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ESDEP

GROUPE DE TRAVAIL 14

SYSTEMES STRUCTURAUX : BATIMENTS

Leçon 14.1.1

Bâtiments à niveau unique :


introduction et structure principale

Fichier : L14-1-1.doc
OBJECTIF

Décrire l'« anatomie » des bâtiments à niveau unique, leur bardage, les éléments
secondaires et les principales structures spatiales, clarifier la manière dont les charges
sont reprises, donner les principes de base de la conception et du calcul d'un bâtiment à
niveau unique, donner un exemple.

PREREQUIS
Leçon 1B.1 : Le processus de conception
Leçon 1B.3 : Notions de base sur les charge
Leçon 1B.5.1 : Introduction aux bâtiments industriels simples
Leçon 9.1 : Éléments et panneaux à parois minces

LEÇONS CONNEXES
Leçon 14.1.2 : Bâtiments à niveau unique : enveloppe et structure secondaire
Leçon 14.2 : Étude des ossatures à portiques : Introduction et analyse élastique
Leçon 14.3 : Calcul des portiques simples : Calcul en plasticité
Leçon 14.4 : Poutres de ponts roulants
Leçon 14.5 : Structures spatiales
Leçon 14.6 : Structures spéciales à niveau unique

RESUME

Les bâtiments à niveau unique en acier sont utilisés dans différentes situations, comme
par exemple pour les usines, les équipements de loisirs et les supermarchés. Leur
structure consiste en plusieurs éléments. Cette leçon examine les fonctions de chaque
élément et donne des indications générales sur leur coût en tant que fraction du coût
global du bâtiment.

Cette leçon donne aussi des informations sur les charges, sur les différents facteurs
affectant le concept d'ossature principale, elle comporte aussi des considérations
relatives au processus de construction de la structure.

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1. INTRODUCTION

On fait appel à la construction métallique pour la majorité des bâtiments à niveau


unique à usage non domestique, la proportion s'élève même à 90 % au Royaume-Uni et
à 70 % en France. Cette proportion importante est due à la capacité de l'acier à donner
lieu à des structures relativement légères, de grande portée et durables qui soient faciles
à monter, sans accident et rapidement. Les développements, ces dernières années, dans
le domaine des bardages métalliques, des pannes et lisses constituées de profils pliés à
froid, ont permis aux architectes et aux ingénieurs de faire une conception économique,
attractive, s'appliquant à une large gamme d'applications et de budgets.

Au fur et à mesure du développement technologique, la vitesse d'évolution, quelle que


soit l'activité, est très élevée. Le client s'attend donc à ce que son bâtiment ait une durée
de vie plusieurs fois supérieure à ce qui était initialement prévu. Une première exigence
est donc la flexibilité de l'organisation qui doit pouvoir donner lieu à une demande d'un
nombre de poteaux le plus faible possible. La capacité de l'acier à permettre des portées
allant jusqu'à 60 m mais plus couramment de l'ordre de 30 m, s'est révélée très populaire
pour des bâtiments de type commercial ou de loisirs. La légèreté et la flexibilité de ce
type de structure en acier réduit ses dimensions et le coût de ses fondations et les rend
moins sensibles aux caractéristiques géotechniques du sol.

Le dossier de conception de la majorité des bâtiments industriels à niveau unique a


essentiellement pour objectif de fournir une structure qui soit sans ou avec un nombre
limité de poteaux intérieurs. En principe, l'exigence, pour un bâtiment à une ou
plusieurs travées, est d'avoir quatre murs et un toit. Les murs peuvent être constitués de
poteaux en acier avec un bardage en tôle profilée ou plane ou en béton armé ou en
maçonnerie. Le concepteur utilise un système de poutres ou d'ossatures (à treillis ou
traditionnelles), en construction métallique pour reprendre le bardage de couverture. On
peut utiliser des sections creuses formées à chaud (rondes, carrées), traditionnelles
(sections en I, cornières...) mais aussi des profils formés à froid.

Les charpentes légères en treillis constituant la toiture d'un bâtiment industriel


fournissent une structure nette, efficace, simple à calculer, économique à exécuter et qui
satisfait souvent aux exigences architecturales. Si l'enveloppe de la structure et son
calcul sont « fondamentalement » simples, il est essentiel de pouvoir déterminer
correctement les charges qui s'appliquent sur la structure et de prévoir le chemin qu'elles
suivent, depuis le revêtement en tôle, vers les pannes et les lisses latérales, en passant
par la poutre de la toiture vers les poteaux et enfin jusqu'aux fondations et au sol en
dessous.

