Chapitre 4 : Topologie des espaces vectoriels normés (2)

Analyse II

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 Adhérence, densité, intérieur et frontière

Point adhérent
Définition
Soit A une partie de E.
On dit que x ∈ E un point adhérent à A si,

∀r > 0, B(x, r) ∩ A ̸= ∅
On appelle adhérence de A et on note par Ā ou adh(A) l’ensemble des points
adhérents à A.
A Ā

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 Adhérence, densité, intérieur et frontière

Caractérisation séquentielle des points d’adhérences

Théorème
Soit A une partie non vide de E. On a équivalence entre
1 x ∈ Ā
2 Il existe une suite (xn ) d’éléments dans A telle que

lim xn = x
n→+∞

Preuve:
1)⇒ 2) : Soit x adhérent à A.
1
➔ Donc on a ∀n ∈ N, A ∩ B(x, n+1 ) ̸= ∅
1
➔ donc ∀n ∈ N, ∃xn ∈ A ∩ B(x, n+1 )
1
➔ donc ∀n ∈ N, xn ∈ A et ∥xn − x∥ ≤ n+1 →0
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 Adhérence, densité, intérieur et frontière

➔ d’où (xn ) est une suite d’éléments dans A et xn → x.

2)⇒ 1) : Soit (xn ) une suite d’éléments de A telle que xn → x.

➔ Soit ε > 0 donc ∃n ∈ N, ∥xn − x∥ < ε
➔ donc xn ∈ A ∩ B(x, ε)
➔ d’où A ∩ B(x, ε) ̸= ∅, et par suite x ∈ Ā.
⊛
Propriété
Soit E un espace vectoriel normé et A, B ⊂ E.
1 A ⊂ Ā.
2 A ⊂ B ⇒ Ā ⊂ B̄.
3 Ā est un fermé de E.
4 A est un fermé de E si, et seulement si Ā = A.
5 Ā¯ = Ā.
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 Adhérence, densité, intérieur et frontière

6 Ā est le plus petit fermé de E contenant A. Autrement dit, si A ⊂ F et F est un fermé

de E alors Ā ⊂ F.
7 Ā est l’intersection de tous les fermés de E contenant A.
8 Si a ∈ E et r > 0 alors B(a, r) = B̄(a, r).
i.e. l’adhérence d’une boule ouverte est la boule fermée de même centre et rayon.

Preuve:
1 Soit a ∈ A.
➔ Pour tout ε > 0, on a a ∈ A ∩ B(a, ε), donc A ∩ B(a, ε) ̸= ∅ et par suite a ∈ Ā.
➔ Ceci est vrai pour tout a ∈ A, donc A ⊂ Ā.
2 Supposons que A ⊂ B.
➔ Soit a ∈ Ā et ε > 0, donc A ∩ B(a, ε) ̸= ∅.
➔ A ⊂ B implique que A ∩ B(a, ε) ⊂ B ∩ B(a, ε) et donc B ∩ B(a, ε) ̸= ∅.
➔ Ceci est vrai pour tout ε > 0, donc a ∈ B̄, et a il est quelconque dans Ā, donc Ā ⊂ B̄.

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3 On pose O = ∁Ā. Montrons que O est un ouvert de E.

➔ Soit x ∈ O, cherchons une boule ouverte de centre x incluse dans O.
➔ On a x ∈ O c’est-à-dire x ∈
/ Ā et donc ∃ε > 0, A ∩ B(x, ε) = ∅.
➔ Soit y ∈ B(x, ε). On a B(x, ε) ouvert donc ∃η > 0, B(y, η) ⊂ B(x, ε) et par suite
A ∩ B(y, η) = ∅.
➔ ∃η > 0 tel que A ∩ B(y, η) = ∅, on en déduit que y ∈
/ Ā et par conséquent y ∈ O
➔ Ceci est vrai pour tout y ∈ B(x, ε), donc B(x, ε) ⊂ O.
➔ On en déduit que O est voisinage de x qui quelconque dans O, donc O est un ouvert et
par suite Ā est fermé dans E.
4 Montrons que A est fermé ⇐⇒ A = Ā.
⇐ ) On a A = Ā et Ā fermé donc A est fermé.
⇒ ) On a A ⊂ Ā. Montrons l’autre inclusion.
- Soit x ∈ Ā donc, d’après la caractérisation séquentielle de l’adhérence, ∃(xn ) une suite de A
convergente de limite x.
- L’ensemble A est supposé fermé, donc par la caractérisation séquentielle des fermés x ∈ A.
- Ceci est vrai pour tout x ∈ Ā, donc Ā ⊂ A et par suite A = Ā.
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5 On a Ā est fermé donc Ā¯ = Ā.

