Vous êtes sur la page 1sur 21

ESDEP

GROUPE DE TRAVAIL 14

SYSTEMES STRUCTURAUX : BATIMENTS

Leçon 14.3

Calcul des portiques simples : Calcul en


plasticité

Fichier : L14-3.doc
OBJECTIF

Présenter les principes de base du calcul des portiques simples en utilisant la méthode
de calcul nommée “Méthode Rigide Plastique” comme cela est explicité dans les
exemples ci-après.

PRÉREQUIS
Leçons 2.3.1 & 2.3.2 : Propriétés des aciers
Leçon 2.4 : Nuances et qualités des aciers
Leçon 7.2 : Classification des sections transversales
Leçon 7.9.1 & 7.9.2 : Poutres non maintenues latéralement
Leçons 7.10.1, 7.10.2 & 7.10.3 : Barres soumises à flexion composée

LEÇONS CONNEXES
Leçon 11.6 : Assemblages transmettant des moments de flexion dans les
structures continues
Leçons 14.1.1 & 14.1.2 : Bâtiments à niveau unique
Leçon 14.13 : Justification des structures à étages multiples à assemblages
semi-rigides et à résistance partielle

RÉSUMÉ

Les principes de base de l’analyse rigide plastique sont présentés en faisant référence
aux éléments suivants : rotules plastiques, effets de combinaison des moments
fléchissants, efforts normaux (signe ), efforts de cisaillement (signe ), diagramme des
moments fléchissants, ordre d’apparition des rotules, mécanismes de ruine et tassement
des appuis.

Ces principes d’analyse sont développés pour une poutre continue pour être étendus à
un portique rectangulaire puis à un portique à traverse brisée. Les règles de calcul pour
ce dernier type sont discutées et illustrées par un exemple numérique.

Page 1
1. PORTIQUE SIMPLE EN ACIER D’AUJOURD’HUI

Les figures 1 et 2 illustrent les portiques simples en acier actuellement utilisés pour les
bâtiments en acier. Ceux-ci peuvent être constitués par :
des enveloppes isolantes en acier prélaqué,
des pannes laminées ou profilées à froid,
des aciers de nuance S275,
des toitures de pentes variant de 1 % à 10 % pour raisons architecturales
et/ou programmatiques.

En Grande-Bretagne, ces structures sont fréquemment conçues en utilisant le calcul en


plasticité et plus particulièrement la méthode appelée « méthode rigide - plastique ».

Cette leçon décrit la conception de portiques fabriqués à partir de profils laminés en


utilisant la méthode appelée « Méthode Rigide - Plastique ». On fait ici référence à
l’Eurocode 3 [1] dont les clauses reprises dans le texte sont mises entre parenthèses :
exemple : (§ 5.3.1).

Page 2
2. CONDITIONS DE BASE POUR LE CALCUL EN
PLASTICITE

L’utilisation de la théorie du calcul en plasticité pour les portiques métalliques est


possible grâce aux propriétés des aciers utilisés supportant des élongations importantes
sans rupture. La figure 3 montre une courbe contrainte/déformation d’une section
d’acier soumise à la traction.

Les sections des poutres soumises à un moment fléchissant doivent être symétriques
dans le plan d’application des charges, (§ 5.3.3.(1)), et être en harmonie avec certaines
propriétés de la section droite afin que les rotules plastiques puissent se développer et se
maintenir, (§ 5.3.2 et 5.3.3). Un rappel de ces critères est donné figure 4.

Les figures 5a et 5b montrent le développement d’une rotule plastique dans une section
symétrique en double T. Toute tentative d’application d’un moment fléchissant
supérieur dans la section, une fois que celle-ci est complètement plastifiée, conduit la
barre à se comporter comme si elle était articulée à cet endroit.

Cette action de rotule est appelée une rotule plastique. Au droit d’une rotule plastique,
la section d’acier maintient le moment plastique, elle peut aussi accomplir une rotation
considérable causant aussi un moment fléchissant additionnel qui est transféré aux
autres parties de la barre ou de la structure.

