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Mécanique des sols CHAPITRE II: LE COMPACTAGE ET LA PORTANCE

CHAPITRE II: LE COMPACTAGE ET LA PORTANCE

Anciennement, lorsqu’un sol était inadéquat pour supporter une route ou un bâtiment, on
pouvait se permettre de choisir un autre site dont le sol présentait des caractéristiques
meilleures. De nos jours, il est souvent nécessaire d’adapter les fondations d’un ouvrage au
type de sol sur lequel il sera construit, ou alors d’améliorer la qualité de ce sol. Cette dernière
mesure porte le nom de stabilisation des sols et elle est parfois la solution la plus
économique, particulièrement dans le cas des routes.
Il existe plusieurs méthodes de stabilisation des sols. Parmi les plus connues figurent
l’addition de produits chimiques dans le sol, l’utilisation de remblais de surcharge et le
compactage.
Les produits chimiques sont ajoutés au sol par injection ou malaxage. Ce sont des agents
stabilisants tels que le ciment, le bitume, la chaux ou le chlorure de calcium, et on les choisit
selon la nature du sol. Ils servent à lier les particules entre elles, ce qui augmente la résistance
du sol et sa capacité de supporter des charges. Les remblais de surcharge ont comme fonction
de consolider les dépôts de sol sur lesquels ils sont temporairement disposés. Quand on les
enlève, les dépôts de sol peuvent recevoir des charges plus lourdes qu’auparavant, sans
tassements excessifs. Quant au compactage, il peut s’effectuer en surface ou en profondeur.

I . Les Principes de base du Compactage


Le compactage consiste à appliquer suffisamment d’énergie au sol pour y réduire l’indice des
vides et ainsi en accroître la compacité. Le poids volumique sec ( gd ) d’un sol compacté sera
donc supérieur à celui d’un sol non compacté. C’est d’ailleurs cette caractéristique qui permet
de vérifier l’efficacité du compactage.
Le poids volumique du sol est influencé par trois variables :
- la teneur en eau ;
- l’énergie de compactage ;
- la granulométrie.

I.1. L’influence de la teneur en eau.


Quand on compacte un sol avec une énergie constante, le poids volumique du sol sec (gd )
augmente avec la teneur en eau ( w ) jusqu’à une valeur maximale. Au delà de cette valeur,
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l’accroissement de la teneur en eau réduit le poids volumique sec du sol comme on peut le
voir sur la courbe en forme de cloche de la figure 1. que l’on appelle courbe de compactage.
La valeur maximale du poids volumique du sol se situe au sommet de cette courbe, en un
point qu’on appelle l’optimum Proctor (en référence à R.R Proctor, qui a élaboré les
principes de base du compactage). L’optimum Proctor est le poids (ou la masse) volumique
sec maximal ( gd max ) correspondant à une teneur en eau optimale (vopt) pour une énergie de
compactage donnée. Ainsi, pour atteindre le poids volumique sec maximal alors que l’énergie
de compactage ne varie pas, on doit fournir au sol la teneur en eau optimale. Si la teneur en
eau est inférieure ou supérieure à cette valeur, on ne parviendra au poids volumique sèche
maximale qu’en augmentant l’apport d’énergie. le compactage sera donc moins efficace.

Figure 1 : Courbe de compactage Proctor

Les teneurs en eau inférieures à la teneur optimale forment le versant sec de la courbe de
compactage, tandis que les teneurs en eau supérieures forment le versant mouillé de la
courbe. Sur le versant sec de la courbe, l’eau agit comme un lubrifiant : elle mouille les
particules de sol, qui glissent alors les unes sur les autres et adoptent une structure plus serrée.
Plus la teneur en eau est faible, plus cette action s’atténue et plus la masse de sol sec diminue.
Sur le versant mouillé, l’eau occupe une grande partie des vides du sol. Etant incompressible,
elle absorbe une portion importante de l’énergie de compactage, ce qui empêche les particules
de sol d’adopter une structure plus dense. Plus la teneur en eau augmente, plus l’eau absorbe
de l’énergie et plus le poids volumique du sol sec décroît.
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I .1.2 L’influence de l’énergie de compactage


L’énergie de compactage est l’énergie mécanique transmise à un volume de sol pour y réduire
l’indice des vides. Sur le chantier, on applique cette énergie par pression statique, pression
statique et vibration, pétrissage statique, ou impacts, selon le type de compacteur. La quantité
d’énergie transmise au sol varie en fonction du nombre de passes du compacteur sur le sol et
de sa masse. Plus le nombre de passes du compacteur est élevé ou plus le compacteur est
lourd, plus l’énergie transférée au sol est importante. En laboratoire, le compactage des
échantillons du sol se fait principalement par impact et par pression statique et vibrations.

