Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
GROUPE DE TRAVAIL 14
Leçon 14.3
Fichier : L14-3.doc
OBJECTIF
Présenter les principes de base du calcul des portiques simples en utilisant la méthode
de calcul nommée “Méthode Rigide Plastique” comme cela est explicité dans les
exemples ci-après.
PRÉREQUIS
Leçons 2.3.1 & 2.3.2 : Propriétés des aciers
Leçon 2.4 : Nuances et qualités des aciers
Leçon 7.2 : Classification des sections transversales
Leçon 7.9.1 & 7.9.2 : Poutres non maintenues latéralement
Leçons 7.10.1, 7.10.2 & 7.10.3 : Barres soumises à flexion composée
LEÇONS CONNEXES
Leçon 11.6 : Assemblages transmettant des moments de flexion dans les
structures continues
Leçons 14.1.1 & 14.1.2 : Bâtiments à niveau unique
Leçon 14.13 : Justification des structures à étages multiples à assemblages
semi-rigides et à résistance partielle
RÉSUMÉ
Les principes de base de l’analyse rigide plastique sont présentés en faisant référence
aux éléments suivants : rotules plastiques, effets de combinaison des moments
fléchissants, efforts normaux (signe ), efforts de cisaillement (signe ), diagramme des
moments fléchissants, ordre d’apparition des rotules, mécanismes de ruine et tassement
des appuis.
Ces principes d’analyse sont développés pour une poutre continue pour être étendus à
un portique rectangulaire puis à un portique à traverse brisée. Les règles de calcul pour
ce dernier type sont discutées et illustrées par un exemple numérique.
Page 1
1. PORTIQUE SIMPLE EN ACIER D’AUJOURD’HUI
Les figures 1 et 2 illustrent les portiques simples en acier actuellement utilisés pour les
bâtiments en acier. Ceux-ci peuvent être constitués par :
des enveloppes isolantes en acier prélaqué,
des pannes laminées ou profilées à froid,
des aciers de nuance S275,
des toitures de pentes variant de 1 % à 10 % pour raisons architecturales
et/ou programmatiques.
Page 2
2. CONDITIONS DE BASE POUR LE CALCUL EN
PLASTICITE
Les sections des poutres soumises à un moment fléchissant doivent être symétriques
dans le plan d’application des charges, (§ 5.3.3.(1)), et être en harmonie avec certaines
propriétés de la section droite afin que les rotules plastiques puissent se développer et se
maintenir, (§ 5.3.2 et 5.3.3). Un rappel de ces critères est donné figure 4.
Les figures 5a et 5b montrent le développement d’une rotule plastique dans une section
symétrique en double T. Toute tentative d’application d’un moment fléchissant
supérieur dans la section, une fois que celle-ci est complètement plastifiée, conduit la
barre à se comporter comme si elle était articulée à cet endroit.
Cette action de rotule est appelée une rotule plastique. Au droit d’une rotule plastique,
la section d’acier maintient le moment plastique, elle peut aussi accomplir une rotation
considérable causant aussi un moment fléchissant additionnel qui est transféré aux
autres parties de la barre ou de la structure.
Mp.Rd = Wp f y / M0
Les trous d’assemblage dans la semelle en traction peuvent réduire le PMR - voir
§ 5.4.5.3.
Le PMR d’une section est réduit quand un moment fléchissant est combiné avec une
force axiale ou un effort tranchant important.
Page 3
Les formules du PMR (Moment Plastique Résistant) sont données dans le § 5.4.8.
M Sd M N.Rd
2
M Sd N Sd
1
M p.Rd N p.Rd
Les équations modifiées pour le moment fléchissant et l’effort tranchant sont données
§ 5.4.7. On notera que lorsque l’effort tranchant est inférieur de 50 % de Vp.Rd , le
PMR (Moment Plastique Résistant) n’est pas réduit.
Les actions prépondérantes dans les barres des portiques simples sont des moments
fléchissants, les efforts normaux et les efforts de cisaillement ont généralement un effet
négligeable sur le moment résistant.
Cependant des efforts de cisaillement important existent en tête des poteaux, ils sont
engendrés par l’encastrement du jarret de la poutre sur le poteau au droit de
l’assemblage.
Page 4
Les bandes par oxycoupage ou cisaillées pour constituer des PRS1,
Les trous poinçonnés pour les assemblages,
Le marquage par estampage,
Les soudures temporaires de positionnement,
Les surfaces réparées par soudure (cette dernière exigence touche les
conditions de fourniture du matériau).
Il est aussi spécifié dans le § 7.3 que : «toutes les zones où des réserves sont faites sur
l’écrouissage doivent être clairement indiquées sur les plans».
