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1 PARTIE
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&KDSLWUH
6WDELOLWpGXIURQWGHWDLOOH
7DEOHGHVPDWLqUHV
I Introduction............................................................................................................................... 29
V Conclusions................................................................................................................................ 46
, ,QWURGXFWLRQ
Lors du creusement d’un tunnel, la stabilité du front de taille est un élément clé en termes de
sécurité, une rupture pouvant mettre simultanément en danger le personnel travaillant dans le
tunnel ainsi que les personnes et les biens situés en surface. Il est donc primordial d’assurer un
état du front temporairement stable, tout en conservant des conditions et un coût d’exécution
acceptables. Il faut noter également que le sol à proximité du front, soumis à de très fortes
réductions de contrainte moyenne, est également le siège de déformations importantes. Celles
ci, même en l’absence de rupture, peuvent engendrer des niveaux de tassement élevés. Les
observations comme les calculs ont montré que le facteur de sécurité vis à vis du risque de
rupture est un indicateur pertinent vis à vis de l’amplitude des tassements engendrés. A ce
titre, nous présentons ici les diverses approches analytiques, numériques et expérimentales de
la stabilité du front, en considérant le cas des sols cohérents puis celui, plus complexe, des
sols frottants.
,, 3UREOqPHVGHVWDELOLWp
La stabilité devient le critère essentiel lorsque les mouvements de terrain n’ont pas de
conséquences inacceptables : c’est le cas par exemple des tunnels profonds ou des tunnels
construits en zone non urbanisée. Dans ce cas, on est amené à considérer la possibilité de
creusement avec ou sans renforcement du massif suivant que le front est stable ou non.
La quantification de la stabilité est assez simple lorsque le milieu à excaver est purement
cohérent, et devient relativement difficile à exprimer si le terrain a des propriétés de cohésion
et de frottement. Ceci nous amène à dégager deux situations distinctes :
• Les terrains argileux définis par une cohésion non drainée à court terme Cu.
• Les terrains granulaires caractérisés par une cohésion C’ et un angle de frottement ϕ’.
De nombreux auteurs se sont penchés sur l’étude de la stabilité du front de taille dans un
terrain tant du point de vue expérimental , analytique que numérique. Dans la plupart des cas,
les études ont été réalisées en considérant un tunnel circulaire de rayon R (Figure 1.1),
soutenu jusqu’au front de taille. Le chargement de la structure peut être défini par trois
paramètres : γ (poids du terrain environnant), σ S (surcharge) , et σ T (pression appliquée au
front de taille).
D’autres paramètres peuvent entrer en ligne de compte, comme une longueur de galerie non
soutenue à l’arrière du front de taille (notée P).
,,, 7HUUDLQVSXUHPHQWFRKpUHQWV
Dans ce cas, le sol est généralement caractérisé par le critère de TRESCA et il est donc
principalement régi par sa cohésion à court terme Cu.
Le facteur de charge est alors facilement déterminé et il peut être directement lié à un niveau
de déformation, étant donné qu’il n’y a qu’un paramètre définissant la rupture du sol.
La plupart des auteurs (Broms & Bennermark [1967], Atkinson & Potts [1977], Mair [1984],
Chambon [1990]) admettent alors que la stabilité du front est principalement gouvernée par le
facteur de charge défini par la relation :
σ S + γ H −σT
N= Équation 1.1 : Facteur de charge (terrain purement cohérent)
Cu
On peut donc ainsi avoir très simplement une idée de la déformation globale au sein du massif
selon la valeur du facteur de charge.
Broms & Bennermark [1967], Davis [1980] notent cependant que d’autres paramètres
adimensionnels peuvent également jouer un rôle dans l’appréciation de la stabilité du front.
On peut citer notamment la profondeur relative du tunnel définie par C/D, la stabilité locale
γD
du front de taille définie par le facteur , de même que la longueur relative de galerie non
Cu
soutenue en arrière du front définie par le rapport P/D.
,,, $SSURFKHVH[SpULPHQWDOHV
Divers auteurs ont mené des expériences de laboratoire afin de définir la limite de stabilité du
front dans les terrains cohérents.
Broms & Bennermark [1967] ont effectué des essais d’extrusion (Figure 1.2) sur de l’argile
dans une cellule triaxiale. Cette étude montre que la stabilité est maintenue aussi longtemps
σ −σT
que N = S ≤6−7.
