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ESDEP

GROUPE DE TRAVAIL 14

SYSTEMES STRUCTURAUX : BATIMENTS

Leçon 14.2

Étude des ossatures à portiques :


Introduction et analyse élastique

Fichier : L14-2.doc
OBJECTIF

Présenter les principes de base du calcul des portiques en utilisant l'analyse élastique ;
cet objectif inclut l'étude des portiques non uniformes. Cette leçon est illustrée par un
exemple.

PREREQUIS
Leçons 2.3.1 & 2.3.2 : Propriétés des aciers
Leçon 2.4 : Nuances et qualités des aciers
Leçons 3.1.1 & 3.1.2 : Principes généraux de fabrication des structures en acier
Volume 6 : Stabilité appliquée
Leçon 7.2 : Classification des sections transversales
Leçon 7.3 : Voilement local
Leçons 7.9.1 & 7.9.2 : Poutres non maintenues latéralement
Volume 10 : Construction mixte
Leçon 11.1.1 : Assemblages pour les bâtiments
Leçons 11.4 : Analyse des assemblages

LEÇONS CONNEXES
Leçon 11.6 : Assemblages transmettant des moments de flexion dans les structures
continues
Leçons 14.1.1 & 14.1.2 : Bâtiments à niveau unique

RESUME

Introduction ; avantages économiques de l'utilisation de portiques à base d'éléments non


uniformes, de profils en I avec âmes élancées et semelles de Classe 2 ou 3 ; résumé des
méthodes de fabrication avec des références croisées relatives aux leçons sur la
fabrication.

Méthodes d'analyse de portiques uniformes ou à base d'éléments non uniformes ; besoin


de prendre en compte des enveloppes rigides et des conditions de soulèvement non-
symétriques. Établissement des méthodes de résistance pour les sections droites. Âmes
élancées sous les effets combinés de la flexion, du cisaillement et de la compression.

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Calcul des assemblages ; exigences relatives à la structure secondaire, y compris le
contreventement.

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1. INTRODUCTION

Les portiques peuvent être à un seul niveau, à une ou plusieurs travée(s) et à toiture
inclinée ou plate (figure 1). Cette leçon présente l'analyse élastique et le calcul de
portique, en prenant principalement en compte le cas d'une travée simple et toiture
inclinée, ce qui est le cas le plus courant en pratique.

La leçon 14.3 présentera le calcul des portiques en utilisant l'analyse plastique. Lorsque
l'ossature comporte des profilés laminés de Classe 1 et que le calcul est fait en
résistance, c'est l'analyse plastique qui conduit à l'économie la plus grande. Comme on
peut le voir sur la figure 2a, on utilise la redistribution plastique, afin d'utiliser au
maximum la résistance de l'ossature.

Il y a cependant des cas dans lesquels on ne peut pas faire appel à l'analyse plastique :

i. l'ossature comporte des sections de Classe 1 mais c'est la rigidité (flèches) qui
est déterminante pour le calcul.

ii. l'ossature comprend des sections de Classe 2 ou supérieure.

Lorsqu'on utilise des sections prismatiques, comme par exemple les profils laminés, la
distribution élastique des moments est telle que la structure est relativement inefficace,
comme on peut le voir sur la figure 2b. Il faut choisir la section de la poutre de façon à
satisfaire les conditions de moments qui sont les effets prépondérants en tête de poteau ;
en dehors de ces zones, les contraintes dans la poutre sont faibles.

On réalise une meilleure économie de matériau dans une structure calculée en élasticité
en utilisant des sections non uniformes et soudées. Comme on peut le voir sur la
figure 2c, on peut obtenir une enveloppe de résistance qui soit la plus proche possible de
l'enveloppe des moments fléchissants et les contraintes sont élevées dans toute
l'ossature. La figure 3 montre une disposition générale de ce type de structure.