Figure 2 : Influence de l’énergie de compactage sur l’optimum Proctor


L’influence de l’énergie de compactage sur la valeur du poids volumique sec maximal est
aussi importante que celle de l’eau. A la figure 2, on présente les résultats de deux
compactages effectués sur le même sol, mais avec des énergies différentes (l’énergie du
compactage A est différente de l’énergie du compactage B). On constate qu’une hausse de
l’énergie de compactage fait augmenter le poids volumique sec maximal et diminue la teneur
en eau optimale. Le déplacement de l’optimum Proctor suit une ligne que l’on appelle ligne
des optimums Proctor qui est sensiblement parallèle à la courbe de saturation Sr = 100%.
I.1.3- L’influence de la granulométrie
La granulométrie d’un sol influe sur la valeur de l’optimum Proctor. De façon
générale, on constate que plus les particules d’un sol sont grosses, plus son poids
volumique sec maximal est élevée et plus sa teneur en eau optimale est faible. Ainsi un
gravier grossier bien gradué (GW) présente une masse volumique sèche maximale
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supérieure à celle d’un sable grossier bien gradué (SW) tandis que sa teneur en eau
optimale est plus faible. En effet, il est presque impossible d’augmenter la compacité
des sols dont le coefficient d’uniformité est inférieur à 4, ce qui explique la valeur plus
faible de leur masse volumique sèche maximale.
Dans le cas des sables fins à granulométrie serrée, l’inefficacité du compactage est telle qu’il
est difficile d’établir une relation nette entre la masse volumique du sol sec et la teneur en
eau : la convexité de la courbe de compactage est très faible et la position de l’optimum
Proctor est difficile à déterminer.
Quant aux sols cohérents, plus ils sont plastiques, plus leur poids volumique sec maximal est
faible et plus leur teneur en eau optimale est grande. C’est ce qu’illustrent les courbes de
compactage des sols CL et CH.
II. Les effets de compactage sur certaines propriétés des sols
Le compactage augmente la stabilité des sols et leur capacité à supporter des charges mais il
modifie en même temps certaines de leurs propriétés en particulier la structure des sols, la
perméabilité, le gonflement et le retrait, la compressibilité, ainsi que la résistance au
cisaillement.
· La structure des sols : le compactage réduit l’indice des vides et densifie la
structure à grains uniques des sols pulvérulents. Dans les sols cohérents, il
entraîne plutôt une réorganisation des particules d’argile, qui tendent à devenir
parallèles et à adopter une structure dispersée. L’augmentation de l’énergie de
compactage et une teneur en eau supérieure à la teneur en eau optimale rendent
la structure de plus en plus dispersée.
· La perméabilité : le compactage diminuant le volume des vides dans le sol,
rend la circulation de l’eau plus difficile. Si on augmente l’énergie de
compactage, la quantité des vides diminue davantage ce qui se traduit par une
baisse de la perméabilité. Dans les sols argileux, la perméabilité la plus faible
s’obtient lorsque la teneur en eau est égale ou supérieure à la teneur en eau
optimale pendant le compactage. La diminution de la perméabilité est un
inconvénient dans le cas des sols pulvérulents utilisés comme matériaux de
fondation qu’il faut drainer rapidement.
· Le gonflement et le retrait : en réduisant ainsi l’indice des vides et la
perméabilité des sols, on diminue à la fois la quantité d’eau qu’ils peuvent
contenir et celle qu’ils sont susceptibles de recevoir. Ce faisant, on limite les
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variations de volume causées, entre autre, par le gonflement et le retrait.


Cependant, il faut noter que l’argile compactée alors que sa teneur en eau est
supérieure à la teneur en eau optimale sera davantage sujette au retrait, tandis
que celle qui est compactée alors que sa teneur en eau est inférieure à la teneur
en eau optimale sera plus sujette au gonflement.
· La compressibilité : plus le volume occupé par les vides dans un sol est élevé,
plus la compressibilité de ce sol est grande et plus les tassements peuvent y être
importants. Ainsi, en réduisant les vides d’un sol par compactage, on le rend
moins compressible, et les risques de tassements s’atténuent.
· La résistance au cisaillement : dans les sols pulvérulents, plus les particules
sont resserrées les unes contre les autres par le compactage, plus le frottement
et l’enchevêtrement deviennent importants et plus la résistance au cisaillement
augmente. Dans les sols cohérents, les forces de cohésion constituent le facteur
principal de la résistance au cisaillement. Or, plus la distance entre les
particules est faible, plus les forces de cohésion sont élevées. En réduisant les
distances qui séparent les particules, le compactage augmente donc la
résistance au cisaillement. De façon générale, la résistance au cisaillement des
sols argileux est plus importante quand la teneur en eau est inférieure à la
teneur en eau optimale pendant le compactage.
Puisqu’on augmente la résistance au cisaillement d’un sol en le compactant, on y augmente
également l’angle de frottement interne f ce qui se traduit par une augmentation de la capacité
portante.
III. Le compactage en laboratoire
Les essais de compactage effectués en laboratoire permettent de déterminer le poids
volumique sec maximal pour une énergie de compactage donnée. En comparant la valeur
obtenue en laboratoire avec le poids volumique sec du sol sec mesuré sur le chantier après les
opérations de compactage, on peut vérifier si celui-ci a été suffisant et ainsi s’assurer de la
qualité des travaux.
Les principaux types de compactage utilisés en laboratoire sont :
- les essais Proctor ;
- l’essai à la table vibrante.
III.1 Les essais Proctor