Cu
Kimura & Mair [1981] ont réalisé des essais en centrifugeuse sur de l’argile reconsolidée et
ont obtenu une valeur de N comprise entre 5 et 10. Ils se sont également intéressés à
l’influence de la profondeur du creusement.
Figure 1.3 : Mécanisme d'extrusion (Travaux de Mair rapportés par Schofield [1980]).
La Figure 1.3 montre un exemple de mécanisme de rupture obtenu alors que la Figure 1.4
montre l’incidence de la profondeur relative de creusement C/D et de la longueur non
soutenue sur la limite de stabilité.
1ère Partie : Bibliographie - 31 -
Chapitre 1 : Stabilité du front de taille.
Schofield [1980] qui d’une part reprend les travaux de Mair sur centrifugeuse et Peck [1969]
qui d’autre part se base sur des observations in situ aboutissent à des conclusions voisines,
c’est à dire une valeur de N comprise entre 5 et 7.
Casarin et Mair [1981] ont effectué une étude sur modèle réduit en utilisant des matériaux
argileux. Ils mettent en évidence le fait que la longueur non soutenue à l’arrière du front est
un facteur non négligeable, qui modifie sensiblement le mécanisme d’extrusion. La Figure 1.5
exprime le rapport de l’extrusion maximale sur le diamètre en fonction du facteur de charge
pour différentes valeurs de profondeur et de longueur non revêtue.
Figure 1.5 : Influence de la longueur non soutenue d’après Casarin & Mair [1981].
Figure 1.6 : C/D = 1.2, P/D = 1.00 Figure 1.7 : C/D = 1.2, P/D = 0.1
Casarin & Mair [1981]. Casarin & Mair [1981].
Les mécanismes présentés à la Figure 1.6 et à la Figure 1.7, qui correspondent respectivement
à des facteurs de charge égaux à 82 % et 90 % du facteur de rupture, montrent l’accélération
des mouvements lorsque l’on s’approche de l’instabilité du front.
Plusieurs auteurs ont proposé des classifications qui permettent de corréler le facteur de
charge N et les niveaux de déformation du sol. Le Tableau 1.1 présente la classification de
Peck & Al [1972] pour les sols purement cohérents, qui est corroborée par Kirkland [1984],
ainsi que celle de Clough & Smith [1981] qui présente un plus grand nombre de classes.
,,, $SSURFKHVDQDO\WLTXHV
Ces travaux expérimentaux ont été complétés par des approches semi-empiriques et
théoriques qui, en simplifiant la complexité géométrique et en prenant en compte des
Pour l’évaluation de la stabilité du front de taille d’un tunnel, deux approches sont
principalement appliquées :
• l’analyse de type équilibre limite.
• le calcul à la rupture avec les approches statiques et cinématiques.
Les méthodes basées sur l’équilibre limite de blocs en glissement tiennent compte de la
résistance du terrain au niveau de la surface de rupture et imposent la détermination de la
surcharge imposée sur la face supérieure du bloc en glissement.
Une des propriétés de l’analyse limite repose sur le fait que le principe de normalité de Hill
est admis, c’est à dire que la vitesse de déformation doit être normale à la surface de charge.
Les sols et notamment les sables ne satisfont pas en général à ce principe, ce qui rend la
méthode peu rigoureuse.
Les deux approches du calcul à la rupture permettent d’encadrer le domaine des chargement
potentiellement supportables, en accord avec les conditions d’équilibre et de résistance du
massif. La première de ces méthodes, dite statique ou « par l’intérieur », consiste à définir un
champ de contraintes compatible avec ces conditions. La seconde, dite cinématique ou « par
l’extérieur », est basée sur des mécanismes de rupture virtuels. Ces approches sont
rigoureuses et permettent un encadrement de la solution.
Le principe de cette méthode, illustré à la Figure 1.8, consiste à faire l’équilibre du bloc à
l’avant du front de taille.
Comme nous l’avons déjà précisé, une des difficultés de l’utilisation des analyses en équilibre
limite provient de la détermination de la surcharge à appliquer au bloc supérieur en
glissement.
Les méthodes existantes permettent l’estimation de q, contrainte verticale supérieure
s’exerçant sur le bloc en glissement, mais cette évaluation est sujette à caution. Si on se place
à faible profondeur, on peut utiliser la pression géostatique totale ou, si on considère qu’un
effet de voûte peut s’exercer latéralement, on aura recours à la formule de Terzaghi (Terzhagi
[1943]), de Protodyakonov (Terzhagi [1943]) ou de Bierbaumer (Széchy [1966]).
