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Plan de conservation

du bassin versant du ruisseau Racey


et de la tourbière de Johnville

Réalisé par Nature Cantons-de-l’Est

Décembre 2012

Projet financé par


_______________________________________________________________________________

ÉQUIPE DE RÉALISATION
Coordination

Lucie De Serres, biologiste, M. Env. Directrice, Nature Cantons-de-l’Est

Rédaction

Francine Hone, biologiste en conservation Collaboratrice au projet

Cartographe

Vincent Fréchette, géographe CARTEQ, géomatique et cartographie

Révision interne

Caroline Cloutier, biologiste, M. Env. Présidente, Nature Cantons-de-l’Est


Lucie De Serres, biologiste, M. Env. Directrice, Nature Cantons-de-l’Est

Production

Nature Cantons-de-l'Est
C.P. 87 Succursale Lennoxville
Sherbrooke (Québec)
Téléphone.: 819-569-9388
Télécopieur.: 819-563-3705
Courriel : info@naturecantonsdelest.ca
Site internet : www.naturecantonsdelest.ca

NOTE AU LECTEUR

Ce document contient des informations relatives à la localisation de milieux


naturels d’intérêt et d’espèces à statut particulier. Le lecteur est invité à limiter la
diffusion de ce document et à demeurer discret afin de favoriser le maintien de ces
milieux et de protéger les espèces qui en dépendent.

REMERCIEMENTS

Ce plan de conservation a été réalisé grâce à la contribution financière du programme


Partenaires pour la nature du ministère du Développement durable, de l'Environnement,
de la Faune et des Parcs du Québec, du programme Protéger les habitats fauniques de la
Fondation de la faune du Québec ainsi que de la Fondation EJLB.

Plan de conservation du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière de Johnville 1


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Table des matières

Équipe de réalisation……………………………………………………………………... 1
Table des matières……………………………………………………………………….. 2
Liste des tableaux………………………………………………………………………… 3
Liste des annexes………………………………………………………………………… 4

Introduction………………………………………………………………………………… 5
1. Présentation de Nature Cantons-de-l’Est…………………………………………… 6
2. Localisation du territoire………………………………………………………………. 6
3. Problématique………………………………………………………………………….. 6
4. Historique des actions de conservation dans le bassin versant du
ruisseau Racey (1919 à 2012)……………………………………………………...... 7
5. Démarche méthodologique…………………………………………………………… 8
5.1 Principales étapes………………………………………………………… 8

5.2 Description des paramètres……………………………………………... 8

6. Description du territoire cible du plan de conservation…………………………….. 17


6.1 Délimitation du territoire…………………………………………………. 17

6.2 Classification écologique………………………………………………… 18

6.3 Description des éléments biophysiques……………………………….. 18

6.4 Caractéristiques territoriales du bassin versant………………………. 27

7. Identification des milieux naturels à préserver et des pressions sur ces milieux 34
7.1 Les milieux naturels à préserver………………………………………… 34

7.2 Pressions sur les milieux naturels………………………………………. 35

7.3 Priorité des actions de conservation……………………………………. 37

Conclusion…………………………………………………………………………………. 44
Références et bibliographie……………………………………………………………… 45
Annexes
_______________________________________________________________________________

Liste des tableaux

Tableau 1. Paramètres biophysiques utilisés dans l’analyse du territoire…............. 9

Tableau 2. Paramètres de gestion et d’aménagement utilisés dans l’analyse du


territoire……………………………………………………………………... 14

Tableau 3. Liste des espèces à statut particulier du bassin versant du ruisseau


Racey……………………………………………………………………….. 26

Tableau 4. Utilisation du sol du bassin versant du ruisseau Racey……………….. 27

Tableau 5. Caractéristiques des grandes affectations de la MRC du Haut-Saint-


François présentes dans le bassin versant du ruisseau Racey…….... 29

Tableau 6. Types d’usages selon les différentes affectations de la MRC du


Haut-Saint-François présentes dans le bassin versant du ruisseau
Racey……………………………………………………………………….. 30

Tableau 7 Grille de spécifications des usages dans le bassin versant du


ruisseau Racey…………………………………………………………….. 32

Tableau 8. Principales menaces sur les milieux naturels………………………….… 35

Plan de conservation du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière de Johnville 3


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Liste des annexes

Annexe 1. Territoire d’action de Nature Cantons-de-l’Est

Annexe 2. Localisation du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière de


Johnville

Annexe 3. Réseau hydrographique et milieux humides du bassin versant du


ruisseau Racey et de la tourbière de Johnville

Annexe 4. Topographie du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière de


Johnville

Annexe 5. Dépôts de surface dans le bassin versant du ruisseau Racey et de la


tourbière de Johnville

Annexe 6. Drainage des terres du bassin versant du ruisseau Racey et de la


tourbière de Johnville

Annexe 7. Couvert forestier du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière


de Johnville

Annexe 8. Vieilles forêts et peuplements forestiers matures du bassin versant du


ruisseau Racey et de la tourbière de Johnville

Annexe 9. Éléments d’intérêt pour la biodiversité du bassin versant du ruisseau


Racey et de la tourbière de Johnville

Annexe 10. Utilisation du sol du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière


de Johnville

Annexe 11. Grandes affectations du territoire du bassin versant du ruisseau Racey et


de la tourbière de Johnville

Annexe 12. Zonage municipal du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière


de Johnville

Annexe 13. Infrastructures du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière de


Johnville

Annexe 14. Éléments d’intérêt pour la biodiversité, milieux humides et cadastre du


bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière de Johnville

Annexe 15. Priorités des actions de conservation du bassin versant du ruisseau


Racey et de la tourbière de Johnville

Annexe 16. Milieux humides du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière


de Johnville et zones tampons

Plan de conservation du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière de Johnville 4


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INTRODUCTION
Au Québec, les milieux humides occupent plus ou moins 17 millions d’hectares ou
170 000 km², soit environ 10 % de l’ensemble du territoire. Au cours des dernières
années, on a reconnu la valeur des terres humides et déployé des efforts afin de protéger
ces écosystèmes (MDDEP, 2012).

Qu’il s’agisse d’étangs, de marais, de marécages ou de tourbières, ces écosystèmes sont


reconnus pour leurs fonctions écologiques importantes qui procurent de nombreux biens
et services écologiques à la société.

Cependant, ces milieux humides sont très vulnérables aux activités humaines. Malgré leur
importance, ils ne cessent de disparaître et d’être altérés en raison en grande partie de
l’urbanisation et de l’agriculture (Environnement Canada, 2004).

Les milieux humides du bassin versant du ruisseau Racey ne font pas exception à cette
règle. Plus particulièrement, la tourbière de Johnville, milieu exceptionnel du point de vue
biologique et par sa dimension, a subi plusieurs perturbations.

Bien que des actions de conservation se soient déjà concrétisées par la protection de
227,51 ha du territoire et que la tourbière de Johnville soit préservée sur plus de 94 % de
sa superficie, l’approche de conservation n’avait pas à ce jour situé cet écosystème dans
le contexte de son bassin versant. Cette approche que sous-tend le plan de conservation
vise notamment à prendre en compte, à l’échelle du bassin versant du ruisseau Racey, la
présence des différents écosystèmes, des milieux sensibles ainsi que l’utilisation du
territoire, en particulier en amont de la tourbière et dans sa zone tampon.

Le but du plan de conservation est la conservation des milieux naturels d’intérêt du bassin
versant du ruisseau Racey, plus particulièrement la tourbière de Johnville. Bien que
l’ensemble du bassin versant soit pris en compte dans l’analyse du territoire, une attention
particulière est portée aux milieux naturels liés géographiquement à la tourbière ou ayant
une influence sur ce milieu sensible. De plus, l’utilisation du territoire du bassin versant est
aussi considérée afin de déterminer les pressions potentielles sur les milieux naturels à
préserver.

Plus spécifiquement, les objectifs du plan de conservation visent à décrire le territoire du


bassin versant en ciblant particulièrement la tourbière de Johnville. Pour ce faire, les
éléments biophysiques du territoire sont présentés, ainsi que les caractéristiques liées à
l’utilisation et l’aménagement du territoire. Les milieux naturels d’intérêt à préserver sont
identifiés et des actions de conservation sont proposées et priorisées.

Grâce à cet outil qui servira à orienter et guider les actions de conservation, Nature
Cantons-de-l’Est (NCE) espère qu’à moyen et long terme (5 ans et plus), les superficies
d’aires protégées dans le bassin versant du ruisseau Racey seront augmentées et plus
particulièrement celles de l’écosystème de la tourbière de Johnville. En outre, la mise en
œuvre des recommandations du plan de conservation devrait tendre à un équilibre entre
la conservation et l’aménagement du territoire, en collaboration avec les propriétaires de
terres privées, la municipalité de Cookshire-Eaton et la municipalité régionale de comté
(MRC) du Haut St-François.

Plan de conservation du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière de Johnville 5


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1. Présentation de Nature Cantons-de-l’Est

Nature Cantons-de-l’Est (auparavant connu sous le nom de Corporation de conservation


du boisé de Johnville) est un organisme de conservation, sans but lucratif, ayant un statut
d’organisme de bienfaisance. Il a comme mission de protéger et de mettre en valeur le
patrimoine naturel des Cantons-de-l’Est afin de permettre aux générations actuelles et
futures de mener une existence harmonieuse fondée sur un environnement sain. Il appuie
et met en œuvre des initiatives de conservation, encourage la fréquentation des milieux
naturels, vise une meilleure connaissance des écosystèmes et de la biodiversité par
l’éducation et la sensibilisation, et collabore à des activités de recherche.

Depuis 2011, NCE a redéfini son territoire d’action qui couvre essentiellement le moyen et
le haut bassin de la rivière Saint-François (annexe 1). La conservation et la gestion du
Parc écoforestier de Johnville sont à l’origine des activités de NCE depuis 1989, activités
qui se poursuivent encore aujourd'hui. D’autres initiatives de conservation sont aussi en
cours, dont celle visant la préservation d’un des grands massifs forestiers de la région,
celui des monts Stoke.

2. Localisation du territoire

Le territoire du bassin versant du ruisseau Racey, qui inclut la tourbière de Johnville, est
situé dans la MRC du Haut-Saint-François, dans la région administrative de l’Estrie. Plus
précisément, il est localisé dans la municipalité de Cooshire-Eaton, à environ 1 km au nord
du village de Johnville. Par rapport aux principales villes, le site est à environ 15 km à l’est
de Sherbrooke, à 9 km à l’est de l’arrondissement de Lennoxville et à 15 km au sud-ouest
de Cookshire (annexe 2).

3. Problématique

L’altération des milieux humides constitue un problème connu et généralisé au sud du


Québec, où l’urbanisation et les activités agricoles sont les plus intensives. Les milieux
humides du bassin versant du ruisseau Racey ne font pas exception à cette règle. Plus
particulièrement, la tourbière de Johnville a subi de nombreuses perturbations : élimination
et modification du couvert végétal, extraction de la tourbe, drainage, redressement du
ruisseau Racey, etc. sans compter l’utilisation du territoire à des fins forestières et
agricoles. De plus, l’exploitation des gravières dans la zone limitrophe a entraîné des
modifications aux milieux naturels en périphérie de la tourbière.

La tourbière est un milieu humide relativement rare pour la région. L’ensemble du site
présente une grande diversité écologique tant au niveau de la richesse en espèces
floristiques et fauniques qu’en termes de diversité du paysage. Bien que ce site ait fait
l’objet de diverses perturbations au cours des années, l’intégrité écologique de certaines

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portions de la tourbière demeure élevée ce qui ajoute à la valeur de cet écosystème


(Cloutier, 2001).

Afin de préserver ce milieu exceptionnel et de freiner sa dégradation, une approche


globale à l’échelle du bassin versant du ruisseau Racey s’avère nécessaire, ce qui
constitue l’objet de ce plan de conservation.

