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Algèbre linéaire Corrigé 10 - partie 1

Exercice 1.
(i) Montrer que si Q ∈ Mn×n (R) est une matrice orthogonale alors il en est de même pour QT .
(ii) Montrer que si U, V ∈ Mn×n (R) sont des matrices orthogonales alors il en est de même pour
UV .
(iii) Soit u un vecteur unitaire de Rn (||u|| = 1). Montrer que la matrice Q = I − 2uuT ∈ Mn×n (R)
est orthogonale.
(iv) Montrer que toute valeur propre réelle λ d’une matrice orthogonale Q ∈ Mn×n (R) vérifie
λ = ±1.
(v) Soit Q ∈ Mn×n (R) une matrice orthogonale et soit (u1 , . . . , un ) une base orthogonale de Rn .
On doit montrer que (Qu1 , . . . , Qun ) est aussi une base orthogonale de Rn .

Solution 1. Rappel. Une matrice A ∈ Mn×n (R) est orthogonale si et seulement si AAT = I.
(i) On suppose que Q ∈ Mn×n (R) est une matrice orthogonale. On doit montrer que QT est aussi
une matrice orthogonale.
Comme Q est orthogonale, on a QQT = I. En particulier, det(Q) et det(QT ) sont non nuls, et
donc Q et QT sont inversibles. Ainsi QT = Q−1 et Q = (QT )−1 . On a donc

(QT )T QT = QQT = I

et QT est orthogonale.
Autrement, on peut argumenter de la façon suivante. Comme Q est orthogonale, on a QQT = I.
Aussi
(QQT )T = ((QT )T )QT = QQT .
Comme QQT = I, on obtient (QT )T QT = I et donc Q est orthogonale.
(ii) On suppose que U, V ∈ Mn×n (R) sont orthogonales. On doit montrer que U V est aussi ortho-
gonale. Comme U et V sont orthogonales, on a U U T = U T U = V V T = V T V = I. Aussi

(U V )T (U V ) = (V T U T )(U V ) = V T (U T U )V = V T IV = V T V = I.

Donc U V est bien orthogonale.

(iii) Soit u ∈ Mn×1 (R) tel que ||u|| = 1, et Q = I − 2uuT . On doit montrer que Q est orthogonale.
Comme ||u|| = 1 on a uT u = 1. On a

QQT = (I − 2uuT )(I − 2uuT )T


= (I − 2uuT )(I T − 2(uuT )T )
= (I − 2uuT )(I − 2(uT )T uT )
= (I − 2uuT )(I − 2uuT )
= I − 4uuT + 4u(uT u)uT
= I − 4uuT + 4uIuT
= I − 4uuT (1 − 1)
= I.
(iv) Soit Q ∈ Mn×n (R) une matrice orthogonale et λ une valeur propre réelle de Q. On doit mon-
trer que λ = ±1. Soit v ∈ Rn un vecteur propre de Q associé à λ. On a Qv = λv et donc
||Qv||2 = ||λv||2 = (λv)T (λv) = λ2 v T v = λ2 ||v||2 . Comme Q est orthogonale, on a ||Qv|| = ||v||.
On en déduit que λ2 = 1 et λ = ±1.

(v) Soit Q ∈ Mn×n (R) une matrice orthogonale et (u1 , . . . , un ) une base orthogonale de V = Rn .
On doit montrer que (Qu1 , . . . , Qun ) est aussi une base orthogonale de V .
Montrons dans un premier temps que Qu1 , . . . , Qun sont linéairement indépendants. Supposons
que
λ1 Qu1 + · · · + λn Qun = 0 où λ1 , . . . , λn ∈ R.
On obtient alors
λ1 QT Qu1 + · · · + λn QT Qun = 0.
Comme Q est orthogonale, on a QT Q = I, et donc

λ1 u1 + · · · + λn un = 0.
Comme u1 , . . . , un sont linéairement indépendants, on a λi = 0 pour tout 1 ≤ i ≤ n. Ainsi
Qu1 , . . . , Qun sont linéairement indépendants.
Autrement, pour montrer que Qu1 , . . . , Qun sont linéairement indépendants, on peut tout
simplement utiliser le fait que Q est inversible (en effet Q est orthogonale et en particulier
inversible). En effet, supposons que

λ1 Qu1 + · · · + λn Qun = 0 où λ1 , . . . , λn ∈ R.

