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Décembre 2012
ÉQUIPE DE RÉALISATION
Coordination
Rédaction
Cartographe
Révision interne
Production
Nature Cantons-de-l'Est
C.P. 87 Succursale Lennoxville
Sherbrooke (Québec)
Téléphone.: 819-569-9388
Télécopieur.: 819-563-3705
Courriel : info@naturecantonsdelest.ca
Site internet : www.naturecantonsdelest.ca
NOTE AU LECTEUR
REMERCIEMENTS
Équipe de réalisation……………………………………………………………………... 1
Table des matières……………………………………………………………………….. 2
Liste des tableaux………………………………………………………………………… 3
Liste des annexes………………………………………………………………………… 4
Introduction………………………………………………………………………………… 5
1. Présentation de Nature Cantons-de-l’Est…………………………………………… 6
2. Localisation du territoire………………………………………………………………. 6
3. Problématique………………………………………………………………………….. 6
4. Historique des actions de conservation dans le bassin versant du
ruisseau Racey (1919 à 2012)……………………………………………………...... 7
5. Démarche méthodologique…………………………………………………………… 8
5.1 Principales étapes………………………………………………………… 8
7. Identification des milieux naturels à préserver et des pressions sur ces milieux 34
7.1 Les milieux naturels à préserver………………………………………… 34
Conclusion…………………………………………………………………………………. 44
Références et bibliographie……………………………………………………………… 45
Annexes
_______________________________________________________________________________
INTRODUCTION
Au Québec, les milieux humides occupent plus ou moins 17 millions d’hectares ou
170 000 km², soit environ 10 % de l’ensemble du territoire. Au cours des dernières
années, on a reconnu la valeur des terres humides et déployé des efforts afin de protéger
ces écosystèmes (MDDEP, 2012).
Cependant, ces milieux humides sont très vulnérables aux activités humaines. Malgré leur
importance, ils ne cessent de disparaître et d’être altérés en raison en grande partie de
l’urbanisation et de l’agriculture (Environnement Canada, 2004).
Les milieux humides du bassin versant du ruisseau Racey ne font pas exception à cette
règle. Plus particulièrement, la tourbière de Johnville, milieu exceptionnel du point de vue
biologique et par sa dimension, a subi plusieurs perturbations.
Bien que des actions de conservation se soient déjà concrétisées par la protection de
227,51 ha du territoire et que la tourbière de Johnville soit préservée sur plus de 94 % de
sa superficie, l’approche de conservation n’avait pas à ce jour situé cet écosystème dans
le contexte de son bassin versant. Cette approche que sous-tend le plan de conservation
vise notamment à prendre en compte, à l’échelle du bassin versant du ruisseau Racey, la
présence des différents écosystèmes, des milieux sensibles ainsi que l’utilisation du
territoire, en particulier en amont de la tourbière et dans sa zone tampon.
Le but du plan de conservation est la conservation des milieux naturels d’intérêt du bassin
versant du ruisseau Racey, plus particulièrement la tourbière de Johnville. Bien que
l’ensemble du bassin versant soit pris en compte dans l’analyse du territoire, une attention
particulière est portée aux milieux naturels liés géographiquement à la tourbière ou ayant
une influence sur ce milieu sensible. De plus, l’utilisation du territoire du bassin versant est
aussi considérée afin de déterminer les pressions potentielles sur les milieux naturels à
préserver.
Grâce à cet outil qui servira à orienter et guider les actions de conservation, Nature
Cantons-de-l’Est (NCE) espère qu’à moyen et long terme (5 ans et plus), les superficies
d’aires protégées dans le bassin versant du ruisseau Racey seront augmentées et plus
particulièrement celles de l’écosystème de la tourbière de Johnville. En outre, la mise en
œuvre des recommandations du plan de conservation devrait tendre à un équilibre entre
la conservation et l’aménagement du territoire, en collaboration avec les propriétaires de
terres privées, la municipalité de Cookshire-Eaton et la municipalité régionale de comté
(MRC) du Haut St-François.
Depuis 2011, NCE a redéfini son territoire d’action qui couvre essentiellement le moyen et
le haut bassin de la rivière Saint-François (annexe 1). La conservation et la gestion du
Parc écoforestier de Johnville sont à l’origine des activités de NCE depuis 1989, activités
qui se poursuivent encore aujourd'hui. D’autres initiatives de conservation sont aussi en
cours, dont celle visant la préservation d’un des grands massifs forestiers de la région,
celui des monts Stoke.
2. Localisation du territoire
Le territoire du bassin versant du ruisseau Racey, qui inclut la tourbière de Johnville, est
situé dans la MRC du Haut-Saint-François, dans la région administrative de l’Estrie. Plus
précisément, il est localisé dans la municipalité de Cooshire-Eaton, à environ 1 km au nord
du village de Johnville. Par rapport aux principales villes, le site est à environ 15 km à l’est
de Sherbrooke, à 9 km à l’est de l’arrondissement de Lennoxville et à 15 km au sud-ouest
de Cookshire (annexe 2).
3. Problématique
La tourbière est un milieu humide relativement rare pour la région. L’ensemble du site
présente une grande diversité écologique tant au niveau de la richesse en espèces
floristiques et fauniques qu’en termes de diversité du paysage. Bien que ce site ait fait
l’objet de diverses perturbations au cours des années, l’intégrité écologique de certaines
Nature Cantons-de-l’Est est pour sa part propriétaire depuis 2007 de 44 hectares qui sont
contigus à la propriété des universités (annexe 3). Cette acquisition a été réalisée dans le
but de préserver à perpétuité cette propriété et de restaurer éventuellement la portion
dégradée de la tourbière.
La gestion et l’entretien du site sont assurés depuis 1989 par NCE. L’organisme a réalisé
un plan d’aménagement du site, divers inventaires de la faune et de la flore ainsi que
plusieurs projets d’infrastructures notamment en collaboration avec l’Université de
Sherbrooke. Grâce à ces investissements, le Parc est ouvert au public depuis juin 2003
pour des activités récréatives de faible impact (randonnée pédestre, raquette, ski de fond)
et des activités éducatives.
5. Démarche méthodologique
Cette section indique les principales étapes de l’élaboration du plan de conservation ainsi
que les paramètres utilisés pour décrire le territoire, identifier les milieux naturels à
préserver et préciser les priorités d’actions de conservation.