6 Soit F un fermé de E tel que A ⊂ F, alors Ā ⊂ F̄. On a F = F̄, donc Ā ⊂ F
7 On pose G = {G fermé de E : A ⊂ G} l’ensemble des fermés de E contenant A. On
a E ∈ G, donc G est non vide.
\
➔ Soit F = G, l’intersection de tous les fermés de E contenant A.
G∈G

➔ F est une intersection de fermés, donc F et fermé et par suite F̄ = F .

➔ On a ∀G ∈ G, A ⊂ G donc A ⊂ F , et F est fermé alors Ā ⊂ F .
➔ D’autre part, on a Ā fermé et A ⊂ Ā donc Ā ∈ G d’où F ⊂ Ā. On en déduit que F = Ā.
8 Montrons que B(a, r) = B̄(a, r).
➔ On a B(a, r) ⊂ B̄(a, r) et B̄(a, r) fermé donc B(a, r) ⊂ B̄(a, r).
n
➔ Soit x ∈ B̄(a, r) donc ∥x − a∥ ≤ r. On considère la suite xn = a + n+1 (x − a).
n nr
➔ On a ∀n ∈ N, ∥xn − a∥ = n+1 ∥x − a∥ ≤ n+1 < r donc xn ∈ B(a, r),

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 Adhérence, densité, intérieur et frontière

1
➔ De plus ∥xn − x∥ = n+1 ∥a − x∥ → 0, alors (xn ) est une suite d’éléments de B(a, r) qui
converge vers x. D’après la caractérisation séquentielle de l’adhérence, x ∈ B(a, r).

➔ Ceci est vrai pour tout x ∈ B̄(a, r), donc B̄(a, r) ⊂ B(a, r) et par suite
B̄(a, r) = B(a, r). ⊛

Exemple
1 Soit A ⊂ R, alors x ∈ Ā ⇐⇒ ∀α > 0 : ]x − α, x + α[∩A ̸= ∅
En particulier on a :
A =]a, b[ =⇒ Ā = [a, b]
A =]a, b] =⇒ Ā = [a, b]
A = [a, b[ =⇒ Ā = [a, b]
2 Q̄ = R puisque, ∀x ∈ R, on peut approcher x par une suite de rationnelles :
1
lim E(10n x) = x.
n→+∞ 10n

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 Adhérence, densité, intérieur et frontière

3 R \ Q = R. Pour vérifier cela, il suffit de perturber la suite ci dessus par un

irrationnelle, par exemple, pour x ∈ R posons
1√ 1
xn = 2 + n E(10n x)
√ n 10
On a 2 ̸∈ Q, donc ∀n ∈ N∗ xn ∈ R \ Q et cette suite vérifie limn→∞ xn = x.
4 Dans E = C, pour le demi-plan C− = {z ∈ C/ℜez < 0} on a C− = {z ∈ C/ℜez ≤ 0}.
En effet. Soit z ∈ {z ∈ C/ℜez ≤ 0}, et posons
1
zn = z − , n ∈ N ∗
n
- On a ℜez ≤ 0 donc, ∀n ∈ N∗ , ℜezn = ℜez − 1
n < 0 et par suite zn ∈ C− .
- (zn ) est une suite de C− et limn→+∞ = z, donc z ∈ C− .
- Ceci est vrai pour z quelconque dans {z ∈ C/ℜez ≤ 0}, donc ∈ {z ∈ C/ℜez ≤ 0} ⊂ C− .
- Inversement, {z ∈ C/ℜez ≤ 0} et un fermé contenant C− , donc C− ⊂ {z ∈ C/ℜez ≤ 0}.