La figure 5 présente une section uniquement soumise à un moment fléchissant. Le


moment fléchissant résistant à l’endroit où se forme la rotule plastique est appelé le
Moment Plastique Résistant (PMR) de la section, dans le § 5.4.5.1 :

Mp.Rd = Wp f y / M0

Mp.Rd = Le moment plastique de dimensionnement de la section

Mp.Rd = PMR (Moment Plastique Résistant)

Les trous d’assemblage dans la semelle en traction peuvent réduire le PMR - voir
§ 5.4.5.3.

Le PMR d’une section est réduit quand un moment fléchissant est combiné avec une
force axiale ou un effort tranchant important.

La distribution des contraintes, pour une combinaison du moment fléchissant et de


l’effort normal, est montrée sur la figure 6. On notera que l’effort normal cause
généralement une petite réduction du PMR brut. D’une façon générale, un effort normal
N p.Rd
de réduit le PMR de seulement 2 %.
10

Page 3
Les formules du PMR (Moment Plastique Résistant) sont données dans le § 5.4.8.

M N.Rd = M p.Rd ( N Sd / N p.Rd ) 2

M N.Rd Pour la condition de calcul obéissant à l’inéquation suivante

M Sd M N.Rd

L’équation précédente peut être réarrangée pour donner l’équation d’interaction


suivante :

2
M Sd N Sd
1
M p.Rd N p.Rd

Les équations modifiées pour le moment fléchissant et l’effort tranchant sont données
§ 5.4.7. On notera que lorsque l’effort tranchant est inférieur de 50 % de Vp.Rd , le
PMR (Moment Plastique Résistant) n’est pas réduit.

Les actions prépondérantes dans les barres des portiques simples sont des moments
fléchissants, les efforts normaux et les efforts de cisaillement ont généralement un effet
négligeable sur le moment résistant.

Cependant des efforts de cisaillement important existent en tête des poteaux, ils sont
engendrés par l’encastrement du jarret de la poutre sur le poteau au droit de
l’assemblage.

La vérification de la tête de poteau sous les effets combinés du moment fléchissant et de


l’effort tranchant n’est pas une pratique courante même lorsque le poteau développe une
rotule plastique juste en dessous de l’assemblage.

Il est cependant courant de raidir la tête de poteau si la contrainte de cisaillement de


l’âme du poteau satisfait à f y / 3 , c’est-à-dire 0,6 f y . La vérification de cette
pratique demande un éclaircissement futur car il a été remarqué que, même lorsque la
résistance de post-écrouissage est justifiée, une déformation excessive peut se produire
à cause des effets de second ordre sur le portique [2]. Les essais qui sont rapportés dans
la référence [2] n’ont cependant pas un effort de cisaillement très important dans l’âme
du poteau, ceci n’est pas caractéristique d’une tête de poteau typique.

Il est nécessaire de satisfaire à certaines conditions de fabrication afin de s’assurer que


l’acier n’a pas été écroui à la localisation supposée de la rotule plastique. Le § 7.3 fixe
ces restrictions, il exclut :

Page 4
Les bandes par oxycoupage ou cisaillées pour constituer des PRS1,
Les trous poinçonnés pour les assemblages,
Le marquage par estampage,
Les soudures temporaires de positionnement,
Les surfaces réparées par soudure (cette dernière exigence touche les
conditions de fourniture du matériau).

Il est aussi spécifié dans le § 7.3 que : «toutes les zones où des réserves sont faites sur
l’écrouissage doivent être clairement indiquées sur les plans».

1
La clause 7.3 de l’Eurocode 3 admet uniquement pour le calcul en plasticité, l’utilisation de profils
laminés ou de sections reconstituées soudées à partir de plats larges laminés.

Page 5
3. APPLICATION DU CALCUL EN PLASTICITE A UNE
POUTRE

La poutre de la figure 7 est représentée avec un moment fléchissant dont la valeur


maximale est située au point 2. La première rotule plastique se formera au point 2 à une
charge de :

8 PMR
F1
L

A cette étape du chargement, seulement une rotule plastique s’est formée et la poutre
continue se résume désormais à deux poutres isostatiques pour tout chargement
additionnel.