En utilisant une méthode d’équilibre limite Ellstein [1986] aboutit à une expression du facteur
de sécurité dans des sols cohérents homogènes et il obtient une bonne concordance avec les
résultats de Mair [1981] sur des argiles en centrifugeuse.
Davis & Al [1980] ont travaillé sur un mécanisme cinématique d’effondrement constitué de
deux blocs cylindriques, de sections elliptiques, animés de mouvements de translation.
Figure 1.9 : Mécanisme de rupture avec blocs cylindriques d’après Davis [1980].
σ S −σT C 1
=4 + Équation 1.2 : Facteur de charge (Davis [1980]).
Cu D 4
Davis & al. [1980] ont également proposé deux schémas tridimensionnels basés sur une
approche statique (Figure 1.10) qui font l’hypothèse que le milieu est non pesant. Ils
aboutissent à des valeurs explicites des bornes suivant que la contrainte principale majeure est
C
normale ou tangentielle, qui valent respectivement N = 2 + 2 ln 2 + 1 et,
D
C
N = 4 ln 2 + 1 .
D
On constate que la borne supérieure (Figure 1.11) augmente rapidement avec la profondeur
(N = 9,2 pour C/D = 5). Cette limite supérieure s’éloigne donc des observations citées dans la
partie III.1. Davis & al [1980] ont également vérifié que la pression de stabilisation pour un
tunnel circulaire est inférieure à celle qui doit être appliquée dans une configuration
longitudinale.
γ D
Pour les sols cohérents ils aboutissent à la formule suivante : N = 2 − .
2 Cu
,,, 0pWKRGHVQXPpULTXHV
Romo & Diaz [1981] ont étudié la stabilité du front de taille d’un tunnel creusé par un
bouclier pressurisé en utilisant la méthode des éléments finis dans une représentation
bidimensionnelle plane. Les auteurs présentent leurs résultats (Figure 1.13) en termes de
surfaces de rupture critiques et de facteur de sécurité le long de ces surfaces (rapport entre la
résistance de cisaillement du sol et la contrainte de cisaillement maximale). Pour une
profondeur et un facteur de charge donné le tracé des isovaleurs du facteur de sécurité fait
apparaître en zone hachurée les surfaces critiques pour lesquelles le facteur de sécurité est
inférieur à 1. Les auteurs observent la concentration de la surface critique devant le front de
taille et une augmentation de ces surfaces avec le facteur de charge.
La Figure 1.14 présente une relation indépendante de C/D, qui précise la diminution du
facteur de sécurité Fs lorsque le facteur de charge N augmente. Pour N ≤ 2, le facteur de
sécurité reste supérieur à 1.5, mais ensuite la stabilité du front diminue lentement jusqu’à ce
que la rupture soit atteinte pour un facteur de charge voisin de 6,5.
Figure 1.14 : Relation entre facteur de charge et, facteur de sécurité (Romo & Diaz [1981]).
Plus récemment, Eisenstein & Samarasekera [1990] ont proposé une nouvelle approche pour
étudier la stabilité globale d’un tunnel peu profond creusé dans de l’argile, qui combine les
éléments finis au calcul à la rupture. Les mécanismes de rupture de Davis & al [1980] sont
utilisés et la méthode des éléments finis permet une distribution des contraintes et des
pressions interstitielles plus réaliste et plus précise.
,9 7HUUDLQVIURWWDQWV
Le critère de rupture purement cohérent représente la stabilité des sols argileux à court terme.
Le cas plus complexe des terrains cohérents frottants est moins traité dans la bibliographie.
Les matériaux obéissant au critère de Coulomb sont caractérisés par un angle de frottement ϕ
et une cohésion C. Les études sont réalisées dans le cadre de la configuration de la Figure 1.1.
Dans ce cas, la stabilité du front de taille dépend de la présence de chargements hydrauliques
dans le massif et d’autres paramètres tels que l’angle de frottement du terrain et des rapports
γ D σD σS C P
adimensionnels , , , et , avec σ C résistance en compression simple du
σC σC σC D D
massif.
,9 $SSURFKHVH[SpULPHQWDOHV
Des résultats analogues à ceux présentés pour les argiles ont été obtenus par Chambon [1990]
et Chambon & Corté [1994]. Ces travaux réalisés en centrifugeuse sur des matériaux
granulaires ont notamment permis de visualiser la forme de la zone en rupture (Figure 1.15) et
d’obtenir la courbe pression appliquée – déplacement du front de taille. Ces deux auteurs
caractérisent le comportement du front en termes de pression critique (Pc) et de pression à la
rupture (Pr).
