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I Introduction. .......................................................................................................................................... 80
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Le creusement des tunnels dans les sols meubles a fortement progressé avec le développement
des boucliers pressurisés qui assurent simultanément la stabilité provisoire du front et de
l’excavation, puis la mise en place du revêtement définitif, tout en maintenant les
mouvements du sol dans des limites acceptables.
Ces techniques se révèlent souvent inadaptées ou coûteuses dans les sols durs ou les roches
tendres, alors que l’excavation et le sol ne sont pas stables. L’utilisation des techniques de
creusement traditionnelles doit alors être complétée par des mesures visant à confiner le front
et mettre en place le plus rapidement possible le soutènement. Ceci peut être réalisé, au moins
partiellement, par la technique du présoutènement qui consiste à mettre en place en avant du
front, un soutènement périphérique, soit à l’aide de renforcements formant une voûte
parapluie, soit par une prévoûte obtenue en sciant une saignée périphérique remplie au fur et à
mesure de béton projeté.
Le présoutènement pouvant être insuffisant soit pour assurer la stabilité du front, soit pour
maintenir les tassements à un niveau acceptable, il peut être associé à des techniques de
renforcement du massif en avant du front par clouage. Créant un noyau de sol renforcé ayant
des caractéristiques de résistance et de raideur supérieures au terrain en place, on peut ainsi
assurer la stabilité mais également limiter les pertes de sol liées à l’extrusion du front.
Après avoir décrit dans ce chapitre la technique du boulonnage et son application aux tunnels,
on présente les différentes approches existantes pour dimensionner le renforcement par clous
et évaluer son impact sur la stabilité du front et la limitation des tassements.
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,, &RQFHSWVJpQpUDX[GXSUpFRQILQHPHQWHWGHUHQIRUFHPHQWGXQR\DX
Le creusement d’un tunnel impose de limiter les déformations du massif afin de ne pas créer
de tassements en surface préjudiciables pour les structures existantes mais, également de ne
pas conduire à une modification trop importante de l’état de contraintes et de déplacements du
massif avant creusement. Lors de creusements de tunnels où la méthode du front pressurisé ne
peut être appliquée (raisons économiques ou géotechniques), il est nécessaire de maintenir le
front dans un état stable.
Figure 3.1 : Perturbation dans le terrain engendrée par l’avancement du front (Lunardi [1998]).
Selon Lunardi [1998] l’extension de cette zone est délimitée par un rayon d’influence R f en
avant du front de taille et par Rc en arrière du front. En première approximation, ils peuvent
être assimilés au rayon de plastification Rp (si celle ci a lieu). A l’intérieur du volume délimité
par Rp, les caractéristiques de résistance et de déformation diminuent jusqu’aux valeurs
résiduelles et cette chute peut être accompagnée d’un phénomène de foisonnement (ou
dilatance) selon le champ de contraintes initial et le type de terrain rencontré.
Comme nous l’avons précisé dans la 1ère Partie (Chapitre 2), si l’état de contraintes dans
lequel se situe le massif environnant est élasto plastique, il s’avère nécessaire de mettre en
œuvre un ou plusieurs renforcements permettant de limiter les déformations élasto plastiques
et de créer artificiellement l’effet de voûte pour garantir la sécurité de l’ouvrage à court et à
long terme.
Kastner [1962] fut le premier à mettre en évidence à l’aide de calculs numériques
axisymétriques qu’une pression radiale de confinement exercée à l’intérieur de la cavité
permettait de contrôler le phénomène de plastification du terrain.
Le projeteur doit être capable de réduire Rp lorsqu’il doit faire face à des états de déformation
importants et ne peut dans la plupart des cas se limiter à des interventions de simple
confinement de la cavité ou du front. Il se voit donc contraint à effectuer des actions afin de
contrôler le phénomène de plastification et les déformations à l’endroit où elles se produisent.
Lunardi [1998] distingue dès lors deux types d’interventions :
• les actions de confinement dans la mesure où les instabilités sont provoquées par des états
de contraintes moyens ou faibles.
• les actions de préconfinement lorsque l’état de contrainte élevé rend les actions de
confinement vaines.
Il précise qu’il est nécessaire de maîtriser les phénomènes de déformation dès leur
développement en avant du front de taille et définit les termes suivants :
• le noyau d’avancement qui constitue le volume de terrain se situant en avant du front, ses
dimensions transversales et longitudinales sont de l’ordre du diamètre.