Le résultat d’un chargement additionnel est montré sur la figure 8c. Ce chargement
additionnel à pour effet de causer la formation d’une rotule plastique proche de la mi-
portée de chaque poutre. La position exacte des 2 nouvelles rotules peut être calculée et
la valeur de la charge de ruine est :

PMR
Fp 11,66
L

Fp L
c’est-à-dire : PMR
11,66

Si l’on compare la résistance plastique de cette poutre avec celle d’une analyse
élastique, la résistance additionnelle obtenue avec une analyse élastique est pour ce cas
particulier :

Fp Wp 11,66
1,15 1,67
Fe We 8

c’est-à-dire 67 %

Wp
où : est le facteur de forme (approximativement 1,15 pour une section en
We
double T)

Cependant, si l’on compare cette valeur avec celle d’une analyse élastique dans laquelle
la résistance plastique pleine de la section est considérée (ce qui est normalement le
cas), l’accroissement de résistance, en utilisant le calcul en plasticité, est en fait réduit
à:

Page 6
Fp
1,46
Fe

c’est-à-dire 45 %

L’effort tranchant au point 2 (si considéré) pourrait théoriquement réduire le PMR et


donc Fp .

L’ordre des plastifications est montré figure 8d. On peut remarquer que si les rotules
plastiques ne sont pas acceptables sous les charges de service, alors, dans cet exemple,
8
la charge totale de service ne doit pas excéder plus que 0,686 fois la charge de
11,66
ruine.

Le mécanisme de ruine de la poutre continue est montré sur la figure 8d, on notera les
points suivants :
les articulations à des rotules
les 3 rotules adjacentes sont ouvertes / fermée / ouvertes...
le nombre de rotules plastique nécessaires à la ruine pour une travée est 2,

c’est-à-dire : r + 1, où r est le degré d’hyperstaticité.

L’effet de tassement des fondations sur les structures calculées en plasticité est
caractérisé par :
une charge de ruine identique,
un changement de la charge de formation de la première rotule plastique.

Cependant, les conditions d’utilisations sous charge doivent être vérifiées pour la flèche
de manière à s’assurer si une rotule plastique s’est formée ou non. Les effets du
tassement de l’appui 2 sont montrés sur la figure 8a, on peut ainsi voir que le moment
négatif à l’appui 2 est réduit, il y a donc :
accroissement des déformations de la poutre vers le bas,
accroissement de la charge à laquelle la première rotule se forme,
une influence du tassement sur la distribution du moment issu du calcul
élastique.

La charge de formation de la première rotule plastique à l’appui 2 est :

8
F1 PMR PL / 2
L

où : P est la charge verticale équivalente produisant la déformation


équivalente au tassement.

Page 7
Théoriquement, il y a une possibilité que la formation de la première rotule soit due au
tassement, si le tassement à l’appui 2 est suffisant.

Les effets du cisaillement sont couverts dans le § 5.4.2.3 pour les analyses élastiques ou
plastiques. Si la longueur entre les points de moment nul est inférieur à 10 fois la
largueur de la semelle de la poutre en I, alors toute la largeur de la semelle est efficace.

L’exemple ci-dessus illustré sur la figure 7 est pour une poutre d’une longueur continue
de l’appui 1 à l’appui 3. Si un assemblage est placé à l’appui 2, alors on fera référence
au § 6.9 de l’Eurocode 3 intitulé : « assemblages poutres – poteaux ».

Les assemblages poteaux - poutres sont classifiés par leur moment résistant et leur
rigidité en rotation :
Moment résistant Rigidité en rotation
(§ 6.9.6.3) (§ 6.9.6.2)

Articulation Articulé
Pleine résistance Rigide
Résistance partielle Semi-rigide

Les assemblages classés pleine résistance ou résistance partielle peuvent être chacun
rigide ou semi-rigide.

Les exemples de la figure 7 peuvent être classifiés comme suit :

Appuis 1 & 3 Articulé Articulé

Appui 2 Pleine résistance (rotule plastique) Rigide

Si, à l’appui 2, l’assemblage était semi-rigide alors le moment résistant de celui-ci


pourrait ne pas être égal au moment plastique résistant du calcul théorique et la poutre
aurait alors une résistance partielle. On peut voir que si le paramètre M est trop
flexible, alors l’assemblage devient lui-même une rotule plastique parce que le moment
du mécanisme de ruine n’est pas atteint Fp L/11,66. Dans de telles circonstances, les
moments aux autres points de rotule sont plus grands et une poutre en acier plus
résistante est requise. Les propriétés M déterminent aussi l’ordre de formation des
rotules plastiques et de la flèche aux états limites de service.