Les étapes qui ont mené à l’élaboration du plan de conservation sont les suivantes :
Topographie et pentes
Configuration de la surface terrestre représentée au Élévation et courbes de niveau Base nationale de données Ressources
moyen de courbes de niveau, de teintes topographiques GéoGratis Naturelles
hypsométriques et par estompage. Ce terme est (Échelle : 1/20 000), [Format : Canada, 2008
souvent synonyme de relief, la topographie est définie ArcView (Shapefile)].
par les hauteurs et les dépressions du terrain
(Ressources naturelles Canada, 2012).
Classes de pente : Système d'information
Selon le MRNF (2008), la classe de pente exprime écoforestière (Échelle : 1/20 000), MRNF, 2011
l’inclinaison moyenne du terrain occupé par un Nulle 4e inventaire forestier [Format :
peuplement et reflète le relief général du territoire. Faible ArcView (Shapefile)].
Douce
Modérée
Forte (31 à 40 %)
Abrupte (40 % et +)
Sommet
Dépôts meubles
Classes de dépôts : Système d'information MRNF, 2011
«Le « dépôt » est la couche de matériau meuble écoforestière (Échelle : 1/20 000),
(argile, limon, sable, gravier, cailloux, pierre ou bloc) Glaciaires 4e inventaire forestier [Format :
qui recouvre le roc. Il peut avoir été mis en place lors Fluvioglaciaires ArcView (Shapefile)].
du retrait du glacier à la fin de la dernière glaciation ou Fluviatiles
par d’autres processus associés à l’érosion et la Lacustres
sédimentation. La nature du dépôt meuble est évaluée Marins
à partir de la forme du terrain, de sa position sur la Littoraux marins
pente, de la texture du sol ou d’autres indices» Organiques
(MRNF, 2008). De pentes et d’altérations
Éoliens
Substrat rocheux
_______________________________________________________________________________
Sols
Drainage
Le drainage d’une station correspond à la vitesse à Classes de drainage : Système d'information MRNF, 2011
laquelle le surplus d’eau s’évacue dans le sol. Le écoforestière (Échelle : 1/20 000),
drainage est conditionné par la position topographique Excessif 4e inventaire forestier [Format :
(inclinaison de la pente, forme du terrain et position Rapide ArcView (Shapefile)].
sur le versant), la perméabilité du sol (texture, Bon
pierrosité, etc.) et l’assise rocheuse (géologie, Modéré
structure, etc.), l’épaisseur du dépôt de surface, Imparfait
l’abondance et la régularité des apports d’eau Mauvais
(pluviométrie et écoulement), ainsi que par les niveaux Très mauvais
atteints par la nappe phréatique (MRNF, 2008). Drainage complexe
« Toute masse d’eau qui s’écoule dans un lit avec un Lac Système d'information MRNF, 2011
débit régulier ou intermittent, y compris ceux qui ont Ruisseau permanent et écoforestière (Échelle : 1/20 000),
été créés ou modifiés par une intervention humaine, intermittent 4e inventaire forestier
ainsi que le fleuve Saint-Laurent et le golfe du Saint- Rivière [Format : ArcView (Shapefile)].
Laurent de même que toutes les mers qui entourent le Bandes riveraines
Québec, à l’exception du fossé de voie publique ou
privée, du fossé mitoyen et du fossé de drainage »
(MDDEP, 2002).
Milieux humides
« Ensemble des sites saturés d'eau ou inondés Marais Milieux humides non classifié de Ministère des
pendant une période suffisamment longue pour Marécage la Base de données Ressources
influencer la nature du sol ou la composition de la Tourbière topographiques du Québec naturelles et
végétation. Ces sols, minéraux ou organiques, sont Étang (BDTQ). Échelle : 1/20 000. Faune,1998.
influencés par de mauvaises conditions de drainage Prairie humide
alors que la végétation se compose essentiellement Milieux humides classifiés de
d'espèces ayant une préférence pour des lieux l’Atlas de conservation des terres
humides ou d’espèces tolérant des inondations humides de la vallée du Saint- Environnement
périodiques » (Couillard et Grondin, 1986). Laurent 1 : 80 000 (version 1), Canada – Service
Environnement Canada – Service canadien de la
canadien de la faune. faune 2003.
Peuplements VIR
Vieilles forêts
Peuplements résineux étagés Système d'information MRN, 2011
Peuplements forestiers qui présentent des de 90 ans ou plus écoforestière (Échelle : 1/20 000),
caractéristiques structurales et fonctionnelles comme 4e inventaire forestier. [Format :
de très vieux arbres, des tailles d’arbres très Peuplements feuillus étagés de ArcView (Shapefile)].
hétérogènes, la présence de chicots de grande 120 ans ou plus
dimension, de gros débris de bois mort au sol, un
humus épais et une microtopographie du sol formée Peuplements mixtes étagés de
de dépressions et de monticules (Spies et al. 1988, 120 ans et plus
Wells et al. 1998, Kimmins, 2003)
« Expression regroupant les espèces menacées ou Espèces désignées menacées Centre de données sur le MDDEFP, 2012
vulnérables désignées et susceptibles d’être ainsi Espèces désignées vulnérables patrimoine naturel du Québec MRN, 2012
désignées selon la Loi sur les espèces menacées ou Espèces susceptibles d'être
vulnérables » (Joly et al., 2008). désignées menacées ou Données numérisées de NCE NCE, 2012
vulnérables
Espèces en péril
Expression regroupant les espèces disparues, Disparue Centre de données sur le CDPNQ, 2012
disparues du Canada, en voie de disparition, Disparue du pays patrimoine naturel du Québec
menacées, préoccupantes ou à données insuffisantes En voie de disparition Inventaires NCE Environnement
en vertu de la Loi sur les espèces en péril du Canada Menacée Canada, 2012
(Adapté de : Gouvernement du Canada, 2012). Préoccupante
Non en péril
Données insuffisantes
Aires protégées
«… un espace géographique clairement défini, Zone désignée avec un statut Données géoréférencées NCE, 2012
reconnu, dédié et géré, par des moyens légaux ou légal
autres, afin de favoriser la conservation à long terme
de la nature et des services écosystémiques et des
valeurs culturelles qui y sont liés (UICN, 2012)».