1
La clause 7.3 de l’Eurocode 3 admet uniquement pour le calcul en plasticité, l’utilisation de profils
laminés ou de sections reconstituées soudées à partir de plats larges laminés.
Page 5
3. APPLICATION DU CALCUL EN PLASTICITE A UNE
POUTRE
8 PMR
F1
L
A cette étape du chargement, seulement une rotule plastique s’est formée et la poutre
continue se résume désormais à deux poutres isostatiques pour tout chargement
additionnel.
Le résultat d’un chargement additionnel est montré sur la figure 8c. Ce chargement
additionnel à pour effet de causer la formation d’une rotule plastique proche de la mi-
portée de chaque poutre. La position exacte des 2 nouvelles rotules peut être calculée et
la valeur de la charge de ruine est :
PMR
Fp 11,66
L
Fp L
c’est-à-dire : PMR
11,66
Si l’on compare la résistance plastique de cette poutre avec celle d’une analyse
élastique, la résistance additionnelle obtenue avec une analyse élastique est pour ce cas
particulier :
Fp Wp 11,66
1,15 1,67
Fe We 8
c’est-à-dire 67 %
Wp
où : est le facteur de forme (approximativement 1,15 pour une section en
We
double T)
Cependant, si l’on compare cette valeur avec celle d’une analyse élastique dans laquelle
la résistance plastique pleine de la section est considérée (ce qui est normalement le
cas), l’accroissement de résistance, en utilisant le calcul en plasticité, est en fait réduit
à:
Page 6
Fp
1,46
Fe
c’est-à-dire 45 %
L’ordre des plastifications est montré figure 8d. On peut remarquer que si les rotules
plastiques ne sont pas acceptables sous les charges de service, alors, dans cet exemple,
8
la charge totale de service ne doit pas excéder plus que 0,686 fois la charge de
11,66
ruine.
Le mécanisme de ruine de la poutre continue est montré sur la figure 8d, on notera les
points suivants :
les articulations à des rotules
les 3 rotules adjacentes sont ouvertes / fermée / ouvertes...
le nombre de rotules plastique nécessaires à la ruine pour une travée est 2,
L’effet de tassement des fondations sur les structures calculées en plasticité est
caractérisé par :
une charge de ruine identique,
un changement de la charge de formation de la première rotule plastique.
Cependant, les conditions d’utilisations sous charge doivent être vérifiées pour la flèche
de manière à s’assurer si une rotule plastique s’est formée ou non. Les effets du
tassement de l’appui 2 sont montrés sur la figure 8a, on peut ainsi voir que le moment
négatif à l’appui 2 est réduit, il y a donc :
accroissement des déformations de la poutre vers le bas,
accroissement de la charge à laquelle la première rotule se forme,
une influence du tassement sur la distribution du moment issu du calcul
élastique.
8
F1 PMR PL / 2
L
Page 7
Théoriquement, il y a une possibilité que la formation de la première rotule soit due au
tassement, si le tassement à l’appui 2 est suffisant.
Les effets du cisaillement sont couverts dans le § 5.4.2.3 pour les analyses élastiques ou
plastiques. Si la longueur entre les points de moment nul est inférieur à 10 fois la
largueur de la semelle de la poutre en I, alors toute la largeur de la semelle est efficace.
L’exemple ci-dessus illustré sur la figure 7 est pour une poutre d’une longueur continue
de l’appui 1 à l’appui 3. Si un assemblage est placé à l’appui 2, alors on fera référence
au § 6.9 de l’Eurocode 3 intitulé : « assemblages poutres – poteaux ».
Les assemblages poteaux - poutres sont classifiés par leur moment résistant et leur
rigidité en rotation :
Moment résistant Rigidité en rotation
(§ 6.9.6.3) (§ 6.9.6.2)
Articulation Articulé
Pleine résistance Rigide
Résistance partielle Semi-rigide
Les assemblages classés pleine résistance ou résistance partielle peuvent être chacun
rigide ou semi-rigide.
Cette discussion sur le comportement des poutres continues inclut des aspects du calcul
en plasticité qui ont été pris en compte dans le calcul des portiques simples.
Page 8
4. APPLICATION DU CALCUL EN PLASTICITE A UN
PORTIQUE
La figure 9a donne, à titre d’exemple, les détails généraux d’un portique simple à
traverse horizontale. On peut voir que les réactions horizontales et verticales sont
nécessaires aux pieds des poteaux articulés afin de faire travailler efficacement le
portique, que celui-ci soit calculé en élasticité ou en plasticité. L’intensité de la réaction
horizontale H détermine la position du moment fléchissant qu’elle produit sur le
diagramme global des moments fléchissants.
