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1. Introduction
Le calcul du tassement des fondations profondes est une question essentielle pour
gérer correctement les problèmes d'interaction sol-structure et garantir les
fonctionnalités des structures portées par des pieux. Selon le formalisme de
l'Eurocode 7 (CEN, 2004) et de la norme NF P94-262 (AFNOR, 2013), cette question
est traitée dans le cadre des justifications à l'état limite de service en comparant les
valeurs non pondérées des charges s'appliquant sur le pieu et les valeurs réduites de
la capacité portante de ce même pieu. Cette réduction se traduit par l'utilisation de
coefficients partiels qui conduisent à mobiliser entre 25 et 50 % de la capacité
portante du pieu sous les charges de service (ELS) selon le type de sol et de pieu.
Le plus souvent, cette approche est suffisante mais peut se révéler imprécise lorsque
la structure portée présente des exigences particulières de fonctionnement. Il est
alors nécessaire de calculer le tassement du pieu sous différentes valeurs de charge.
Une campagne de reconnaissance a été réalisée sur chaque site où les essais de
pieux ont été effectués. Pour déterminer les propriétés du sol, sur la plupart des
sites, des essais pressiométriques Ménard ont été réalisés pour déterminer la
pression limite pLM et le module pressiométrique EM ainsi que des essais
pénétrométriques. De plus, sur certains sites, des échantillons intacts ont été
prélevés pour réaliser des tests en laboratoire. Dans cet article, on se restreint à
l’étude de pieux fondés dans trois types de sol : argile-limons (groupe 1), sables et
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graves (groupe 2) et craie (groupe 3). Le tableau 2 donne la répartition des pieux
selon le type de sol dans lequel est située la base du pieu.
Diamètre
Catégorie Technique de mise en œuvre Classe Nombre Fiche (m)
(mm)
Foré simple (pieux et
1 620 22
barrettes)
2 Foré boue (pieux et barrettes) 196 à 2800 4,4 à 43,4
3 Foré tubé (virole perdue) 1 20 630 à 900 3,5 à 21
4 Foré tubé (virole récupérée) 410 à 1000 3 à 10,5
Foré simple ou boue avec
5 560 à 800 6 à 21
rainurage ou puits
Foré tarière continue simple
6 2 14 195 à 1220 4.5 à 31,2
rotation, ou double rotation
7 Vissé moulé 360 à 670 8,5 à 18,25
3 10
8 Vissé tubé 420 7,6 à 13,6
Battu béton préfabriqué ou
9 350 à 610 8 à 54
précontraint
Battu enrobé (béton – mortier
10 4 25 250 à 400 8,92 à 14
– coulis)
11 Battu moulé 365 à 545 4 à 12
12 Battu acier fermé 170 à 910 4 à 44,8
13 Battu acier ouvert 5 11 195 à 1020 7,72 à 30,5
14 Profilé H battu 400 à 410 4,5 à 10,2
6 3
15 Profilé H battu injecté 410 9.5
16 Palplanches battues 7 5 1020 à 1920 3,5 à 12
17 Micropieu type I -- --
1 0
18 Micropieu type II -- --
Pieu injecté mode IGU (type
19 -- --
III) 2
8
Pieu injecté mode IRS (type 6,8 à 11
20 1568 à 1960
IV)
Tous 90 170 à 2800 3 à 54
3.1 Principes
Depuis 1960, l'étude du tassement des pieux a pris une importance notable dans le
calcul des ouvrages. Poulos et Davis (1980) classent les méthodes actuelles de
calcul de tassement en trois grandes catégories :
- 1. la méthode des courbes de transfert qui donne, d'une part, la relation entre le
frottement axial mobilisé et le mouvement vertical du pieu, et d'autre part, la relation
entre la résistance de pointe mobilisée et le tassement vertical de la base du pieu.
Les courbes de transfert sont définies pour différentes profondeurs;
- 3. la méthode d’élasticité qui repose sur l'analyse des équations de Mindlin. Selon
Poulos et Davis (1980), le tassement en tête d'un pieu compressible situé dans un
sol homogène, dépend du module de Young du sol EY, du coefficient de Poisson ,
du diamètre du pieu et de la charge axiale appliquée. Christoulas et Frank (1991)
indiquent que la difficulté de cette méthode réside dans la détermination d'un module
d'Young unique représentatif du sol.
d 2w
Eb S πBτ(w) = 0 (1)
dz 2
Frank et Zhao (1982) proposent des courbes tri-linéaires reliant le frottement axial
(figure 1a) et la résistance de pointe (figure 1b) mobilisés au tassement du pieu.
Cette relation est établie à partir de données pressiométriques mesurées à
différentes profondeurs. Les figures 1a et 1b illustrent respectivement les courbes de
mobilisation du frottement axial et de la résistance en pointe en fonction du
déplacement vertical du pieu. Chaque courbe est formée de trois segments. Le
premier a une pente constante (kτ ou kq) jusqu'à la mobilisation de 50 % de la valeur
limite (qs ou ql). Le deuxième a une pente constante jusqu'à la valeur limite et est
égale à 1/5 de celle du premier segment (kτ/5 ou kq/5). Le troisième segment
correspond à la mobilisation complète du frottement axial (figure 1a) ou de la
résistance de pointe (figure 1b).
a) b)
modèle est qu'il s'appuie sur les résultats d'essais pressiométriques pour établir ses
courbes de mobilisation. Il est donc plus opérationnel que les autres méthodes telles
que la méthode d'élasticité qui nécessite une estimation préalable et difficile du
module de Young.
