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Articles de Fond.
Page
Eduard ERKES, Die Sprache des alten Ch'u 1
Paul PELLIOT, Notes sur le "Turkestan" de M. W. Barthold 12
Louis LIGETI, Les noms mongols de Wen-tsoug des Yuan 57
Louis LIGETI, La collection mongole Schilling von Canstadt à la bibliothèque
de l'Institut 119
A. C. MOULE, An introduction to the I 3rù t'u chih 179
Paul PELLIOT, Sur la légende d'Uyuz-khan en écriture ouigoure 247
. . .
Paul PELLIOT, Les bronzes de la collection Eumorfopoulos publiés par
M. W. P. Yetts (I et II) .359
Paul PELLIOT, Arnold Yissière 407
Mélange s.
Paul PELLIOT, Lenom turc des "Mille Sources" chez Hiuan-tsang. . . 189
Paul PELLIOT, Le prétendu mot "iascof chez Guillaume de Rubrouck 190
.
Paul PELLIOT, Sur yam ou jam, "relais postal" 192
Paul PELLIOT, Les kôkô-dàbtàr et les p pj pf -flfl- hou-YJeou ts'ing-ts'eu 195
Paul PELLIOT, Un passage altéré dans le texte mongol ancien de l'Histoire
secrète des Mongols 199
Paul PELLIOT, L'ambassade de Manoel de Saldanba à Pékin 421
Paul PELLIOT, "Tchin-mao" ou Tch'en Ngang? .
424
Louis VAN HEE, Rosmarus- 427
Bibliographie.
The Chronicles of the East India Company trading to China 1635—1S34,
vol. V, Supplementary, 1742—1774, par Hosea Ballou Morse ; Frùhling
und Herbst des Lu Bu We, par Richard Wilhelm ; Geschichte der allen
chinesischen Philosophie, par Alfred Forke ; Sur les traces du Bouddha,
par René Grousset (P. PELLIOT) 62
Recherches sur le commerce génois dans la Mer Noire au XIIIe siècle,
par G. I. Bratianu; Les figurines de la céramique funéraire, par
C. Hentze (P. PELLIOT) '. 203
.
Ein Filrstenspiegel: Bas Sin-yii des LuKia, par A. von Gabain (P. PELLIOT) 429
Notes bibliographiques.
Notes bibliographiques 213
IV SOMMAIRE.
Livres reçus.
Page
Livres reçus 1U», ^1/, 4oo
C li o n i q u e.
r
Chronique 2u2.; 4o0
Nécrologie.
Charles Eudes Bonin, par Paul Pelliot 235
Arnold Vissière, par Paul Pelliot 236
Josef Markwart (Marquart), par Paul Pelliot 236
Richard Wilhelm, par Paul Pelliot 237
F. W. K. Millier, par Paul Pelliot. 239
A. von Le Coq, par Paul Pelliot 241
A. H. Francke, par Paul Pelliot 243
Jôrg Trûbner. par Paul Pelliot 244
Heinrich Gluck, par Paul Pelliot 244
Alfred Dirr, par Paul Pelliot 245
Frédéric Courtois, par Paul Pelliot 245
Mathias Tchang, par Paul Pelliot 246
Marinus Willem de Visser, par .1. J. L. Diryvendak 451
Georges Bouillard, par Paul Pelliot 454
Antoine Charignon, par Paul Pelliot 457
W. Barthold, par P. Pelliot 458
L.
Lcao-kiu tsa-tchou, par Lo Tchen-yu 445
Le Coq (A. von), nécrologie par P. Pelliot
....
241
Le Strange (Guy), Clavijo, Embassy to Tamerlane 1403—1406 443
Library of Congress, Division of Chinese literature, 1928—29
Ligeti (Louis), Les noms mongols de Wen-tsong des Yuan
.....
— La collection mongole de Schilling von Canstadt à la Bibliothèque de
223
57
l'Institut
..... 119
"
M.
Magna Hungaria, par G. Németh 227
Markwart (Josef) [et Marqtiart], nécrologie par P. Pelliot 236
Mei (Yi-pao), The ethical and political works of Motse 445
"Mille Sources" = turc Bïng-yul 107, 189
Miagana (A.); le P. Peeters conteste l'authenticité de son "New document"
sur l'expansion du christianisme chez les Turcs 114
Minns (E. H.), Small bronzes from Northern Asia 225
Miroirs de bronze 444
Modem (A) system for the romanization of Chinese, par Ch. S. Gardner 219
Moine (Le) arménien Heithoum et les apports de l'Extrême-Orient, par
G. Soulier 448
Morse (H. B.), The Chronicles of the East India Company trading to China,
t. V 62
Mo-tseu, trad. par Mei Yi-pao 445
Moule (A. C), An Introduction to the I yù t'u chih 179
Mùller (F. W. K.), nécrologie par P. Pelliot 239
Muséum (The) of Far Eastern Antiquities, Stockholm, Bulletin n° 1 .
225
.
N.
Naivasiki (ouigour) =
sanscr. naivâsika 254
Németh (Gyula), Magna Hungarie 227
464 INDEX ALPHABETIQUE.
Paga
Der Volksname Tùrk. 227
Németh (Gyula),
nyelvek kapcsolata 227
— Az urâli es a tôrôk ôsi
228
Ngan-yang fa-kiue pao-kao, par Li Tsi et Tong Tso-pin
189
Nom (Le) turc des "-Mille Sources" chez Hiuan-tsang, par Paul Pelliot 107,
Noms (Les) mongols de Wen-tsong des Yuan, par L. Ligeti
Notes sur le "Turkestan" de M. W. Barthold, par P. Pelliot
Nour (Riza), Oughouz-name
..... ^ 57
12
o.
"Ordo", "Orda" ou "Hôrdô", frère aîné de. Batu 209
Orient et Occident, par J. Ebersolt 218
Origines (Les) de Vastronomie chinoise, par L. de Saussure 447
Ôshû ni okeru Shinakôko-gakujô no shiryôto sono kenkyû, par S. Umehara
....
231
Otcët o poezdke na Orkhon letom 1926 goda, par N. N. Poppe 228
Otôk et tab'iq °°
Oughouz-namé, épopée turque, par le D 1' Riza Nour 247
Ouigoure (écriture); sou adoption par les Mongols, 34; date à laquelle
elle a cessé d'être employée en pays turc 353
P.
Passage (Un) altéré dans le texte mongol ancien de VHistoire ancienne
des Mongols", par Paul Pelliot 199
Payne (C. H.), Jahangïr and the Jesuits 446
Peeters (P.), Un nouveau document sur l'histoire des Turcs? .... 114
Peinture (La) indienne à l'époque des Grands Moghols, par I. Stchoukine 230
Pelliot (Paul), Notes sur le "Turkestan" de M. Barthold .12
— Le nom turc des "Mille Sources" chez Hiuan-tsang 189
— Le prétendu mot "iascot" chez Guillaume de Rubrouck 190
— Sur yam ou jam, "relais postal" 192
—
Les kbkô-dàbtàr et les hou-k'eou ts'ing-ts'eu 195
— Un passage altéré dans le texte mongol ancien de l'Histoire secrète
des Mongols 199
— Sur la légende d'Uyuz-khan eu écriture ouigoure 248
— Les bronzes de la collection Eumorfopoulos publiés par M. W. P. Yetts
(I et TI) ,359
— Arnold A7issière 407
— L'ambassade de Manoel de Saldanha à Pékin 423
— "Tchin-mao" ou Tch'en Ngang? 425
.
Page
Pelliot (Paul), Nécrologie d'A. H. Francke
. . ,
243
de Jôrg Trùbner 244
de Heinrich Gluck 244
d'Alfred Dirr 245
dé Frédéric Courtois ; 245
de Mathias Tchang 246
de Georges Bouillard 454
— —
d'Antoine Charignon 457
de W. Barthold 458
— Notice sur The Chronicles of the East India Company trading to-Ohina,
t. V, par H. B. Morse 62
Frùhling und Herbst des Lu Pu Wei, par R. Wilhelm
Gesehichte der alten chines. Philosophie, par A. Forke
....
.
....
.
68
91
— — Sur les traces du Bouddha, par R. Grousset .
106
Deux lexiques sanskrit-chinois, par Pr. Ch. Bagchi 109
Di uno scritto poco noto del P. I. Desideri, par L. F. Benedetto 110
.
Un nouveau document sur l'histoire des Turcs?, par P. Peeters 114
.
Page
Q.
Qïpcaq; origine du nom 280
R.
Rangga Lawe, par C. C. Berg 217
Recherches sur le commerce génois dans la Mer Noire au XIIIe siècle, par
G. I. Bratianu
....
