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Archives Berbères
Publication
du Comité d'Études Berbères
ANNÉE 1915
de Rabat
SOMMAIRE
Administration'de la Revue :
DIRECTION du SERVICE des RENSEIGNEMENTS (Résidence Générale), RABAT
J
LES
Archives Berbères
Publication du Comité d ' É t u d e s Berbères
de Rabat
VOLUME 1 ANNEE 1915 FASCICULE 2
RENÉ BASSET,
peut é c h a p p e r m o m e n t a n é m e n t à ses e n n e m i s en r e c h e r -
chant la protection d ' u n e femme, c o m m e n o u s le v e r r o n s
plus loin.
C ' e s t ce double aspect de la femme b e r b è r e , achetée et
traitée c o m m e un objet de r e n d e m e n t , et d ' a u t r e part r e s -
pectée, écoutée, douée d ' u n e puissance qui lui p e r m e t de
s a u v e r m ê m e un criminel, qui en fait le côté e x t r ê m e m e n t
original et la fait diversement d é p e i n d r e .
Si la polygamie est n o r m a l e dans la société b e r b è r e , le
divorce est d ' u n e p r a t i q u e non moins c o u r a n t e . Ce d e r n i e r
peut être p r o n o n c é s u r la d e m a n d e de l'un ou l ' a u t r e des
é p o u x , avec cette différence toutefois que la femme doit
p r é s e n t e r u n e raison suffisante. E x a m i n o n s les divers cas,
et interrogeons la c o u t u m e .
Le m a r i a des motifs s é r i e u x p o u r se s é p a r e r de sa
f e m m e . Il consulte les djemâas des d e u x parties intéressées,
le p è r e de la jeune fille étant p r é s e n t . Le divorce est alors
accepté et un feqih rédige l'acte séance tenante, puis le remet
à la f e m m e .
En principe, la dot doit être r e n d u e intégralement, d a n s
les trois mois et dix jours qui suivent celui du divorce. D a n s
la pratique, elle est r e n d u e à t e m p é r a m e n t , suivant les con-
ventions qui ont été établies. La femme r e n t r e chez son
p è r e qui en dispose à son g r é et peut la r e m a r i e r à sa
volonté, m ê m e si la dot n ' e s t pas encore entièrement r e m -
boursée, quitte au p r e m i e r mari de profiter de cette occasion
p o u r se faire r e m b o u r s e r sur la dot versée p a r le nouveau
prétendant.
C o n t r a i r e m e n t à ce qui se passe d a n s les tribus m a k h z e n ,
la femme ne s'appartient jamais et retombe toujours sous
la coupe paternelle.
Au m o m e n t de p r o n o n c e r le divorce, la djemâa d e m a n d e
à la femme si elle est enceinte.
Si elle ne l'est pas, elle doit j u r e r trois v e n d r e d i s de
suite devant un m a r a b o u t du pays, a p r è s quoi elle peut se
r e m a r i e r s a n s autre délai. En r é s u m é , ces trois s e m a i n e s
constituent le degré de viduité.
Si la femme déclare à la djemâa qu'elle est enceinte,
le divorce est n é a n m o i n s p r o n o n c é . La femme r e t o u r n e chez
ses p a r e n t s et, lorsque l'enfant vient au m o n d e , il est e n v o y é
au p è r e qui le fait élever c o m m e il l ' e n t e n d . Toutefois, la
m è r e l'allaite un mois environ, et peut m ê m e continuer à
l'élever s'il y a entente entre elle et son ancien mari, à
— 20 —
Q u a n t au n o m b r e , à !a composition et à la d é n o m i n i -
tion des diverses subdivisions entre la famille et la tribu, il
est bien difficile de d o n n e r des précisions et il y a lieu de se
r a p p o r t e r aux indications générales suivantes •.
P l u s i e u r s familles, ou ikhsan se réunissent pour former
un asoun (plur. isoun), groupe qui offre certainement plus
de cohésion et une personnalité plus grande que la tribu
elle-même, et qui peut être considéré c o m m e la sous-frac-
tion.
Après le asoun, n o u s trouvons la fakhda, c o m p r e n a n t un
n o m b r e variable de issoun. et c o r r e s p o n d a n t à la fraction.
