements
couvrent une vaste étendue de fréquences allant de quelques Hz à plusieurs GHz. La plupart de ces
émissions lointaines se manifestent sous forme d’ondes incohérentes assimilables à un bruit
électromagnétique. La preuve expérimentale du rayonnement radioélectrique cosmique fut apportée
dès les années trente par Karl Guth Jansky des Bell
Telephone Laboratories aux USA. Jansky cherchait à comprendre l’origine des parasites qui
perturbaient la mise au point d’un amplificateur qu’il venait de réaliser. A l’aide d’une antenne
directive, il parvint à localiser la source située dans la direction de la constellation du sagittaire alignée
sur le centre de la galaxie. Cette découverte déclenchait par la suite d’importants travaux sur la
radioastronomie, des objets célestes éloignés de plusieurs milliards d’années-lumière furent ainsi
localisés grâce à leur rayonnement radioélectrique.
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4. Impact environnemental des ondes


radioélectriques
46La seule empreinte visible des ondes radioélectriques est sans nul doute le spectacle offert par les
antennes dont la subtilité des détails technologiques constitue une originalité esthétique inestimable.
Les expériences de transmissions sans fils pratiquées au tout début du XXe siècle par le Général Ferrié
sur la tour Eifel ont certainement contribué à sauver cet édifice de la démolition. Après le musée du
Louvre, c’est probablement le monument le plus visité de la capitale !

47Les antennes coiffant les sommets du Puy de Dôme, du Mont Ventoux, du Pic du Midi de Bigorre,
du Mont Chauve à Nice, de la chaîne de l’Etoile à Marseille… et de bien d’autres endroits apportent
indéniablement une valeur ajoutée à ces sites naturels. Absurde serait donc l’idée de vouloir dissimuler
ces antennes derrière des carénages, car leur examen attentif révèle tant de réponses sur la répartition
spatiale des ondes qu’elles dispersent à des distances parfois considérables.

48La place a manqué pour décrire toutes les technologies d’antennes et leurs propriétés attrayantes. Il
est vraisemblable que le lecteur sera intrigué par les antennes à réflecteurs paraboliques. Ces dernières
permettent la communication avec les satellites artificiels évoluant en orbite géostationnaire à près de
36 000 km de la terre ou avec les sondes spatiales explorant les planètes les plus lointaines du système
solaire. Ces antennes dotées de réflecteurs constitués d’un secteur de paraboloïde métallique réalisent
l’analogie avec les phares optiques. En effet, l’adoption des ondes centimétriques seules capables de
franchir la barrière ionosphérique sans atténuation importante forme un lien naturel avec l’optique.
Dans cette technologie d’antenne, on accroît le rapport dimensions du réflecteur sur longueur d’onde
pour émettre de grandes densités de puissance ou élever l’amplitude minuscule des champs provenant
de sources lointaines. Les capteurs de champ ou les sources radioélectriques situées aux foyers des
réflecteurs témoignent également des immenses progrès réalisés dans les composants électroniques de
l’ultra haute fréquence. C’est en partie grâce à ces avancées technologiques que façades et toitures de
nos habitations sont aujourd’hui enrichies par la présence rassurante de ces objets. Il est certain que
nous devons considérer les antennes comme parties intégrantes des paysages et de l’urbanisme
contemporain, car depuis plus d’une dizaine de décennies, les ondes radioélectriques rendent
d’immenses services en favorisant la communication et le développement culturel de vastes
populations indépendamment de leurs origines ethniques, religieuses et sociales.

Conclusion
49Pour conclure l’article, il parait intéressant d’évoquer la question de l’évolution future des
communications hertziennes et de leurs relations avec les antennes et l’espace. C’est un vaste sujet
impossible à décrire en quelques lignes, néanmoins l’avènement récent de la télévision numérique
terrestre peut aider à comprendre simplement les mutations actuelles de cet univers complexe.

50Dans l’ancien mode de transmission de la télévision appelé « analogique », un canal, ou si l’on


préfère une onde porteuse, est assigné à un programme spécifique (TF1 ou Antenne 2, ou FR3). En
réalité, le canal analogique est composé d’un couple de fréquences porteuses, l’une pour l’image,
l’autre pour le son. Dans le protocole analogique les variations d’amplitude du son et les variations de
contraste de l’image modulent directement l’amplitude de l’onde porteuse. La variation de
chrominance est traitée séparément sur une fréquence sous porteuse combinée à la porteuse principale.
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Ce procédé permet de couvrir toute une région par un émetteur puissant situé sur un point élevé, tel est
le cas de l’émetteur de Lille-Bouvigny desservant le Nord – Pas-de-Calais. La transmission hertzienne
analogique, ainsi dénommée, rencontre cependant trois inconvénients majeurs. La qualité de l’image
peut être fréquemment compromise par les interférences engendrées par des échos provenant
d’obstacles naturels ou artificiels ou par des émetteurs lointains utilisant le même canal. D’autre part,
les longueurs d’ondes adoptées pour la télévision hertzienne étant proches du domaine décimétrique,
la moindre aspérité de relief provoque une atténuation significative de l’onde porteuse entraînant une
dégradation de la qualité de l’image par superposition du bruit de fond des circuits électroniques du
récepteur. De plus, dans le contexte de la télévision « analogique », la création de nouveaux
programmes exige des fréquences porteuses supplémentaires et consécutivement un encombrement
accru des bandes de fréquences allouées pour la télévision. Toutes ces raisons incitèrent les autorités
européennes de l’audiovisuel à l’abandon de la transmission analogique pour le numérique.