• l’extrusion qui est la composante principale du déplacement qui se manifeste au niveau de la
surface délimitée par le front de taille longitudinalement à l’axe du tunnel.
• la préconvergence de la cavité qui correspond à la courbe de convergence en avant du front
de taille.
Dans la méthode ADECO-RS Lunardi [1997, 1998] suggère ainsi l’utilisation du noyau de
front comme instrument de stabilisation des déformations en améliorant sa rigidité. Il insiste
sur l’importance du comportement du noyau d’avancement en fonction du phénomène de
plastification et de la réponse en déformations. Lunardi [1993] effectue un classement des
différentes technologies de « prérenforcement » existantes suivant leurs effets sur le front :
• les méthodes directes consistant à mettre un soutènement permettant de protéger le contour
du noyau (jet-grouting, prédécoupage mécanique, arc cellulaire)
• les méthodes indirectes consistant à préconsolider le noyau par des inclusions (clouage ou,
drainage)
• les méthodes mixtes agissant sur le noyau et le contour en même temps.
Il présente également les opérations de confinement et précise que les actions de confinement
et de préconfinement sont complémentaires, la continuité des rigidités de soutènements mis en
place en avant et en arrière du front devant être la plus uniforme possible afin de ne pas perdre
l’avantage obtenu en renforçant le noyau.
Dans le cadre de cette étude, nous nous limitons aux méthodes indirectes et plus précisément
au renforcement des tunnels par boulonnage.
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Le clouage des sols et des roches est une technique pratique et économique (Schlosser [1997])
pour le renforcement des sols et des roches en place. Le principe qui consiste à renforcer le
terrain autour d’une excavation souterraine à l’aide de barres beaucoup plus raides que le
massif environnant est très ancien mais l’origine du clouage peut être trouvée aux Etats Unis
comme technique de soutènement dans les mines dès 1947 (emploi de boulons à ancrage
ponctuel). L’usage de boulons à scellement réparti selon « la méthode autrichienne » dans les
terrains rocheux quant à lui date des années 60.
Figure 3.5 : Boulons à ancrage ponctuel (Greuell Figure 3.6 : Méthode autrichienne (Schlosser
[1993]). [1997]).
Le clouage du front de taille des tunnels dans les sols indurés et les roches tendres est une
technique beaucoup plus récente, développée seulement depuis la fin des années 80 (Lunardi
[1993]). La pratique du boulonnage s’est notamment étendue par l’intermédiaire de la
mécanisation qui permet avec une seule machine d’assurer les opérations de forage et de mise
en place des boulons. Un autre des avantages majeur de cette technique est le fait qu’elle
permette d’adapter simplement et rapidement la densité de boulons en fonction du type de
terrain rencontré localement.
Le boulonnage du front de taille en terrain meuble a été appliqué pour la première fois en
1988 en Italie (Tableau 3.1) sur une surface de front de l’ordre de 60 m2. Les bons résultats
obtenus sur les convergences et la sécurité ont contribué à étendre la technologie à des tunnels
de section plus importante et présentant des instabilités éventuelles du front de taille (115 m2
pour le tunnel de « San Vitale »). Nous allons maintenant nous intéresser à la pratique de cette
méthode.
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,,, /DWHFKQLTXHGHERXORQQDJH
Cette étude vise particulièrement le préconfinement du noyau par des tubes en matériau
composite de fibres de verre et de résine de polyester, plus généralement nommées « boulons
en fibre de verre ». Ces inclusions sont continûment scellées dans des forages sub-horizontaux
de grande longueur parallèles à l’axe du tunnel (entre 10 et 25 mètres). Du point de vue
mécanique, elles présentent une forte résistance à la traction mais peuvent être facilement
détruites lors du terrassement de la phase suivante. En effet ce matériau se révèle être
fortement anisotrope (résistance au cisaillement six moins moindre que la résistance à la
traction) et relativement déformable.
Leurs propriétés mécaniques relevées sur quelques exemples sont résumées dans le Tableau
3.2.
