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THEME 

: L’EVOLUTION DE L’ETHIOPIE : 1880-1914

PLAN

INTRODUCTION

I- GENERALITE

II- ORGANISATION DE L’ETHIOPIE

II-1- Les peuples d’Ethiopie

II-2- Organisation politique

III- LES RAISONS DE LA NON COLONISATION DE L’ETHIOPIE

III-1- Les raisons culturelles

III-2- Les raisons politiques

III-3- La première guerre Italo-éthiopienne (1885-1896)

III-3-1- Le déroulement de la guerre

III-3-2- Les conséquences de la guerre

IV- EVOLUTION ECONOMIQUE DE L’ETHIOPIE (1880-1914)

CONCLUSION

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INTRODUCTION
La génération de 1880-1914 a été le témoin d’une des mutations
historiques les plus importantes, peut-être des temps modernes. C’est en effet, au
cours de cette période que l’Afrique, continent de vingt-huit million de
kilomètre carrés, fut partagée, conquise et effectivement occupée par les nations
industrialisées d’Europe. C’est ainsi que l’Ethiopie étant sur le territoire africain
n’a pas été en marge de ces bouleversements. Alors, quelle a été l’évolution de
l’Ethiopie de 1880 à 1914 ? Pour ce faire, nous allons d’abord faire un aperçu
général sur l’Ethiopie. Ensuite, nous analyserons les différentes composantes de
la société éthiopienne et les raisons de sa non colonisation. Enfin, nous
évoquerons l’évolution économique de l’Ethiopie après la guerre.

I-GENERALITE

L’origine du nom « Ethiopie » demeure incertaine. Son plus ancien usage


attesté remonte aux époques d’Homère ; le mot apparait deux fois dans l’Iliade
et trois fois dans l’odyssée. Son utilisation pour désigner le royaume d’Aksoum
apparait pour la première fois au IVème siècle sur l’inscription d’Ezana qui traduit
Habachat par Aïthiops en grec signifiant « au visage brûlé ». Selon la chronique
des rois d’Aksoum, un manuscrit guèze du XVIIème siècle, le nom Ethiopie est
dérivé d’Ityoppis, un fils de Koush inconnu de la Bible qui aurait fondé la ville
d’Aksoum. En France, et plus généralement hors de l’Ethiopie, le pays a été
longtemps connu sous le nom d’Abyssinie, dont la racine sémite hebeshe
signifie « mélange ». Le terme Habesha de nos jours désigne l’ensemble des
habitants du Nord de la corne Ethiopienne et Erythréenne, voir soudanaise.
L’Arabe moderne utilise le mot Al- Habacha ou le mot Ithyûbyâ pour désigner
l’Ethiopie. L’Ethiopie actuelle, en forme longue la république démocratique

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fédérale d’Ethiopie est un Etat de la corne de l’Afrique avec pour capitale Addis
Abeba. L’Ethiopie est entourée par l’Erythrée (ancienne province) au nord ; la
Somalie à l’Est et Sud- est ; le Soudan au Nord-ouest, le Soudan du sud à
l’Ouest et Sud-ouest ; le Kenya au Sud et la république de Djibouti au Nord-est
et est le deuxième pays vaste de l’Afrique avec une superficie de 1.137.000 km 2
et une population de 108 386 391 habitants. L’Ethiopie est considérée comme le
berceau de l’humanité avant la découverte de Toumaï en 2001 dans le bassin du
lac Tchad datant de 7.000.000 d’années.

II- ORGANISATION DE L’ETHIOPIE

II-1- Les peuples d’Ethiopie

La société éthiopienne est composée de multiples peuples, regrouper en


grand groupe grâce à leur langue. Le premier groupe est constitué des peuples
habesha qui parlent la langue sémitique. Le deuxième groupe est composé des
peuples amharas qui parlent la langue amharique. Ils sont des agriculteurs et des
chrétiens orthodoxes.

Le troisième groupe est constitué par les tigrés. Ils parlent la langue tigrina et
sont également des chrétiens orthodoxes. Le quatrième groupe est composé par
les Oromo. En effet, ils parlent la langue oromo ; ils n’ont pas d’unité religieuse
comme les autres peuples. Certains oromo sont des chrétiens orthodoxes,
d’autres sont des musulmans et une portion du groupe est protestante. D’autres
peuples mineurs vivent également en Ethiopie tels que les Gouragués, les kaffas,
les sidamas, les welaytas…

II- 2- Organisation politique de l’Ethiopie

Sous le règne de Ménélik II, le système politique de l’Ethiopie était déjà


fixé. Il comprenait essentiellement trois niveaux hiérarchisés : les districts ou
seigneuries ; les provinces de l’empereur ; trois axes (politique, économique,

