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Roux Oriane

Ranger Andréa
Robert Clémence
Quenedey Aude

Jacques Cœur, Côme de Médicis, Jacob Fugger, itinéraires de


trois banquiers à la jonction du Moyen Age et des Temps
Modernes

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Sommaire
I. Jacques Cœur, histoire d’une ascension sociale
A. Ses débuts, au cœur du commerce
méditerranéen
B. De simple commerçant à argentier du roi
C. Plus l’homme est grand, plus grande est la
chute

II. Côme de Médicis, un banquier à l’origine de


changements économiques et politiques
A. Contexte et début de la vie de Côme de Médicis
B. Un changement politique contre l’oligarchie
florentine
C. Une fin partielle de l’hégémonie médicéenne

III. Jacob Fugger, un marchand-banquier hors norme


A. L’Économie du XVe siècle à Augsbourg
B. Le développement du commerce familial des
Fugger
C. Les débuts de Jacob Fugger dans le commerce

IV. Bibliographie

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Médicis, Cœur et Fugger, respectivement nés en 1389, 1395 et 1459 ont tous les trois de par
leur choix et méthodes atypiques impacté le commerce de leur époque. Au XVème siècle,
l’Europe assiste à l’apparition de trois des plus illustres banquiers de l’histoire : Jacques
Cœur, Côme de Médicis et Jacob Fugger, respectivement français, italien et allemand. Se
différenciant de par leur parcours atypique, chacun marqua ce siècle à sa façon.
Commençant tous les trois par une carrière de marchand, ils ont su évoluer et s’imposer
dans le commerce avant de devenir banquier. Ces derniers ont été en mesure de développer
leur commerce à l’international notamment celui de l’industrie minière et du textile qu’ils
ont marchander durant la majorité de leur existence.

→ En quoi ces trois banquiers ont-ils marqué l’histoire du Moyen Age et des Temps
Modernes ?

I. Jacques Cœur, histoire d’une ascension sociale


A. Ses débuts au cœur du commerce méditerranéen
Jacques Cœur est né en 1395 dans la
ville de Bourges. Fils de Pierre Cœur,
riche pelletier, il épouse en 1420 Macée
de Léodepart, fille du prévôt de la ville
et petite-fille et nièce de deux maîtres
de la monnaie. Son mariage lui
permettra de s’introduire dans la
production et la fabrication de monnaie
à Bourges dirigées par Ravant Ledanois
avec qui en 1427 il va s’associer ainsi
qu’avec Pierre Godart alors changeur à
Bourges.

En 1432, Jacques Cœur part et découvre


les villes d’Alexandrie, Beyrouth et Damas qui l’émerveilleront tant par leurs dynamiques
commerciales que par leur profusion, leur abondance, leur exubérance de produits luxueux.

Il vouera désormais sa carrière à l’échange de marchandises telles que les épices, le blé, la laine,
l’or, l’argent, les fourrures et de nombreuses autres entre l’Orient et l’Occident, se faisant ainsi
rival des Vénitiens, des Pisans et des Génois. Il introduisit ses produits à la cour de France établie
à Bourges puisque Charles VII alors en pleine guerre de Cent Ans s’y réfugia, les Bourguignons
ayant pris Paris.

L’argent de Jacques Cœur permit à Charles VII de financer les troupes militaires qui
reconquirent la capitale en 1435, mais également de financer l’armée française et vaincre les
Anglais, en effet il ne prêta pas moins de 200 000 écus ce qui était une valeur considérable en

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ce temps-là. Grâce à son amitié avec le roi, son commerce va grandement se développer et se
déployer jusqu’aux cours d’Angleterre, de Flandres, d’Italie, d’Espagne, de Turquie.

Il va étendre ses ramifications dans de nombreuses villes françaises comme Paris, Toulouse,
Bordeaux et étrangères telles que Londres, Genève, Barcelone, Florence et Naples. Son
commerce est assuré par un transport efficace et imposant ; en effet, Jacques Cœur possédait
une douzaine de bateaux naviguant entre les ports de Marseille et de villes orientales, de
nombreuses succursales au sein du territoire français par exemple à Montpellier et à Lyon, et
plus d’une centaine d’agents travaillant à son compte.