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Partie dense

Définition
Soit E un espace vectoriel normé et A ⊂ E. On dit que A est dense dans E si

Ā = E

Proposition
Soit E un espace vectoriel normé et A ⊂ E. A est dense dans E si, et seulement si,

∀x ∈ E, ∀ε > 0, ∃a ∈ A, ∥x − a∥ < ε

Preuve:
⇒ ) Soit x ∈ E et ε > 0. On a A dense dans E donc E = Ā, donc x ∈ Ā. On déduit
que B(x, ε) ̸= ∅ donc ∃a ∈ A tel que a ∈ B(x, ε) d’où ∥x − a∥ < ε.

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⇐ ) Soit x ∈ E et ε > 0 donc ∃a ∈ A tel que ∥x − a∥ < ε d’où a ∈ B(x, ε). On déduit
que B(x, ε) ̸= ∅ donc x ∈ Ā donc E ⊂ Ā d’où Ā = E.
⊛
Example
Q est dense dans R, puisque Q = R ce qui équivalent à dire que entre deux réels on
peut toujours trouver un rationnelle.

R \ Q l’ensemble des irrationnelles est aussi dense dans R.

Théorème
Soit E un espace vectoriel normé et A ⊂ E. On a équivalence entre
1 A est dense dans E
2 ∀x ∈ E, ∃(an ) une suite de A, telle que lim an = x.
n→+∞

Preuve: D’après la caractérisation séquentielle de l’adhérence d’un ensemble

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Point intérieur

Définition
Soit A une partie de E. On dit que x ∈ E est un point intérieur à A s’il existe r > 0 tel
que B(x, r) ⊂ A.

On note par Å ou int(A) l’ensemble des points intérieurs à A et qu’on appelle

intérieur de A.
A Å

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Proposition
Soit A une partie de E. Alors on a
˚
1 ∁Ā = ∁A
˜
2 ∁Å = ∁A
Preuve: 1) x ∈ ∁Ā ⇐⇒ x ̸∈ Ā
⇐⇒ ∃α > 0 : B(x, α) ∩ A = ∅
⇐⇒ ∃α > 0 : B(x, α) ⊂ ∁A
˚
⇐⇒ x ∈ ∁A
˜

2) x ∈ ∁Å ⇐⇒ x ∈
/ Å
⇐⇒ ∀α > 0 : B(x, α) ̸⊂ A
⇐⇒ ∀α > 0 : B(x, α) ∩ ∁A ̸= ∅
⇐⇒ x ∈ ∁A
S. B. (ENSA Marrakech) Analyse ⊛
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 Adhérence, densité, intérieur et frontière

Example
1 Soit A ⊂ R, alors
x ∈ Å ⇐⇒ ∃α > 0 : ]x − α, x + α[⊂ A
En particulier on a :
A =]a, b[ =⇒ Å =]a, b[

A = [a, b] =⇒ Å =]a, b[

A =]a, b] =⇒ Å =]a, b[

A = [a, b[ =⇒ Å =]a, b[
2 Q̊ = ∅, puisque ∁Q̊ = ∁Q = R \ Q = R.
˚
3 R
˘ \ Q = ∅.

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 Adhérence, densité, intérieur et frontière

Proposition
Soit E un espace vectoriel normé et A, B ⊂ E.
1 Å ⊂ A.
2 A ⊂ B ⇒ Å ⊂ B̊.
˚
3 Å = Å.
4 Å est un ouvert de E.
5 A est un ouvert de E si, et seulement si, Å = A.
6 Å est le plus grand ouvert contenu dans A. Autrement dit, si O ⊂ A et O est un
ouvert de E alors O ⊂ Å.
7 Å est la réunion de tous les ouverts contenus dans A.
˚ ˚
8 Si a ∈ E et r ≥ 0 alors B(a,
˚ r) = B(a, r) et S(a,
˚ r) = ∅.
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 Adhérence, densité, intérieur et frontière

Preuve:
1 On a ∁A ⊂ ∁A = ∁Å donc Å ⊂ A.
2 On a A ⊂ B donc ∁B ⊂ ∁A. et par suite ∁B ⊂ ∁A. Autrement ∁B̊ ⊂ ∁Å, d’où Å ⊂ B̊.
˚ ˚
3 On a ∁Å = ∁A = ∁A = ∁Å = ∁Å donc Å = Å.
4 On a ∁Å = ∁A donc ∁Å est fermé dans E d’où Å est un ouvert de E.
5 A est un ouvert de E si, et seulement si, ∁A est un fermé de E si, et seulement si,
∁A = ∁A si, et seulement si, ∁Å = ∁A si, et seulement si, Å = A.
6 On a ∁Å = ∁A donc ∁Å est le plus petit fermé contenant ∁A donc Å est le plus grand
ouvert contenu dans A.
7 On a ∁Å = ∁A qu’est l’intersection de tous les fermés contenant ∁A donc Å est la
réunion de tous les ouverts contenus dans A.

