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GACHARD Alexandra

DANNOOT Victoria

Ecrit Geriamot’ – 3A
Monsieur L. est né le 20/01/1930, il est âgé de 92 ans. Il a fait son entrée en unité
Alzheimer le 27/05/2020 avec un GIR 3. Le motif était le suivant : le maintien à domicile seul
en autonomie complète devenait difficile, avec un contexte de majoration de la dépendance
physique et un terrain anxiodépressif. Il était d’accord avec l’entrée en EHPAD et était très
adhérent au projet.

Monsieur L. est veuf depuis 2015 et vivait seul jusqu’à son entrée à l'hôpital en février
2020, suite à une bronchite asthmatiforme. Il avait besoin d’être guidé pour la toilette,
l’habillage et une aide partielle pour les repas. Il avait donc été décidé d’une aide-ménagère à
domicile avant son entrée en EHPAD, avec le passage d’infirmières pour la prise des
traitements et pour l’hygiène. Il avait également été décidé un portage des repas.

Monsieur L. est un ancien militaire de carrière, il a fait la guerre d’Indochine et il a vécu


3 ans à Papeete. A son retour en France, il était ouvrier d’état civil à la caserne Bernadotte. Il
a 4 enfants, 1 fille et 3 garçons. De plus, il aime beaucoup regarder la télévision, marcher et
aller chercher son journal et son pain. Cependant, il s’est montré triste à son entrée dans
l’établissement car il s’était habitué au rythme de vie du service de Soins de Suite et de
Réadaptation Vignalou.

Concernant ces habitudes et son besoin d'aide pour les transferts et les mobilisations
: il se lève seul, circule seul, se déplace avec une canne. En effet, il circulait sans aide
technique dans le service de SSR. Pour la toilette quotidienne, il faut une aide partielle, il faut
le stimuler et le surveiller. Pour la douche et le shampoing, il faut faire attention car il s’agit
d’un moment qu’il n'apprécie pas, c’est sa fille qui le douchait à domicile. Pour l’habillage et le
déshabillage il est préférable de le surveiller et de le stimuler. La gestion du linge sale est à
surveiller, il n’a plus la capacité de changer spontanément ses vêtements.
A propos des déplacements, en intérieur il se déplace seul, il peut se déplacer dans
les couloirs. Monsieur L. a toujours été marcheur mais il ne se déplace pas en extérieur. En
effet, il présente un risque d'errance qu’il faut surveiller. La contenance n’est plus totalement
acquise mais il continue d’aller aux toilettes. Cela reste possible pour la selle, il porte des
PANS la journée et il faut procéder à un change complet la nuit.

De plus, monsieur L à plusieurs antécédents. Il est suivi pour une maladie Alzheimer à
un stade modéré avec un MMS de 19/30 en décembre 2019 réalisé par le docteur S. Monsieur
L. va en accueil de jour aux Lierres.
Il a fait plusieurs bronchites asthmatiforme, la dernière ayant été oxygéno-requérante avec
anxiété. Son état s’est amélioré quand il a été placé sous aérosol.

On dénombre plusieurs événements marquants lors de son hospitalisation en février


2020. Monsieur L. a fait de la fièvre. Il présentait un abcès de la marge anale qui a dû être
drainé au bloc opératoire le 9 Mars 2020.
De plus le 10/04/2020, il se déclare une Septicémie puis l’apparition d’un œdème du bras
retrouvant une phlébite du bras.

Enfin, monsieur L porte des lunettes. Il présente une surdité à l’oreille gauche suite à
une mastoïdite. Il a un mauvais état dentaire mais n'est pas appareillé et il a globalement un
bon état cutané. Au niveau émotionnel, il est très anxieux, très agité à la tombée de la nuit et
très en demande d’attention. Il angoisse d’être seul, de la nuit et d’être abandonné.
Traitement actuel

- Acide folique 5MG Mylan FL CPR 20


- Clinutren 1,5 ABRIC BOUT200 24 HOP
- Finasteride 5MG Mylan CPR 28 (Finastéride)
- KARDEGIC 75MG SACHET 30 (Acétylsalicylique acide)
- LOXAPAC 25MG/ML SOL BUV 30ML (Loxapine)
- MACROGOL 4 000 10G MYLAN SACHET20 (Macrogol 4000)
- PARACETAMOL 500MG MYLAN FL GEL 16 (Paracétamol)
- PREGABALINE 50MG MYLAN GEL 84X1 (Prégabaline)
- RAMIPRIL 5MG MYLAN PIL CPR SEC 30 (Ramipril)
- SEEBRI BREEZHALER 44MCG GEL+INH 10 (Glycopyrronium)
- VENLAFAXINE LP 75MG BIOG FL GEL30 (Venlafaxine)
- ZYMAD 50 000UI BUV 2ML BT 1 AMP (Cholécalciférol)