903
_
Riasanowsky (V. A.), Customary Law of the Mongol tribes 229
Rosmarus, par L. Aran Hee 427
Rubrouck (Guillaume de); le mot "iascot" dans son récit, 190;son "Scacatay" 207
..INDEX ALPHABÉTIQUE. 467
S. Page
Saldanha (Manoel de); son ambassade à Pékin 421
Sânggûm (ïlqa ou Nïlqa)
Saussure (Léopold de), Les origines de l'astronomie chinoise .... . .
22
447
Schilling von Canstadt; sa collection mongole à la Bibliothèque de l'Institut 119
Schmitt (Erich); article de V. Hundhausen sur lui 220
Si-king tsa-ki; ses faux récits de violations de sépultures 389
Sib-singgir, nom ouigour du cinabre 313
Sin-yu de Lou Kia 429
Si'ûsiin y sùsiin, et èïiisùnci 37
Small bronzes from Northern Asia, par E. H. Minns 225
Some fecundity symbols in ancient China, par B. Karlgren 442
Sorai-kwan kinshô, par Abe Fusajirô" 448
Sorma ou sôrmà, espèce de boisson fermentée 259
Soulier (G.), Le moine arménien Hethoum et les apports d'Extrême-Orient 448
Soyurya-; son étj^mologie 302
Sprache (Die) des alten Ch'u, par Ed. Erkes 1
T.
Ta-cheng k'i-sin louen; question de son authenticité 218
Ta.iji, taisi, fai-tseu et t'ai-che 44
.
Tambours de bronze 383, 386
Tamya (al- et k'ôk-) ,
35
*Tatar-tonga, T'a-t'a-t'ong-a 33
Tchang (Mathias), nécrologie par P. Pelliot .
246
aTchin-mao" ou Tch'en Ngang?, par P. Pelliot 424
Thomas (F. W.) et Sten Konow, Two médiéval documents from Tun-huang 230
Tô-Sô seikvja, par Yamanaka Sadajirô 117
Tong Tso-pin, Ngan-yang fa-kiue pao-kao 227
Toryo, toryan, "tissu de soie léger" 52
Tourmente sur VAfghanistan, par Andrée Viollis 449
Trûbner (Jôrg), nécrologie par P. Pelliot 244
Ts'in Che-houang-ti et les bronzes anciens 370
Tuy-târnûr, nom mongol de l'empereur Wen-tsong 57
Turya'ut, catégorie de la garde impériale; de là le nom des Toryôt . . 29
Turkestan down to the Mongol invasion, par W. Barthold 12
Two médiéval documents from Tun-huang, par F. W. Thomas et Sten Konow 230
u.
Uyuz-khan et sa légende en écriture ouigoure 248
468 INDEX ALPHABÉTIQUE.
Page
Umehara Sueji, Oshïï ni okeru Shina koko-gaku jô no shiryô to sono
kenkyïï 2ul
W.
Wen-sin tiao-long 116
Wen-tseu et ses commentaires 100
Wilhelm (Richard), Friihling und Herbst des Lu Bu We 68
— nécrologie par P. Pelliot 237
Willem Tsbrantsz Bontekoe; voir Bontekoe (W. Y.).
Y.
Yada, yadacï, yatci, yaïcï 299
Yam (turc), yam (mongol), "relais postal" f 192
Yamanaka Sadajirô, Tô-So Seikwa 117
Yetts (W. P.), The George Eumorfopoulos Collection, Bronzes I et II 358
.
Yi-yu fou-tche; "introduction" par A. G. Moule 179
Yue-ling, "règles des mois"; leur histoire 82
EDUARD ERKES\
denn fê \f f
darum den Namen Nou-wu-t'u, „von der Tigerin gesâugt" erhielt;
g [ §£ |g ^
M % »die Leute von Ch'u SaSen
fur „sâugen" nou f§4 und fur „Tiger" wu-t'u " 8). ^^
Dièse Stelle zeigt nun zunàchst, dass m an in Cb'u eine indo-
cbinesische Sprache redete; denn nou ist ohne Zweifel mit chines.
^L ju (*néiu) und wohl auch $) nai (*nâï) urverwandt, und fu
ebenfalls an die gemeinindochinesische Bezeichnung des Tigers
anzuschliessen, wàhrend in ivu vielleicht am ersten eine chines.
-f§: mu „Mutter" entsprechende Greschlechtsbezeichung zu erkennen
1) Auch sonst scheinen sich. die Bewohner von Ch'u in manchen Âusserlichieiten
von den Chinesen unterschieden zu haben; nach Tso-chuan VIII, 9 waren sie an einer
hesondern Kopfbedeckung {nan-lcuan ga -mt „Siïd-Mûtze") kenntlich. Auch ihre
,
Sitten waren anders; die in China seit alters so strenge Trennung der Geschlechter
scheinen sie nicht heachtet zu haben; s. Tso-chuan V, 22; Sung Yiih, Chao-lvun, V. 107.
2) Tso-chuan VII, 4.
3) Jlg ist Variante von JjSÇ nou' {kou) sàugen (cf. Tze-tien s. v. ^^ ),
sich durch wechselnde Schreibung ( S^
^
/i\^
^
^r*
^
fl^[ SQ" ^ )
was
III, 30 genannt. — Die Stelle ist ferner behandelt bei Plath, Lie fremden barbarischen
Staminé im alten China (Silzungsberichle der Mïmchener Akademie, phil.-hist. KL 1874)
p. 522; Terrien de Lacouperie, The Languages of China before the Chinese (1887), p.
11; Tschepe, Histoire du royaume de Tcliou (1903), p. 34, n. 1; Laufer, Jade (1912),
p. 183; Conrady, Las atteste Lokument sur cliinesischen Kunstgeschichte, Tien-ioen, die
„Himmelsfragen" des E'ùh Yuan, hgg. v. Erkes (1929), Einleitung.
DIE SPRACHE DES ALTEN CHU.
durften:ji^S^o
W #WM o
^
v. Ckr. zu erblicken, nack der, wie es sckeint, die Vertreter von
Tsin und Ck'u auf einer Zusammenkunft einen Dolmetsckers be-
?**^
||
.
£ f: » f| #
II & ifc o „
«Ckao-meng (von Tsin)
flg *
war (Ekren) gast; Tze-muk (von Ck'ti) redete mit ikm, und er
konnte nickt antworten. Er liess Skuk-siang bei der Unterkaltung
kelfen ; aber Tze-muk konnte auck nickt antworten" 8). Die ker-
ganda machte : i î
EDUARD 1RKES.
4 "fi f tt 2 A * ft 2 t"
„Jetzt da der wiirgerzùngige l) Sùdbarbar, der die Art der alten
ï
Kônige negiert!" 2). Auch hier ist also die fremdartige, dem
chi-
in der kulturgesckichtlichen Skizze, die er bei der Diskussion mit den Shen-nung-Verekrern
entwirft, nicht diesen, sondern Hou Tsih als Erfinder des Ackerbaues nennt (III, 1, 1^ 8). ,
1) Wm- kiieh ist derselbe Voçel wie 1B kii/i, der Wùrger oder Xeuntôter (Shi
I, 15, I, 3), der auch un ter verscliiedenen andern Namen ( T|Ï? &J po-lao-niao,
jg g| ^
*ZKJ-
also wolil ebenfalls als Beleg fur das Bestehen einer besoiidern
Sprache von Ch'u aufgefasst werden.
Ebenso spricht Lu Puh-wei von einer Sprache von Ch'u, die
er mit der Sprache der Jung-Barbaren in Parallèle stellt, also
augenscheinlich auch als nicht-chinesisch bezeichnen will : ^ J^
35C A. stt fï ^c o
»^^e Jung-Leute werden bei den Jung gebo-
ren und wachsen bei den Jung auf und wissen nicht, wie sie sich
die Jung-Sprache aneignen. Die Ch'u-Leute werden in Ch'u geboren
und wachsen in Ch'u auf und wissen nicht, wie sie sich die Ch'u-
Sprache aneignen. Liesse man nun einen Menschen aus Ch'u bei
den Jung aufwachsen und einen Menschen von den Jung in Ch'u,
dann (lernte) der Ch'u-Mensch die Sprache der Jung und der Jung-
Mensch die Sprache von Ch'u." -1).
Auch zwei Stellen bei Meng-tze's Zeitgenossen Sûn-tze, die Ch;u
auf der einen Seite mit China, auf der anderen mit dem nach
allgemein anerkannter Ùberlieferung in Sprache und Kultur bar-
barischen Yûeh kontrastieren, sprechen dafûr, dass Ch'u sprachlich
und kulturell als barbarisch empfunden wurde. An der ersten Stelle
heisst es: M A % M
,
1A$I, # ¥ *X .
»Der
Mann von Tûeh findet Befriedigung in Yùeh, der Mann von Ch'u
in Ch'u, der Edle in China (Hia)"2). Die andere Stelle lautet:
1) Lii-shi Gliun-is'vu 5, 21a (R. "Wilhelm, Frùhling und Herbst des Lu Bu Wei,
p. 53). Der Kommentar verweist dazu auf Meng-tse III, 2, VI, 1.