Caractéristiques Valeurs
San-Vitale, Italie Madrid, France, Toulon Valeurs
(1995) Espagne (1995) moyennes
Diamètre externe (en mm) 40 à 60 46 à 60 60 30 à 60
Diamètre interne (en mm) 10 à 40 34 à 40 40 10 à 50
3
Poids spécifique (en kg/m ) 1700 1,7
Module d'élasticité (en GPa) 19 30 20 20 à 30
Résistance à la traction (en
600 550 500 500 à 600
MPa)
Allongement à la rupture 2% 1,5% 1à2%
Résistance à la flexion (en
500 400 à 500
MPa)
Résistance au cisaillement
95 30 30 à 100
(en MPa)
Tableau 3.2 : Caractéristiques mécaniques des boulons en fibre de verre [LCPC, 1997].
,,, 0RGHVGHIRQFWLRQQHPHQW
Adachi [1991] a étudié l’influence du boulonnage radial sur la stabilité du tunnel dans un
massif de sol sableux en simulant le boulonnage par des feuilles de papier. Il observe que les
boulons ne jouent un rôle que s’ils sont placés avec une longueur suffisante à l’extérieur des
zones plastiques dans le massif encaissant.
Al Hallak [1999] a réalisé des essais en centrifugeuse sur un modèle physique de tunnel
creusé à faible profondeur et renforcé par des inclusions longitudinales. Les mécanismes de
rupture sont en bon accord avec ceux obtenus par Chambon [1990] et Skiker [1995]. Les
essais ont montré que l’effet du boulonnage était une réduction de la pression limite de
soutènement, des déplacements du front ainsi que des tassements en surface. De plus les
boulons limitent les étendues horizontale et verticale des zones de rupture en avant du front.
L’étude de la stabilité d’un massif renforcé sur un modèle réduit aboutit aux mêmes
conclusions sur la limitation de la zone en rupture (Egger [1999]).
unreinforced
60 bolts
C/D = 1
40 cm
Les différentes analyses de Egger [1978] Hoek [1980], Panet [1976] conduisent à appréhender
l’apport des boulons comme un renforcement interne du massif qui augmente les capacités de
résistance du massif et diminue sa déformabilité.
Wullschläger & Natau [1987] proposent une procédure afin de déterminer les apports de
résistance et de raideur apportés par le boulonnage. Ils adoptent une démarche qui consiste à
remplacer le sol renforcé par boulonnage par un matériau équivalent (Figure 3.11) et à en
déterminer ses caractéristiques expérimentalement.
Les essais réalisés ont permis de définir les principales caractéristiques du matériau
équivalent, les courbes issues de ces essais sont présentées à la Figure 3.11. Les principaux
résultats sont les suivants :
• la résistance du sol boulonné est plus forte
• la déformation au seuil de cisaillement est plus importante
• le module d’élasticité dans la direction de chargement est peu influencé par la présence du
renforcement placé perpendiculairement à celle ci.
• le module dans la direction des boulons croit linéairement avec la proportion d’acier.
• le renforcement n’a aucune influence sur l’angle de frottement interne du sol puisque les
plans de rupture gardent la même orientation que le sol soit renforcé ou pas.
• le supplément de cohésion apporté par les boulons est fonction de la proportion d’acier dans
le sol.
Le modèle de sol renforcé proposé par Wullschläger & Natau [1987] diffère donc de celui du
sol isotrope seul par une augmentation de la cohésion et de la raideur dans la direction des
boulons.
Vidal [1969] a obtenu le même type de résultats en travaillant sur un milieu granulaire
constitué de particules sans cohésion. En introduisant dans le massif des éléments rectilignes
de renforcement, on note l’apparition d’une cohésion due au frottement sol/inclusion.
Par ailleurs des essais de cisaillement sur des massifs de sols renforcés par des barres
verticales ou inclinés in situ dans le cadre du Projet National CLOUTERRE [1991] ont
montré que le sol renforcé présente un angle de frottement interne ϕ* plus faible que celui du
sol vierge et une cohésion apparente c* due à la présence des renforcements.
Les essais d’arrachement sont effectués afin de tester la capacité du scellement. Ils permettent
également, lorsque les boulons sont équipés de jauges de déformation, de déterminer la loi de
comportement de l’interface sol/inclusion. Ces éléments sont développés au chapitre 8.
Greuell [1993] récapitule les différents comportements de l’ancrage suivant diverses natures
de massif.
