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Le 6 novembre 1975, 350.

000 volontaires foulent les terres


immémoriales du grand Sud marocain. C'était la Marche verte,
l'élément décisif de la récupération du Sahara.
Si la Marche Verte m'était contée ; C'était il y a quarante-sept
ans! Un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître
-les trentenaires et peut-être même les quadras non plus.
Pourtant, octobre-novembre 1975, ce ne furent pas que des "folles
semaines" d'un remue-ménage déroutant, mais beaucoup plus: un
acte de foi en un destin collectif.
Telle qu'en elle-même, la Marche Verte, lancée par le regretté
Hassan II, a été pour beaucoup le coup du siècle, un chef-d’œuvre,
pour reprendre le vocabulaire de la littérature ou de l'art, tant
par l'ingéniosité et la qualité des moyens que par la beauté
politique et, disons-le, esthétique du résultat. Elle a été l'élément
décisif de la récupération du Sahara marocain, l'expression
fervente d'un grand élan vers des frères retrouvés ; elle a ainsi
porté, haut et fort, un message de paix et de fraternité. Confiant
dans l'adhésion et la mobilisation de son peuple, le Roi innove,
"invente" même cette incroyable manifestation nationale et
religieuse de 350.000 marcheurs qui, le 6 novembre 1975, le Coran
et le drapeau en main, fouleront les terres immémoriales du
Maroc. Ils rejoignent ainsi la légende et fixent de nouveau pour
l'éternité la dimension organique d'une Oumma recouvrée du
Nord au Sud et de l'Est à l'Ouest.
Entonnant le cri de "Allahou Akbar", ils ont mis fin à des
frontières factices tandis que, partout ailleurs, vibraient les
chansons populaires autour de cette flamme nationaliste tellement
ardente -t-elle celle de Nas Al Ghiwane:

« Nous marchons de ce pas de la paix


Allah, le Prophète et le Coran avec nous
Et Laâyoune sont mes yeux
Saquiat el Hamra est à moi
Et le Oued est mien, ô Mon seigneur».
Un grand poème, une épopée plutôt: c'était aussi cela la Marche
verte d'un peuple en mouvement, écrivant l'Histoire au quotidien
et qui allait faire naître ce Maroc Nouveau, au centre de nos rêves
et de nos aspirations.

C'est une lumière collective ; il reste à la raviver pour que les


nouvelles générations se pénètrent de ces images, de ces souvenirs,
de ces témoignages aussi qui ont marqué de leur sceau cette
inoubliable émotion nationale d'un peuple renouant avec ses
racines. Léopold Sédar Senghor l'a dit mieux que quiconque : la
Marche Verte a été une gestion humaniste, un cas d'école
d'exercice de la liberté et de la justice couplé à une main tendue à
l'ancien occupant et à tous les autres. Un grand Moussem, pour
reprendre la formule de Abdallah Laroui, sauf qu'il fut aux
dimensions de la nation et que le pèlerinage à entreprendre n'était
autre que le Sahara!
Les marcheurs, dans l'ordre et la discipline, ont rempli leur
mission et chacun d'entre eux a apporté sa pierre à la mise en
place d'une voie pacifique de règlement d'un problème colonial.
La Marche Verte se veut acte de persuasion aussi, un instrument
de rapprochement et de dialogue. En même temps, n'est-ce pas la
volonté d'une Nation, forgée par les strates de l'Histoire, de dire
non au dévoiement de la procédure d'autodétermination au profit
d'une création artificielle? Ni vainqueur ni vaincu donc, pour
réussir à construire une entente qui reste toujours à l'ordre du
jour. Mais cela est un autre conte…

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