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2. « ANATOMIE » ET CONCEPTION DE LA STRUCTURE

Le squelette d'un bâtiment à niveau unique typique est représenté sur la figure 1. Il
consiste en trois éléments principaux : le bardage, pour à la fois le toit et les murs ; les
éléments secondaires qui supportent le bardage et constituent l'ossature pour les portes,
fenêtres et autres éléments du même type ; et l'ossature principale de la structure, y
compris tous les contreventements nécessaires. De plus, le bâtiment nécessite des
fondations qui doivent être conçues et construites de manière à pouvoir transmettre
toutes les charges au sol.

2.1 Bardage
La fonction première du bardage est de fournir le clos et le couvert et d'être agréable à
l’œil. Le bardage est donc typiquement considéré comme l'élément le plus important de
la structure. Il représente probablement quelque chose comme 50 % du coût total, même
si l'on utilise des spécifications plutôt courantes. Les éléments de l'ossature, à la fois
primaires et secondaires, servent à reprendre le bardage et les équipements.

Les exigences concernant les murs et la toiture peuvent être différentes, bien que tous
deux nécessitent d'être étanches aux conditions climatiques, durables et qu'ils puissent
fournir une isolation thermique.

L'étanchéité de la toiture vis-à-vis des conditions climatiques est de la plus haute


importance, en particulier en ce qui concerne les versants de faible pente.

Dans le cas des murs, l'aspect constitue la priorité la plus grande en matière de choix. Le
bardage à base de tôles métalliques s'est développé comme le choix le plus courant
depuis son introduction dans les années 1970. L'acier constitue le support le plus utilisé,
avec l'aluminium en deuxième choix mais plus cher. Le coefficient de dilatation plus
élevé de l'aluminium peut dans certains cas donner lieu à des problèmes.

2.2 Éléments secondaires


Pour des bâtiments courants à niveau unique, le bardage s'appuie sur les éléments
secondaires qui eux-mêmes transmettent les charges aux éléments principaux de
l'ossature métallique.

Une solution économique consiste à utiliser des profils pliés à froid [1]. Les formes de
ces profils sont des formes brevetées et sont fabriquées sur commande sur des machines
outils à commande numérique. Ce mode de fabrication est très efficace, dans la mesure
où les composants sont livrés sur chantier préfabriqués aux besoins exacts. Le résultat
en est que les temps de fabrication et de montage sont minimisés et que l'on élimine
ainsi le gaspillage de matériau. De par son volume laminé important, le matériau que

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contiennent les pannes et les lisses constitue une partie très significative du coût et les
constructeurs ont développé des formes d'efficacité maximale. Les plus courantes sont
les formes en Z, Z modifié et comme on peut le voir sur la figure 2. Les portées vont
classiquement de 5 à 8 m mais on peut aussi réaliser des portées plus importantes,
jusqu'à 12 m.

On utilise aussi traditionnellement des profils formés à chaud en forme de I ou C, moins


sensibles aux effets d'instabilité locale. L'entraxe entre portiques est alors réduit, en
général, à 5 ou 6 m.

En général, la répartition des coûts entre les différents éléments est : bardage 50 %,
pannes et lisses 10 %, ossature principale 30 % et fondations 10 %. Ces chiffres sont
indicatifs, dans la mesure où il est évident qu'il peut y avoir des variations considérables
dans les spécifications et les coûts du bardage et qu'il représente l'élément le plus grand.
Le prix du bardage peut varier de 10 €/m² (70 FF/m² environ) à plus de 150 €/m²
(1050 FF/m² environ).

Le reste de cette leçon est consacré à l'ossature principale d'une structure. On étudiera le
bardage et les éléments secondaires dans la leçon 14.1.2.

2.3 L'ossature principale d'une structure


Les charges sont transférées de la tôle du bardage aux pannes et aux lisses, qui, à leur
tour s'appuient sur la structure primaire (ou principale). Ces charges peuvent être
déterminées à partir des règlements de calcul en vigueur. Elles incluent :
le poids propre du bardage, des éléments secondaires (pannes et lisses) et de
l'ossature elle-même,
les charges dues aux équipements...
les efforts verticaux et horizontaux dus aux ponts-roulants,
les charges de neige,
les charges de vent,
selon les endroits, les efforts dus aux séismes.

Lorsque la longueur de la structure n'est pas trop importante, par exemple de 50 à


100 m, selon l'amplitude de température, il est courant de ne pas prendre en compte les
effets produits par les changements de température. Il est aussi courant de ne pas
considérer la possibilité de tassements différentiels des fondations, lorsqu'ils sont
inférieurs à 2 cm.

Le vent, bien sûr, crée des surpressions, succions et effets de traînée sur le bardage. La
figure 3 montre les différentes composantes des charges à prendre en compte dans les
calculs.