Une fois que l'on a accepté le principe de l'utilisation d'éléments fabriqués, non-
prismatiques, le concepteur a toute liberté de choisir les paramètres géométriques
indépendants suivants :
hauteur de l'élément,
forme de l'élément, i.e. variation de sa hauteur le long de l'ossature,
largeur et épaisseur de la semelle supérieure (avec possibilité de variation le
long de l'ossature),
largeur et épaisseur de la semelle inférieure (avec possibilité de variation le
long de l'ossature),
épaisseur de l'âme (avec possibilité de variation le long de l'ossature).

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Il est nécessaire de faire une optimisation afin de déterminer ces paramètres, en prenant
en compte les maintiens existant dans la pratique. En pratique, on trouve que l'économie
la plus importante est généralement réalisée en prenant :
des semelles de Classe 2 ou 3,
des âmes de Classe 3 ou 4, avec un rapport maximum hauteur (d) sur
épaisseur (t) allant jusqu'à 200 et sans raidissage.

Avec ces restrictions, on peut obtenir des économies de poids considérables, en


comparaison de l'analyse plastique, comme le montre la figure 4.

Bien sûr, la minimisation du poids ne conduit pas nécessairement à la minimisation du


coût. Dans ce cas, on n'obtiendra une économie globale de la construction que si l'on a
recours à une fabrication automatisée. On résumera plus loin dans cette leçon les
développements récents dans ce domaine.

Le comportement des sections comportant des éléments élancés est naturellement plus
complexe que celui des sections massives de Classe 1, en raison du flambement local et
des déformations de la section droite. Il est nécessaire d'utiliser des procédures spéciales
de calcul et il faut faire plus attention à rendre l'ossature stable au moyen d'un
contreventement adéquat apporté par la structure secondaire. Ces sujets seront vus plus
loin dans cette leçon. La complexité de ces vérifications de résistance et la grande
complexité de l'analyse rendent indispensable l'utilisation de logiciels d'aide au calcul.

De ce fait et avant d'examiner les ossatures à base d'éléments non uniformes, il est
nécessaire de réaliser des investissements considérables, à la fois en fabrication et en
CAO. Compte tenu de ces investissements, il y a un grand avantage à utiliser des
portiques à base d'éléments non uniformes soudés, en comparaison des portiques à base
de profils laminés :

Ils peuvent donner lieu à des économies en poids et en coût significatives ;

Ils sont naturellement plus rigides car les sections soudées et optimisées sont
considérablement plus hautes que celles des profils laminés de même résistance ;

La conception et la fabrication automatisées peuvent être facilement incorporées


dans un système de fabrication complètement informatisé, permettant une
estimation du coût très rapide et précise, une gestion des stocks informatisée et la
minimisation du gaspillage, l'informatisation des dessins et l'utilisation de
machines commandées par ordinateur.

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2. ANALYSE ELASTIQUE DES PORTIQUES

L'analyse élastique des portiques prismatiques peut être aisément faite par ordinateur.
On peut aussi utiliser des méthodes manuelles et des abaques [2, 3].

L'analyse des portiques à base d'éléments non uniformes est un peu plus complexe. La
variation de la raideur le long de l'ossature hyperstatique a une influence sur la
distribution des moments, des efforts tranchants et des forces axiales associées. Il existe
des procédures d'analyse manuelle [4] mais en pratique l'étude est normalement faite sur
ordinateur. La figure 5 montre un modèle typique d'analyse ; les poutres et les poteaux
sont divisés en éléments de cisaillement ; chaque élément est considéré comme un
élément prismatique et les propriétés qu'on lui donne sont la moyenne de ses propriétés
sur sa longueur. L'étude donne la distribution complète des moments, efforts tranchants
et forces axiales de chaque élément.

Avec des sections non uniformes, le point de vue économique impose de réduire, là où
c'est possible, la hauteur de la section, donc sa résistance. Par exemple, la zone 11 de la
figure 5 est située à un point d'inflexion sous chargement vertical symétrique. Ces zones
de moindre résistance n'existent pas pour des ossatures prismatiques et les concepteurs
n'ont donc pas l'habitude de penser à l'enveloppe complète des moments fléchissants sur
de telles structures. La figure 6 illustre les enveloppes de moment fléchissant qui
existent sur une structure non uniforme typique. Il est clair que, à proximité des zones
de hauteur minimale, ce sont des cas de répartition des charges ou d'autres cas non-
symétriques qui gouvernent les calculs.