4. Historique des actions de conservation dans le bassin


versant du ruisseau Racey (1919 à 2012)

Le Parc écoforestier de Johnville a d’abord été constitué d’un ensemble de terrains


adjacents (180 ha au total) acquis entre 1919 et 1976 par la Ville de Lennoxville afin de
sécuriser un approvisionnement en eau de surface. Il a d’ailleurs été la principale source
d’eau potable de la ville entre 1921 et 1949. C’est ensuite devenu une source
complémentaire, qui n’a été définitivement abandonnée qu’en 1986. Suite à la fusion
municipale de janvier 2002, le Parc est devenu la propriété de la Ville de Sherbrooke.

Nature Cantons-de-l’Est est pour sa part propriétaire depuis 2007 de 44 hectares qui sont
contigus à la propriété des universités (annexe 3). Cette acquisition a été réalisée dans le
but de préserver à perpétuité cette propriété et de restaurer éventuellement la portion
dégradée de la tourbière.

Par la suite, en 2010, la Ville de Sherbrooke a cédé le Parc écoforestier de Johnville à


l’Université de Sherbrooke et à l’Université Bishop’s qui en sont toujours propriétaires
aujourd’hui. Dans la foulée de ce transfert, et de manière à assurer la protection à
perpétuité de la propriété des universités (fonds servant), une servitude de conservation a
été consentie en faveur de la propriété de Nature Cantons-de-l’Est (fonds dominant).

La gestion et l’entretien du site sont assurés depuis 1989 par NCE. L’organisme a réalisé
un plan d’aménagement du site, divers inventaires de la faune et de la flore ainsi que
plusieurs projets d’infrastructures notamment en collaboration avec l’Université de
Sherbrooke. Grâce à ces investissements, le Parc est ouvert au public depuis juin 2003
pour des activités récréatives de faible impact (randonnée pédestre, raquette, ski de fond)
et des activités éducatives.

En plus du plan d’aménagement du « boisé de Johnville », spécifique à ce qui constitue


maintenant la propriété des Universités (Cloutier, 2001), un plan de conservation et de
gestion du lot 25a-P (De Serres, 2008) a été produit pour la propriété de NCE.

Le présent plan de conservation est complémentaire à ces documents; il se veut un outil


qui servira à orienter et à guider les actions de conservation à l’échelle du bassin versant
du ruisseau Racey et ce, en collaboration avec les propriétaires de terres privées et les
gestionnaires du territoire, la MRC du Haut Saint-François et la municipalité de Cookshire-
Eaton.

Plan de conservation du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière de Johnville 7


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5. Démarche méthodologique

Un plan de conservation repose à la base sur la connaissance biophysique du territoire,


l’identification des milieux naturels à préserver et les pressions que ces milieux subissent
ou pourraient éventuellement subir. Pour préserver les milieux d’intérêt écologique et les
soustraire aux pressions anthropiques, ceux-ci doivent être identifiés et des actions de
conservation identifiées et priorisées.

Cette section indique les principales étapes de l’élaboration du plan de conservation ainsi
que les paramètres utilisés pour décrire le territoire, identifier les milieux naturels à
préserver et préciser les priorités d’actions de conservation.

5.1 Principales étapes

Les étapes qui ont mené à l’élaboration du plan de conservation sont les suivantes :

Recherche d’informations et de données numérisées à caractère biophysique et en


lien avec la gestion et l’aménagement du territoire ;
Intégration des données numérisées au système d’information géographique de
NCE et cartographie des principales caractéristiques retenues ;
Description du territoire du bassin versant du ruisseau Racey ;
Identification des milieux naturels d’intérêt et des pressions sur ces milieux ;
Priorisation des actions de conservation et recommandations.

5.2 Description des paramètres


L’analyse du territoire a reposé sur l’étude de paramètres écologiques et d’autres qui
concernent la gestion et l’aménagement du territoire. Ces paramètres sont présentés
succinctement aux tableaux 1 et 2. Ceux-ci ont permis d’élaborer les cartes à partir
desquelles l’analyse du territoire a été effectuée.

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Tableau 1. Paramètres biophysiques utilisés dans l’analyse du territoire

Paramètres Précisions Bases de données Sources

Topographie et pentes

Configuration de la surface terrestre représentée au Élévation et courbes de niveau Base nationale de données Ressources
moyen de courbes de niveau, de teintes topographiques GéoGratis Naturelles
hypsométriques et par estompage. Ce terme est (Échelle : 1/20 000), [Format : Canada, 2008
souvent synonyme de relief, la topographie est définie ArcView (Shapefile)].
par les hauteurs et les dépressions du terrain
(Ressources naturelles Canada, 2012).
Classes de pente : Système d'information
Selon le MRNF (2008), la classe de pente exprime écoforestière (Échelle : 1/20 000), MRNF, 2011
l’inclinaison moyenne du terrain occupé par un Nulle 4e inventaire forestier [Format :
peuplement et reflète le relief général du territoire. Faible ArcView (Shapefile)].
Douce
Modérée
Forte (31 à 40 %)
Abrupte (40 % et +)
Sommet

Dépôts meubles
Classes de dépôts : Système d'information MRNF, 2011
«Le « dépôt » est la couche de matériau meuble écoforestière (Échelle : 1/20 000),
(argile, limon, sable, gravier, cailloux, pierre ou bloc) Glaciaires 4e inventaire forestier [Format :
qui recouvre le roc. Il peut avoir été mis en place lors Fluvioglaciaires ArcView (Shapefile)].
du retrait du glacier à la fin de la dernière glaciation ou Fluviatiles
par d’autres processus associés à l’érosion et la Lacustres
sédimentation. La nature du dépôt meuble est évaluée Marins
à partir de la forme du terrain, de sa position sur la Littoraux marins
pente, de la texture du sol ou d’autres indices» Organiques
(MRNF, 2008). De pentes et d’altérations
Éoliens
Substrat rocheux
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Sols

Le système canadien de classification des sols définit Classes de sol Agriculture et


les classes de sol selon les caractéristiques des sols agroalimentaire
observables et mesurables qui reflètent le processus Exemples : Canada, 2012
de genèse des sols et les facteurs environnementaux
(climat, relief, roche-mère, biota et temps) (Agriculture Gleysols humiques
et agroalimentaire Canada, 2012). Brunisols mélaniques
Podzols humo ferriques
Sols organiques

L’épaisseur du sol est évaluée à partir de la forme du MRNF, 2011


terrain, de sa position sur la pente ou d'autres indices Classes d’épaisseur : Système d'information
(MRNF, 2008). écoforestière (Échelle : 1/20 000),
Épais 4e inventaire forestier [Format :
Épaisseur moyenne ArcView (Shapefile)].
Mince
Très mince
Mince à très mince (≤ de 50
cm)
Très mince ou absent

Drainage

Le drainage d’une station correspond à la vitesse à Classes de drainage : Système d'information MRNF, 2011
laquelle le surplus d’eau s’évacue dans le sol. Le écoforestière (Échelle : 1/20 000),
drainage est conditionné par la position topographique Excessif 4e inventaire forestier [Format :
(inclinaison de la pente, forme du terrain et position Rapide ArcView (Shapefile)].
sur le versant), la perméabilité du sol (texture, Bon
pierrosité, etc.) et l’assise rocheuse (géologie, Modéré
structure, etc.), l’épaisseur du dépôt de surface, Imparfait
l’abondance et la régularité des apports d’eau Mauvais
(pluviométrie et écoulement), ainsi que par les niveaux Très mauvais
atteints par la nappe phréatique (MRNF, 2008). Drainage complexe

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Cours d’eau et plans d’eau

« Toute masse d’eau qui s’écoule dans un lit avec un Lac Système d'information MRNF, 2011
débit régulier ou intermittent, y compris ceux qui ont Ruisseau permanent et écoforestière (Échelle : 1/20 000),
été créés ou modifiés par une intervention humaine, intermittent 4e inventaire forestier
ainsi que le fleuve Saint-Laurent et le golfe du Saint- Rivière [Format : ArcView (Shapefile)].
Laurent de même que toutes les mers qui entourent le Bandes riveraines
Québec, à l’exception du fossé de voie publique ou
privée, du fossé mitoyen et du fossé de drainage »
(MDDEP, 2002).

Milieux humides

« Ensemble des sites saturés d'eau ou inondés Marais Milieux humides non classifié de Ministère des
pendant une période suffisamment longue pour Marécage la Base de données Ressources
influencer la nature du sol ou la composition de la Tourbière topographiques du Québec naturelles et
végétation. Ces sols, minéraux ou organiques, sont Étang (BDTQ). Échelle : 1/20 000. Faune,1998.
influencés par de mauvaises conditions de drainage Prairie humide
alors que la végétation se compose essentiellement Milieux humides classifiés de
d'espèces ayant une préférence pour des lieux l’Atlas de conservation des terres
humides ou d’espèces tolérant des inondations humides de la vallée du Saint- Environnement
périodiques » (Couillard et Grondin, 1986). Laurent 1 : 80 000 (version 1), Canada – Service
Environnement Canada – Service canadien de la
canadien de la faune. faune 2003.

Données fusionnées et traitées par


Canards Illimités Canada pour les
plans régionaux.
Canards illimités
Canada, 2006-
2009.

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Milieu forestier (Type écologique) Types écologiques


Système d'information MRN, 2011
Le type écologique est l’unité de classification définie Exemples : écoforestière (Échelle : 1/20 000),
en fonction de deux composantes, qui exprime : 4e inventaire forestier. [Format :
Les caractéristiques écologiques de la végétation Bétulaie jaune à sapin ArcView (Shapefile)].
(composition, structure et dynamique); il s’agit Cédrière à sapin
de la végétation potentielle; Bétulaie jaune à sapin et érable
Les caractéristiques physiques du milieu à sucre
(épaisseur du sol, texture, drainage) Sapinière à thuya
(MRNF2008). Pessière noire à lichens
Érablière à tilleul

Peuplements forestiers matures Système d'information


Peuplements résineux étagés écoforestière (Échelle : 1/20 000),
Peuplements forestiers dont les arbres dominant la de 70 ans ou plus 4e inventaire forestier. [Format : MRN, 2011
canopée ont atteint la maturité au sens de l’exploitation ArcView (Shapefile)].
forestière, soit l’âge de la récolte, comprennent peu de Peuplements feuillus étagés de
très vieux arbres et renferment des zones de 90 ans ou plus
régénération. Ces peuplements sont considérés
comme les plus susceptibles de renfermer des Peuplements mixtes étagés de
caractéristiques de vieilles forêts ou dont la 90 ans et plus
conservation permettrait de rendre disponible ce type
d’habitat à relativement court terme. Peuplements VIN

Peuplements VIR

Vieilles forêts
Peuplements résineux étagés Système d'information MRN, 2011
Peuplements forestiers qui présentent des de 90 ans ou plus écoforestière (Échelle : 1/20 000),
caractéristiques structurales et fonctionnelles comme 4e inventaire forestier. [Format :
de très vieux arbres, des tailles d’arbres très Peuplements feuillus étagés de ArcView (Shapefile)].
hétérogènes, la présence de chicots de grande 120 ans ou plus
dimension, de gros débris de bois mort au sol, un
humus épais et une microtopographie du sol formée Peuplements mixtes étagés de
de dépressions et de monticules (Spies et al. 1988, 120 ans et plus
Wells et al. 1998, Kimmins, 2003)

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Écosystèmes forestiers exceptionnels

« Écosystème forestier déterminé possédant, Forêt ancienne Cartographie numérique des


notamment, un caractère rare ou ancien et présentant Forêt refuge d’espèces écosystèmes forestiers MRN, 2011
un intérêt particulier pour la conservation de la menacées ou vulnérables exceptionnels du Québec,
diversité biologique » (MRN, 2012a). Forêt rare [Format: ArcView (Shapefile)].

