Vous êtes sur la page 1sur 24

L’avion de Patagonie

Extrait 1 : page 1


Les collines, sous l’avion, creusaient déjà leur sillage d’ombre dans l’or
Antoine de Saint-Exupéry du soir. Les plaines devenaient lumineuses mais d’une inusable
lumière : dans ce pays elles n’en finissent pas de rendre leur or de
même qu’après l’hiver, elles n’en finissent pas de rendre leur neige.
[…]
Vol de Nuit « San Julian est en vue ; nous atterrirons dans dix minutes. »
Le radio navigant passait la nouvelle à tous les postes de la ligne. Sur
deux mille cinq cents kilomètres, du détroit de Magellan à Buenos
Aires, des escales semblables s’échelonnaient ; mais celle-ci s’ouvrait
sur les frontières de la nuit comme, en Afrique, sur le mystère, la
dernière bourgade soumise.
[…]
Fabien sourit : Le ciel était calme comme un aquarium et toutes les
escales, devant eux, leur signalaient : « Ciel pur, vent nul. »

J’ai choisi cet extrait car c’est le début de l’histoire. Ce passage décrit le
paysage que le pilote aperçoit de son avion postal. Le narrateur utilise
un vocabulaire riche et imagé, mettant en valeur la lumière. Cela m’a
permis d’imaginer le décor, de comprendre les difficultés aériennes de
l’époque, et de fabriquer des images semblables à celles choisies pour
l’extrait.
Les trois avions ... Le travail acharné de Rivière

Extrait 2 : page 9 Extrait 3 : page 10


Ainsi les trois avions postaux de la Patagonie, du Chili et du Paraguay Mais Rivière n’aurait point de repos : le courrier d’Europe, à son tour,
revenaient du Sud, de l’Ouest et du Nord vers Buenos Aires. On y le chargerait d’inquiétudes. Il en serait toujours ainsi. Toujours. Pour la
attendait leur chargement pour donner le départ, vers minuit, à l’avion première fois ce vieux lutteur s’étonnait de se sentir las. L’arrivée des
d’Europe. avions ne serait jamais cette victoire qui termine une guerre, et ouvre
Trois pilotes, chacun à l’arrière d’un capot lourd comme un chaland, une ère de paix bienheureuse. Il n’y aurait jamais, pour lui, qu’un pas
perdus dans la nuit, méditaient leur vol, et, vers la ville immense, de fait précédant mille pas semblables. Il semblait à Rivière qu’il
descendraient lentement de leur ciel d’orage ou de paix, comme soulevait un poids très lourd, à bras tendus, depuis longtemps : un effort
d’étranges paysans descendent de leurs montagnes. sans repos et sans espérance. « Je vieillis… » Il vieillissait si dans
Rivière, responsable du réseau entier, se promenait de long en large sur l’action seule il ne trouvait plus sa nourriture. Il s’étonna de réfléchir
le terrain d’atterrissage de Buenos Aires. Il demeurait silencieux car, sur des problèmes qu’il ne s’était jamais posés. Et pourtant revenait
jusqu’à l’arrivée des trois avions, cette journée, pour lui, restait contre lui, avec un murmure mélancolique, la masse des douceurs qu’il
redoutable. Minute par minute, à mesure que les télégrammes lui avait toujours écartées : un océan perdu. « Tout cela est donc si
parvenaient, Rivière avait conscience d’arracher quelque chose au sort, proche ?… » Il s’aperçut qu’il avait peu à peu repoussé vers la
de réduire la part d’inconnu, et de tirer ses équipages, hors de la nuit, vieillesse, pour « quand il aurait le temps » ce qui fait douce la vie des
jusqu’au rivage. hommes. Comme si réellement on pouvait avoir le temps un jour,
comme si l’on gagnait, à l’extrémité de la vie, cette paix bienheureuse
que l’on imagine. Mais il n’y a pas de paix. Il n’y a peut-être pas de
victoire. Il n’y a pas d’arrivée définitive de tous les courriers.

J’ai choisi cet extrait car c’est l’arrivée des trois avions. C’est un grand J’ai choisi cet extrait du livre, il montre le sérieux de Rivière dans son
moment pour Rivière, qui attendait cet avion avec impatience pour travail. Cela prouve qu’il est ambitieux, travailleur. Malgré la
envoyer le départ de l’avion d’Europe. A cette époque les courriers sont mélancolie, il s’interroge, avance, cherche et essaye de trouver des
importants car c’est le seul moyen de communication entre les pays. solutions sur des problèmes qu’il n’avait même pas imaginés.
Dialogue entre époux La tempête

Extrait 4 : page 43-44 Extrait 5 : page 50


Il ouvrit les yeux. — Quelle heure est-il ? — Minuit. — Quel temps Cependant, le courrier de Patagonie abordait l’orage, et Fabien
fait-il ? — Je ne sais pas… Il se leva. Il marchait lentement vers la renonçait à le contourner. Il l’estimait trop étendu, car la ligne d’éclairs
fenêtre en s’étirant. — Je n’aurai pas très froid. Quelle est la direction s’enfonçait vers l’intérieur du pays et révélait des forteresses de nuages.
du vent ? — Comment veux-tu que je sache… Il se pencha : — Sud. Il tenterait de passer par-dessous, et, si l’affaire se présentait mal, se
C’est très bien. Ça tient au moins jusqu’au Brésil. Il remarqua la lune et résoudrait au demi-tour. Il lut son altitude : mille sept cents mètres. Il
se connut riche. Puis ses yeux descendirent sur la ville. Il ne la jugea ni pesa des paumes sur les commandes pour commencer à la réduire. Le
douce, ni lumineuse, ni chaude. Il voyait déjà s’écouler le sable vain de moteur vibra très fort et l’avion trembla. Fabien corrigea, au jugé,
ses lumières. — À quoi penses-tu ? Il pensait à la brume possible du l’angle de descente, puis, sur la carte, vérifia la hauteur des collines :
côté de Porto Allègre. — J’ai ma tactique. Je sais par où faire le tour. Il cinq cents mètres. Pour se conserver une marge, il naviguerait vers sept
s’inclinait toujours. Il respirait profondément, comme avant de se jeter, cents.
nu, dans la mer.[…] Tu n’aimes pas ta maison ? — J’aime ma maison…
Mais déjà sa femme le savait en marche. Ces larges épaules pesaient
déjà contre le ciel. Elle le lui montra. — Tu as beau temps, ta route est
pavée d’étoiles. Il rit : — Oui. Elle posa la main sur cette épaule et
s’émut de la sentir tiède : cette chair était donc menacée ?… — Tu es
très fort, mais sois prudent ! — Prudent, bien sûr… Il rit encore.