Sur la figure 9b, la poutre et le poteau sont de section équivalente alors que, sur la
figure 9c, le poteau a été arbitrairement choisi pour avoir une résistance en flexion
double de celle de la poutre. Sur la figure 9c, on peut voir que la poutre doit être
renforcée à la jonction avec le poteau d’au moins 0,09175 L.
Ce renforcement peut être réalisé en ajoutant un jarret comme sur la figure 9d. Pour des
raisons de stabilité, ce jarret est généralement calculé pour rester dans le domaine
élastique sur toute sa longueur jusqu’à l’état limite ultime du portique (voir Annexe
A(c)iv).
Page 9
5. LE PRINCIPE DES TRAVAUX VIRTUELS
Dans le paragraphe précédent, les Moments Plastiques Résistants (PMR) des sections
sont approchés en faisant une manipulation sur le diagramme des moments fléchissants.
Le principe des travaux virtuels est une alternative qui suppose la connaissance du
mécanisme de ruine à l’aide duquel on déduit le Moment Plastique Résistant des
sections d’acier. Pour ce faire, on admet que :
M = W
M = M + 2M + M = 4M
F L
W
4
FL
4M
4
FL
M = Moment Plastique Résistant (PMR) nécessaire
16
Page 10
6. LES METHODES D’ANALYSE PLASTIQUE
Jusqu’à présent, des structures simples ont été utilisées comme exemple pour le calcul
en plasticité. La méthode de calcul que nous avons utilisée jusqu’à présent est appelée
« Rigide – Plastique – Simple ».
Page 11
7. APPLICATION DE LA METHODE DE CALCUL EN
PLASTICITE « RIGIDE PLASTIQUE SIMPLE » A LA
CONCEPTION DES PORTIQUES A TRAVERSE BRISEES
a. Il est préférable que les rotules plastiques ne se développent pas aux états
limites de service sans quoi elles doivent être prises en compte lors de la
vérification des déformations du portique. Ces déformations peuvent être
proches de la limite maximum acceptable, la formation de rotule plastique à
cette étape de chargement n’est pas souhaitée [4]. La formation de la première
rotule plastique peut être déterminée à partir d’un calcul élastique du portique.
Un état limite de service (ELS) pour les portiques simples est spécifié au
§ 4.2.2.(4) mais on doit aussi prendre en compte les effets des déformations
aux états limites de service sur les bradages et les maçonneries de remplissage
mais aussi l’impact des déformations différentielles sur la toiture notamment
dans les travées adjacentes à des portiques plus rigides.
Page 12
Le § 5.2.6.3 permet l’utilisation de la méthode Rigide - Plastique simple avec une
tolérance pour les effets de second ordre à condition que :
Cette approche ne s’applique que dans le cas de portiques simples respectant l’un ou
l’autre de ces deux critères :
pas de rotules plastiques formées dans les poteaux,
les poteaux satisfont aux limitations de l’élancement dans le plan du
portique qui est donné au paragraphe 5.2.7.
La tolérance indirecte pour les effets de second ordre prend en compte l’amplification
des forces internes et des moments par le facteur d’amplification donné en 5.2.6.2(3) :
1
Facteur d’amplification =
1 VSd / Vcr
d. Si VSd / Vcr 0,10 , alors le portique peut être classifiés comme suffisamment
rigide donc stable, le portique a une stabilité suffisante et il n’y a aucun besoin
de vérifier son comportement global en stabilité.
g. Les charges appliquées aux portiques, y compris les charges de vent, sont
généralement classées comme charges statiques. Il n’y a généralement pas
besoin de considérer un comportement plastique alterné, voir § 5.2.1.4.(11).
L’annexe A donne quelques règles de conception pour les portiques simples en acier.
Page 13
8. CONCLUSION
La méthode Rigide - Plastique est une méthode d’analyse simple mais éprouvée
pour le calcul des portiques simples aux états limites ultimes (U.L.S.). Les
exigences de ces portiques aux états limites de service peuvent être vérifiées en
effectuant une analyse élastique.
Les portiques simples fabriqués à partir de sections laminées à chaud, comme les
poutres IPE et comportant des jarrets aux jonctions poteaux/ poutres, peuvent
fournir des structures attractives et économiques sans besoin pour des
investissements de production conséquents.
Les jarrets des portiques offrent la possibilité d’ajuster la dimension des sections
d’acier des poteaux et des arbalétriers afin de répondre à la taille de la structure.