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En 1933, le Engineering News Record publia une série d’articles de R.R Proctor qui portait
sur le compactage des sols. Il y présentait un essai de compactage en laboratoire qu’on appelle
aujourd’hui l’essai Proctor normal
L’essai Proctor normal consiste à mesurer le poids volumique sec d’un sol disposé en trois
couches dans un moule de volume connu. Chaque couche étant compactée avec un marteau de
2,49 kg tombant d’une hauteur libre de 305 mm. On répète l’essai à plusieurs reprises en
faisant varier la teneur en eau du sol. On représente l’évolution du poids volumique du sol sec
en fonction de la teneur en eau sur un graphique ce qui permet de tracer une courbe de
compactage. A partir de cette courbe, on détermine le poids volumique sec maximal du sol
(gdmax) et sa teneur en eau optimale (wopt). En comparant le poids volumique du sol sec sur le
chantier (gdchantier) avec le poids volumique sec maximal (gdmax), on établit le degré de
compacité (Dc), ou pourcentage de compactage, à l’aide de l’équation suivante :

g dchantier
* 100 (%)
Dc =
g d max

Le degré de compacité est l’un des critères sur lesquels on s’appuie pour accepter ou refuser
un compactage. Ce degré, qui s’exprime en pourcentage, tend vers 100% lorsque la valeur de
gdchantier tend vers gdmax. Plus il est élevé, plus la compacité du sol est grande et plus le
compactage a été efficace.
Durant la seconde Guerre mondiale, comme on disposait d’engins de compactage plus
performants sur les chantiers, on a modifié l’essai original en augmentant l’énergie de
compactage et le nombre de couches, pour créer l’essai Proctor modifié. On pouvait ainsi
établir des comparaisons plus justes entre gdmax et gdchantier

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Photo 1 : Moules et dames Proctor

Tableau 1 : Caractéristiques des essais Proctor

Essais Masse du Hauteur de Nombre Volume du Nombre de Energie de


marteau chute du de moule coups par compactage
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(kg) marteau couches (cm ) couche EC (kJ / m3)
(mm)
Proctor 944 25 592
normal 2,49 305 3 2124 56 589
Proctor 944 25 2695
modifié 4,54 457 5 2124 56 2683

Tableau 2 : Résultats des essais Proctor pour différents types de sol.

Type de sol Symbole Proctor normal* Proctor modifié

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γdmax Wopt (%) γdmax Wopt(%)*


(g/cm3) (g/cm3)** **
Gravier bien mou mélange GW 2,00 à 8 à 11 2,00 à 2,24 5à8
gravier -sable, peu ou pas de 2,16
grains fins
Gravier mal gradué ou GP 1,84 à 11 à 14 1,76 à 2,24 7 à 10
mélange gravier – sable, peu 2,00
ou pas de grains fins
Gravier – silt, gravier – sable GM 1,92 à 8 à 12 1,84 à 2,32 5à8
– silt 2,16
Gravier argileux, mélange GC 1,84 à 9 à 14 2,08 à 2,32 6 à 10
gravier – sable –argile 2,08
Sable bien gradué ou mélange SW 1,76 à 9 à 16 1,76 à 2,08 6 à 12
sable – gravier, peu ou pas de 2,08
grains fins
Sable mal gradué ou sable SP 1,60 à 12 à 22 1,68 à 2,16 8 à 17
graveleux, peu ou pas de 1,92
grains fins
Sable silteux, mélange sable – SM 1,76,à 11 à 16 1,60 à 2,16 7 à 12
silt 2,00
Sable argileux, mélange sable SC 1,68 à 11 à 19 1,60 à2,16 7 à 14
– argile 2,00
Silt inorganique et sable très
fin, sable fin silteux ou ML 1,52 à 12 à 24 1,44 à 2,08 8 à 18
argileux ou silt argileux de 1,92
faible ou moyenne plasticité
Argile inorganique de
plasticité faible ou moyenne, CL 1,52 à 12 à 24 1,44 à 2,08 8 à 18
argile graveleuse, sableuse, 1,92
silteuse
Silt inorganique et mélange OL 1,28 à 21 à 33 1,44 à 1,68 15 à 25
silt – argile organique de 1,60

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faible plasticité
Silt inorganique, sol sableux MH 1,12 à 24 à 40 1,28 à 1,68 18 à 31
très fin ou silteux, micacé ou 1,52
diatomacé, silt élastique
Argile inorganique de haute CH 1,20 à 19 à 36 1,44 à 1,84 14 à 28
plasticité, argile silteuse 1,68
Argile organique de haute OH 1,04 à 21 à 45 1,28 à 1,76 15 à 35
plasticité, silt organique 1,60

En comparant les données du tableau 2, on constate que l’énergie déployée dans l’essai
Proctor modifié est d’environ 4,5 fois supérieure à celle de l’essai Proctor normal. L’énergie
de compactage (EC) appliquée pendant l’essai Proctor modifié exécuté avec le moule de 944
cm3 se calcul de la façon suivante :