Espèces en situation précaire

« Expression regroupant les espèces menacées ou Espèces désignées menacées Centre de données sur le MDDEFP, 2012
vulnérables désignées et susceptibles d’être ainsi Espèces désignées vulnérables patrimoine naturel du Québec MRN, 2012
désignées selon la Loi sur les espèces menacées ou Espèces susceptibles d'être
vulnérables » (Joly et al., 2008). désignées menacées ou Données numérisées de NCE NCE, 2012
vulnérables

Espèces en péril

Expression regroupant les espèces disparues, Disparue Centre de données sur le CDPNQ, 2012
disparues du Canada, en voie de disparition, Disparue du pays patrimoine naturel du Québec
menacées, préoccupantes ou à données insuffisantes En voie de disparition Inventaires NCE Environnement
en vertu de la Loi sur les espèces en péril du Canada Menacée Canada, 2012
(Adapté de : Gouvernement du Canada, 2012). Préoccupante
Non en péril
Données insuffisantes

Habitats fauniques d’intérêt


Habitat du poisson
« Lieu habité par une espèce ou une population Aire de concentration des Cartographie numérique des MRN, 2011
animale et où elle retrouve l’ensemble des oiseaux aquatiques habitats fauniques du Québec,
composantes nécessaires à l’accomplissement de ses Héronnière [Format : ArcView (Shapefile)].
besoins vitaux » (MRN, 2012b) : Colonie d’oiseaux sur une île ou
• nourriture en quantité et en qualité ; presqu’île
• eau en quantité et en qualité ; Aire de confinement du cerf de
• abris pour se protéger ; Virginie
• un lieu de reproduction ; Habitat du rat musqué
• le libre accès à ces différentes composantes. Vasière
Habitats d’espèces vulnérables
ou menacées

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Aires protégées

«… un espace géographique clairement défini, Zone désignée avec un statut Données géoréférencées NCE, 2012
reconnu, dédié et géré, par des moyens légaux ou légal
autres, afin de favoriser la conservation à long terme
de la nature et des services écosystémiques et des
valeurs culturelles qui y sont liés (UICN, 2012)».

Tableau 2. Paramètres de gestion et d’aménagement utilisés dans l’analyse du territoire

Paramètres Précisions Bases de données Sources

Zone agricole

Délimitée en vertu de la Loi sur la protection du Zone agricole permanente (zone Commission de protection du CPTAQ,
territoire et des activités agricoles (LPTAAQ). Les verte) territoire agricole Gouvernement
MRC y exercent leurs pouvoirs en matière (Échelle : 1/20 000), [Format : du Québec,
d'aménagement et d'urbanisme avec l'objectif de ArcView (Shapefile)]. 2011
favoriser l'utilisation prioritaire du sol à des fins Zone blanche
d'activités agricoles. Elles doivent également y
favoriser la protection et le développement des
activités et des entreprises agricoles dans une
perspective de développement durable (Adapté du
MAMROT, 2011)

Grandes affectations des MRC

Une affectation est l'attribution à un territoire, ou à Exemples : Cartographie numérique des MRC du Haut-
une partie de celui-ci, d'une utilisation, d'une fonction grandes affections du territoire, Saint-François,
ou d'une vocation déterminée. Les grandes Agricole [Format : ArcView (Shapefile)]. 2012
affectations sont un outil dans la planification du Agroforestière

Plan de conservation du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière de Johnville 14


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territoire et tracent un portrait de la vocation Forestière


fonctionnelle actuelle ou celle que l'on souhaite lui Extraction
donner (Adapté du MAMROT, 2011). Récréoforestière
Rurale
Urbaine
Villégiature

Zonage municipal

« Le zonage municipal permet à une municipalité de Exemples : Cartographie numérique des Ville de
diviser son territoire en diverses zones. Chaque zone grandes affections du territoire, Cookshire-
détermine la vocation afin d'y contrôler l'usage des Rural [Format : ArcView (Shapefile Eaton, 2012
terrains et des bâtiments ainsi que l'implantation, la Mixte
forme et l'apparence des constructions » (MAMROT, Villégiature
2012). Extraction
Agricole
Résidentiel

Infrastructures anthropiques

Ensemble des équipements collectifs de base Exemples : Centre d’expertise hydrique du Centre
nécessaires à la vie économique de la nation. Ils Québec (Points géoréférencés) d’expertise
fournissent des services essentiels répondant aux Barrage hydrique du
besoins des populations et au développement des Puits Base de données topographiques Québec, 2012
collectivités (Adapté du Gouvernement du Québec, Voie ferrée du Québec (BDTQ). Échelle :
2005-2007). Ligne de transport d'énergie 1/20 000. Ministère des
Axe routier Ressources
Bâtiments Base de données Adresses naturelles et
Sentiers (pédestre, motoneige, Québec : AQ20120501 Faune, 1998.
quad)
Cartographie numérique des Gouvernement
sentiers de motoneige, du Québec,
[Format : ArcView (Shapefile)] 2012

Données numérisées de NCE Fédération des


clubs de
motoneigistes du
Québec, 2011

Plan de conservation du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière de Johnville 15


_______________________________________________________________________________

NCE, 2012

Informations sur les propriétés et propriétaires


Cadastre Cartographie numérique des Infolot, MRN,
cadastres de la municipalité de 2012
Rôle d’évaluation Cookshire-Eaton
[Format : ArcView (Shapefile)]. MRC du Haut-
Saint-François,
http://infolot.mrnf.gouv.qc.ca/ 2012

Ville de
Cookshire-
Eaton, 2012

Plan de conservation du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière de Johnville 16


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6. Description du territoire cible du plan de conservation

Le territoire cible du plan de conservation comprend le bassin versant du ruisseau Racey,


qui inclut la tourbière de Johnville. La méthodologie ayant mené à sa délimitation est
présentée à la section 6.1. Ensuite, sa caractérisation a été réalisée à partir des
paramètres décrits à la section précédente. Les caractéristiques biophysiques du bassin
versant et celles liées à l’utilisation et à l’aménagement du territoire sont présentées aux
sections 6.2, 6.3 et 6.4 pour décrire le territoire et identifier les milieux naturels d’intérêt
écologique à préserver.

6.1 Délimitation du territoire

Le cadre de référence géographique utilisé pour délimiter le territoire cible du plan de


conservation est celui des limites du bassin versant du ruisseau Racey, puisque la
tourbière de Johnville en fait partie. Les méthodes utilisées pour délimiter le bassin versant
et la tourbière sont les suivantes :

Le bassin versant du ruisseau Racey

Le terme « bassin versant » désigne un territoire dont toutes les eaux de surface
s’écoulent naturellement vers un même point appelé « exutoire du bassin versant ». Ce
territoire est délimité physiquement par la ligne qui suit la crête des montagnes, des
collines et des hauteurs du territoire, qu’on appelle « ligne des crêtes » ou « ligne de
partage des eaux (Gangbazo, 2011). Le territoire du bassin versant du ruisseau Racey a
été délimité à partir des données du COGESAF (2011); certaines de ces limites ont été
ajustées par le cartographe en fonction des indications de l’équipe de NCE, qui possède
une grande connaissance du terrain. La délimitation du territoire est présentée à
l’annexe 2.

La tourbière de Johnville

La détermination des limites de la tourbière de Johnville, le milieu naturel qui est au centre
même du plan de conservation, est approximative et repose sur la photo-interprétation
d’une photographie aérienne en noir et blanc au 1 : 20 000 datant de 1945. Ses limites ont
été fixées d’après les contours visibles de la tourbière ouverte, puis reportées sur une
orthophotographie de 2007 au 1 : 15 000 grâce à des points de repères (annexe 3). Il est
probable qu’une partie de la tourbière, notamment sa marge forestière, n’ait pas été
incluse dans ces limites. Néanmonis, étant donné qu’en 1945 la tourbière n’avait
apparemment subi que peu de perturbations anthropiques, il s’agit de la meilleure
estimation possible des limites de cet écosystème, si l’on tient compte des erreurs pouvant
être associées à la distorsion de la photographie aérienne de l’époque et à sa projection
sur une photo récente, et de l'absence de validation sur le terrain.
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6.2 Classification écologique

Le territoire du bassin versant du ruisseau Racey fait partie de la région naturelle des
Appalaches et de la province naturelle des Appalaches septentrionales (MDDEP, 2011) et
est situé dans la région écologique de Sherbrooke (2d), comprise dans le domaine
climacique de l'érablière à bouleau jaune et à tilleul (Thibault et al., 1989). Au niveau du
district écologique, le territoire appartient à la Plaine de la Rivière Saint-François (F22).

6.3 Description des éléments biophysiques

Les caractéristiques biophysiques qui décrivent le territoire sont présentées succinctement


dans le tableau 1 et le texte ci-dessous. Toutefois, il est à noter que certaines
caractéristiques du bassin versant du ruisseau Racey sont encore très peu connues. À
titre d’exemple, aucune étude complète sur l’hydrologie du bassin versant n’a été réalisée.
Pour ce qui est des inventaires écologiques, ceux-ci ont porté surtout sur le secteur du
Parc écoforestier et de la tourbière de Johnville. L’absence de ces études a donc pour
effet de rendre incomplet le portrait que l’on peut tracer de ce territoire.

Géologie et topographie
Le territoire cible fait partie de la province géologique des Appalaches et son sous-sol
appartient au Groupe de Saint-François, qui constitue le socle d'une région à faible relief
où les aires d'affleurement sont peu abondantes (Tremblay, 1990 dans Cloutier 2001). Le
relief régional est le résultat de la glaciation Wisconsinienne du quaternaire. L'impact du
glacier sur le relief aurait été toutefois superficiel. Johnville se situe plus précisément au
sud-est de la région physiographique de la Cuvette de la rivière Saint-François, qui
englobe les basses terres de la rivière Massawippi et du Haut-Saint-François. Il s'agit
d'une cuvette faiblement ondulée, bornée au nord par les monts Stoke et au sud par le
Haut Plateau Appalachien, dont l'altitude est plus élevée (Cloutier, 2001).

Sur le territoire du bassin versant du ruisseau Racey, la topographie est caractérisée par
une pente relativement douce d’est en ouest avec une dénivellation variant entre 350 m et
230 m (annexe 4). L’altitude de la tourbière de Johnville est d'environ 275 m.

En ce qui a trait aux différentes classes de pente, qui expriment l’inclinaison moyenne du
terrain et reflètent le relief général du territoire (MRNF, 2008), aucune pente forte (de plus
de 31 %) ne caractérise le territoire tandis que 40 % du territoire comporte des pentes
nulles (0 à 3 %), 53 % des pentes faibles (4 à 8 %) et 5 % des pentes douces (9 à 15 %)
ou modérées (16 à 30 %).

Dépôts meubles

Les dépôts meubles du district écologique de la Plaine de la rivière Saint-François peuvent


avoir été mis en place lors du retrait du glacier à la fin de la dernière glaciation ou par
d’autres processus associés à l’érosion et à la sédimentation (Cloutier, 2001).

Dans le bassin versant du ruisseau Racey, les dépôts les plus communs sont les tills
indifférenciés; ils comptent pour 61 % des dépôts (annexe 5). On retrouve également 8 %

Plan de conservation du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière de Johnville 18


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de dépôts glaciolacustres d’eau peu profonde, 12 % de dépôts juxtaglaciaires, 17 % de


dépôts organiques.

À l’annexe 5, deux catégories de dépôts organiques sont représentées. Les dépôts


organiques épais ont une accumulation de matière organique de plus de 1 m d’épaisseur
tandis que les dépôts organiques minces ont moins de 1 m d’épaisseur (MRNF, 2008). Il
est à noter que les dépôts organiques sont caractéristiques des tourbières et de façon
générale, le terme de « tourbière» s’applique à tout terrain dont les dépôts organiques ont
une épaisseur minimale de 30 cm (MDDEP, 2012).