2) Sùn-Ue 2 (4), 11b (Dubs, The Works of Hsùn-tze, p. 59). W ist nach Vor-
schlag von Dubs in den Text eingesetzt statt der herkômmlichen Lesart Tifc „verfei-
nert", das vom Kommentar durch 11—> „gerecht" erklârt wird, aber keinen Sinn ergibt.
Der Parallelismus zu den beiden vorhergehenden Sàtzen verlangt vielmehr, dass auch
hier ein Làndername steht; ebenso spricht dafûr der anschliessende Text: 4P; 3-E
£& H ft B "tfc , JÊ&m'BfèZWM&- -DB.ge.chieht
8 EDÏÏARD ERKBS.
Jg S fl ^ JB ^ Fi &\ M S S îfO
Ch'u, dann ist man (einer von) Ch'u; lebt man in Yûeh, dann ist
o
,Lebt man in
Chinese"1).
man (einer von) Yûeh, lebt man in China, dann ist man
Die Sprache von Ch'u scheint sich nun auch einer besondern
Schrift bedient zu haben, auf deren Bestehen wohl schon die in
der oben besprochenen Tso-chuan-Ste\\e angefûhrten besondern Zei-
chen fur die Ch'u-Worte hindeuten. Wenigstens fasst Schindler
die Stelle so auf und ûbersetzt sie: „Die Leute von Ch'u bezeich-
nen das Sàugen mit déni Zeichen fU£ und einen Tiger mit den
Zeichen j?^ l^T " 2). Ich kann mich zwar der Ùbersetzung meines
gelehrten Freundes nicht ganz anschliessen; denn wenn in der Stelle
direkt auf die Schrift hingeweisen werden sollte, so mùsste m.E.
^ statt ||
stehen, das doch wohl eher die mùndliche Aussprache
bezeichnet. Aber sachlich trifft seine Auffassung sicherlich zu ; denn
es ware sonst unverstàndlich, warum der Lautwert non durch kuh
(huit) und wu durch yil transkribiert wurde. Man hat also in Ch'u
die chinesische Schrift augenscheinlich so verwandt, dass chinesische
Zeichen ohne Rûcksicht auf den Laut, aber wohl mit Rucksicht
auf den Sinn zur Wiedergabe der eignen "Worte benutzt wurden 8).
Auch die oben angefûhrten Stelle aus dem i^«nf/-^i?n-Kommentar
des Kuoh P'oh, nach dem bei den "Wildstàmmen von Kiang-nan
der Tiger Vu heisse, was hou gesprochen werde, làsst sich wohl
nicht durch Kônnen, Talent oder Naturanlage, sondera infolge der Verschiedenbeit der
Anschauungen und Gewohnheiien". Auch die zweite unten zitierte Stelle spricht mit
ihrem genauen Parallelismus dafiir. Aber selbst wenn ¥# die richlige Lesart
wure, so
bliebe doch die Kontrastierung der Kultur von Ch'u mit der „Verfeinerung" Chinas
bestehen.
1) Sïin-Ue 4 (8), 27a/b (Dubs, p. 116).
2) Hirih Annïversary Volume, p>. 643.
3) Vgl. S. 2, Anm. 3.
— Dialektschriflen hat es bis auf Shi-huaDg-ti ja noch
eine ganze Reihe gegeben ; aber ihr Charakter scheint insofern anders
gewesen zu sein
als besondern Wortern auch besondcre Zeichen entspraclien, aber nicht gegenseili"-
Ent-
lehnungcn von Zeichen fur gleicbe Begriffe mit anderer Lautbezeichnung
vorgenommen
wurden. Vgl. Schindler in OZ VI (1917), p. 69/7J.
DIE SPRACHE DES ALTEN CH'U. 9
aber dièse waren mir nicht erreichbar, ebensowenig ein leider nicht n;iher genannter
und daher nicht zu identilizierender Aufsatz von Devéria, der eine angebliche Miao-
tze-Schrift behandelt, die aber uacb d'Ollone wahrsebeinlicb von den Yao-tze stammt.
Nach Milteilung des Paters Kireher an d'Ollone (p. 272) solleu auch die Miao-tze von
Tongking eine Schrift, angeblich erst neueren Datums, besitzen, wàhrend Savina (Histoire
des Miao, intr. p. XVI) das Yorkommen einer eigentliehen Schrift bei ibnen bestreitet,
aber angibt, dass Vorlaufer einer solchen in G estait von Kerbhôlzern (die ja auch in
China der Schrift voraugegangen zu sein scheinen) und Anfangen einer Bilderschrift
vorhanden seien. Die Miao in Siam haben eine Tradition, nach der sie friïher eine
eigne Schrift besassen (G-raham, Siam, a Handbook, p. 130).
1) Fin1 freundliche Unterstiitzung bei der Identitizierung der beiden Zeichen bin
ich Herrn Lektor Chou King-yu jj§ -|§- "W zu Dank verptlichtet. Herr Chou ist
ebenso vne der bei d'Ollone zitierte Gelebrte der Ansieht, dass die Miao-tze-Zeichen
einer alten Form der Grasschrift entsprechen.
2) Die bei Lao-tze vorkommenden Ch'u-YVorte habe ich iu Sinica III (192S),
p.
131/32 zusammengestellt. Sie sind insofern von Bedeutung, als sie
m. E. einen srewich-
tigen Beleg dafur darstellen, dass Lao-tze tatsachlieh eiu Sûdcbinese
war uud der
Taoismus ursprùnglich eine sùdchinesische Religion ist.
3) Dass K'ûh Yûan's Sprache einen nichtehiiiesischen Einschlag aufweist, ist
schon
verschiedentlich betont worden, am ausgesprochensten
von H. Maspero . ..Homme de
Tch'ou, Yuan de K'iu e'tait un barbare: le chinois n'était
pas sa langue maternelle; de
là peut-être une certaine gaucherie d'expression que les Chinois ont remarquée
depuis...''
(La Chine antique, p. 600). Zu einem alinlichen Ergebnis ist nach brieflicher
Mitteilung
P. F. Biallas gelangt, der eiue englische Ausgabe der "Werke K'iih Y'iïan's vorbereitet.
DIE SPEAOHE DES ALTEN CH'u. 11
PAUL PELLÏOT.
bhiksu n'est rien moins que sûre; nous avons plutôt tendance
aujourd'hui à y retrouver le chinois -[^ J^ po-clie (*pâlc-dzcï)', cf.
Laufer, dans T'oung Pao, 1916; 485—487 (la note de la p. 557
est très erronée); mes remarques de JA, 1925, I, 254; pour la
popularité du terme chinois, noter qu'en japonais po-che est repré-
senté non seulement par le sino-japonais haJcushi, mais par la forme
entièrement japonisée hakase.
P. 82. — Le chinois $J$ |j§» Na-mi (*Nâ-miët) ne peut ramener
normalement à "JSTamik"; la véritable lecture de la forme arabe ne
serait-elle pas js^lj *Nâmi5 ?
P. 134, note 4. — Au lieu de "Ta-mo", lire „Tu-mo". Le
chinois ^ j||L Tou-mo (*Dcuk-mâk), avec le cl- initial que les Chinois
1) M. Malov ne reprend en outre dans son vocabulaire que les mots de l'édition
de Constantinople qui manquaient aux mss. utilisés par Melioranskiï ou ceux qui y
étaient douteux. Mais il y a des cas où des variantes orthographiques auraient mérité
2
18 PAUL PELLIOT.
d'être relevées; c'est ainsi que, pour l'année du "lièvre", Melioranskiï (pp. 041, 0101, 80)
écrit \JUVAD tawïsyan, sans indiquer de variante; mais l'édition de Constantinople (p. 186)
1) Pour col en turc, cf. Radlov, III, 2043. Pour le col mongol, Kovalevskiï et
Golstunskiï indiquent tous deux le sens de "limon", "boue", au fig. "souillure", mais,
dans leurs exemples, rendent plusieurs fois le mot par "désert"; il y a une sorte de
contradiction entre leurs traductions de col oro-, "entrer dans le col", par "entrer dans
un bas-fond couvert d'eau", et de col yajar, "terre de col", par "lieu saDs eau"; peut-
être deux mots se sont-ils confondus ici (ce sera sûrement le cas si la vocalisation ail,
indiquée par Kovalevskiï pour le mot signifiant "limon", est correcte). En tout cas, c'est
au sens de "désert" que col est le plus anciennement attesté en mongol, dans l'Histoire
secrète des Mongols, § 188, et on retrouve ce col conservé en persan dans le passage
correspondant de Rasïdu-'d-Dfn (cf. J. A., 1920, I, 176, 178—179, mais en corrigeant
au début de la n. 2 de la p. 178 le renvoi aux Trudy, qui se rapporte au t. XIII et
non au t. XV). Le lexique d'Ibn-Muhanna, qui ne donne pas col dans la partie turque, a
V^> col dans la partie mongole, au sens de "désert" {barr); cf. Melioransldï dans ZVOIRAO,
XV, 132 (la vocalisation lui de Melïoranskiï est mauvaise). Dans le I)aJablmmikasutra
mongol, col répond au chinois Praif ffir k'ouang-ye, sanskrit atavi, "désert"; cf. J. Rahder,
Glossary of the DasabJwmika-sûtra,- Paris, 1928, in-8, p. 1 (M. Rahder indique en
....
outre comme équivalence tibétaine mya-iian, "affliction", "misère"; comme le texte mongol
est presque sûrement traduit du tibétain, il semble qu'une confusion se soit produite dans
le texte tibétain actuel entre mya-han, "affliction", et mya-ham, "désert de sable").