Zone agricole
Délimitée en vertu de la Loi sur la protection du Zone agricole permanente (zone Commission de protection du CPTAQ,
territoire et des activités agricoles (LPTAAQ). Les verte) territoire agricole Gouvernement
MRC y exercent leurs pouvoirs en matière (Échelle : 1/20 000), [Format : du Québec,
d'aménagement et d'urbanisme avec l'objectif de ArcView (Shapefile)]. 2011
favoriser l'utilisation prioritaire du sol à des fins Zone blanche
d'activités agricoles. Elles doivent également y
favoriser la protection et le développement des
activités et des entreprises agricoles dans une
perspective de développement durable (Adapté du
MAMROT, 2011)
Une affectation est l'attribution à un territoire, ou à Exemples : Cartographie numérique des MRC du Haut-
une partie de celui-ci, d'une utilisation, d'une fonction grandes affections du territoire, Saint-François,
ou d'une vocation déterminée. Les grandes Agricole [Format : ArcView (Shapefile)]. 2012
affectations sont un outil dans la planification du Agroforestière
Zonage municipal
« Le zonage municipal permet à une municipalité de Exemples : Cartographie numérique des Ville de
diviser son territoire en diverses zones. Chaque zone grandes affections du territoire, Cookshire-
détermine la vocation afin d'y contrôler l'usage des Rural [Format : ArcView (Shapefile Eaton, 2012
terrains et des bâtiments ainsi que l'implantation, la Mixte
forme et l'apparence des constructions » (MAMROT, Villégiature
2012). Extraction
Agricole
Résidentiel
Infrastructures anthropiques
Ensemble des équipements collectifs de base Exemples : Centre d’expertise hydrique du Centre
nécessaires à la vie économique de la nation. Ils Québec (Points géoréférencés) d’expertise
fournissent des services essentiels répondant aux Barrage hydrique du
besoins des populations et au développement des Puits Base de données topographiques Québec, 2012
collectivités (Adapté du Gouvernement du Québec, Voie ferrée du Québec (BDTQ). Échelle :
2005-2007). Ligne de transport d'énergie 1/20 000. Ministère des
Axe routier Ressources
Bâtiments Base de données Adresses naturelles et
Sentiers (pédestre, motoneige, Québec : AQ20120501 Faune, 1998.
quad)
Cartographie numérique des Gouvernement
sentiers de motoneige, du Québec,
[Format : ArcView (Shapefile)] 2012
NCE, 2012
Ville de
Cookshire-
Eaton, 2012
Le terme « bassin versant » désigne un territoire dont toutes les eaux de surface
s’écoulent naturellement vers un même point appelé « exutoire du bassin versant ». Ce
territoire est délimité physiquement par la ligne qui suit la crête des montagnes, des
collines et des hauteurs du territoire, qu’on appelle « ligne des crêtes » ou « ligne de
partage des eaux (Gangbazo, 2011). Le territoire du bassin versant du ruisseau Racey a
été délimité à partir des données du COGESAF (2011); certaines de ces limites ont été
ajustées par le cartographe en fonction des indications de l’équipe de NCE, qui possède
une grande connaissance du terrain. La délimitation du territoire est présentée à
l’annexe 2.
La tourbière de Johnville
La détermination des limites de la tourbière de Johnville, le milieu naturel qui est au centre
même du plan de conservation, est approximative et repose sur la photo-interprétation
d’une photographie aérienne en noir et blanc au 1 : 20 000 datant de 1945. Ses limites ont
été fixées d’après les contours visibles de la tourbière ouverte, puis reportées sur une
orthophotographie de 2007 au 1 : 15 000 grâce à des points de repères (annexe 3). Il est
probable qu’une partie de la tourbière, notamment sa marge forestière, n’ait pas été
incluse dans ces limites. Néanmonis, étant donné qu’en 1945 la tourbière n’avait
apparemment subi que peu de perturbations anthropiques, il s’agit de la meilleure
estimation possible des limites de cet écosystème, si l’on tient compte des erreurs pouvant
être associées à la distorsion de la photographie aérienne de l’époque et à sa projection
sur une photo récente, et de l'absence de validation sur le terrain.
_______________________________________________________________________________
Le territoire du bassin versant du ruisseau Racey fait partie de la région naturelle des
Appalaches et de la province naturelle des Appalaches septentrionales (MDDEP, 2011) et
est situé dans la région écologique de Sherbrooke (2d), comprise dans le domaine
climacique de l'érablière à bouleau jaune et à tilleul (Thibault et al., 1989). Au niveau du
district écologique, le territoire appartient à la Plaine de la Rivière Saint-François (F22).
Géologie et topographie
Le territoire cible fait partie de la province géologique des Appalaches et son sous-sol
appartient au Groupe de Saint-François, qui constitue le socle d'une région à faible relief
où les aires d'affleurement sont peu abondantes (Tremblay, 1990 dans Cloutier 2001). Le
relief régional est le résultat de la glaciation Wisconsinienne du quaternaire. L'impact du
glacier sur le relief aurait été toutefois superficiel. Johnville se situe plus précisément au
sud-est de la région physiographique de la Cuvette de la rivière Saint-François, qui
englobe les basses terres de la rivière Massawippi et du Haut-Saint-François. Il s'agit
d'une cuvette faiblement ondulée, bornée au nord par les monts Stoke et au sud par le
Haut Plateau Appalachien, dont l'altitude est plus élevée (Cloutier, 2001).
Sur le territoire du bassin versant du ruisseau Racey, la topographie est caractérisée par
une pente relativement douce d’est en ouest avec une dénivellation variant entre 350 m et
230 m (annexe 4). L’altitude de la tourbière de Johnville est d'environ 275 m.
En ce qui a trait aux différentes classes de pente, qui expriment l’inclinaison moyenne du
terrain et reflètent le relief général du territoire (MRNF, 2008), aucune pente forte (de plus
de 31 %) ne caractérise le territoire tandis que 40 % du territoire comporte des pentes
nulles (0 à 3 %), 53 % des pentes faibles (4 à 8 %) et 5 % des pentes douces (9 à 15 %)
ou modérées (16 à 30 %).
