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Description[modifier 

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Morphologie[modifier | modifier le code]
Le trait le plus remarquable de la tortue luth est sa silhouette en forme
de coque de navire renversé, traversée de sept carènes, avec son dos recouvert
d'une carapace de peau, à l'aspect de cuir, de couleur bleue très foncé, moucheté de
petits points blancs. La face ventrale de l'animal est de couleur rosé sombre,
traversée par trois carènes peu marquées1. Par ailleurs sa simple taille la distingue
des autres tortues marines.

Disposition des carènes sur le dos de la tortue luth ; en noir, la carène vertébrale, en bleu, vert
et rouge, les carènes latérales
 

 La tête est très grande, ce qui contraste avec un museau peu développé.
Sur le bec supérieur, on peut observer une pointe médiane très marquée
entourée de deux grandes encoches2. L'intérieur de la bouche est occupé
par une multitude de cônes, utilisés aussi bien pour l'oxygénation3 que
l'alimentation.
 Ses membres sont fortement aplatis et transformés en palettes natatoires
appelées nageoire ou rames, ils sont dépourvus de griffes; ses nageoires
antérieures sont en outre très longues en comparaison de celles des
autres tortues de mer, elles font plus de la moitié de la longueur de la
carapace.
 Un large cou relie la tête aux épaules. Il ne permet pas à cette espèce de
rentrer complètement sa tête à l'intérieur de sa cuirasse.
 La queue est de forme conique ; elle est rehaussée par une base épaisse
et possède parfois un pli qui prolonge la carène vertébrale de la carapace.

Couleurs[modifier | modifier le code]
La couleur de la peau de l'animal est d'un bleu très foncé. Elle est brillante et lisse,
ce qui lui donne l'aspect du cuir. Les carènes de la dossière sont soulignées par un
éclaircissement de la peau. Tout son corps est parsemé de petits points blanchâtres.
Le plastron est rosé et plutôt sombre. La carène de la queue, quand elle existe, est
également blanchâtre.
La tête de l'animal présente une tache, de couleur blanche à rosée, correspondant à
un chanfrein. Cette tache a une forme unique pour chaque individu et permet leur
identification sur photo4 .
Taille et poids[modifier | modifier le code]
À l'éclosion les bébés tortues mesurent 7 à 8 cm et pèsent seulement quelques
dizaines de grammes5.
Le ministère Pêches et Océans Canada a mesuré un poids moyen de 400 kg pour
une longueur courbe de la carapace de 1,50 mètre, pour les individus adultes dans
les eaux nationales de l'océan Atlantique6. En Guyane, sur les sites de pontes et
dans les eaux françaises, l'Office français de la biodiversité indique une moyenne de
400 kg pour le poids et une longueur d'environ 1,60 m5. Le plus gros spécimen,
mesuré au Pays de Galles, pesait 915 kg et dépassait 2,20 m de longueur7.
Squelette[modifier | modifier le code]
Le squelette des tortues est caractérisé par un crâne anapside (avec une seule fosse
pour les orbites)8. Les ceintures pelviennes et scapulaires sont positionnées à
l’intérieur de la cage formée par les côtes9.
La cuirasse dorsale est appelée « Dossière »

La carapace ventre est appelée « plastron ».

Chez la tortue luth, la structure osseuse de la carapace est réduite à une mosaïque
de petits osselets irréguliers10, insérées dans une plaque de tissu conjonctif épais11.
Les plus gros de ces osselets sont tuberculés et disposés en lignes. Ces lignes,
visibles sous la peau, forment les crêtes ondulées appelées carènes qui filent de la
tête vers la queue de l'animal1.
Cette carapace profondément transformée n’est pas attachée à la colonne
vertébrale et aux côtes mais en est séparée par une couche adipeuse. Du côté
externe elle est complètement dépourvue de toute couverture d’écailles. La
protection du dos est en revanche assurée par un épaississement marqué de la
peau, qui forme ainsi une pseudo-carapace lisse ayant l'aspect du cuir. C'est un
caractère unique chez les tortues actuelles, toutes les autres espèces possédant des
écailles kératinisées sur une carapace osseuse12.
Les os des mains sont fins, on n'observe pas d'épaississement liés à l'adaptation à la
vie aquatique.