Situation et attitude professionnelle :

Monsieur L. a voulu se lever seul. Dû au manque de tonus et d’équilibre, il a chuté dans


sa chambre entre deux tournées de passage infirmier. On ne sait pas combien de temps il est
resté au sol, probablement plusieurs minutes. Après constatation de la chute et avant de le
relever, nous avons fait un recueil de l’état général du résident à savoir : plaies apparentes,
douleur, hématomes, état de conscience etc …
Monsieur L était conscient, présentant un hématome sur les genoux, une douleur au
niveau du poignet droit et une légère plaie (superficielle) à la tête. Cela nous amène à penser
qu’il y a eu choc au niveau de la tête. Une surveillance accrue de l’état général a été mis en
place afin de surveiller l’évolution post-chute (risque de trauma crânien)

Face à cette situation, nous nous sommes assurées de l’état psychologique de


Monsieur L. avec un passage de la psychologue. Dans l’optique de préserver une conscience
corporelle saine, nous avons décidé avec l'accord du médecin, d’entreprendre des séances
de mobilisations passives du bas du corps.

Suite à cette chute et aux tentatives fréquentes de Monsieur L, de se lever, nous avons
décidé de passer sur une utilisation d’aide technique supérieure. Les rails présents dans la
chambre au plafond, ont été équipés d’un moteur afin de faciliter le transfert. Nous passons
donc à l’utilisation systématique du lève-personne pour la sécurité de Monsieur L et des
professionnels de l’équipe. De plus, une contention est associée au fauteuil afin de limiter le
risque de chute.

On remarque plusieurs choses dans le comportement de monsieur L, notamment


beaucoup de cris qui surviennent quand il est seul ou alors dépasser sensoriellement. Le bruit
pourrait lui servir à remplir l'espace auditif lorsqu’il est tout seul dans sa chambre ou dans le
salon. Le manque de stimulation auditive ici notamment pourrait être un facteur déclenchant
d’anxiété d’où l’autostimulation.

On a décidé de proposer alors plusieurs approches comme des séances en salle


Snoezelen. Nous aurions pu proposer de la balnéothérapie cependant, les douches étant
difficiles pour monsieur, nous préférons lui proposer une séance Snoezelen. Le but étant de
rechercher un état un peu plus détendu avec une ambiance spéciale, des massages et un
travail de conscience corporelle.

Lors de ses séances Monsieur s’est montré peu enclin à se laisser aller et profiter
directement dans cette ambiance, nous avons alors décidé de commencer plus simplement.
Sans forcément éteindre toutes les lumières, nous discutons sur ce qu’il aimerait là de
suite dans le moment présent et en suivant ses directives. Cela lui a permis de se détendre et
retrouver un peu d’autorité qu'il avait en tant que militaire. Petit à petit, monsieur a adhéré à la
proposition et se laisse aller à nos propositions. Cependant, il ne verbalise jamais que cela lui
plait, mais vient avec plaisir aux séances et les équipes le trouvent plus détendu. Il crie moins
et on remarque une diminution de certains traitements qui pouvait être donné pour l’aider à se
calmer.

Monsieur L. essaie toujours de se lever malgré le tonus du membre inférieur insuffisant.


Il n’a pas l’air d’avoir conscience de cela. Le risque de chute étant important nous ne pouvons
pas retirer la contention mise en place sur le fauteuil. En revanche, pour accompagner
Monsieur dans l’acceptation de sa condition et dans le deuil de la personne qu’il était, nous lui
proposons de participer à un atelier que nous animons : “Danse assise” afin qu’il puisse
expérimenter le mouvement assis et donc sans prise de risque sans pour autant supprimer le
plaisir des activités.

Monsieur L se montre bien investi dans les activités de groupes qui peuvent lui être
proposées. En effet, l’atelier “danse assise” lui plait beaucoup. Il prend plaisir à venir et
participe. Nous décidons, dans ses moments d'accompagnement, de lui enlever la contention
au fauteuil et nous l’aidons à se lever pour danser avec lui lorsqu’il s’en sent capable. On
observe un plaisir manifeste à cette sollicitation. Assis, il danse aussi et suit tous les
mouvements proposés, avec quelques difficultés lorsqu’il s’agit de mouvements trop amples.

Suite à ces nombreuses participations à l’activité “Danse assise”, nous nous sommes
rendues compte du plaisir ressenti lorsque Monsieur L. écoute de la musique. Face à ce plaisir
et à son besoin de contenance auditive, nous proposons à l’entourage de fournir à Monsieur
L. un poste radio afin qu’il puisse s’en servir au besoin dans sa chambre.

