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: 2022/2023
Niveau : MASTER 1
EXPOSANTS :
CELINE GOMIS
CLEMENTINE SAGNA
« L’excellence, ma référence. »
INTRODUCTION
Il convient de rappeler que le conseil des ministres de l’Union Monétaire Ouest Africain
(UMOA) réuni en session ordinaire le 29 septembre 1995 à Bamako avait approuvé et
proposé aux Etats membres, pour un projet de « loi uniforme relative aux instruments de
paiement : chèque, carte de paiement et de retrait, lettre de change et billet à ordre. » Ce projet
de loi s’inscrivait dans le cadre de l’harmonisation des législations des Etats membres de
l’UEMOA en matière monétaire, bancaire et financière dont le principe est établi à l’article 29
du traité du 14 novembre 1973 constituant l’UMOA. La réforme des systèmes de paiement
initié par la banque centrale en 1999 s’est traduite en particulière par l’adoption par le conseil
des ministres de l’UEMOA ; le 19 septembre 2002 du Règlement N° 15/2002/CM/UEMOA
relatif aux systèmes de paiement dans les Etats membres de l’Union Economique et
Monétaire ouest Africaine. Ce texte qui consacre le cadre légal de la modernisation des
systèmes de paiement dans l’espace UEMOA, prévoyait notamment dans son édifice
préventif la sécurité des moyens de paiement électronique. C’est dudit règlement d’où est tiré
notre article à commenter.
La réunion de ces différentes idées permet d’affirmer que l’idée générale de cette disposition
demeure la sécurisation des moyens de paiement électronique.
C’est pourquoi, le commentaire de cette disposition devrait nous conduire d’abord à voir
l’aspect sécuritaire des paiements électroniques commerciaux (I), avant de passer aux
nécessaires au paiement sécurisé électronique (II).
L’article 141 dispose en ces termes : « Les commerçants, personnes physiques et morales,
sont tenus de mettre en place une installation permettant aux clients de composer leur code
confidentiel hors la vue d'autres personnes. En composant leur code confidentiel, les clients
devront utiliser les installations mises en place à cet effet pour se mettre à l'abri des regards
indiscrets » A première vue, le législateur communautaire fait part au commerçant de son
obligation de tenir une structure propre au paiement électronique. Cette obligation lui est faite
dans le but de préserver ici la confidentialité du client. Ce dernier au moyen d'une carte ou
d'un autre instrument et procédé électronique de paiement, doit se prévaloir desdites
installations afin de procéder au paiement dans le secret. Nous pourrions comprendre l’esprit
de l’article à travers la protection des données personnelles du client. Le législateur
communautaire a démontré la nécessité de protéger ces données estimées sensibles à juste
titre étant donné qu’il fait part des liquidités du client. Ainsi pour éviter les risques de perte,
de vol ou d'utilisation frauduleuse de la carte ou du porte-monnaie électronique 1, les
installations, qui d’ailleurs doivent être conçus à ce titre par le commerçant, se doivent
d’exister afin de permettre au client de composer leur code confidentiel en toute sécurité et
sérénité. En poursuivant la logique de l’article, en outre de l’obligation qui est faite au
commerçant de mettre en place ces installations propres au paiement, le client lui-même est
astreint à utiliser lesdites installations2 instaurées par le commerçant pour effectuer la
transaction dans la plus grande confidentialité. Ce qui prouve ici la rigueur du législateur à ce
que le paiement se fasse dans le plus grand des secrets.
1
Article 16 de la loi uniforme de 2012 relative à la répression des infractions en matière de cheque, de carte
bancaire et d’autres instruments et procèdes électroniques de paiement : « Sont punis d’un emprisonnement de
cinq (05) ans et d’une amende de dix millions (10.000.000) de francs CFA :
a) ceux qui contrefont, falsifient ou tentent de contrefaire ou de falsifier une carte bancaire ou tout autre
instrument électronique de paiement ;
b) ceux qui, en connaissance de cause, font usage ou tentent de faire usage d’une carte bancaire ou de tout autre
instrument électronique de paiement contrefait, falsifié ou obtenu frauduleusement »
2
Prenons l’exemple des guichets automatiques présentés par les banques à leurs clients pour assurer un retrait
d’espèces dans une sécurité optimale et en toute confidentialité.
trouvées par déduction et que la signature électronique est protégée contre toute falsification ;
protégées de manière satisfaisante par le signataire contre toute utilisation par des tiers ; ne
doit entraîner aucune modification du contenu de l'acte à signer et ne pas faire obstacle à ce
que le signataire en ait une connaissance exacte avant de le signer. » Ce qui nous intéresse ici
dans cette disposition est le fait qu’il y’a une exigence de sécurité et de confidentialité énoncé
par l’alinéa 2.