Pour une roche à forte résistance en compression (longueur de scellement supérieure à 0,5 m)
deux types de comportement sont présentés suivant la surface de l’inclusion (Revue de la
société de l’industrie minérale, [1992]) :
Pour une roche plus tendre (dolomite), on observe une rupture de l’ancrage.
Les travaux expérimentaux et théoriques de Farmer [1975] ont permis d’obtenir des
connaissances suppémentaires sur la répartition des contraintes le long du boulon et son mode
de fonctionnement lors d’un essai d’arrachement.
Des barres instrumentées ont été scellées dans du calcaire et une comparaison entre les
résultats expérimentaux (cisaillement le long du boulon) et la théorie est effectuée. Les
courbes en pointillés correspondant à la modélisation qui repose sur les hypothèses suivantes :
• comportement élastique du boulon et, du scellement
• module d’élasticité de la roche nettement supérieur à celui du scellement.
La Figure 3.13 montre que la théorie et l’expérience sont proches pour de faibles tractions (20
kN). Pour les fortes valeurs de traction, on note expérimentalement un palier en paroi. Il y a
une amorce de descellement et c'est donc le frottement résine/calcaire qui est mesuré. Les
différences avec la simulation proviennent du fait que les hypothèses de départ ne tiennent pas
compte de ce type de comportement.
Hyett [1992] décrit le phénomène de détérioration du coulis au fur et à mesure de l’essai
d’extraction. Il réalise des essais d’arrachement sur des inclusions en acier dans un massif
rocheux et met en évidence la fissuration du coulis de ciment.
Les données expérimentales sur chantier sont rares mais, elles seules permettent d’examiner le
fonctionnement réel des inclusions avec le phasage de mise en œuvre, l’état de déformations
du noyau et la liaison sol/boulon (les propriétés du scellement conditionnent le transfert de
charge).
Figure 3.16 : Mesures réalisées sur un renforcement par boulons associé à du béton projeté
(Freeman [1978]).
Figure 3.17 : Mesures réalisées sur un renforcement uniquement par boulonnage (Freeman
[1978]).
Freeman [1978] présente les résultats de mesures effectuées sur une galerie renforcée
radialement du « Kielder experimental tunnel » et propose une analyse du comportement d’un
boulon à scellement réparti.
Les boulons sont disposés perpendiculairement à la paroi et instrumentés par des jauges de
déformation.
Dans le cas où le renforcement par boulonnage est associé à du béton projeté (Figure 3.16), on
remarque une stabilisation des mouvements du massif (les courbes à 1,5 et 98 jours sont
quasiment superposées).
En observant les courbes de chargement du boulon et de répartition du cisaillement sur la
même figure, Freeman [1978] distingue deux zones sur la longueur du boulon. La frontière
entre ces deux zones se situe au point où le cisaillement change de signe et constitue
également le point où la force est maximale dans l’inclusion (Figure 3.16).
L’interprétation de Freeman [1978] est la suivante : la partie gauche est la zone d’ancrage où
le terrain retient le boulon (40 % de la longueur totale), à droite le massif en extrusion a
tendance à expulser la barre. Cette interprétation a conduit à la proposition d’un modèle de
comportement du boulon (Figure 3.18) basé sur le fait qu’un point proche de la paroi se
déplace plus qu’un point à l’intérieur du massif et que le boulon a tendance à s’opposer à cette
distribution de déplacements ce qui va induire un nouvel état d’équilibre.
Figure 3.18 : Comportement des boulons et prévision sur la répartition des contraintes (Freeman [1978]).
Dans le cas où le renforcement de la galerie n’est assuré que par du boulonnage (Figure 3.17),
on remarque que les mouvements ne se stabilisent pas et que la force dans les boulons est très
faible au voisinage de la paroi. Il semble qu’un descellement ait eu lieu entre la résine et la
roche.
En comparant les deux cas avec ou sans béton projeté, Stille [1989] suggère que le béton
projeté permet aux boulons de travailler dans de meilleures conditions. En effet la roche après
creusement présente souvent une surface très irrégulière et, les boulons installés après la
projection d’une couche de béton projeté jouent pleinement leur rôle en assurant un bon
contact entre la plaque et la paroi. La valeur de la traction en paroi est en effet plus forte dans
le cas du soutènement mixte béton projeté et boulon.
Lunardi [1992] a quant à lui également effectué une expérimentation sur quatre des boulons
de front du tunnel « Poggio Orlandi » de la ligne TGV Rome/Florence.