Jacques Cœur possède alors un


véritable empire commercial
qui font de lui un homme riche
et puissant qu’il n’hésitera pas
à montrer en achetant plus
d’une quarantaine de
seigneuries, de multiples
maisons et hôtels particuliers
dans toutes les villes françaises
et en se faisant construire un
hôtel particulier aussi appelé
Palais Jacques Cœur,
monument phare de la ville de
Bourges.

B. De simple commerçant à argentier du Roi


Sa position va devenir bien plus qu’un simple commerçant et banquier puisqu’il va cumuler
diverses fonctions politiques financières comme en 1435 où il deviendra le maître des
monnaies à Bourges puis maître des monnaies à Paris en 1436, l’argentier du roi en 1440,
commissaire du roi c’est-à-dire représentant du roi, pourvu d'une commission temporaire et
révocable selon le dictionnaire Larousse et anobli en 1441, il entrera officiellement au conseil
du roi en 1442.

Bien plus qu’un créancier, Jacques Cœur aida le roi à réorganiser les finances de son royaume
et à le faire prospérer surtout après la guerre de Cent Ans qui amena ruine et destruction. Il
installera en 1444 le nouveau parlement du Languedoc à Toulouse.
L’année suivant, il arbitra un conflit entre le comte de Comminges et les États constituant ce
pays et facilita la signature d’un traité entre les chevaliers de Rhodes et la puissance
égyptienne.

En 1446, avec Chastel il essaya de conquérir le marché génois, mais cela se réduisit ni plus ni
moins qu’à un échec. En 1447, alors qu’il avait organisé un traité avec l’Égypte, il parvînt à
placer le mari de sa nièce en tant qu’ambassadeur et par son intermédiaire à obtenir des
privilèges pour la France.

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Charles VII
(Né à Paris à l’hôtel Saint-Paul le 22
février 1403 et mort le 22 juillet
1461 au château de Mehun-sur-
Yèvre)

Il fut également chargé par le roi de négocier l’abdication de l’antipape Félix V et d’ainsi mettre
fin au schisme ; ce service rendu à l’Église catholique lui a valu une amitié et une
reconnaissance considérable de la part de toute la papauté et l’autorisation de commercer
avec des musulmans, en ce temps interdit puisque nous étions encore en pleine croisade.

C. Plus l’homme est grand, plus grande est la chute


Nul ne peut contester la puissance de Jacques Cœur tant sur le plan économique que sur le
plan politique, ce succès force l’admiration de tous et le nombre d’ennemis croît de plus en
plus jusqu’au jour on s’élèvera devant lui l’ennemi trop, Charles VII lui-même.

Celui-là que Jacques Cœur avait aidé tourne sa


veste, et jaloux de sa réussite, suspicieux de
ses relations avec Madame Agnès Sorel chère
au cœur du roi et croulant sous les dettes qu’il
doit au banquier, il fit arrêter le 31 juillet 1451
au château de Taillebourg Jacques Cœur pour
motif de lèse-majesté.

Enfermé dans la prison de Poitiers, il est


accusé d’avoir assassiné la favorite du roi
Agnès Sorel, décédée une année auparavant
et l’instruction est menée par deux de ses
ennemis : l’un de ses plus importants
débiteurs Antoine de Chabannes et Otto
Castellini, trésorier des finances à Toulouse
aspirant à prendre sa place.

L’accusation n’est fondée que sur un


témoignage disant l’avoir vu versé du mercure
dans son verre, preuve qui finira par être
supprimée puisqu’il s’agissait en réalité d’une calomnie.

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Bien qu’il demanda sa remise en liberté, demande appuyée par l’évêque de Poitiers,
l’archevêque de Tours et le pape Nicolas V il resta prisonnier et remis en examen pour divers
délits comme avoir faussé le poids des monnaies lorsqu’il était maître de la monnaie à Bourges
ou encore d’avoir fait du commerce avec des musulmans.

Alors qu’il n’a pas les moyens nécessaires à une préparation pour sa défense, Jacques est jugé
par une commission extraordinaire formée le 13 janvier 1453 et composée de ses plus chers
ennemis. Torturé avec le supplice du bromequin qui consiste à attacher des planches de bois
aux jambes et à les serrer jusqu’à ce que les os se rompent, Jacques Cœur finit par avouer des
fautes qu’il n’aura jamais commises. Le 29 mai 1453, Jacques Cœur est condamné à payer
400,000 écus au roi et à mourir.

