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Chapitre 4 : Les Adjuvants du béton 1

Chapitre 4 : LES ADJUVANTS DU BETON

4.1. INTRODUCTION
L'évolution des connaissances du béton et les exigences nouvelles en matière de propriétés
ont incité les chercheurs et les utilisateurs à introduire dans les formulations de nouveaux
produits afin d'obtenir des propriétés singulières. Ainsi, on assiste à une explosion de la
gamme des bétons pour répondre aux demandes des industriels.
En 1964, est créée la Commission Permanente des Liants hydrauliques et des mortiers et
bétons (COPLA). Elle était chargée de l’agrément et du contrôle des adjuvants ayant une
efficacité et pouvant être employés en toute sécurité et d’en établir la liste officielle.
Un adjuvant pour béton est un produit incorporé au moment du malaxage du béton à une dose
inférieure ou égale à 5 % en masse de la teneur en ciment du béton, pour modifier les
propriétés du mélange à l’état frais et/ou durci. On cherche à agir sur le temps de prise, les
caractéristiques mécaniques et de mise en œuvre.
Les adjuvants sont surtout utilisés pour :
- diminuer le coût des constructions en béton ;
- obtenir certaines propriétés dans le béton de la façon la plus efficace (maniabilité) ;
- s’assurer de la qualité du béton durant le malaxage, le transport, la mise en place et le
mûrissement dans des mauvaises conditions de température ;
- régler certains problèmes urgents durant des opérations de bétonnage.
Ainsi, des publications scientifiques ont montré que pour augmenter la résistance en
compression d’un béton, il suffisait, entre autres, de diminuer autant que possible le rapport
eau/ciment du béton ; pour y arriver, on diminue la quantité d’eau de gâchage en utilisant de
fortes doses de fluidifiants. En effet, c’est grâce aux fluidifiants (maintenant appelés
superplastifiants) que l’on arrive à fabriquer des bétons à hautes performances qui peuvent
finalement contenir moins d’eau de gâchage qu’il n’en faut pour hydrater complètement les
grains de ciment.
Quel que soit l’adjuvant, les spécifications normatives visent d’abord à définir et à quantifier
sa fonction, c’est-à-dire la façon dont il modifie, dans le sens recherché, les propriétés du
béton, ensuite, à limiter les effets non recherchés sur les autres propriétés du béton.
La norme européenne, EN 934-2, fixe les prescriptions et les exigences pour les adjuvants
utilisés dans les bétons.

4.2. DEFINITIONS
On utilise en général trois mots pour décrire du béton frais : la maniabilité, la consistance et la
plasticité.
Le terme maniabilité traduit la facilité ou la difficulté de mise en place, de la consolidation et
de la finition du béton à l’intérieur des coffrages sans qu’il ne se produise de ségrégation
dangereuse.
Le terme consistance se rapporte au degré de mouillage du béton depuis son état le plus sec
jusqu’à son état le plus humide.
Le terme plasticité précise certains aspects de la consistance du béton. Un mélange n’ayant
aucune ou très peu de plasticité est difficile à mouler tandis qu’un mélange qui a une plasticité
moyenne ou bonne, se moule plus facilement.
L’essai d’affaissement permet de déterminer la consistance du béton pour des dosages en
ciment et en granulats donnés. L’affaissement donne une idée de la maniabilité.

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D. SOW, Cours de Matériaux.
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4.3. PLASTIFIANT/REDUCTEUR D’EAU


Adjuvant qui, sans modifier la consistance, permet de réduire la teneur en eau d’un béton
donné, ou qui, sans modifier la teneur en eau, en augmente l’affaissement/l’étalement, ou qui
produit les deux effets à la fois.
On obtient généralement une augmentation de la résistance avec les agents réducteurs d’eau si
dans un mélange donné on diminue le dosage en eau sans modifier le dosage en ciment et
l’affaissement.
Ces adjuvants peuvent avoir un rôle de lubrifiant. Les grains anhydres sont ainsi recouverts
d’une pellicule d’eau juste nécessaire pour réduire les forces de frottement et ce processus
permet une réduction de l’eau de gâchage sans inconvénient sur la maniabilité du béton.
Ils trouvent leur emploi dans l’industrie du béton manufacturé, qui exige des bétons fermes,
pouvant être démoulés rapidement, dans les grands travaux de génie civil nécessitant des
résistances élevées, ainsi que pour le bétonnage avec coffrages glissants.
Par rapport au témoin et à consistance égale, il permet d’avoir :
- une réduction du dosage en eau supérieure ou égale à 5 % ;
- une résistance à la compression à 7 et à 28 jours supérieure ou égale à 110 %.