Cette discussion sur le comportement des poutres continues inclut des aspects du calcul
en plasticité qui ont été pris en compte dans le calcul des portiques simples.

Page 8
4. APPLICATION DU CALCUL EN PLASTICITE A UN
PORTIQUE

La figure 9a donne, à titre d’exemple, les détails généraux d’un portique simple à
traverse horizontale. On peut voir que les réactions horizontales et verticales sont
nécessaires aux pieds des poteaux articulés afin de faire travailler efficacement le
portique, que celui-ci soit calculé en élasticité ou en plasticité. L’intensité de la réaction
horizontale H détermine la position du moment fléchissant qu’elle produit sur le
diagramme global des moments fléchissants.

Pour un calcul élastique, la valeur de la réaction horizontale H est déterminée à partir de


la rigidité relative des barres du portique. Pour un calcul en plasticité c’est au contraire
la résistance à la flexion qui détermine cette valeur. L’impact de la séquence de
formation des rotules plastiques doit être vérifié par rapport à ses effets sur le
fonctionnement de la structure aux états limites de service.

Sur la figure 9b, la poutre et le poteau sont de section équivalente alors que, sur la
figure 9c, le poteau a été arbitrairement choisi pour avoir une résistance en flexion
double de celle de la poutre. Sur la figure 9c, on peut voir que la poutre doit être
renforcée à la jonction avec le poteau d’au moins 0,09175 L.

Ce renforcement peut être réalisé en ajoutant un jarret comme sur la figure 9d. Pour des
raisons de stabilité, ce jarret est généralement calculé pour rester dans le domaine
élastique sur toute sa longueur jusqu’à l’état limite ultime du portique (voir Annexe
A(c)iv).

Il n’est ni nécessaire ni désirable de développer les rotules PMR1 et PMR2 adjacent au


jarret. Le facteur de longueur efficace dans la vérification est fonction de la valeur des
moments fléchissants aux extrémités du jarret [3]. Le calcul de la figure 9c montre que,
pour une longueur de jarret d’environ 10 % de la portée du portique, la résistance de la
poutre a seulement besoin de 50 % de la résistance du poteau. En fonction du rapport
portée/hauteur du portique, cette conception peut fournir des économies si on la
compare avec la solution à section constante de la figure 9b.

Le moment de l’assemblage poteau-poutre peut être réduit en utilisant un assemblage


moins rigide ou un assemblage à résistance partielle (voir leçons 14.10 et 14.11). Cette
réduction a pour effet d’accroître la taille de la poutre requise mais elle réduit les efforts
transmis par l’assemblage. Quand l’assemblage a un moment résistant relativement bas,
il peut être possible d’éviter les renforts nécessaires pour raidir l’âme du poteau. Les
économies sur la fabrication et le soudage des organes comme les raidisseurs ou les
contre-plaques peuvent alors devenir intéressantes.

Page 9
5. LE PRINCIPE DES TRAVAUX VIRTUELS

Dans le paragraphe précédent, les Moments Plastiques Résistants (PMR) des sections
sont approchés en faisant une manipulation sur le diagramme des moments fléchissants.
Le principe des travaux virtuels est une alternative qui suppose la connaissance du
mécanisme de ruine à l’aide duquel on déduit le Moment Plastique Résistant des
sections d’acier. Pour ce faire, on admet que :

M = W

Le travail intérieur = Travail extérieur

où chaque M = PMR (Moment Plastique Résistant)


de la rotule multiplié par sa rotation

et chaque W = Charge appliquée x PMR


(Moment Plastique Résistant)

L’application au portique simple à traverse horizontale de la figure 9a et 9b donnera ce


qui suit :

Le mécanisme supposé est tiré de la figure 9b, la rotation de la rotule de la tête de


poteau est . On peut donc écrire les équations suivantes :

sablière mi-portée sablière

M = M + 2M + M = 4M

F L
W
4

FL
4M
4

FL
M = Moment Plastique Résistant (PMR) nécessaire
16

Page 10
6. LES METHODES D’ANALYSE PLASTIQUE

Jusqu’à présent, des structures simples ont été utilisées comme exemple pour le calcul
en plasticité. La méthode de calcul que nous avons utilisée jusqu’à présent est appelée
« Rigide – Plastique – Simple ».