L’esker

L’une des caractéristiques du territoire est la présence d’un esker. Celui-ci traverse le
territoire du bassin versant et longe la portion ouest et sud de la tourbière. Les eskers sont
des formes de terrain linéaires composées de sables et de graviers fluvioglaciaires qui se
forment par écoulement des eaux sous le glacier. Ils ont généralement une forme de crête
allongée, rectiligne ou sinueuse, continue ou discontinue pouvant atteindre plusieurs
kilomètres (Mémoire du Québec, 2012).

À Johnville, l’esker, combiné à la présence de dépôts imperméables – comme l’argile –,


auraient empêché le drainage des zones situées plus à l'est, et généré les conditions
favorables à l'accumulation de la matière organique, d'où la formation de la tourbière de
Johnville telle que nous la connaissons aujourd'hui (Pr Arthur Langford, 1991 dans
Cloutier, 2001).

Le lac de kettle

Dans le secteur de la tourbière, il y a la présence d’un kettle (marmite), une dépression


aux pentes abruptes formée par la fonte tardive d’un bloc de glace enfoui sous des dépôts
glaciaires ou fluvioglaciaires (Veillette et al, 2004). Par la suite, elle a formé le plan d’eau
représenté aujourd’hui par le petit lac Jenckes.

Nature et épaisseur des sols

Selon l’IRDA (2008), la grande région localisée à l’est des Cantons-de-l’Est comporte deux
grands types de sols, dont les podzols humo-ferriques constitués de tills glaciaires et de
matériaux fluvio-glaciaires, fluviatiles et marins. On y trouve aussi des brunisols
mélaniques formés de tills glaciaires et d’alluvions marins. Cann et Lajoie (1943) ont par
ailleurs décrit les sols des comtés de Stanstead, Richmond, Sherbrooke et Compton. Les
sols décrits dans ce rapport se trouvent dans la zone climatique qui favorise le
développement des sols fortement lavés, les podzols. Les podzols se développent dans
des conditions de pluie et d’évaporation qui permettent l’infiltration dans le sol d’un fort
pourcentage de cette eau. Les longs hivers pendant lesquels l’activité microbienne et le
lavage sont réduits au minimum sont favorables à l’accumulation de matière organique à
la surface du sol.

Sur le territoire du bassin versant du ruisseau Racey, les différentes classes d’épaisseur
des sols ont aussi été analysées. La faible épaisseur d’un sol est une contrainte naturelle

Plan de conservation du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière de Johnville 19


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qui, selon l’utilisation qui en est faite, peut entraîner des risques d’érosion du sol. Aucun
secteur de sol mince n’a été répertorié sur le territoire du bassin versant du ruisseau
Racey.

Réseau hydrologique

En hydrologie et tel que mentionné précédemment, le terme bassin versant (ou bassin
hydrographique) désigne le territoire sur lequel toutes les eaux de surface s’écoulent vers
un même point appelé l’exutoire du bassin versant (Joly et al., 2008). Dans un bassin
versant, les cours d’eau sont organisés et hiérarchisés en un réseau qui concentre les
cours d’eau naturels ou artificiels, permanents ou temporaires des ruisseaux dans les
rivières, et celles des rivières dans les fleuves (Ressources naturelles Canada, 2012).

Le bassin versant du ruisseau Racey, d’une superficie de 26 km2 (2 758 ha) fait partie du
bassin versant de la rivière aux Saumons, qui lui-même s’intègre dans les bassins
versants des rivières Massawippi et Saint-François (COGESAF, 2006). Il possède une
branche principale et plusieurs affluents secondaires (annexe 3). À titre indicatif, on y
dénombre environ 180 segments totalisant 52,63 km linéaires, et 30 petits plans d’eau
dont la superficie est très restreinte. Les plans d’eau couvrent à peine 9,97 ha (0,4 %) du
territoire, les principaux étant les lacs Jenckes et l’étang Arthur-N.-Langford associés à la
tourbière de Johnville.

L’écoulement des eaux est influencé par la topographie du territoire. En général, les eaux
s’écoulent des secteurs de plus grande élévation vers ceux de plus faible élévation pour
finalement se jeter dans la rivière aux Saumons, à l’extrémité sud-ouest du bassin versant.

Par ailleurs, comme dans bien des territoires à vocation agricole, dans les années 1980,
certains cours d’eau ont été creusés et redressés afin d’augmenter le drainage des terres
et la superficie cultivable. Cette pratique consistait à creuser un fossé en ligne droite à la
place d’un ruisseau qui fait des méandres sur une terre agricole. L’eau dans un ruisseau
en ligne droite a une vitesse plus rapide que dans un ruisseau qui fait des méandres; ceci
peut entraîner de plus forts débits et de plus fortes vitesses d’écoulement lors des crues,
ce qui peut avoir des effets néfastes sur les berges des cours d’eau (Paquette, 2010).

Certains segments du ruisseau Racey et de ses affluents ont été redressés et dans
certains secteurs de la tourbière, des canaux de drainage ont aussi été creusés. Le
drainage de la tourbière a été pratiqué pour faciliter les activités d’extraction de la tourbe et
ensuite dans le but d’établir une culture maraîchère, ce qui ne s’est jamais concrétisé.

En ce qui a trait à l’hydrologie de la tourbière, très peu de choses sont connues à part le
fait que le ruisseau Racey en constitue le principal émissaire. Avant de subir des
perturbations majeures dans le secteur de la tourbière, le ruisseau y faisait de nombreux
méandres.

Drainage

Dans un bassin versant, le type de drainage peut avoir une influence importante sur les
milieux naturels, en particulier les zones humides, selon l’utilisation du sol qui prédomine.
Par exemple, un milieu mal drainé peut entraîner des risques de remontée de la nappe
phréatique en cas de retrait du couvert végétal (coupe forestière, exploitation), ainsi que
des contraintes de solidité du sol (MRNF, 2008). Il s’avère donc important de bien

Plan de conservation du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière de Johnville 20


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connaître le drainage du bassin versant afin d’éviter toute modification majeure à des
secteurs fragiles comme les milieux humides.

Les classes de drainage « mauvais drainage » et « drainage très mauvais »


correspondent grosso modo à la présence de zones humides; dans le contexte de
préservation de la tourbière de Johnville et d’autres terres humides du bassin versant du
ruisseau Racey, elles sont une indication de zones sensibles, en particulier si elles sont en
lien avec d’autres paramètres tels que les sols organiques. À l’annexe 6, la carte des
classes de drainage indique que plus de 18 % du territoire est caractérisé par un drainage
mauvais à très mauvais. On note aussi sur cette carte les secteurs ayant fait l’objet de
drainage anthropique par le passé.

Milieux humides

Les milieux humides, qu’il s’agisse de marais, de marécages ou de tourbières, sont « des
sites saturés d'eau ou inondés pendant une période suffisamment longue pour influencer
la nature du sol ou la composition de la végétation. Ces sols, minéraux ou organiques,
sont influencés par de mauvaises conditions de drainage alors que la végétation se
compose essentiellement d'espèces ayant une préférence pour des lieux humides ou
d’espèces tolérant des inondations périodiques » (Couillard et Grondin, 1986).

Ces milieux renferment des habitats uniques et essentiels à bon nombre d’espèces, par
exemple comme aire d’alimentation, de repos, de reproduction ou de nidification. Ils
renferment une grande biodiversité dont plusieurs espèces vulnérables, menacées ou
susceptibles de le devenir. Ils sont reconnus comme étant des éléments essentiels dans la
filtration des eaux en emmagasinant divers polluants et éléments nutritifs (phosphates et
nitrates). Ils exercent également des fonctions de régulation hydrologique, en retenant les
eaux de surface lors de fortes pluies et en les libérant lors des étiages, ce qui contribue au
ralentissement de l’érosion et au maintien de la qualité des habitats aquatiques. La
présence des milieux humides permet de maintenir la qualité de l’eau de l’ensemble du
réseau hydrographique (adapté de Canards Illimités Canada, 2012).

Plus la superficie des milieux humides est étendue, plus leur diversité augmente
(Environnement Canada, 2004). Néanmoins, même de très petits milieux humides ont une
valeur écologique; ils peuvent être utilisés par les amphibiens lors de la reproduction ou
peuvent offrir un habitat à la sauvagine pour la formation des couples au printemps et pour
l’alimentation. Même aussi petit qu’un hectare, un milieu humide peut soutenir de petites
populations permanentes de rat musqué; certaines espèces d’herpétofaune persistent
quant à elles dans des milieux de 0,2 ha, et encore plus petits s’ils sont situés à proximité
d’autres milieux humides (Semlitsch et Bodie, 2003).

Les données disponibles qui ont été utilisées pour identifier les milieux humides du bassin
versant du ruisseau Racey répertorient les milieux humides de 1 ha et plus. Elles
proviennent de la base de données du plan régional des milieux humides de la région
administrative de l’Estrie de Canards Illimités (2007), lesquelles n’ont pas été validées sur
le terrain.

La superficie totale des milieux humides faisant partie du bassin versant du ruisseau
Racey est de 618 ha, tandis que la tourbière de Johnville couvre une superficie

Plan de conservation du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière de Johnville 21


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approximative située entre 88 ha (Canards illimités, 2007) et 100 ha selon la projection


des limites de la tourbière ouverte de 1945 (annexe 3).

Type de milieux humides

La carte des milieux humides (annexe 3) indique les types de milieux humides que l’on
retrouve surtout au nord du Parc écoforestier de Johnville. On y dénote la présence de la
tourbière, mais aussi de marais et de marécages arbustifs et arborés. Les autres milieux
humides présents sur le territoire n’ont pas été classifiés par type de milieu humide.

Type de tourbière

Selon Cloutier (2001), la classification de la tourbière semble avoir porté à confusion.


Cette auteure mentionne que Buteau (1989) classifie la tourbière comme étant
minérotrophe, tandis que Michaud (1993) la qualifie de mixte. On retrouve dans cette
tourbière des espèces tant ombrotrophes que minérotrophes ou transgressives (i.e. qui
s’accommodent des deux types de milieux). Néanmoins, une grande partie des
groupements végétaux tels que définis par Blouin et Michaud (1991) présente une forte
majorité d’espèces ombrotrophes dont certaines, ombrotrophes strictes, caractérisent la
végétation (Eriophorum vaginatum var spissum, Kalmia angustifolia, Rhododendron
groenlandicum et Rhododendron canadense, Sphagnum fuscum). Seule la végétation de
la zone riveraine du ruisseau Racey est typiquement minérotrophe (Alnus incana subsp.
rugosa, Calamagrostis canadensis, Iris versicolor, Myrica gale). Il s’agit de toute évidence
d’un fen. On retrouve fréquemment ce type de tourbière en bordure des cours d’eau où les
crues saisonnières enrichissent le sol en éléments minéraux. Nous ne savons cependant
pas si les rives du ruisseau Racey selon son cours actuel sont soumises à des crues.

En regard de ces éléments, Cloutier (2001) conclut que la tourbière de Johnville est un
bog, hormis la zone qui s’étend de part et d’autre du ruisseau Racey, qui serait un fen
riverain.

Les milieux forestiers du bassin versant du ruisseau Racey

Les milieux forestiers du bassin versant sont illustrés par les différents types écologiques.
Ceux-ci représentent une combinaison permanente de la végétation potentielle et des
caractéristiques physiques du territoire. C’est une unité synthèse de classification qui
exprime à la fois les caractéristiques physiques du milieu et les caractéristiques
dynamiques et structurales de la végétation (AMFPE, 2002). Les types écologiques
répertoriés dans le bassin versant du ruisseau Racey sont représentés sur la carte de
l’annexe 7.