Les données expérimentales présentées à la Figure 3.19 sur le boulon placé au centre du front
montrent que les déformations dans le noyau à l’avant du front sont quasi stationnaires. On
retrouve en effet la même allure de déplacements entre le cas (Curve 1) et (Curve 2),
l’amplitude plus importante dans le deuxième cas s’explique par le fait que la mesure (Curve
1) ne corresponde pas au mouvement total mais seulement des effets différés.
Sur la Figure 3.20 qui présente les déformations dans les boulons on note une modification du
chargement des boulons, à chaque avancement de l’excavation,. A l’approche du front, il
semble que le transfert de charge soit saturé en tête de boulon (glissement entre le sol et le
boulon) et la traction dans les inclusions diminue. Le boulon se charge ensuite
progressivement jusqu’au maximum. Au delà, on est dans la zone d’ancrage avec une
diminution progressive de l’effort dans le boulon. La sollicitation dans le boulonnage est donc
complexe, non monotone et dépend fortement de la qualité du scellement sol/boulon.
,9 'LPHQVLRQQHPHQWGXERXORQQDJHGHVWXQQHOV
,9 $SSURFKHVGHW\SH´FDOFXOjODUXSWXUHµ
que les mouvements au front formaient un cône d’extrusion, ce qui avait déjà été confirmé
expérimentalement par Broms & Bennemark [1967]. Il en déduit que l’étude à partir de
l’analyse limite est trop simple pour permettre un dimensionnement convenable de l’ouvrage.
,9 &DOFXODQDO\WLTXHHQGpIRUPDWLRQ
Labiouse [1994] adopte la méthode convergence confinement pour les boulons à ancrage
ponctuel.
Pelizza [1994] a étudié par la méthode convergence confinement le renforcement radial dans
un massif rocheux et a constaté que l’influence du renforcement était importante dans la phase
plastique des déformations et donc dans la partie de sol située entre la galerie et le rayon
plastique. Il obtient une bonne concordance avec les résultats expérimentaux de Indraratna
[1988].
Oreste [1996] propose un modèle pour le boulonnage radial tenant compte du comportement
des inclusions et de la roche et, étend le champ d’application aux boulons à plaque d’ancrage.
Les résultats de ces calculs sont comparés à une méthode numérique en différences finies
bidimensionnelle (les inclusions sont modélisées individuellement) et aux résultats
expérimentaux du « Kielder tunnel » obtenus par Ward [1981] et Freeman [1978], les trois
approches étant en bonne concordance.
Cependant les approches bidimensionnelles supposent que l’on ne puisse déterminer une
valeur du taux de déconfinement, paramètre du passage 3D à 2D et devant tenir compte du
phasage des travaux (avancement, pose du revêtement etc…) et de comportement du sol. Ce
paramètre est généralement difficile à quantifier à priori.
Greuell [1993] cherche à simplifier le boulonnage sans altérer la géométrie du problème et par
l’intermédiaire de l’homogénéisation des milieux périodiques réduit le renforcement d’un
tunnel par boulonnage radial à un problème unidimensionnel. La liaison sol/boulon étant
supposée parfaite et l’état de contraintes initial isotrope, cette approche est donc valable pour
les tunnels à grande profondeur.
Dans le domaine élastique, Greuell aboutit aux mêmes formules que Gerrard [1982] et
Romstad [1976] pour les modules d’élasticité dans les directions longitudinales et
transversales et les complète en introduisant le fait que la proportion volumique dans la
cellule de base dépende de la distance à la paroi du tunnel. L’effet du renforcement se traduit
par une amélioration importante du module d’élasticité dans la direction du renforcement
ainsi que l’avait auparavant montré Pruchnicki [1991].
Dans le domaine plastique, Greuell [1993] suppose que le critère de résistance macroscopique
du milieu homogénéisé est confondu avec son critère plastique. Une étude sur l’apport du
renforcement en terme de résistance le conduit à conclure que la résistance à la traction du
renforcement donne au matériau composite une cohésion apparente. L’anisotropie de cette
cohésion est dirigée suivant la direction du renforcement. Ce qui translate la courbe
intrinsèque du sol seul dans le plan de Mohr.