Cependant, sa sentence s’allègera, et sa condamnation à mort se transforme en


condamnation à la prison jusqu’à perpétuité. Tous ses biens furent confisqués et vendus sans
même le consentement de sa famille à ses débiteurs et ses ennemis, tels qu’Antoine de
Chabannes et Antoinette de Maignelais, la nouvelle favorite du roi. La suite de son histoire est
digne d’une épopée d’Alexandre Dumas. Par les relations qu’il avait entretenues avec le pape
Nicolas V, aidé il parvînt à s’enfuir de sa prison en 1454.

Il y eut alors une véritable course poursuite entre Jacques Cœur et les hommes de Charles VII,
Jacques Cœur allant même jusqu’à demander le droit d’asile au couvent de Beaucaire. Il
réussit toutefois à fuir en dehors du territoire français et à rejoindre Rome où le pape l’attend
et le proclame officiellement comme innocent le 16 mars 1455.

Il effectua diverses missions diplomatiques pour l’Église jusqu’en 1456 où le nouveau pape
Calixte III lui confia le commandement d’une flotte pour reconquérir la ville sainte. Il mourra
la même année sur l’île de Chios de mort incertaine, on dit qu’il serait mort au combat mais
le plus probable serait qu’il mourût de vieillesse ou de maladie.

Par la suite, certains de ses enfants vont se battre pour sa réhabilitation juridique mais celle-
ci même quand Louis XI aura succédé à son père Charles VII, cette réhabilitation ne viendra
jamais. Il aurait simplement fallu s’il avait été réhabilité que la couronne paît des dettes
considérables ce qui était inenvisageable. La famille en revanche va obtenir une rétrocession
des biens dont le palais à Bourges.

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II. Côme de Médicis, un banquier à l’origine de changements
économiques et politiques
A. Contexte et début de la vie de Côme de Médicis
Pendant la plus grande partie du 14ème siècle, la maison des
Médicis s’était plutôt distinguée par sa turbulence et ses litiges
sanglants avec ses adversaires.
Après avoir surtout exercé le commerce et la banque, à partir
de 1340 environ, elle avait concentré ses investissements dans
les achats de terre.
Ils sont bien décidés à exploiter autant que possible le soutien
populaire dans le jeu des partis mais sans renoncer à figurer
dans les rangs du peuple gras et sans abdiquer le style de vie
que cela comportait.
La cause principale de la faiblesse relative de cette maison sur
la scène florentine du 14ème siècle (et sans doute de sa
réussite au 15ème) semble avoir été le manque de cohésion
politique entre ses différentes branches.

Malgré les conflits, entre grandes familles florentines (certaines furent réellement anéanties),
les Médicis furent plus habiles dans la défense de leurs positions familiales car ils réussirent à
sauvegarder la base matérielle de leur force : le patrimoine, qui a crû considérablement.
En 1378, rien ne pouvait faire prévoir que 40 ans après, ils seraient devenus non seulement la
première famille de Florence, mais les maîtres du pouvoir.
Installés à l'intérieur de la ville depuis le 13e siècle, ils avaient dans l’ensemble toujours occupé
des positions de second plan.

Autour de 1424, les Albizzi ne représentaient plus toute l’oligarchie tandis que les Médicis
essayaient de polariser les sympathies populaires. Si les rivalités familiales demeuraient vives,
on élaborait de plus en plus la politique communale « en dehors du Palais » dans des
conciliabules privés qui se tenaient chez des citoyens riches et puissants, y compris désormais
les Médicis. Si les Albizzi avaient occupé le devant de la scène politique florentine, les Médicis
s'étaient maintenus à l'arrière-plan, se complaisant à ne pas faire apparaître leurs ambitions.
Leur plus grand souci paraissait celui d’amasser des richesses à la fois comme entrepreneurs,
propriétaires fonciers et banquiers.

La fortune du grand père de Côme était relativement modeste, plus par exemple que celle du
banquier Vieri, appartenant à une autre branche de la famille.
Toutefois, le père de Côme saura accumuler depuis la fin du 14ème siècle un patrimoine
considérable, sans pour autant négliger les magistratures citadines.
Jean de Médicis réussi à fonder celle qui devait être la banque la plus importante du 15ème
siècle en Occident, et laisse à ses fils une entreprise commerciale importante.