Globalement, le milieu forestier du bassin versant du ruisseau Racey, qui couvre 1 712 ha
(incluant la plupart des milieux humides), c'est-à-dire 62 % du territoire, est à forte
dominance de feuillus, des écosystèmes forestiers qui sont parmi les plus riches en
espèces au Québec. Les principaux types écologiques représentés sont la pessière
blanche, la cédrière issue d’agriculture, la bétulaie jaune à sapin, la sapinière à thuya, la
cédrière à sapin, la bétulaie jaune à sapin et érable à sucre, l’érablière à tilleul, et la
frênaie noire à sapin.

Les peuplements forestiers matures ont aussi été utilisés pour caractériser le territoire. La
« classe d’âge » des peuplements forestiers informe à la fois sur la structure du

Plan de conservation du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière de Johnville 22


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peuplement et sur l’âge des tiges qui le composent. En effet, les structures régulière,
irrégulière ou étagée du peuplement aident à déterminer si les tiges qui le composent sont
dans la même classe d’âge (équien) ou dans des classes d’âge différentes (inéquien)
(MRNF, 2008).

L’âge et la structure des peuplements forestiers sont associés à des changements dans la
composition de la faune et de la flore. Certaines espèces nécessitent d’ailleurs des
habitats disponibles exclusivement dans les forêts matures et surannées. La présence de
ces forêts dans le paysage est donc essentielle pour le maintien de la biodiversité.

Mis à part quelques exceptions, les forêts du sud du Québec ont été largement exploitées.
Par conséquent, les forêts anciennes sont très rares et la proportion de vieilles forêts de
100 ans ou plus est faible. Pour réaliser les cartes du plan de conservation, NCE a opté
pour l’identification des forêts les plus susceptibles de renfermer des caractéristiques de
forêts matures ou dont la conservation permettrait de rendre disponible ce type d’habitat à
relativement court terme. Pour cela, on a retenu les peuplements résineux de classe
70 ans et plus ainsi que les peuplements feuillus ou mixtes de 90 ans et plus du SIEF, de
même que les peuplements VIN (vieux inéquiens) et VIR (vieux inéquiens résineux)
(annexe 8). Dans le bassin versant du ruisseau Racey, 137 ha de peuplements résineux
de 70 ans et plus, VIN et VIR sont présents dont 27 ha de résineux de 90 à 120 ans. Les
peuplements mixtes de 90 ans et plus, VIN et VIR couvrent 37 ha de la superficie du
bassin versant tandis qu’aucun peuplement feuillu de 90 ans et plus et VIN et VIR n’a été
répertorié.

Espèces floristiques

Mis à part les inventaires de la végétation réalisés au Parc écoforestier de Johnville


(Gosselin, B., 2011, Pépin-Labbé, A., 2006) et les évaluations écologiques sommaires
réalisées sur trois propriétés adjacentes au territoire protégé, aucun autre inventaire
floristique n’a été réalisé sur le territoire du bassin versant du ruisseau Racey.

Pour ce qui est de la tourbière de Johnville, la flore vasculaire est particulièrement


diversifiée. Hall (2002) a réalisé un inventaire de la tourbière et a répertorié 375 espèces
dont 169 étaient de nouvelles mentions. Selon ce botaniste, les zones tourbeuses du
territoire ont une valeur écologique exceptionnelle. Bowers (1966) dans Cloutier 2001,
mentionne que la tourbière est celle qui présente le plus grand nombre de plantes
vasculaires parmi 12 tourbières inventoriées dans le haut bassin de la rivière Saint-
François. L’auteur y a dénombré 114 espèces, par rapport à une moyenne de 82 espèces
dans l’ensemble des 12 tourbières.

Espèces fauniques

Poissons

Selon Génivar (2011) et COGESAF (2011), le ruisseau Racey constitue un habitat du


poisson. Cependant, aucun inventaire spécifique n’a été réalisé outre ceux réalisés par le
COGESAF sur quelques segments du ruisseau Racey et ses tributaires. Le COGESAF a

Plan de conservation du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière de Johnville 23


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réalisé cet inventaire sur une portion du ruisseau Racey dans le cadre d’une étude qui
portait sur l’évolution de la qualité de l’eau de bassins versants en se basant sur les
communautés de poissons. Au moins 10 espèces de poissons ont été inventoriées selon
cette étude.

Amphibiens et reptiles
Les inventaires des amphibiens et des reptiles réalisés au Parc écoforestier de Johnville,
ont permis de répertorier la présence de 2 espèces de reptiles et de 13 espèces
d’amphibiens (Corporation de conservation du boisé de Johnville, 2011, L’Heureux 2007,
L’Heureux 2008, Richardson et McDonald 2001, Morin, 2012).

Oiseaux

Un inventaire d’Envirotel (2003) au Parc écoforestier de Johnville confirme la présence de


113 espèces d’oiseaux. Gilbert (2010) a aussi noté plusieurs observations d’oiseaux dans
le cadre d’activités ornithologiques organisées par la Société de loisir ornithologique de
l’Estrie. Huit espèces ont ainsi été ajoutées à la liste des espèces d’oiseaux totalisant
121 espèces. Aucun autre inventaire de la faune aviaire n’a été réalisé sur le territoire.

Mammifères

Les seuls inventaires de mammifères qui ont été réalisés sur le territoire du bassin versant
du ruisseau Racey l’ont été au Parc écoforestier de Johnville. Les inventaires de chauve-
souris (Envirotel, 2002) et de micromammifères (Envirotel 3000, 2002) ont répertorié la
présence de 12 espèces de micromammifères et celle de 4 espèces de chauve-souris. En
outre, Michaud (1993) dans Cloutier (2001) a dressé la liste des mammifères qui ont déjà
été capturés ou observés de façon ponctuelle, en dehors d’une campagne d’inventaire.
Les données de capture proviennent des collections de mammifères des Universités de
Sherbrooke et Bishop’s (Cloutier, 2001). D’autres observations, indiquent la présence de
mammifères tels l’ours noir (Ursus americanus), l’orignal (Alces alces) et le cerf de Virginie
(Odocoileus virginianus), le renard roux (Vulpes vulpes) et le porc-épic (Erethizon
dorsatum). Au total, 30 espèces de mammifères ont été répertoriées.

Espèces à statut particulier

Les espèces à statut particulier sont celles qui ont été désignées ou sont susceptibles
d’être désignées « menacées» ou « vulnérables» en vertu de la Loi sur les espèces
menacées ou vulnérables du Québec, ou encore en vertu de la Loi sur les espèces en
péril du Canada. Ce sont généralement des espèces relativement rares ou qui subissent
fortement les impacts des activités humaines, notamment par leur exploitation ou par la
transformation de leur habitat.

La protection des espèces à statut particulier est un élément fondamental dans le maintien
de la biodiversité d’un milieu naturel. Les zones où il y a présence d’espèces à statut
particulier sont considérées comme des zones biogéographiques à forte biodiversité en
raison de la richesse exceptionnelle qu’elles renferment et du rôle qu’elles exercent dans
son maintien (Zachos et Habel, 2011).

L’information sur le statut particulier de certaines espèces provient de la base de données


du Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec (CDPNQ) et du registre public
des espèces en péril (Gouvernement du Canada, 2012). Par contre, l’absence

Plan de conservation du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière de Johnville 24


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d’occurrences d’espèces à statut particulier dans la base de données ne signifie pas que
le territoire en soit exempt. L’absence d’occurrences est généralement liée au fait que le
site n’a pas encore été inventorié. Il est alors d’autant plus important d’accorder une
attention particulière à ces espèces lors des inventaires. Dix-huit espèces ont été
répertoriées sur le territoire du bassin versant du ruisseau. Racey. Celles-ci sont
représentées à l’annexe 9 et au tableau 3).

Plan de conservation du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière de Johnville 25


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Tableau 3. Liste des espèces à statut particulier du bassin versant du ruisseau


Racey

Nom scientifique Nom commun Statut selon la Loi Statut selon la


sur les espèces Loi sur les
menacées ou espèces en
vulnérables 1 péril 2

Plantes vasculaires
Allium tricoccum Ail des bois Vulnérable
Matteuccia Matteucie fougère-à- Vulnérable à la
struthiopteris l’autruche récolte
Dryopteris clintoniana Dryoptère de Clinton Susceptible
Cypripedium reginae Cypripède royal Susceptible
Sanguinaria Sanguinaire du Canada Vulnérable à la
canadensis récolte
Juglans cinerea Noyer cendré Susceptible En voie de
disparition
Hydrophyllum Hydrophylle du Canada Menacée
canadense

Amphibiens
Desmognathus fuscus Salamandre sombre du Nord Susceptible Non en péril

Reptiles
Clemmys insculpta Tortue des bois Vulnérable Menacée

Oiseaux
Contopus cooperi Moucherolle à côté olive Susceptible Menacée
Hylocichla mustelina Grive des bois Menacée
Wilsonia canadensis Paruline du Canada Susceptible Menacée
Contopus virens Pioui de l’Est Préoccupante
Chordeiles minor Engoulevent d’Amérique Susceptible Menacée

Mammifères
Synaptomys cooperi Campagnol-lemming de Susceptible
Cooper
Microtus chrotorrhinus Campagnol des rochers Susceptible
Lasiurus cinereus Chauve-souris cendrée Susceptible
Lasionycteris Chauve-souris argentée Susceptible
noctivagans
Espèce désignée menacée, vulnérable ou susceptible de le devenir en vertu de la Loi sur les espèces menacées ou
vulnérables (L.R.Q. c. E-12.01).

Espèces désignées disparue, en voie de disparition, menacée, non en péril, préoccupante, données insuffisantes selon
la Loi sur les espèces en péril du Canada.

Plan de conservation du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière de Johnville 26


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Aire protégée

Selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN, 2012), une aire
protégée est «un espace géographique clairement défini, reconnu, dédié et géré, par des
moyens légaux ou autres, afin de favoriser la conservation à long terme de la nature et
des services écosystémiques et des valeurs culturelles qui y sont liés».

Dans le bassin versant du ruisseau Racey, 227,51 ha de milieux naturels soit 8,2 % du
territoire du bassin versant sont protégés légalement et à perpétuité. La totalité de l’aire
protégée fait partie du Parc écoforestier de Johnville.

6.4 Caractéristiques territoriales du bassin versant

Les caractéristiques associées à l’occupation du sol et à l’aménagement du territoire


permettent de préciser l’utilisation du territoire ainsi que les usages permis en fonction des
différentes affectations du territoire. Ces caractéristiques peuvent indiquer les pressions
actuelles ou potentielles sur les milieux naturels et guider le choix des actions de
conservation.

Tenure et utilisation du sol


De tenure majoritairement privée (environ 98 %), l’utilisation du sol se répartit tel
qu’indiqué à l‘annexe 10. Dans le bassin versant du ruisseau Racey, la forêt domine
l’occupation du sol avec près de 62 %, tandis qu’environ 39 % du territoire représente des
milieux ouverts dont certains pour l’exploitation agricole (tableau 4).

Moins de 1 % du territoire est utilisé à des fins d’extraction et résidentielle. Notons que
l’extraction est surtout réalisée par des compagnies qui exploitent les gravières et qui sont
localisées au sud du bassin versant.

Tableau 4. Utilisation du sol du bassin versant du ruisseau Racey

Utilisation du sol Superficie (ha) % du territoire


Forêt* 1712,27 62,09

Agricole* 1003,75 36,04

Extraction 18,87 0,68

Résidentiel* 12,94 0,47

Eau 9,97 0,36

* Les emprises de routes sont incluses dans "forêt", "agricole" et "résidentiel" et les milieux humides sont inclus dans les
forêts en presque totalité ou en totalité.

Plan de conservation du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière de Johnville 27


_______________________________________________________________________________

Affectations du territoire et infrastructures

Les différentes affectations associées au territoire sont une indication de l’utilisation


actuelle et potentielle du territoire.