Alors
Q(λ1 u1 + · · · + λn un ) = 0.
Comme Q est inversible, cela donne

λ1 u1 + · · · + λn un = 0

et on conclut comme ci dessus que Qu1 , . . . , Qun sont linéairement indépendants.

Comme dim V = n, on en déduit que (Qu1 , . . . , Qun ) est une base de V .


Finalement, comme Q est une matrice orthogonale, pour tout u, v ∈ V on a

⟨Qu, Qv⟩ = ⟨u, v⟩

Comme u1 , . . . , un sont orthogonaux deux à deux, on obtient donc ⟨Qui , Quj ⟩ = 0 pour tous
1 ≤ i, j ≤ n, i ̸= j. Ainsi (Qu1 , . . . , Qun ) est aussi une base orthogonale de V .

 
1 1 3
Exercice 2. Soit A = 1 3 1. Trouver une matrice orthogonale P ∈ M3×3 (R) telle que P T AP
3 1 1
soit diagonale.
 
1 1 3
Solution 2. Soit A = 1 3 1. On doit trouver une matrice orthogonale P ∈ M3×3 (R) telle que
3 1 1
P T AP soit diagonale.
(a) On détermine le polynôme caractéristique cA (t) de A. On a
 
1−t 1 3
cA (t) = det  1 3−t 1 
3 1 1−t
( ) ( ) ( )
3−t 1 1 1 1 3−t
= (1 − t)det − det + 3det
1 1−t 3 1−t 3 1
= (1 − t)((3 − t)(1 − t) − 1) − ((1 − t) − 3) + 3(1 − 3(3 − t))
= (1 − t)(t2 − 4t + 2) − (−t − 2) + (9t − 24)
= −(t3 − 5t2 + 6t − 2) + 10t − 22
= −(t3 − 5t2 − 4t + 20)
= −(t + 2)(t − 2)(t − 5).

(b) On détermine toutes les racines λ de cA (t). Ici il est clair que les racines de cA (t) sont λ1 = −2,
λ2 = 2 et λ3 = 5. (Note. Le polynôme caractéristique d’une matrice symétrique A ∈ Mn×n (R)
est un produit de polynôme de degré 1 à coefficients réels.)
(c) Pour 1 ≤ i ≤ 3, on cherche une base Bi de l’espace propre Eλi associé à λi . Comme la multici-
plicité algébrique de λi vaut 1, on a dim Eλi = 1 pour tout 1 ≤ i ≤ 3. (En effet pour une matrice
symétrique A ∈ Mn×n (R) ayant valeur propre λ, la multiplicité algébrique de λ est égale à la
multiplicité géométrique de λ.)
On a Eλi = {v ∈ R3 : (A − λi )v = 0}.
 
3 1 3
Supposons λ = λ1 = −2. On a (A − λ1 I) = 1 5 1. Les éléments de Eλ1 sont les solutions
3 1 3
du système correspondant à la matrice augmentée suivante :
 
3 1 3 0
B1 = 1 5 1 0
3 1 3 0
Avec les opérations élémentaires L′1 = L1 − 3L2 et L′3 = L3 − L1 , on obtient :
 
0 −14 0 0
B1′ = 1 5 1 0
0 0 0 0
Avec les opérations élémentaires L′′1 = L′2 et L′′2 = −L′1 /14, on obtient :
 
1 5 1 0
B1′′ = 0 1 0 0
0 0 0 0
On déduit que Eλ1 = {(t, 0, −t) : t ∈ R} et B1 = ((1, 0, −1)) est une base de Eλ1 .
 
−1 1 3
Supposons λ = λ2 = 2. On a (A − λ2 I) =  1 1 1 . Les éléments de Eλ2 sont les solutions
3 1 −1
du système correspondant à la matrice augmentée suivante :
 
−1 1 3 0
B2 =  1 1 1 0
3 1 −1 0
Avec les opérations élémentaires L′2 = (L2 + L1 )/2 et L′3 = (L3 + 3L1 )/4, on obtient :
 
−1 1 3 0
B2′ =  0 1 2 0
0 1 2 0

Avec l’opération élémentaire L′′3 = L′3 − L′2 , on obtient :


 
−1 1 3 0
B2′′ =  0 1 2 0
0 0 0 0
On déduit que Eλ2 = {(t, −2t, t) : t ∈ R} et B2 = ((1, −2, 1)) est une base de Eλ2 .
 
