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Oscar Pistorius, né le 22 novembre 1986 à Johannesburg, est un athlète sud-africain né sans

péronés et amputé sous le genou, à la moitié du tibia précisément, à l'âge de 11 mois, spécialisé
dans le sprint. Il est l'assassin du mannequin Reeva Steenkamp.
Il est le premier athlète amputé à concourir dans un championnat du monde pour les valides1, et
le premier athlète handicapé médaillé (par équipe) parmi les valides lors des Mondiaux de
Daegu en 2011.
Le 4 juillet 2012 il devient le premier athlète amputé à se qualifier aux épreuves d'athlétisme pour
les Jeux olympiques2. Il y fait sa première course le 4 août lors des séries du 400 mètres, puis
participe à la finale du relais 4 x 400 m.
Surnommé The Blade Runner (jeu de mots en référence au film de Ridley Scott),
en français « le coureur aux lames » il se déclare lui-même « La chose la plus rapide sans
jambes »3. Il est « considéré comme un héros national » en Afrique du Sud. En 2012 Time
magazine l'inclut dans sa liste des cent personnes les plus influentes au monde, le décrivant
comme « la définition même de l'inspiration au niveau mondial ».
Le 14 février 2013, il est inculpé du meurtre de sa compagne Reeva Steenkamp. Il est dans un
premier temps déclaré non coupable de meurtre, mais coupable d'homicide involontaire et
condamné à cinq ans de prison ferme le 21 octobre 2014. Mais le 3 novembre 2015, Pistorius est
condamné à 6 ans d'emprisonnement par la Cour suprême d'appel de Bloemfontein sur appel du
parquet. Le 3 novembre 2017, la Cour suprême d'appel entend les arguments de l'État au sujet
d'une possible extension de la sentence de Pistorius. Finalement, le 24 novembre 2017, il est
condamné en appel à une peine de 15 ans de prison.

Biographie
Débuts
Oscar Pistorius est né sans fibula (péronés), et il est amputé des deux jambes sous le genou à
l'âge de onze mois.
À 1 an et demi, il apprend à marcher avec des prothèses spécialement réalisées pour lui. À
l'école il participe activement à divers sports, notamment le water-polo, le rugby et la lutte gréco-
romaine. Ayant grandi dans une famille afriquaine où les valeurs étaient viriles (amour des
armes à feu, de la compétition, des voitures de course...), c'est sa mère Sheila qui l'a poussé à
faire fi de son handicap pour devenir un sportif de haut niveau, elle meurt en 2002 à l'âge de 43
ans à la suite d'une erreur médicale. En juin 2003, il se brise le genou en jouant au rugby et, sur
les conseils de son médecin, se lance dans la course à pied pour faciliter sa rééducation.