Page 14
9. BIBLIOGRAPHIE
[5] Morris, L. J. and Nakane, K., « Member Stability in Portal Frames », pages
305-336 of « Steel Framed Structures », Narayanan, R. Elsevier Applied
Science Publishers.
Page 15
10. LECTURES COMPLEMENTAIRES
1. Baker, J., Horne, M.R. and Heyman, J., « The Steel Skeleton. Vol II. Plastic
Behaviour and Design ». Cambridge University Press, 1956 reprinted 1965.
2. Morris, L. J. and Randall, A. L., « Plastic Design ». Constrado 1975. The Steel
Construction Institute, Ref. SCI-P-026 (plus SCI-P-027).
Page 16
ANNEXE A : QUELQUES REGLES DE CONCEPTION POUR
LES PORTIQUES SIMPLES
c. Une autre rotule se forme alors dans l’arbalétrier (jonction jarret/poutre (M1))
ou dans le poteau au niveau de la sablière (MS). Le concepteur peut
généralement choisir là où il veut obtenir la seconde rotule en jouant sur les
propriétés de section du jarret et du poteau.
I) Une longueur de jarret égale à L/10 est une bonne première approche.
Un jarret plus court accroît la section de poutre qui est alors proche de
celle du poteau. Un jarret trop long réduit la longueur uniforme de la
poutre mais peut conduire à des problèmes de fabrication ou de
résistance quand la poutre n’est pas capable de fournir la valeur ME du
moment résistant.
Page 17
L’angle formé par la semelle de la poutre et celle du jarret est en
général maintenu au-dessus de 7° afin de minimiser les déformations
dues aux effets des contraintes résiduelles qui sont relaxées durant la
fabrication.
III) La pièce rapportée sous la section de poutre crée une section droite
symétrique. Les contraintes de compression dans la semelle rapportée
sont élevées et il est souvent nécessaire de stabiliser le jarret en
disposant des bracons le long de la semelle comprimée.
Des boulons à haute résistance (hr 8.8) sont généralement utilisés pour
les assemblages de ces portiques. La rangée de boulons supérieure
fournit un effet de traction dont le bras de levier est situé sur la ligne
matérialisée par la troisième semelle. Certains facteurs comme
l’espace disponible pour le serrage (accès de la clé dynamométrique),
la pince ou les épaisseurs de la semelle du poteau ou de la platine
d’extrémité limitent la taille des boulons.
VI) Toutes les soudures de l’assemblage du jarret sont réalisées par des
cordons. Les soudures sont plus coûteuse et peuvent créer des
problèmes de retrait, par exemple le point de rotation de l’assemblage
peut se déplacer vers le haut.
Page 18
« Rigide-Plastique » leur calcul global demande des assemblages
ayant une pleine résistance en accord avec le § 6.4.3.2.
(d) Si la rotule à rotation négative se développe d’abord dans le poteau (MS) alors
la vérification de la stabilité demandera plus d’entretoises que si le poteau était
resté élastique. Ceci peut être un paramètre important si le client ou l’architecte
demande des ouvertures toute hauteur entre deux ou plusieurs portiques.
(e) Sur la figure 11, la modélisation du jarret de portique est donnée par les nœuds
1-2-3-4 reliés entre eux par la ligne pointillée. Une alternative de simplification
peut consister à modéliser les nœuds 1-5-4.
Page 19
Tableau 1 : Méthodes d’analyse plastiques
Analyses élastoplastiques
CRITERES implantées sur ordinateur
Élastique
Rigide Elastoplastique
Plastique Parfaitement
Plastique
Effets de premier ordre.
I. Moments fléchissants. oui oui oui
II. Effet de l’effort axial sur la capacité de optionnel optionnel oui
flexion des barres.
III. Effet du cisaillement sur la capacité de - - oui
flexion des barres.
Environnement des rotules plastiques
I. Barre linéairement élastique jusqu’à la oui oui -
formation soudaine des rotules à f y Wp .
II. Concentrée au point de rotule. oui oui -
III. Plasticité étalée autour de la section et
partiellement le long de la barre lorsque les - - oui
moments fléchissants s’accroissent de
f y We à f y Wp .
IV. Historique de la rotule disponible - oui oui
Effets de second ordre en analyse aux états
limites ultimes (ELU)
I. Déformations aux nœuds principaux dues aux Compris dans
effets des moments fléchissants de premier - - III
ordre.
I. Pas de changement de raideur EI. oui oui
II. Perte de rigidité de la barre due aux effets
combinés des efforts de flexion, aux efforts - - oui
normaux (& cisaillement ?) ET aux
déformations globales.
III. Écrouissage en lieu et place des rotules - - oui
plastiques.
Page 20