L'entraxe normal des éléments principaux de l'ossature varie de 5 à 8 m. Bien que l'on
fasse de plus en plus appel à des espacements plus grands, une étude des ventes des

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constructeurs de pannes montre qu'une longueur de 6 m reste la valeur d'espacement la
plus courante. La forme de structure la plus commune consiste en deux poteaux
verticaux sur lesquels s'appuie une poutre. De façon pratique, il est nécessaire d'avoir
une inclinaison de toiture, de manière à permettre le drainage. Pour les portées faibles et
lorsque cette disposition convient, la pente peut être obtenue lors des finitions ou en
donnant une pente nominale à la poutre. Cette forme de construction est représentée sur
la figure 4. La stabilité aux charges de vent peut être apportée par le bardage, attaché
entre les portiques. Cette forme simple de structure est utilisée pour la construction de
petits ateliers. Elle ne convient que pour des portées allant jusqu'à environ 12 m.

Pour des portées plus importantes, cette solution simple n'est en général plus
économique. Les portiques et les poutres à treillis constituent alors des solutions plus
compétitives.

La figure 5 montre quelques options couramment utilisées pour des portiques. Les
solutions les plus courantes comportent des pieds de poteaux articulés, s'il n'y a pas de
pont roulant et sont parfaitement encastrées lorsqu'il faut reprendre des charges de
ponts-roulants et lorsqu'il faut obtenir des déplacements horizontaux réduits. Les
structures à pieds de poteaux encastrés donnent lieu, dans tous les cas, à un poids d'acier
plus faible mais le coût supplémentaire des fondations peut s'avérer plus élevé que
l'économie réalisée sur l'acier.

La figure 6 montre un exemple de poteau rigide associé à une poutre à treillis classique.

Quelle que soit la solution choisie, il faut transférer toutes les charges au sol de façon
cohérente, même pour le bâtiment le plus simple. Les dispositions de l'entretoisement
seront vues dans la leçon 14.1.2.

Un effet d'encastrement de l'ossature principale vis-à-vis du flambement hors du plan


peut être obtenu en reliant les pannes à la semelle supérieure de l'arbalétrier et en reliant
les lisses à la semelle du poteau la plus extérieure. La figure 7 montre trois manières
typiques de fournir le maintien adéquat.

Le calcul en plasticité des portiques apporte des limitations à l'espacement des


dispositifs de maintien de l'ordre de 1,8 à 2 m. Aux endroits où se forment les rotules
plastiques, il est nécessaire de placer des chandelles entre le rail et la semelle intérieure,
de manière à éviter le déversement de la semelle comprimée. Le bardage qui s'étend
d'une panne à l'autre et les profils du commerce sont économiques dans cette gamme
d'espacements permettant de satisfaire aux exigences telles que pouvoir y marcher
dessus, aux exigences de résistance (hauteur des ondes de la tôle) et de drainage.

Lorsqu'on utilise des structures à treillis, on peut éviter la flexion secondaire de la


semelle supérieure lorsque les pannes sont appuyées en leurs nœuds. Des espacements
d'environ 1,80 m sont souvent considérés comme pratiques et économiques.

On peut aussi considérer le bardage comme une paroi qui se déforme afin de transmettre
les forces horizontales créées par le vent sur la toiture et de reprendre la tendance de
l'ossature au déversement.

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2.3.1 Les structures les plus simples

La coupe représentée figure 4 est sans doute la solution de structure la plus simple que
l'on peut utiliser pour donner une continuité de structure à des bâtiments à un seul étage.
Utilisée principalement pour des portées allant jusqu'à 10 m, pour lesquelles on peut
accepter une toiture plate, la structure est constituée de profils formés à chaud, avec des
assemblages de type articulation ou encastrement.

Les toitures plates sont notoirement difficiles à étancher, dans la mesure où les flèches
des poutres transversales horizontales créent une accumulation d'eau de pluie sur la
toiture qui a tendance à pénétrer dans les raccords des éléments classiques du bardage,
et, en fait, dans tous les défauts de fabrication des éléments extérieurs de toiture. Pour
contrer ces effets, on peut soit incliner l'élément transversal de façon à lui donner la
pente nécessaire sur la toiture, soit incliner le bardage lui-même sur une pente
prédéterminée, afin de faciliter l'écoulement des eaux de surface de la toiture.