La réunion de plusieurs fakhdas constitue la tribu ou
qabila, g r o u p e m e n t indépendant, ayant son chef et suffi-
s a m m e n t fort p o u r pouvoir résister par ses p r o p r e s m o y e n s
à ses e n n e m i s e x t é r i e u r s . Les gens qui composent la tribu
ont e n t r e eux des liens de parenté plus ou moins lointains;
ce qui explique leur solidarité et l'appellation de « frères »
qu'ils se donnent entre e u x .
Enfin, au-dessus de la tribu se trouve un g r o u p e m e n t
s u p é r i e u r , qui ne porte pas de nom spécial et qui englobe
l'ensemble des tribus d ' u n e m ê m e confédération : c'est sous
ce nom q u ' o n la désignera, et l'on dira proupemenf zemmour.
g r o u p e m e n t zaïan. etc.
Autrefois, lorsque les Zemmour relevaient encore de
l'autorité m a k h z é n i e n n e , l'ensemble du bloc avait été divisé
en cinq g r o u p e s ou khoms, se fractionnant e u x - m ê m e s en
divisions olus petites ou rebaâ. Le rebaâ, malgré son nom,
n'était pas toujours le quart du k h o m s , et ce cas était m ê m e
u n e exception.
Ce sectionnement avait été opéré non en vue du com-
m a n d e m e n t , mais p o u r la répartition de l'impôt et des con-
tributions, chaque k h o m s payant un cinquième de la part
totale et le répartissant à son tour entre les rebaâ.
C ' e s t ainsi qu'il existait d a n s l'ensemble des Z e m m o u r
les cinq khoms ci-dessous :
r
I. - Ait Zekri : r Rebaâ : Aït Ouribel, Qabliyin :
e
2° Rebaâ : Ait Abbou, Aït Belqacem, Aït O u a h i ; 3 Rebaâ :
Beni A m a r .
II. — M e s s a g h r a .
I I I . — Aïf M i m o u n .
I V . — Djebel ed D o u m .
V. — Beni H a k e m .
— 23 —
2° L'HABITAT
4° LA PROPRIÉTÉ
7° LA JUSTICE
</' LA GUERRE
10" LA RELIGION
nexe de Khemisset, les Ait Yaddine, les Ait Sibeur, les Ait
El Madjoub, les Ait Khaled et les Ait Ben H a m a d i puisent
dant cette origine la considération et le respect qui les
e n t o u r e n t . En réalité, ils ont souvent e m p r u n t é le caractère
religieux de celui qui les a évangélisés.
Il y a lieu de distinguer entre le chérit et le marabout dont
les tombeaux sont l'objet de vénération à un titre p r e s q u e
égal. Le p r e m i e r a une signification exclusivement religieuse,
appartient à la secte Idrissiste ou Alaouite. Le second a un
sens plus général et ce titre lui a été acquis a p r è s sa mort,
p a r sa réputation de sainteté, ses vertus, sa sagesse. Q u e l -
quefois aussi la folie, l'imbécilité conduisent à la réputation
m a r a b o u t i q u e et sont h o n o r é e s c o m m e aes é m a n a t i o n s de la
divinité. Les femmes elles-mêmes peuvent p r é t e n d r e à la
sainteté et devenir des oualias dont le tombeau sera visité par
les fidèles. C e s tombeaux se rencontrent un peu partout
dans la c a m p a g n e marocaine, a u p r è s d ' u n arbre, d ' u n e
source, d ' u n puits et on peut juger de leur fréquentation par
le n o m b r e des petits fanions blancs accrochés en ex-voto, i.es
uns sont e n t o u r é s d ' u n e modeste m u r e t t e en pierres sèches,
disposée de m a n i è r e à former u n e enceinte circulaire à ciel
ouvert : c'est le haouch. D ' a u t r e s sont r e n f e r m é s dans des
édifices plus s o m p t u e u x , affectant u n e forme c a r r é e , et dont
la partie s u p é r i e u r e est formée p a r une coupole r o n d e ou
ogivale : c'est la qoubba classique, blanchie à la c h a u x ,
point de r e p è r e précieux p o u r le voyageur é g a r é . Parfois
enfin, à côté de la qoubba viendront s'édifier une école, u n e
maison d'asile, une m o s q u é e et l'habitation du chef religieux.
L ' e n s e m b l e de ces constructions porte le n o m de zaouia.