2.1 États limites de service


Sous la combinaison des actions à prendre en compte aux états limites de service,
l'Eurocode 3 [5] recommande que la flèche du portique ne dépasse pas les valeurs
limites suivantes :

Déplacements horizontaux en tête de poteaux


portiques sans pont roulant : h/150
autres bâtiments à niveau unique : h/300

avec h hauteur du poteau.

Flèches verticales totales dans les poutres : L/200

avec L portée de la poutre.

D'habitude, pour les portiques à toiture inclinée, le critère de flèche pour les poutres
n'est pas critique.

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Toutes les toitures avec une pente inférieure à 5 % doivent être vérifiées du point de vue
de la non accumulation de l'eau en flaques. Dans cette vérification, il faut définir les
tolérances admissibles concernant les imprécisions possibles de la construction et les
tassements des fondations, les flèches des matériaux de couverture, les flèches des
éléments de structure et les effets des précintrages si nécessaire.

Lorsque la pente de la toiture est inférieure à 3 %, des calculs supplémentaires sont


nécessaires pour vérifier qu'il n'y a pas de risque de ruine due au poids de l'eau
accumulée sous forme de flaques susceptibles de se former en raison de la flèche des
éléments de structure, des matériaux de couverture ou à cause de la neige.

2.2 Imperfections
Pour les calculs aux états limites, on tolère des effets dus aux imperfections de forme de
l'ossature dans l'analyse globale du portique, au moyen d'une imperfection géométrique
équivalente représentée par un déplacement horizontal initial (figure 7a), déterminé à
partir de :

1
0,5 0
nc

où nc est le nombre de poteaux d'un portique à une travée

1
et 0
200

Dans la pratique, il est plus aisé (et c'est accepté par l’Eurocode 3 [5]), de remplacer
l'imperfection d'aplomb initial par un système de forces horizontales équivalentes,
comme le montre la figure 7b.

Les imperfections des éléments sont prises en compte en analyse globale du portique, en
incorporant au niveau des poteaux une imperfection appropriée en forme d'arc, comme
on peut le voir sur la figure 8. La valeur e0,d de l'arc dépend du type et de la dimension
de la section, sa valeur est donnée dans l’Eurocode 3 [5].

Les imperfections des éléments peuvent ne pas être prises en compte dans l'analyse
globale de l'ossature lorsque :

A fy
0,5
N Sd

avec Nsd valeur de calcul de l'effort de compression

élancement réduit de l'élément dans le plan, calculé sur la base d'une


longueur de flambement égale à sa longueur d'épure.

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2.3 Analyse globale au second ordre
L'analyse globale au second ordre, incluant les imperfections de forme (aplomb ou
forces horizontales) et les imperfections des éléments (arc) constitue la méthode la plus
exacte et la plus pratique de détermination de portiques avec éléments non uniformes.
Les logiciels qui existent font automatiquement :

le calcul des propriétés de la section à mi-portée de chaque élément poutre et


poteau, connaissant les valeurs extrêmes des dimensions de l'âme et des semelles
et le nombre d'éléments de longueur égale à prendre en compte dans les poutres et
les poteaux ;

le calcul de la position de chaque nœud, si l'on connaît le défaut d'aplomb en tête


des poteaux et la valeur de la flèche de l'arc à mi-hauteur des poteaux ;

l'étude de l'analyse élastique au second ordre de l'ossature plane.

Lorsqu'on a les résultats du calcul informatique, il n'est pas nécessaire de poursuivre les
calculs à la main pour déterminer la longueur de flambement et le flambement dans le
plan des éléments. Les seules vérifications nécessaires sont :

les valeurs des contraintes dans les éléments qui ne doivent pas dépasser la limite
élastique fy ;

le flambement hors du plan des poteaux, à moins qu'il n'y ait des murs, lisses ou
un bardage l'en empêchant ;

le déversement des éléments.