Dépôts meubles
Dans le bassin versant du ruisseau Racey, les dépôts les plus communs sont les tills
indifférenciés; ils comptent pour 61 % des dépôts (annexe 5). On retrouve également 8 %
L’esker
L’une des caractéristiques du territoire est la présence d’un esker. Celui-ci traverse le
territoire du bassin versant et longe la portion ouest et sud de la tourbière. Les eskers sont
des formes de terrain linéaires composées de sables et de graviers fluvioglaciaires qui se
forment par écoulement des eaux sous le glacier. Ils ont généralement une forme de crête
allongée, rectiligne ou sinueuse, continue ou discontinue pouvant atteindre plusieurs
kilomètres (Mémoire du Québec, 2012).
Le lac de kettle
Selon l’IRDA (2008), la grande région localisée à l’est des Cantons-de-l’Est comporte deux
grands types de sols, dont les podzols humo-ferriques constitués de tills glaciaires et de
matériaux fluvio-glaciaires, fluviatiles et marins. On y trouve aussi des brunisols
mélaniques formés de tills glaciaires et d’alluvions marins. Cann et Lajoie (1943) ont par
ailleurs décrit les sols des comtés de Stanstead, Richmond, Sherbrooke et Compton. Les
sols décrits dans ce rapport se trouvent dans la zone climatique qui favorise le
développement des sols fortement lavés, les podzols. Les podzols se développent dans
des conditions de pluie et d’évaporation qui permettent l’infiltration dans le sol d’un fort
pourcentage de cette eau. Les longs hivers pendant lesquels l’activité microbienne et le
lavage sont réduits au minimum sont favorables à l’accumulation de matière organique à
la surface du sol.
Sur le territoire du bassin versant du ruisseau Racey, les différentes classes d’épaisseur
des sols ont aussi été analysées. La faible épaisseur d’un sol est une contrainte naturelle
qui, selon l’utilisation qui en est faite, peut entraîner des risques d’érosion du sol. Aucun
secteur de sol mince n’a été répertorié sur le territoire du bassin versant du ruisseau
Racey.
Réseau hydrologique
En hydrologie et tel que mentionné précédemment, le terme bassin versant (ou bassin
hydrographique) désigne le territoire sur lequel toutes les eaux de surface s’écoulent vers
un même point appelé l’exutoire du bassin versant (Joly et al., 2008). Dans un bassin
versant, les cours d’eau sont organisés et hiérarchisés en un réseau qui concentre les
cours d’eau naturels ou artificiels, permanents ou temporaires des ruisseaux dans les
rivières, et celles des rivières dans les fleuves (Ressources naturelles Canada, 2012).
Le bassin versant du ruisseau Racey, d’une superficie de 26 km2 (2 758 ha) fait partie du
bassin versant de la rivière aux Saumons, qui lui-même s’intègre dans les bassins
versants des rivières Massawippi et Saint-François (COGESAF, 2006). Il possède une
branche principale et plusieurs affluents secondaires (annexe 3). À titre indicatif, on y
dénombre environ 180 segments totalisant 52,63 km linéaires, et 30 petits plans d’eau
dont la superficie est très restreinte. Les plans d’eau couvrent à peine 9,97 ha (0,4 %) du
territoire, les principaux étant les lacs Jenckes et l’étang Arthur-N.-Langford associés à la
tourbière de Johnville.
L’écoulement des eaux est influencé par la topographie du territoire. En général, les eaux
s’écoulent des secteurs de plus grande élévation vers ceux de plus faible élévation pour
finalement se jeter dans la rivière aux Saumons, à l’extrémité sud-ouest du bassin versant.
Par ailleurs, comme dans bien des territoires à vocation agricole, dans les années 1980,
certains cours d’eau ont été creusés et redressés afin d’augmenter le drainage des terres
et la superficie cultivable. Cette pratique consistait à creuser un fossé en ligne droite à la
place d’un ruisseau qui fait des méandres sur une terre agricole. L’eau dans un ruisseau
en ligne droite a une vitesse plus rapide que dans un ruisseau qui fait des méandres; ceci
peut entraîner de plus forts débits et de plus fortes vitesses d’écoulement lors des crues,
ce qui peut avoir des effets néfastes sur les berges des cours d’eau (Paquette, 2010).
Certains segments du ruisseau Racey et de ses affluents ont été redressés et dans
certains secteurs de la tourbière, des canaux de drainage ont aussi été creusés. Le
drainage de la tourbière a été pratiqué pour faciliter les activités d’extraction de la tourbe et
ensuite dans le but d’établir une culture maraîchère, ce qui ne s’est jamais concrétisé.
En ce qui a trait à l’hydrologie de la tourbière, très peu de choses sont connues à part le
fait que le ruisseau Racey en constitue le principal émissaire. Avant de subir des
perturbations majeures dans le secteur de la tourbière, le ruisseau y faisait de nombreux
méandres.
Drainage
Dans un bassin versant, le type de drainage peut avoir une influence importante sur les
milieux naturels, en particulier les zones humides, selon l’utilisation du sol qui prédomine.
Par exemple, un milieu mal drainé peut entraîner des risques de remontée de la nappe
phréatique en cas de retrait du couvert végétal (coupe forestière, exploitation), ainsi que
des contraintes de solidité du sol (MRNF, 2008). Il s’avère donc important de bien
connaître le drainage du bassin versant afin d’éviter toute modification majeure à des
secteurs fragiles comme les milieux humides.
Milieux humides
Les milieux humides, qu’il s’agisse de marais, de marécages ou de tourbières, sont « des
sites saturés d'eau ou inondés pendant une période suffisamment longue pour influencer
la nature du sol ou la composition de la végétation. Ces sols, minéraux ou organiques,
sont influencés par de mauvaises conditions de drainage alors que la végétation se
compose essentiellement d'espèces ayant une préférence pour des lieux humides ou
d’espèces tolérant des inondations périodiques » (Couillard et Grondin, 1986).