D'ailleurs, Kovalevskiï a recueilli seulement dans les lexiques deux équivalents tibétains
de col; l'un, 'phyan, n'est pas attesté comme substantif, mais, comme verbe, paraît
signifier "errer"; quant à l'autre, gdon-dun, c'est le mot tibétain normal pour "désert".
A raison de passages comme celui de Rasïdu-'d-Dïn, le mot \tf>- "c~àl, au sens de "désert",
a été recueilli dans les lexiques persans (cf. Vullers, 602); mais Vullers ne dit pas qu'il
considère col comme vraiment persan.
2) Cf. l'édition de VAbusqa donnée par Véliaminof-Zernof, Dictionnaire djaghataï-lurc,
p. 252, s.v. ajG^>- I;e mot paraît cependant s'être acclimaté dans l'onomastique persane;
cf. par exemple le "Ser-i-julge" cité dans Yule et Cordier, Marco Polo3, t. III (Notes
and Addenda), p. 28.
3) Il est possible que Vullers ait songé pour "côlgâ" à un composé fait du turc
20 PAUL PELL10T.
qu'il faut séparer col de jôlgci et que, si aucun d'eux n'est persan,
le premier seul est peut-être vraiment turc, au lieu que le second
serait originairement plutôt un mot mongol. Le mongol, qui écrit
col pour "désert", a en effet un mot jiïlgà (ainsi vocalisé par
Kovalevskiï), qui signifie "prairie", et est évidemment identique
au prétendu côlgâ de Radlov. L'initiale j- et non c- est d'ailleurs
confirmée par turc kùàr. yolgo, "monticules d'herbe dans un marais"
(Radlov, III, 451), et par kirghiz jûlgô, "petite vallée" (Radlov,
IV, 186); le jaghataï côlgâ de Vullers et Radlov semble donc
décidément à corriger en jôlgll ou jillgâ, lequel est ancien en mongol,
car il se trouve, transcrit jôlkâ et traduit par j\\ tch'ouan. "vallée ar-
rosée", dans le § 247 de VHistoire secrète des Mongols ]). Pavet de
Courteille (p. 298) indique sous côlgâ, à côté du sens de "plaine
arrosée", celui de "district d'une ville", et Vâmbéry fait de même
sous jôlgci] ils ne voient donc qu'un mot là où Vullers croyait en
reconnaître deux quand il laissait son u côlgâ" (lire jôlgâ), "plaine
arrosée", à part de »L<L>, ^JOO- OU L<JC=- jolga, "territoire" (I, 525).
Vullers tirait ses informations sur ce second mot d'une note étendue
de Quatremère, dans Notices et Extraits, XIV, i, 59 (Quatremère
lit j-iïlkâ) ; le mot se rencontre en effet assez souvent dans les textes
persans à partir de l'époque mongole, et même dans la version
persane des Mémoires de Bâbur (je ne le retrouve pas actuellement
1) Bûgù est la forme des textes chinois de l'époque mongole (c£,-JJ_, 1920, I, 15.8--
T'oungPao, 1928/29, p. 134). C'est Biigù" qu'il faut rétablir au lieu de ^j- Tiigù dans
Berezin, Trudy, V, 111 — 112, et VIII, 112. Les textes de Rasîdu-'d-Dîn que traduit
Berezin portent sur les Naïman ; ils montrent ainsi la popularité de la légende de Bùa;û-
khan dans tout le monde turc et peut-être même turco-mongol.
2) Certaines variantes des mss. de Rasïdu-'d-Dïn peuvent d'ailleurs se lire également
Nïlqa, mais je crois que Ilqa est la bonne leçon.
NOTES SUR LE "TURKESTAN" DE M. W. BARTHOLD. 23
1) Cf. cette parole de Gengis-ihan dans Histoire secrète des Mongols, § 242:
Dà'ùnàr-ihi minu nïlqa Otcïgïn iùi-jà, "De mes frères cadets le plus jeune est [Tâmûgà-]
otcïgïn". Kovalevskiï, qui a bien nïlqa seul p. 660, paraît à la p. 646 y voir un doublet
de niyun; mais niyun doit être une variante médiocre de nuyun, nu un, et n'a rien à
voir avec nïlqa.
2) En faveur d'une faute des transcripteurs, on peut invoquer que le mss. mongol
24 PAUL PELLIOT.
1)L'Histoire secrète des Jlongols (§ 16S) voit ici deux hommes qu'elle appelle
Buqataï et Qïrataï; mais si le dédoublement devait bien être dans le texte original,
"Qïrataï" peut résulter d'une altération soit dans le mss. dont se sont servi les trans-
eripteurs, soit dans la tradition de cette transcription; en effet le mss. mongol récemment
découvert écrit "Buqataï Kiciyutai", évidemment altéré lui aussi, mais où le <.' de (fiait
s'est néanmoins maintenu. Je profite de l'occasion pour signaler que. dans les textes relatifs
à Buqataï-qïèat, il s'agit de manger non pas des "chevaux'' (comme l'a
cru évtdent Berezin,
Triai;/, XIII, 130, 296, en lisant un soi-disant turc ^L!«j ipilqï qu'il identifiait au mot
urc connu JjJb y'iï'fi, "troupeau de chevaux"), mais bien le "festin de fiançailles", en
mongol bn'itljar; et les meilleurs manuscrits de Basîdu-'d-Dîn ramènent en effet à ^-o
bvljar.
2) C'est la forme en -at qui me fait hésiter à admettre une dérivation du turc,
car autrement des titres mongols de fonctions ont jm être empruntés de dialectes turcs.
Beaucoup n'eu restent pas moins d'origine encore douteuse; tel est le le bôgâilt
cas jiour
dont qïsat ou cfùai serait un équivalent et pour son quasi-synonyme battra. Au temjis
de Bïïbur, le bôgiiïtl était au-dessus du battra-,
on traduit souvent, sans grande conviction,
bbgàïd par "échanson" et battra par "cuisinier''. Mais,
pour b'oqa'ùl ou biikdiil {bSqaitl':),
dont la forme n'est d'ailleurs pas claire encore que la suffixation finale -ni «-'«/<-*7v.'/
ou -*fittl) se trouve dans nombre de titres turco-mongols, je n'ai pas relevé jusqu'ici le
mot dans uu texte en langue mongole (cf. sur lui Radlov, dans ZVOIRAO. III, 24;
W. Bang, T'ont kôk/i/rk. zum osmanischen, 2— 3,
pp. 61—62; Gornboez, dans Jfe'tn. Soc.
fin. ott.gr., XXX, 40; Samoïloviè, dans I:v. B. Ak. JS'aitk, 1919, 1115—1116;
et mes
remarques de T\vnig Pao, 1925/26, 64; y joindre encore les indications de Vullers, I,
25 3). Quant à battra', on le rencontre,
sous la transcription baimr'a, dès les
et premières
nominations de fonctionnaires par Gengis-khan, dans YITisioire secrète d^s Monqols
(par
exemple § 124, 208, 229; mais il ne paraît guère avoir survécu
en mongol classique,
car, à en croire les sources de Kovalevskiï et de Golstunskiï, bdvrcin qiir ou btiurèi
car
signifierait une "auberge", et Golstunskiï va jusqu'à donner expressément,
comme synonyme
bauri gàr, où ba'/tri est un "lieu où on descend", de ban-, "descendre de
cheval"-
mais il doit y avoir eu là une contamination, et ba'i/ra
ne peut évidemment se tirer de
bdu-. M. Yladimirkov a retrouvé ba'urci,
au sens de "cuisinier", dans la traduction
mongole du dictionnaire tibétain Li-sïi gur-khafi et
en a déduit que le mongol avait
connu un mot bayttr ou bat-tir, "foie", correspondant au turc bay'ir, "foie"; ba'urci
ou
NOTES SUR LE "TURKESTAN" DE M. W. BARTHOLD. 27
ba'urcïn serait primitivement mongol, et c'est du mongol que le mot aurait passé en turc
où il a fait une assez grande fortune depuis l'époque mongole {Doklady Aie. nauk, B,
1926, 28); M. Poppe {Zap. Zoll. Yostokovedov, III, 574) a suivi M. Vladimircov. Le
raisonnement me paraît assez fragile. La traduction mongole du Li-si'i gur-khaii est du
XVIIIe siècle, et n'ajoute naturellement rien en elle-même aux mentions qu'on trouve
par exemple dans YHistoire secrète des Mongols. Mais l'Histoire secrète elle-même contient de
nombreux mots purement turcs que les Mongols ont empruntés. Ce qu'il faudrait nous montrer
en mongol, c'est le mot ba'ur lui-même; il ne s'y est jamais rencontré. Jusqu'à nouvel ordre,
nous devrons bien tirer ba'urci de bater, "foie", comme le faisait déjà Radio v (IV, 1433),
mais ce sera en tant que les Mongols ont emprunté le terme tout fait à un dialecte turc
où "foie" se disait peut-être baur ou baur plutôt que bayïr; tel est le cas aujourd'hui
par exemple en Mrghiz et en turc de Kazan.