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religieux). Les seigneurs, les gouverneurs et l’empereur exerçaient leur pouvoir
respectivement au niveau des districts, des provinces et de l’empire. Ils avaient
uni partout un réseau de relation hiérarchique et tout le système reposait sur eux
puisque chacun était à la fois chef d’administration, chef militaire et juge. En
règle générale, l’empereur nommait les gouverneurs qui à leur tour, nommaient
les seigneurs ou les sous gouverneurs. Le seigneur avait certains droits appelés
gult : il pouvait exiger un tribut en nature de chaque famille du district. Il rendait
la justice, convoquait et commandait la milice locale. Les contributions et
services, que les paysans attachaient aux champs dont ils tireraient leur
subsistance devaient aux seigneurs et à l’église. Les gouverneurs remplissaient
des fonctions analogues à celles des seigneurs, mais à l’échelle des provinces.
L’empereur étaient l’élément le plus important du système impérial. Il exerçait
des fonctions exécutives, législatives et judiciaires. Il commandait en personne
son armée, administrait les affaires de l’empire. Enfin, il était le symbole de
l’unité et de l’indépendance nationale en ce sens que l’empereur était présumé
descendre du roi Salomon et recevait sa couronne et l’onction impériale de
l’abuna, chef égyptien de l’église orthodoxe éthiopienne.

III-LES RAISONS DE LA NON COLONISATION DE L’ETHIOPIE

III-1- Les raisons culturelles

Pourquoi l’Ethiopie a-t-elle survécu à la colonisation européenne ?

L’Ethiopie a survécu à la colonisation européenne pour diverses raisons. Les


peuples éthiopiens croyaient fermement à Dieu pour résister à toutes formes
d’impérialisme ou de colonisation. Selon eux, Dieu voulait qu’ils survivent et
cette croyance a beaucoup anticipé à s’opposer à toutes agressions ou
empiétement de la part des européens. Et voilà leurs propos : « l’Ethiopie tendra
les mains vers Dieu ! Bénédiction promesse de gloire ! Nous avons mis notre

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confiance dans le seigneur, et non dans la force des chars et des chevaux. Et
certes, quand nous voyons dans l’histoire de notre peuple comment il fut
préservé dans son pays d’exil et comment notre patrie a été préservée des
invasions, nous sommes forcés de nous écrier :  Oui, jusqu’à ce jour, le seigneur
nous a secourus. » (E.W. Blyden,1864, :358). Ainsi, Ménélik II ajouta à ces
termes : « L’Ethiopie n’a besoin de personne ; elle tend la main vers Dieu. » (R.
Pankhurst,1976).

III-2- Les raisons politiques

Une autre raison pour laquelle l’Ethiopie a survécu est d’ordre


diplomatique. Elle a été en mesure d’opposer les puissances européennes les
unes aux autres et de résister par la voie diplomatique à leurs pressions
indirectes. Ainsi, Ménélik II a opposé entre elles avec succès l’Italie, la France
et l’Angleterre. Il se servit d’armes françaises pour se défendre contre les
italiens en 1896 et fit appel aux anglais en 1902 lorsque les français voulurent
exercer un contrôle abusif sur la ligne de chemin de fer de Djibouti.

III- 3- La première guerre Italo-éthiopienne (1885-1896)

II-3-1- Le déroulement de la guerre

La première guerre italo-éthiopienne s’est déroulée parallèlement à la


création de la colonie italienne d’Erythrée entre 1885 et 1896. Durant dix
années, l’Italie agrandit régulièrement ses possessions en Abyssinie. La guerre a
opposé d’abord l’armée du Négus Yohannes, dirigée en particulier par Ras Alula
et aux armées italiennes. Après la mort du Négus Yohannes le 09 Mars 1889, le
nouveau Negusä Nägäst (roi des rois) d’Ethiopie, Ménélik II du Shewa met
quelques années à confronter son pouvoir. Il est initialement soutenu par la
France timidement et par l’Italie après le traité de Wuchale de 1889, qu’il
dénonce en février en 1893. Cependant, dès la fin de 1890, Ménélik II affirme sa

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souveraineté par une ‘’lettre circulaire’’ aux puissances européennes ; en Juin
1894, il soumet complètement Tigré. A partir de 1893, les éléments d’une
nouvelle confrontation militaire sont en place entre l’Italie et l’Ethiopie. Cette
nouvelle confrontation se déroula sur plusieurs batailles.