Physiologie[modifier | modifier le code]
Longévité[modifier | modifier le code]
Une tortue luth peut a priori vivre plus de 50 ans13.
Capacité de plongée[modifier | modifier le code]
La tortue luth est une excellente plongeuse puisque des scientifiques ont relevé
plusieurs observations de tortues luth jusqu'à 1 300 m de profondeur pour des
plongées de 4 938 s14 (soit plus de 80 min).
La tortue luth peut rester jusqu'à quatre-vingts minutes en plongée, en partie grâce à
l'extraction de l'oxygène de l'eau à l'aide de longues papilles situées dans
sa gorge et à la récupération d'oxygène dissous dans certains de ses tissus13.
Résistance au froid[modifier | modifier le code]
Avec un rythme métabolique trois fois supérieur à un reptile de cette dimension et
l'isolation fournie par son corps massif et gras, la tortue luth peut supporter des eaux
froides. La température de son corps peut être supérieure de 18 °C15 à celle de l'eau
dans laquelle elle évolue. Ses nageoires l'aident également à conserver la chaleur.
Elles fonctionnent comme des échangeurs de chaleur à contre-courant, c'est-à-dire
que les artères chaudes réchauffent les veines froides. Allié à sa carapace résistante
à de fortes pressions13, cela lui permet de plonger à plus de 1 200 m de profondeur15.

Éthologie et écologie[modifier | modifier le code]


Migration[modifier | modifier le code]
Plusieurs études de suivi par satellite pour connaître leur migration furent effectuées
notamment par le CNRS et l'Institut polaire français Paul-Émile-Victor qui équipèrent
des tortues luth de balises Argos16.
Le comportement de migration des tortues luth peut être découpé en deux périodes :

 Pendant la saison de ponte, entre deux pontes les tortues luth migrent à
faible distance généralement de façon passive et sans s'alimenter, pour
réduire les dépenses en énergie. Ce comportement connaît une exception
pour les individus se reproduisant en Guyane et sur l'île de Sainte-Croix
dans les Caraïbes, qui se nourrissent de façon apparemment opportuniste,
en plongée profonde et active. Une perte de poids d'environ 11% de la
masse corporelle a lieu pendant cette période. Le domaine vital est plus
grand que chez les autres espèces de tortues marines pendant cette
période inter-ponte, les femelles luth s'éloignent davantage des plages
(entre 50 et 200 km, pour la population atlantique). Les plongées sont
courtes et peu profondes, que ce soit dans l'Atlantique ou le Pacifique;
cependant une grande variabilité de comportement a été observé selon les
individus, dans plusieurs études17.
 Après la ponte vient une phase de transit, en passant par des zones
pauvres en nourriture, pour rejoindre les zones d'alimentation dans des
eaux tempérées, que ce soit dans l'Atlantique ou le Pacifique. Les tortues
luth semblent privilégier des zones de fronts océanique, où des eaux aux
caractéristiques contrastées se rencontrent, par exemple la zone de
rencontre entre les eaux glaciales du courant du Labrador et les eaux
chaudes du Gulf Stream dans l'Atlantique nord ou le long du courant de
Kuroshio dans le Pacifique18. Ce sont des zones où le zooplancton est
susceptible de se concentrer en masse.

Cette espèce parcourt, ainsi, plusieurs milliers de kilomètres lors de ses voyages
transocéaniques pour rejoindre ses aires d'alimentation en méduses. Elles
progressent en s'orientant à l'aide du champ magnétique terrestre19.
Alimentation[modifier | modifier le code]
La méduse constitue la majeure partie de l'alimentation de la tortue luth 20, mais elle
peut également se nourrir de salpes, de poissons, de crustacés, de calmars,
d'oursins et même de certains végétaux, dont des algues (surtout consommées par
les jeunes spécimens). Elle peut consommer quotidiennement une quantité de
méduses égale à son propre poids21, soit jusqu’à 50 individus de grande
méduse Rhizostoma pulmo22. La tortue luth a donc un rôle crucial dans l'équilibre
écologique mais aussi économique du fait de son alimentation23. En effet, en
consommant des méduses, elle réduit leur nombre et ces dernières consomment
donc moins de poisson, ce qui laisse de nouvelles opportunités pour les pêcheurs.
Elle aurait une influence positive sur les populations de poissons, les méduses étant
d'importants prédateurs d'alevins24.
Les tortues n'ayant pas de dents et les méduses étant difficiles à déchiqueter, les
scientifiques se sont demandé25 comment les tortues luth pouvaient s'alimenter avec
ces animaux. On a découvert que l'œsophage de la tortue luth, tapissé d'épines,
avait pour fonction le dépeçage des proies.

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