Ces milieux renferment des habitats uniques et essentiels à bon nombre d’espèces, par
exemple comme aire d’alimentation, de repos, de reproduction ou de nidification. Ils
renferment une grande biodiversité dont plusieurs espèces vulnérables, menacées ou
susceptibles de le devenir. Ils sont reconnus comme étant des éléments essentiels dans la
filtration des eaux en emmagasinant divers polluants et éléments nutritifs (phosphates et
nitrates). Ils exercent également des fonctions de régulation hydrologique, en retenant les
eaux de surface lors de fortes pluies et en les libérant lors des étiages, ce qui contribue au
ralentissement de l’érosion et au maintien de la qualité des habitats aquatiques. La
présence des milieux humides permet de maintenir la qualité de l’eau de l’ensemble du
réseau hydrographique (adapté de Canards Illimités Canada, 2012).
Plus la superficie des milieux humides est étendue, plus leur diversité augmente
(Environnement Canada, 2004). Néanmoins, même de très petits milieux humides ont une
valeur écologique; ils peuvent être utilisés par les amphibiens lors de la reproduction ou
peuvent offrir un habitat à la sauvagine pour la formation des couples au printemps et pour
l’alimentation. Même aussi petit qu’un hectare, un milieu humide peut soutenir de petites
populations permanentes de rat musqué; certaines espèces d’herpétofaune persistent
quant à elles dans des milieux de 0,2 ha, et encore plus petits s’ils sont situés à proximité
d’autres milieux humides (Semlitsch et Bodie, 2003).
Les données disponibles qui ont été utilisées pour identifier les milieux humides du bassin
versant du ruisseau Racey répertorient les milieux humides de 1 ha et plus. Elles
proviennent de la base de données du plan régional des milieux humides de la région
administrative de l’Estrie de Canards Illimités (2007), lesquelles n’ont pas été validées sur
le terrain.
La superficie totale des milieux humides faisant partie du bassin versant du ruisseau
Racey est de 618 ha, tandis que la tourbière de Johnville couvre une superficie
La carte des milieux humides (annexe 3) indique les types de milieux humides que l’on
retrouve surtout au nord du Parc écoforestier de Johnville. On y dénote la présence de la
tourbière, mais aussi de marais et de marécages arbustifs et arborés. Les autres milieux
humides présents sur le territoire n’ont pas été classifiés par type de milieu humide.
Type de tourbière
En regard de ces éléments, Cloutier (2001) conclut que la tourbière de Johnville est un
bog, hormis la zone qui s’étend de part et d’autre du ruisseau Racey, qui serait un fen
riverain.
Les milieux forestiers du bassin versant sont illustrés par les différents types écologiques.
Ceux-ci représentent une combinaison permanente de la végétation potentielle et des
caractéristiques physiques du territoire. C’est une unité synthèse de classification qui
exprime à la fois les caractéristiques physiques du milieu et les caractéristiques
dynamiques et structurales de la végétation (AMFPE, 2002). Les types écologiques
répertoriés dans le bassin versant du ruisseau Racey sont représentés sur la carte de
l’annexe 7.
Globalement, le milieu forestier du bassin versant du ruisseau Racey, qui couvre 1 712 ha
(incluant la plupart des milieux humides), c'est-à-dire 62 % du territoire, est à forte
dominance de feuillus, des écosystèmes forestiers qui sont parmi les plus riches en
espèces au Québec. Les principaux types écologiques représentés sont la pessière
blanche, la cédrière issue d’agriculture, la bétulaie jaune à sapin, la sapinière à thuya, la
cédrière à sapin, la bétulaie jaune à sapin et érable à sucre, l’érablière à tilleul, et la
frênaie noire à sapin.
Les peuplements forestiers matures ont aussi été utilisés pour caractériser le territoire. La
« classe d’âge » des peuplements forestiers informe à la fois sur la structure du
peuplement et sur l’âge des tiges qui le composent. En effet, les structures régulière,
irrégulière ou étagée du peuplement aident à déterminer si les tiges qui le composent sont
dans la même classe d’âge (équien) ou dans des classes d’âge différentes (inéquien)
(MRNF, 2008).
L’âge et la structure des peuplements forestiers sont associés à des changements dans la
composition de la faune et de la flore. Certaines espèces nécessitent d’ailleurs des
habitats disponibles exclusivement dans les forêts matures et surannées. La présence de
ces forêts dans le paysage est donc essentielle pour le maintien de la biodiversité.
Mis à part quelques exceptions, les forêts du sud du Québec ont été largement exploitées.
Par conséquent, les forêts anciennes sont très rares et la proportion de vieilles forêts de
100 ans ou plus est faible. Pour réaliser les cartes du plan de conservation, NCE a opté
pour l’identification des forêts les plus susceptibles de renfermer des caractéristiques de
forêts matures ou dont la conservation permettrait de rendre disponible ce type d’habitat à
relativement court terme. Pour cela, on a retenu les peuplements résineux de classe
70 ans et plus ainsi que les peuplements feuillus ou mixtes de 90 ans et plus du SIEF, de
même que les peuplements VIN (vieux inéquiens) et VIR (vieux inéquiens résineux)
(annexe 8). Dans le bassin versant du ruisseau Racey, 137 ha de peuplements résineux
de 70 ans et plus, VIN et VIR sont présents dont 27 ha de résineux de 90 à 120 ans. Les
peuplements mixtes de 90 ans et plus, VIN et VIR couvrent 37 ha de la superficie du
bassin versant tandis qu’aucun peuplement feuillu de 90 ans et plus et VIN et VIR n’a été
répertorié.
Espèces floristiques
Espèces fauniques
Poissons
réalisé cet inventaire sur une portion du ruisseau Racey dans le cadre d’une étude qui
portait sur l’évolution de la qualité de l’eau de bassins versants en se basant sur les
communautés de poissons. Au moins 10 espèces de poissons ont été inventoriées selon
cette étude.
Amphibiens et reptiles
Les inventaires des amphibiens et des reptiles réalisés au Parc écoforestier de Johnville,
ont permis de répertorier la présence de 2 espèces de reptiles et de 13 espèces
d’amphibiens (Corporation de conservation du boisé de Johnville, 2011, L’Heureux 2007,
L’Heureux 2008, Richardson et McDonald 2001, Morin, 2012).
