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À faire pour lundi 2 novembre 2020

Sujet de brevet pour s’exercer…


L’écriture de soi

1ère partie : 1h10


(Les 20 minutes de la dictée étant retranchées)

2ème partie : 1H30


(Sujet d’invention imposé cette fois-ci)
Document A - Texte

« Une houle vivante »

 Le 26 aout 1944, à l’occasion de la libération de Paris, le général de Gaulle  descend triomphalement les
Champs-Élysées jusqu’à la cathédrale Notre-Dame. Il  retrace cet épisode dans ses Mémoires de guerre.

  Au cours de la matinée, on me rapporte que de toute la ville et de toute la


banlieue, dans ce Paris qui n’a plus de métro, ni d’autobus, ni de
voitures, d’innombrables piétons sont en marche. À trois heures de l’après-
midi, j’arrive à l’Arc de triomphe. [...] Je ranime la flamme1. Depuis le 14 juin
1940, nul n’avait pu le faire qu’en présence de l’envahisseur. Puis, je quitte la
voûte et le terre-plein. Les assistants s’écartent. Devant moi, les Champs-Élysées !

  Ah ! C’est la mer ! Une foule immense est massée de part et d’autre de
la chaussée. Peut-être deux millions d’âmes. Les toits aussi sont noirs de monde. À
toutes les fenêtres s’entassent des groupes compacts, pêle-mêle avec des
drapeaux. Des grappes humaines sont accrochées à des échelles, des mâts,
des réverbères. Si loin que porte ma vue, ce n’est qu’une houle2 vivante, dans
le soleil, sous le tricolore.

  Je vais à pied. [...] Il s’agit, aujourd’hui, de rendre à lui-même, par le


spectacle de sa joie et l’évidence de sa liberté, un peuple qui fut, hier, écrasé par
la défaite et dispersé par la servitude. [...

  Je vais donc, ému et tranquille, au milieu de l’exultation indicible de la foule,


sous la tempête des voix qui font retentir mon nom, tâchant, à mesure,  de poser mes
regards sur chaque flot de cette marée afin que la vue de tous ait pu entrer dans mes
yeux, élevant et abaissant les bras pour répondre aux acclamations. II se passe, en
ce moment, un de ces miracles de la conscience nationale, un de ces gestes de la
France, qui parfois, au long des siècles, viennent illuminer notre Histoire. Dans cette
communauté, qui n’est qu’une seule pensée, un seul élan, un seul cri, les différences
s’effacent, les individus disparaissent. Innombrables Français dont je m’approche
tour à tour, à l’Étoile3, au Rond-Point4, à la Concorde5, devant l’Hôtel-de-Ville, sur le
parvis de la cathédrale6, si vous saviez comme vous êtes pareils ! Vous, les enfants,
si pâles qui trépignez et criez de joie ; vous, les femmes, portant tant de chagrins,
qui me jetez vivats7 et sourires ; vous, les hommes, inondés d’une fierté
longtemps oubliée, qui me criez votre merci ; vous, les vieilles gens, qui me faites
l’honneur de vos larmes, ah ! comme vous vous ressemblez ! Et moi, au centre de ce
déchaînement, je me sens remplir une fonction qui dépasse de très haut
ma personne, servir d’instrument au destin.

CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, tome 2, « L’Unité »,1956.

1. Sous l’Arc de triomphe brûle constamment une flamme qui commémore, depuis 1923, le souvenir des soldats
morts au combat.
2. Mouvement de la mer.
3. La place de l’Étoile à Paris (= place Ch. de Gaulle), où s’élève l’Arc de triomphe.
4. La Place de l’Etoile forme un très grand rondpoint.
5. La plus grande place de Paris, en bas des Champs-Élysées.
6. Notre-Dame de Paris.
7. Acclamations (du latin vivat, « qu’il vive ! »).
Document B – Photographie.

Foule acclamant le passage de la


2e division blindée sur les
Champs-Élysées le 26 août 1944,
photographie de Jack Downey,
1944.

Questions (20 points)

1. De quel « envahisseur » (l. 5) est-il question ? Rappelez rapidement la situation


historique.
(1 point)

2. Rappelez ce que sont des Mémoires. Pourquoi peut-on dire que ce texte illustre bien
ce genre de récit ? (1,5 point)

3. À quel temps ce texte est-il rédigé ? (0.5 point)

4. Quelle est la valeur de ce temps ici ? (0.5 point)


 Narration  Vérité générale  Habitude

5. Quel est l’effet ainsi créé ? (0,5 point)

6. a) Au début du 2ᵉ paragraphe, à quoi de Gaulle compare-t-il la foule ?


b) Relevez plus loin dans le texte une métaphore qui s’appuie sur le même
rapprochement.
c) Quel est l’effet produit par cette image ? (2 points)

7. a) Relevez une phrase exclamative et une phrase nominale.


b) On trouve de nombreuses phrases exclamatives dans ce texte. Selon vous,
pourquoi ? (2,5 points)
8. Pour parler de l’Occupation, de Gaulle emploie le mot « servitude » (l. 15).
a) Relevez dans la même phrase un antonyme de ce mot.
b) Relevez dans le texte un mot appartenant à la même famille que « servitude ».
Est-ce le même effet qui est produit ?
c) À la fin du texte, relevez le champ lexical que de Gaulle utilise pour montrer
l’émotion des Français face à la Libération. (2,5 points)

9. a) À qui de Gaulle s’adresse-t-il ? Citez des passages précis du texte.


b) Quelle figure de style est employée pour montrer que son discours s’adresse à
tous ?
c) De quel message se veut-il porteur ? (3 points)

10. a) Relevez les passages où apparaissent les pronoms personnels de la 1ᵉ


personne du singulier.
b) Quel regard de Gaulle porte-t-il sur lui-même ?
c) Que pensez-vous de ce portrait de lui-même ? Vous apporterez une réponse
nuancée, qui s’appuiera sur des passages précis du texte et sur vos
connaissances historiques. (3,5 points)

11. Réécrivez le passage ci-dessous en remplaçant « vous » par « tu ». Faites


toutes les modifications nécessaires.

Vous, les enfants, si pâles qui trépignez et criez de joie ; vous, les femmes,
portant tant de chagrins, qui me jetez vivats et sourires ; vous, les hommes,
inondés d’une fierté longtemps oubliée, qui me criez votre merci.

12. À propos de l’image.


a) Quels rapports pouvez-vous établir entre la photographie et le texte ?
b) À votre avis et d’après le texte que vous venez de lire, où de Gaulle se
trouve-t-il par rapport aux chars ?
c) Pourquoi peut-on dire cette photographie est historique ? (2,5 points)

2ème partie  (20 pts)


Travail d’écriture – Sujet d’invention

Imaginez que vous avez vécu un évènement historique. Devenu vieux, vous
racontez par écrit à l’un de vos petits-enfants âgé de quinze ans ce que vous avez
vécu et ressenti ce jour-là. Vous respecterez les trois étapes suivantes :
-> la description du contexte ;
-> le récit de l’évènement lui-même ;
-> La description de ce que vous avez ressenti et l’impression que vous en avez
gardée.

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