Zonage agricole

La Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles (LPTAAQ) est l’outil mis à la
disposition de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) afin
d'assurer la pérennité d'une base territoriale pour la pratique de l'agriculture. Ainsi, les
territoires zonés agricoles, dits « zonés verts », sont moins propices au développement
résidentiel, commercial et industriel, car ils bénéficient d’une certaine protection en vertu
de la LPTAAQ, contrairement aux terrains « zonés blancs » où la conversion de l’usage
est souvent irréversible.

La zone agricole permanente (zone verte) couvre 99 % du bassin versant (tableau 4 et


annexe 11). Cette zone est inscrite dans les schémas d’aménagement comme étant des
terres affectées exclusivement à des usages agricoles, forestiers ou agroforestiers. Un
faible pourcentage de la superficie (1 %) du territoire, situé au sud du bassin versant, est
en zone blanche et correspond à l’affectation urbaine ou rurale de la MRC.

Le schéma d’aménagement et de développement de la MRC et les grandes


affectations

Le schéma d'aménagement et de développement (SAD) est le document de planification


qui établit les lignes directrices de l'organisation physique du territoire d'une municipalité
régionale de comté (MRC). Le bassin versant du ruisseau Racey fait partie du territoire de
la MRC du Haut-Saint-François dont le schéma d’aménagement (2001) identifie
différentes affectations. L’affectation du territoire est l'attribution à un territoire, ou à une
partie de celui-ci, d'une utilisation, d'une fonction ou d'une vocation déterminée. Les
grandes affectations sont un outil dans la planification du territoire et tracent un portrait de
la vocation fonctionnelle actuelle ou celle que l'on souhaite lui donner (adapté du
MAMROT, 2011).

Les grandes affectations de la MRC sont indiquées dans le tableau 5 et représentées à


l’annexe 11. Dans le bassin versant du ruisseau Racey, trois affectations différentes
caractérisent le territoire. Les usages associés aux différentes affectations du territoire
sont indiqués dans le tableau 6.

Plan de conservation du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière de Johnville 28


_______________________________________________________________________________

Tableau 5. Caractéristiques des grandes affectations de la MRC du Haut-Saint-


François présentes dans le bassin versant du ruisseau Racey

MRC du Haut Saint-François

Sols à bon potentiel agricole;


Utilisation agricole;
Agricole Localisation en zone verte (LPTAAQ);
Très faible densité.

Mélange d'agriculture et de forêt;


Sols de moindre qualité pour l'agriculture;
Cohabitation de plusieurs usages non reliés à
l'agriculture/forêt;
Rurale Présence de milieux déstructurés;
Très faible densité;
Présence de gravières, sablières et carrières
Localisée en zone verte (LPTAAQ) ou blanche.

Délimitation basée sur la disponibilité et les


besoins réels en espaces à construire;
Présence de réseaux d'aqueduc ou égout;
Concentration d'activités diverses;
Urbaine
Densité moyenne à forte;
Présence de zone blanche et de zone verte
(LPTAAQ).

Source : Schéma d’aménagement révisé de la MRC du HSF, 2001

Plan de conservation du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière de Johnville 29


_______________________________________________________________________________

Tableau 6. Types d’usages selon les différentes affectations de la MRC du Haut-


Saint-François présentes dans le bassin versant du ruisseau Racey.

Usage permis ■ Sujet à la politique régissant l’implantation des carrières, sablières et gravières; ●
Commerces liés aux usagers de la route sur le réseau supérieur; ♦ Commerces liés à la ressource
agricole ou forestière; ▲ Dans les bâtiments existants servant à des fins industrielles ou
d’extraction à l’entrée en vigueur du schéma d’aménagement révisé.

d’urbanisation

d’urbanisation
avec services

sans service
Affectations

Périmètre

Périmètre
Agricole

Rurale
Usages

Agriculture
Agrotourisme
Carrière, sablière et
■ ■
gravière
Commerces ●
Commerces de villégiature
Commerces liés à la
♦ ♦
ressource
Ensembles touristiques
intégrés
Forestier
Hébergement
Hébergement de type bed
and breakfast
Hébergement commercial
Industrie à facteur
contraignant
Industrie à facteur non

contraignant
Institution
Récréation extensive
Récréation intensive
Résidence unifamiliale
Résidence unifamiliale
jumelée
Résidence bifamiliale
Résidence multifamiliale
Restauration
Services personnels et
professionnels
Services régionaux
Transformation liée à la
♦ ♦
ressource
Source : Adapté du schéma d’aménagement révisé de la MRC du HSF, 2001.
_______________________________________________________________________________

Territoire d’intérêt écologique inscrit au schéma d’aménagement

L’étude du schéma d’aménagement de la MRC du HSF a permis d’identifier un territoire


d’intérêt écologique présent sur le territoire du bassin versant du ruisseau Racey. Il s’agit
des lacs Jinks (lac Jenkes). Selon le schéma d’aménagement, l’intérêt pour ce territoire
vient de la diversité de la faune et de la flore présentes ainsi que de la nature un peu
inusitée de ces lacs. Le territoire comprend les lacs perchés, la tourbière du ruisseau
Racey ainsi que « … les propriétés de la ville de Lennoxville qui ont une prise d’eau
potable » (MRC du HSF, 2001).

Le plan d’urbanisme

Le plan d'urbanisme de la municipalité est le document de planification qui établit les


lignes directrices de l'organisation spatiale et physique d'une municipalité tout en
présentant une vision d'ensemble de l'aménagement de son territoire (MAMROT, 2012).
Les affectations du territoire qui font partie du Plan d’urbanisme ne décrivent pas
nécessairement l’état biophysique du territoire; elles énoncent plutôt une vision du
territoire sous ses dimensions économique, sociale et environnementale (MAMROT,
2009).

Les données relatives à l’aménagement de la municipalité de Cookshire-Eaton


proviennent du Plan d’urbanisme de la municipalité (2000).

Règlement de zonage

Selon le plan d’urbanisme et son règlement de zonage (2008), 5 zones sont déterminées
sur le territoire du bassin versant du ruisseau Racey. Le règlement de zonage de la
municipalité identifie différents types de zonage qui se réfèrent à un groupe de
constructions et d'usages dominants (annexe 12). Des spécifications particulières à
chaque zone sont établies par l'entremise de la grille des spécifications associée au
règlement de zonage. Celles-ci sont présentées pour chaque zone représentée dans le
bassin versant au tableau 7.

Agricole (A1)
Agricole (A2)
Rural (RU3)
Résidentiel (RE4)
Résidentiel (RE8)

Plan de conservation du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière de Johnville 31


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Tableau 7 : Grille de spécifications des usages dans le bassin versant du ruisseau


Racey

GROUPE SOUS-GROUPES A1 A2 RU3 RE4 RE8

Résidentiel Unifamilial isolé x x x x x


Unifamilial jumelé
Bifamilial isolé x x x
Unifamilial en rangée
Bifamilial jumelé x
Bifamilial en rangée
Multifamilial
Habitation communautaire x
Maison mobile
Roulotte
Services personnels et professionnels x x x x x
Activités et industries artisanales x x x
Chalet x x x
Gîte touristique x x x x x

Commerces Commerces et services de voisinage


et services Commerces et services routiers
Commerces et services régionaux
Commerces à caractère érotique
Chenil x x x

Industries et Commerce de gros


commerces de Entrepôt de produits pétroliers
gros Industrie des aliments et du textile
Industrie du bois
Technologie de pointe
Industrie du papier
Machinerie agricole et forestière
Industrie des produits métalliques
Industrie des produits non métalliques
Industrie de transformation des produits recyclables
Industrie manufacturière
Laboratoires

Public À caractère municipal x


À caractère public et parapublic x
À caractère d'utilité publique

Agricole et Ferme x x
forestier Laboratoire de recherche agricole x x
Centre équestre x
Horticulture x x
Exploitation forestière x x
Première transformation de produits agroforestiers x x
Carrières, gravières et sablières x x

Récréotouristique Culture
Activités sportives de plein-air x
Hébergement
Récréation intensive
Récréation extensive x x
Commerces de villégiature
Conservation x x
Agrotourisme x x

Plan de conservation du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière de Johnville 32


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CONSTRUCTIONS OU USAGES
SPÉCIFIQUEMENT AUTORISÉS
A1 A2 RU3 RE4 RE8
Normes Nombre maximum d'étages hors sol apparent(s) de 2 2 2
d’implantation l'extérieur
Nombre minimum d'étages hors sol apparent(s) de 1 1 1
l'extérieur
Marge de recul avant minimale (m) 6 6 6
Marge de recul arrière minimale (m) 3 3 3
Marge de recul latérale minimale (m) 2 2 2
Somme des marges de recul latérales (m) 4 4 4
Rapport plancher / terrain 0,2 0,6 0,5

Normes spéciales Type d'entreposage autorisé 2 1 1


Abattage des arbres x
Exploitation forestière près des cours d'eau et des lacs x
Exploitation forestière près des chemins publics x
Ouvrage le long des cours d'eau x
Zones à risque d'inondation x

Territoire d’intérêt écologique

La municipalité a reconnu la présence d’un territoire d’intérêt écologique qui correspond au


même territoire identifié par le schéma d’aménagement de la MRC du Haut Saint-
François. Il s’agit des lacs des Jinks et la tourbière du ruisseau Racey ainsi que les
propriétés des Universités qui font partie du Parc écoforestier de Johnville.

Pour les territoires d’intérêt écologique des dispositions particulières sont précisées dans
le règlement de zonage (2008). L’excavation du sol, le déplacement d’humus, les travaux
de déblai ou de remblai sont prohibés. Les embarcations propulsées par des moteurs à
essence et les véhicules tout-terrain sont prohibés tandis que les aménagements sur
pilotis permettant l’observation de la nature sont permis.

Infrastructures

Sur le territoire du bassin versant du ruisseau Racey, il existe plusieurs types


d’infrastructures (annexe 13). Les infrastructures routières sont représentées par une route
régionale – route 108, la route collectrice 251 ainsi que plusieurs routes locales (chemin
Wheeler, Hogman, Jordan-Hill, Robinson, Camiré et North). Une ligne de transport
électrique traverse le territoire en direction nord-ouest/sud-est puis nord-sud. Une voie
ferrée croise le territoire du bassin versant dans le secteur sud-ouest.

Il existe trois barrages situés sur un des affluents du ruisseau Racey. Ils sont utilisés pour
la plupart à des fins récréatives et de villégiature. Le maintien en bon état de ces barrages
est important pour éviter les impacts potentiels d’une crue soudaine sur les écosystèmes
aquatiques en aval.

Les bâtiments sont surtout situés le long des routes et chemins ainsi que dans les
secteurs résidentiels, dans la zone urbaine, au sud du bassin versant.

Plan de conservation du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière de Johnville 33


_______________________________________________________________________________

7. Identification des milieux naturels à préserver et des


pressions sur ces milieux

L’analyse des liens entre les caractéristiques biophysiques et les paramètres de gestion et
d’aménagement du territoire permet de mettre en évidence les éléments clés de la
biodiversité et les zones fragiles à conserver ainsi que les pressions que subissent ou
pourraient subir certains milieux naturels en fonction de l’utilisation du territoire.

7.1 Les milieux naturels à préserver


Les milieux naturels et les secteurs prioritaires identifiés pour la conservation visent à
maintenir les fonctions écologiques, à soutenir la diversité faunique et floristique et à
préserver les corridors biologiques de connectivité entre les milieux naturels (adapté de
Joly et al., 2008). Dans le bassin versant du ruisseau Racey, les milieux naturels à
préserver sont ceux qui possèdent une valeur écologique indéniable, voire même
exceptionnelle.