Dans le § 5.2.1.4, trois méthodes de calcul en plasticité sont proposées. Leurs


différences sont résumées au tableau 1.

La validation de la méthode de calcul appelée « élastoplastique » a démontré qu’il était,


le plus souvent, inutile d’utiliser cette méthode exacte sophistiquée notamment pour
beaucoup de portiques en acier comme les portiques simples qui nous occupent dans ce
chapitre. Des modèles simplifiés ont été développés afin de pouvoir utiliser la méthode
simple rigide Plastique tout en produisant un calcul satisfaisant et économique.

Page 11
7. APPLICATION DE LA METHODE DE CALCUL EN
PLASTICITE « RIGIDE PLASTIQUE SIMPLE » A LA
CONCEPTION DES PORTIQUES A TRAVERSE BRISEES

Dans les paragraphes précédents, on a pu voir que la méthode de calcul en plasticité


« "Rigide-Plastique-Simple » est purement basée sur la manipulation du diagramme des
moments résistants des barres en aciers en superposant le moment fléchissant d’une
réaction fictive sur le diagramme élastique des moments fléchissants. Pour les portiques
simples, cette opération peut être réalisée graphiquement. Cette méthode était, avant
l’apparition des ordinateurs digitaux, la seule façon viable de mener à bien une analyse
de structure utilisant le calcul en plasticité. La méthode graphique peut être appliquée
pratiquement à toutes les combinaisons de charge y compris les vents cycloniques.

En contrepartie de la simplicité de cette méthode, certaines conditions données ci-après


doivent être vérifiées :

a. Il est préférable que les rotules plastiques ne se développent pas aux états
limites de service sans quoi elles doivent être prises en compte lors de la
vérification des déformations du portique. Ces déformations peuvent être
proches de la limite maximum acceptable, la formation de rotule plastique à
cette étape de chargement n’est pas souhaitée [4]. La formation de la première
rotule plastique peut être déterminée à partir d’un calcul élastique du portique.

Un état limite de service (ELS) pour les portiques simples est spécifié au
§ 4.2.2.(4) mais on doit aussi prendre en compte les effets des déformations
aux états limites de service sur les bradages et les maçonneries de remplissage
mais aussi l’impact des déformations différentielles sur la toiture notamment
dans les travées adjacentes à des portiques plus rigides.

b. Pour certains portiques ou certaines combinaisons de charge, il est possible de


développer des rotules plastiques qui apparaissent puis disparaissent (retour
élastique) sans ainsi prendre place dans aucun mécanisme de ruine. Ce
phénomène peut apparaître dans les programmes de calcul basés sur la
méthode classique où le chargement est appliqué de façon incrémentale à un
portique et où l’on détermine la séquence de formation des rotules. Certains
programmes informatiques ont montré des faiblesses à détecter ce problème [4]
donnant ainsi des résultats incorrects dus à la précision insuffisante du
microprocesseur de l’ordinateur. Dans tous les cas, les rotules plastiques qui
apparaissent puis disparaissent, doivent être prises en compte dans les
vérifications de stabilité de la barre concernée.

c. La validité de la méthode Rigide - Plastique simple aux portiques modernes


doit être déterminée parce que les effets de second ordre causés par les
déformations de ces portiques peuvent réduire sa résistance aux états limites
ultimes (ELU).

Page 12
Le § 5.2.6.3 permet l’utilisation de la méthode Rigide - Plastique simple avec une
tolérance pour les effets de second ordre à condition que :

Le rapport de la charge élastique critique, VSd / Vcr 0,20

où : VSd = valeur calculée de la charge verticale totale

Vcr = valeur de la charge critique élastique par bifurcation latérale

Cette approche ne s’applique que dans le cas de portiques simples respectant l’un ou
l’autre de ces deux critères :
pas de rotules plastiques formées dans les poteaux,
les poteaux satisfont aux limitations de l’élancement dans le plan du
portique qui est donné au paragraphe 5.2.7.