Pc
Pr
Ces essais montrent que les pressions Pr et Pc (Figure 1.16) augmentent avec le diamètre du
tunnel. Les auteurs en déduisent que le processus qui mène à l’effondrement d’un tunnel peut
être décomposée en quatre étapes.
Dans le cas d’un sable sec ils ont noté qu’une pression hydrostatique minime (10 kPa) est
suffisante à la stabilisation du front (Figure 1.17), même si le front n’est pas capable de
s’auto-stabiliser. La pression à la rupture semble également peu affectée par la profondeur du
tunnel (Figure 1.18) et par la densité du matériau granulaire environnant. Les mécanismes
observés montrent que la déformation est localisée dans un volume de sol qui a la forme d’un
bulbe dont le déplacement est celui d’un corps rigide lors du mouvement d’effondrement et,
de hauteur 2D (Figure 1.18).
D’autre part, l’augmentation de la longueur de tunnel non-soutenue (Figure 1.19) peut être la
principale cause de l’effondrement d’un tunnel. Des résultats semblables ont déjà fait l’objet
de publications antérieures (Schofield [1980], Kimura & Mair [1981]).
,9 $SSURFKHVDQDO\WLTXHV
Murayama (cité par Pera [1984]) propose une approche bidimensionnelle souvent utilisée par
sa simplicité. Cette méthode est basée sur un équilibre limite associé à une surface de rupture
de type spirale logarithmique (Figure 1.20) et admet un schéma de charge de type Terzaghi.
Cornejo [1989] utilise une démarche semblable pour les sols cohérents et granulaires, avec un
nombre de paramètres plus nombreux. La complexité de la formule résultante et de la
détermination des paramètres en font une méthode difficile à utiliser.
Les méthodes basées sur l’équilibre limite ont l’avantage d’être simples à appliquer mais
nécessitent des hypothèses simplificatrices sur la surcharge de rupture du bloc en glissement
L’étude de la stabilité du front par l’approche cinématique pour les milieux frottants, plus
délicate, a été développée essentiellement par Leca [1990]. Cet auteur a étudié par l’analyse
limite trois mécanismes tridimensionnels débouchant en surface (Figure 1.22).
L’examen des trois mécanismes basés sur le mouvement rigide de blocs coniques permet
d’aboutir à une approche par l’extérieur des conditions de stabilité. Les résultats obtenus par
l’intermédiaire de ces mécanismes sont également applicables aux sols purement cohérents et
ceux du deuxième mécanisme sont comparés aux résultats d’essais en centrifugeuse obtenus
par Chambon [1989] (Tableau 1.2).
C C
Avec α S = f , ϕ ' et α γ = f , ϕ '
D D
Le Tableau 1.2 montre qu’à faible profondeur (C/D = 1 et, γ = 15,3 kN/m3) Leca & Dormieux
[1990] n’ont pas permis de réduire l’écart existant entre le majorant et l’expérimental. Dans
les autres cas de figure, les résultats obtenus avec la théorie et, l’expérimental sont en bonne
concordance.
Ces travaux ont été repris par Chambon & Corté [1990] qui utilisent dans une configuration
bidimensionnelle des mécanismes de rupture composés d’une ou deux spirales logarithmiques
(mécanisme 2D de la Figure 1.23). Les résultats sont comparés à ceux de Leca [1990]
(mécanisme 3D) et aux résultats expérimentaux. L’approche 2D surestime la pression à
appliquer au front, car cette technique sous-estime la capacité du sol à reprendre les efforts
par effet de voûte.
Figure 1.23 : Comparaison entre divers mécanismes de rupture d’après Chambon & Corté [1994].
Du point de vue des approches statiques Leca & Panet [1988] parviennent à une expression
simple en utilisant le mécanisme de rupture présenté partie (a) de la Figure 1.10 (cylindrique).
(K p − 1) σ S + σ C C
= K p 2 + 1
K p −1
(K p − 1) σ T + σ C D
Équation 1.4 : Approche statique (Leca & Panet [1988]).
2 c cos ϕ 1 + sin ϕ
Avec σ C = et K p =
1 − sin ϕ 1 − sin ϕ
Pour la partie (b) (sphérique), les auteurs améliorent les résultats de Mülhaus [1985] et
proposent la formule suivante :
(K p − 1) σ S + σ C C
= 2 + 1
(
2 K p −1 )
Équation 1.5 : Approche statique en configuration
(K p − 1) σ T + σ C D sphérique (Leca & Panet [1988]).