Fabien doit faire face à la tempête dans ce passage, un moment


J'ai choisi ce passage du livre car c'est un moment romantique. C'est un stressant et angoissant du livre et la fois un chapitre prenant. Fabien
moment de partage entre les deux époux. La femme veut à tout prix avait pour mission d’amener du courrier de Patagonie vers Buenos
que son mari reste à la maison car elle a peur que son époux ne Aires. Pendant le vol, il rencontre un orage, il doit faire le choix de le
revienne jamais… contourner sachant qu’il lui reste peu de carburant ou de prendre le
risque d’affronter l’orage pour accomplir sa mission.
L’angoisse de Simone Fabien

Extrait 6 : page 61


— Madame, je vous en prie, calmez-vous ! Il est si fréquent, dans notre
métier, d’attendre longtemps des nouvelles. Il était parvenu à cette
frontière où se pose, non le problème d’une petite détresse particulière,
mais celui-là même de l’action. En face de Rivière se dressait, non la
femme de Fabien, mais un autre sens de la vie. Rivière ne pouvait
qu’écouter, que plaindre cette petite voix, ce chant tellement triste, mais
ennemi. Car ni l’action, ni le bonheur individuel n’admettent le
partage : ils sont en conflit. Cette femme parlait elle aussi au nom d’un
monde absolu et de ses devoirs et de ses droits. Celui d’une clarté de
lampe sur la table du soir, d’une chair qui réclamait sa chair, d’une
patrie d’espoirs, de tendresses, de souvenirs. Elle exigeait son bien et
elle avait raison. Et lui aussi, Rivière, avait raison, mais il ne pouvait
rien opposer à la vérité de cette femme. Il découvrait sa propre vérité, à
la lumière d’une humble lampe domestique, inexprimable et inhumaine.
— Madame… Elle n’écoutait plus. Elle était retombée, presque à ses
pieds, lui semblait-il, ayant usé ses faibles poings contre le mur.

Ce passage est émouvant, la femme du


pilote est très inquiète comme lors de la plupart des vols effectués par
son mari Fabien . Habituellement Fabien lui envoie un message à
l’arrivée au sol de son avion. Or, là sans nouvelles, elle appelle le centre
de radio, cependant ils n’osent pas lui dire que la tempête a été difficile
et que…
Le devoir du courrier

- Mais, monsieur Robineau, on ne choisit pas !


- C'est le règlement.
«  Le règlement, pensait Rivière, est semblable aux rites d'une religion
qui semblent absurdes mais façonnent les hommes. » Il était indifférent
à Rivière de paraître juste ou injuste. Peut-être ces mots-là n'avaient-ils
même pas de sens pour lui.[...] L'homme était pour lui une cire vierge
qu'il fallait pétrir. Il fallait donner une âme à cette matière, lui créer une
volonté. Il ne pensait pas les asservir par cette dureté, mais les lancer
hors d'eux mêmes. S'il châtiait ainsi tout retard, il faisait acte d'injustice
mais il tendait vers le départ la volonté de chaque escale ; il créait cette
volonté. […]
Grâce à Rivière, sur quinze mille kilomètres, le culte du courrier primait
tout.
Rivière disait parfois :
«  Ces hommes-là sont heureux, parce qu'ils aiment ce qu'ils font, et ils
l'aiment parce que je suis dur. »
[…]
«  Il faut les pousser, pensait-il, vers une vie forte qui entraîne des
souffrances et des joies, mais qui seule compte. »

J'ai choisi ce premier extrait, car Rivière est impitoyable. Pour lui, le
culte du courrier prime sur tout. Selon lui, les pilotes doivent repousser,
au prix de leur vie, les limites de la liberté. La moindre défaillance est
punie, ce qui important, ce sont le dévouement des pilotes et leurs
engagements.
Rivière et les vols de nuit Le repos du pilote avant son départ

Chaque aéroport vantait son temps clair, son ciel transparent, sa bonne La femme du pilote, réveillée par le téléphone, regarda son mari et
brise. Un soir doré avait habillé l'Amérique. Rivière se réjouit du zèle pensa :
des choses. Maintenant ce courrier luttait quelque part dans l'aventure de - Je le laisse dormir encore un peu.
la nuit, mais avec les meilleures chances. Elle admirait cette poitrine nue, bien carénée, elle pensait à un beau
Rivière repoussa le cahier. navire.
- Ca va. Il reposait dans ce lit calme, comme dans un port, et, pour que rien
Et sortit jeter un coup d'oeil sur les services, veilleur de nuit qui veillait n'agitât son sommeil, elle effaçait du doigt ce pli, cette ombre, cette
sur la moitié du monde. houle, elle apaisait ce lit, comme, d'un doigt divin, la mer.
Devant une fenêtre ouverte il s'arrêta et comprit la nuit. Elle contenait Elle se leva, ouvrit la fenêtre, et reçut le vent dans le visage. Cette
Buenos Aires, mais aussi, comme un vaste nef, l'Amérique. chambre dominait Buenos Aires.[...]
[…] Cette ville endormie ne le protégeait pas : ses lumières lui sembleraient
Cette inquiétude d'un avion en vol quand elle pesait sur Rivière, pesait vaines, lorsqu'il se lèverait, jeune dieu, de leur poussière. Elle regardait
aussi sur les capitales et les provinces, avec le grondement du moteur. ces bras solides qui, dans une heure porteraient le sort du courrier
Heureux de cette nuit bien dégagée, il se souvenait de nuits de désordre, d'Europe, responsables de quelque chose de grand, comme du sort d'une
où l'avion lui semblait dangereusement enfoncé et si difficile à secourir. ville. Et elle fut troublée. Cet homme, au milieu de ces millions
On suivait du Poste Radio de Buenos Aires, sa plainte mêlée au d'hommes, était préparé seul pour cet étrange sacrifice. Elle en eut du
grésillement des orages. chagrin.