Côme de Médicis (né en 1389 et mort le 1er août 1464 à Florence) est le 3ème fils de Jean de
Médicis. Il est banquier, capitaine et homme d'État florentin, mais également le fondateur de

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la dynastie politique des Médicis, qui ont dirigé Florence pendant une grande partie de la
Renaissance italienne. On l’appelait aussi “Côme l’Ancien”.
Il reçoit par ses parents une éducation humaniste et apprend le latin et le grec, mais
également le français et l'allemand. À l’âge de 13 ans, il dirige l'un des ateliers de laine de son
père et parcourt l'Europe en visitant les filiales de la banque familiale. 12 ans après, il voyage
pendant deux ans en Allemagne, en France et dans les Flandres, puis passe trois ans à Rome.

Après la mort de son père en 1429, le banquier au grand sens politique s'oppose au régime
oligarchique en place à Florence, dans lequel prévalait la famille rivale des Albizzi. L'influence
de Côme de Médicis, grandit encore du fait que le chef de l'oligarchie, Rinaldo Degli Albizzi le
fait arrêter le 7 septembre 1433, pour cause de concussion. Il est emprisonné dans le Palais
de la Seigneurie mais réussit grâce à différents complots à transformer sa condamnation à
mort en exil pendant dix ans.

Finalement à l’aide de ses amis et du pape Eugène IV, Côme partit avec sa famille le 3 octobre
1433 pour s'installer à Venise, tout en gardant un contact étroit avec ses partisans à Florence.
Il gère ensuite les finances de la papauté et, en 1462, remplit grandement ses coffres en
obtenant de Pie II le monopole des mines d'alun de Tolfa, qui sont indispensables à
l'industrie textile de Florence.

Mais Côme de Médicis a affaire à forte partie ; ni son prestige, ni son argent n'intimident ses
adversaires. Lorsque Côme est de retour à Florence, triomphant et acclamé par le peuple.
Albizzi et ses alliés sont exilés par le conseil de prieurs nouvellement élu. Comme son père
autrefois, il est nommé gonfalonier de Florence en 1434, et peut mettre en œuvre son dessein
politique visant à faire de sa famille l'arbitre de l'État florentin.
Il inspire la politique extérieure et exerce une grande influence sur celle de toute l’Italie. Il
utilise à cette fin et dans plusieurs directions son exceptionnelle fortune, reposant sur la
banque que lui avait léguée son père, qui possédait des filiales dans divers États italiens et
même à l'étranger. Pour museler ses opposants, il utilise deux techniques : le bannissement
(très courant dans la République de Florence), mais aussi les « redressements fiscaux », qui
consistaient à ruiner la victime en augmentant les taxes que celle-ci devait payer

B. Un changement politique contre l’oligarchie florentine

Dès 1934, Côme se montra un politicien lucide et énergique et le ressentiment contre les
oligarques joua en sa faveur.
Depuis longtemps, les florentins étaient habitués à se faire gouverner par un groupe très
restreint. Côme perfectionna donc le système en contrôlant de près, par personne interposée,
les élections aux magistratures, en les réservant autant que possible à ses partisans, et en
évitant en général de les assumer lui-même, à la fois pour ne pas s’exposer et pour faire moins
sentir sa primauté. En fait il fait tout en discrétion et préfère commander sans paraître parce
qu’il voulait rester d’abord un marchand et ne pas négliger une base principale de son pouvoir
: la richesse.

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Il eut le génie suffisant pour tourner à son avantage ce que les oligarques avaient accompli et
pour corriger les erreurs qu'ils les avaient affaiblis, en modifiant dans la substance l’exercice
du pouvoir.
Il comprit qu’il était inévitable de frapper les principaux citoyens qu’il aurait pu lui nuire
Alors, il fit exiler par la Seigneurie les Albizzi et ses alliés.
Malgré le châtiment de ses oligarques, il serait hâtif de conclure qu'il triompha le parti
populaire.
Côme appartenait à la haute bourgeoisie florentine et était étroitement lié à plusieurs de ses
grandes familles.
Il créa son gouvernement d’une clientèle politique qu’il dominait et qui n’avait rien à craindre
de l’opposition populaire.
Les classes inférieures acquiesçaient l’autorité de celui qui venait de chasser leurs ennemis
déclarés.
Côme a voulu continuer à être avant tout un grand homme d’affaires ayant toujours devant
les yeux ses intérêts d’entrepreneur, au détriment aussi bien de ses concurrents que des
couches les plus défavorisées. A l'inspiration de Côme, on décida de remplacer le critère de
l'impôt proportionnel par celui du coefficient progressif et à la faveur du menu peuple. C’était
une façon de frapper surtout les fortunes moyennes, c’est à dire la base de l’opposition anti-
médicéenne.
Au cours du 15ème siècle, le traitement et la production des draps de laine et de soie
continuent à constituer l’un des piliers de l’économie florentine.
L’évolution politique et sociale ne fait qu’augmenter le malaise des ouvriers et des artisans :
les grèves se renouvellent et l’exode des travailleurs ne s'arrêtent pas.
Si l’industrie de la laine semble se révéler peu à peu, le nombre de pièces produites chaque
année ne dépasse pas 30 000.