Afin de pouvoir supporter des flèches excessives, les profils ont tendance à être un peu
plus lourds que ce qui serait nécessaire d'un simple point de vue de la résistance, en
particulier lorsque les poutres transversales (traverses) sont calculées comme étant
simplement appuyées. Sous sa forme la plus simple, la traverse est calculée comme
s'étendant entre les poteaux. Pour les charges de pesanteur, ceux-ci sont en compression
simple, mis à part le petit moment de flexion créé au sommet du poteau dû à
l'excentricité de la liaison avec la poutre. La traverse est en flexion due aux charges de
pesanteur qui s'y appliquent, la semelle en compression subissant un effet
d'encastrement partiel (restreinte) dû soit aux pannes qui reprennent la tôle de la
couverture, soit à un revêtement de toiture breveté qui peut s'étendre entre les éléments
principaux de l'ossature, sous réserve qu'ils soient attachés correctement.

La résistance aux charges latérales s'obtient au moyen d'une poutre au vent


longitudinale, située d'habitude dans la hauteur de la traverse. Elle transmet les charges
du sommet des poteaux au contreventement dans le plan vertical et de là aux fondations.
Le contreventement est généralement calculé comme une structure articulée, dans
laquelle on utilise les articulations de l'ossature principale.

Les bâtiments qui font appel à la construction poutre/poteau comportent souvent un


remplissage en maçonnerie dans le plan vertical. Avec une conception de détail
soigneuse, la maçonnerie peut être calculée pour fournir le contreventement transversal
vertical, elle se comporte alors de la même manière que les murs à effet de cisaillement
des bâtiments multi-étagés.

On peut aussi obtenir une résistance aux charges latérales soit en utilisant des
encastrements pour les liaisons poutre/poteau, soit en calculant les poteaux comme des
consoles encastrées en pied.

Les assemblages rigides et les liaisons poteaux/fondations rigides diminuent aussi la


flèche de la poutre et nécessitent un poids d'acier de structure plus faible pour l'ossature.

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2.3.2 Les portiques

Comme on l'a vu précédemment, les deux dispositions les plus courantes sont le
portique articulé en pied, lorsqu'il n'y a pas de pont roulant et le portique parfaitement
rigide, souvent utilisé lorsqu'il y a un pont roulant. Ces formes sont à la fois
fonctionnelles et économiques. La stabilité dans le plan découle de l'existence de
liaisons capables de transmettre un moment en tête et au droit des liaisons poutre/poteau
pour le premier cas mais aussi en pied de poteaux pour le second [2].

La pente requise pour la toiture est normalement apportée par le bardage fixé sur les
pannes, elles-mêmes à leur tour appuyées sur les éléments de l'ossature principale. Des
pressions venant des architectes conduisent à utiliser les pentes les plus faibles
compatibles avec l'étanchéité climatique. La pente la plus courante est de l'ordre de 6°
mais des pentes aussi faibles que 1° ont aussi été utilisées.

Les portiques sont construits à partir de traverses et de poteaux en forme de I, avec des
jarrets aux assemblages au niveau de l'égout, comme le montre la figure 1. La longueur
du jarret est d'environ 10 % de la portée et il peut être constitué de plats soudés ou plus
couramment découpé dans un profilé. Sa hauteur au niveau du poteau est classiquement
un peu plus importante que celle de la traverse. Ces structures sont étudiées dans les
leçons 14.2 et 14.3. Les portiques peuvent aussi être construits au moyen de profils non
uniformes, plutôt qu'avec des jarrets. Les structures de ce type sont courantes aux États-
Unis et commencent à être utilisées plus fréquemment en Europe. Les profils sont
fabriqués à partir de plats, sur des machines à souder automatiques. La possibilité de
faire varier l'épaisseur de l'âme, les dimensions des semelles et la hauteur de la section a
pour effet de rendre plus efficace l'utilisation du matériau. Pour maximiser l'économie
réalisée, on fait appel à des profils d'élancement important. Les méthodes de calcul
correspondantes seront vues dans la leçon 14.3. En plus des économies sur le matériau,
un autre avantage consiste à diminuer les flèches, en raison de la grande rigidité dans
leur plan qu'ont les profils hauts.

Les portiques sont particulièrement économiques pour des portées allant jusqu'à 40 m,
et, lorsque l'organisation interne le permet, les configurations à plusieurs travées de 20 à
30 m de portée sont intéressantes. Elles ont été utilisées pour des ossatures allant jusqu'à
75 m de portée.

2.3.3 Fermes à treillis

La figure 8 montre une structure typique faisant appel à des fermes à treillis. Les
structures à treillis sont plus légères que l'alternative portique, pour des portées
supérieures à 25 m mais la main d’œuvre supplémentaire augmente les coûts de
fabrication [3]. La figure 9 donne une indication des poids relatifs de matériau. Sans
être catégorique, sur la base d'exigences de structure, les systèmes à treillis doivent
probablement s'avérer plus intéressants d'un point de vue coût pour des portées
supérieures à 50 m.