La tolérance indirecte pour les effets de second ordre prend en compte l’amplification
des forces internes et des moments par le facteur d’amplification donné en 5.2.6.2(3) :

1
Facteur d’amplification =
1 VSd / Vcr

d. Si VSd / Vcr 0,10 , alors le portique peut être classifiés comme suffisamment
rigide donc stable, le portique a une stabilité suffisante et il n’y a aucun besoin
de vérifier son comportement global en stabilité.

e. La plupart des portiques simples à traverse horizontale ou à traverse brisée ont


un rapport VSd / Vcr compris entre 0,1 et 0,2. Ces structures plus souples dont
la stabilité globale est moins évidente peuvent être cependant calculées par la
méthode Rigide - Plastique Simple à condition que les forces internes et les
moments soient majorés. Le facteur d’amplification se situe autour de 1,1.

f. La stabilité des barres (poteaux et poutres) doit être vérifiée. On effectue le


plus souvent des vérifications, celle du jarret de l’arbalétrier et celle du poteau.
Ceci est d’autant plus impératif que les semelles en compression ne sont pas
entretoisées (c’est-à-dire retenues par des bracons attachés à la structure
secondaire).

g. Les charges appliquées aux portiques, y compris les charges de vent, sont
généralement classées comme charges statiques. Il n’y a généralement pas
besoin de considérer un comportement plastique alterné, voir § 5.2.1.4.(11).

L’annexe A donne quelques règles de conception pour les portiques simples en acier.

Page 13
8. CONCLUSION

Les sections en acier de la classe 1 autorisent l’utilisation de la méthode Rigide –


Plastique - Simple de calcul en plasticité qui permet d’obtenir un accroissement
du coefficient d’utilisation de l’acier.

La méthode Rigide - Plastique est une méthode d’analyse simple mais éprouvée
pour le calcul des portiques simples aux états limites ultimes (U.L.S.). Les
exigences de ces portiques aux états limites de service peuvent être vérifiées en
effectuant une analyse élastique.

Les nouveaux règlements, comme l’Eurocode 3 [1], prennent en compte des


valeurs plus basses que les codes de calcul plus anciens pour le rapport E.L.U. /
charges de service. Ainsi les effets de second ordre doivent être réputés
négligeables. Ces exigences nouvelles rendent nécessaires la connaissance précise
du ratio de charge élastique critique. Il existe un besoin réel pour des méthodes de
calculs simples mais fiables permettant de dériver le ratio de charge élastique
critique.

Les portiques simples fabriqués à partir de sections laminées à chaud, comme les
poutres IPE et comportant des jarrets aux jonctions poteaux/ poutres, peuvent
fournir des structures attractives et économiques sans besoin pour des
investissements de production conséquents.

Les jarrets des portiques offrent la possibilité d’ajuster la dimension des sections
d’acier des poteaux et des arbalétriers afin de répondre à la taille de la structure.

Page 14
9. BIBLIOGRAPHIE

[1] Eurocode 3 : « Design of Steel Structures » : European Prestandard ENV 1993-


1-1 : Part 1.1 General rules and rules for buildings, CEN, 1992.

[2] Morris, L. J. and Newsome, C. P., « Bolted Corner Connection subject to an


out-of-balance moment - The behaviour of the column web panel ».
International Conference, Teeside Polytechnic, Middlesborough, Cleveland - 6-
9th April 1981. Additonal Papers Volume.

[3] Draft Revision Amendment No. 2 to BS 5950 : Part 1 : 1990.

[4] Davies, J. M., « False Mechanisms in Elastic-Plastic Analysis ». The Structural


Engineer, page 268, August 1988.

[5] Morris, L. J. and Nakane, K., « Member Stability in Portal Frames », pages
305-336 of « Steel Framed Structures », Narayanan, R. Elsevier Applied
Science Publishers.

Page 15
10. LECTURES COMPLEMENTAIRES

1. Baker, J., Horne, M.R. and Heyman, J., « The Steel Skeleton. Vol II. Plastic
Behaviour and Design ». Cambridge University Press, 1956 reprinted 1965.

