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Jean-Charles DALPHIN
Service de Pneumologie – CHU de Besançon et Université de Franche-Comté
A. Généralités
L'analyse des facteurs de risque et du mode de vie du patient est une étape essentielle de l'interrogatoire
pneumologique. Le poumon est en contact direct et permanent avec l'environnement et la quasi totalité des maladies
respiratoires aiguës ou chroniques est en rapport, au moins partiel, avec une exposition à des "nuisances"
environnementales.
Cette analyse permet parfois une forte présomption diagnostique. Par exemple, dans le bilan d'une
pneumopathie interstitielle, la notion d'une exposition de type agricole oriente le diagnostic vers une pneumopathie
d'hypersensibilité.
Dans d'autres cas, elle apporte des arguments négatifs. Par exemple, l'absence de tabagisme rend peu probable
le diagnostic de BPCO ou de cancer bronchique.
Enfin, elle peut permettre d'exclure totalement un diagnostic. Devant une toux chronique, ou une pneumopathie
interstitielle, ou une pleurésie chronique, l'absence de toute prise médicamenteuse permet d'exclure une étiologie ...
médicamenteuse.
Tabagisme passif
Il faut préciser les modalités, l'intensité et la durée. Le risque d'atteinte respiratoire est proportionnel avec
la quantité de tabac inhalé mais également dépend de l'âge de début. Les nouveaux-nés et les enfants sont
2. Habitat, loisirs
Cette étude vise à identifier des expositions susceptibles de provoquer des maladies allergiques, IgE-
médiées(asthme, rhinite) ou IgG-médiées (pneumopathies d'hypersensibilité), mais également des expositions de type
para-professionnelle (amiante, silice...).
On recherchera en particulier les éléments suivants :
- Présence d'oiseaux au domicile ou dans l'entourage immédiat (oiseaux de basse-cour, oiseaux
d'agrément, oiseaux sauvages...)
- Animaux domestiques à poils et à fourrure (chiens, chats, hamsters, lapins, furets...)
- Gros animaux de la ferme (exposition aux chevaux, vaches, porcs...)
- Présence de moisissures ; celles-ci peuvent être visibles, ou suspectées par les odeurs ou les
caractéristiques de certaines zones de la maison (pièces humides, mal ventilées, pauvres en
lumière et riches en matière organique telle que bois, papier, tissus)
- Certaines caractéristiques faisant suspecter la présence d'acariens (notamment les tapis et les
moquettes, et la literie non traitée par acaricides)
Il peut s'agir aussi d'expositions récréatives ; par exemple, courses de pigeons voyageurs, confection de
mouches artificielles à base de plumes d'oiseaux pour la pêche...
Les principales expositions para-professionnelles concernent (ou plutôt ont concerné) l'amiante : utilisation
d'isolants à base d'amiante (dans les fours, sur les planches à repasser...), découpage de fibro-ciment... Il existe
également des expositions silicogènes (par exemple utilisation de meules abrasives, de poudres à récurer...).
3. Médicaments
Pratiquement toutes les classes et tous les modes d'administration peuvent être concernés. Il faudra penser aux
médicaments pris par voie topique, oculaire, inhalée et rectale. Pour chaque médicament, il faut noter précisément la
date de début et la date de fin des prises, afin de pouvoir argumenter une éventuelle relation causale avec l'atteinte
respiratoire. Il ne faut pas omettre la pilule contraceptive chez la femme, qui souvent n'est pas considérée comme un
médicament. L'association tabac et pilule représente un facteur de risque de thrombose veineuse profonde et donc
d'embolie pulmonaire.
Parmi les centaines de médicaments qui peuvent être en cause, citons :
- L'amiodarone, anti-arythmique très largement utilisé, qui donne des pneumopathies interstitielles
et alvéolaires souvent graves,
- Les inhibiteurs de l'enzyme de conversion, médicaments anti-hypertenseurs et anti-angineux
également très largement utilisés, qui donnent des toux sèches.
4. Alcool - alimentation
La consommation d'alcool est un facteur de risque indépendant de cancer bronchique et peut-être de BPCO.
Ces maladies, en outre, sont associées à une plus faible consommation de fruits et légumes.
5. Niveau socio-économique
Il est important d'appréhender le malade dans sa globalité. Quelques connaissances sur son mode de vie, sa vie
sociale, ses revenus, ses moyens de locomotion... devront être considérées dans l'approche diagnostique (par exemple,
prescription d'examens complémentaires onéreux) et thérapeutique (par exemple, déplacements itératifs, médicaments
onéreux...).
Compte tenu de la multiplicité des expositions, des secteurs d'activité professionnels, des postes de travail, il
n'est pas possible à un non spécialiste d'identifier les nuisances auxquelles le sujet a été exposé. En revanche,
l'interrogatoire devra préciser avec exactitude le calendrier professionnel qui comprend, pour chaque emploi (sans
omettre les éventuelles affectations au cours du service militaire) :
- Date de début et date de fin
- Secteur d'activité
- Postes de travail occupés
- Produits manipulés et substances auxquelles le sujet a pu être exposé