Carrière sportive
Il court avec deux prothèses en carbone spécialement conçues pour la
compétition handisport (d’un coût supérieur à 20 000 €). Les départs sont lents et il a des
difficultés à négocier les virages.
Pistorius participe aux Jeux paralympiques d'été de 2004 et obtient un classement
honorable : 3e au 100 mètres catégorie T44 (amputés des membres inférieurs). Il remporte
également la finale du 200 mètres malgré une chute en qualifications, avec un temps de 21 s 97.
En 2005 Pistorius se classe 6e sur 400 mètres aux championnats d'Afrique du Sud (en).
En mars 2007, il réalise un temps de 46 s 56 et prend la deuxième place.
Oscar Pistorius ne réalise pas les minima de qualification pour les championnats du monde
d’Osaka (2007) mais participe à deux meetings de l’IAAF (dont le Golden Gala à Rome), dans
des compétitions durant lesquelles il a couru avec des athlètes non handicapés (la course B à
Rome où il a terminé deuxième, disqualifié à Sheffield en raison d’une sortie de son couloir, sous
la pluie). Sa course à Rome a fait la une des médias et provoqué une avalanche de réactions
(favorables et défavorables). L’IAAF a demandé à la télévision italienne de ne pas retransmettre
la course d’Oscar Pistorius dans la fenêtre « internationale » et a envoyé des délégués pour une
analyse technique de sa course (avantages éventuels d’utiliser des prothèses spéciales).
La Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) a dévoilé le 14 janvier 2008 les conclusions d’un
rapport qu'elle avait commandé au professeur allemand Peter Brüggemann, de l’Université du
Sport à Cologne. Selon ce rapport, les fines prothèses en fibre de carbone utilisées par Pistorius
procureraient au Sud-Africain un avantage sur les athlètes valides. Le conseil de l’IAAF a décidé
en conséquence que Pistorius ne devait pas être autorisé à courir aux Jeux de Pékin ni dans les
autres compétitions organisées par la Fédération internationale.
Oscar Pistorius fait effectuer d'autres mesures par des chercheurs américains dont le rapport
invalide les conclusions du professeur Brüggemann. Il dépose un recours au Tribunal arbitral
du sport ; les conclusions rendues le 16 mai 2008 lui donnent raison. Si Oscar Pistorius réussit
les minima, il pourra participer aux Jeux olympiques en individuel, le relais relevant de la
décision des entraîneurs sud-africains. Il échoue dans sa tentative d'aller aux Jeux olympiques
2008 pour 70 centièmes de secondes.
En novembre 2009, des chercheurs américains publient une étude selon laquelle les prothèses
de Pistorius lui procurent un avantage conséquent (elles lui feraient gagner 10 secondes sur une
distance de 400 m). Cette étude n'aboutit pourtant pas à une remise en cause du jugement du
tribunal arbitral du sport.
Le 19 juillet 2011, à Lignano Sabbiadoro, il améliore son record personnel du 400 m (45 s 07) et
se qualifie pour les Mondiaux 2011 se déroulant à Daegu, en Corée du Sud. Sorti en demi-
finale sur 400 mètres, il participe à ces mêmes demi-finales sur 4 × 400 m. Sans lui, le relais
termine vice-champion du monde mais il est médaillé pour sa participation en série. Il devient
ainsi le premier athlète handisport médaillé aux championnats du monde valides.
Le 18 mars 2012 il réalise les minima olympiques exigés par son pays, en 45 s 20, alors qu'ils
étaient fixés à 45 s 3016.
Le 9 juin 2012, à l'occasion du meeting Adidas Grand Prix de New York, 6e étape de la ligue
de diamant 2012, il finit 7e et dernier du 400 mètres en 46 s 14, derrière notamment le jeune
athlète dominicain Luguelín Santos (45 s 24) et Jeremy Wariner (45 s 30).
Malgré le fait qu'il a réalisé les minima olympiques le 18 mars 2012, le Comité olympique sud-
africain (SASCOC) lui avait demandé de réitérer sa performance avant le 30 juin 2012. En
finissant 2e en 45 s 52 des Championnats d'Afrique à Porto Novo (Bénin) le 29 juin 2012, il n'a
pas réussi à le faire. Il est finalement repêché par le Comité olympique sud-africain (SASCOC) et
participe aux Jeux Olympiques de Londres 2012 pour le relais 4 × 400 m ainsi que pour le
400 m individuel, épreuve dont il sera éliminé en demi-finale après avoir terminé dernier de sa
course. Il défendra également ses titres sur 100, 200 et 400 mètres aux Jeux paralympiques de
Londres 2012. Il est ainsi l'un des seuls athlètes qualifiés à la fois pour les Jeux paralympiques et
olympiques en 2012, l'autre étant la pongiste polonaise Natalia Partyka.
Lors des séries des Jeux paralympiques de 2012, il bat le record du monde du
200 m en 21 s 30 et se qualifie pour la finale en catégorie T44 (amputés des membres inférieurs).
Arrivé second en finale du 200 m T44, il accuse le vainqueur, Alan Oliveira, d'avoir eu des
prothèses plus longues qu'autorisé, puis reconnaît que l'argument est « inapproprié ». Il perd son
titre sur le 100 m T44 remporté par le Britannique Jonnie Peacock ; le Sud-Africain félicite son
jeune adversaire, auquel il « passe le relais ». Pistorius défend avec succès son titre sur le
400 m T44, sa dernière épreuve des Jeux, établissant un nouveau record paralympique
en 46 s 6824. Son palmarès se complète d'une médaille d'or au relais 4 × 400 m.
Malgré ce qui est souvent affirmé à tort dans les médias, Pistorius n'est pas le « premier sportif
handicapé à concourir avec les valides aux Jeux olympiques ». Une dizaine d'athlètes le
précèdent, dont le gymnaste américain George Eyser en 1904 ; le joueur de water-polo
hongrois Olivér Halassy, double médaillé d'or de 1928 à 1936 ; la cavalière danoise Lis Hartel,
médaillée d'argent en 1952 ; ou encore la Néo-Zélandaise Neroli Fairhall en tir à l'arc en 1984,
première personne à se qualifier pour les Jeux olympiques après avoir pris part aux Jeux
paralympiques. La première personne handicapée à prendre part aux épreuves d'athlétisme aux
Jeux olympiques est l'Américaine Marla Runyan (malvoyante) en 2000.
Meurtre de Reeva Steenkamp
Le 14 février 2013, au matin de la Saint-Valentin, il est soupçonné d'avoir tiré quatre balles sur
sa compagne, la mannequin et présentatrice Reeva Steenkamp, à travers la porte de la salle de
bains de leur domicile (une maison dans une résidence fermée de Pretoria) dans laquelle elle
s'était réfugiée, l'atteignant à la tête, au bras, à la hanche et à la main, et causant ainsi sa mort.
Le jour même, Pistorius est placé en garde à vue par la police sud-africaine qui exclut la thèse
d'un accident. Le procureur Gerrie Nel fait part d'une violente dispute qui aurait mal tourné entre
les deux amants peu avant le drame. Le lendemain, Pistorius est formellement inculpé pour le
meurtre de Reeva Steenkamp par le tribunal de Pretoria, puis emprisonné avant deux nouvelles
audiences prévues les 19 et 20 février. Il nie être coupable de meurtre avec préméditation, la
défense du sportif assurant qu'il a tiré avec son 9 mm Parabellum sur ce qu'il croyait être un
cambrioleur caché, et plaide la légitime défense putative.
Le 21 février 2013, Hilton Botha, le chef enquêteur qui avait fait une déposition à charge contre
Pistorius, est dessaisi de l'enquête (Botha démissionne de son poste le 6 mars 2013 après que
les avocats de l'athlète ont révélé que le chef enquêteur était sous le coup d'une inculpation pour
sept tentatives de meurtre, pour avoir tiré sur un taxi collectif afin de le forcer à s'arrêter, en
2011), et le lendemain la justice sud-africaine ordonne la libération sous caution de l'athlète.
En mars 2013, son avocat Barry Roux obtient un assouplissement notoire des conditions de
son contrôle judiciaire. Pistorius envisage alors de reprendre l'entraînement et les compétitions
internationales après avoir obtenu l’autorisation de voyager à l’étranger, puis finalement renonce.
En août 2013, le Times révèle que les avocats de Pistorius tentent d'éviter un procès civil (avant
le procès au pénal en mars 2014) en négociant un arrangement financier à l'amiable avec les
parents de la victime.