Afin d’identifier les secteurs d’intérêt écologique pour la conservation dans le bassin
versant du ruisseau Racey, les critères suivants ont été utilisés :

Critères écologiques :

La présence de milieux naturels exceptionnels ;

Une concentration de milieux naturels dans un secteur (ex: milieu humide, forêt,
cours d’eau) ;

La présence de milieux humides et leur connectivité entre eux (complexe de


milieux humides) ;

La présence des cours d’eau assurant la connectivité hydrologique des milieux


humides au réseau hydrographique ;

La présence d’habitats soutenant des espèces à statut particulier.

Les secteurs d’intérêt écologique sont présentés à l’annexe 14.

Plan de conservation du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière de Johnville 34


_______________________________________________________________________________

7.2 Pressions sur les milieux naturels

Il est reconnu, à l’échelle mondiale, que les principales pressions sur la biodiversité et les
écosystèmes sont la transformation des habitats, les changements climatiques, les
espèces envahissantes, la surexploitation et la pollution (Millennium Ecosystem
Assessment, 2005).

Bien que ces pressions soient toutes importantes, à l’échelle du bassin versant, les
pressions liées à la transformation des habitats qui sont généralement associées
directement à l’utilisation du territoire ont principalement été prises en considération. Les
outils d’aménagement du territoire, les différentes affectations et les usages permis
reflètent les pressions potentielles que pourraient subir les milieux naturels. Par exemple,
une affectation définie comme urbaine et périurbaine, villégiature, enfouissement-
entreposage, extraction, industrielle et institutionnelle indique un niveau de vulnérabilité
potentielle élevée en comparaison avec d’autres types d’affectations du territoire (CRRNT,
2011). En identifiant les pressions potentielles sur les milieux naturels, cela permet aussi
de préciser s’il est urgent ou non de protéger certains milieux naturels d’intérêt. Ainsi, plus
les possibilités de perturbations du milieu naturel sont grandes, plus l’urgence de protéger
est grande. Dans un contexte où l’on vise la préservation des milieux naturels d’intérêt sur
un territoire, l’identification des pressions sur ces milieux permet d’orienter les actions de
conservation et de prévenir la perte de la biodiversité.

Les principales menaces potentielles sur les milieux naturels en lien avec l’utilisation et
l’affectation du territoire sont présentées au tableau 8.

Tableau 8. Principales menaces sur les milieux naturels

Utilisation et affectation du territoire Menaces potentielles

Agriculture Drainage de zones humides


Modification du régime hydrologique
Empiètement sur la bande riveraine
des cours d’eau et des plans d’eau
Érosion et sédimentation des cours
d’eau
Augmentation des apports en
phosphore et autres polluants dans les
cours d’eau
Perte d’habitats et de biodiversité
Dézonage de la zone agricole à des fins
résidentielles
Activités forestières Modification de la structure naturelle de
la forêt
Rajeunissement de la forêt
Ouverture de la canopée
Perte d’habitat de forêt intérieure
Empiètement sur la bande riveraine
des cours d’eau et des plans d’eau

Plan de conservation du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière de Johnville 35


_______________________________________________________________________________

Érosion et sédimentation des cours


d’eau sous certaines pratiques de
travaux forestiers
Compaction ou perturbation des sols
Perte d’habitats et de biodiversité
Transformation en terres agricoles
(culture, pâturage)
Activités d’extraction (gravière, sablière) Destruction du couvert végétal naturel
Perte des sols
Perte d’habitats et de biodiversité
Empiètement sur la bande riveraine
des cours d’eau et des plans d’eau
Érosion et sédimentation des cours
d’eau
Impact sur la nappe phréatique

Développement résidentiel et Drainage de zones humides


d’infrastructures routières (ex : zonage RU3 Destruction du couvert végétal naturel
et RE4). Fragmentation des milieux naturels
Perte d’habitat et de biodiversité

Une fois que les milieux d’intérêt écologiques ainsi que les principales pressions sur ces
milieux ont été identifiés, des priorités d’actions sont établies. Bien que tous les milieux
naturels méritent d’être préservés, il n’en demeure pas moins que l’on doit porter une
attention particulière aux milieux de valeur exceptionnelle ou qui subissent des pressions
importantes.

Les priorités de conservation dans le bassin versant du ruisseau Racey ont été identifiées
en tenant compte de l’importance de préserver la tourbière de Johnville et ses fonctions
écologiques ainsi que les milieux humides adjacents qui forment un complexe de milieux
humides d’importance.

Cinq priorités et les principales actions de conservation recommandées pour chaque


priorité sont énoncées ci-dessous (annexe 15).

Plan de conservation du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière de Johnville 36


_______________________________________________________________________________

7.3 Priorité des actions de conservation

Priorité 1 : Préserver la tourbière de Johnville

La tourbière de Johnville (tourbière ombrotrophe) est un milieu naturel exceptionnel du fait


que ce type de milieu est relativement rare à l’échelle régionale et qu’elle soutient une
diversité biologique élevée. Une portion importante de la tourbière est déjà protégée par les
Universités de Sherbrooke et Bishop’s et Nature Cantons-de-l’Est. Toutefois, d’autres
secteurs de la tourbière doivent être protégés afin de soustraire ce milieu humide à toute
intervention humaine.

Plus spécifiquement, selon les limites approximatives de la tourbière, certaines portions non
protégées de la tourbière se trouvent sur deux propriétés privées.

De surcroît, une approche globale de conservation de cet écosystème nécessite de prendre


en compte les importantes modifications qu’a subies la tourbière suite aux activités
anthropiques survenues par le passé.

Mesures de conservation recommandées

Continuer les démarches amorcées afin d’obtenir, à court terme, des ententes légales
(acquisition, servitude de conservation, réserve naturelle) visant la protection des
propriétés suivantes :
o Propriété Veilleux (4 486 333)
o Propriété Optiforêt (4 486 457)

Restaurer la tourbière ayant subi des modifications importantes.


o Mettre en œuvre le plan de restauration produit pour NCE par Génivar (2011)
pour la propriété de NCE (lot 25a-P) (4 486 458).

Priorité 2 : Préserver les milieux humides, autres que la tourbière (bog), faisant partie
du complexe de milieux humides

Ce secteur comprend les milieux humides (tourbière (fen riverain), marais, marécage arboré
ou arbustif) adjacents à la tourbière ombrotrophe et localisés le long de la branche principale
du ruisseau Racey, à l’est du Parc écoforestier de Johnville ainsi que la branche secondaire
située au nord-est du Parc.

Plus spécifiquement, les propriétés suivantes sont ciblées dans ces secteurs :

Secteur à l’est et au nord-est du Parc écoforestier

o Propriété Pierre Paquette (4 486 462)


o Propriété Compagnie d'arbres Patrick F.Downey inc. (4 486 464)
o Propriété Carolene Downey et Pierre Roberge (4 486 507)
o Propriété Dr. Marc Bellavance (4 486 518)
o Propriété S.C. Simard et Fils SENC (4 486 459)

Plan de conservation du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière de Johnville 37


_______________________________________________________________________________

Secteur au nord du Parc écoforestier

o Propriété des Filles de la charité du Sacré-Cœur de Jésus (4 486 332)


o Propriété L. L. Veilleux (4 486 333) (déjà ciblée pour la priorité 1)
o Propriété Léokadia Kwapis (4 486 334)
o Les lots lotis au nord du lot 4 486 332

Secteur au sud-est du Parc écoforestier


o Propriété Alain Paquette (4 486 420)

Mesures de conservation recommandées

Raffiner la délimitation des milieux humides à partir de l’analyse des orthophotos,


réaliser une validation sur le terrain et préciser les caractéristiques écologiques et
hydrologiques de ces milieux ;
Pour chaque propriété ciblée, identifier le type de propriétaire et le mode de protection
approprié ;
Amorcer ou continuer une démarche auprès des propriétaires afin d’obtenir des ententes
légales de conservation.

Priorité 3 : Préserver la zone tampon du complexe de milieux humides (bog, fen


riverain, autres milieux humides) et des lacs Jenckes

La zone tampon entourant un milieu humide permet de le préserver des perturbations


associées aux modifications de drainage et au flux des nutriments, et de protéger l’habitat
des espèces qui utilisent à la fois le milieu humide et l’habitat terrestre environnant comme
habitats essentiels, comme c’est le cas pour plusieurs espèces d’herpétofaune. Ainsi, la
composition de l’habitat terrestre aux alentours du milieu humide conditionne son intégrité
et sa pérennité, de même que celle des espèces qu’il héberge. Or, il n’existe pas de règle
largement établie sur la largeur effective de la zone tampon, puisqu’elle varie en fonction
des caractéristiques de chaque milieu et de chaque espèce. Pour la tourbière de Johnville,
une analyse approfondie basée sur les espèces à protéger, sur leur utilisation saisonnière
de l’habitat et sur une validation sur le terrain serait nécessaire pour déterminer la
localisation de la zone tampon (Goates et al., 2007). D’ici à ce que ces résultats soient
disponibles, NCE a opté pour une approche conservatrice. Ainsi, deux zones ont été
établies, soit une première zone à 30 m, qui correspond au standard reconnu pour préserver
un plan d’eau ou un milieu humide des impacts des activités humaines sur la qualité de l’eau
et l’habitat du poisson (Vesely et McComb, 2002), et une deuxième zone à 100 m,
correspondant à la largeur minimale moyenne nécessaire pour préserver plusieurs espèces
fauniques associées aux milieux humides (McElfish et al., 2008). Ces zones tampons ont
été cartographiées à titre indicatif (annexes 14 et 16).

Mesures de conservation recommandées

Faire une analyse approfondie, incluant des visites sur le terrain, afin de déterminer la
localisation d’une zone tampon de 30 m de largeur ou plus qui optimiserait la

Plan de conservation du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière de Johnville 38


_______________________________________________________________________________

conservation de la tourbière et des milieux humides adjacents ainsi que les lacs
Jenckes ;

Dans les zones tampons qui ont été identifiées à titre indicatif (30 m et 100 m) les
secteurs suivants sont prioritaires :

o Secteur au sud du bassin versant faisant partie de la zone agricole dont le


zonage municipal est RU 3 et permet l’exploitation de gravières et de sablières.
Dans ce secteur, ces activités sont en cours depuis plusieurs années sur les
propriétés suivantes :
Propriété Sintra (4 486 319)
Propriété DJL (4 486 321)
Propriété Gravière Bouchard (4 486 325)

o Tous les autres secteurs de la zone tampon, au sud, à l’ouest, au nord et à l’est
font partie de la zone agricole dont le zonage municipal est RU3 et A2. Mis à part
les portions de ce territoire qui sont déjà protégées, l’utilisation actuelle est en
grande partie agricole et forestière. Il est à noter que le développement de
nouvelles gravières ou sablières est possible selon ces types de zonage. Les
propriétés de cette partie de la zone tampon sont déjà ciblées par les actions de
conservation identifiées à la priorité 2.

Mettre en place une zone protégée permanente entre la gravière de la compagnie


Sintra, qui pourrait être remise en exploitation, et la tourbière et les lacs Jenckes
(milieu sensible). La réglementation municipale prévoit déjà des normes pour le
maintien d’une bande de protection de 75 mètres entre la gravière et les lacs. NCE
pourrait tenter d’augmenter la superficie protégée par la réglementation municipale,
notamment par une entente légale, par exemple une servitude de conservation qui
préciserait les restrictions d’usage dans la zone tampon de 100 m.

Pour les gravières Bouchard et DJL, assurer la mise en place d’une bande de
protection légale de 100 m pour préserver les lacs Jenckes et restaurer le couvert
végétal s’il y a lieu.

Dans les affectations rurale et agricole, amorcer une démarche auprès des
propriétaires favorisant le maintien ou la restauration du couvert forestier dans la
zone tampon de 100 m.