On a d’abord la bataille de Dogali où se sont déroulés les premiers


affrontements entre 1885 et 1889. Le 26 Janvier 1887, les Italiens subissent une
défaite militairement moins lourde. Cette bataille est suivit d’une période
intermédiaire entre 1889-1893 marquée par la signature du traité de Wuchale.
Ce traité, signé dans le village de Wuchale le 02 Mai 1889 était un traité de paix
et d’amitié qui concède des avantages notables aux deux parties. Cependant,
suite aux ingérences et aux influences diplomatiques de certaines puissances,
Ménélik II décide de mettre fin à tout lien d’intérêt unissant l’Éthiopie à l’Italie.
C’est ainsi qu’il dénonce le traité de Wuchale et reprend la guerre en 1894.
Ensuite, survient la bataille d’Amba Alagi en 1885 où les soldats éthiopiens en
se dirigeant vers le Nord rencontrent une position avancée des troupes italiennes
conduites par le major Toselli et composée de 20000 askaris érythréens. Les
soldats éthiopiens lancèrent l’assaut le 07 Décembre et mirent en déroute les
soldats italiens et un renfort de 5000 soldats où le général Toselli fut tué. Enfin,
la bataille d’Adoua qui clôt la première guerre Italo-éthiopienne, débuta en
1885, et met provisoirement un terme aux ambitions coloniales italiennes en
Ethiopie. En effet le 1er mars 1896 ; les forces Italiennes ont été vaincu à la
bataille d’Adoua. Cette défaite a eu des conséquences énormes du côté Italien et
Ethiopien.

III-3-2- Les conséquences de la guerre Italo-éthiopienne

La bataille d’Adoua se termina par une éclatante victoire de Ménélik II et par la


défaite totale de ses ennemis. Au cours des combats, 261 officiers et 2918 sous-
officiers et soldats italiens, ainsi que quelques 2000 askaris (soldats Erythréens)

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furent tués ; en outre, 954 soldats italiens furent portés disparus et 470 soldats
italiens et 958 askaris furent blessés. Au total, plus de 40% des soldats de
l’armée italienne furent tués ou blessés, elle perdit 11000 fusils et tous ses
canons ; là fut presque complète (G.F.H. Berkeley, 1902 :345). Du côté
éthiopien, selon les sources, on dénombre 4000 morts et 8000 blessés.

A la suite de cette victoire de Ménélik, les italiens signèrent le 26 octobre


1896, le traité de paix d’Addis Abeba qui annulait le traité de Wuchale et
reconnaissait la complète indépendance de l’Ethiopie (C. Rossetti, 1910 :181-
183). Pour des raisons qui ne furent pas divulguées, Ménélik II n’exigea pas que
les italiens se retirassent de l’Erythrée, bien qu’il eût souvent exprimé le désir
que l’Ethiopie eût accès à la mer. La frontière méridionale de la colonie italienne
fut ainsi fixée sur le cours de la rivière Mareb. La campagne d’Adoua conféra à
Ménélik beaucoup de prestige à l’étranger. La France et l’Angleterre envoyèrent
à sa cour des missions diplomatiques pour conclure avec lui des traités ; les
mahdistes de Soudan, le Sultan de l’Empire Ottoman et le tsar de Russie
députèrent également des ambassades (E.G. Gleichen, 1898 ; J.R. Rodd, 1923 ;
H.P.M. d’Orleans, 1898 ; R.P. Skinner, 1906).

L’issue de la bataille, la plus grande victoire qu’un africain eût remportée


sur une armée européenne depuis l’époque d’Hannibal, influa profondément sur
l’histoire des relations entre l’Europe et l’Afrique. L’Ethiopie acquit du prestige
dans toute la région de la mer rouge. Des intellectuels noirs du nouveau monde
manifestèrent aussi un intérêt grandissant pour l’Ethiopie, dernier Etat
autochtone indépendant d’Afrique noire. Le Haïtien Benito Sylvain, qui fut un
des premiers apôtres du panafricanisme, fit quatre voyages en Ethiopie entre
1889 et 1906 en qualité de messager de Président Alexis d’Haïti (Bervin, 1969).

IV- EVOLUTION ECONOMIQUE DE L’ETHIOPIE (1880-1914)

Beaucoup de changements économiques se produisirent en Ethiopie à


compter des dernières années de XIXème siècle. En effet, Ménélik II souhaitait

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moderniser son pays millénaire, il s’intéressait vivement à toutes sortes
d’innovation. Le médecin italien de Castro écrit que c’était « un souverain
véritablement ami du progrès » au point que, ajouta-t-il plaisamment, si un
aventurier lui avait proposé d’élever jusqu’à la lune un escalier mécanique.
L’empereur aurait accepté « ne fût-ce que pour voir si c’était possible ». Le
règne de Ménélik II vit dans de nombreuses innovations, sans précédent dans
l’histoire de L’Ethiopie. La première et l’une des plus importantes fut, au milieu
des années 1880, la fondation de la nouvelle capitale, Addis Abeba dont le nom
signifie littéralement « fleur nouvelle » et dont la population atteignit 100000
habitants en 1910 (E. Mérab, 1921-1929 :13-193 ; R. Pankhurst, 1962 :33-61).