La zaouia est un lieu de refuge p o u r le fidèle qui vient
y prier et v i v r ' quelque temps d a n s la paix et l'isolement,
p o u r le voyageur qui y passera la nuit sans avoir à craindre
les voleurs et les c o u p e u r s de route, p o u r le p a u v r e qui est
toujours certain d'y trouver l'hospitalité, p o u r le réfugié,
enfin, qui m o m e n t a n é m e n t é c h a p p e r a à l'étreinte de ses
ennemis.
La zaouia s'érige ainsi en tribunal de paix et de con-
corde, et bien souvent des différends s'y régleront, des
adversaires s'y réconcilieront, des animosités s'y apaiseront.
Elle constitue un terrain n e u t r e où les poursuites s'arrêtent,
où la vengeance ne peut s ' e x e r c e r , où le criminel c o m m e
l ' h o m m e de bien trouvent un abri égal. C o m m a n d é e p a r un
p e r s o n n a g e généralement descendant du chérif, dont il se
— 53 -
(1) Sur les Naceriyin. cf. Rinn, op. cit., p. 277 et suiv. : Depont
et Coppolani. op. cil., p. 467 et suiv. : Monlet, op. cit., p. 2 0 - 2 1 .
(2) Sur les Qadriyin, cf. Rinn, op. cii., p. 173 et suiv. ;
Depont et Coppolani, op. cit., p. 293 et suiv. ; Montet, op. cit.,
p. 4 8 - 4 9 ; de Neveu, Les Khouan, 3" édit., Alger, 1913, p. 21 et
suiv.
(3) Sur les Aïsaoua, cf. Rinn, op. cit., p. 349 et suiv. ; Depont
et Coppolani, op. cit., p. 3 4 9 et suiv. : Montet, op. cit., p. 8 ët
suiv. ; de Neveu, p. 55 et suiv.
- 56 -
CAPITAINE QUERl.EUX,
(I) La plupart des matériaux qui ont servi pour cette étude ont
été puisés dans des rapports fournis à la Résidence Cénérale par les
Officiers du Service des Renseignements sur les coutumes locales en
matière de diya.
- 6 3 —
(1) Trenga, op. cit. Le baiser sur la tête est signalé aussi à Mer-
7aga (Zaër). Comp. les rites du pardon chez les Kabyles, où il y a
adoption du meurtrier par la famille de la victime (Hanoteau et
Letourneux, III, pp. 68-69).
(2) Rapports du Capitaine Grasset, du Cercle des Beni Yznacen,
et du Capitaine Morbieu, du Cercle d'Oudjda.
(2 bis) Loubignac.
(3) V. à l'appendice, tableaux donnant les chiffres moyens de
la diya dans les diverses tribus.
(4) Slès, Fichtala. Zemmour. Tadla, Ait Mgild, et au Figuig
entre Ksouriens et Nomades.
(5) Ait Makhlouf, A ï t Fringo, Ait Tseghrouchen, Yzayan.
(6) Aït Youssi Gheraba, Ait Halli (des Aït Youssi Djebala).
(7) Aït Ndhir, igerouan, Chleuh de la région de Fez, Zaër.
(8) On a remarqué que c'est chez les tribus les plus guerrières
que la diya est le plus élevée. Cela tient au souci de restreindre le
plus possible le nombre des attentats contre la vie des personnes, afin
de conserver le plus grand nombre de combattants pour la défense de
la tribu (Trenga).
(9) L'extîanéité est tantôt un motif d'augmentation, tantôt de
réduction.
Chez les Ait Sidi Abdessclam, petite fraction de chorfa des Aït
Ndhir, la diya est d'environ 100 réaux quand le meurtrier appartient
g r o u p e s ( i ) , la condition (2) et la fortune des p e r s o n n e s ,
les circonstances du m e u r t r e (3).
à la fraction ; lorsqu'il fait partie des fractions voisines des Ait Mgild,
elle va jusqu'à 2 0 0 brebis. Chez les Igerouan, le meurtrier -qui appar-
tient à une autre tribu paie une diya inférieure (Colonel Seal).
Chez les Ait Tseghrouchcn d'Immouzer, la diya est : entre eux,
de 12 taureaux estimés 12 douros l'un : entre eux et les gens du
Kandar, de 250 douros (Capitaine de Blois).