Les mots du législateurs ont été suffisamment clair pour faire comprendre aux commerçants
qu’ils sont obligés de mettre en place une structure apte à assurer un paiement confidentiel du
client lorsqu’il compose son code. C’est ce qu’il ressort lorsqu’il est disposé que : « Les
commerçants, personnes physiques et morales, sont tenus de mettre en place une installation
permettant aux clients de composer leur code confidentiel hors la vue d’autres personnes. En
composant leur code confidentiel, les clients devront utiliser les installations mises en place à
cet effet pour se mettre à l’abri des regards indiscrets ». Le législateur n’a pas par contre
précisé la nature des installations mais si nous faisons une analyse logique de la disposition,
nous pourrions considérer que nous sommes en présence des obligations du commerçant
banquier et de son client qui d’ailleurs peut constituer en un simple particulier ou un
commerçant. Dans ce cadre-là, les installations dont le législateur pourrait viser, peuvent être
les guichets automatiques que nous percevons dans notre période actuelle. Ces guichets
répondent en effet aux exigences posées par l’article 141 dudit règlement dans la mesure où
c’est un lieu qui permet en effet de composer un code confidentiel dans le plus grand des
secrets et en toute sécurité à l’abri des regards indiscrets. Le paiement régulièrement effectué,
un document papier qui retranscrit l’opération est dévolu au client 3 à titre de preuve. C’est
donc à bon droit que le législateur a pris en compte ces installations afin de sécuriser les
3
Une sorte de reçu dans le cadre de retrait d’espèce, ou une facture pour les paiements par carte bancaire
transactions commerciales entre les professionnels commerçants ou entre commerçant et un
particulier afin de ne pas laisser transparaitre les données sensibles liées à la transaction.
La facturation consiste à établir une note détaillée des prestations ou des marchandises
vendues. Elle constitue en un élément de preuve d’une opération commerciale et revêt donc
une valeur juridique importante. Elle a plusieurs fonctions, elle matérialise une transaction
financière, elle constitue un justificatif comptable et elle sert à l’exercice des droits sur la
TVA que ce soit la collecte et la déduction. En principe, dès l’instant où la transaction est
faite entre deux professionnels, l’émission d’une facture en double exemplaire est obligatoire.
Cette facture doit être délivrée soit au moment de la livraison de la marchandise soit à la fin
de l’exécution de la prestation de services. L’acheteur est d’ailleurs tenu de la réclamer. Les
factures émises par un vendeur en ligne doivent comporter un certain nombre de mentions
pour être valides. Lorsque le client est un particulier, la remise d'une note ou d'une facture
n'est pas toujours obligatoire. Dans notre cas où le paiement est fait électroniquement,
l'émission d'une facture est obligatoire et doit comporter l’ensemble des éléments qui
concerne la transaction que ce soit la provision, les coordonnées du commerçant, son nom
commercial entre autres, sans oublier l’occultation des mentions renseignant le compte
bancaire du client qu’il soit professionnel ou nom. C’est dans cette optique que le législateur a
adopté cette disposition dans le cadre de mieux protéger les données confidentielles mais
aussi à titre de preuve du paiement électronique. La facture délivrée permet d’admettre que ce
dernier puisse être uniquement électronique lorsqu'il présente des garanties suffisantes
d'inviolabilité et de pérennité. D’ailleurs la loi n° 2008-08 du 25 janvier 2008 sur les
transactions électroniques à travers l’article 34 qui dispose : « L’écrit sous forme électronique
est admis en facturation au même titre que l’écrit sur support papier, pour autant que
l’authenticité de l’origine des données qu’il contient et l’intégrité de leur contenu soient
garanties. » C’est dans cette logique que le dernier alinéa dispose que : « Les commerçants
doivent occulter le numéro des cartes bancaires sur les factures délivrées aux clients. » En
somme, une obligation est faite au commerçant de délivrer les factures aux clients qui doivent
respecter certaines mentions pour être valable à condition que les numéros des cartes
bancaires des clients soient censurés.