Les secteurs de l’économie florentine qui résistent le mieux, pendant presque tout le 15ème
siècle, sont ceux du commerce et de la banque, qui assurent encore la prospérité et parfois
l’opulence à un groupe de familles, ainsi qu’à leurs associés et à leur clientèle.
Les florentins s’affirment à l’international : France, Flandre, et en partie en Angleterre,
péninsule Ibérique et au Levant, ils sont aussi présents dans l’Europe continentale, de la Suisse
à la Pologne, et ils pénètrent jusqu’à la mer Baltique. Les Médicis sont loin d’être seules
familles, et leur extension se fait grâce au commerce de l’alun.

Dans chaque filiale de leurs maisons, ils se livrent à un trafic intense du détail, ne se bornant
pas du tout aux opérations commerciales lointaines. Ils dominent bien souvent le cycle
économique de l’approvisionnement à la production, du financement au transport et à la
vente.

Les Médicis s’entourent également de gens de lettres et d’artistes.


Côme s’était toujours intéressé aux problèmes culturels de la cité, il était intervenu à plusieurs
reprises pour ranimer l’Université florentine et s’était toujours montré bienveillant envers les
hommes de lettres participant volontiers à leurs discussions

Sachant que cela ne pouvait que contribuer à son prestige, il était devenu un des principaux
commettants des artistes Côme demanda à des humanistes de traduire en latin des œuvres

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grecques et fonda peu à peu une nouvelle Académie platonicienne qui devint un centre
culturel important.

C. Une fin partielle de l’hégémonie médicéenne


Les dernières années du gouvernement de Côme peuvent être rapprochées, à certains égards,
de celles de la fin du régime oligarchique autour de 1430. Au cours des 30 années de sa “
Seigneurie”, Côme n’avait occupé que 3 fois la magistrature suprême de Gonfalonier
s’obstinant à garder les apparences d’un citoyen comme les autres. Quand il disparut, le 1er
août 1464, il n’avait pris aucune précaution constitutionnelle pour assurer sa succession.

De plus, Laurent le Magnifique (fils de Jean et petit-fils de Côme) ne réussit pas à préserver la
fortune considérable que Côme lui avait transmise, même s’il a su emprunter toutes les voies,
même les plus hasardeuses, pour asseoir son pouvoir personnel et celui de sa famille.
On lui a reproché d’avoir été un chef d’entreprise peu avisé, de ne pas avoir bien contrôlé ses
associés, et d’avoir accordé sa confiance à des directeurs de filiale qui ne la méritaient pas. Il
n’hésite pas un instant à dissiper des sommes énormes pour motif de prestige, comme la
réception de princes ou personnages importants venant de l’étranger. Il ne se fait pas scrupule
non plus de disposer à peu près à son gré du patrimoine des autres branches de sa famille et
même des deniers publics. Les 500 000 florins du revenu annuel de la Commune ne suffisait
plus à la politique princière que Laurent entendait mener, son patrimoine personnel non plus.

Les sociétés de l’entreprise médicéenne se trouvait déjà en perte de vitesse à la mort de


Côme. La compagnie des Médicis ne disparut tout à fait que deux ans seulement après la mort
de Laurent, en 1964, une bonne partie des responsabilités revenant à celui qui avait été
pendant une vingtaine d’années son administrateur général, Francesco Sassetti.
Le monopole de la vente de l’alun n'apporte qu’un faible soulagement aux difficultés.
L’opposition des princes, les facilités de la contrebande et de la concurrence empêchèrent la
pleine réussite de cette affaire.