Dans la mesure où les poutres à treillis ont un moment quadratique et un module


d'inertie beaucoup plus grands que la section en I correspondante de poids identique, ils

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ont une raideur et une résistance au chargement plus importantes. Cet accroissement des
propriétés s'accompagne toutefois de coûts de fabrication et de montage plus élevés, en
raison du travail nécessaire à la mise en œuvre des liaisons. On peut réaliser par ce
moyen des portées allant jusqu'à 80 m.

Lorsqu'il décide de la dimension des différents éléments d'une poutre en treillis,


l'ingénieur doit penser aux renversements de sens des contraintes qui seront
probablement dus aux effets du vent.

Les structures sont normalement positionnées avec des entraxes de 6 à 8 m. Ces


espacements donnent généralement lieu à des solutions économiques pour les pannes
pliées à froid et pour la disposition des lisses latérales.

Généralement, la décision concernant le(s) type(s) d'élément(s) à utiliser pour les treillis
est prise très tôt pendant le processus de conception générale. De nombreuses
possibilités existent :

a. Sections creuses - circulaires ou rectangulaires.

b. Profilés traditionnels - cornières, tés, U, sections en I.

c. Combinaison des cas (a) et (b).

La ferme choisie doit prendre en compte non seulement le but de la conception


consistant à obtenir la structure la plus légère mais aussi les exigences de fabrication et
de montage.

La figure 10 montre des exemples de formes combinées, pour lesquelles les semelles
sont constituées de profils en I et les éléments intérieurs de profils creux carrés. Les
sections en I permettent la fixation aisée des équipements au treillis et un assemblage
facile avec les poteaux. Le contreventement dans le plan de la toiture peut être obtenu
en utilisant des éléments plans simples et des articulations ou en utilisant la raideur
relative des profils en I ou en H.

Les avantages spécifiques des sections creuses (et des tubes), lorsqu'on les compare aux
sections traditionnelles (I, U, cornières, etc.) sont un rapport résistance/poids élevé, une
efficacité maximum en traction, leur efficacité en tant qu'éléments comprimés, de
bonnes propriétés à la torsion, leur aspect et leur entretien. Lorsqu'il pense utiliser des
profils creux ronds ou carrés, l'ingénieur ne doit pas oublier que certains constructeurs
ne sont pas complètement équipés pour fabriqués des profils creux ronds. (Les coûts
d'assemblage sont considérablement réduits si l'on utilise des poutres de section creuse
carrée, avec des éléments constituant l'âme à base de profils creux ronds ou carrés). Les
principaux inconvénients des profils creux ronds et carrés sont des coûts d'assemblage
plus élevés en certains nœuds et les relatives difficultés de fabrication sur chantier des
attaches des équipements (électriques…). De plus, les coûts de base, sur la base du
tonnage, sont plus élevés que pour des profils traditionnels (on peut cependant produire
des structures de poids plus faible).

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Les inclinaisons relatives des éléments intérieurs doivent être déterminées en relation
avec les processus de conception détaillée et de fabrication. S'ils sont parallèles entre
eux, l'angle de découpe sera identique pour tous les éléments.

La décision finale concernant le(s) type(s) d'élément(s) à utiliser peut dépendre de


l'aspect esthétique et non du coût.

Les premiers bâtiments industriels furent construits selon des formes de toitures en
treillis à sheds, comme le montre la figure 11. Les éléments verticaux (ou presque
verticaux) étaient vitrés et orientés vers le nord, de façon à donner un éclairement
naturel maximum, tout en minimisant la lumière directe du soleil. Dans des temps plus
modernes, le besoin en éclairage naturel compte tenu des systèmes modernes
d'éclairage, a diminué, et, alors qu'il est courant d'avoir 10 % de la surface de toiture
fournissant un éclairement au moyen de panneaux transparents, beaucoup de personnes
tirent des avantages de conditions plus fiables et mieux contrôlables, sans éclairage
naturel du tout.

En général, les poteaux de l'ossature sont des profils en I ou en H (figure 12a). Les H
ont une raideur transversale plus importante que les I et on les préfère en flexion
biaxiale. Lorsque le bâtiment comporte un pont roulant suspendu de haute capacité, on
peut utiliser un poteau reconstitué ou à traverses de liaison (figure 12b). Dans certains
cas, les poteaux composés se continuent par des profils en I, au-dessus du niveau du
pont roulant, supportant la structure, afin de réduire les coûts (figure 12c).