S. B. (ENSA Marrakech) Analyse 16 / 21

 Adhérence, densité, intérieur et frontière

˚ ˚
8 Si r = 0 alors B̄(a, r) = {a} donc B(a,
˚ r) = {a}
˜ = ∅ = B(a, r). Sinon, on a
˚ ˚
B(a, r) ⊂ B̄(a, r) donc B(a, r) ⊂ B(a,
˚ r). Soit x ∈ B(a,
˚ r) donc
∃ε > 0, B(x, ε) ⊂ B̄(a, r).
- Si x = a alors x ∈ B(a, r).

ε x−a ε ∥x−a∥
- Sinon, soit y = x + 2 ∥x−a∥ donc ∥y − x∥ =
< ε donc y ∈ B(x, ε) d’où y ∈ B̄(a, r)
2 Ä∥x−a∥
ä
ε
et par suite ∥y − a∥ ≤ r. On a r ≥ ∥y − a∥ = 1 + 2∥x−a∥ ∥x − a∥ > ∥x − a∥ donc
˚ ˚
x ∈ B(a, r) d’où B(a,
˚ r) ⊂ B(a, r). On déduit que B(a,
˚ r) = B(a, r).
˚ ˚
- On a S(a, r) ⊂ B̄(a, r) donc S(a,
˚ r) ⊂ B(a,
˚ r)

˚ ˚
- B(a,
˚ r) = B(a, r), d’où S(a,
˚ r) ⊂ B(a, r)

˚ ˚ ˚
- d’autre part S(a,
˚ r) ⊂ S(a, r) donc S(a,
˚ r) ⊂ B(a, r) ∩ S(a, r) = ∅ d’où S(a,
˚ r) = ∅.
⊛
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 Adhérence, densité, intérieur et frontière Frontière d’un ensemble

Frontière d’un ensemble

Définition
On appelle frontière de A l’ensemble Ā\Å et on le note par fr(A) ou ∂A.
A ∂A

Exemple
1 Dans E = R, fr([a, b[) = [a, b]\]a, b[= {a, b}.
2 Dans E = R, fr(Q) = Q \ Q̊ = R.
3 Dans E = R, fr(R \ Q) = R.
4 Dans E = C, la frontière du demi-plant P = {z ∈ C/Im(z) ≥ 0} est la droite réelle R.
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 Adhérence, densité, intérieur et frontière Frontière d’un ensemble

Proposition
Soit E un espace vectoriel normé.
1 fr(∅) = fr(E) = ∅.
2 Si A ⊂ E alors fr(A) = Ā ∩ ∁E A et donc fr(A) est fermé dans E.
3 Soit a ∈ E et r > 0,


fr B̄(a, r) = fr(B(a, r)) = fr(S(a, r)) = S(a, r)

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 Adhérence, densité, intérieur et frontière Frontière d’un ensemble

Proposition
Soit E un espace vectoriel normé et A une partie de E.
1 Ā = A ∪ fr(A)
2 Å = A \ fr(A)

Preuve:
1 On a A ⊂ Ā et fr(A) ⊂ Ā donc (A ∪ fr(A)) ⊂ Ā. Pour l’inclusion inverse, on peut
décomposer A comme suit Ā = (Ā ∩ A) ∪ (Ā ∩ ∁A) et par les inclusions A ⊂ Ā et
Å ⊂ A, on obtient Ā ∩ A = A et ∁A ⊂ ∁Å. Ainsi Ā ⊂ A ∪ (Ā ∩ ∁Å),i.e. Ā ⊂ (A ∪ fr(A)).
2 On a A \ fr(A) = A ∩ ∁ fr(A) = A ∩ ∁(Ā ∩ ∁Å)
= A ∩ (∁Ā ∪ ∁∁Å)
= A ∩ (∁Ā ∪ Å)
= (A ∩ ∁Ā) ∪ (A ∩ Å)
= ∅ ∪ Å = Å ⊛
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