J'ai pris cet extrait, car Rivière, précurseur des vols de nuit, met au Cet extrait est beau car la femme du pilote admire son mari quelque
premier plan la réussite de son entreprise. De retour dans ses bureaux temps, puis Buenos Aires à travers sa fenêtre et se rend compte du rôle
de Buenos Aires, il vient consulter les messages météo de la région. de son mari. Seul ce dernier est préparé à la tâche qu'il va devoir
L'annonce d'une nuit dégagée soulage quelque peu Rivière. La nuit accomplir. Celui qui est en train de se reposer dans cette calme maison
invite à la méditation  : elle inquiète, et elle enferme. de Buenos Aires va devoir accomplir un vol de nuit jusqu'en Europe,
seul.
Au cœur de la tempête A la recherche des nouvelles de son mari

Et c'est à cette minute que luirent sur sa tête, dans une déchirure de la La femme de Fabien se fit annoncer. Poussée par l'inquiétude, elle
tempête, comme un appât mortel au fond d'une nasse, quelques étoiles. attendait, dans le bureau des secrétaires, que Rivière la reçût. Les
Il jugea bien que c'était un piège : on voit trois étoiles dans un trou, on secrétaires, à la dérobée, levaient les yeux vers son visage. Elle en
monte vers elles, ensuite on ne peut plus descendre, on reste là à mordre éprouvait une sorte de honte et regardait avec crainte autour d'elle : tout
les étoiles... ici la refusait. Ces hommes qui continuaient leur travail, comme s'ils
Mais sa faim de lumière était telle qu'il monta. marchaient sur un corps, ces dossiers où la vie humaine, la souffrance
Il monta, en corrigeant mieux les remous, grâce aux repères qu'offraient humaine ne laissaient qu'un résidu de chiffres durs. Elle cherchait des
les étoiles. Leur animal pâle l'attirait. Il avait peiné si longtemps, à la signes qui lui eussent parlé de Fabien. Chez elle tout montrait cette
poursuite d'une lumière, qu'il n'aurait plus lâché la plus confuse. Et voici absence : le lit entrouvert, le café servi, un bouquet de fleurs... Elle ne
qu'il montait vers des champs de lumière.[...] découvrait aucun signe. Tout s'opposait à la pitié, à l'amitié, au souvenir.
Fabien émergea. […]
Sa surprise fut extrême : la clarté était telle qu'elle l'éblouissait. Il dut, Elle devinait, avec gêne, qu'elle exprimait ici une verité ennemie,
quelques secondes, fermer les yeux. Il n'aurait jamais cru que les nuages, regrettait presque d'être venue, eût voulu se cacher, et se retenait, de
la nuit, pussent s'éblouir. Mais la pleine lune et toutes les constellations peur qu'on la remarquât trop, de tousser, de pleurer.
les changeaient en vagues rayonnantes.

J'ai adoré ce passage car il y a de l'action : Fabien renonce à J'ai aimé ce passage car il est triste : la femme de Fabien décide de se
contourner la tempête, il décide de tenter de passer dessus et si jamais rendre dans les bureaux de Buenos Aires afin de rencontrer directement
en dernier recours, il ne peut pas, il fera demi-tour. Mais Fabien n'est Rivière. Ce dernier la reçoit et ne peut lui proposer autre chose que
pas vraiment rassuré  : à cause de la tempête, la radio annonce que tout d'attendre des nouvelles de son mari. Elle est désespérée en apprenant
retour est impossible. Il se décide de demander conseil à Buenos Aires le sort de son mari. La seule figure de l'amour est représentée par
puisque l'orage le bloque de tous les côtés. Il se sent cerné, et il n'aura l'épouse de Fabien.
bientôt plus d'essence.
L'attente interminable

De leurs doigts délicats ils touchent les instruments, ils explorent le ciel
magnétique, sourciers qui cherchent la veine d'or.
- On ne répond pas ?
- On ne répond pas.
Ils vont peut-être accrocher cette note qui serait un signe de vie. Si
l'avion et ses feux de bord remontent parmi les étoiles, ils vont peut-être
entendre chanter cette étoile...
Les secondes s'écoulent. Elles s'écoulent vraiment comme du sang. Le
vol dure-t-il encore ? Chaque seconde emporte une chance. Et voilà que
le temps qui s'écoule semble détruire. Comme, en vingt siècles, il touche
un temple, fait son chemin dans le granit et répand le temple en
poussière,voilà que des siècles d'usure se ramassent dans chaque
seconde et menacent un équipage.
Chaque seconde emporte quelque chose.
Cette voix de Fabien, ce rire de Fabien, ce sourire. Le silence gagne du
terrain. Un silence de plus en plus lourd, qui s'établit sur cet équipage
comme le poids d'une mer.

J'ai aimé cet extrait car le récit est dramatique : Les hommes au sol
sont contraints, impuissants, à savoir si Fabien va échapper à la mort
ou pas et périr au beau milieu de la nuit. Il ne donne aucun signe de
vie. Le temps qui passe le rapproche de la mort. Le silence est très
pesant pour le poste d'écoute T.S.F.
Au commencement

Et le pilote Fabien, qui ramenait de l’extrême Sud, vers Buenos Aires, le


courrier de Patagonie, reconnaissait l’approche du soir aux mêmes
signes que les eaux d’un port : à ce calme, à ces rides légères qu’à peine
dessinaient de tranquilles nuages. Il entrait dans une rade immense et
bienheureuse. Il eût pu croire aussi, dans ce calme, faire une lente
promenade, presque comme un berger. Les bergers de Patagonie vont,
sans se presser, d’un troupeau à l’autre : il allait d’une ville à l’autre, il
était le berger des petites villes. Toutes les deux heures, il en rencontrait
qui venaient boire au bord des fleuves ou qui broutaient leur plaine.
Quelquefois, après cent kilomètres de steppes plus inhabitées que la mer,
il croisait une ferme perdue, et qui semblait emporter en arrière, dans
une houle de prairies, sa charge de vies humaines, alors il saluait des
ailes ce navire.