Si l'ossature comporte des sections de Classe 4, il faut déterminer la section droite


efficace réduite. Ceci ne s'applique pas aux sections de Classe 1, 2 ou 3.

Comme l'analyse au second ordre est non-linéaire, on peut avoir à faire des calculs
mixtes pour toutes les combinaisons de charges. On ne peut pas superposer les effets
des cas élémentaires.

2.4 Analyse globale au premier ordre


On peut aussi utiliser des méthodes « simplifiées » d'analyse mais elles présentent
cependant plusieurs inconvénients :
elles demandent un nombre plus important de calculs manuels,
elles sont moins précises : elles nécessitent des approximations,
elles placent en sécurité par rapport aux méthodes au second ordre, elles ne
sont donc pas économiques en termes de poids d'acier.

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Dans ces « méthodes simplifiées », on réalise sur ordinateur des calculs d'analyse
élastique globale au premier ordre (ou à la main, uniquement dans le cas d'éléments
prismatiques et de portiques à une travée) en prenant en compte des imperfections de
forme (en général sous la forme de forces horizontales).

Comme les portiques à une travée ne sont pas très rigides, ils doivent d'habitude être
considérés comme des ossatures souples. Pour la plupart des cas de chargement, cette
situation se produit lorsque :

Vcr < 10 VSd

où Vsd est la valeur de calcul de la charge verticale totale

Vcr est sa valeur élastique critique selon un mode d'instabilité à nœuds


déplaçables.

Après avoir fait une analyse globale au premier ordre, l’Eurocode 3 donne deux
possibilités de calculs supplémentaires à faire à la main :

2.4.1 Première possibilité : méthode « avec amplification des moments dus à


la déformation latérale »

1. Majorer les moments dus aux forces horizontales en les multipliant


par le rapport 1 / (1 - Vsd / Vcr).

2. Déterminer la longueur de flambement dans le plan des éléments, en


considérant le mode à noeuds fixes.

3. Vérifier la résistance au flambement dans le plan des éléments, en


utilisant les formules de flambement appropriées données dans
l’Eurocode 3.

2.4.2 Deuxième possibilité : méthode « avec longueurs de flambement


correspondant au mode d'instabilité à nœuds déplaçables »

1. Majorer les moments dans les poutres et dans les assemblages poutre-
poteau, en raison des forces horizontales, en les multipliant par 1,2.

2. Déterminer la longueur de flambement dans le plan des éléments, en


considérant le mode à nœuds déplaçables.

3. Vérifier la résistance au flambement dans le plan des éléments, en


utilisant les formules de flambement appropriées données dans
l’Eurocode 3 [5].

Les formules qui doivent être appliquées aux points 2 et 3 (longueur de flambement et
résistance au flambement) sont données dans l’Eurocode 3 pour des éléments

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prismatiques mais elles ne s'appliquent pas aux éléments non uniformes. On peut utiliser
des solutions conservatrices approchées pour les éléments non uniformes.

Enfin les vérifications complémentaires relatives à l'analyse globale du second ordre


peuvent aussi être faites à la main, pour les contraintes, le flambement hors du plan et le
déversement.

Si l'ossature comporte des sections de Classe 4, il faut déterminer la section droite


efficace réduite.

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3. CARACTERISTIQUES PARTICULIERES RELATIVES AU
COMPORTEMENT DES PORTIQUES CONSTITUES
D'ELEMENTS NON UNIFORMES ET REGLES DE
CALCUL CORRESPONDANTES

Flambement local de l'âme

L'élancement de l'âme (d/t) peut atteindre 200. L'âme est donc soumise au
flambement local dû à de la flexion, du cisaillement ou de la compression du
type de ceux représentés sur la figure 9. Cette forme d'instabilité ne se produit
pas souvent dans les autres formes de structures de bâtiments.

Flambement local des semelles

Normalement, les semelles sont limitées aux Classes 2 ou 3 et il n'est pas


nécessaire de prendre en compte le flambement local de la semelle.