−4 1 3
Supposons λ = λ3 = 5. On a (A − λ3 I) =  1 −2 1 . Les éléments de Eλ3 sont les
3 1 −4
solutions du système correspondant à la matrice augmentée suivante :
 
−4 1 3 0
B3 =  1 −2 1 0
3 1 −4 0

Avec les opérations élémentaires L′1 = −(L1 + 4L2 )/7 et L′3 = (L3 − 3L2 )/7, on obtient :
 
0 1 −1 0
B3′ = 1 −2 1 0
0 1 −1 0

Avec les opérations élémentaires L′′3 = L′3 − L′1 , L′′2 = L′1 et L′′1 = L′2 , on obtient :
 
1 −2 1 0
′′ 
B3 = 0 1 −1 0
0 0 0 0
On déduit que Eλ3 = {(t, t, t) : t ∈ R} et B3 = ((1, 1, 1)) est une base de Eλ3 .

(d) Soient u1 = (1, 0, −1), u2 = (1, −2, 1) et u3 = (1, 1, 1). Alors (ui ) est une base de Eλi pour
1 ≤ i ≤ 3 et (u1 , u2 , u3 ) est une base de R3 . Comme A est symétrique et λ1 ̸= λ2 ̸= λ3 ̸= λ1 ,
(u1 , u2 , u3 ) est en fait une base orthogonale de R3 . Soient
( ) ( ) ( )
u1 1 −1 u2 1 −2 1 u3 1 1 1
w1 = = √ , 0, √ , w2 = = √ ,√ ,√ , w3 = = √ ,√ ,√
||u1 || 2 2 ||u2 || 6 6 6 ||u3 || 3 3 3
Alors B′ = (w1 , w2 , w3 ) est une base orthonormée de R3 et (wi ) est une base orthonormée de
Eλi pour 1 ≤ i ≤ 3.

(e) Soit P = [id]CB′ où C est la base canonique de R3 . On a

P = [id]CB′
√ √ 
3 1 √2
1
= √  √ 0 −2 √2 .
6
− 3 1 2
Alors P est orthogonale.
(f) Soit D = P T AP = P −1 AP . Alors
√ √   √ √ 
3 0 − 3 1 1 3 3 1 √2
1 1
D = √ √1 √ −2 √1  1 3 1 √  √ 0 −2 √2
6 2 2 2 3 1 1 6 − 3 1 2
 √ √  √ √ 
−2 3 0 2 3 3 1 √2
1  0 
= 2
√ −4
√ √2 √ −2 √2
6
5 2 5 2 5 2 − 3 1 2
 
−2 0 0
=  0 2 0
0 0 5
 
0 1 0
Exercice 3. Soit A = 1 0 0. Trouver une matrice orthogonale P ∈ M3×3 (R) telle que P T AP
0 0 1
soit diagonale.
 
0 1 0
Solution 3. Soit A = 1 0 0. On doit trouver une matrice orthogonale P ∈ M3×3 (R) telle que
0 0 1
T
P AP soit diagonale.
(a) On détermine le polynôme caractéristique cA (t) de A. On a
 
−t 1 0
cA (t) = det  1 −t 0 
0 0 1−t
( ) ( )
−t 0 1 0
= (−t)det − det
0 1−t 0 1−t
= (−t)((−t)(1 − t)) − (1 · (1 − t))
= (1 − t)(t2 − 1)
= −(t + 1)(t − 1)2

(b) On détermine toutes les racines λ de cA (t). Ici il est clair que les racines de cA (t) sont λ1 = −1
et λ2 = 1. (Note. Comme A ∈ Mn×n (R) est une matrice symétrique, cA (t) est un produit de
polynômes de degré à coefficients réels.)
(c) Pour 1 ≤ i ≤ 2, on cherche une base Bi de l’espace propre Eλi associé à λi . Comme la multici-
plicité algébrique de λ1 vaut 1 et celle de λ2 vaut 2, on a dim Eλ1 = 1 et dim Eλ2 = 2. (En effet
pour une matrice symétrique A ∈ Mn×n (R) ayant valeur propre λ, la multiplicité algébrique de
λ est égale à la multiplicité géométrique de λ.)
On a Eλi = {v ∈ R3 : (A − λi )v = 0}.
 