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3. CHARGEMENTS

3.1 Charges extérieures de pesanteur


La charge de pesanteur principale provient des charges de neige. Le cas général consiste
en l'application d'une charge uniforme de base mais avec les toitures inclinées avec des
portées multiples et des garde-corps, il faut prendre en compte l'effet d'accumulation de
la neige. La charge de base est variable selon l'endroit de la construction. Les valeurs de
calcul sont couramment données dans les règlements nationaux relatifs aux charges et
seront traitées dans l'Eurocode 1, au moment voulu. Le calcul de l'ossature principale
des portiques peut être fait en utilisant un cas de chargement uniforme mais les charges
variables dues aux accumulations doivent être prises en compte pour le bardage et les
pannes. Les effets d'accumulation sont modélisés sous la forme de charges triangulaires,
avec des formules relatives aux effets divers créés par les noues, garde-corps, bandes de
solin, etc. Les premiers tests réalisés en Grande-Bretagne établirent qu'il était possible
d'utiliser des charges uniformément réparties équivalentes pour le calcul des pannes.
Dans les zones de charges locales importantes, il faut fournir des informations
permettant de savoir s'il faut réduire l'espacement entre les pannes ou augmenter leur
hauteur. Lorsque c'est possible, il vaut mieux réduire leur espacement, dans la mesure
où cela permet de prévenir les dangers et les discontinuités liés à l'identification et à la
fabrication des pannes de rigidités différentes destinées à la même fonction.

Pour les portiques, ce sont les charges de neige qui déterminent la plupart du temps la
résistance du portique, à moins que la hauteur des noues ne soit grande par rapport à la
portée.

3.2 Charges de vent


Pour le bardage, pannes et lisses légers, les charges de vent sont importantes. Le
bardage et ses fixations sont calculés pour un coefficient de pression locale, comme par
exemple dans le règlement anglais BS 6399 - Part 3 et d'autres règlements nationaux.
Les pannes et l'ossature principales sont calculées en utilisant les facteurs statistiques
adéquats mais sans coefficients locaux supplémentaires. Il faut faire attention à inclure
l'effet total des coefficients de pression à la fois intérieurs et extérieurs.

3.3 Charges internes de pesanteur


On considère que les charges d'équipement de type éclairage, etc. peuvent
raisonnablement être prises égales, de façon globale, à 0,6 kN/m². Dans la mesure où les
exigences concernant les équipements ont augmenté, il est devenu nécessaire de
considérer leur existence avec soin.

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La plupart des constructeurs de pannes peuvent fournir leurs agrafes brevetées pour
suspendre un nombre limité de charges ponctuelles, afin de donner de la flexibilité à la
disposition générale. Là où l'on trouve des équipements et des sprinkleurs, il est normal
de calculer les pannes pour une charge globale de service de 0,1 à 0,2 kN/m², la valeur
étant réduite pour l'ossature principale afin de tenir compte de leur probable diffusion.
Les pièces d'équipement particulières doivent faire l'objet d'un traitement individuel.
L'ingénieur chargé des spécifications doit déterminer de façon réaliste les besoins
compte tenu de la sensibilité des éléments, et, même si les charges peuvent sembler
faibles, elles représentent un pourcentage significatif du total et affectent en
conséquence l'économie de la construction.

3.4 Ponts-roulants
Aux endroits où l'on trouve des charges mobiles telles que ponts-roulants et
transporteurs (figure 13), en plus des charges de pesanteur, il faut prendre en compte
dans les calculs les effets des accélérations et du freinage. On utilise généralement une
approche quasi statique, dans laquelle les charges mobiles sont augmentées et traitées
dans les calculs comme des charges statiques. Les facteurs d'augmentation à utiliser
dépendent de l'équipement spécifique, de son accélération et de sa capacité de freinage.
Il est nécessaire de consulter les constructeurs lorsqu'on veut utiliser des ponts lourds, à
grande vitesse ou multiples.

Pour prendre en compte les effets dynamiques dus aux ponts-roulants, on augmente les
charges verticales maximum et les forces horizontales au moyen de facteurs spécifiques,
que l'on peut trouver dans des documents d'utilisation nationaux.

La répétition des mouvements d'un pont roulant donne lieu à des conditions de fatigue.
Les effets de la fatigue se concentrent sur les zones locales des appuis, sur la poutre du
pont roulant elle-même, sur la console d'appui et sur les assemblages avec les poteaux
principaux. Il n'est pas indispensable de calculer l'ensemble du portique à la fatigue
lorsque les niveaux de contrainte dus au déplacement du pont roulant sont relativement
faibles.

3.5 Autres actions


Dans certains endroits, il faut prendre en compte les effets des séismes. Dans les pays
concernés par les séismes, de nombreuses cartes donnent le niveau de séismicité de
chacune des zones et les standards permettant d'évaluer le comportement de la structure.
L'Eurocode 8 [5] étudie spécifiquement ce problème.