4.4. SUPERPLASTIFIANT/HAUT REDUCTEUR D’EAU


Adjuvant qui, sans modifier la consistance, permet de réduire fortement la teneur en eau d’un
béton donné, ou qui, sans modifier la teneur en eau, en augmente considérablement
l’affaissement/l’étalement, ou qui produit les deux effets à la fois.
On peut utiliser un béton superplastifié de deux façons différentes :
- soit sous forme de béton fluide. C’est un béton qui a un rapport eau/ciment normal,
mais qui possède une telle fluidité qu’on peut le mettre en place en ne le vibrant
pratiquement pas ou très peu, sans qu’il ait ressuage ou ségrégation ;
- soit sous forme de béton à haute résistance. C’est un béton qui a un rapport eau/ciment
très faible et une maniabilité de l’ordre de celle que l’on utilise dans les bétons que
l’on met en place par vibration.
Par rapport au témoin et à consistance égale, il permet d’avoir :
- une réduction du dosage en eau supérieure ou égale à 12 % ;
- une résistance à la compression à 1 jour supérieure ou égale à 140 % ;
- une résistance à la compression à 28 jours supérieure ou égale à 115 %.
Par rapport au témoin et à rapport eau/ciment égal, il permet d’avoir :
- une augmentation de l’affaissement au cône d’Abrams supérieure ou égale à 120 mm à
partir d’une valeur initiale de 30 ± 10 mm ;
- une augmentation de l’étalement supérieure ou égale à 160 mm à partir d’une valeur
initiale de 350 ± 20 mm ;
- une résistance à la compression à 28 jours supérieure ou égale à 90 %.

4.5. RETENTEUR D’EAU


Adjuvant qui réduit la perte d’eau en diminuant le ressuage.
Le béton frais a tendance à se compacter légèrement et progressivement depuis le moment où
il est mis en place dans les coffrages jusqu'au début de prise ; une partie de son eau interne, en
quelque sorte essorée, remonte en surface : c’est le phénomène de ressuage qui entraîne des
déformations indésirables et même des fissures. La valeur du ressuage correspond à la
quantité d’eau totale remontant à la surface d’une éprouvette cylindrique de 25 cm de
diamètre et de 28 cm de haut.
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D. SOW, Cours de Matériaux.
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Par rapport au béton témoin et à consistance égale, il permet d’avoir :


- une quantité d’eau ressuée inférieure ou égale à 50 % ;
- une résistance à la compression à 28 jours supérieure ou égale à 80 %.

4.6. ENTRAINEUR D’AIR


Adjuvant qui permet d’incorporer pendant le malaxage, une quantité contrôlée de fines bulles
d’air uniformément réparties et qui subsistent après durcissement.
Un béton courant contient, en général, entre 1 et 2 % d’air occlus.
L’air entraîné améliore la durabilité des bétons exposés à l’humidité durant des cycles de gel
et de dégel. L’air entraîné améliore aussi grandement la résistance des surfaces de béton à
l’écaillage causé par les sels de déglaçage. L’air entraîné améliore enfin de façon significative
la maniabilité du béton frais et élimine pratiquement ou réduit tout au moins considérablement
les risques de ségrégation et de ressuage.
Par rapport au béton témoin et à consistance égale, il permet d’avoir :
- une quantité d’air entraîné (en plus de la quantité d’air occlus dans le béton témoin)
supérieure ou égale à 2,5 % ;
- une résistance à la compression à 28 jours supérieure ou égale à 75 %.

4.7. ACCELERATEUR DE PRISE


Adjuvant qui diminue le temps de début de transition du mélange, pour passer de l’état
plastique à l’état rigide.
Les accélérateurs de prise servent surtout à maintenir un temps de prise raisonnable par temps
froid ; mais ils réduisent aussi le temps de prise aux températures plus élevées, ce qui peut
être un avantage mais devient un inconvénient lorsque ce temps est insuffisant pour
transporter le béton et le mettre en place. C’est pourquoi la norme impose, d’un coté, une
réduction minimale du temps de prise à 5 °C mais impose, d’un autre côté, à 20 °C, un temps
de prise suffisamment long.
Par rapport au témoin et à consistance égale, il permet d’avoir :
- un temps de début de prise à 20 °C supérieure ou égale à 30 min ;
- une réduction du temps de début de prise à 5 °C inférieure ou égale à 60 % ;
- une résistance à la compression à 28 jours supérieure ou égale à 80 %.