Enfin, Côme a étroitement épanoui les prémisses posées par son père et a su, grâce à la
richesse accumulée dans les 4 coins de l’Europe, s’installer parmi les très grandes familles de
Florence. Côme avait été le très grand marchand qui, se trouvant engagé sur la scène
politique, avait cru devoir sauvegarder sa fortune personnelle, car il n’avait pu tabler sur la
pleine réussite de sa “Seigneurie”.

III. Jacob Fugger, un marchand-banquier


A. L’économie du XVe siècle à Augsbourg

Au Moyen-âge, Augsbourg est prise par l’Empire romain, et est même considérée comme une
ville empire à partir du XIIIème siècle. Elle prend part à l’empire de la Rhétie (province de
l’empire romain) et est considérée comme le cœur économique, intellectuel et administratif

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de la Rhétie. De grandes routes menant vers l’Italie et le Nord du Danube (fleuve allemand
allant dans les pays de l’Est) son alors créées. Cette capitale de province est dans l’axe du
commerce européen (mer noire, baltique, Italie). Les marchands vendent du textile (laine,
coton, futaine) et du cuir. Lors de leurs voyages à l’étranger, ils achètent des épices et autres
produits exotiques afin de les revendre en Allemagne et de se faire le plus de profit possible,
ce qui fonctionne parfaitement.
Augsbourg a une indépendance presque
totale au XVème siècle : elle ne doit
envers l’empire qu’un impôt insignifiant.
En revanche, toute contribution
supplémentaire apporte des privilèges à
celui qui donne. La cité veille à la
prospérité de son commerce : sécurité
des routes, accords entre marchands,
indemnités, etc. Tout est fait pour que
les intérêts économiques soient
défendus le plus possible et ainsi
permettre aux familles marchandes de
se développer et d’apporter une vision
internationale à la ville. C’est ainsi qu’en
1458, Augsbourg est vue comme la ville
la plus riche du monde. La bourgeoisie
obtient une certaine puissance politique
grâce aux richesses des familles
marchandes, comme celle de la famille
Fugger aux XVème et XVIème siècles.
A partir du XVème siècle, une nouvelle
industrie minière des métaux est
possible grâce au développement
technologique (possibilité de séparer
l’argent de la roche dans les mines donc cela amène une plus grande rentabilité de l’activité
minière pour les gros marchands puis pour de nouveaux investissements). Les marchands
réussissent beaucoup dans ce domaine grâce à leur entreprenariat.
Les familles marchandes étant riches, les prêts pour d’autres souverains ou hommes
politiques sont dorénavant possibles. Quand un prêt a lieu, un remboursement en
transactions analogues a lieu : c’est-à-dire que l’autre parti donne des marchandises en
échange.

B. La création du commerce familial des Fugger

Hans FUGGER naît à Augsbourg : il travaille dans la fabrication des futaines (textile). C’est un
homme avec des relations importantes et étroites avec la plus importante des corporations :
celle des tisserands. Il a un commerce de textile et à sa mort (1409) sa femme Barbara Fugger
reprend le commerce avec ses fils André et Jacob. Grâce à eux, leur fortune a triplé en 30 ans.
(1389 florins hongrois puis 5000) jusqu’à la mort de la veuve FUGGER (1436)

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L’exploitation du commerce entre frères jusqu’en 1454 amène 11000 florins hongrois. A la
mort d’André, le commerce revient aux 4 fils d’André d’après les us et coutumes de
l’Allemagne de l’époque. Ils se nomment les Fugger « au chevreuil « et s’étendent jusqu’en
Italie, Pologne, et Pays-Bas. Mais de mauvaises affaires entrainèrent l’effondrement de cette
branche de l’entreprise avant la fin du XVIème. L’entreprise revient alors aux enfants de Jacob
l’Ancien. En 1454 : Jacob II, fils de Jacob l’Ancien, se sépare de son frère et fonde sa propre
entreprise qui prospère très vite et bien.