51La télévision numérique convertit sous forme digitale les signaux véhiculant le son, le contraste et la
chrominance de l’image. Si on module l’onde porteuse par les données numériques sans traitement
préalable, la réception se révèle tout aussi sensible aux échos parasites que le système analogique.
C’est pour compenser ces phénomènes indésirables qu’un procédé ingénieux de modulation connu
sous l’abréviation OFDM (Orthogonal Frequency Division Multiplexing) fut mis au point dans la
précédente décennie. Ce procédé permet d’envoyer séquentiellement des paquets de données
appartenant à des programmes disjoints. Cette fonction réalise le multiplexage des transmissions de
TF1, Antenne 2 et FR3 sur le même canal. Les porteuses des canaux libérés peuvent alors être
réutilisées pour l’émission d’autres programmes ou d’autres services. L’évolution technologique
consécutive au traitement numérique de la modulation offre aussi une économie d’énergie appréciable
lors de l’émission de plusieurs programmes simultanés. À ces avantages d’exploitation s’ajoute la
collecte d’une image de haute qualité, car le contraste de l’image régénérée après décodage des
données numériques dépasse largement le seuil de bruit des circuits de réception.

52L’implantation des antennes émettrices n’a pas pour l’instant subi de profonds bouleversements
suite au passage en modulation numérique de la plupart des émetteurs TV du territoire. Toutefois, la
transmission numérique devrait progressivement inciter les opérateurs de télédiffusion à opter pour
l’abandon des émetteurs régionaux puissants au profit d’une population d’émetteurs secondaires moins
puissants mais évidemment plus dense. Il en résultera, sans aucun doute, un retentissement sur
l’impact paysager. Quant aux antennes réceptrices, le déploiement de la télévision numérique nécessite
l’usage d’un amplificateur directement intégré à l’antenne ainsi qu’une modification substantielle de la
forme des aériens afin d’en améliorer la directivité.

53On a longuement évoqué dans l’article les émissions de radiodiffusion en grandes ondes et petites
ondes, ce choix était délibérément pédagogique car l’écoute des stations émettant sur ces gammes
d’ondes est de plus en plus boudée au profit de la bande FM. En effet, la modulation de fréquence
analogique telle qu’adoptée aujourd’hui procure une meilleure dynamique des sons, et les bandes de
fréquences utilisées situées autour de 100 MHz se révèlent nettement moins perturbées par les
parasites radioélectriques que les petites et grandes ondes. Toutefois, il n’est pas impossible qu’on
équipe dans un avenir indéterminé certains centres émetteurs petites ondes de la modulation
numérique. Cette bande de fréquences pourrait alors connaître un regain d’intérêt sans exiger le
déploiement de nouveaux réseaux d’antennes. Effectivement, n’oublions pas que les émissions petites
ondes réalisées sur des fréquences porteuses situées entre 1 600 kHz et 550 kHz sont naturellement
moins sensibles aux aspérités de relief que les émissions de la bande FM pratiquées sur ondes
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métriques. Les émetteurs PO d’une puissance généralement supérieure à 100 kW autorisent des
couvertures très étendues dépassant 200 kilomètres ! A titre d’exemple, l’émetteur PO de Lille illustré
sur la figure 6 possède une limite de couverture située approximativement à 300 kilomètres de Lille,
les émissions réalisées depuis cette antenne sont encore détectables dans la province de Friesland au
nord des Pays Bas. Restera évidemment à résoudre la difficile question de l’immunité aux parasites
des signaux reçus sur ces gammes d’ondes.

54Car au même titre que l’air, l’eau et les sols, l’espace radioélectrique est de plus en plus pollué par
des activités anthropiques de toutes origines. Si on excepte les phénomènes électromagnétiques
naturels induits par la foudre, les « parasites » engendrés par les appareils alimentés sous l’énergie
électriques produisent en tout lieu des bruits électromagnétiques dont il faut s’efforcer de réduire les
effets au moyen de blindages, de filtres ou de codages adéquats. Tel est le cas pour les véhicules
individuels à propulsion électrique dont le développement pose la question de la compatibilité
électromagnétique avec les instruments de bord de la voiture et les installations riveraines des routes.
Ces nouvelles technologies de propulsion seraient évidemment ternies si leurs propres interférences
électromagnétiques limitaient l’usage des équipements multimédias ou autres fonctions électroniques
embarquées !

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