J'ai choisi ce premier passage pour que le lecteur comprenne


directement le contexte du livre qu’il va lire, qu’il soit directement
plongé dans le livre ou l’action qui se déroule et que le lecteur
s’imprègne de l’histoire.
Un effroyable orage Une phrase musicale

Trois pilotes, chacun à l’arrière d’un capot lourd comme un chaland, « Ce soir avec mes deux courriers en vol, je suis responsable d’un ciel
perdus dans la nuit, méditaient leur vol, et, vers la ville immense, entier. Cette étoile est un signe, qui me cherche dans cette foule, et qui
descendraient lentement de leur ciel d’orage ou de paix, comme me trouve : c’est pourquoi je me sens un peu étranger, un peu solitaire. »
d’étranges paysans descendent de leurs montagnes. Rivière, responsable Une phrase musicale lui revint : quelques notes d’une sonate qu’il
du réseau entier, se promenait de long en large sur le terrain écoutait hier avec des amis. Ses amis n’avaient pas compris : « Cet art-là
d’atterrissage de Buenos Aires. Il demeurait silencieux car, jusqu’à nous ennuie et vous ennuie, seulement vous ne l’avouez pas. — Peut-
l’arrivée des trois avions, cette journée, pour lui, restait redoutable. être… » avait-il répondu. Il s’était, comme ce soir, senti solitaire, mais
Minute par minute, à mesure que les télégrammes lui parvenaient, bien vite avait découvert la richesse d’une telle solitude. Le message de
Rivière avait conscience d’arracher quelque chose au sort, de réduire la cette musique venait à lui, à lui seul parmi les médiocres, avec la
part d’inconnu, et de tirer ses équipages, hors de la nuit, jusqu’au rivage. douceur d’un secret. Ainsi le signe de l’étoile. On lui parlait, pardessus
Un manœuvre aborda Rivière pour lui communiquer un message du tant d’épaules, un langage qu’il entendait seul.
poste Radio :
— Le courrier du Chili signale qu’il aperçoit les lumières de Buenos
Aires.

J’ai pris ce moment qui est important et angoissant selon moi car je J'ai choisi de prendre ce moment car je l’apprécie beaucoup je trouve
trouve que le métier de pilote est dangereux. Les pilotes d’avion doivent qu'il est poétique et féerique.
faire preuve de courage en traversant différentes tempêtes. Elles sont Je l'ai aussi sélectionné car j'adore la musique. Je trouve cet art
extrêmement périlleuses avec les éclairs, les nuages sombres et les magnifique.
nuées de pluies. Heureusement qu’ils ont des radios pour les guider et J'ai bien aimé le moment où il parle de l'étoile et de ce qu'elle
donner des indications. représente.
1910 L'amour entre lui et sa femme

— Ça date de 1910, Monsieur… C’est moi qui ai fait le montage, ici, du Elle regardait ces bras solides qui, dans une heure, porteraient le sort du
premier avion d’Argentine ! L’aviation depuis 1910… Monsieur, ça fait courrier d’Europe, responsables de quelque chose de grand, comme du
vingt ans ! Alors, comment pouvez vous dire… Et les jeunes, Monsieur, sort d’une ville. Et elle fut troublée. Cet homme, au milieu de ces
comme ils vont rire à l’atelier !… Ah ! Ils vont bien rire ! […] — Ma millions d’hommes, était préparé seul pour cet étrange sacrifice. Elle en
dignité, Monsieur, ma dignité ! Voyons, Monsieur, vingt ans d’aviation, eut du chagrin. Il échappait aussi à sa douceur. Elle l’avait nourri, veillé
un vieil ouvrier comme moi… […] « Je vais vous dire encore… » Que et caressé, non pour elle-même, mais pour cette nuit qui allait le prendre.
voulait-il dire ce pauvre vieux ! Qu’on lui arrachait ses vieilles joies ? Pour des luttes, pour des angoisses, pour des victoires, dont elle ne
Qu’il aimait le son des outils sur l’acier des avions, qu’on privait sa vie connaîtrait rien. Ces mains tendres n’étaient qu’apprivoisées, et leurs
d’une grande poésie, et puis… qu’il faut vivre ? vrais travaux étaient obscurs. Elle connaissait les sourires de cet homme,
ses précautions d’amant, mais non, dans l’orage, ses divines colères.
Elle le chargeait de tendres liens : de musique, d’amour, de fleurs ; mais,
à l’heure de chaque départ, ces liens, sans qu’il en parût souffrir,
tombaient.

J'ai beaucoup apprécié ce moment car il était très poétique et j'ai aimé
la manière dont l'écrivain à représenté l'homme en question, et le choix
des mots et phrases ((bras)solides,(porterait)le sort du courrier,
J'ai pris ce moment car j'ai trouvé que 1910 était une date importante (échappé)à sa douceur...).
pour l'aviation argentine où elle faisait ses débuts. J'ai adoré l'amour raconté entre ces deux personnes, ce courant qui
Cet homme a travaillé 20 ans dans l'aéronautique et a battu le fer passe en eux. Je trouve que l'écrivain a su trouver les mots pour nous
pendant toutes ces années. faire comprendre cet amour.
La foi et l'apparence

Ses adversaires tireraient d’un désastre en Patagonie une position


morale si forte, que peut-être la foi de Rivière resterait désormais
impuissante ; car la foi de Rivière n’était pas ébranlée : une fissure dans
son œuvre avait permis le drame, mais le drame montrait la fissure, il ne
prouvait rien d’autre. « Peut-être des postes d’observation sont-ils
nécessaires à l’Ouest… On verra ça. » Il pensait encore : « J’ai les
mêmes raisons solides d’insister, et une cause de moins d’accident
possible : celle qui s’est montrée. » Les échecs fortifient les forts.
Malheureusement, contre les hommes on joue un jeu, où compte si peu
le vrai sens des choses. L’on gagne ou l’on perd sur des apparences, on
marque des points misérables. Et l’on se trouve ligoté par une apparence
de défaite.