Cette approche, qui a été adoptée par Greuell [1993] pour proposer des abaques de
prédimensionnement, admet quelques limites notamment le fait qu’elle suppose que le sol et
les boulons aient la même déformation à la rupture.
Jassionnesse & Dubois [1996], Wong [1997] ont développé sur les bases de
l’homogénéisation des milieux périodiques un modèle semi analytique en symétrie sphérique
afin de dimensionner les inclusions longitudinales disposées au front de taille (modèle de
comportement de sol : Tresca). Une description plus précise de ce modèle est présentée dans
le chapitre 11 de la partie « homogénéisation ».
Le comportement du massif renforcé est élastoplastique avec écrouissage et permet aux
inclusions de plastifier indépendamment du sol.
Wong [1997] a ensuite étendu le domaine de validité du modèle à un comportement de sol de
type Mohr Coulomb et radoucissant.
Ce modèle a conduit à des abaques de prédimensionnement du boulonnage de front (Wong
[1997]) et Jassionnesse [1998] a ensuite permis le glissement entre les inclusions et le sol en
remplaçant la limite en traction dans les boulons par un critère de transfert de charge déduit de
la résistance à l’arrachement.
L’avantage de cette technique est de décrire le champ de déplacements et de contraintes, mais
en symétrie sphérique, ce qui nous a amené à apporter des corrections vis à vis du cas
axisymétrique (Chapitre 10 de la partie «homogénéisation »).
,9 &DOFXOVQXPpULTXHV
Les méthodes de calcul des déformations d’un ouvrage souterrain boulonné dans toute sa
complexité, aussi bien rhéologique que géométrique, sont principalement la méthode des
éléments finis et la méthode des différences finies.
Trois types de modélisation du renforcement par boulonnage des tunnels peuvent être utilisées
dans un calcul numérique : des approches simplifiées, l’homogénéisation et la modélisation
complète du terrain, des inclusions et de leur interaction.
Lunardi [1989] propose de prendre en compte l’effet des éléments de renforcement comme
une augmentation du module de déformation du noyau (reliant cette valeur au nombre de
boulons, à la cohésion et à l’angle de frottement du massif de sol) et il utilise l’approche
numérique de Lombardi [1979].
A partir d’essais sur un modèle physique et d’approches théoriques Korbin & Brekke [1976]
ont montré qu’une manière relativement simple de modéliser le boulonnage était d’augmenter
la résistance du massif avec une distribution décroissante à partir de la paroi de la galerie.
Grasso & Al [1991, 1993] ont proposé de simuler l’effet du renforcement longitudinal du
front par une augmentation des propriétés du sol et en particulier en agissant sur la valeur de
la cohésion, comme l’a déjà proposé le même auteur pour les boulons radiaux (Grasso & Al
[1989]). Il aboutissent à la relation suivante :
1 + sin ϕ
c' = c + ∆σ 3 Équation 3.1 : Cohésion renforcée.
2 cosϕ
Cette approche est mise en œuvre dans des calculs axisymétriques utilisant la méthode des
éléments finis, afin de dimensionner le renforcement de tunnels dans des conditions
géotechniques difficiles.
Indraratna & Kaiser [1988,1990] ont réalisé des calculs axisymétriques en simulant la roche
renforcée avec des propriétés géomécaniques améliorées (Crenf et ϕrenf). Ces caractéristiques
sont reliées à la densité de boulonnage par le coefficient β = πdλa / S L ST avec d : diamètre du
boulon, λ : coefficient de frottement entre le sol et la roche, a : rayon du tunnel et SL, ST qui
représentent respectivement la distance longitudinale et transversale entre les boulons et qui
sont définies de la manière suivante.
β (1 + sin ϕ ) + 2 sin ϕ
sin ϕ renf = Équation 3.2 : Angle de frottement renforcé.
β (1 + sin ϕ ) + 2
Une autre approche proposée par Peila [1994] consiste à prendre en compte l’apport du
renforcement par une pression exercée au front de taille. Cette pression est égale à la somme
des efforts dans les boulons ramenée à la surface du front, l’effort étant pris comme égal à la
valeur inférieure de la résistance à la traction ou à l’arrachement du boulon.
n A σ adm n sl τ adm
Pfront = min , Équation 3.4 : Pression appliquée.
S S
Avec :
•n Nombre de boulons.
•A Section d’un boulon.
