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Année universitaire 

: 2022/2023

UFR : Sciences Economiques et Sociales

Département/Filière : Sciences juridiques

Niveau : MASTER 1

Option : Droit des affaires

Séminaire sur les instruments de paiement et de crédit

Thème : La sécurisation des paiements électroniques commerciaux

Commentaire d’article : Article 141 du Règlement 15/2002/CM/UEMOA

EXPOSANTS :

ALOISE BIRAME FAYE

CELINE GOMIS

CLEMENTINE SAGNA

« L’excellence, ma référence. »
INTRODUCTION

Cette disposition soumise à notre étude est un article extrait du Règlement N°


15/2002/CM/UEMOA relatif aux systèmes de paiement dans les États membres de l’Union
Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA).

Il convient de rappeler que le conseil des ministres de l’Union Monétaire Ouest Africain
(UMOA) réuni en session ordinaire le 29 septembre 1995 à Bamako avait approuvé et
proposé aux Etats membres, pour un projet de « loi uniforme relative aux instruments de
paiement : chèque, carte de paiement et de retrait, lettre de change et billet à ordre. » Ce projet
de loi s’inscrivait dans le cadre de l’harmonisation des législations des Etats membres de
l’UEMOA en matière monétaire, bancaire et financière dont le principe est établi à l’article 29
du traité du 14 novembre 1973 constituant l’UMOA. La réforme des systèmes de paiement
initié par la banque centrale en 1999 s’est traduite en particulière par l’adoption par le conseil
des ministres de l’UEMOA ; le 19 septembre 2002 du Règlement N° 15/2002/CM/UEMOA
relatif aux systèmes de paiement dans les Etats membres de l’Union Economique et
Monétaire ouest Africaine. Ce texte qui consacre le cadre légal de la modernisation des
systèmes de paiement dans l’espace UEMOA, prévoyait notamment dans son édifice
préventif la sécurité des moyens de paiement électronique. C’est dudit règlement d’où est tiré
notre article à commenter.

D’ailleurs, il apparait clairement à la lecture de l’article 6 du traité de l’Union Economique et


Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), intitulé qui dispose : « Les actes arrêtés par les
organes de l'Union pour la réalisation des objectifs du présent Traité et conformément aux
règles et procédures instituées par celui-ci, sont appliqués dans chaque Etat membre
nonobstant toute législation nationale contraire, antérieure ou postérieure », étant donné que le
Sénégal est pays membre de l’UEMOA, le traité lui est applicable. Dès lors, la disposition du
règlement fait ressortir sa nature communautaire.

L’article 141 du règlement N0 15/2002/CM/UEMOA, est tiré du titre 2 relatif à la carte


bancaire et des autres instruments et procédés de paiement électronique en son chapitre II
intitulé : des fraudes, abus et contrefaçons de cartes bancaires, d’instruments et de procédés
électroniques de paiement, plus précisément de la section I ayant comme titre : de la
prévention des fraudes, abus et contrefaçons. Ledit article peut être scindé en deux parties :
l’une d’entre elle évoque l’obligation du commerçant de la tenue d’une installation propre aux
paiements, alors que l’autre partie met en évidence l’obligation du paiement du client dans les
installations et son droit à la confidentialité.

La réunion de ces différentes idées permet d’affirmer que l’idée générale de cette disposition
demeure la sécurisation des moyens de paiement électronique.

L’intérêt de l’article 141 du règlement 15/2002/CM/UEMOA met en évidence une protection


voire une sécurité des opérations bancaires étant donné que les infractions relatives aux
opérations de banques ont évolué. Déjà, que l’intitulé du chapitre : des fraudes, abus et
contrefaçons de cartes bancaires, d'instruments et de procédés électroniques de paiement ;
nous renseigne sur cette sécurité que vont jouir les commerçants à travers ladite loi.

C’est pourquoi, le commentaire de cette disposition devrait nous conduire d’abord à voir
l’aspect sécuritaire des paiements électroniques commerciaux (I), avant de passer aux
nécessaires au paiement sécurisé électronique (II).

I- L’aspect sécuritaire du paiement électronique commercial

La lecture de l’article 141 du Règlement 15/2002/CM/UEMOA, fait ressortir cet aspect de


sécurité dans le cadre du paiement électronique. Nous pourrions aussi dire que cet aspect
sécuritaire se ressent à travers la préservation des relations entre le commerçant et son client.
Dans cette optique, il serait intéressant d’évoquer le respect de la confidentialité du client lors
du paiement électronique (A), mais aussi de l’occultation des mentions renseignant le compte
bancaire (B).