Déversement de la structure entre points de maintien

Comme on peut le voir sur la figure 10, le flambement d'une poutre ou d'un
poteau entre ses montants provient d'une interaction complexe entre le
flambement local de l'âme, le déversement et la torsion de la section droite.
Des études récentes [6] ont pris en compte ces efforts directement et elles ont
débouché sur des tentatives d'approche des calculs assez avancées. Cependant,
un modèle simple et qui fournit un bon accord avec les résultats expérimentaux
est celui qui se base sur la section efficace réduite, comme le montre la
figure 11.

La vérification de résistance doit alors se faire de la manière suivante :

i. Déterminer les contraintes sur la section droite efficace réduite dues à


la flexion et à la compression axiale.

ii. Vérifier que la résistance en compression de la section en Té est


supérieure à la charge de compression appliquée, en supposant que sa
longueur efficace est égale à l'espacement des montants.

iii. Vérifier la semelle en traction afin de s'assurer qu'elle n'est pas


plastifiée. L'écoulement ne dominera que pour une section hautement
non-symétrique.

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iv. Vérifier la résistance de l'âme sous l'expression combinée, de flexion
et cisaillement, en utilisant les contraintes obtenues à partir des deux
premières actions basées sur le point i. ci-dessus.

Liaisons en tête de poteau

Le comportement des liaisons en tête de poteau se comprend mieux si l'on suit


le développement de l'assemblage utilisé par un fabricant anglais leader [7]. A
l'origine on prenait en compte le plan diagonal de l'assemblage représenté sur
la figure 12a. Le comportement dans le plan était satisfaisant mais il y avait un
problème de stabilité important au niveau de l'angle intérieur. Le manque de
continuité entre les semelles le long du joint, aggravé par tous les défauts
d'ajustement provenant de la torsion des platines, ont conduit, à cet endroit, à
des ruines hors du plan prématurées. Il est possible de maîtriser ce problème en
haubanant directement cet angle mais une telle solution est coûteuse en
l'absence de pannes ou lisses à utiliser pour cette fixation.

La stabilité de l'angle intérieur, pour ce calcul élastique peut être obtenue en


continuant l'une ou l'autre des semelles intérieures (en compression) selon une
direction de traction adéquate, comme le montre la figure 12b.

Il est en général nécessaire d'avoir un raidissage au niveau des points notés X


sur la figure 12b. En l'absence de raidisseur diagonal et parce que le panneau
d'angle est élancé, les cisaillements de l'angle supérieur sont équilibrés par
l'action du champ de traction représenté sur la figure 12c. Il en résulte une
réduction locale du bras de levier efficace, ce qui crée une augmentation
importante de la compression à proximité immédiate du coin intérieur, cause de
la ruine prématurée. Il a été décidé d'apporter une rigidification diagonale
substantielle, comme le montre la figure 12d, pouvant résister à la compression
combinée des deux semelles par triangulation directe des forces. Ce raidisseur
satisfait aux multiples fonctions de maintien du bras de levier autour de l'angle,
de raidissage de la semelle de telle sorte qu'elle puisse résister à la compression
horizontale due à la semelle intérieure et de stabilisation de l'âme élancée.

Forces dans les montants

Les critères traditionnels de calcul des forces dans les montants sont
empiriques. Des valeurs typiques de calcul sont égales à 2,5 % de la force
résultant maximum dans la zone comprimée des sections entretoisées, répartie
sur les différents maintiens le long de la longueur de l'élément. Cette approche
a été démontrée par expérience, comme étant satisfaisante. Cependant, les
sections hautes, élancées, caractéristiques des ossatures non uniformes, avec un
rapport Ixx/Iyy élevé sont plus enclines au flambement. Des travaux précédents
[7, 8] ont suggéré qu'une valeur de 2 % à chaque entretoise pourrait être plus
appropriée.

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4. CALCUL PRATIQUE ET FABRICATION DES PORTIQUES
A BASE D'ELEMENTS NON UNIFORMES

On ne peut réaliser les avantages économiques potentiels des portiques à base


d'éléments non uniformes que si leur sophistication structurale est assortie de
procédures efficaces, au niveau des bureaux d'études et de la fabrication.