coups
4 , 54 kg ´ 9 , 81 m ´ 0 , 457 m ´ 5 couches ´ 25
S² couche
EC = 9 , 44 ´ 10 - 4 m 3
= 2,695 ´ 10-6 N-m / m3
= 2695 kJ / m3
Les essais Proctor conviennent à la plupart des sols. Les résultats (voir le tableau 2) sont
particulièrement concluants avec les sols graveleux et sableux à granulométrie étalée. En
effet, les courbes de compactage prononcées qui caractérisent ces sols permettent de localiser
facilement l’optimum Proctor. Par contre, avec les sols à granulométrie très serrée présentant
une perméabilité élevée, on recommande plutôt d’effectuer l’essai à la table vibrante.
IV. Le contrôle du compactage sur le chantier
Les essais de compactage réalisés sur le chantier permettent de déterminer le poids volumique
sec et la teneur en eau d’une couche de sol qui a été compactée. En comparant ces résultats
avec ceux de l’essai Proctor ou de l’essai à la table vibrante, on peut établir le degré de
compacité ou l’indice de densité relative. On peut ainsi vérifier la qualité des travaux de
compactage et les accepter ou les refuser, à la lumière des directives contenues dans le Cahier
des Charges.
Les essais les plus utilisés pour vérifier la qualité du compactage sur le chantier sont :
- l’essai au nucléodensitomètre ;
- l’essai au cône de sable ;
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- l’essai au densitomètre à membrane.


L’essai au nucléodensitomètre est l’essai le plus fréquemment pratiqué de nos jours dans les
pays du Nord (mais rarement dans nos pays), car il s’effectue rapidement et ne nécessite pas
l’arrêt des travaux sur le chantier. Le nucléodensimètre est toutefois un appareil sensible
fonctionnant à partir de sources radioactive, et sa régularité dépend du rayonnement émis, de
la qualité de l’étalonnage et des conditions rencontrées sur le terrain. C’est pourquoi dans
certains cas, lorsque ces facteurs sont difficiles à maîtriser, on recommande plutôt d’utiliser
l’essai au cône de sable, un essai beaucoup plus long à réaliser, mais qui fournit des résultats
très fiables lorsqu’on le fait soigneusement.
IV.1 L’essai au nucléodensitomètre
La nucléodensitomètre est un appareil relativement précis à l’aide duquel on peut rapidement
déterminer la masse volumique du sol sec sur le chantier ainsi que sa teneur en eau. On
l’emploie aussi pour vérifier la masse volumique du béton et des revêtements bitumineux.
Les nucléodensitomètres sont équipés d’un tableau de commande composé d’un écran
affichant les résultats et de touches pour entrer les données.
La mesure de la teneur en eau repose sur la décélération des neutrons rapides émis par
l’américium et le béryllium. Ces neutrons sont surtout ralentis et réfléchis par les atomes
d’hydrogène contenus dans l’eau. Plus la teneur en eau du sol est élevée, plus les neutrons
sont ralentis et réfléchis vers le détecteur, et plus le décompte est important. Toutefois, si le
sol contient une forte proportion de minéraux hydratés comme le gypse et le mica, il faut alors
corriger la teneur en eau mesurée par l’appareil.
V. Le compactage en surface
Le compactage en surface s’effectue sur des couches de sol de faible épaisseur, la plupart du
temps du sol de remblayage. On utilise cette technique dans un très grand nombre de travaux,
entre autres :
- les barrages et les digues ;
- les remblais ;
- les routes et les voies ferrées ;
- les pistes d’atterrissage ;
- les fondations de bâtiments et d’ouvrage de tous genres.
Le passage répété de compacteurs motorisés ou tractés transmet l’énergie de compactage,
qui est produite par pression statique et pétrissage, par vibrations et pression statique ou par
impacts.

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Tableau 4 : Utilisation des principaux types de compacteurs.

Types de Sols recommandés Epaisseu Nom Vites Qualité


compac Principales Description Symbol r des bre se
teurs utilisations es couches de (km/
(mm) passe h)
s
Rouleaux lissage des Tous les sols
à jantes couches de sol Roche Faible à
lisses Compactage de concassée GW GP 150 à 250 6à 3à moyenne
grandes surfaces gravier et 12 12
Compactage du sable grossier
béton bitumeux et moyen
Rouleaux Compactage de Sols cohérents GC GM
à pieds grandes surfaces (argile et SC SM 150 à 300 3à 6à9 Bonne
de Barrages en silt) CH MH 12
mouton terre OH
Remblais CL ML
routiers OL
Rouleaux Compactage de Gravier et
à pneus grandes surfaces sable à
Barrages en terre granulométrie GW 150 à 300 4à 6à Bonne
Remblais routiers étalée GM 10 12
Graviers GC SM
silteux et
argileux
Sable silteux

Gravier et 150 à 300 Moyenne


sable à GP SP 4à 6à
granulométrie SC 10 12
serrée CH MH
Sable argileux OH
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Sols cohérents
organiques et
inorganiques
Rouleaux Compactage de Sols
vibrants grandes surfaces pulvérulents CL ML
Remblais routiers (gravier et OL 150 à 300 2 à 8 3 à 6 Excellente
Pistes sable GW
d’atterrissage propre) GP
Stationnements
Fondation de
gros édifices

Plaques Compactage de Sols


vibrantes petites surfaces pulvérulents SW SP Bonne à
Remblais GW GP 100 à 200 2 à 8 3 à 6 excellente
difficiles d’accès SW SP
Remblais près
des murs de
fondation ou de
soutènement
Fondations
de trottoirs