Les premiers ponts modernes construit à la même époque rendirent les


communications moins difficiles. On réorganisa le système fiscal en 1892, une
dîme fut affectée au paiement des soldes de l’armée, ce qui mit apparemment fin
aux pillages que les soldats de l’armée avaient coutume de commettre dans les
campagnes. Pour la première fois en 1894, on émit une monnaie nationale
« pour le plus grand honneur de l’Ethiopie et pour la prospérité de son
commerce ». Un système postal vit également le jour dans les années 1890 ; des
timbres-poste, commandé en France, les pièces de monnaie, furent en vente en
1893 et 1894 ; un décret porta établissement de bureaux de poste, des conseillers
français mirent sur pied le service des postes et l’Ethiopie entra dans l’union
postale universelle en 1908. On concéda en 1894 la construction d’une ligne de
chemin de fer entre Addis Abeba et Djibouti, port de la côte française des
somalis ; cette construction entreprise en grande partie grâce à des capitaux
français. On installait deux lignes téléphoniques vers 1900 ; l’une posée par les
ingénieurs français qui construisaient la ligne de chemin de fer, suivait la voie
ferrée, l’autre posée par les techniciens italiens, reliait Addis Abeba à l’Erythrée
ainsi qu’au sud et à l’ouest du pays. Au début du XX ème siècle les ingénieurs
italiens aidèrent à la construction d’une route moderne entre Addis Abeba et

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Addis Alem ; dans la même époque, l’approvisionnement en bois de la capitale
fut amélioré par l’introduction dans le pays des d’eucalyptus d’Australie, sans
doute à l’initiative d’un français. Les dernières années du règne vivent
l’introduction de diverses institutions modernes. La banque d’Abyssinie fut
fondée en 1905, en tant que filiale de la banque nationale d’Egypte (qui
appartenait à des anglais). L’impératrice Tuta créa en 1907, à Addis Abeba le
premier hôtel moderne, l’hôtel Etege. En 1908, des enseignants coptes venus
d’Egypte aidèrent les Ethiopiens à organiser l’école Ménélik-II (G. Sélassié,
1930-1932, :527-58).

CONCLUSION

Au terme de notre étude sur l’Ethiopie de 1880 à 1914, nous retenons que
ce pays fut à l’époque dirigé par des négus qui se sont succédés à la tête de
l’empire. Plusieurs raisons expliquent la non colonisation de l’empire parmi
lesquelles nous retenons des raisons d’ordres politiques, militaires, et culturels.
De 1885 à 1896, l’empire fut plongé dans une guerre contre l’Italie entre mêlée
de batailles qui se solda par la victoire de l’Ethiopie. Ainsi, avec un bilan très
lourd de perte en vies humaines dans les deux camps, des traités furent signés
obligeant l’Italie à reconnaitre la souveraineté de L’Ethiopie. Ainsi, Ménélik II
fut l’exemple parfait remplis d’innovation grâce à ses réalisations et ses relations
qu’il entretenait avec l’Europe.

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BIBLIOGRAPHIE

 A, Bervin. 1969.Benito Sylvain, apôtre du relèvement social des noirs, Port-au-

Prince : La Phalange

 D, Jardine.1923. The Mad Mullah of Somaliland, Londres : H. Jenkis.

 E, Gleichen.1898. With the mission to Ménélik, 1897, Londres : Arnold.

 E.W, Blyden.1864. « The call of providence to the descendants of Africa », The

African repository, vol., page 358.

 E, Merab.1921-1929.Impression d’Ethiopie-L ’Abyssinie sous Ménélik II, par le

docteur Mérab, 3Vol, Paris : Libert et Leroux.

 G.F, Berkeley.1902. The compaingn of Adowa and the rise of Ménélik, Londres :

Constable.

 G, Sélassié.1930-1932.Chronique du règne de Ménélik II, roi des rois d’Ethiopie,

Paris : Maisonneuve.

 H.P.H, D’Orléans. 1898.Une visite à l’empereur Ménélik : notes et impression de

route, Paris : Librairie Dentu.

 J.R, Rodd. 1923. Diplomatic memories : 1894-1901, Egypt and Abyssinia, Londres :

Arnold.

 R.P, Skinner. 1906. Abyssinia of today :an account of the first mission sent by the

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Arnold.

 . R, Pankhurst.1962. (a).  « The foundation and early growth of Addis -Ababa to

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