4.8. ACCLERATEUR DE DURCISSEMENT


Adjuvant qui augmente la vitesse de développement des résistances initiales du béton, avec ou
sans modification du temps de prise.
Les accélérateurs de durcissement servent, d’une façon générale, à réduire les délais
d’exécution : décoffrage, manipulation des pièces, mise en précontrainte, chargement.
On peut aussi accélérer l’augmentation de résistance du béton en utilisant un ciment à haute
résistance initiale, en diminuant le rapport eau/ciment ou en augmentant le dosage en ciment,
ou en mûrissant le béton à haute température.
Une température élevée (30 à 32 °C ou plus) augmente la vitesse de durcissement du béton ce
qui peu rendre sa mis en place et sa finition difficile. Une des façons les plus pratiques pour
contrecarrer ces effets, consiste à réduire la température du béton en refroidissant l’eau de
gâchage ou les granulats.
Par rapport au témoin et à consistance égale, il permet d’avoir :
- une résistance à la compression à 24 heures et à 20 °C supérieure ou égale à 120 % ;
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D. SOW, Cours de Matériaux.
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- une résistance à la compression à 48 heures et à 5 °C supérieure ou égale à 130 % ;


- une résistance à la compression à 28 jours et à 20 °C supérieure ou égale à 90 %.

4.9. RETARDATEUR DE PRISE


Adjuvant qui augmente le temps de début de transition du mélange, pour passer de l’état
plastique à l’état rigide. Il retarde le début de prise et prolonge l’état plastique où le béton est
moulable.
On utilise quelquefois des retardateurs de prise pour compenser l’accélération de la prise du
béton par temps chaud, ou retarder la prise initiale du béton lorsque les conditions de mise en
place sont difficiles ou inhabituelles. Les retardateurs de prise servent aussi à ménager la
continuité des reprises de bétonnage. Ainsi, la performance demandée est une augmentation
significative du temps de début de prise conjuguée avec une augmentation limitée du temps
de fin de prise. La plupart des retardateurs de prise agissent aussi comme réducteurs d’eau et
entraînent quelquefois un peu d’air dans le béton.
Par rapport au témoin et à consistance égale, il permet d’avoir :
- une augmentation du temps de début de prise à 20 °C supérieure ou égale à +90 min ;
- une augmentation du temps de fin de prise à 20 °C inférieure ou égale à +360 min ;
- une résistance à la compression à 7 jours supérieure ou égale à 80 % ;
- une résistance à la compression à 28 jours supérieure ou égale à 90 %.

4.10. HYDROFUGE DE MASSE


Adjuvant qui réduit l’absorption capillaire du béton durci.
L’absorption capillaire est mesurée sur le mortier. Les prismes de mortier (4 x 4 x 16 cm),
démoulés à vingt-quatre heures, sont conservés pendant sept ou quatre-vingt-dix jours, dans
l’air à 20 ± 2 °C et 65 ± 5 % d’hygrométrie relative ; ensuite, ils sont placés verticalement,
leur base inférieure étant immergée sur une hauteur de 3 ± 1 mm. On pèse, par différence, la
masse de l’eau remontée par capillarité.
Par rapport au témoin et à consistance égale ou à rapport égal eau/ciment, il permet d’avoir :
- une absorption capillaire pendant 7 jours, après 7 jours de conservation inférieure ou
égale à 50 % en masse ;
- une absorption capillaire pendant 28 jours, après 90 jours de conservation inférieure
ou égale à 60 % en masse ;
- une résistance à la compression à 28 jours du béton supérieure ou égale à 85 %.

4.11. ADJUVANT MULTIFONCTION


Adjuvant qui affecte plusieurs propriétés d’un béton frais et/ou durci en assurant plus d’une
des fonctions principales définies de 4.3 à 4.10

N.B. : Pour étudier les effets des adjuvants en laboratoire, il faut savoir quelle proportion
d’extrait sec (c’est-à-dire d’adjuvant proprement dit) contient l’adjuvant du commerce. Pour
cela on procèdera conformément à la norme NF P 18-380 :
- pesée d’une masse m1 d’adjuvant dans un cristallisoir ( m1 = 10 g),
- mise du cristallisoir à l’étuve à 105 °C ± 3° C pendant 4 heures.

Soit m2 la masse d’adjuvant après refroidissement dans un dessiccateur.


m
Le pourcentage d’extrait sec est : extrait sec (%) = 100 2
m1
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D. SOW, Cours de Matériaux.
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4.12. CONCLUSION
Les adjuvants fournissent au formulateur de béton une gamme étendue, variée et nuancée de
possibilités pour faciliter la mise en œuvre des bétons, adapter leur fabrication au temps froid
ou au temps chaud, réduire les coûts de mise en œuvre.
Si un adjuvant entraîne, en même temps, de l’air, celui-ci diminue la résistance du béton.
Donc les performances sur les résistances par rapport au témoin implique un entraînement
d’air réduit.
Même si un adjuvant donne à un béton les propriétés recherchées, on peut souvent atteindre
les mêmes résultats à moindre frais en modifiant les proportions du mélange ou en choisissant
d’autres matériaux. Chaque fois qu’on le pourra, il faudra comparer le coût d’une
modification du mélange de base avec le coût additionnel de l’emploi d’un adjuvant.

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D. SOW, Cours de Matériaux.

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