28 PAUL PELLIOT.
\\ Mongols avoir existé chez les Kéraït avant d'être adoptée par
', Grengis-khan 2).
Quant aux "kebtewuf ou kdbtiïiit de VHistoire secrète des Mongols,
App., p. 29) a donné l'explication correcte par "garde, sentinelle", mais en ajoutant le
mot en écriture mongole comme s'il l'avait rencontré dans un texte vraiment mongol;
nos dictionnaires mongols ignorent en réalité turyaq et je suppose que M. Blochet l'a
tacitement remis en écriture mongole en partant de la forme turque. Pour l'emprunt du
mot en persan, cf. encore Vullers, I, 435.
1) Berezin, V, 280, s'est absolument mépris sur ce terme mongol et sur sa glose
explicative en persan. En comparant la lecture ancienne d'Erdmann, et celles de Berezin
dans V, 280, et VII, 201, il paraît bien qu'il était dit en persan de quelque manière
que Toqucar était à la tête de tout ou partie des turqaq et des hàiiJdït ; quant au terme
mongol, les manuscrits utilisés par Berezin le donnent correctement.
2) J'ai rédigé depuis longtemps un travail sur l'histoire ancienne des Kalmouts,
que je n'ai pas fait encore paraître parce que je n'avais pas la solution de certaines
difficultés; c'est dans ce travail que je reviens sur l'histoire des Toryot, Je dois dès à
présent toutefois prévenir une objection : Berezin, non sans hésitation d'ailleurs, a sup-
posé le nom des Toryot ancien et a cru qu'il existait au temps même de Gengis-khan.
Mais c'est là une erreur; ce qu'il a lu 0^V Toryut (V, 78) est à transcrire Taryut,
et nous avons là la tribu des Taryut dont le nom se trouve dans l'Histoire secrète des
Mongols (§ 120).
NOTES SUR LE "TURKESTAN" DE M. "W. BARTHOLD. 31
P. 383. — Les gardiens des portes sont bien des ffiidanci comme
M. B. Ta supposé.
p. 3S4. — L'étendard de Grengis-khan n'était pas "a standard
with nine white tails", mais "a white standard with nine tails"
(t/asiin koltii caqaan tuq, dans Hist. secrète, § 202); par kôl,
mot-à-mot "pied", auquel le chinois répond par J|| icei, "queue",
j'entends neuf "flammes" disposées l'une au-dessous de l'autre sur
le côté flottant de l'étendard (celui opposé à la hampe); cette
interprétation résulte pour moi des miniatures persanes où on voit
des drapeaux mongols et des tableaux chinois où figurent des
drapeaux des nomades même un peu avant les Mongols. Quant au
drapeau décrit par "Mong Hong" (lire vraisemblablement Tchao
Hong), ce n'est pas celui de Grengis-khan, mais celui de Muqalï,
également à neuf "queues", et nous ne pouvons dire si la "lune
noire" se trouvait aussi sur l'étendard de Grengis-khan ou si elle
était une marque distinctive de celui de Muqalï; j'inclinerais plutôt
à cette seconde solution.
P. 385. — "The military aristocracy, as among the Turks,
bore the title of tarkhans"; les textes dont je dispose ne me pa-
raissent pas justifier une affirmation aussi générale; de même ce
qui est dit en général des honneurs témoignés aux tarkhan (en
mongol darqan) lors des banquets concerne nommément les deux
gardiens de troupeaux Badaï et QïsTïq (Qïsïliq dans VHistoire secrète')
que Gengis-khan nomma darqan et à qui en outre il conféra le
privilège exceptionnel d'avoir des gardes du corps porteurs de
carquois (qorcïn) et des assistants qui, lors des banquets,
accom-
1) Tel me paraît tien être le sens du § 187 de Y Histoire secrète des Mongols,
mal compris par Palladius. Le mot ôlok ou le verbe "ôt'ôkld'ùl- apparaissent à plusieurs
reprises dans l'Histoire secrète (§ 154, 189, etc.); Ybt'àk était l'"invitation à boire";
bt'àkla'ùl- est le causatif du verbe dénominatif issu de otôk. Le Tcho-keng lou de 1366
(21, 19—20) décrit le rite observé pour boire dans les banquets impériaux. On homme
tenant une tablette de bois était debout à gauche du souverain; un autre tenant une
coupe se tenait debout à sa droite; celui qui tenait la tablette disait gr. Hu* vjo-t'o;
celui qui tenait la coupe répondait jfX kHC ta-pi, la musique jouait, puis on présentait
le vin à l'empereur qui buvait; quand il avait fini, la musique reprenait un autre air
et on offrait à boire aux hauts dignitaires. T'ao Tsong-yi, l'auteur du Tcho-keng lou,
voit là un rite que les Mongols auraient hérité des Kin, mais je crois plus vraisemblable,
dans le cas présent, qu'il s'agisse d'un usage turc. En effet wo-fo est naturellement Yblôk
de Y Histoire secrète des Mongols. Le mot n'a pas survécu en mongol, mais en fait je ne
le crois pas mongol d'origine; c'est simplement, à mon avis, le mot turc bliig, "prière",
et il ne peut être qu'emprunté (et assez tardivement) en mongol, car la correspondance
normale de ôtu- en mongol est bci-, parfaitement attesté; en somme, la formule d'invi-
tation serait la même que celle usuelle en chinois dans le même cas, gm g|q ts'ing-ts'ing,
"je [vous] prie, je [vous] prie". Et quant à ta-pi, en valeur de transcription sous les
Mongols *dabi (aves les incertitudes de notation entre l- et d- initiaux dans les trans-
criptions chinoises de mots altaïques), j'y vois le turc tabïq ou taiuq, "hommage", "respect",
qui existe en mongol, mais emprunté au turc (cf. Vladimircov, dans ZVOIRAO, XX, 170).
En somme, le premier héraut dirait, "je vous prie", et le second ajouterait "en hommage".
Dans les textes chinois de l'époque mongole, on trouve souvent la mention d'une catégorie
de gens appelés KL JKr wo-t'o (altéré dans bien des cas en Jpp 0j£ kan-fo); malgré
l'identité de la transcription, il s'agit d'un tout autre original; ce second vjo-t'o repré-
sente une prononciation ortoq de oriaq, nom connu des associations commerciales qui
étaient organisées surtout par les. Musulmans.
3
34 PAUL PELLIOT.
_!£. jp£ [iH =Êr ). Si Rémusat a connu le texte véritable du Yuan che, on comprend
d'autant moins qu'il l'ait négligé que cela lui aurait permis de corriger l'opinion de
Klaproth, reproduite et approuvée par lui en 1820 dans les Rech-erches sur les langues
tartares (p. 31), et selon laquelle "sous le règne de Tchinggis-khan et des trois premiers
de ses successeurs, Ogode-khan, Gouïyou-khan et Monggou-khan, on n'écrivoit ijas en
langue Mongole, mais en ouigour". Le rôle prêté à T'a-t'a-t'ong-a par sa biographie peut
avoir été grandi indûment, mais il n'y a guère à douter qu'on ait écrit la langue mongole,
avec des caractères ouigours, dès le début du XIII0 siècle. Nous ignorons en quelle langue
Gengis-khan aurait ordonné en 1206 à Sigi-qutuqu d'inscrire les sentences judiciaires sui-
tes "cahiers bleus" dont il sera question bientôt; a priori on doit penser que c'était
vraisemblablement en mongol; mais il y a peut-être quelques réserves à faire sur la date.