Oiseaux
Mammifères
Les seuls inventaires de mammifères qui ont été réalisés sur le territoire du bassin versant
du ruisseau Racey l’ont été au Parc écoforestier de Johnville. Les inventaires de chauve-
souris (Envirotel, 2002) et de micromammifères (Envirotel 3000, 2002) ont répertorié la
présence de 12 espèces de micromammifères et celle de 4 espèces de chauve-souris. En
outre, Michaud (1993) dans Cloutier (2001) a dressé la liste des mammifères qui ont déjà
été capturés ou observés de façon ponctuelle, en dehors d’une campagne d’inventaire.
Les données de capture proviennent des collections de mammifères des Universités de
Sherbrooke et Bishop’s (Cloutier, 2001). D’autres observations, indiquent la présence de
mammifères tels l’ours noir (Ursus americanus), l’orignal (Alces alces) et le cerf de Virginie
(Odocoileus virginianus), le renard roux (Vulpes vulpes) et le porc-épic (Erethizon
dorsatum). Au total, 30 espèces de mammifères ont été répertoriées.
Les espèces à statut particulier sont celles qui ont été désignées ou sont susceptibles
d’être désignées « menacées» ou « vulnérables» en vertu de la Loi sur les espèces
menacées ou vulnérables du Québec, ou encore en vertu de la Loi sur les espèces en
péril du Canada. Ce sont généralement des espèces relativement rares ou qui subissent
fortement les impacts des activités humaines, notamment par leur exploitation ou par la
transformation de leur habitat.
La protection des espèces à statut particulier est un élément fondamental dans le maintien
de la biodiversité d’un milieu naturel. Les zones où il y a présence d’espèces à statut
particulier sont considérées comme des zones biogéographiques à forte biodiversité en
raison de la richesse exceptionnelle qu’elles renferment et du rôle qu’elles exercent dans
son maintien (Zachos et Habel, 2011).
d’occurrences d’espèces à statut particulier dans la base de données ne signifie pas que
le territoire en soit exempt. L’absence d’occurrences est généralement liée au fait que le
site n’a pas encore été inventorié. Il est alors d’autant plus important d’accorder une
attention particulière à ces espèces lors des inventaires. Dix-huit espèces ont été
répertoriées sur le territoire du bassin versant du ruisseau. Racey. Celles-ci sont
représentées à l’annexe 9 et au tableau 3).
Plantes vasculaires
Allium tricoccum Ail des bois Vulnérable
Matteuccia Matteucie fougère-à- Vulnérable à la
struthiopteris l’autruche récolte
Dryopteris clintoniana Dryoptère de Clinton Susceptible
Cypripedium reginae Cypripède royal Susceptible
Sanguinaria Sanguinaire du Canada Vulnérable à la
canadensis récolte
Juglans cinerea Noyer cendré Susceptible En voie de
disparition
Hydrophyllum Hydrophylle du Canada Menacée
canadense
Amphibiens
Desmognathus fuscus Salamandre sombre du Nord Susceptible Non en péril
Reptiles
Clemmys insculpta Tortue des bois Vulnérable Menacée
Oiseaux
Contopus cooperi Moucherolle à côté olive Susceptible Menacée
Hylocichla mustelina Grive des bois Menacée
Wilsonia canadensis Paruline du Canada Susceptible Menacée
Contopus virens Pioui de l’Est Préoccupante
Chordeiles minor Engoulevent d’Amérique Susceptible Menacée
Mammifères
Synaptomys cooperi Campagnol-lemming de Susceptible
Cooper
Microtus chrotorrhinus Campagnol des rochers Susceptible
Lasiurus cinereus Chauve-souris cendrée Susceptible
Lasionycteris Chauve-souris argentée Susceptible
noctivagans
Espèce désignée menacée, vulnérable ou susceptible de le devenir en vertu de la Loi sur les espèces menacées ou
vulnérables (L.R.Q. c. E-12.01).
Espèces désignées disparue, en voie de disparition, menacée, non en péril, préoccupante, données insuffisantes selon
la Loi sur les espèces en péril du Canada.
Aire protégée
Selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN, 2012), une aire
protégée est «un espace géographique clairement défini, reconnu, dédié et géré, par des
moyens légaux ou autres, afin de favoriser la conservation à long terme de la nature et
des services écosystémiques et des valeurs culturelles qui y sont liés».
Dans le bassin versant du ruisseau Racey, 227,51 ha de milieux naturels soit 8,2 % du
territoire du bassin versant sont protégés légalement et à perpétuité. La totalité de l’aire
protégée fait partie du Parc écoforestier de Johnville.
Moins de 1 % du territoire est utilisé à des fins d’extraction et résidentielle. Notons que
l’extraction est surtout réalisée par des compagnies qui exploitent les gravières et qui sont
localisées au sud du bassin versant.
* Les emprises de routes sont incluses dans "forêt", "agricole" et "résidentiel" et les milieux humides sont inclus dans les
forêts en presque totalité ou en totalité.
Zonage agricole
La Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles (LPTAAQ) est l’outil mis à la
disposition de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) afin
d'assurer la pérennité d'une base territoriale pour la pratique de l'agriculture. Ainsi, les
territoires zonés agricoles, dits « zonés verts », sont moins propices au développement
résidentiel, commercial et industriel, car ils bénéficient d’une certaine protection en vertu
de la LPTAAQ, contrairement aux terrains « zonés blancs » où la conversion de l’usage
est souvent irréversible.
Usage permis ■ Sujet à la politique régissant l’implantation des carrières, sablières et gravières; ●
Commerces liés aux usagers de la route sur le réseau supérieur; ♦ Commerces liés à la ressource
agricole ou forestière; ▲ Dans les bâtiments existants servant à des fins industrielles ou
d’extraction à l’entrée en vigueur du schéma d’aménagement révisé.
d’urbanisation
d’urbanisation
avec services
sans service
Affectations
Périmètre
Périmètre
Agricole
Rurale
Usages
Agriculture
Agrotourisme
Carrière, sablière et
■ ■
gravière
Commerces ●
Commerces de villégiature
Commerces liés à la
♦ ♦
ressource
Ensembles touristiques
intégrés
Forestier
Hébergement
Hébergement de type bed
and breakfast
Hébergement commercial
Industrie à facteur
contraignant
Industrie à facteur non
▲
contraignant
Institution
Récréation extensive
Récréation intensive
Résidence unifamiliale
Résidence unifamiliale
jumelée
Résidence bifamiliale
Résidence multifamiliale
Restauration
Services personnels et
professionnels
Services régionaux
Transformation liée à la
♦ ♦
ressource
Source : Adapté du schéma d’aménagement révisé de la MRC du HSF, 2001.