Pour un sol pesant, le prolongement des travaux de Davis & Al. [1980] conduit, dans le cas de
la Figure 1.12 et pour les sols frottants, à l’équation suivante :
σT σ σ C
− Kp S = C + Kp Équation 1.6 : Approche statique (Leca [1990]).
γD γD γD D
,9 0pWKRGHVQXPpULTXHV
Eisenstein & Ezzeldine [1994] ont mené une étude numérique afin d’étudier la stabilité du
front de taille d’un tunnel creusé à l’aide d’un bouclier pressurisé à l’aide de deux modèles :
axisymétrique et tridimensionnel. Les auteurs ont considéré l’excavation d’un tunnel
circulaire dans des sols différents (pulvérulents et, cohérents). La cavité est complètement
revêtue par un soutènement rigide et le front est soumis à une pression équivalente à la
pression initiale des terres. Graduellement, la pression au front est réduite ce qui crée un
déplacement longitudinal qui augmente jusqu’à l’instabilité du front de taille.
Figure 1.24 : Evolution de δx en fonction du rapport de pression au front (Eisenstein & Ezzeldine [1994]).
Dans le cas d’un sol cohérent, le déplacement maximum δx a lieu dans le tiers inférieur du
front alors qu’il a lieu au centre du tunnel dans le cas d’un sol purement frottant. La Figure
1.24 présente la relation obtenue entre la réduction de pression et le déplacement du front
dans le cas d’un matériau frottant.
Ces résultats montrent que l’approche axisymétrique (avec l’hypothèse d’une pression initiale
du sol hydrostatique) apparaît peu sécuritaire en sous estimant les mouvements du front et la
pression nécessaire à la stabilisation.
,9 $XWUHVDSSURFKHV
Une autre approche existante basée sur un combinaison de considérations d’analyse limite et
d’analyse variationnelle, développée par Mokham & Wong [1989] et Ciblac [1996], est plus
rigoureuse que la méthode précédemment citée. Nous allons en rappeler les principales
étapes. Dans un premier temps on opère à une simplification du problème tridimensionnel en
revenant à la stabilité d’un talus soumis à une charge verticale Pz et à une pressurisation du
front Pa+Pb (air+boue), Pz étant calculée par la formule de Yamazaki (Figure 1.25). Par la
suite on est amené à introduire une surface potentielle de rupture (Figure 1.26) qui va
permettre de définir un coefficient de sécurité. En le minimisant, on aboutit à une surface
potentielle solution et donc au facteur de sécurité.
Quelques auteurs Salençon [1969], Egger [1985] et Descoeudres [1979] se sont également
intéressés aux champs de déplacements et de contraintes au front de taille en travaillant sur
une géométrie sphérique. Cette simplification géométrique s’avère néanmoins être plus stable
que le cas d’un tunnel circulaire comme l’a montré Davis & Al. [1980].
Les différentes approches présentées montrent l’influence de la prise en compte de la
géométrie tridimensionnelle de l’étude et son impact sur les prévisions de stabilité.
Malgré toutes les approches dont nous disposons, on ne met pas en évidence un facteur de
charge simple rattaché au niveau de déformation du terrain. On n’a donc pas dans le cas des
terrains frottants un paramètre simple nous permettant d’avoir une idée de la déformation.
9 &RQFOXVLRQV
Dans le cas des sols cohérents, les études théoriques comme les observations expérimentales
montrent que le niveau de stabilité à court terme du front de taille peut être apprécié
essentiellement par le facteur de charge. Celui ci prend en compte la contrainte verticale au
niveau de l’axe du tunnel, la pression appliquée au front comme la résistance au cisaillement
non drainée. D’autres facteurs tels que la profondeur relative du tunnel et la longueur de
galerie non soutenue ont également une incidence non négligeable. Enfin, les observations et
calculs ont montré que le niveau de déformation au front est lié à la valeur du facteur de
charge.
Le cas des sols frottants est plus complexe : le paramétrage de la résistance du sol par deux
facteurs ϕ et c ne permet plus de définir le niveau de stabilité par un seul facteur. Il faut avoir
alors recours aux approches numériques ou aux calculs à la rupture de type analyse limite
dont les résultats peuvent s’exprimer sous forme d’abaques.