Le procès
Le procès s'ouvre le 3 mars 2014. Il est ajourné le 20 mai pour que le sportif bénéficie d'une
évaluation mentale, sa défense suggérant qu'il souffrait d'un « trouble anxieux
généralisé remontant à l'enfance et susceptible d'avoir contribué à son geste fatal ». Il reprend
le 30 juin après que l'évaluation a conclu à son entière responsabilité pénale lors des faits en
2013.
Le 12 septembre 2014, la juge Thokozile Masipa (en) rend son verdict : Pistorius est acquitté
de l'accusation de meurtre. Le tribunal reconnaît qu'il n'avait pas eu l'intention de tuer sa
compagne, mais lui reproche sa très grande négligence pour avoir tiré à travers la porte d'une
pièce exiguë. Il est ainsi reconnu coupable de « culpable homicide » (notion d'homicide
involontaire par négligence en France). Poursuivi également sous les charges d'accusations
« en lien avec la loi sur le port d'armes prohibé » pour avoir précédemment tiré dans le plafond
d'une voiture décapotable en septembre 2010 et déchargé un pistolet dans un restaurant de
Johannesbourg en janvier 2013, il est acquitté pour le premier incident mais jugé coupable pour
le second.
À l'issue du procès, il est condamné le 21 octobre 2014 à cinq ans de prison. En mai 2015, la
presse révèle qu'il doit bénéficier d'une sortie de prison en août de la même année, mais cette
libération est bloquée à la dernière minute par le gouvernement sud-africain à la suite de
pressions politiques. En août 2015, le parquet fait appel de la condamnation, estimant que la juge
avait fait une erreur d’interprétation du droit en ne retenant que l’ « homicide involontaire » et
qu’elle aurait dû condamner Oscar Pistorius pour « meurtre ». À l'issue d'une nouvelle réunion de
la commission sud-africaine des libérations anticipées, Pistorius est libéré le 19 octobre
2015 pour bonne conduite mais reste assigné à résidence chez son oncle à Pretoria.
Son procès en appel est fixé le 3 novembre 2015. Les faits sont requalifiés en meurtre par la
Cour suprême d’appel de Bloemfontein, et passibles de quinze ans de prison. Le 3 décembre,
cette Cour le reconnaît coupable de meurtre. Elle admet qu'il n'avait nullement l'intention de tuer
sa compagne, et qu'il pensait tirer sur un intrus, mais elle précise qu'il ne pouvait ignorer le risque
de tuer en tirant à travers la porte d'un espace clos : « Il aurait dû prévoir que la personne
derrière la porte pouvait être blessée. Sur cette base, elle estime qu'il n’aurait pas dû être
condamné pour homicide involontaire, mais pour meurtre ».
L'affaire est renvoyée à la juridiction de première instance pour qu'elle revoie sa sentence ; et le 6
juillet 2016, Oscar Pistorius est condamné à six années de prison ferme. Le 21 juillet, le parquet
demande au tribunal de réexaminer cette condamnation, car il la juge « scandaleusement
clémente », et estime qu'elle ne respecte pas la peine plancher légale de 15 ans prévue pour les
meurtriers. Débouté, le parquet saisit la Cour suprême d'appel de Bloemfontein, qui lui fait droit et
condamne Pistorius à 13 ans et 5 mois de prison (la peine plancher moins, de façon rétroactive,
le temps qu'il a déjà passé en prison depuis 2014) pour homicide volontaire le 24 novembre
2017.
Pistorius est incarcéré à la prison d'Atteridgeville dans la banlieue de Pretoria, qui lui offre
d'excellentes conditions de détention en raison de son handicap. Pistorius dispose ainsi de sa
propre salle de bain et de son propre potager. Il sera libérable à partir de mars 2023.

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