_______________________________________________________________________________
Le plan d’urbanisme
Règlement de zonage
Selon le plan d’urbanisme et son règlement de zonage (2008), 5 zones sont déterminées
sur le territoire du bassin versant du ruisseau Racey. Le règlement de zonage de la
municipalité identifie différents types de zonage qui se réfèrent à un groupe de
constructions et d'usages dominants (annexe 12). Des spécifications particulières à
chaque zone sont établies par l'entremise de la grille des spécifications associée au
règlement de zonage. Celles-ci sont présentées pour chaque zone représentée dans le
bassin versant au tableau 7.
Agricole (A1)
Agricole (A2)
Rural (RU3)
Résidentiel (RE4)
Résidentiel (RE8)
Agricole et Ferme x x
forestier Laboratoire de recherche agricole x x
Centre équestre x
Horticulture x x
Exploitation forestière x x
Première transformation de produits agroforestiers x x
Carrières, gravières et sablières x x
Récréotouristique Culture
Activités sportives de plein-air x
Hébergement
Récréation intensive
Récréation extensive x x
Commerces de villégiature
Conservation x x
Agrotourisme x x
CONSTRUCTIONS OU USAGES
SPÉCIFIQUEMENT AUTORISÉS
A1 A2 RU3 RE4 RE8
Normes Nombre maximum d'étages hors sol apparent(s) de 2 2 2
d’implantation l'extérieur
Nombre minimum d'étages hors sol apparent(s) de 1 1 1
l'extérieur
Marge de recul avant minimale (m) 6 6 6
Marge de recul arrière minimale (m) 3 3 3
Marge de recul latérale minimale (m) 2 2 2
Somme des marges de recul latérales (m) 4 4 4
Rapport plancher / terrain 0,2 0,6 0,5
Pour les territoires d’intérêt écologique des dispositions particulières sont précisées dans
le règlement de zonage (2008). L’excavation du sol, le déplacement d’humus, les travaux
de déblai ou de remblai sont prohibés. Les embarcations propulsées par des moteurs à
essence et les véhicules tout-terrain sont prohibés tandis que les aménagements sur
pilotis permettant l’observation de la nature sont permis.
Infrastructures
Il existe trois barrages situés sur un des affluents du ruisseau Racey. Ils sont utilisés pour
la plupart à des fins récréatives et de villégiature. Le maintien en bon état de ces barrages
est important pour éviter les impacts potentiels d’une crue soudaine sur les écosystèmes
aquatiques en aval.
Les bâtiments sont surtout situés le long des routes et chemins ainsi que dans les
secteurs résidentiels, dans la zone urbaine, au sud du bassin versant.
L’analyse des liens entre les caractéristiques biophysiques et les paramètres de gestion et
d’aménagement du territoire permet de mettre en évidence les éléments clés de la
biodiversité et les zones fragiles à conserver ainsi que les pressions que subissent ou
pourraient subir certains milieux naturels en fonction de l’utilisation du territoire.
Afin d’identifier les secteurs d’intérêt écologique pour la conservation dans le bassin
versant du ruisseau Racey, les critères suivants ont été utilisés :
Critères écologiques :
Une concentration de milieux naturels dans un secteur (ex: milieu humide, forêt,
cours d’eau) ;
Il est reconnu, à l’échelle mondiale, que les principales pressions sur la biodiversité et les
écosystèmes sont la transformation des habitats, les changements climatiques, les
espèces envahissantes, la surexploitation et la pollution (Millennium Ecosystem
Assessment, 2005).
Bien que ces pressions soient toutes importantes, à l’échelle du bassin versant, les
pressions liées à la transformation des habitats qui sont généralement associées
directement à l’utilisation du territoire ont principalement été prises en considération. Les
outils d’aménagement du territoire, les différentes affectations et les usages permis
reflètent les pressions potentielles que pourraient subir les milieux naturels. Par exemple,
une affectation définie comme urbaine et périurbaine, villégiature, enfouissement-
entreposage, extraction, industrielle et institutionnelle indique un niveau de vulnérabilité
potentielle élevée en comparaison avec d’autres types d’affectations du territoire (CRRNT,
2011). En identifiant les pressions potentielles sur les milieux naturels, cela permet aussi
de préciser s’il est urgent ou non de protéger certains milieux naturels d’intérêt. Ainsi, plus
les possibilités de perturbations du milieu naturel sont grandes, plus l’urgence de protéger
est grande. Dans un contexte où l’on vise la préservation des milieux naturels d’intérêt sur
un territoire, l’identification des pressions sur ces milieux permet d’orienter les actions de
conservation et de prévenir la perte de la biodiversité.
Les principales menaces potentielles sur les milieux naturels en lien avec l’utilisation et
l’affectation du territoire sont présentées au tableau 8.
Une fois que les milieux d’intérêt écologiques ainsi que les principales pressions sur ces
milieux ont été identifiés, des priorités d’actions sont établies. Bien que tous les milieux
naturels méritent d’être préservés, il n’en demeure pas moins que l’on doit porter une
attention particulière aux milieux de valeur exceptionnelle ou qui subissent des pressions
importantes.
Les priorités de conservation dans le bassin versant du ruisseau Racey ont été identifiées
en tenant compte de l’importance de préserver la tourbière de Johnville et ses fonctions
écologiques ainsi que les milieux humides adjacents qui forment un complexe de milieux
humides d’importance.
Plus spécifiquement, selon les limites approximatives de la tourbière, certaines portions non
protégées de la tourbière se trouvent sur deux propriétés privées.
Continuer les démarches amorcées afin d’obtenir, à court terme, des ententes légales
(acquisition, servitude de conservation, réserve naturelle) visant la protection des
propriétés suivantes :
o Propriété Veilleux (4 486 333)
o Propriété Optiforêt (4 486 457)
Priorité 2 : Préserver les milieux humides, autres que la tourbière (bog), faisant partie
du complexe de milieux humides
Ce secteur comprend les milieux humides (tourbière (fen riverain), marais, marécage arboré
ou arbustif) adjacents à la tourbière ombrotrophe et localisés le long de la branche principale
du ruisseau Racey, à l’est du Parc écoforestier de Johnville ainsi que la branche secondaire
située au nord-est du Parc.