Les Ait Youssi Gheraba entre eux paient 300 douros, les Ait
Halli entre eux jusqu'à 700 douros ; ils paient ;iux tribus voisines, en
moyenne, 500 douros (Chef de Bataillon Grasset, Commandant le
Cercle de Sefrou).
Entre Ait Raho, la diya est de 450 à 6 5 0 réaux ; entre eux et
les Ait At'ssa ou Lhacen, elle monte jusqu'à 1.050 réaux. Dans le
groupe des Ait Raho, Hammara et Ait Chao, elle est de 6 0 0 réaux.
Elle est de 50 à 60 moutons dans les rares cas où un arrangement
intervient entre Izayan et Arabes (Capitaine Mortier). Cf. p. 6,
note 1.
A Oudjda. les Beni Oukil, qui paient entre eux 1.000 francs,
ne paient aux tribus voisines que 750 francs, et les Zekara 2 5 0 (Capi-
taine Morbieu). Aux Beni Guil. dans la même fraction, la diya est
de 500 douros ; entre deux fractions de la tribu, elle est de 8 0 0 dou-
ros ; entre Beni Guil et gens d e s tribus limitroDhes, elle monte à
1.000 douros (Chef de Bataillon Panel, Commandant le Cercle).
(I) Aux Beni Yznaccn, pour le premier sang qui coule entre
deux familles, la diya est généralement de 1.000 francs : s'il s'agit
d'une vendetta et que le prix du sang du premier mort n'ait pas été
payé, elle n'est plus que de moitié (Capitaine Grasset).
Entre tribus différentes, quand il existe des relations suivies et
amicales, le prix du sang est fixe, soit qu'il ait été arrêté par conven-
tion spéciale, comme entre Haouara, Sedjâa et Ahlaf (Capitaine
Garbies. Chef de l'Annexe de Guercif) ou entre Oulad Naceur et
Ait Aïssa ou Ait Tseghrouchcn (Capitaine Noël, Chef du Bureau
des Renseignements du Poste de Bou Anan), ou entre Ait Raho,
Hammara, Ait Chao (Capitaine Mortier), soit qu'on applique le
tarif de la tribu de la victime, comme cela avait lieu entre Aït
Yafelman, Ait Tseghrouchen et Ait Atta 'Beraber) lorsque la diva
y était en usage (Capitaine Allemand. Chef du Service des Rensei-
gnements à Bou Denib).
Lorsqu'il n'y a pas de relations, le montant de la diya est
débattu de gré à gré et fait l'objet de marchandages parfois prolongés.
Il en est ainsi entre les Haouara et les Chlcuh de l'Est marocain
(Ghiata, Mtalsa, Beni Bou Yahhi. Beni Ouaraïn) et entre Ksouriens
et Nomades du Eiguig (Capitaine Garbies, Chef de Bataillon Pariel).
Lorsque les deux tribus sont en état d'hostilité (et cet état peut
tenir précisément à l'existence de vendettas entre membres de l'une
et de l'autre), le talion seul est la règle : chaque meurtre est payé
d un meurtre. On a vu ainsi, en pavs zaër, jusqu'à 75 morts à la suite
d un seul assassinat (Lieutenant Tailhade). Si de guerre lasse on
songe à faire la paix ou à conclure une trêve, par exemple pour les
— 7.3 —
L o r s q u e la victime et le m e u r t r i e r appartenaient à la
m ê m e famille, il ne peut être question de responsabilité col-
lective, car les m e m b r e s de la famille, également a p p a r e n t é s
à la victime et au m e u r t r i e r , seraient à la fois créanciers et
débiteurs du sang. Le m e u r t r i e r r é p o n d donc seul de son for-
fait. 11 est à p r é s u m e r qu'il peut être mis à mort ou se
racheter. Au Tadla, la transaction a g é n é r a l e m e n t lieu en ce,
cas p o u r une s o m m e intérieure à la diya légale ( i ) . A Mer¬
zaga, le fratricide ne paie la diya que si le i r è r e qu'il a tué
avait des enfants mâles, qui toucheront le prix du sang,
ou si la s œ u r qu'il a tuée était m a r i é e ; le mari touche alors
deux tiers de la diya, l'autre tiers revenant aux p a r e n t s de
la femme, « ce qui est la répartition habituelle p o u r les diya
de femme » (2).