V.1 les compacteurs à impacts


Les compacteurs à impacts sont des dames surtout utilisés manuellement, mais que l’on
installe parfois à la place du godet d’une pelle mécanique. Ils comprennent une plaque d’acier
qui pilonne le sol et un mécanisme actionné, dans la plupart des cas, par un moteur à essence.
Les dames peuvent effectuer de 50 à 60 sauts par minute, et chaque saut peut atteindre une
hauteur de 300 mm. Les dimensions des plaques d’acier et la masse des dames se comparent à
celles des plaques vibrantes.
Avec les dames, ce sont les impacts répétés qui produisent l’énergie de compactage. On se
sert de ce compacteur sur tous les types de sols, mais c’est surtout sur les sols pulvérulents
que l’on obtient de bons résultats et à condition que l’épaisseur de la couche à compacter ne
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dépasse pas 150 mm. Comme les plaques vibrantes, les compacteurs à impacts sont utilisés
dans les endroits exigus où il est impossible de faire circuler des rouleaux comme le fonds des
tranchées ou les espaces limités par des murs de fondations ou des murs de soutènements.
V.2 Les facteurs agissant sur le compactage
Un certain nombre de facteurs peuvent avoir une influence considérable sur la qualité du
compactage de surface. Les plus importants sont la teneur en eau de la couche de sol durant le
compactage, le nombre de passes, l’épaisseur de la couche, le poids du compacteur et la
vitesse à laquelle se fait le compactage.
V.2.1 La teneur en eau
L’eau dans le sol joue un rôle important dans les opérations de compactage. En effet, pour que
le compactage soit efficace la teneur en eau du sol doit se situer le plus près possible de la
teneur en eau optimale (vopt) déterminée dans l’essai Proctor. Dans la plupart des cas, un écart
de ± 2% par rapport à la teneur en eau optimale est acceptable.
Lorsque la teneur en eau sur le chantier est plus faible que la teneur en eau optimale, il faut
plus d’énergie pour atteindre la compacité recherchée. Cette situation se rencontre le plus
souvent dans les remblais de sols pulvérulents. On doit alors arroser la couche de sol avant de
la compacter.
Lorsqu’au contraire la teneur en eau est trop élevée, il est presque impossible d’atteindre la
compacité exigée, car l’eau contenue dans les vides du sol absorbe une grande partie de
l’énergie de compactage. C’est surtout pendant le compactage des sols cohérents que cette
situation se présente. Pour diminuer la teneur en eau, on doit scarifier la surface de la couche
de sol de manière à accélérer l’évaporation de l’eau. C’est une méthode laborieuse, qui
devient évidemment impraticable lorsqu’il pleut. Pour réduire la teneur en eau d’un sol
pulvérulent, on peut y ajouter un sol sec mais ce dernier doit toutefois présenter les mêmes
caractéristiques que le sol en place. Ultimement, on pourra remplacer une partie de la couche
de sol.
Dans le cas des sols cohérents, on peut se servir de l’indice de consistance Ic pour déterminer
l’influence de la teneur en eau sur les conditions de compactage (le tableau 5 donne le degré
d’efficacité du compactage en fonction de l’indice de consistance Ic). On calcule cet indice à
l’aide de l’équation suivante :

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w L - w
Ic =
I P

Où vL = limite de liquidité
v = teneur en eau sur le terrain, pendant le compactage
Ip = indice de plasticité = vL - vP
vP = limite de plasticité
Tableau 5 : Conditions de compactage des sols cohérents en fonction de l’indice de
consistance (d‘après Leroueil, 1985)

Ic Conditions de compactage
< 0,5 Compactage impossible, sol boueux
Compactage très difficile
0,5 – 0 8 Compactage peu efficace
0,8 – 1,0 Compactage efficace
1,0 – 1,1 Compactage idéal
1,1 – 1,3 Compactage difficile, sol trop sec
> 1,3