Plus spécifiquement, les propriétés suivantes sont ciblées dans ces secteurs :
Faire une analyse approfondie, incluant des visites sur le terrain, afin de déterminer la
localisation d’une zone tampon de 30 m de largeur ou plus qui optimiserait la
conservation de la tourbière et des milieux humides adjacents ainsi que les lacs
Jenckes ;
Dans les zones tampons qui ont été identifiées à titre indicatif (30 m et 100 m) les
secteurs suivants sont prioritaires :
o Tous les autres secteurs de la zone tampon, au sud, à l’ouest, au nord et à l’est
font partie de la zone agricole dont le zonage municipal est RU3 et A2. Mis à part
les portions de ce territoire qui sont déjà protégées, l’utilisation actuelle est en
grande partie agricole et forestière. Il est à noter que le développement de
nouvelles gravières ou sablières est possible selon ces types de zonage. Les
propriétés de cette partie de la zone tampon sont déjà ciblées par les actions de
conservation identifiées à la priorité 2.
Pour les gravières Bouchard et DJL, assurer la mise en place d’une bande de
protection légale de 100 m pour préserver les lacs Jenckes et restaurer le couvert
végétal s’il y a lieu.
Dans les affectations rurale et agricole, amorcer une démarche auprès des
propriétaires favorisant le maintien ou la restauration du couvert forestier dans la
zone tampon de 100 m.
Dans un bassin versant, l’usage du sol a un impact direct sur la qualité de l’eau et des
habitats aquatiques. Une proportion élevée de couvert forestier en rive et dans le bassin
serait l’un des facteurs favorisant une bonne qualité des lacs et des cours d’eau
(Environnement Canada, 2004). Toutefois, la cible du plan de conservation ne peut
comprendre toutes les forêts du bassin si on souhaite qu’elle soit applicable. Par ailleurs,
les forêts adjacentes à des milieux humides procurent une protection aux milieux humides
(zone tampon) et un habitat pour la faune qui requiert à la fois des milieux forestiers et
humides au cours de leur cycle de vie. De plus, les milieux humides sont davantage
susceptibles de soutenir les fonctions ou les attributs directement reliés au fonctionnement
de la terre humide s’ils comprennent également des milieux naturels adjacents servant
d’habitats saisonniers (Environnement Canada, 2004). La priorité 4 vise donc
spécifiquement les forêts adjacentes aux milieux humides ciblés à la priorité 3.
Au nord de la tourbière :
Au nord-est de la tourbière :
Propriété Carolene Downey et Pierre Roberge (4 486 507) (déjà ciblée pour
la priorité 2)
Propriété Dr. Marc Bellavance (4 486 518) (déjà ciblée pour la priorité 2)
Propriété Joselito Scrosati (5 002 145)
Les secteurs forestiers renfermant des espèces en situation précaire ou des milieux
sensibles comme les lacs Jenckes.
Au sud de la tourbière
Amorcer une démarche auprès des propriétaires pour obtenir des ententes légales
visant le maintien du couvert forestier, en favorisant la conservation volontaire.
Comme pour le projet de conservation des monts Stoke, développer avec les
propriétaires producteurs forestiers une approche de « gestion intégrée » de la forêt
afin d’assurer à la fois l’exploitation de la forêt et la conservation des zones fragiles.
La dernière priorité du plan vise à assurer le maintien à long terme des éléments importants
d’hydro-connectivité dans le territoire cible, à la fois pour préserver les milieux humides
jugés prioritaires (priorité 2) et pour contribuer à la qualité des eaux du bassin-versant. Les
mesures de conservation cibleront donc surtout les cours d’eau et plans d’eau situés en
amont du complexe de milieux humides et en lien avec ceux-ci.
Propriétés ciblées : cours d’eau et plans d’eau en lien avec le complexe de milieux humides
et non couverts par les autres priorités ci-haut.
Prioriser les segments des cours d’eau traversant des zones humides et ceux qui
établissent un lien hydrologique avec d’autres milieux humides.
Déterminer les problématiques associées à ces segments de cours d’eau qui ont
une influence sur le régime hydrique ou les caractéristiques biophysiques du cours
d’eau et préciser les mesures concrètes pour atténuer ces problématiques.
Pour les cours d’eau ciblés en amont du complexe de milieux humides, mettre en
place une démarche de conservation volontaire pour les propriétaires du milieu
agricole dont les terres sont traversées par les cours d’eau.
Recommandations générales
Identifier au schéma d’aménagement les aires protégées par un statut légal. Le Parc
écoforestier de Johnville devrait être identifié de cette façon au schéma
d’aménagement.
Acquisition de connaissances
La conservation des milieux naturels s’appuie sur les connaissances disponibles sur le
territoire cible. L’acquisition de connaissances permet de combler les lacunes en termes
d’information sur la nature et la répartition des espèces, et de raffiner les stratégies de
conservation. En ce sens, les actions proposées sont les suivantes :
Effectuer des inventaires écologiques dans les secteurs identifiés comme étant
prioritaires pour la conservation dans le bassin versant, notamment les milieux
humides ;
Information et sensibilisation
Conclusion
Le plan de conservation vise à préserver les milieux naturels d’intérêt du bassin versant du
ruisseau Racey, plus particulièrement la tourbière de Johnville, ainsi que leurs fonctions
écologiques. L’analyse des milieux naturels à préserver et des principales menaces qui
constituent des pressions réelles ou potentielles sur ces milieux constituait une démarche
essentielle pour atteindre cet objectif. Celle-ci a permis de préciser quels sont les milieux à
préserver en priorité dans le bassin versant ainsi que les actions de conservation qui
devront être posées pour protéger ces milieux.
Le plan de conservation constituera un outil par excellence pour guider Nature Cantons-
de-l’Est dans la mise en œuvre d’actions de conservation ciblées et cohérentes avec les
objectifs de l’organisme, en fonction des opportunités de partenariats et de financement.
De plus, cet outil de planification de la conservation servira à NCE pour guider les
aménagistes et gestionnaires du territoire dans l’amélioration de leurs outils de gestion du
territoire, notamment le plan d’urbanisme et la réglementation municipale.
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