De façon courante, il n'est pas nécessaire de prendre en compte les tassements


différentiels lorsqu'ils sont inférieurs à 2,5 cm. Si le tassement différentiel dépasse
2,5 cm, il faut prendre en compte ses effets, à la fois d'un point de vue structural et d'un
point de vue fonctionnel. Pour des structures moins ductiles, telles que celles qui sont
construites en utilisant des sections ni de classe 1, ni de classe 2, il est toujours
important d'évaluer la sensibilité de la structure en fonction de tassements différentiels
potentiels.

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Il est aussi couramment admis de ne pas prendre en compte les effets de la température
lorsque la dimension maximum du bâtiment est inférieure à 40 ou 50 m ou lorsque l'on
a disposé des joints de dilatation séparant la structure en des zones qui n'excèdent pas
cette dimension. Pour les autres structures, il est important de pouvoir estimer les effets
des variations de température. Il est aussi nécessaire de s'assurer que les caractéristiques
de la structure terminée et à la fois les systèmes de fixation et des joints de l'enveloppe,
sont compatibles avec les déformations inévitables dues aux changements dans le
climat.

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4. FABRICATION

Des facteurs importants qu'il faut prendre en compte aux stades de la conception
générale et de la conception détaillée sont les questions relatives aux installations de
l'atelier, à l'espace disponible et au transport entre l'atelier et le chantier. Si de grandes
poutres et/ou de grands profils peuvent apparaître comme souhaitables pour réduire le
nombre des assemblages à faire sur chantier, l'utilisation de grands éléments peut
souvent contribuer à réduire le nombre des constructeurs qui soumissionnent pour un
projet donné.

Les longueurs d'éléments disponibles chez les grossistes ou provenant directement des
laminoirs peuvent varier. Si des éléments longs sont considérés comme souhaitables, il
est toutefois nécessaire de s'assurer de leur disponibilité. On peut généralement obtenir
des profils standards dans un délai raisonnable mais il est probable qu'il y aura des
retards et des coûts supplémentaires si l'on a besoin d'avoir recours à des profils non-
standards. L'utilisation de profils légèrement plus lourds et la standardisation des
dimensions des profils peuvent conduire à la fabrication d'une structure moins chère.
Lorsqu'on utilise de grandes fermes préfabriquées, il peut être nécessaire de fournir des
points d'élingage (boucles de levage), situés de manière à minimiser les contraintes dues
au levage. Toutes les pièces qui sont peintes en atelier nécessitent d'être transportées
soigneusement, afin de ne pas endommager leur revêtement.

Les poutres à treillis sont faites d'éléments longs, fondamentalement élancés et peuvent
donc être soumises à des déformations sévères dues au soudage, si des précautions ne
sont pas prises pendant la procédure de fabrication.

Il est essentiel que l'ingénieur note que :

i. des commandes importantes comportant le minimum de variations en tailles


sont moins chères que de petites commandes d'un grand nombre de tailles
différentes ;

ii. le nombre de pièces à manutentionner doit être réduit au minimum ;

iii. des distorsions dues au soudage et des tolérances doivent être autorisées ;

iv. une fabrication automatisée est en général moins chère ;

v. une conception faite avec soin peut réduire les coûts de transport ;

vi. pour réduire les coûts, les spécifications doivent être réalistes ;

vii. il est essentiel d'avoir un bon contrôle qualité.

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5. TRANSPORT

Pour chaque pays, il existe des longueurs et des largeurs spécifiques de structures
pouvant être transportées sans problème, par exemple, des largeurs ne dépassant pas
3 m environ, des longueurs jusqu'à 15 m. Pour des dimensions plus importantes, il est
nécessaire d'en informer la Police et une autorisation spéciale est nécessaire.

Il faut noter que les diverses autorités de police spécifient différentes périodes au cours
desquelles les charges anormales sont autorisées à se déplacer dans leur circonscription.
Si les périodes pour des zones voisines sont décalées de façon importante et que des
encombrements de circulation créent des interruptions dans les mouvements de ces
charges anormales, il est possible à ces chargements d'avoir des retards allant jusqu'à
24 h. Si une ou plusieurs grue(s) et l'équipe de montage correspondante ne peuvent
travailler en raison de la superposition de ces retards, les coûts supplémentaires peuvent
être très significatifs. Certaines villes apportent des restrictions à la longueur des
éléments transportés par la route.

Les poutres peuvent être fabriquées et expédiées à plat. La hauteur globale autorisée
pour la charge dépend de la route suivie et du gabarit des ponts rencontrés. Le transport
par rail peut concerner les pièces longues mais les restrictions sont plus importantes sur
leur largeur et leur hauteur.