• σ adm Contrainte maximale admissible en traction dans un boulon.
•S Surface excavée.
• τ ad Contrainte maximale de cisaillement admissible à l’interface boulon/terrain.
• Sl Surface latérale totale d’ancrage.
Pour des tunnels profonds, Peila [1996] aboutit à une bonne correspondance entre le calcul
numérique (3D axisymétrique) et les résultats expérimentaux en prenant en compte pour la
force dans les boulons la résistance à la traction.
IV.3.2 Homogénéisation.
Les études susmentionnées ont fait l’hypothèse de l’adhérence parfaite entre la matrice du
milieu renforcé et les éléments de renforcement. Certains auteurs ont introduit la possibilité
éventuelle de glissement entre ces deux matériaux, cette nouvelle hypothèse permettant de ne
pas surestimer la résistance du milieu renforcé (De Buhan & Taliercio [1991]).
Hermann & Al Yassin [1978] sur la base d’un code de calcul aux éléments finis ont pris en
compte un déplacement relatif à l’interface dans la matrice de rigidité. Ils ont ensuite effectué
une comparaison avec un modèle où les inclusions sont discrétisées, pour aboutir à des
résultats identiques. La méthode d’homogénéisation permet un gain de temps dans la
résolution considérable.
Sudret & De Buhan [1999] présentent un modèle multiphasique qui donne une description
micropolaire du matériau renforcé. Leur module permet non seulement de prendre en compte
du glissement relatif (de type élasto-plastique) entre le sol et les inclusions, mais également de
l’effet des forces de cisaillement et des moments de flexion. Des études paramétriques ont été
entreprises sur des réseaux de pieux entrecroisés et sur des inclusions.
L’intérêt principal de la mise en œuvre d’un module d’homogénéisation réside dans le fait que
l’on puisse prendre en compte, dans une configuration axisymétrique, le boulonnage
longitudinal et radial ce qui permet d’éviter le recours au calcul tridimensionnel. Ceci rend les
études paramétriques possibles vu le faible temps de résolution d’une telle approche. D’autre
part la sophistication de ces modules permet maintenant d’étudier l’influence d’un
déplacement relatif à l’interface sol/boulon et même de la flexion dans les inclusions.
Dans cette technique, les deux composantes (massif et boulonnage) sont discrétisées puis
assemblées par l’intermédiaire d’éléments d’interface. Les boulons peuvent être soit
représentés par des éléments de massif (Chaoui [1992], Ho & Smith [1993]) soit par des
éléments barre. Les apports de ces approches sont multiples car elles permettent notamment la
prise en compte du déplacement relatif sol/boulon par l’intermédiaire d’éléments d’interface
et le calcul des efforts mobilisés dans le renforcement. L’utilisation de ces méthodes contribue
à une meilleure estimation de la contribution du renforcement à la limitation des déformations
puiqu’elles sont les plus aptes à modéliser la complexité des phénomènes en jeu.
Deux types d’analyses sont possibles : en déformations planes (ou bidimensionnel) ou en
configuration tridimensionnelle.
Un calcul en déformations planes n’est à priori acceptable que pour des éléments de
renforcement bidimensionnels (nappe géotextile, treillis métallique) qui sont continus dans
leur plan à l’échelle de l’ouvrage. Dans le cas de renforcement de type boulons, les nappes de
renforcement discontinues dans un plan horizontal sont prises en compte comme des éléments
continus de type plaque ou coque.
Deux grands types de méthodes en déformations planes existent pour modéliser les massifs
renforcés par des boulons.
La première consiste à remplacer une nappe discontinue de clous par une nappe continue,
dont les propriétés macroscopiques sont équivalentes à celles de la nappe réelle en formulant
quelques hypothèses rappelées par Chaoui [1992], Unterreiner [1994] pour un massif renforcé
par des clous. Le matériau composite « sol + boulons » est remplacé par une plaque
homogène de propriétés différentes de celles du sol et, du boulon. Dans une telle approche,
c’est la section verticale C-C passant par une rangée de clous qui est étudiée (Figure 3.24).
Cette méthode a deux inconvénients :
• la continuité des déformations et des contraintes entre les points situés de part et d’autre de
la nappe n’est pas assurée.
• les mouvements du sol sont orientés par la plaque. Le résultat est d’autant plus erroné que
les plaques sont inclinées.