V.2.2 Le nombre de passes


Le nombre de passes d’un compacteur est directement proportionnel à la quantité d’énergie
qu’il applique au sol : en augmentant le nombre de passes, on accroît l’énergie de
compactage. De façon générale, il faut de 3 à 8 passes pour compacter une couche de sol de
300 mm d’épaisseur, mais ce nombre peut facilement atteindre 12 en fonction du type de sol,
de la teneur en eau et de la masse du compacteur. Si la compacité voulue n’est pas atteinte
après 12 passes dans des conditions optimales d’humidité, on conclut que les opérations de
compactage n’ont pas atteint leur but et que le compacteur utilisé n’est probablement pas
adéquat.
V.2.3 L’épaisseur de la couche
Pour que le compactage d’une couche de sol soit efficace et la compacité soit plus uniforme
possible, il faut limiter l’épaisseur de la couche. En principe, elle ne devrait pas dépasser 300
mm. Toutefois, dans le cas des sables propres à granulométrie serrée, il est préférable
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d’augmenter l’épaisseur de la couche, car ces sols sont très perméables et ont tendance,
lorsqu’ils s’assèchent à perdre facilement leur compacité sous le passage répété de véhicules.
On recommande des couches de 600 mm pour cette catégorie de sols. Il faut également
prévoir des couches plus épaisses lorsque le sol sous les couches de remblai est trop faible et
déformable. Le compactage par couches de faible épaisseur présente deux grands avantages :
· il permet, lors du compactage d’une couche de sol, de compacter à nouveau la partie
supérieure de la couche sous-jacente. Il est en effet bien connu qu’après un compactage, la
partie supérieure d’une couche de sol est généralement moins compacte que sa partie
inférieure.
· Il facilite la réalisation des essais de vérification sur le chantier, ce qui améliore le
contrôle de la qualité du compactage.
Plus un compacteur est lourd, plus on peut augmenter l’épaisseur de la couche du sol.
Lorsqu’on utilise des rouleaux vibrants sur un sol pulvérulent, la couche peut avoir jusqu’à
600 mm d’épaisseur.
V.2.4 La masse des compacteurs
L’efficacité d’un compacteur dépend en partie de son poids : plus un compacteur est lourd,
moins il faut de passes pour produire la compacité désirée. On peut en déduire qu’il est
avantageux de charger l’appareil au maximum. Il faut néanmoins agir prudemment sur les
compacteurs très lourds, car leur passage sur le sol peut causer un surcompactage. Le
surcompactage entraîne parfois la rupture des couches inférieures de sol, lorsque leur
compacité maximale a été atteinte. Dans les sols pulvérulents, le surcompactage peut
également briser les particules de graviers et de sable, augmentant ainsi la quantité de
particules fines ; le sol devient alors plus capillaire et, par conséquent, plus gélif.
V.2.5 La vitesse des compacteurs
Pour que l’énergie de compactage se transmette au sol le plus adéquatement possible, on doit
limiter la vitesse de la plupart des compacteurs à environ 8 km/h. Dans le cas des compacteurs
vibrants, la vitesse optimale devra se situer autour de 5 km/h pour que les vibrations puissent
agir efficacement sur toute l’épaisseur de la couche. Si le compacteur avance trop vite, il
faudra davantage de passes pour atteindre la compacité désirée.
VI. Le compactage en profondeur
Lorsque de lourds ouvrages sont construits sur un dépôt de sol profond de faible compacité, le
compactage en surface ne permet pas à stabiliser le sol de manière à éviter les risques de
tassements importants. Il faut alors faire appel à d’autres moyens pour assurer la stabilité de
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l’ouvrage comme par exemple l’utilisation de fondations profondes, le remplacement du sol,


l’injection de produits chimiques dans le sol, l’application de remblais de surcharge ou le
compactage en profondeur. Cette dernière méthode s’impose parfois comme la solution la
plus économique permettant, à la fois, de diminuer les tassements et d’augmenter la capacité
portante du sol afin de la rendre conforme aux critères de conception. Il existe plusieurs
techniques de compactage en profondeur parmi lesquelles le compactage dynamique et la
vibroflotation sont les plus répandues.
VI.1 Le compactage dynamique
Le compactage dynamique est une ancienne technique que le Français Louis Ménard a
améliorée au début des années 1970. Elle consiste à laisser tomber un pilon du haut d’une
grue au même endroit à plusieurs reprises. Le pilon est constitué de plaques d’acier ou d’un
bloc de béton ; sa masse varie normalement entre 10 et 40 tonnes et peut dans certains cas
atteindre 200 tonnes. La hauteur de chute du pilon dépend de la grue qu’on emploie et en
pratique, elle ne dépasse pas 35 m.
Avant de commencer le compactage, il faut rendre la surface de travail horizontale et plane. Si
le sol en place ne peut supporter le poids de la grue sans se tasser, on étend une couche de sol
pulvérulent d’au moins un mètre sur le site ce qui réduira également l’enfoncement du pilon.
On doit aussi s’assurer que le niveau de la nappe phréatique se situe au moins à 2 m sous la
surface du sol. Si ce n’est pas le cas, il faut alors soit abaisser la nappe à l’aide d’un système
de pompage, soit rehausser la surface du sol en érigeant un remblai de sol pulvérulent.
Le compactage s’effectue suivant un quadrillage qui couvre toute la superficie du sol à traiter.
Chaque croisement du quadrillage est compacté à plusieurs reprises, habituellement entre cinq
et dix fois. La distance entre les points d’impact dépend du type de sol et de la profondeur
d’influence qui a été spécifiée qui est plus ou moins égale à l’épaisseur du sol à traiter et situe
généralement entre 5 et 8 m.
Lorsque le pilon frappe le sol, il engendre une onde de choc sur une grande profondeur, ce qui
amène les particules de sol à se rapprocher les unes des autres. Ainsi, la capacité portante du
sol augmente et les risques de tassement diminuent. Dans les sols saturés, l’onde de choc
augmente également les pressions interstitielles. Cela peut se traduire par la liquéfaction du
sol, suivi d’un tassement rapide et de l’accroissement de la compacité. Pour permettre aux
pressions interstitielles de se dissiper, on laisse habituellement s’écouler un temps de repos
entre les impacts du pilon sur le sol. Dans le cas des sols pulvérulents, où les pressions

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interstitielles se dissipent rapidement, le temps de repos correspond au temps de remontée du


pilon. Il est plus long quand il s’agit de sols cohérents.
On peut évaluer la profondeur d’influence approximative du compactage à l’aide de
l’équation suivante :

D » 0,5 Wh
où D = profondeur d’influence du compactage (m)
W = masse du pilon (t)
h = hauteur de chute du pilon (m)
On constate que plus la masse du pilon est grande et plus sa hauteur de chute est importante,
plus la profondeur d’influence s’accroît. Par exemple, le compactage avec un pilon de 10
tonnes tombant d’une hauteur de 20 m aura la profondeur d’influence suivante :