Pour limiter la longueur des unités à transporter, les charpentes peuvent être divisées en
éléments soudés (2, 3 ou plus de pièces) qui seront boulonnés ensemble sur le chantier.
La traverse complète peut ensuite être mise en place à la grue.

A l'exportation, lorsqu'il faut faire une expédition, on peut regrouper ensemble les
pièces ayant environ les mêmes dimensions, comme pour le transport par la route. Il
faut considérer, cependant, que les frais d'expédition sont souvent basés sur le volume
plutôt que sur le poids. Il y a souvent des restrictions relativement sévères sur la
longueur d'une pièce qui doit être transportée par bateau. L'ingénieur chargé de
l'expédition peut refuser de transporter des pièces de construction métallique comme
chargement de pont. Il peut apparaître comme plus économique d'expédier la structure
en morceaux pour permettre l'assemblage ultérieur sur le chantier.

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6. MONTAGE

Si l'on considère le montage d'une structure, le concepteur cherche à avoir un procédé


économique mais sûr. Le coût du montage peut représenter une part significative du
coût du contrat de construction métallique. Il est souvent utile pour un concepteur ayant
une petite expérience ou pas d'expérience du tout du montage de structures métalliques
d'étudier les solutions possibles avec l'entreprise. Celle-ci sait comment construire pour
éviter l'effondrement de la structure et comment satisfaire l'assureur. Le montage d'une
structure métallique est potentiellement dangereux et il est nécessaire d'effectuer un bon
contrôle pour s'assurer que les monteurs travaillent en sécurité.

On peut classiquement assembler les poutres à treillis sur le sol, puis les mettre en place
par levage. Cependant, dans la mesure où l'on fera sans doute appel à une grue, il ne
faut pas oublier de prendre en compte l'effet des charges dynamiques de levage ou du
renversement du signe des contraintes. Toutes les structures métalliques peuvent
nécessiter un renforcement temporaire qui peut faire partie du système définitif. Il faut
calculer les systèmes provisoires avec soin. Les points suivants résument le processus :

a. Le montage d'une structure métallique est une opération qui nécessite une
organisation précise, depuis la conception, jusqu'à la réalisation ;

b. Cette opération fait appel à différentes disciplines et requiert coopération et


communication entre les intervenants ;

c. Cette opération dépend des compétences personnelles de tous les intervenants,


afin de s'assurer que le contrat est rempli sans accident, à temps et sans
dépassement de budget.

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7. CONCLUSION

Au niveau le plus bas, les structures à un seul étage doivent fournir le clos et le
couvert à l'activité pour laquelle le bâtiment est conçu.

L'acier fournit un moyen d'obtenir des bâtiments économiques, avec un espace


libre important entre les poteaux. On étudie les différents systèmes structuraux.

Le système structural est recouvert de façon à résister aux intempéries. Le bardage


s'appuie sur des profils secondaires formés à froid qui, à leur tour, s'appuient sur
l'ossature principale.

La portée varie de 6 m à 100 m. Pour couvrir cette gamme de portées, les


systèmes structuraux disponibles varient des poutres et poteaux simples, en
passant par les portiques, aux structures en treillis.

La stabilité latérale peut être obtenue soit par des systèmes de contreventement,
soit par des liaisons rigides dans la structure.

La répartition des coûts d'une structure simple est environ : 50 % pour le bardage,
10 % pour les lisses, 30 % pour l'ossature principale et 10 % pour les fondations.

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8. BIBLIOGRAPHIE

[1] Davis, J.M. et Raven, G.K. "Design of Cold Formed Steel Purlins", IABSE
Thin Walled Metal Structures in Colloque sur les Bâtiments, Stockholm, 1986.

[2] Dowling, P.J. et al., "A Development in the Automated Design and Fabrication
of Portal Framed Industrial Buildings", Institution of Structural Engineers,
Londres, octobre 1982.

[3] Horridge, J.F. et Morris, L.J., "Comparative Costs of Single Storey Steel-
Framed Structures", Institution of Structural Engineers, Londres, juillet 1986.

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9. LECTURES COMPLEMENTAIRES

[1] Ballio, G. et Mazzolani, F.M., "Theory and Design of Steel Structures",


Chapman and Hall, 1983.

[2] Eurocode 3 : "Calcul des structures en acier" : ENV 1993-1-1 : Partie 1, Règles
générales et règles pour les Bâtiments, CEN 1992.

[3] Dowling, P.J., Knowles, P.R. et Owen, S.G.W., "Structural Steel Design",
Butterworths, 1988.

[4] Steel Designers' Manual, 5ème édition. The Steel Construction Institute, 1992.

[5] Eurocode 8 : "Structures in Seismic Regions - Design", CEN (en préparation).

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