Artiste: Raymonde Arcier Date de création: 1970 Technique et matériaux: Kapok, tissus, laine, coton, objets divers Dimensions : petite mère 1,80m et Mère 2,60m mouvement artistique : art féministe (mouvement artistique qui a pour but de dénoncer spécifiquement des inégalités sexistes) lieu de conservation/d'exposition: dernier lieu d'exposition au Musée Carnavalet, mais conservée dans les collections privées de Raymonde Arcier 2) Contexte historique / artistique Deuxième vague du féminisme qui débute dans les années 1960. Lutte pour l'accès au travail, les inégalités salariales et le droit à l'avortement. Naissance du Mouvement de Libération des Femmes, auquel appartient Raymonde Arcier.
3) biographie de l’artiste
née en 1939 durant l'Entre-Deux Guerres. a fait des études
de sociologie. Agée aujourd'hui de 83 ans. Employée de bureau. Maîtrise le tricot dès l'âge de sept ans, l'a appris auprès de sa mère. Ne commence à créer des oeuvres d'art qu'à l'âge adulte, en parallèle de son emploi. Refuse détails de l'oeuvre d'exposer ses oeuvres dans les musées et galleries classiques préférant le mileu artistique activiste. Histoire des arts Description Interprétation 1) Quel est l'effet produit et le sens de la taille des deux personnages? - Sujet: deux personnages féminins de grande taille, l'une plus grande que l'autre. adossées à un mur, bras le long du corps. vêtues de tenues dépareillées, avec beaucoup de motifs de fruits et légumes, une tunique rose pale aux Leur taille est monumentale , les rend surprenantes et imposantes. cercles gris. la plus petite : coiffure de petite fille (un ananas), teint pâle, même vêtements que la plus grande. Elle représente la charge considérable de travail - cadrage, point de vue, spectateur: aspect monumental des deux sculptures tricotées (1m80 pour Petite Mère et domestique réalisé par les mères, alors même que dans 2m60 pour Mère), présentées face au spectateur, qui doit lever les yeux vers elles. la vie quotidienne ce travail est souvent invisibilisé. leur - les formes et la composition : deux personnages debout, dont les formes du corps sont simplifées. tête ronde, cou taille oppressante symbolise l'oppression subie par les fin, torse rectangulaire, bras en tube. éléments du visage simplifiés et exagérés (yeux très grands, lèvres pulpeuses, ronds roses sur les joues). même rondeur qui se retrouve dans la forme des objets suspendus à la ceinture, au Femmes à cause de ce travail. collier, aux boucles d'oreilles (poele, casserole, passeoire, oranges, grappes de raisins etc), rondeur des motifs de la tunique. 2) Que signifient les objets et tissus qu'elles portent? - la profondeur et les plans : Mère et Petite Mère sont présentées debout, adossées à un mur. comme si elles attendaient, comme si elles étaient un tableau présenté au spectateur (on peut habituellement tourner autour des des objets et jouets issus d'une dinette (jouet stéréotypé pour sculptures de ce genre). les filles) : des casseroles, des légumes en plastique, des fruits - les couleurs: couleur du fond des tissus blanc, qui fait ressortir les couleurs plus foncées des motifs. Peau beige en plastique, une passeoire... ces objets représentent le pour les deux personnages.Grande mère :cheveux oranges, yeux verts cernés de noir, pommettes et bouche rose. → Porte des bijoux enraisin vert et rouge, un collier de fruits et légumes rouge, vert et orange rappel de couleur stéréotype selon lequel "la place des femmes est à la cuisine", ainsi que tout le travail derrière (planifier les repas, faire les avec le visage ,que l’on retrouve aussi dans les motifs des vêtements ( manches,pantalon,chaussures) + les couleurs vives ( rouge,orange vert ) et les contrastes se retrouvent aussi sur petite mère. courses, préparation des repas, faire la vaisselle...). Ils sont - la lumière et la texture: la lumière est frontale. Différents effets de texture sont obtenus par l'utilisation de d portés en accessoires et bijoux pour montrer que ces activités différents matinaux et techniques,dans une volonté de réalisme et d’authenticité. : sont souvent considérées comme féminines. → les tissus lisses ressemblent à de vrais vêtements faits main → le tricot en point jersey pour imiter la peau 3) Comment est représenté l"aspect de l'héritage et de la transmission
→ la broderie pour le relief du nez, de la bouche , les cils et les cheveux
entre Mère et Petite Mère?