D » 0,5 10t ´ 20 m » 7,0 m

L’efficacité du compactage se vérifie tout au long des opérations à l’aide d’un essai de
chantier comme l’essai pressiométrique, l’essai de pénétration standard ou l’essai de
pénétration statique. En comparant les résultats de l’essai avant et après chaque pilonnage, on
peut adapter les dimensions du quadrillage, la hauteur de chute ou la masse du pilon afin
d’atteindre la compacité recherchée. Une façon simple de vérifier l’efficacité du compactage
consiste à effectuer des mesures directes avec des appareils topométriques. On peut soit
mesurer l’affaissement de la zone de travail, soit mesurer le volume net du cratère, qui
correspond au volume total du cratère duquel se soustrait le volume du gonflement
périphérique.
Le compactage dynamique convient particulièrement bien aux sols pulvérulents perméables, y
compris les sols contenant des cailloux et blocs, mais on peut aussi s’en servir sur les sols
contenant une importante proportion de particules fines. Dans ce dernier cas, il pourrait être
avantageux d’installer des drains verticaux dans le sol qui favoriseront une dissipation plus
rapide des pressions interstitielles induites à chaque impact du pilon.
Le compactage dynamique est surtout employé sur les chantiers de construction de bâtiments.
En augmentant la capacité portante du sol, il permet de remplacer les fondations profondes
par des fondations superficielles, ce qui réduit considérablement le coût des ouvrages.
On l’utilise aussi pour construire des routes, des chemins de fer et des barrages en terre,
compacter des dépotoirs municipaux ou industriels et stabiliser les dépôts de sol susceptibles
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de se liquéfier dans les zones où le risque de séisme est élevé. On s’en sert même pour
compacter des dépôts de sol situés sous l’eau: on utilise alors un pilon profilé qui pénètre dans
l’eau sans qu’il y ait trop grande perte d’énergie.
Signalons qu’il est nécessaire de mesurer l’intensité des vibrations produites par l’impact du
pilon sur le sol, car elles peuvent causer de lourds dommages aux constructions avoisinantes.
Le compactage dynamique pourrait même être restreint ou interdit à cause de la présence
d’ouvrages sensibles aux vibrations. De façon générale, le compactage peut se faire sans
aucun danger à moins de 10 m des services souterrains, des culées de ponts et des réservoirs,
par exemple, et au moins 20 m des maisons et des édifices modernes. La perception qu’on les
gens qui habitent à proximité des travaux et les inconvénients que leur causent les vibrations
pourraient cependant restreindre davantage l’utilisation du compactage dynamique. En effet,
si de gens demeurent à moins de 60 m de la zone de travail, il faudra s’attendre à de
rigoureuses plaintes de leur part.
VI.2 La vibroflotation
La vibroflotation est une méthode de compactage qui fait appel à un vibrateur électrique de 30
à 40 cm de diamètre, long de 3 à 5 m et pesant entre 3 et 6 tonnes. Le vibrateur est abouté à
une colonne de tubes, et les deux sont suspendus à une grue. Leur longueur est égale ou
supérieure à la profondeur du sol à compacter. Le vibrateur est descendu dans le sol et les
vibrations qu’il engendre permettent d’accroître la compacité et la stabilité du sol.
La vibroflotation comporte trois techniques distinctes : le vibrorefoulement, le
vibroremplacement et le vibrocompactage. Les deux premières sont utilisées pour former
des colonnes de gravier dans les sols fins et les argiles.
Le vibrocompactage, comme le compactage dynamique, s’effectue suivant une grille
prédéterminée qui couvre tout le site de compactage. Cependant, au lieu d’utiliser un
quadrillage, on préfère se servir d’une grille constituée de triangles équilatéraux. La distance
entre les croisements de la grille varie généralement de 2,5 à 3 m; une distance supérieure à
3,5 m peut diminuer considérablement l’efficacité du procédé. A l’aide de la grue, on amène
le vibrateur au-dessus d’un croisement et on le laisse s’enfoncer verticalement dans le sol sous
l’effet de son propre poids, des vibrations qu’il émet et d’un jet d’eau ou d’air comprimé
projeté à partir de l’orifice situé à sa base. Si la pénétration du vibrateur est supérieure à 10 m
ou si le sol est raide, on doit nécessairement utiliser un jet d’eau ; on parle alors de
pénétration par lançage d’eau.