Plus tard, lorsque Gengis-khan eut au Turkestan chinois des conversations avec le taoïste
K'ieou Tch'ou-ki, il ordonna de noter en traduction chinoise celle du 29 octobre 1222
(cf. Palladius dans les Trudij de la mission russe de Pékin, IV, 331 ; Bretschneider
' Med. Res., I, 95, a confondu cette conversation avec celle dont il va être question en-
suite, et ses conversations en dates européennes sont dans cette partie trop hautes d'un
jour; c'est cette conversation du 29 octobre 1222 qui doit constituer l'ouvrage encore
existant et que j'ai signalé dans T'oimg Pao, 1928/29, 174—175). Mais, par la suite
NOTES SUR LE "TURKESTAN" DE M. W. BARTHOLD. 35
le 31 janvier 1223, Gengis-khan eut avec le maître taoïste une autre conversation
7r jrt
)3> 0 ^ZJ-?*;
qu'"il ordonna à ses assistants de noter au moyen de lettres liouei-hd" ( "PoC
oE 419); bien que, chez K'ieou Tch'ou-ki,
cf- Palladius> iiid-> 333>
houei-ho désigne tantôt les Musulmans et tantôt les Ouigours, il est bien vraisemblable
qu'il s'agit ici d'un texte écrit en langue mongole au moyen de l'alphabet ouigour.
Tel est le cas, de toute manière, .pour la pierre dite de Gengis-khan qui doit être de
1225. Et on sait que le cachet de Gùyûk en 1246 est aussi en écriture ouigoure, mais
en langue mongole.
1) Cf. l'expression en apparence synonyme altun nisanlïq yarl'iq,"édit au cachet d'or",
dans le yarlïq de Toqtamïs {ZVOIRAO, III, 16) ; mais le yarlïq de Tamir-qutluq, a
(ièid., 38) altun nisanlïq al tamyalïq yarlïq, ce qui montre que nisan et tamya ne se
confondent pas.
2) Le mongol tamaya est très vraisemblablement emprunté, et semble sorti du turc
tamya; M. Bang, Manich, Laien-Beichtspiegel {Muséon, XXXVI, 210), le tient toutefois
pour un reste d'une civilisation préturque. Le mot apparaît déjà dans les inscriptions de
=
l'Orkhon sous la forme tamqa; l'explication de Kadlov sur tamya *tayma {ZVOIRAO,
III, 23) ne semble pas à retenir.
36 PAUL PELLIOT.
soit
Le seul type de sceau des souverains mongols qui nous
directement est le "sceau vermeil", apposé en vermillon sur
connu
du papier blanc; tel est le cas pour le sceau de Grûyùk et pour
des ilkhan de Perse; et le nom d'al-tamya se rencontre assez
ceux
à partir du milieu du XIIIe siècle }). Quant au kok-
fréquemment
tamya, Ranimer {Goldens Horde, 219) l'avait déjà signalé. M. B.
dit que "le sceau bleu ne s'est employé apparemment que dans les
occasions les plus solennelles, principalement sur des documents
adressés à des membres de la famille du khan"; et en note, il
renvoie, pour un exemple d"'emploi du cachet bleu", à Rasïdu-'d-Dïn
(Berezin, Trudy, V, 40; texte persan, VII, 51). Mais cet exemple
est celui-là même auquel Hammer avait déjà fait allusion, et on ne
dit pas que le terme ou la chose soient mentionnés ailleurs.
nous
Dans ce passage de Rasïdu-'d-Dïn, il est question des fils d'un
compagnon de Hulaqu, lesquels fils étaient au service d'Aba/a, et
il est dit que l'un d'eux, ^
Aruq, "se rendit une fois en am-
\
sans aucune indication de variantes, et je ne vois pas qu'il ait de note explicative sur
ce mot, ni dans le. corps du volume, ni dans l'Appendice. Il s'en faut cependant que la
forme et l'origine du mot soient assurées. Tous les passages montrent qu'il signifie la
"direction" d'un groupe d'individus, le fait de les avoir sous ses ordres. Mais ie glossaire
de l'édition de Bomba}7 de Wassïïf écrit ^c^oLwo yosamih (cf. Vullers, II, 1531) et
y voit un doublet de yasamih; bien que Quatremère n'ait rien dit de ce doublet dans
sa note sur yasamih (Hist. des Mongols, CLXII), cette solution ne serait pas impossible
en soi, puisque nous avons vu les doubles formes bôgàùl et bàkàùl (bàyàul?), kbtàul et
Tcdtàùl et qu'on connaît de bonne beure un doublet yolauci de yalava'c (cf. ZVOIRAO,
III, 23—24) ; mais il serait assez surprenant que Rasîdu-'d-Dîn employât concurremment
les deux formes, et d'ailleurs yasamih, bien que signifiant l'action de régler, de mettre
en ordre, paraît se distinguer par une nuance sémantique du mot qui nous occupe ici
et qui signifie le fait d'avoir tels ou tels groupes sous ses ordres. Si les mss. de
Rasîdu-'d-Dîn ont bien dans la plupart des cas /i^oLw»3' sans variante, comme les
éditions de Berezin et de M. Blocliet donnent lieu de le supposer, c'est à cette forme
qu'il faudra se tenir. Mais les formes turques connues ne donnent pas directement d'ex-
plication satisfaisante (Radlov n'a pas de verbe ^\^iMtJ Pavet de Courteille, 234, a
seulement un mot jj^j^$L*i»j qu'il interprète par "rébellion", "action de s'élancer",
mais pour lequel je ne trouve pas de correspondant dans Radlov, et qui d'ailleurs n'irait
pas ici; à l'index de son t. 3, p. 18, s.v. (^oLci^j Radlov renvoie à un 3tùsa-, 1588,
qui ne se trouve pas dans le corps même du dictionnaire, et d'ailleurs signifie vraisem-
blablement "étaler"); je me demande si, dans tiïsàmih, nous n'avons pas affaire à une
forme verbale apparentée au mot mongol usuel pour désigner les "fonctionnaires",
tùsimal (<[ *tiisimàl; emprunté en ouigour tardif sous la forme tusiïmàl; cf. Radlov,
III, 1591, confirmé par ZVOIRAO, XVI, 03).
3) Les mss. de Berezin ont (-srU_w?_w, ,-5^-w, ^^V_w, et c'est ^S\^H
que Berezin a adopté dans son texte, mais à la p. 232, n. 48, il a écrit sans mot dire
^Ujvw eridisant que c'était là "naturellement" un mot apparenté à sàvinc, "joie'',
et savinci, "message agréable" (cf. Radlov, IV, 505—506), et il y retrouve même, em-
prnntée selon lui au turc, l'expression chinoise t=t -pfc^ siuan-tcli ai qui est sûrement
hors de question (dans les Trudy de Pékin, IV, 420, Palladius a dit au contraire que le
terme "mongol" siunci [= savinci; lire "turc" au lieu de "mongol"] était refait sur le
chinois siuan-tch''ai; cette opinion ne me paraît pas plus plausible, et l'idée en est peut-
être venue à Palladius en lisant la note de Berezin) ; dans XIII, 257, il a adopté <J^v;.
Mais il me paraît bien probable qu'il faille préférer ^^U_w»_w e* reconnaître là les
<!_,_, susunci qui apparaissent à deux reprises dans le yarUo de Tàmir-qutluq, à
côté des yamcï, c'est-à-dire des gens en charge des stations postales {ZFOI11AO, III,
24—25, 37; aussi Samoïlovic dans Izv. S. Ak. Nauk, 1918, 11 23, et Neskol'ko popravok,
tir. à part des Izv. Tavric. Obsc. Islorii, I [1927], 2); et il en est de même pour les
deux prétendus -SUJ.^, de Berezin, Trudy, V, 181 (les mss. C et D, VII, 241, ont
38 PAUL PELLIOT.
<?tiM^M). Radlov veut expliquer ce mot par susun, qui signifie en jaghataï "petit lait''
et en kirghiz s'emploie au sens de "boisson" en général; d'après Radlov, il s'agirait
d'un employé des stations de poste chargé de faire boire (et manger, ajoute Radlov) les
fonctionnaires de passage. Malgré la transcription arabe et l'original ouigonr qui écrit
le mot avec u et non il dans la jiremière syllabe, j'incline à revenir pour le ya/rlïq à
une étymologie que Berezin avait proposée (Ehanskie yarlïki, II, 31) et que PLadlov a
écartée, à savoir le mongol si'iisiin, qui se contracte en siisùn, sùsït, et a été emprunté
en mandchou sous la forme sum ; c'était le mot administratif sous les Mongols pour
désigner les "rations" de vivres (on a sous les Mongols une transcription g Efï
cheou-sseu,= "siiis, dans le Yuan tien tchang, 36, 2 v° ; Kovalevskiï, 1431, enregistre
un mot sùrnùsùn ou sihnàsïï qui n'est peut-être qu'un doublet de si'iisiin). Les sûsiinci
seraient les fonctionnaires en charge des rations, mais peut-être une contamination se
produisit-elle de bonne heure en pays turc entre le mongol siisibi, peu connu, et le turc
susun, et ceci expliquerait le susuncï du yarïïq, sinon même l'apparente forme à s- au
lieu de s- des mss. de Rasïdu-'d-Dïn utilisés par Berezin. Le titre de siiïsùniin me pa-
raît à retrouver encore vraisemblablement dans le "sïtgusiïjin" de Ramstedt, Mongol. Briefe
aus Idiqut-Schàhri {Sitzimgsber. d. k. preuss. Ak. d. TTiss., Ph.il.-hist. KL, 1909, 841).