Type de sol
Sols fins et
Pente de la courbe Sols granulaires
roches tendres
kτ 2,0*EM/B 0,8*EM/B
kq 11,0*EM/B 4,8*EM/B
Figure 2. Comparaison de Scalc et Smes pour les groupes de pieux G1, G2 et G3 pour
la charge admissible à l’ELS
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Rc;cr
QELS = (2)
γcr γ R;d
Selon la norme NF P 94-262, le coefficient cr est égal à 1.1. Le coefficient R ;d, quant
à lui, dépend du type de pieu et du sol dans lequel il est situé (Tableau 4).
Catégories de pieux
1 à 9, 11 à 14, 16 10, 15,17 à 20
Type de sol Craie Autre Tous les types de sol
R ;d 1,4 1,15 2,0
Smes Smes
F Scalc
(P( η) = 0,85 (3)
Scalc
La figure 3 montre que dans 85% des cas, les valeurs calculées sont fiables pour un
coefficient η égal à 1,9. Le coefficient η permet de vérifier le respect de la valeur seuil
de tassement fixé avec une probabilité de mise en défaut de 15%.
Incrément
20% Rc 40% Rc 60% Rc 80% Rc
de charge
Groupes G0 G1 G2 G0 G1 G2 G0 G1 G2 G0 G1 G2
Moyenne 1,36 1,19 1,6 1,26 1,19 1,36 1,17 1,15 1,15 1,15 1,23 0,99
Ecart-type 1,31 0,91 1,76 0,75 0,62 0,94 0,69 0,58 0,83 0,82 0,77 0,74
Médiane 0,94 0,91 1,05 1,12 1,1 1,09 1,08 1,1 0,92 0,99 1,12 0,76
Pour le groupe G1, la plus faible moyenne est obtenue pour 60 % de R c, et pour
cette même charge on obtient la plus faible dispersion. Pour cet échantillon d’essais,
le modèle de Frank et Zhao réussit à approcher avec un minimum d’incertitude les
charges comprises entre 40% et 60% Rc. Le tableau 6 montre que, pour le groupe
G2, la charge correspondante à 60 % de Rc est la mieux estimée par le modèle de
Frank et Zhao. Le tableau 6 montre, pour le groupe G0 et pour une charge atteignant
60 % de Rc, que le tassement calculé est bien estimé. En effet, il n'y a pas de
tendance de sous-estimation ou de surestimation des mesures effectuées et la
dispersion est faible. Cependant pour des charges égales à 20 % et 40 % de la
capacité portante Rc, la moyenne des rapports « Smes/Scalc » montre que le modèle
analysé surestime les tassements calculés par rapport aux valeurs mesurées et les
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dispersions sont élevées. On peut conclure que le modèle de Frank et Zhao permet
de bien estimer le tassement pour des charges supérieures ou égales à l'état limite
de service. Cette analyse prouve également qu'il reste valide pour des valeurs
supérieures à 70 % de la charge de fluage puisque les rapports « Smes/Scalc » à 60 et
80% de la capacité portante sont acceptables.
5. Conclusion
L'étude menée dans cet article montre que le modèle de Frank et Zhao donne des
résultats satisfaisants pour la plupart des pieux de la base de données de l'IFSTTAR
indépendamment du type de sol dans lequel la base du pieu est située. Une légère
tendance à la sous-estimation des tassements calculés est à noter pour la majorité
des cas. Cependant, celle-ci peut être corrigée via un coefficient η égal à 2 qui
multiplié au tassement calculé permet de garantir que la valeur obtenue ne peut être
dépassée qu'avec un risque de mise en défaut de 15 %. De plus, dans cet article, le
modèle de Frank et Zhao a été testé et validé pour des charges atteignant 80% de la
capacité portante du pieu.
Références bibliographiques
AFNOR (2013) Calcul des Fondations Profondes – NF P 94 262.
Baguelin F., Burlon S., Bustamante M., Frank R., Gianeselli L., Habert J., Legrand S. (2012).
Justification de la portance des pieux avec la norme "Fondations Profondes" NF P 94-262 et le
pressiomètre, Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l'Ingénieur, Bordeaux, 564-
577.
Burlon S., Frank R., Baguelin F., Habert J., Legrand S. (2014).Model factor for the bearing capacity of
pile from pressuremeter test results, A Eurocode 7 approach. Géotechnique. Accepté pour
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Bustamante M. et Gianeselli L. (2006). Règles de calcul de la portance des pieux aux ELU - Méthode
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CEN (2004) Eurocode 7 – Part 1: Geotechnical design – Part 1: General rules, EN 1997-1. European
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Christoulas S., Frank R. (1991). Deformation parameters for pile settlement, Proceedings of the tenth
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Fellenius, B.H (2004). Unified Design of Piled Foundations With Emphasis on Settlement Analysis, in
"Current practice and future trends in deep foundations", Geo-Institute Geo-TRANS Conference,
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Frank R., Zhao S.R., (1982). Estimation par les paramètres pressiométriques de l'enfoncement sous
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Poulos H.G, Davis. (1980). Pile Foundation Analysis and Design, J. Wiley and sons ed.