2. Morris, L. J. and Randall, A. L., « Plastic Design ». Constrado 1975. The Steel
Construction Institute, Ref. SCI-P-026 (plus SCI-P-027).

Page 16
ANNEXE A : QUELQUES REGLES DE CONCEPTION POUR
LES PORTIQUES SIMPLES

La figure 10 montre le diagramme des moments plastiques et le mécanisme de ruine


pour un portique simple à traverse brisée duquel les points suivants sont tirés et étendus
en règles de calcul :

a. La combinaison de charge : poids propre + neige + charge horizontale


équivalente pour les imperfections, sont généralement les critères qui
influencent la conception, cependant celle-ci dépend également de
l’importance du poids propre, de la neige, du vent mais aussi du rapport h/L.

b. Deux rotules plastiques sont requises dans le portique de la figure 10 pour


satisfaire un mécanisme de ruine dans la mesure où les poids de poteaux
articulés rendent la structure hyperstatique de degré 1.

Une rotule se forme dans l’arbalétrier (poutre) prés du faîtage (MR)

c. Une autre rotule se forme alors dans l’arbalétrier (jonction jarret/poutre (M1))
ou dans le poteau au niveau de la sablière (MS). Le concepteur peut
généralement choisir là où il veut obtenir la seconde rotule en jouant sur les
propriétés de section du jarret et du poteau.

d. Le jarret est une partie importante du portique et un nombre de points mérite


d’être considéré (voir aussi figure 11) :

I) Une longueur de jarret égale à L/10 est une bonne première approche.
Un jarret plus court accroît la section de poutre qui est alors proche de
celle du poteau. Un jarret trop long réduit la longueur uniforme de la
poutre mais peut conduire à des problèmes de fabrication ou de
résistance quand la poutre n’est pas capable de fournir la valeur ME du
moment résistant.

II) Le jarret est généralement fabriqué en utilisant un morceau de


poutrelle dont la semelle est compatible avec celle de la poutre du
portique. On obtient deux pièces triangulaires en coupant l’âme du
tronçon en diagonale. Ces pièces sont alors soudées sous la poutre et
sur la platine d’extrémité.

Le renfort permet d’obtenir un jarret à 3 semelles. Cette solution est


préférable à un jarret à 2 semelles, obtenue en rajoutant simplement un
gousset triangulaire. La troisième semelle renforce la stabilité du jarret
car cette partie est en compression [5].

Page 17
L’angle formé par la semelle de la poutre et celle du jarret est en
général maintenu au-dessus de 7° afin de minimiser les déformations
dues aux effets des contraintes résiduelles qui sont relaxées durant la
fabrication.

III) La pièce rapportée sous la section de poutre crée une section droite
symétrique. Les contraintes de compression dans la semelle rapportée
sont élevées et il est souvent nécessaire de stabiliser le jarret en
disposant des bracons le long de la semelle comprimée.

IV) La forme triangulaire du jarret est compatible avec la forme également


triangulaire du diagramme des moments fléchissants qui se
développent le long de celui-ci. Il en résulte un état de contrainte
constant le long de cette barre qui a de fait une inertie variable. Si une
rotule plastique se formait, elle prendrait place sur toute la longueur
du jarret donnant naissance à une zone plastique et causant ainsi des
problèmes d’instabilité. Une façon de remédier à ce problème est de
maintenir les jarrets dans le domaine élastique jusqu’à la formation de
la dernière rotule plastique.

Si cette approche est choisie, la semelle en compression du jarret est


sollicitée à faible contrainte. Ainsi la stabilité est facile à assurer sans
un grand nombre de bracons. Enfin la rigidité du portique est accrue et
les déformations aux états limites de service sont réduites.

V) Les semelles et les platines d’extrémité de l’assemblage poteau/poutre


du jarret sont habituellement conçues en utilisant la méthode des
lignes plastiques. D’autres critères comme l’effet pied de biche, les
contraintes de traction locales dans la semelle de la poutre ou dans les
soudures ou encore les raidisseurs locaux (leçon 11.6), doivent être
également pris en compte.