Tout comme les "susuncï" suivent les yamcï dans le yarViq de Tàmir-qutluq, les si'ïisù
ou "rations" sont nommées juste après les nia a ou "chevaux de poste" à la 1. 12 de
l'édit dit de la veuve de Darmabala, et de même à la 1. 25 d'une inscription ^phagspa
inédite du Tch'ong-yang-kong datée de 1351; la combinaison ula'a stusùn a d'ailleurs
survécu en mongol (cf. Kovalevskiï, 394), et a passé en mandchou sous la forme via susu
(cf. le dictionnaire de Zakharov, p. 156).
1) L'édition de Yuan Tch'ang et celles qui la reproduisent ont ici w[f 4W- tsinq-ts'eu
qui est certainement fautif; Palladius a encore connu la leçon correcte, qui est confirmée
par le texte complet à traduction interlinéaire.
NOTES SUR LE "TURKESTAJSï" DE M. W. BARTHOLD. 39
connaissons des textes mongols écrits en bleu: tel est le cas par
exemple pour le Kanjur mongol imprimé à Pékin que j'ai rapporté
et qui est aujourd'hui à la Bibliothèque Nationale. Mais en outre
on a écrit souvent en Extrême Orient des textes, surtout religieux,
sur papier bleu foncé et presque noir; cet usage, attesté aujourd'hui
pour des manuscrits bouddhiques des T'ang écrits à l'encre d'or,
a été très répandu au Moyen Age chez les Mongols, les Tibétains,
les Si-hia. Sous les Ming, les taoïstes offraient des suppliques aux
dieux qu'on appelait des ^
j§qj ts'ing-ts'eu ou "écrits bleus"; ils
étaient écrits à l'encre rouge sur papier bleu foncé1). Ici, le fait
qu'on mentionne que le kôkô-dàbtàr sera broché en papier blanc 2)
donnerait presque à supposer que les feuillets eux-mêmes étaient
d'une autre couleur, et je supposerais volontiers qu'il était en papier
bleu-foncé et écrit à l'encre rouge ou même à l'encre d'or 8) si nous
avions connaissance de textes d'usage laïc ainsi écrits. Faute d'indice
de ce genre, j'admets provisoirement qu'il s'agit d'un texte écrit à
l'encre bleue sur papier blanc. Mais, dans l'un comme dans l'autre
cas, ce "Cahier bleu", qui consacrait les fiefs et les privilèges des
nobles, était un ouvrage dont ils devaient se réclamer à l'occasion,
et c'est par là que je reviens à Aruq et à son kôk-tamya. Ce qu'il
1) Cf. JA, 1913, I, 365—366; y joindre Palladius, Russl-o-kitaïsku slovar', II, 344,
qui donne des renseignements analogues mais en traduisant à nouveau tsing par "noir";
aussi Chavannes, Le jet des dragons, p. 114.
2) Ceci du moins paraît bien garantir que le nom de kôkô-dàbtàr n'est pns dû à la
couleur de la couverture comme c'est le cas pour les "livres jaunes, livres bleus", "livres
rouges" de la diplomatie occidentale moderne.
3) Rasïdu-'d-Dïn parle parfois d'un ouvrage mongol Altan dàbtàr ou " Cahier d'or",
gardé sévèrement, et qui semble avoir contenu, entre autres, des données généalogiques
sur les grandes tribus mongoles; cf. à son sujet, Quatremère, Ilist. des Mongols, 74;
Berezin, Trudy,~V, 183; Blocbet, Introd. à l'Histoire des Mongols, p. 309 (à la p. 97,
M. Blocbet dit que Rasïdu-'d-Dïn renvoie "souvent" à YAltan dàbtàr dans ses notices
des tribus; c'est très exagéré); Barthold, Turkeslan2, 44—45. Evidemment ce livre pou-
vait être écrit à l'encre d'or, mais d'autres titres de chroniques, comme celui des Altan
tobci, n'ont sûrement pas cette. signification, et le mot "or" peut simplement avoir été
adopté dans le titre avec la valeur de "précieux".
42 PAUL PBLLIOT.
1) Ceci De veut naturellement pas dire que Sigi-qutuqu n'ait pas jugé de procès
d'autres sortes, ni même que ces autres causes n'aient pas figuré dans le (ou les) k'àkô-
dàbiiir. SUT le rôle de juge de Sigi-qutuqu, M. B. fait aussi état d'un paragraphe de
llasïdu-'d-Dîn (Berezin, Tr/i4y,\r, 59) et je crois qu'il a raison, bien que Berezin (ibid.,
VII, p. xi) estime ce passage interpolé.
NOTES SUR LE "TURKESTAN" DE M. W. BARTHOLD. 43
p. 214) montrent qu'il faut lire ^'^ X>^ Uyar-vansai (ou Ùyâr-
vansai), et c'est là le même personnage que Berezin a correctement
appelé Uyâr-vansai dans Trudy, XV, 33; la glose sur vansai au
sens de chef de 10 000 hommes se trouve déjà dans ce premier
passage, et l'équivalence n'en est pas douteuse: c'est le chinois
7C ûijî yuan-chouai, "généralissime"1); le passage parallèle du
Clieng-wou ts'in-tcheng lou (éd. de Wang Kouo-wei, 596) a d'ailleurs
;^ i|pr ^2» 7t ifj] Wou-ye-eul yuan-chouai, et il s'agit de jfy ^
fffl "Wou-ye-eul, IJyàr, qui a une biographie dans le ch. 120 du
Yuan che 2).
1) Rasïd emploie aussi cl_w»jCiL vangsai et .y, U. vansai {Trudy, XV, texte
persan, 53, 214). Il faut lire de même ^ixjCio yungsai ou _£>jCj^j> jungsai =
yuan-chouai dans Berezin, XV, 20, 22, 25, 26. Ces dernières orthograpihes semblent
suggérer une prononciation mongole populaire du titre chinois de yuan-chouai où le y-
était jiassé à j- et ou Vn s'était gutturalisé. Je soupçonne que c'est ce titre qui est
employé comme nom propre joour le compagnon de Gengis-khan dont l'Histoire secrète
des Mongols écrit successivement le nom Jungso (ou Jungsu?), Jungsai, Jungsai et
Jungswai.
2) L'identité des jiersonnages ne peut faire doute, mais Rasïdu-'d-Dïn fait de Uyâr
un "Qarakhïtaï", c'est-à-dire un K'i-tan (chez Rasïd, Qarakhïtaï désigne aussi bien les
K'i-tan restés dans la Chine du Nord que les "Qarakhitai de Balasaqun), au lieu que le
•
Juan clie dit que c'est un Jffl ^Yt Chan-tchou (lu San-tchou à l'époque mongole),
c'est-à-dire un Saljï'ut, donc un Mongol, et connaît son père |jg| S» ±JK ;£§• T'ou-
lou-houa-tch'a (*Turyacaq?, *Turyaqca?); les tableaux généalogiques de Ts'ien Ta-hin ont
pour les membres de cette famille des variantes de noms et une suite de descendants que
le Juan che ne donne pas et qui proviennent vraisemblablement de quelque inscription
funéraire que je n'ai pas retrouvée. Il est possible que Rasïdu-'d-Dïn ait fait une confusion
entre les Chinois du Nord ( Vm 71 Han-jen) que conduisait tlyâr, c'est-à-dire pour lui
des gens du Khitaï, et les Qarakhitaï, c'est-à-dire les K'i-tan. Uyâr, d'après le Juan che,
aurait vécu 95 ans, de 1162 à 1257. J'ai rétabli Chan-tchou (San-tchou) en Saljï'ut,
44
.
PAUL PELLIOT.