Priorité 4 : Assurer le maintien du couvert forestier des milieux forestiers à proximité


des zones humides et des milieux à haute valeur de biodiversité (hotspots)

Dans un bassin versant, l’usage du sol a un impact direct sur la qualité de l’eau et des
habitats aquatiques. Une proportion élevée de couvert forestier en rive et dans le bassin
serait l’un des facteurs favorisant une bonne qualité des lacs et des cours d’eau
(Environnement Canada, 2004). Toutefois, la cible du plan de conservation ne peut
comprendre toutes les forêts du bassin si on souhaite qu’elle soit applicable. Par ailleurs,
les forêts adjacentes à des milieux humides procurent une protection aux milieux humides
(zone tampon) et un habitat pour la faune qui requiert à la fois des milieux forestiers et

Plan de conservation du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière de Johnville 39


_______________________________________________________________________________

humides au cours de leur cycle de vie. De plus, les milieux humides sont davantage
susceptibles de soutenir les fonctions ou les attributs directement reliés au fonctionnement
de la terre humide s’ils comprennent également des milieux naturels adjacents servant
d’habitats saisonniers (Environnement Canada, 2004). La priorité 4 vise donc
spécifiquement les forêts adjacentes aux milieux humides ciblés à la priorité 3.

Les actions de conservation devraient cibler en priorité les forêts suivantes :

Les secteurs en amont de la tourbière adjacents au cours d’eau et aux zones


humides.

Au nord de la tourbière :

 Propriété Léokadia Kwapis (4 486 334) (déjà ciblée pour la priorité 2)


 Propriété Serge Couture (4 486 335)
 Propriété Guy Laflamme (5 002 153)
 Les lots lotis au nord du lot 4 486 332 (ceux qui ne sont pas déjà ciblés par
la priorité 2)
 Propriété Compagnie d'arbres Patrick F.Downey inc. (4 486 464) (déjà ciblée
pour la priorité 2)

Au nord-est de la tourbière :

 Propriété Carolene Downey et Pierre Roberge (4 486 507) (déjà ciblée pour
la priorité 2)
 Propriété Dr. Marc Bellavance (4 486 518) (déjà ciblée pour la priorité 2)
 Propriété Joselito Scrosati (5 002 145)

Les secteurs forestiers renfermant des espèces en situation précaire ou des milieux
sensibles comme les lacs Jenckes.

Au sud de la tourbière

 Propriété Sintra (4 486 319) (déjà ciblée pour la priorité 3)


 Propriété Mario Gendron et Maurice Gendron (4 486 278)
 Propriété Mario Gendron et Maurice Gendron (5 002 193)

Mesures de conservation recommandées

S’assurer du maintien du couvert forestier des forêts cibles.

Amorcer une démarche auprès des propriétaires pour obtenir des ententes légales
visant le maintien du couvert forestier, en favorisant la conservation volontaire.

Comme pour le projet de conservation des monts Stoke, développer avec les
propriétaires producteurs forestiers une approche de « gestion intégrée » de la forêt
afin d’assurer à la fois l’exploitation de la forêt et la conservation des zones fragiles.

Plan de conservation du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière de Johnville 40


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Travailler avec les partenaires du secteur forestier comme les groupements


forestiers pour faire connaître le projet et obtenir leur soutien dans la démarche de
conservation de NCE.

Priorité 5 : Assurer le maintien de la connectivité hydrologique des cours d’eau aux


milieux humides

La connectivité d’un milieu humide au réseau hydrographique de surface est un indice de


pérennité de ce milieu, garantissant les conditions hydrologiques nécessaires à son
maintien (Joly et al, 2008). De surcroît, la présence d’un milieu humide hydro-connecté à un
cours d’eau contribue de façon importante à la qualité de ses eaux et à la régulation de son
régime hydrologique, améliorant de façon générale la qualité du cours d’eau (Canards
Illimités, 2012).

La dernière priorité du plan vise à assurer le maintien à long terme des éléments importants
d’hydro-connectivité dans le territoire cible, à la fois pour préserver les milieux humides
jugés prioritaires (priorité 2) et pour contribuer à la qualité des eaux du bassin-versant. Les
mesures de conservation cibleront donc surtout les cours d’eau et plans d’eau situés en
amont du complexe de milieux humides et en lien avec ceux-ci.

Propriétés ciblées : cours d’eau et plans d’eau en lien avec le complexe de milieux humides
et non couverts par les autres priorités ci-haut.

Cours d’eau à l’est de la tourbière

 Propriété succession Martin Bouchard (4 486 581)


 Propriété Ferme Pierre Roberge (4 488 350)
 Propriété Jonathan Sylvester (4 486 499)
 Propriété Edward Amyot (4 486 565)
 Propriété Lise Roy (4 486 506)
 Propriété Carolene Downey et Pierre Roberge (4 486 507) (déjà ciblée pour
la priorité 2)
 Propriété S.C. Simard et Fils SENC (4 486 459) (déjà ciblée pour la
priorité 2)

Cours d’eau au nord-est de la tourbière

 Propriété Claude Beaudoin (4 486 535)


 Propriété Joselito Scrosati (5 002 145) (déjà ciblée pour la priorité 4)

Cours d’eau et plans d’eau en aval du complexe de milieux humides

Promouvoir l’application des bonnes pratiques agricoles en particulier la préservation


des cours d’eau et des zones humides en collaboration avec les partenaires du
secteur agricole (agroconseillers, UPA, etc.) et le COGESAF.

Plan de conservation du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière de Johnville 41


_______________________________________________________________________________

Mesures de conservation recommandées

Prioriser les segments des cours d’eau traversant des zones humides et ceux qui
établissent un lien hydrologique avec d’autres milieux humides.

Déterminer les problématiques associées à ces segments de cours d’eau qui ont
une influence sur le régime hydrique ou les caractéristiques biophysiques du cours
d’eau et préciser les mesures concrètes pour atténuer ces problématiques.

Encourager le COGESAF à continuer ses actions visant la gestion intégrée de


l’eau à l’échelle du bassin versant. Certaines actions ont déjà été réalisées en
collaboration avec des producteurs agricoles du bassin versant du ruisseau Racey.
Bien que l’objectif de NCE soit de maintenir la connectivité hydrologique avec le
complexe de milieux humides et les milieux humides entre eux, certaines actions
mises de l’avant pour assurer la qualité de l’eau des cours d’eau peuvent être
considérées complémentaires à celles visant le maintien de la connectivité
hydrologique.

Pour les cours d’eau ciblés en amont du complexe de milieux humides, mettre en
place une démarche de conservation volontaire pour les propriétaires du milieu
agricole dont les terres sont traversées par les cours d’eau.

Recommandations générales

Pour améliorer les outils d’aménagement et de gestion du territoire

Pour la MRC Haut-Saint-François

Pour l’ensemble des milieux humides du bassin versant, intégrer au schéma


d’aménagement les milieux humides non-identifiés par le schéma actuel.

Modifier la délimitation du territoire d’intérêt écologique déjà identifié au schéma


d’aménagement en fonction de la localisation plus précise des zones humides.

Identifier au schéma d’aménagement les aires protégées par un statut légal. Le Parc
écoforestier de Johnville devrait être identifié de cette façon au schéma
d’aménagement.

Pour la municipalité de Cookshire-Eaton

Tout comme pour la MRC du Haut-Saint-François, proposer à la municipalité de Cookshire-


Eaton des modifications au plan d’urbanisme afin d’atteindre les priorités de conservation
énoncées précédemment. Des recommandations sur des règlements spécifiques devraient
être présentées à la municipalité, notamment sur le règlement de zonage et sur le règlement
d’abattage d’arbres.

Plan de conservation du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière de Johnville 42


_______________________________________________________________________________

Acquisition de connaissances

La conservation des milieux naturels s’appuie sur les connaissances disponibles sur le
territoire cible. L’acquisition de connaissances permet de combler les lacunes en termes
d’information sur la nature et la répartition des espèces, et de raffiner les stratégies de
conservation. En ce sens, les actions proposées sont les suivantes :

Caractériser et délimiter les milieux humides adjacents à la tourbière de Johnville ;

Acquérir des connaissances sur l’hydrologie du complexe de milieux humides afin


d’assurer efficacement leur protection ;

Effectuer des inventaires écologiques dans les secteurs identifiés comme étant
prioritaires pour la conservation dans le bassin versant, notamment les milieux
humides ;

Information et sensibilisation

La sensibilisation des propriétaires et des responsables de l’aménagement du territoire à


l’importance de préserver des milieux naturels peut avoir d’importantes répercussions
dans le cadre d’une démarche de conservation. Ainsi, l’identification de clientèles cibles et
le développement d’outils de communications développés pour les informer et les
sensibiliser peuvent concourir à l’atteinte des cibles de conservation du plan.

Développer un plan de communication dont l’objectif serait de promouvoir


l’importance de préserver le complexe humide incluant la tourbière de Johnville et
des milieux naturels du bassin versant du ruisseau Racey. À titre indicatif, le plan
pourrait comprendre les actions suivantes :

o Par le biais du site web de NCE, promouvoir la diffusion d’information sur le


Parc écoforestier de Johnville et les milieux naturels adjacents.

o Produire une fiche sur la conservation volontaire pour informer les


propriétaires de la démarche de conservation et des options légales
(servitude de conservation, don écologique, réserve naturelle privée,
acquisition à des fins de conservation).

o Faire des représentations auprès de la municipalité, la MRC et les


partenaires régionaux comme la Commission régionale sur les ressources
naturelles et le territoire (CRRNT) pour faire valoir l’importance des actions
de conservation de NCE dans le bassin versant du ruisseau Racey et les
sensibiliser à l’approche d’aménagement du territoire en conservation.

o Développer une série de communications adaptée aux clientèles cibles –


agriculteurs, producteurs forestiers, compagnies d’exploitation de gravières,
chasseurs, etc.

o Dans le cadre des activités annuelles déjà organisées au Parc écoforestier


de Johnville, favoriser une activité à l’intention des propriétaires adjacents
au Parc écoforestier et des utilisateurs du territoire.

Plan de conservation du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière de Johnville 43


_______________________________________________________________________________

o Présenter le plan de conservation aux représentants des Universités de


Sherbrooke et Bishop’s afin de les informer et de les inciter à s’impliquer
comme partenaires du projet de conservation.

Conclusion

Le plan de conservation vise à préserver les milieux naturels d’intérêt du bassin versant du
ruisseau Racey, plus particulièrement la tourbière de Johnville, ainsi que leurs fonctions
écologiques. L’analyse des milieux naturels à préserver et des principales menaces qui
constituent des pressions réelles ou potentielles sur ces milieux constituait une démarche
essentielle pour atteindre cet objectif. Celle-ci a permis de préciser quels sont les milieux à
préserver en priorité dans le bassin versant ainsi que les actions de conservation qui
devront être posées pour protéger ces milieux.

Le plan de conservation constituera un outil par excellence pour guider Nature Cantons-
de-l’Est dans la mise en œuvre d’actions de conservation ciblées et cohérentes avec les
objectifs de l’organisme, en fonction des opportunités de partenariats et de financement.
De plus, cet outil de planification de la conservation servira à NCE pour guider les
aménagistes et gestionnaires du territoire dans l’amélioration de leurs outils de gestion du
territoire, notamment le plan d’urbanisme et la réglementation municipale.

Finalement, plusieurs recommandations ont été énoncées concernant l’information et la


sensibilisation. Leur mise en œuvre contribuerait à mobiliser l’ensemble des acteurs
envers la conservation de la tourbière de Johnville et des importants milieux humides qui
l’entourent, et à l’atteinte des objectifs du plan. Cet aspect ne doit pas être négligé et devra
même faire l’objet d’une attention particulière de la part de l’organisme.

Plan de conservation du bassin versant du ruisseau Racey et de la tourbière de Johnville 44


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