Le paiement de la diya est constaté, chez les Igerouan,
p a r acte dressé devant le cadi y; ; mais les tribus moins
islamisées se contentent de témoins. A Merzaga, un notable
est choisi p a r le m e u r t r i e r c o m m e caution du paiement en
vue u éviter les contestations ultérieures (4). A Anoceur, ia
caution, fournie p a r les gens qui ont reçu la diya, est
appelée adouas et garantit leur renonciation à toute ven-
geance (5). Ce p e r s o n n a g e porte chez les Izayan le nom
voisin de dououas ; il est choisi par le m e u r t r i e r p a r m i
les p a r e n t s de la victime ou les gens r é p u t é s braves et hon-
nêtes, et a p o u r mission de garantir l'exécution p a r les deux
parties de la décision de la djemâa. C ' e s t lui qui reçoit le
montant de la diya et le verse entre les mains des créanciers
du sang, qui renoncent devant lui à la vengeance. 11 reçoit
10 r é a u x du m e u r t r i e r ((>). 11 doit e m p ê c h e r d a n s la suite
toutes représailles ; car il pourrait arriver que, quoique
ayant touché la diya, quelque p a r e n t du mort veuille tuer
le m e u r t r i e r ou l'un des siens. Cette violation de la parole
d o n n é e est punie d ' a m e n d e p a r certains q a n o u n s kabyles (7);
(1) Trenga.
(2) Chef de Bataillon Becker.
(3) La prison est inconnu e dans toutes les tribus berbères du
Maroc. Aucune peine d'emprisonnement n'est prévue dans les
quelques coutumes écrites qui existent (V. Azref de Bou Denib,
publié par Nehlil, Archives Berbères, n" I, p. 83 ss.). Pour la
Kabylie, cf. Hanoteau et Letourneux, III, p. 128.
(4) Lieutenant-Colonel Bettrand.
— 8o —
F. ARIN,
Contrôleur Civil,
Sous-Chef du Bureau de la Justice musulmane
au Secrétariat Général
du Gouvernement Chérifien.
A P P E N D I C E
MAROC OCCIDENTAL
RÉGION DE RABAT
RÉGION DE FEZ
Territoire de Taza
Ghiata : 1.500 à 3.ocx) francs.
Beni O u a r a ï n : 1.500 à 2.500 francs.
Gzemaïa : 1.500 à 2.000 francs.
Tsoul : 1.500 à 2.000 francs.
B r a n è s : 1.000 à 1.500 francs. ( O u e r b a 200 réaux,
Taifa 400 r é a u x ) .
Taza-Ville : 500 à 1.000 francs.
M a g h r a o u a -. 500 à 1.000 francs.
Oulad Bou Rima : 500 à 1.000 francs.
Meknassa : 250 à 500 francs.
Oulad B e k k a r .- 250 à 500 francs.
Cercle de Fez
Ait Ayach : 100 d o u r o s et 100 brebis.
Sedjâa : 100 d o u r o s .
- 84 —
H a y a ï n a : 200 d o u r o s en m o y e n n e .
Cercle de Sefrou
Ait T s e g h r o u c h e n d ' I m m o u z e r : entre eux, 12 taureaux
(estimés 12 d o u r o s chacun) ; avec les gens de Kandar,
250 d o u r o s hassanis.
Ait Youssi G h e r a b a (Ait Rebaà, Ait Fringo, Ait
Makhlouf) : entre eux, 300 d o u r o s hassanis.
Ait Youssi Djebala (Ait Halli) : entre eux, j u s q u ' à
700 d o u r o s hassanis.
E n t r e Ait Youssi G h e r a b a et Ait Halli ou tribus voi-
sines : environ 500 d o u r o s hassanis en m o y e n n e .
Cercle de VOuergha
RÉGION DE MEKNÈS
SURDIVISION TADLA-ZAIAN
Cercle du Tadla
MAROC ORIENTA^
TERRITOIRE D'OUDJDA
Cercle d'Oudjda
Oulad Sidi Abdelhakem, Oulad Sidi Ali Bou Chenafa :
12 c h a m e a u x ou 20 c h a m e l o n s .
Beni Mathar, Oulad Bakhti : Ko moutons, s vaches et
1 / 1 4 de c h a r r u e (réduction de moitié p o u r une femme).