J' ai choisi cet extrait car dans la première partie il parle de la force et
de l intensité de sa foi en ce qu’il fait et dans la seconde partie il évoque
l' apparence que veulent se donner les gens de l'extérieur.
Encore une fois l' écrivain a su trouver les mots pour faire passer le
message aux lecteurs. Ce paragraphe est moralisateur et amène à
réfléchir.
Orage local
[…] le courrier de Patagonie abordait l’orage, et Fabien renonçait à le
contourner. Il l’estimait trop étendu, car la ligne d’éclairs s’enfonçait vers
l’intérieur du pays et révélait des forteresses de nuages. Il tenterait de
passer par-dessous, et, si l’affaire se présentait mal, se résoudrait au demi-
tour. Il lut son altitude : mille sept cents mètres. Il pesa des paumes sur les
commandes pour commencer à la réduire. Le moteur vibra très fort et l’avion
trembla. Fabien corrigea, au jugé, l’angle de descente, puis, sur la carte,
vérifia la hauteur des collines : cinq cents mètres. Pour se conserver une
marge, il naviguerait vers sept cents. Il sacrifiait son altitude comme on joue
une fortune. Un remous fit plonger l’avion, qui trembla plus fort. Fabien se
sentit menacé par d’invisibles éboulements. Il rêva qu’il faisait demi-tour et
retrouvait cent mille étoiles, mais il ne vira pas d’un degré. Fabien calculait ses
chances : il s’agissait d’un orage local, probablement, puisque Trelew, la
prochaine escale, signalait un ciel trois quarts couvert. Il s’agissait de vivre
vingt minutes à peine dans ce béton noir. Et pourtant le pilote s’inquiétait.
Penché à gauche contre la masse du vent, il essayait d’interpréter les lueurs
confuses qui, par les nuits les plus épaisses, circulent encore. Mais ce n’était
même plus des lueurs. À peine des changements de densité, dans l’épaisseur
des ombres, ou une fatigue des yeux.

Ce passage évoque le début de ce qui sera un cyclone : l’orage local.


On retrouve un des personnages principaux de l’histoire, à savoir Fabien,
le pilote de l’avion chargé du courrier de Patagonie.
Il ne semble pas s’inquiéter de ce qui approche et est encore plein d’espoir.
Tempête Le rituel de Madame Fabien
Là, au milieu d’aiguilles et de chiffres, le pilote éprouvait une sécurité La femme de Fabien téléphona. La nuit de chaque retour elle calculait la
trompeuse : celle de la cabine du navire sur laquelle passe le flot. La nuit, et marche du courrier de Patagonie : « Il décolle de Trelew… » Puis se
tout ce qu’elle portait de rocs, d’épaves, de collines, coulait aussi contre l’avion rendormait. Un peu plus tard : « Il doit approcher de San Antonio, il doit voir
avec la même étonnante fatalité. « Où sommes-nous ? » lui répétait ses lumières… » Alors elle se levait, écartait les rideaux, et jugeait le ciel : «
l’opérateur. Fabien émergeait de nouveau, et reprenait, appuyé à gauche, sa Tous ces nuages le gênent… » Parfois la lune se promenait comme un berger.
veille terrible. Il ne savait plus combien de temps, combien d’efforts le Alors la jeune femme se recouchait, rassurée par cette lune et ces étoiles, ces
délivreraient de ses liens sombres. Il doutait presque d’en être jamais délivré, milliers de présences autour de son mari. Vers une heure, elle le sentait
car il jouait sa vie sur ce petit papier, sale et chiffonné, qu’il avait déplié et lu proche : « Il ne doit plus être bien loin, il doit voir Buenos Aires… » Alors elle
mille fois, pour bien nourrir son espérance : « Trelew : ciel trois quarts se levait encore, et lui préparait un repas, un café bien chaud : « Il fait si
couvert, vent Ouest faible. » Si Trelew était trois quarts couvert, on froid, là-haut… » Elle le recevait toujours, comme s’il descendait d’un sommet
apercevrait ses lumières dans la déchirure des nuages. À moins que… La pâle de neige : « Tu n’as pas froid ? – Mais non ! – Réchauffe-toi quand même… »
clarté promise plus loin l’engageait à poursuivre ; pourtant, comme il doutait, il Vers une heure et quart tout était prêt. Alors elle téléphonait.
griffonna pour le radio : « J’ignore si je pourrai passer. Sachez-moi s’il fait
toujours beau en arrière. » La réponse le consterna : « Commodoro signale :
Retour ici impossible. Tempête. »