Des boulons à haute résistance (hr 8.8) sont généralement utilisés pour
les assemblages de ces portiques. La rangée de boulons supérieure
fournit un effet de traction dont le bras de levier est situé sur la ligne
matérialisée par la troisième semelle. Certains facteurs comme
l’espace disponible pour le serrage (accès de la clé dynamométrique),
la pince ou les épaisseurs de la semelle du poteau ou de la platine
d’extrémité limitent la taille des boulons.

VI) Toutes les soudures de l’assemblage du jarret sont réalisées par des
cordons. Les soudures sont plus coûteuse et peuvent créer des
problèmes de retrait, par exemple le point de rotation de l’assemblage
peut se déplacer vers le haut.

VII) L’assemblage du jarret est conçu comme un assemblage rigide. Les


stipulations de l’Eurocode 3 [1] pour ce sujet sont données dans le
tableau 5.2.1. Les portiques simples étant des structures continues et

Page 18
« Rigide-Plastique » leur calcul global demande des assemblages
ayant une pleine résistance en accord avec le § 6.4.3.2.

Le § 6.4.3.2 (1) impose à l’assemblage une résistance pleine au moins


égale à celle de la barre adjacente.

Si la capacité de rotation de l’assemblage à sa pleine résistance est


limitée, le calcul de résistance de celui-ci doit être au moins égal à 1,2
fois la valeur de la résistance plastique de la barre connectée
(§ 6.4.3.2(2)) afin de permettre la plastification de celle-ci.

Cependant, la capacité de rotation d’un assemblage adjacent à un


jarret n’a pas besoin d’être vérifiée dans la mesure où l’assemblage est
capable de résister aux moments et forces maximum résultantes si une
ou plusieurs des rotules plastiques situées dans les barres se formaient
plus tardivement. Ceci est possible dans la mesure où les barres en
question ont une limite élastique réelle de 1,2 fois la valeur nominale
spécifiée. Par exemple si la rotule plastique formée prés de la sablière
se développe dans le haut du poteau, le moment résistant de
l’assemblage doit avoir une valeur au moins égale à 1,2 fois le
moment plastique résistant de la section de poteau. La stabilité de la
barre sous la nouvelle distribution des moments n’a pas à être vérifiée.

(d) Si la rotule à rotation négative se développe d’abord dans le poteau (MS) alors
la vérification de la stabilité demandera plus d’entretoises que si le poteau était
resté élastique. Ceci peut être un paramètre important si le client ou l’architecte
demande des ouvertures toute hauteur entre deux ou plusieurs portiques.

(e) Sur la figure 11, la modélisation du jarret de portique est donnée par les nœuds
1-2-3-4 reliés entre eux par la ligne pointillée. Une alternative de simplification
peut consister à modéliser les nœuds 1-5-4.

Page 19
Tableau 1 : Méthodes d’analyse plastiques
Analyses élastoplastiques
CRITERES implantées sur ordinateur
Élastique
Rigide Elastoplastique
Plastique Parfaitement
Plastique
Effets de premier ordre.
I. Moments fléchissants. oui oui oui
II. Effet de l’effort axial sur la capacité de optionnel optionnel oui
flexion des barres.
III. Effet du cisaillement sur la capacité de - - oui
flexion des barres.
Environnement des rotules plastiques
I. Barre linéairement élastique jusqu’à la oui oui -
formation soudaine des rotules à f y Wp .
II. Concentrée au point de rotule. oui oui -
III. Plasticité étalée autour de la section et
partiellement le long de la barre lorsque les - - oui
moments fléchissants s’accroissent de
f y We à f y Wp .
IV. Historique de la rotule disponible - oui oui
Effets de second ordre en analyse aux états
limites ultimes (ELU)
I. Déformations aux nœuds principaux dues aux Compris dans
effets des moments fléchissants de premier - - III
ordre.
I. Pas de changement de raideur EI. oui oui
II. Perte de rigidité de la barre due aux effets
combinés des efforts de flexion, aux efforts - - oui
normaux (& cisaillement ?) ET aux
déformations globales.
III. Écrouissage en lieu et place des rotules - - oui
plastiques.

Page 20

Vous aimerez peut-être aussi