Entre Beni Mahiou et Beni Iznacen : 1 5 0 d o u r o s (autre-
fois 1 0 0 ) .
Beni Bou Zeggou : entre e u x , 100 d o u r o s ; entre eux
et Beni Iznacen, 150 d o u r o s (autrefois 100) ; entre eux et
Sedjâa, 100 d o u r o s ; entre eux et Z e k a r a , 100 d o u r o s ; e n t r e
e u x et Oulad Amor, 100 d o u r o s .
Oulad Sidi Cheikh : 1.000 d o u r o s .
Angad : e n t r e eux, 500 francs ; avec les tribus voi-
sines, 500 francs.
Mehaias : entre eux, 500 francs : avec les tribus voi-
sines. 500 francs.
Beni Oukil : entre eux, 1.000 francs ; avec les tribus
:
vois nes, 750 francs.
Z e k a r a : entre eux, 1.000 francs ; avec les tribus voi-
sinas, 250 francs.
T E R R I T O I R E DE T A O U R I R T
Cercle de la Moulouya
100 d o u r o s (à l'amiable 50 d o u r o s ) .
Annexe de Cuercif
H a o u a r a : 500 francs (au m a x i m u m ) .
Entre H a o u a r a , Sedjâa, Ahlaf : 250 francs.
Beni Bou Yahi, Metalsa, Ghiata : fi.000 francs et deux
femmes.
Cercle de Debdou
O u l a d A m o r : 1.500 francs.
Oulad Sidi Belkacem, Azeroual du M e k a m : 1.500
francs.
Oulad Sidi Ali ben Samah : r.500 francs.
Beni Reis : 1.500 francs.
Rechida, Beni Kheleften, Ahl A d m e r : 1.500 francs.
Oulad Sidi M o h a m m e d ben Ahmed : 4.000 francs.
Oulad El Hadj : 1.000 francs.
Oulad N a c e u r : i o n d o u r o s hassanis.
B e r a b e r (Ait B o u c h a o u e n ) : 700 d o u r o s hassanis.
E n t r e Arabes (Oulad N a c e u r ) et B e r b è r e s CAït Aïssa,
Ait T s e g h r o u c h e n ) : =,00 d o u r o s hassanis.
P o u r un Ksourien tué p a r un n o m a d e : 200 d o u r o s
hassanis.
P o u r un n o m a d e tué p a r un Ksourien : 400 d o u r o s h a s -
sanis.
P o u r un juif tué p a r un M u s u l m a n : s'il a ses siyâd
dans la tribu, .ino douros hassanis : s'il n ' a pas de siyâd d a n s
la tribu, ?no d o u r o s hassanis.
rRédnrfion de moitié n o u r la femme.l
Entre Oulad N a c e u r et ï>oui Menià • 100 m o u t o n s .
E n t r e Oulad N a c e u r et cens d'Aïn C h a i r : 200 d o u r o s .
E n t r e Oulad N a c e u r et pens de Finuig : .100 d o u r o s .
E n t r e Oulad N o c e u r et Reni Guil : 100 m o u t o n s .
11
( l )
flzref du qsar de Taouz
0
2 3 Q u i c o n q u e a la jouissance d ' u n e maison dans le
qsar est tenu de p a y e r toutes les dépenses qu'elle occa-
sionne.
0
2 4 Si deux h o m m e s se disputent et se donnent des
coups, t metqal d ' a m e n d e à chacun ; s'il n ' y a pas échange
de coups, 5 ouqias d ' a m e n d e seulement.
25" D a n s les m ê m e s conditions, les femmes qui se q u e -
rellent paient la moitié de l ' a m e n d e p r é v u e p o u r les h o m m e s .
0
2C1 D a n s le cas où un h o m m e en blesse ou frappe un
autre, sans être dénoncé à la djemâa au bout de trois jours,
1/2 d o u r o d ' a m e n d e à la victime qui a gardé le silence.
0
2 7 Celui qui blesse son semblable avec un instrument
de fer, 1/2 d o u r o .
Ce tarif de 1 / 2 d o u r o est également appliqué en cas de
blessure faite au moyen d ' u n e pierre ou d ' u n oâton.
0
2 8 Celui qui. d ' u n coup de poing, fait saigner quel-
q u ' u n du nez, 1 m e t q a l .