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Le vibrateur doit descendre dans le sol à une vitesse de 3 à 6 mètres par minute. Lorsqu’il a
atteint la partie inférieure du dépôt de sol à compacter, on le remonte lentement, à une vitesse
moyenne d’environ 0,3 mètres par minute. Les vibrations produites au cours de la remontée
ont comme effet d’arranger les particules de sol en une structure beaucoup plus dense dans un
rayon pouvant s’étendre de 1,5 à 4 m : c’est le rayon d’influence du vibrateur. Le vide qui se
forme le long du vibrateur est rempli avec du gravier.
Durant la remontée du vibrateur, on contrôle l’homogénéité du compactage en mesurant en
continu la consommation d’électricité. On procède aussi à des essais de chantier pour vérifier
le degré de compacité du sol. Les essais couramment utilisés sont les essais de pénétration
standard et statique ainsi que l’essai pressiomètrique. De préférence, on effectuera les essais
aux endroits où on est susceptible de rencontrer les degrés de compacité les plus faibles, c’est-
à-dire au centre des triangles qui forment la grille.
Le vibrocompactage ne s’emploie généralement qu’avec les graviers et les sables contenant
moins de 20% de particules passant le tamis de 80mm. Dans ces sols, il permet d’atteindre un
indice de densité relative égal à 70% ; dans les sables propres, il peut augmenter cet indice à
plus de 90%. C’est une technique qui permet de compacter facilement un dépôt de sol de 8 à
10 m d’épaisseur et même, dans certains cas, de 30 m d’épaisseur.
Le vibrocompactage convient particulièrement aux projets dont la superficie est restreinte, par
exemple le compactage en profondeur des fondations de bâtiments et de réservoirs ou
l’amélioration des fondations déjà existantes de remblais ou de toute autre construction. On
s’en sert aussi pour stabiliser les dépôts de sable susceptibles de se liquéfier dans les régions
où le risque de séisme est élevé.
VII PORTANCE
La portance d’un sol est une caractéristique importante pour le dimensionnement des
chaussées. Elle est définie par :
- le coefficient CBR
- le module de réaction Ks
Le coefficient CBR peut être déterminé au laboratoire ou au chantier.
Le module de réaction Ks est déterminé à partir de l’essai de charge à la plaque.
VII.1 Le coefficient CBR
Le coefficient CBR se définit comme étant le rapport exprimé en % entre les pressions
produisant un enfoncement donné d’un poinçon standard dans le matériau étudié d’une part et
dans un matériau standard d’autre part.
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VII.2 Détermination du CBR au laboratoire


L’essai CBR consiste à poinçonner un matériau dans un moule à l’aide d’une presse.
L’aire du poinçon et la vitesse de poinçonnement sont normalisées (19,35 cm2 et 1,27
mm/min respectivement).
Pour confectionner le moule, on utilise le poids volumique maximum sec et la teneur en eau
optimale obtenus à partir de l’essai de compactage Proctor.
Pour obtenir l’évolution du CBR en fonction du poids volumique sec, on fait varier l’énergie
de compactage (on utilise 3 moules compactés respectivement avec 10, 25 et 55 coups de
marteau)
Une fois le moule rempli de matériau compacté (avec sa plaque de base et les anneaux de
surcharge) et positionné sur la presse (le poinçon doit être centré dans l’ouverture des anneaux
de surcharge et en contact avec la surface supérieure du matériau), il suffira de lire les charges
appliquées sur le matériau à différents enfoncements (0,5 ; 1,0 ; 1,5 ; 2,0 ; 2,5 ; 3,0 ; 4,0 ; 5,0 ;
7,5 ).
On trace par la suite les courbes de poinçonnement (enfoncement en mm Vs Contrainte en
Kg/cm²) à partir desquelles on détermine les valeurs correspondantes à des enfoncements de
2,54 et 5,08 mm.
Le coefficient CBR est ainsi calculé :
- CBR à 2,54 mm d’enfoncement = 100* contrainte appliquée / 70,3
- CBR à 5,08 mm d’enfoncement = 100* contrainte appliquée / 105,1
Le coefficient CBR est le plus élevé de ces deux valeurs.

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Photo 2 : Moule et Presse CBR

VII.3 Essai de chargement à la plaque


Un essai de plaque est un essai de chargement effectué à la surface du sol à l’aide d’une
plaque rigide circulaire. L’essai consiste à mesurer l’enfoncement (la déflexion) de la plaque
sous l’application de charges statiques suivant un programme de chargement qui impose, soit
les charges, soit les enfoncements. L’essai Westergaard est l’essai de plaque le plus utilisé ;
il est décrit ci-après.
VII.3.1 Dispositif d’essai
L’essai est réalisé au moyen d’une plaque rigide circulaire de diamètre 76,2 cm (30 pouces).
Cette plaque est chargée à l’aide d’un vérin qui, généralement, prend réaction sur un véhicule
lesté (figure suivante). L’enfoncement de la plaque est mesuré par trois comparateurs
mécaniques qui sont reliés à une base fixe non influencée par les mouvements du sol autour
de la plaque lors de son chargement.
VII.3.2 Procédure d’essai

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La plaque est posée sur un sol aplani, si nécessaire après interposition d’une mince couche de
sable. Elle reçoit une première charge de 10 kPa (poids de la plaque inclus) que l’on maintient
jusqu’à stabilisation.
La plaque est ensuite chargée à 70 kPa et cette charge est maintenue jusqu’à la stabilisation du
tassement.
VII.3.3 Calcul du module de réaction
Par définition, le module de réaction, dit encore module de Westergaard, est le quotient :
¶P
K=
¶S
où la charge ¶P est égale à 60 kPa et ¶S est le déplacement moyen des comparateurs entre les
deux paliers de chargement.
Ce module de réaction s’exprime en kN/cm3. Il est utilisé essentiellement pour la réception
des remblais destinés à supporter des dallages (dalle sur sol, radier...).

Figure 3 : Essai de chargement à la plaque

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