Figure 3.24 : Sections de sol renforcé prises en Figure 3.25 : Modélisation en 2D plane avec une
compte. plaque équivalente (Al Hallak [1999]).
Une deuxième approche consiste à étudier la section S-S où la continuité du sol n’est pas
rompue en modélisant l’influence des clous sur cette section de sol. Deux méthodes ont été
proposées.
La première méthode « slipping strip analysis » présentée par Naylor [1978] est basée sur
l’étude d’une section verticale à mi distance entre deux rangées verticales de renforcements.
L’interaction entre le sol et la rangée verticale de boulons est modélisée par une zone verticale
d’interface. Cette méthode revient à placer les renforcements hors de la section de sol étudiée
et à utiliser une sorte de fonction de transfert de charge pour modéliser l’interaction entre le
sol et les boulons. Cette approche conserve la continuité verticale du sol.
La seconde méthode est proposée par Unterreiner [1994] qui considère qu’il n’est pas
nécessaire d’introduire une zone verticale continue d’interfaces mais qu’il suffit de modéliser
l’interaction entre la section de sol S-S et chaque boulon par une fonction de transfert de
charge. Celle ci doit être calculée de manière appropriée ou mesurée à partir d’essias
d’arrachement sur le massif.
A l’heure actuelle, certains programmes comme FLAC raisonnent en termes de fonctions de
transfert de charge entre le sol et les clous. D’autres codes de calcul comme CESAR ou
PLAXIS ne permettent pas de travailler avec des fonctions de transfert de charge. Il convient
alors d’utiliser la méthode de la plaque équivalente avec les valeurs des paramètres
appropriées pour l’interface et d’assurer la continuité verticale du sol en utilisant des relations
linéaires (Chaoui [1992]).
Pour l’étude du boulonnage radial Calabresi [1991] a utilisé une approche bidimensionnelle
en remplaçant les boulons par une plaque équivalente avec des propriétés d’interface déduites
des essais d’arrachement. Ces résultats sont en accord avec les mesures de Freeman [1978],
de Cartier [1983] et avec d’autres analyses éléments finis (Wanninger [1979] et Adachi
[1985]).
Chaoui [1992] a modélisé un arrachement de clou dans un sable en 2D et en 3D et a observé
que le calcul bidimensionnel fait apparaître un déplacement sol/clou alors qu’avec l’approche
tridimensionnelle les deux matériaux restent solidaires (déplacement relatif nul) et, sous
estime donc l’effort dans le renforcement. Unterreiner [1994] pour la même étude a déterminé
des paramètres différents (module d’Young).
Al Hallak [1999] montre dans la comparaison de simulations bidimensionnelles avec des
essais en centrifugeuse que l’approche bidimensionnelle surestime l’effet du renforcement sur
la rigidité et la stabilité de l’ouvrage.
Les paramètres introduits dans la méthode 2D sont donc très importants et nécessitent un
calage sur un essai d’arrachement.
9 &RQFOXVLRQV
Dans les massifs constitués des sols consistants ou de roches tendres, le creusement de tunnels
par les méthodes traditionnelles peut nécessiter des mesures de confortation provisoires afin
d’assurer la stabilité en cours de travaux et limiter les tassements. Le boulonnage du front, qui
permet de constituer un noyau renforcé en avant du tunnel est l’une de ces techniques.
Le comportement des massifs renforcés par inclusions linéiques est complexe et nécessite la
prise en compte des transferts d’efforts à l’interface sol/inclusion. Cette loi de transfert qui
peut être obtenue à partir d’essais d’arrachement est souvent approximée par des schémas bi
ou trilinéaires.
Enfin, l’étude du comportement d’un massif renforcé peut être considéré sous plusieurs
approches :
• les approches de type calcul à la rupture qui visent à déterminer les limites de l’équilibre du
massif, mais ne prennent pas en compte le niveau de déformations du massif
• les modélisations en déformations qui peuvent prendre en compte directement le sol, les
clous et la liaison.
Ces deux approches peuvent conduire, soit à des solutions analytiques, qui supposent toujours
des conditions très idéalisées, soit à des approches numériques.
Enfin, une dernière approche est l’homogénéisation où le composite terrain et renforcement
est considéré au niveau macroscopique comme un matériau équivalent dont le comportement
global rend compte de celui du sol et des renforcements.