0
2Q La femme qui insulte un h o m m e , 1/2 d o u r o , à
condition que l ' h o m m e présente des témoins p o u r certifier
que la femme a m a n q u é de tenue vis-à-vis de lui.
0
3 0 Si c'est l ' h o m m e qui se m o n t r e grossier e n v e r s u n e
femme. l ' a m e n d e à infliger est également de ('2 réal.
0
3 1 Q u i c o n q u e est s u r p r i s par l e cheikh o u p a r tout
autre que lui creusant des t r o u s s u r les b o r d s de la saqia,
1 metqal.
3 2 ° Celui qui inonde un rHsmn !nho"ré aopartenanf à
autrui est tenu de le travailler et de le fumer.
3 3 ° T o u t e femme qui se dispute avec une autre paie
u n e a m e n d e de r metqal.
34° Le cheikh de la qabila doit tenir un compte des
dépenses et des recettes du village.
0 ;
3 5 S q u e l q u ' u n refuse d'obéir à la qabila en la per-
s o n n e du cheikh, on compte jusqu'au chiffre 700, a p r è s quoi
si le récalcitrant persiste dans son attitude, il lui est infligé
une a m e n d e de 1/2 d o u r o .
0
3 6 Le cheikh doit traduire devant la djemâa quiconque
refuse de lui obéir p o u r lut être fait application des règles de
l'orf.
37° Si le cheikh e n t r e p r e n d un voyage et néglige de
se faire r e m p l a c e r nar q u e l q u ' u n d u r a n t son absence, u n e
a m e n d e de 1 /2 douro lui est infligée par la djemâa.
— gi —
II T
( 2 )
Azref des Beni Ouziem
Louange à Dieu s e u l !
Les m e m b r e s de la djemâa des Beni O u z i e m , Dieu leur
accorde un jugement sain, une parole droite et un entende-
ment parfait, ont, d ' u n c o m m u n accord, pris des décisions
devant avoir p o u r effet d ' a s s u r e r l ' o r d r e dans leur qsar et
consistant en des lois, règlements et dispositions a r r ê t é s sui-
vant la coutume des tribus qui ne sont pas régies par la loi
du M a k h z e n .
( , )
f4ouvel Azref des Beni Ouziem
L o u a n g e à Dieu !
Législation coutumière relative aux r é p a r a t i o n s des p r é -
judices et applicable sous l'égide du G o u v e r n e m e n t F r a n -
çais.
Le qaïd M o u h ' a ou H ' a d d o u des Beni Ouziem l'a mise
en vigueur p o u r mettre un frein a u x abus et p o u r p r o t é g e r
s e s administrés contre les o p p r e s s i o n s dont ils étaient vic-
times.
1v
( 1 )
Azreî des Rît A eh a
(I) Les Ait Acha sont originaires des Beni Ouziem. A la suite
de querelles intestines, ils se séparèrent de ces derniers et bâtirent le
petit qsar qui porte leur nom, à 150 mèïres des Beni Ouziem.
o. — Si deux femmes se disputent entre elles : i d o u r o
pour chacune.
Mais l ' a m e n d e à infliger à la provocatrice est doublée.
1 0 . — Si une femme p r e n d parti p o u r une autre :
2 douros.
1 1 . — La femme qui dit des m e n s o n g e s à une autre,
si le fait d'avoir dit ces m e n s o n g e s est bien établi : 2 d o u r o s .
1 2 . — Si un h o m m e marié se m o n t r e inconvenant
e n v e r s u n e femme : 2 d o u r o s .
Cette règle est également applicable à la femme.
1 3 . — Celui qui frappe un enfant autre que son fils
paie 1 metqal.
1 4 . — Celui qui g r i m p e s u r la muraille d'enceinte du
qsar : 1 douro.
1 5 . — Q u i c o n q u e i n t r c . u i t un larcin dans le qsar en
sautant par-dessus la muraille d'enceinte : 2 d o u r o s .
1 6 . — Q u i c o n q u e vole un ovin doit en restituer q u a t r e
au propriétaire volé et p a y e r 10 d o u r o s c o m m e a m e n d e à la
djemaâ.