La description du rituel de la femme de Fabien nous montre ses peurs, ses


J’ai choisi ce passage car il décrit l’évolution de l’orage en tempête.
inquiétudes, l’amour et l’attention qu’elle a envers son mari.
Fabien commence à estimer le danger et son insouciance disparaît petit à
Mais d’un autre côté, ce rituel la rassure puisqu’il rythme le temps qui
petit pour laisser la place au doute.
passe en l’absence de son mari, jusqu’au coup de téléphone au bureau de
J’ai décidé de couper l’extrait à « tempête » pour laisser le lecteur dans le Rivière.
suspense.
L’inquiétude de Madame Fabien Le désespoir de Fabien
Cette nuit, comme les autres, elle s’informa : Fabien respira fortement. […] Il fallait, à tout prix, entrer en contact avec
— Fabien a-t-il atterri ? Buenos Aires, comme si, à plus de quinze cents kilomètres, on pouvait leur
Le secrétaire qui l’écoutait se troubla un peu : lancer une corde dans cet abîme. À défaut d’une tremblante lumière, d’une
— Qui parle ? lampe d’auberge presque inutile, mais qui eût prouvé la terre comme un phare,
— Simone Fabien. il lui fallait au moins une voix, une seule, venue d’un monde qui déjà n’existait
— Ah ! une minute… plus. […] Fabien aurait suivi tous les conseils, pourvu qu’ils lui fussent criés. Il
Le secrétaire, n’osant rien dire, passa l’écouteur au chef de bureau. pensait : « Et si l’on me dit de tourner en rond, je tourne en rond, et si l’on me
— Qui est là ? dit de marcher plein Sud… » Elles existaient quelque part ces terres en paix,
— Simone Fabien. douces sous leurs grandes ombres de lune. Ces camarades, là-bas, les
— Ah ! … que désirez-vous, Madame ? connaissaient, instruits comme des savants, penchés sur des cartes, tout-
— Mon mari a-t-il atterri ? puissants, à l’abri de lampes belles comme des fleurs. Que savait-il, lui, hors
Il y eut un silence qui dut paraître inexplicable, puis on répondit simplement : des remous et de la nuit qui poussait contre lui, à la vitesse d’un éboulement,
— Non. son torrent noir. On ne pouvait abandonner deux hommes parmi ces trombes et
— Il a du retard ? ces flammes dans les nuages. On ne pouvait pas. On ordonnerait à Fabien : «
— Oui… Il y eut un nouveau silence. Cap au deux cent quarante… » Il mettrait le cap au deux cent quarante. Mais il
— Oui… du retard. était seul. […] Il en prit son parti. Au risque d’emboutir, il atterrirait n’importe
— Ah ! … où. Et, pour éviter au moins les collines, il lâcha son unique fusée éclairante. La
C’était un « Ah ! » de chair blessée. Un retard ce n’est rien… ce n’est rien… fusée s’enflamma, tournoya, illumina une plaine et s’y éteignit : c’était la mer. Il
mais quand il se prolonge… pensa très vite : « Perdu. Quarante degrés de correction, j’ai dérivé quand
— Ah ! … Et à quelle heure sera-t-il ici ? même. C’est un cyclone. Où est la terre ? » Il virait plein Ouest. Il pensa : «
— À quelle heure il sera ici ? Nous… Nous ne savons pas. Sans fusée maintenant, je me tue. »

Cet extrait est rempli de suspense. Nous, lecteurs, partageons ce suspense Fabien sait maintenant qu’il est pris dans un cyclone. Plus il s’enfonce dans
avec la femme de Fabien parce que nous savons que Fabien est en danger la tempête, plus il désespère. D’après les précédentes descriptions, je
mais nous attendons comme elle les réponses du secrétaire. pensais qu’il serait au-dessus des montagnes et je partage sa surprise
lorsqu’il lance sa fusée et que nous nous apercevons qu’il vole au-dessus de
Avec ses hésitations et ses phrases inachevées, le secrétaire entretient ce la mer. L’auteur nous tient en haleine.
suspense et l’attente semble interminable.
Perdu dans les nuages
L’avion avait gagné d’un seul coup, à la seconde même où il émergeait, un calme
qui semblait extraordinaire. […] La tempête, au-dessous de lui, formait un
autre monde de trois mille mètres d’épaisseur, parcouru de rafales, de
trombes d’eau, d’éclairs, mais elle tournait vers les astres une face de cristal
et de neige. Fabien pensait avoir gagné des limbes étranges, car tout devenait
lumineux, ses mains, ses vêtements, ses ailes. Car la lumière ne descendait pas
des astres, mais elle se dégageait, au-dessous de lui, autour de lui, de ces
provisions blanches. Ces nuages, au-dessous de lui, renvoyaient toute la neige
qu’ils recevaient de la lune. Ceux de droite et de gauche aussi, hauts comme
des tours. Il circulait un lait de lumière dans lequel baignait l’équipage. Fabien,
se retournant, vit que le radio souriait. — Ça va mieux ! criait-il. Mais la voix se
perdait dans le bruit du vol, seuls communiquaient les sourires. « Je suis tout à
fait fou, pensait Fabien, de sourire : nous sommes perdus. » Pourtant, mille
bras obscurs l’avaient lâché. On avait dénoué ses liens, comme ceux d’un
prisonnier qu’on laisse marcher seul, un temps, parmi les fleurs. « Trop beau »,
pensait Fabien. Il errait parmi des étoiles accumulées avec la densité d’un
trésor, dans un monde où rien d’autre, absolument rien d’autre que lui, Fabien,
et son camarade, n’était vivant. Pareils à ces voleurs des villes fabuleuses,
murés dans la chambre aux trésors dont ils ne sauront plus sortir. Parmi des
pierreries glacées, ils errent, infiniment riches, mais condamnés.

Cet extrait nous montre à quel point l’être humain est prêt à tenter le tout
pour le tout lorsque sa vie est en danger.
J’aime cette opposition entre la gravité de la situation et le calme et la
sérénité du ciel que Fabien décrit.
La machine vivante

Il enfouit sa tête dans la carlingue. Le radium des aiguilles commençait à


luire. L’un après l’autre le pilote vérifia des chiffres et fut content. Il se
découvrait solidement assis dans le ciel. Il effleura du doigt un longeron
d’acier, et sentit dans le métal ruisseler la vie : le métal ne vibrait pas,
mais vivait. Les cinq cents chevaux du moteur faisaient naitre dans la
matière un courant très doux, qui changeait sa glace en chair de velours.
Une fois de plus, le pilote n’éprouvait, en vol, ni vertige, ni ivresse mais
le travail mystérieux d’une chair vivante.
Maintenant il s’était recomposé un monde, il y jouait de ses coudes pour
s’y installer bien à l’aise.