Cependant et depuis qu’il est en fauteuil, monsieur se montre agressif avec les
personnes qui déambulent ou marchent devant lui. Présentant déjà un profil de personne
angoissée, le risque de voir ses troubles du comportement aggravés suite à la chute et à toutes
les modifications apportées est à considérer. Afin de garantir une prise en charge optimale au
niveau émotionnel, nous discutons avec la psychologue de l’établissement du cas de Monsieur
L. et nous en sommes venues à la conclusion suivante : Nous proposons de rajouter chacune
une séance par semaine à Monsieur L. Ainsi, les séances individuelles de psychomotricité
seront le mardi et le jeudi et la psychologue verra Monsieur une fois par semaine à savoir le
mercredi. Il continue également l’atelier “Danse assise” le vendredi matin.

Ressentis personnels de Victoria


Je n’ai pas vécu cette situation personnellement mais des situations de chutes, j’y ai
assisté au cours de mon stage. Lorsque nous découvrons avec ma maitresse de stage des
personnes qui ont chuté, je suis toujours un peu surprise puisque ce n’est pas habituel de
retrouver une personne allongée au sol lorsqu’on vient la chercher pour sa séance. De plus,
je ne pensais pas que les personnes âgées qui chutaient marquaient aussi vite et aussi fort.
Je trouve que même sur une chute qui n’est pas si impressionnante que cela, les
hématomes apparaissent vite et ils sont très violets. Les répercussions physiques des chutes
sont impressionnantes.
Face à de telles situations il est difficile de réussir à garder une certaine distance.
Pour ma part, je ne suis pas à l’aise avec les personnes âgées car je ne peux pas
m’empêcher de penser que mes proches vont vieillir et que je vais vieillir également et je
trouve que c’est une étape inévitable angoissante. De se dire que ces personnes ont vécu
tant de choses dans leur vie et qu’elles ne s’en souviennent pas, c’est ce qui me fait peur. Je
suis bien consciente que c’est une distance qu’il faut avoir pour bien exercer notre profession
et c’est la raison pour laquelle je ne me sens pas encore capable de travailler avec les
personnes âgées.
Si j’avais vécu cette situation, je pense que je n’aurais pas su comment agir seul. Je
trouve qu’il est difficile de s’imposer et d’agir en tant que stagiaire lors d’un stage cours. Les
résidents ne nous connaissent pas forcément. Pour la plupart nous les avons vu que
quelques fois et les personnes atteintes de troubles cognitifs et de démences peuvent se
montrer désinhibées et refusantes toutes aides. Je l’ai vu dans mon stage. Les résidents qui
ne nous connaissent pas peuvent se montrer opposants lorsqu’on veut les aider. Peut être
que cela est dû à une certaine maladresse ou tout simplement au fait que certains
n’acceptent pas leur condition. Il est difficile d’agir pour une personne qui ne sait pas qui l’on
est mais nous ne devons en aucun cas en oublier le fait que notre présence est légitime, tout
comme nos actions. C’est un long apprentissage, qui je pense, est un apprentissage de
carrière. Nous ne cessons de nous former et d’apprendre comme agir face à telle ou telle
situation. Je ne pense pas qu’il y est de bonne ou de mauvaise réaction. La posture
professionnelle, c’est un cheminement que j’ai entreprit il y a maintenant 2 ans et que je
continue à développer au fil de mes stages et de mes rencontres professionnelles.
Ressentis personnels d’Alexandra
Lors du constat de la chute j’ai d’abord été assez surprise sachant qu’on ne savait pas
combien de temps il était resté dans cette position ni s’il lui était arrivé quelque chose de grave.
Puis, lors du début de la prise en charge j’avais peur de lui faire mal par rapport à sa chute et
à ses tuméfactions sur les jambes, ou encore à cause de son poignet douloureux. De plus, la
peau des personnes âgées étant très fine, ils marquent vite et longtemps. Ma maîtresse de
stage m’a beaucoup aidé à me détendre par rapport à ça, elle ne m’a jamais forcé à faire
quelque chose, c’était toujours des invitations avec l’accord de monsieur L. De ce fait, petit à
petit je me suis détendue et j’ai pu prendre plaisir à faire ces séances avec lui. Enfin, ma
maîtresse de stage m’a laissé de plus en plus de place et j’ai pu diriger une séance avec lui
car la relation avec monsieur était bonne et que je me sentais à l’aise pour cela. Cela a été un
bon moment avec un peu de fierté personnelle d’avoir réussi cela.

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