A- Le respect de la confidentialité du client lors du paiement électronique

L’article 141 dispose en ces termes : « Les commerçants, personnes physiques et morales,
sont tenus de mettre en place une installation permettant aux clients de composer leur code
confidentiel hors la vue d'autres personnes. En composant leur code confidentiel, les clients
devront utiliser les installations mises en place à cet effet pour se mettre à l'abri des regards
indiscrets » A première vue, le législateur communautaire fait part au commerçant de son
obligation de tenir une structure propre au paiement électronique. Cette obligation lui est faite
dans le but de préserver ici la confidentialité du client. Ce dernier au moyen d'une carte ou
d'un autre instrument et procédé électronique de paiement, doit se prévaloir desdites
installations afin de procéder au paiement dans le secret. Nous pourrions comprendre l’esprit
de l’article à travers la protection des données personnelles du client. Le législateur
communautaire a démontré la nécessité de protéger ces données estimées sensibles à juste
titre étant donné qu’il fait part des liquidités du client. Ainsi pour éviter les risques de perte,
de vol ou d'utilisation frauduleuse de la carte ou du porte-monnaie électronique 1, les
installations, qui d’ailleurs doivent être conçus à ce titre par le commerçant, se doivent
d’exister afin de permettre au client de composer leur code confidentiel en toute sécurité et
sérénité. En poursuivant la logique de l’article, en outre de l’obligation qui est faite au
commerçant de mettre en place ces installations propres au paiement, le client lui-même est
astreint à utiliser lesdites installations2 instaurées par le commerçant pour effectuer la
transaction dans la plus grande confidentialité. Ce qui prouve ici la rigueur du législateur à ce
que le paiement se fasse dans le plus grand des secrets.

B- L’occultation des mentions renseignant le compte bancaire du client

L’article poursuit en disposant : « Les commerçants doivent occulter le numéro des cartes


bancaires sur les factures délivrées aux clients. ». Le législateur, en plus de l’obligation qui est
faite au commerçant de mettre en place ces installations propres au paiement, il ajoute une
autre obligation qui est d’occulter le numéro des cartes bancaires des clients dans le cadre
d’une transaction commerciale. Dans les factures délivrées aux clients, certaines mentions y
figurent comme le nom commercial éventuellement lorsqu’il s’agit d’une société
commerciale, ses coordonnées entre-autres mais le législateur fait savoir que le commerçant
doit cacher les informations relatives au compte bancaire de son client. Nous sommes toujours
dans le but de protéger les données personnelles voire même sensibles du client. A juste titre,
nous pouvons faire une corrélation entre cette situation et l’article 23 du Règlement
15/2002/CM/UEMOA qui dispose : « Un dispositif de création de signature électronique ne
peut être considéré comme sécurisé que s'il satisfait aux exigences définies à l'alinéa 2 ci-
après et s'il est certifié conforme à ces exigences dans les conditions prévues par l'alinéa 3 ci-
dessous. Un dispositif sécurisé de création de signature électronique : doit garantir, par des
moyens techniques et des procédures appropriés, que les données de création de signature
électronique ne peuvent être : établies plus d'une fois et que leur confidentialité est assurée ;

1
Article 16 de la loi uniforme de 2012 relative à la répression des infractions en matière de cheque, de carte
bancaire et d’autres instruments et procèdes électroniques de paiement : « Sont punis d’un emprisonnement de
cinq (05) ans et d’une amende de dix millions (10.000.000) de francs CFA :
a) ceux qui contrefont, falsifient ou tentent de contrefaire ou de falsifier une carte bancaire ou tout autre
instrument électronique de paiement ;
b) ceux qui, en connaissance de cause, font usage ou tentent de faire usage d’une carte bancaire ou de tout autre
instrument électronique de paiement contrefait, falsifié ou obtenu frauduleusement »
2
Prenons l’exemple des guichets automatiques présentés par les banques à leurs clients pour assurer un retrait
d’espèces dans une sécurité optimale et en toute confidentialité.
trouvées par déduction et que la signature électronique est protégée contre toute falsification ;
protégées de manière satisfaisante par le signataire contre toute utilisation par des tiers ; ne
doit entraîner aucune modification du contenu de l'acte à signer et ne pas faire obstacle à ce
que le signataire en ait une connaissance exacte avant de le signer. » Ce qui nous intéresse ici
dans cette disposition est le fait qu’il y’a une exigence de sécurité et de confidentialité énoncé
par l’alinéa 2.