C. Les débuts de Jacob Fugger dans le commerce

Jacob II, ou Jacob le Riche, a 11 frères et sœurs : il est le benjamin de la fratrie. Il est né en
1459, 10 ans après que Jacob l’Ancien, son père, mourut. Quelques années plus tard, il fut
envoyé aux ordres car plusieurs de ses frères étaient déjà dans l’entreprise.
Les frères moururent tous jeunes les uns après les autres et en 1478 il ne restait que trois
frères avec une fortune comprise entre 15000 et 30000 florins hongrois, donc Jacob II. Il dut
abandonner les ordres et s’intéresser au commerce. Il fit alors des études de commerce à
Venise ainsi que de la comptabilité en double.
Il resta à Venise pour y faire prospérer les affaires familiales ainsi que dans toute l’Italie.
Durant ses nombreux voyages entre Augsbourg et Venise où il passa par le Tyrol, Jacob II
s’intéressa à l’industrie minière du Tyrol et comprit rapidement qu’il fallait investir dedans. Il
convainc alors ses frères de s’engager dans cette voie et investit.
Grâce à ces investissements, le commerce familial eut beaucoup de profits, ce qui permis de
faire des prêts auprès de politiciens, grandes familles bourgeoises, souverains etc … Pour
exemple, en 1487, un prêt de Jacob Fugger eût un impact historique car cela a permis de régler
un litige entre Venise et le Tyrol suite à un désagrément et une demande de remboursement
de 100 000 florins pour Venise. Grâce à cela, la famille Fugger devint facilement maître du
commerce de métaux dans le Tyrol, ce qui ne fut que plus profitable.

D. L’apogée du marchand-banquier et son commerce

Les affaires du Tyrol ont permis a Jacob d’étendre ses affaires dans tout l’empire romain.
L’avènement en 1490 de Maximilien I, fils de Frédéric III a énormément aidé la famille Fugger
car Jacob fut nommé créancier du gouvernement d’Innsbruck et fut donc en relation directe
avec le prince à partir de cet instant.
Ayant besoin d’argent en masse et rapidement, Maximilien I vendait sa production de métal
blanc contre de grosses sommes : le commerce Fugger était le principal acheteur (production
Annuelle : 400 000 florins). Ces prêts permettent à Jacob de fonder des succursales un peu
partout (exemple : Anvers, 1493) car beaucoup d’échanges sont faits pour exécuter les
remboursements de ces gros prêts. La famille Fugger est alors vu comme une famille-
banquière.

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De plus, dès le début, Fugger décide de déplacer souvent ses directeurs, ou « facteur », de
succursales afin de les former et d’empêcher qu'ils ne nouent des liens personnels et
professionnels dans une ville : ils n’ont pas le droit de faire de affaires à leur propre compte.
Ainsi, tous les 6 à 8 ans, les directeurs changent de ville et doivent faire un épluchage de
compte.
Jacob est un grand entrepreneur et un homme prévoyant : il décide d’investir dans les mines
de métal dans le Tyrol de même qu’en Hongrie, en prévision d’un partage du pouvoir sur
l’industrie minière. Ces investissements comportent énormément de risques. Mais Jacob
Fugger décide de se mettre en association avec Jean Thurzo, hongrois, un technicien et
homme entrepreneur et moderne de l’époque.
Grâce à lui, le commerce des Fugger fait une ascension fulgurante : il possédait les
connaissances qui allait permettre la direction technique de ces investissements en Hongrie.
Ainsi le monopole de l’argent et du cuivre en Hongrie est fait par Fugger et Thurzo. A eux deux,
les contacts et les succursales se multiplient partout en Europe, grâce au commerce de Venise,
l’une des plus grandes villes commerciales du Moyen-âge. Fugger vendait son cuivre et argent
de Hongrie à Venise. Il a même réussi à éliminer ses concurrents du Tyrol en faisant des prix
élevés, et donc plus rentable pour les clients.
Dans les années 1490, le marché de Venise est en pleine crise et même le commerce familial
est touché. Ainsi, en 1498, Jacob décide de créer un syndicat avec ses concurrents du marché
des métaux de Venise pour stabiliser les prix et rentabiliser les peu de ventes. Mais la crise
s’aggrave et la capacité d’absorption du marché est très limitée. Mais au même moment,
Maximilien I ayant besoin d’argent, Jacob Fugger accepte de lui en prêter à condition qu’il ait
le monopole sur le marché du cuivre tyrolien. Maximilien I accepte et Jacob arrive donc à ses
fins en dominant le marché tyrolien pour quelques années.
Au début du XVIème siècle, Jacob Fugger amène un changement dans la doctrine de l’Eglise :
les indulgences se faisaient grâce à la contribution et la confession préalable. Alors que cela
devait être une récompense spirituelle, les indulgences sont devenues un moyen de s’enrichir
pour l’Eglise, à cause des accords entre la chambre pontificale et les Fugger. Cela amènera
plus tard des guerres de religions.
Par sa richesse et ses actions, Jacob Fugger était devenu la cible de nombreux de ses
concurrents qui l’accusaient de toucher des intérêts sur ses prêts alors que c’est contre la loi
religieuse : Fugger réussit à corrompre le pape de l’époque Léon X pour qu’il change les textes
et qu’il proclame une bulle interdisant le prêt à intérêt sauf s’il y a travail, coût ou risque : ainsi
il n’était plus en tort. Fugger utilise donc sa richesse et ses contacts à ses avantages, afin de
paraître irréprochable.
Grâce à Charles Quint, la famille Fugger est anoblie et reçoit des droits souverains sur des
terres, en particulier le droit de battre monnaie, après que Jacob Fugger ait aidé
financièrement le nouvel empereur du Saint-Empire romain germanique en 1519. Le prêt de
plus de 500 000 florins hongrois a permis d’acheter des voix de pinces-électeurs en la faveur
de Charles Quint.
Enfin, en 1525, à son apogée en tant qu’homme-banquier et l’Empereur acquis, Jacob Fugger
meurt malade le 31 décembre après que Charles Quint lui ait donné des privilèges et ait fait
son éloge auprès des plus grands hommes du pays.