De multiples parallèles sont établis entre Mère et petite
Mère : le rappel des motifs des vêtements, le rappel de couleurs avec les objets (rouge et orange sur les fruits et légumes). Le tricot et la couture sont culturellement Pour mieux la comprendre, réalise dans ton cahier le croquis de transmis de mère et en fille. petite mère est ainsi une l'oeuvre version miniature de Mère. 2 Histoire des arts Vous pourrez trouver les informations nécesaires dans le texte suivant, ainsi qu’en observant la reproduction de l’ oeuvre. A partir de Mai 1968, le mouvement féministe resurgi : c'est ce que l'on appelle La Deuxième Vague (la première étant de 1850 à 1950, époque de Suzanne Valadon). Une évolution des mœurs se fait sentir : les femmes veulent de plus en plus travailler, obtenir plus d'égalité dans la sphère publique (accès au travail, égalité salariale, droit à l'avortement), mais aussi commencent à prendre conscience des inégalités qu'elles subissent dans la sphère privée (charge mentale, inégalité de la répartition des tâches domestiques). Les féministes des années soixante-dix ont démontré le lien existant entre ces sphères publiques et privées, la sphère privée permettant à la société patriarcale la domination sur les femmes dans le domaine public (une femme trop occupée à s'occuper exclusivement des enfants et de la maison ne peut pas se battre pour obtenir plus de droits dans la société). Les premières manifestations de ce que l’on nommera le mouvement de libération des femmes, débutent en 1970 lors du dépôt d’une gerbe à la femme du soldat inconnu par un petit groupe de militantes, date reconnue fondatrice par les historiennes du mouvement. Les groupes de femmes artistes et féministes vont éclore peu après. C'est en 1970 que Raymonde Arcier commença la réalisation de vastes tricots au point mousse. Ses oeuvres critiquent les activités traditionnelles féminines, tout en rendant hommage aux femmes qui les ont réalisées. Active au sein du mouvement féministe dès ses débuts, Raymonde Arcier, employée de bureau et autodidacte, réalise, dès 1970, ses œuvres les plus marquantes, en crochetant de la laine, du coton, en tricotant du métal – chaque ouvrage pouvant nécessiter une année de travail. A travers le détournement de cet apprentissage culturellement féminin, elle évoque avec humour son enfermement social, cherchant, selon ses propres mots, à «porter à la connaissance de tous l'immense labeur des femmes». Née le novembre 1939; elle est aujourd'hui âgée de 83 ans. C'est auprès de sa mère qu'elle découvre le tricot, qu'elle maîtrise dès l'âge de sept ans. Elle grandit durant l'entre deux guerres, dans une famille plutôt modeste. Engagée dans le milieu féministe, elle refusera d'exposer ses œuvres monumentales dans les galeries et musées classiques, préférant la scène artistique activiste. Le mouvement féministe a été au cœur de son processus de création. Elle a mis au point des techniques novatrices, en réutilisant des acquis culturels dans un autre contexte, pour dire un vécu particulier.Tout en continuant ses activités professionnelles et avec une licence de sociologie, Raymonde Arcier s'est ensuite consacrée à l'écriture et à divers travaux plastiques, qu'elle poursuit encore aujourd'hui. Son oeuvre "MERE ET PETITE MERE" est une sculpture et une installation réalisée en 1970, abordant le sujet de la condition féminine dans la vie quotidienne. Elle se compose de deux sculptures en tricot, rembourrées avec du Kapok et habillées de tissus divers cousus entre eux. La femme et la fille représentées portent en guise Quelques chiffres sur la charge d'accessoires des objets divers issus d'une dinette d'enfant (fruits et légumes en plastique, casserole, poêle, passoire). La plus grande mesure 2,60m et la plus mentale et les tâches domestiques: "petite" 1,80m."Mère et petite mère" a été exposé à la foire des Femmes en 1973 à Vincennes et à Féminie-Dialogue en 1976, puis à l'exposition "Parisiennes, Citoyennes!" au Musée Carnavalet de Paris en 2022. Dans toutes ses œuvres, mais en particulier celle-ci, Raymonde Arcier essayait de se libérer de ce travail Les femmes réalisent en moyenne 65% des tâches ménager en le faisant gigantesque, décalé, démesuré, à la mesure de l’oppression subie. Symboliser ainsi ce qui avait été tu pendant des décennies offrait un moyen ménagères et 71% des tâches parentales. de s’exprimer et de concrétiser un vécu, dans le but libérateur que cette prise de conscience se propage et que ce travail domestique rendu visible soit reconnu et partagé. En représentant une Mère et une "petite Mère", Raymonde Arcier symbolise la transmission et l'héritage de la charge mentale, transmis de mère en fille par Selon une étude américaine, être mère au foyer les apprentissages et la mimétique (un enfant imite le modèle donné par ses parents), exprimant ainsi le poids des tâches ménagères sur même les jeunes filles. Cet revient à avoir 2.5 emplois à temps plein, soit 98h aspect de transmission culturelle est aussi représenté par le recours à la technique du tricot, ainsi que la couture des tissus entre eux pour former les vêtements de de travail. Mère et Petite Mère. Le choix des tissus participe de l'expression de la sphère privée, les tissus étant des nappes recyclées, parées de motifs faisant référence à la cuisine à la douceur (rose, blanc, carreaux vichy des manches). L'on retrouve les mêmes tissus et vêtements de la mère à la fille, "petite Mère" devenant une copie 63% de Femmes souffrent du poids de la charge conforme et miniature de Mère. Chaque personnage est paré d'accessoires représentant des tâches jugées habituellement féminine, comme la préparation des repas, mentale contre 36% d'hommes. la vaisselle, et les courses alimentaires. Des tâches quotidiennes et répétitives. Ces boucles d'oreilles, ces colliers et ceintures deviennent des parures mais aussi des source: https://www.ipsos.com/fr-fr/charge-mentale-8-femmes-sur-10- poids ou des chaines qui entravent les Femmes et entravent leurs Libertés. seraient-concernees « Mère et petite mère » furent avant tout : la ratatouille et le tas de vaisselle. Je suis restée quand même étonnée devant cet héritage féminin, rythmé au son et au geste répétitifs d’une batterie de cuisine ».