II- Les nécessaires à la sécurisation des paiements électroniques

Le paiement électronique énoncé à l’article 141 du règlement 15/2002/CM/UEMOA fait part


de certaines exigences à savoir la conception d’une installation propre au paiement
électronique (A), mais aussi pour plus de sécurité d’effectuer une délivrance de facture aux
clients après régularité du paiement (B).

A- L’obligation de la conception d’une installation propre au paiement


électronique

Les mots du législateurs ont été suffisamment clair pour faire comprendre aux commerçants
qu’ils sont obligés de mettre en place une structure apte à assurer un paiement confidentiel du
client lorsqu’il compose son code. C’est ce qu’il ressort lorsqu’il est disposé que : « Les
commerçants, personnes physiques et morales, sont tenus de mettre en place une installation
permettant aux clients de composer leur code confidentiel hors la vue d’autres personnes. En
composant leur code confidentiel, les clients devront utiliser les installations mises en place à
cet effet pour se mettre à l’abri des regards indiscrets ». Le législateur n’a pas par contre
précisé la nature des installations mais si nous faisons une analyse logique de la disposition,
nous pourrions considérer que nous sommes en présence des obligations du commerçant
banquier et de son client qui d’ailleurs peut constituer en un simple particulier ou un
commerçant. Dans ce cadre-là, les installations dont le législateur pourrait viser, peuvent être
les guichets automatiques que nous percevons dans notre période actuelle. Ces guichets
répondent en effet aux exigences posées par l’article 141 dudit règlement dans la mesure où
c’est un lieu qui permet en effet de composer un code confidentiel dans le plus grand des
secrets et en toute sécurité à l’abri des regards indiscrets. Le paiement régulièrement effectué,
un document papier qui retranscrit l’opération est dévolu au client 3 à titre de preuve. C’est
donc à bon droit que le législateur a pris en compte ces installations afin de sécuriser les

3
Une sorte de reçu dans le cadre de retrait d’espèce, ou une facture pour les paiements par carte bancaire
transactions commerciales entre les professionnels commerçants ou entre commerçant et un
particulier afin de ne pas laisser transparaitre les données sensibles liées à la transaction.

B- La délivrance de facture aux clients après paiement

La facturation consiste à établir une note détaillée des prestations ou des marchandises
vendues. Elle constitue en un élément de preuve d’une opération commerciale et revêt donc
une valeur juridique importante. Elle a plusieurs fonctions, elle matérialise une transaction
financière, elle constitue un justificatif comptable et elle sert à l’exercice des droits sur la
TVA que ce soit la collecte et la déduction. En principe, dès l’instant où la transaction est
faite entre deux professionnels, l’émission d’une facture en double exemplaire est obligatoire.
Cette facture doit être délivrée soit au moment de la livraison de la marchandise soit à la fin
de l’exécution de la prestation de services. L’acheteur est d’ailleurs tenu de la réclamer. Les
factures émises par un vendeur en ligne doivent comporter un certain nombre de mentions
pour être valides. Lorsque le client est un particulier, la remise d'une note ou d'une facture
n'est pas toujours obligatoire. Dans notre cas où le paiement est fait électroniquement,
l'émission d'une facture est obligatoire et doit comporter l’ensemble des éléments qui
concerne la transaction que ce soit la provision, les coordonnées du commerçant, son nom
commercial entre autres, sans oublier l’occultation des mentions renseignant le compte
bancaire du client qu’il soit professionnel ou nom. C’est dans cette optique que le législateur a
adopté cette disposition dans le cadre de mieux protéger les données confidentielles mais
aussi à titre de preuve du paiement électronique. La facture délivrée permet d’admettre que ce
dernier puisse être uniquement électronique lorsqu'il présente des garanties suffisantes
d'inviolabilité et de pérennité. D’ailleurs la loi n° 2008-08 du 25 janvier 2008 sur les
transactions électroniques à travers l’article 34 qui dispose : «  L’écrit sous forme électronique
est admis en facturation au même titre que l’écrit sur support papier, pour autant que
l’authenticité de l’origine des données qu’il contient et l’intégrité de leur contenu soient
garanties. » C’est dans cette logique que le dernier alinéa dispose que : « Les commerçants
doivent occulter le numéro des cartes bancaires sur les factures délivrées aux clients. » En
somme, une obligation est faite au commerçant de délivrer les factures aux clients qui doivent
respecter certaines mentions pour être valable à condition que les numéros des cartes
bancaires des clients soient censurés.

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