1 7 . — Celui qui vole une volaille doit en restituer
quatre.
i S . — Tout vol de bestiaux est puni par u n e a m e n d e
de 10 d o u r o s .
uj. — Celui qui a m è n e dans le qsar un voleur ou un
« un c o u p e u r de routes », en d e h o r s des gens «-a qsar : 10
d o u r o s , si le fait est bien établi.
20. — Si le qaïd o r d o n n e à u n e femme de s'occuper,
p o u r i?s besoins de la djemâa, de la m o u t u r e (des grains),
ou du bois à apporter, ou encore de la cuisine à faire, et
qu'elle refuse : 2 d o u r o s .
2 1 . — De m ê m e , les h o m m e s , s'ils sont invités par le
qaïd à faire quoi que ce soit intéressant la djemâa et qu'ils
refusent de se p r é s e n t e r sur-le-champ : 2 d o u r o s .
2 2 . — Q u i c o n q u e ne pourvoit pas c o m m e il faut à la
ration de vivres du berger, si celui-ci dépose contre lui à
ce sujet : 1 d o u r o .
2 3 . — Celui dont le tour arrive de g a r d e r le troupeau,
c o m m e berger, et qui ne le fait pas, paie 1 d o u r o .
24. — Celui qui intercepte l'eau de la (saqia) au détri-
ment de q u e l q u ' u n : 1 d o u r o si la djemâa est saisie de l'af-
faire.
25. — Celui qui ferme la « saqia >> ailleurs q u ' à l'en-
droit habituel : i franc.
26. — Celui qui commet un vol d a n s un jardin : 2 dou-
r o s . Il est tenu, en outre, de restituer les l é g u m r s et autres
produits réclamés par le propriétaire du dit jardin.
27. — Q u i c o n q u e coupe, avec une faucille, la luzerne
d'autrui : 1 d o u r o .
2.S. - - Celui qui a r r a c h e la luzerne avec les mains :
1 2 douro.
2(j. — Q u i c o n q u e fauche dans le c h a m p de son sem-
blable : 1 d o u r o .
3 0 . — Celui qui, à l'aide d ' u n e faucille, coupe le blé
d'autrui : 2 d o u r o s .
3 1 . — Celui qui l ' a r r a c h e avec les mains : 2 d o u r o s . Il
est tenu, en outre, de r e n d r e le blé v;.lé.
3 2 . — Q u i c o n q u e lance des pierres s u r un palmier :
1 franc p o u r chaque jet de p i e r r e s .
33- — Q u i c o n q u e grimpe sur le palmier et en s e c o u ;
les branches : 2 d o u r o s .
34. — Q u i c o n q u e coupe une branche de palmier ou
d'autres arbres : 2 douros.
3 5 . — Celui qui coupe les grosses b r a n c h e s p r o d u c -
tives du palmier : 1 franc p o u r chaque b r a n c h e .
36. — Q u i c o n q u e coupe les petites b r a n c h e s : 1 d o u r o .
3 7 . — Celui qui s u r p r e n d un individu en flagrant délit
de vol et ne le dénonce pas est puni d ' u n e a m e n d e équiva-
lente à celle infligée au voleur.
3<S. — Celui qui coupe du palmier-nain entre « El
Hassi Abbou ou El Maâti et Sedret-El Merfeq » : 2 d o u r o s .
39. — P o u r tout vol commis, il est infligé une a m e n d e
de 10 d o u r o s qui revient à la djemâa. Le voleur, en outre,
est tenu de restituer à la victime quatre fois autant qu'il a
volé.
4 1 . — Les s e r m e n t s p o u r des délits commis dans les
maisons doivent être c o r r o b o r é s p a r dix co-jureurs.
42. — Q u i c o n q u e refuse de suivre son adversaire
devant le Charaâ .- 20 d o u r o s , si le qaïd est saisi de l'affaire
et que le récalcitrant ne s ' a r r a n g e p a s avec son a d v e r s a i r e .
4 3 . — P o u r tout ovin qui sera trouvé paissant d a n s
un verger : 2 sous d ' a m e n d e au p r o p r i é t a i r e .
— 103 —
(A suivre.)
CHROHIQUE BERBÈRE
Eccellenza,
Roma, 1 3 aprile 1 0 1 3 .
Firmati : L. B O N E L L I .
R. BASSET.
H. STUMME.
I. GUIDI.
C. A. NALLINO.