La conception, le dessin, les devis et la gestion des stocks doivent être informatisés. Les
procédures de conception doivent comprendre l'analyse, les vérifications de résistance et
d'états limites de service et une optimisation. La procédure de dessin doit produire des
dessins complets sur la base de guides de conception détaillée spécifiés par l'atelier.
Parallèlement, on peut générer des données pour l'ensemble des machines outils à
commande numérique de l'atelier. L'obtention d'un devis précis découle volontiers des
données précédentes. Au moment de la soumission, il peut être utile pour la préparation
d'une information précise sur les coûts et les temps, sans avoir à préparer tous les
dessins et les données de contrôle numérique. La gestion des stocks peut servir à
minimiser les gaspillages ; ceci est particulièrement important pour le découpage
efficace des âmes non uniformes. La figure 13 montre un plan de découpe typique d'un
plat constituant une âme. L'utilisation de matériaux en stock peut apparaître comme une
contrainte pour l'optimisation de la conception.

Le noyau d'une fabrication semi-automatique réside dans l'efficacité du soudage des


semelles sur l'âme. Le soudage est normalement basé sur le procédé de soudage à l'arc
sous flux en poudre, avec soudage d'un seul côté, représenté sur la figure 14. Les
principales caractéristiques de ce procédé sont mentionnées sur la figure 15. Des détails
complémentaires sont donnés dans la leçon 3.4 sur la fabrication. Cependant, pour
obtenir une efficacité d'ensemble, ce procédé de fabrication doit s'appuyer sur :
une manutention efficace des matériaux pour réaliser les composants de
l'âme et des semelles.
un découpage numérique de l'âme - aussi pour les semelles si elles sont
fabriquées à partir de plats.
un soudage bout-à-bout semi-automatique pour les raccords des semelles et
de l'âme.

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5. CONCLUSION

On peut utiliser les portiques non uniformes fabriqués en soudage automatique


pour créer des bâtiments industriels esthétiques et économiques.

Les économies les plus importantes sont sans doute réalisées avec des semelles de
Classe 2 ou 3 et des âmes de Classe 3a, avec une forme créant une distribution de
résistance en flexion proche de l'enveloppe du moment fléchissant.

De telles ossatures peuvent être étudiées en élasticité.

Le comportement des sections fabriquées à âme élancée est plus complexe que
celui des sections laminées ; les vérifications de résistance doivent prendre en
compte le flambement local, la distorsion de la section droite et l'interaction entre
la structure primaire et la structure secondaire au travers des montants.

Cette forme de construction est économique à condition de faire des


investissements substantiels dans une approche de type « ingénierie de la
production », pour la gestion, la conception, l'estimation et la fabrication.

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6. BIBLIOGRAPHIE

[1] Dowling, P.J., Mears, T.F., Owens, G.W. et Raven, G.K. "A development in
the automated design and fabrication of portal framed industrial buildings".
The Structural Engineer, Londres, Vol. 60A, n° 10, octobre 1982.

[2] Kleinlogel, Mehrstielige Rahmen, Band I and II Berlin, Verlag von Withelm,
Ernst & Sohn.

[3] Owens, G.W. and Knowles, P.R. (Ed.) "Steel Designers Manual", Blackwells
Scientific Press, Oxford 1991.

[4] "Metal building systems manual", Cleveland, Ohio, Metal Building


Manufacturers Association, 1981.

[5] Eurocode 3 : "Calcul des structures en acier" Partie 1.1, Règles Générales et
Règles pour les Bâtiments, CEN 1992

[6] Chung, K.F. et Owens, G.W., "Distortional Instability of very Slender Web
Beams", in Compte-rendu Forth Rail Bridge Centenary Conference
Developments in Structural Engineering, Edité par B.H.V. Topping, Chapman
and Hall, Londres, Volume II, pp 747-757.

[7] "Reference 1 discussion". The Structural Engineer, Londres, Volume 61A, N°


10, décembre 1983.

[8] Owens, G.W. et Dowling, P.J., "Full scale testing of tapered portal frames".
IStructE/BRE Seminar on Structural Assessment, BRE, Watford, Grande-
Bretagne, 1987.

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