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E. Sa fin et ce que l’on en retient de nos jours
Par la suite, son neveu Anton Fugger sera le successeur du commerce familial qui ne
durera encore qu’un siècle.
Fugger a su se différencier des autres banquiers car il fait partie des 1ères familles
marchandes-banquières : investir beaucoup pour recevoir encore plus en échange. C’est un
système qui a très bien fonctionné puisque Jacob Fugger est recensé comme 1er millionnaire
de l’histoire (amasse plus de 2 500 000 florins hongrois, par rapport à un ouvrier qualifié
allemand qui gagne 33 florins par an).
Aujourd’hui, nous retiendrons encore sa gestion de portefeuilles, ou encore la gestion
d’actifs. Cela permet de confier ses capitaux financiers à une personne chargée de veiller aux
investissements afin d’en tirer le meilleur rendement possible en fonction du risque choisi.
Ainsi, le gestionnaire peut prendre à notre place les décisions d’achat ou de vente en
fonction de nos objectifs premiers.

En conclusion, les banquiers ont tous trois influencés leur époque de différentes façons.
Tout d’abord, Côme de Médicis s’est caractérisé par sa manière de gérer la politique
florentine en éliminant ses opposants, mais tout en sachant garder sa richesse.
De plus, Jacques Cœur s’est distingué par son commerce avec l’Orient, sa relation avec
Charles VII et sn amitié avec la papauté.
Pour finir, le caractère inébranlable et le grand sens des affaires de Jacob Fugger furent des
atouts l’amenant à devenir le deuxième homme le plus riche de l’humanité.

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IV. Bibliographie

• SCHICK, Léon. Un grand homme d’affaires au début du XVI° siècle : Jacob


Fugger. SEVPEN, Affaires et gens d’affaires, Vendôme (France), 1957, 323
pages. 119368

• https://epargne.ooreka.fr/astuce/voir/745443/gestion-de-portefeuille
Rédigé par des auteurs spécialisés Ooreka. epargne.ooreka.fr. Octobre 2018,
Gestion de portefeuille. (22/10/18)
• https://www.lemonde.fr/economie/article/2013/08/14/jacob-fugger-le-riche-
banquier-des-habsbourg_3461170_3234.html
• Bezbakh, Pierre. www.lemonde.fr. Le Monde, Mis à jour le 15.08.2013, Jacob
Fugger "le Riche", banquier des Habsbourg. (13/10/18)

• Ehrenberg, R. (traduit de l’allemand). Le Siècle des Fugger. SEVPEN, œuvres


étrangères, Paris, XXème siècle, 433 pages. 143170

• https://www.universalis.fr/encyclopedie/come-de-medicis/

• https://www.aparences.net/art-et-mecenat/florence-et-les-medicis/cosme-
lancien/
• http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Jacques_C%C5%93ur/114010

• https://www.youtube.com/watch?v=Ue1Bfw8hxGs

• http://www.cosmovisions.com/JacquesCoeur.htm

• http://www.jacques-coeur-bourges.com/Jacques_coeur_sur_internet.html

• Livre “Florence à l’époque des Médicis, de la cité à l’état”


• Questions d’histoire/ Flammarion

• Biographie de Côme de Médicis, Wikipédia

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