1 1 0
Supposons λ = λ1 = −1. On a (A − λ1 I) = 1 1 0. Les éléments de Eλ1 sont les solutions
0 0 2
du système correspondant à la matrice augmentée suivante :
 
1 1 0 0
B1 = 1 1 0 0
0 0 2 0

Avec les opérations élémentaires L′2 = L2 − L1 et L′3 = L3 /2, on obtient :


 
1 1 0 0
B1′ = 0 0 0 0
0 0 1 0

Avec l’opération élémentaire L′′2 = L′3 et L′′3 = −L′2 , on obtient :


 
1 1 0 0
B1′′ = 0 0 1 0
0 0 0 0
On déduit que Eλ1 = {(t, −t, 0) : t ∈ R} et B1 = ((1, −1, 0)) est une base de Eλ1 .
 
−1 1 0
Supposons λ = λ2 = 1. On a (A − λ2 I) =  1 −1 0. Les éléments de Eλ2 sont les solutions
0 0 0
du système correspondant à la matrice augmentée suivante :
 
−1 1 0 0
B2 =  1 −1 0 0
0 0 0 0

Avec l’ opération élémentaire L′2 = L2 + L1 , on obtient :


 
−1 1 0 0
B2′ =  0 0 0 0
0 0 0 0

On déduit que Eλ2 = {(t, t, s) : s, t ∈ R} et B2 = ((1, 1, 0), (1, 1, 1)) est une base de Eλ2 .
(d) On utilise maintenant le procédé de Gram-Schmidt afin de trouver une base orthogonale B′2 =
(u2 , u3 ) de Eλ2 . (Rappel. Si u et v sont des éléments de Rn , alors proju (v) = u·u
u·v
u, où · dénote
le produit scalaire usuel dans R .)n

Prenons v2 = (1, 1, 0) et v3 = (1, 1, 1). Alors (v2 , v3 ) est une base de Eλ2 .

Prenons :
u2 = v2 = (1, 1, 0)
·v3
et u3 = v3 − proju2 (v3 ) = v3 − uu22·u2
u2 = (1, 1, 1) − 22 (1, 1, 0) = (0, 0, 1)
(Note. Bien sur, on aurait pu prendre B2 = ((1, 1, 0), (0, 0, 1)), ce qui nous aurait donné de
suite une base orthogonale de Eλ2 et évité de devoir utiliser le procédé de Gram-Schmidt afin
de trouver une base orthogonale de Eλ2 . Nous avons décidé ici d’illustrer le procédé de Gram-
Schmidt mais il n’est bien sur pas nécessaire ici.)
(e) Soient u1 = (1, −1, 0), u2 = (1, 1, 0) et u3 = (0, 0, 1). Alors (u1 ) est une base (orthogonale) de
Eλ1 et (u2 , u3 ) est une base orthogonale de Eλ2 . Comme A est symétrique et λ1 ̸= λ2 , (u1 , u2 , u3 )
est en fait une base orthogonale de R3 . Soient
( ) ( )
u1 1 −1 u2 1 1 u3
w1 = = √ , √ , 0 , w2 = = √ , √ , 0 , w3 = = (0, 0, 1)
||u1 || 2 2 ||u2 || 2 2 ||u3 ||

Alors B′ = (w1 , w2 , w3 ) est une base orthonormée de R3 , (w1 ) est une base orthonormée de Eλ1
et (w2 , w3 ) est une base orthonormée de Eλ2 .

(f) Soit P = [id]CB′ où C est la base canonique de R3 . On a

P = [id]CB′
 
1 1 0
1
= √ −1 1 √0  .
2 0 0 2

Alors P est orthogonale.


(g) Soit D = P T AP = P −1 AP . Alors
    
1 −1 0 0 1 0 1 1 0
1    1
D = √ 1 1 √0 1 0 0 √ −1 1 √0 
2 0 0 2 0 0 1 2 0 0 2
  
−1 1 0 1 1 0
1
= 1 1 √0  −1 1 √0 
2
0 0 2 0 0 2
 
−1 0 0
= 0 1 0
0 0 1

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