J’aime beaucoup ce passage car cela est une personnification de l’avion


qui est capable de faire ressentir la flamme qui l’anime, comme un oiseau
défunt ayant pris possession d’un avion défectueux afin de le faire voler
ou que l’homme fait corps avec l’avion au point de le faire vivre.
Le directeur Ivresse du ciel

Rivière, responsable du réseau entier, se promenait de long en large sur le L’avion roulait déjà dans le faisceau des phares. Si brillant qu’il en
terrain d’atterrissage de Buenos Aires. Il demeurait silencieux car, jusqu’à semblait neuf. Mais, quand il eut stoppé enfin devant le hangar, tandis que
l’arrivée des trois avions, cette journée, pour lui, restait redoutable. les mécaniciens et les manœuvres de pressaient pour décharger la poste, le
Minute par minute, à mesure que les télégrammes lui parvenaient, Rivière pilote Pellerin ne bougea pas.
avait conscience d’arracher quelque chose au sort, de réduire la part - Eh bien ? qu’attendez-vous pour descendre ?
d’inconnu, et de tirer ses équipages, hors de la nuit, jusqu’au rivage. Le pilote, occupé à quelque mystérieuse besogne, ne daigna pas
Un manœuvre aborda Rivière pour lui communiquer un message du poste répondre. Probablement il écoutait encore tout le bruit du vol passer en
radio : lui. Il hochait lentement la tête, et, penché en avant, manipulant on ne
-Le courrier du Chili signale qu’il aperçoit les lumières de Buenos Aires.
sait quoi. Enfin il se retourna vers les chefs et camarades, et les
-bien.
considéra gravement, comme sa propriété. Il pensait qu’il les avait bien
gagnés, et aussi ce hangar de fête et ce ciment solide et, plus loin, cette
ville avec son mouvement, ses femmes et sa chaleur. Il tenait ce peuple
dans ces larges mains, comme des sujets, puisqu’il pouvait les toucher,
les entendre et les insulter. Il pensa d’abord les insulter d’être
tranquilles, surs de vivre, admirant la lune, mais il fut débonnaire :

Ce passage est important car il nous fait découvrir un nouveau


personnage qui va être crucial dans l’histoire, c’est lui qui se charge de
planifier tous les départs et atterrissages de la base de Buenos Aires mais
Ce passage est assez étrange et intriguant, le pilote est dans ce qui
il se préoccupe beaucoup également de savoir s’il est un bon directeur
s’apparente à un état d’ivresse, mais sans de réelles explications, les
aux yeux de ses employés.
vols de nuit sont souvent relatés comme des expériences étranges dans
ce livre, comme si le vol de nuit avait mentalement chamboulé le
pilote.
Un étrange calme Conscience lourde

Sans avoir à lutter, il serait les mains sur les commandes. Quelque chose Il avait peur aussi de sa chambre d’hôtel. De Toulouse à Buenos
se préparait qu’il ne comprenait pas. Il bandait ses muscles, telle une bête Aires, il la regagnait invariablement après le travail. Il s’y enfermait,
qui va sauter, mais il ne voyait rien qui ne fut calme. Oui, calme, mais avec la conscience des secrets dont il était lourd, tirait de sa valise une
chargé d’un étrange pouvoir. rame de papier, écrivait lentement « rapport », hasardait quelques
Puis tout s’était aiguisé. Ces arêtes, ces pics, tout devenait aigu : on les lignes et déchirait tout. Il aurait aimé sauver la compagnie d’un grand
sentait pénétrer, comme des étraves, le vent dur. Et puis il lui sembla péril. Elle ne courait aucun péril. Il n’avait guère sauvé jusqu’à
qu’elles viraient et dérivaient autour de lui, à la façon de navires géants présent qu’un moyeu d’hélice touché par la rouille. Il avait promené
qui s’installent pour le combat. Et puis il y eut, mêlée à l’air, une son doigt sur cette rouille, d’un air funèbre, lentement, devant un chef
poussière : elle montait, flottant doucement, comme un voile, le long des d’aéroplace, qui lui avait d’ailleurs répondu :
neiges. Alors, pour chercher une issue en cas de retraite nécessaire, il se « Adressez-vous à l’escale précédente : cet avion-là vient d’en
retourna et trembla : toute la cordillère, en arrière, semblait fermenter. arriver. » Robineau doutait de son rôle.
« Je suis perdu. »

Dans ce passage, on en apprend un plus sur le personnage mystérieux


mais important de l’inspecteur Robineau apparu pour la première fois
Ce passage apporte un fait important à l’intrigue, un cyclone se forme
lors d’un trajet en voiture en compagnie de Pellerin et de Rivière, il
autour de l’avion du pilote Pellerin en plein vol quand il passe aux
n’est guère aimé, n’aime point son métier et traîne, de jour en jour, sa
dessus de la cordillère des Andes, le plus troublant est que cela se
lourde valise de dignité mélancolique.
reproduira au même endroit plus tard dans l’histoire, cela me fait
personnellement penser au triangle des Bermudes.
Mauvaise nuit

Le radio naviguant du courrier de Patagonie, une heure plus tard, se


sentit soulevé doucement, comme par une épaule. Il regarda autour de
lui : des nuages lourds éteignaient les étoiles. Il se pencha vers le sol :
il cherchait les lumières des villages, pareilles à celles de vers luisants
cachés dans l’herbe, mais rien ne brillait dans cette herbe noire.
Il se sentit maussade, entrevoyant une nuit difficile : marches,
contremarches, territoires gagnés qu’il faut rendre. Il ne comprenait
pas la tactique du pilote ; il lui semblait que l’on se heurtait plus loin à
l’épaisseur de la nuit comme un mur.
Maintenant, il apercevait, en face d’eux, un miroitement imperceptible
au ras de l’horizon : une lueur de forge. Le toucha l’épaule de fabien,
mais celui-ci ne bougea pas.
Les premiers remous de l’orage lointain attaquaient l’avion.

Dans ce passage, nous sommes de retour avec Fabien et son radio


faisant parti du courrier de Patagonie, étrange, Fabien reste
immobile quand son radio lui tapote l’épaule, le temps ne présage
rien de bon, peut-être n’est-ce pas qu’une tempête…
Une question étonnante

_ Vous vous êtes beaucoup occupé d’amour, Leroux, dans votre vie ?
Oh ! L ’amour , vous savez monsieur le directeur …
Vous êtes comme moi, vous n’avez jamais le temps.
Pas bien beaucoup …
Rivière écoutait le son de la voix, pour connaître si la réponse était
amère : elle n’était pas amère .Cette homme éprouvait, en face de sa vie
passée, le tranquille contentement du tranquille menuisier qui vient de
polir une belle planche : «  Voilà. C’est fait. »
«  Voilà pensait Rivière, ma vie est faite. »

Il repoussa toutes les pensées tristes qui lui venaient de sa fatigue, et


se dirigea vers le hangar, car l’avion du Chili grondait.

J’ai choisi ce premier extrait car j’ai ressenti les émotions du


personnage Leroux à travers sa tristesse ainsi que la curiosité du
directeur. J’ai eu beaucoup de peine pour le personnage Leroux car j’ai
l’impression qu’il a eu le cœur brisé et qu’il ne souhaite pas en parler
car cela l’affecte toujours autant.
La nuit
Un accident soudain
Devant une fenêtre ouverte il s'arrêta et comprit la nuit.
Maintenant, il apercevait, en face d’eux, un miroitement Elle contenait Buenos Aires, mais aussi, comme une vaste nef,
imperceptible au ras de l’horizon ; une lueur de forge. l’Amérique. Il ne s’étonna pas de ce sentiment de grandeur :
Le radio toucha l’épaule de Fabien, mais celui-ci ne bougea pas le ciel de Santiago du Chili, un ciel étranger, mais une fois
Les premières remous de l’orage lointain attaquaient l’avion. le courrier en marche vers Santiago du Chili, on vivait,
Doucement soulevées, les masses métalliques pesaient d’un bout à l’autre de la ligne, sous la même voûte profonde.
contre la chair même du radio, puis semblaient s’évanouir, se fondre, Cet autre courrier maintenant dont on guettait la voix dans
et dans la nuit, pendant quelques secondes, il flotta seul. Alors il se les écouteurs de T.S.F, les pêcheur de Patagonie en
cramponna des deux mains aux langerons d’acier. Et comme il voyaient luire les feux de bord. Cette inquiétude d’un
n’apercevait plus rien du monde que l’ampoule rouge de la carlingue, il avion en vol quand elle pesait sur Rivière, pesait aussi sur les capitales
frissonna de descendre au cœur de la nuit, sans secours, et les provinces, avec le grondement du moteur.
sous la seule protection d’une petite lampe de mineurs.

J’ai choisi cet extrait bouleversant car je ne m’y attendais J’ai choisi cet extrait descriptif car l’auteur compare la nuit à
absolument pas, l’orage bloque l’avion d’un coup. J’ai comme le des pays, tels que l’Argentine et sa capitale, Buenos Aires, j’ai trouvé
sentiment que Fabien est gravement en danger et blessé. Je le trouve cela très original. L’auteur fait également une personnification
également très téméraire et j’ai ressenti qu’il avait peur aussi et que la surprenante . Je devine que Rivière a beaucoup d’angoisse quand il
lampe l’a sauvé. imagine un avion en vol.
Le départ de Fabien Quand le courage prend le dessus sur la peur

- Tu n’es pas même triste … Pour combien de jours t’en vas-tu? Il aurait pu lutter encore, tenter sa chance : il n’ y a pas de fatalité
Huit jours, jours. Il ne savait pas. Triste, non ; pourquoi ? extérieure. Mais il y a une fatalité intérieure : vient une minutes où
Ces plaines, ces villes, ces montagnes … Il partait libre lui semblait-il, a l’on se découvre vulnérable ; alors les fautes vous attirent comme un
leur conquête. Il pensait aussi qu’avant une heure il posséderait et vertige.
rejetterais Buenos Aires . Et c’est à cette minutes qui luirent sur sa tête, dans une déchirure de la
Il sourit. tempête, comme un appât mortel au fond d’une nasse, quelques étoiles .
Cette ville … J’en serai si vite loin. C’est beau de partir la nuit. On tire Il jugea bien que c’était un piège : on voit trois étoiles dans un trou, on
sur la manette des gaz, face au Sud, et dix secondes plus tard on monte vers elle, ensuite on ne peut plus descendre, on reste là à mordre
renverse le paysage , face au Nord. La ville n’est plus qu’un fond de les étoiles .Mais sa faim de lumière était telle qui monta.
mer. Elle pensait à tout ce qu’il faut jeter pour conquérir.

J’ai choisi cet extrait triste parce que je ressens la tristesse de la J’ai choisi ce passage plein d’espoir et de rêve : je trouve cela
femme de Fabien attristée par le départ de son mari. Je pense que courageux de la part de Fabien de faire monter son avion au-dessus des
Fabien lui n’est pas aussi triste que sa femme, il a l’air content. J’ai nuages. Je pense que Fabien a de l'appréhension au début mais au fur
l’impression que la femme de Fabien ressent de la solitude avant le et à mesure il réussit à dépasser sa peur et s’élève vers les étoiles
départ de son mari. Fabien semble déterminé à partir. comme vers un refuge.
L’avion merveilleux

L’avion avait gagné d’un seul coup, à la seconde il émergeait, un


calme qui semblait extraordinaire. Pas une houle ne l’inclinait.
Comme une barque qui passe la digne, il entrée dans les eaux réservées.
Il était pris dans une part de ciel inconnue et cachée comme la baie des
îles bienheureuses. La tempête, au dessus de lui, formait un autre monde
de trois milles mètre d’épaisseur, parcouru de rafale, de trombes d’eaux,
d’éclairs,mais elle tournait vers les astres une face de cristal et de neige.
Fabien pensait avoir gagné des limbes étranges, car tout devenait
lumineux, ses mains, ses vêtement, ses ailes.

J’ai choisi ce passage très émouvant car j’aime beaucoup la


comparaison que l’auteur fait quand il compare l’avion à une barque
qui passe la digue. L’auteur parle également de la tempête avec
beaucoup d’images et j’ai trouvé le comportement du héros très
courageux.

Vous aimerez peut-être aussi