Je ne sais où pris
M. B.' le titre de taïsï correspondait
.' a que
à T"office" de "grand ba%sï\ "chef de l'administration civile dans
district quelconque"; Rasïd glose taïsï par bayji-i buzurg et par
un
ba%si u ustâd-i buzurg, mais il n'est pas à ma connaissance qu'un
terme administratif turc à.hdwy bayjï ou mongol de yâkà baqsï ait
jamais été rencontré avec l'indication d'une telle équivalence. Quant
à l'original du titre de taïsï des textes mongols, tantôt c'est j£
^^f-
comme l'avait fait d'ailleurs déjà Ts'ien Ta-hin ; à s'en tenir au teste de Berezin sur les
tribus mongoles, on pourrait hésiter entre les Q^J.1^ Saljiut, qui sont les Saljï'ut
{Trudy, V, 180) et le nom de tribu qu'il lit ^^^UAV Sanjiut {Trudy, V, 187), mais
deux de ses manuscrits (les meilleurs) ont ^.^^s^w Sïjïut, et je ne doute guère que ce
soient là les Sïju'udaï « Sïju'udaï) du § 49 de l'Histoire secrète. Pour le nom des Saljï'ut,
on serait a priori tenté, malgré les légendes généalogiques mongoles, d'y retrouver le
même nom qui est représenté par celui des Saljuq, les Seldjoncides ; mais M. B. (p. 257)
fait remarquer que la véritable forme de ce dernier nom est Sàljiik, ce qui rend l'iden-
tification plus difficile.
1) M. Vladimircov {Cingis-hhan, 14) n'a envisagé que l'équivalence t'ai-tseu; il faut
lui ajouter celle de t'ai-che.
NOTES SUE LE aTURKESTAN" DE M. "W. BARTHOLD. 45
1) Pour ce nom l'explication hypothétique de nàkùn par nikàn, "un", mise en avant
par Berezin (Trudy, XIII, 192), est naturellement à rejeter. Le mot n'a pas survécu en
mongol, mais se retrouve dans le § 200 de Y Histoire secrète des Mongols, où il est
traduit par ^£p A kia-jen, "serviteur"; en outre, le vocahulaire arabo-mongol de Leyde
récemment et brillamment étudié par M. Poppe contient (Izv. Ak. Nauk, 1928, 72) un
terme ^,_j>
.
,<j nikùn bol (à lire vraisemblablement nekùn bol =nàkùn bol) qui est
traduit en arabe par "femme esclave" (bol, mo. écrit bo'ol, signifie "esclave" en général;
j'ignore quel est le terme arabe en question, car M. Poppe n'a donné que le traduction
des mots arabes) ; M. Poppe, qui ne connaissait pas. le § 200 de l'Histoire secrète, a
justement rajjproché du' mot de son vocabulaire le nom de Nakûn-taïsï et le mandchou
nehu, "femme esclave".
2) Cette transcription permet de se demander si le fameux J3.K $& ~fC -Tj
Ye-liu Ta-che, le fondateur des Leao occidentaux ou Qarakhïtaï, n'est pas simplement
à l'origine un Ye-liu taïsï.
3) Ces titres chinois passés chez les peuples non chinois du Nord demanderont une
étude spéciale* C'est ainsi que, au début de l'époque mongole, les sànggiin ou sànggùm
46 PAUL PELLIOT.
ne semblent pas être, comme on s'}' attend au premier abord, de ces sàngùn dont le nom,
tiré du chinois tySL jfe tsiang-kiun, "généralissime" (ou parfois simplement "général"),
apparaît déjà dans les inscriptions de l'Orkhon, mais bien des ~AB .Âv sianq-kong, des
"gens de bonne souche", des "fils de famille", comme le veut d'ailleurs Rasïdu-'d-Dîn
(par exemple dans Berezin, Trudy, V, 98, = %udavand mrlah); et c'est assez vraisem-
blablement siang-Jcong, plutôt que tsiang-kiun, qui, passé en langue k'i-tan, est revenu en
chinois des Leao sous les formes |gÊ 10g. siang-vjen, m -<>) tcli' ang-Jcouen, pj^r j£§f
teliang-iven, etc. Les linqqwni mongols semblent être les £$* j\=£ linq-ir.en des Leao
{Leao che, 46, 2 a), sans que l'original chinois de ce dernier titre apparaise clairement;
on songe à JBK îgrlang-kiun, mais le titre de laug-kiun s'était aussi maintenu tel quel
chez les Leao (en tout cas, il ne doit pas s'agir du 'pan I5L ling-kouan indiqué aussi
gratuitement que formellement dans Blochet, Introd. à l'Histoire des Mongols, 183, 289).
1) C'est naturellement ce titre de IgH -fl-> kouo-wang, mot-à-mot "roi", spécialement
donné à Muqalï, qui a été adopté pour lui dans les historiens musulmans sous la forme
éLijjiJ^ (Jwy<lng {kouo, "royaume", est transcrit avec finale -ê en écriture 'phags-pa, d'où
le y de la transcription musulmane); le S 3IL kao-wang de M. Blochet (Introd., 183)
n'existe pas.
NOTES SUR LE " TURKESTAN" DE H. W. BARTI-IOLD. 47
ts'in-tcheng lou (59 v°)l); il a une biographie au ch. 149 du Yuan che;
son nom complet était Iffl $t ^
^g Ye-liu T'ou-houa, et il est
exact qu'il fut nommé fat-fou, mot-à-mot "grand précepteur", à la
suite de ses services militaires sous les ordres de Muqali dans la
Chine du Nord; il mourut en commandant en chef contre les Kin;
on voit que lui du moins, et malgré son titre de f ai-fou, n'avait
rien d'un fonctionnaire civil."
Mais il en est de même pour son frère aîné, le fai-che "T'o-ho".
Selon toute vraisemblance, ^
ho, comme dans la plupart des trans-
criptions de l'époque mongole, est ici en valeur de ^
ha et il faut
lire T'o-ha; nous avons ici par suite un simple doublet du nom
précédent, et nous sommes amenés à supposer, comme l'a fait
Wang Kouo-wei, que l'auteur du Mong-Ta pei-lou ne distinguait
les deux frères que par leur titre, l'un étant pour lui le fai-che
T'o-ha (= Toqa, pour Tuqa), l'autre étant le fai-fou T'ou-houa
(= Tuqa). Mais nous connaissons le nom véritable du frère aîné de
Te-liu T'ou-houa, qui est tout autre; ce frère aîné s'appelait en effet
]|Jf |||
fjflj" yj]| Ye-liu A-hai, et il
a une biographie dans le ch. 150
du Yuan che ; on y voit que Grengis-khan l'avait en effet nommé
fai-che en 1214 et mis à la tête du Grand Secrétariat, en même
temps qu'il nommait f ai-fou
son frère cadet Ye-liu T'ou-houa.
Ye-liu A-hai n'en était pas moins, tout comme son frère, un com-
mandant militaire beaucoup plus qu'un gouverneur civil.
L'indication du Mong-Ta pei-lou que les deux frères étaient des
1) Berezin a adopté ÇLÊ»J Tuyaï dans ]e premier passage, ..LcLi' Tuyan dans le
second; les mss. hésitent entre les deux lectures dans le premier passage, mais supposent
tous Tuyan dans le second; ce doit être là la forme originale de Rasîd, avec Y-n final
quiescent qui se rencontre si souvent dans l'onomastique et le vocabulaire mongols. Le
nom aura subi populairement chez les Mongols l'attraction du mongol tuyan, mais il
n'est pas primitivement mongol, et nous devons garder pour lui la forme Tuqa des
sources chinoises. Pour ce personnage comme pour tîyâr, Berezin a bien lu son titre
sous la forme vansai dans le jjrenrier passage, mais a substitué ddisï dans le second,
contre le texte de tous ses manuscrits.
48 PAUL PELL10T.
1) Les biographies des deux frères sont reproduites, avec des notes parfois intéres-
santes, dans un ch. non numéroté du Mong-wou-eul che-ki de T'ou King. Le nom per-
sonnel de A-hai (= *Aqaï ou *Ayaï) peut peut-être s'expliquer, malgré notre ignorance
presque entière de la langue k'i-tan. En jucen tardif, il y a un mot a-ha-ngai (= *aqa'aï),
"esclave", auquel le mandchou répond par aha (cf. Grube, Die Sprache und Schrift der
Jucen, p. 89) ; mais la forme du jucen ancien est donnée sous la transcription IJfll -Q-
a-ho (lire Kflj' FjA« «-&0 dans le vocabulaire final du Kin che (4 a), et le j^
fë£
Tpli flfj Song-mo hi-wen, qui doit être de 1143, dit qu'en jucen
un esclave se dit
tffi J@ ya-hai et une esclave Ej|j Wfc §& ya-hai-tchen. Tout ceci
nous amène à ad-
mettre en jucen ancien un mot aqaï ou axai, "esclave", qui serait exactement représenté
par le a-hai de Ye-liu A-hai. Or, un grand nombre de personnages des tribus nomades
de la Chine ont porté ce nom-là; on a déjà vu que dans Nâkùn-taïiï, nàhùn signifie
"une esclave"; le fils et successeur de Muqali s'est appelé Bo'ol, mot-à-mot "esclave",
et il y a vers l'époque mongole de nombreux personnages qui ont reçu en chinois le
nom personnel de gC^ 77]/ Kia-nou, "esclave", de /\\ ISJÎ Siao-sseu, "petit serviteur",
de £B jjjttr Hei-sseu, "serviteur noir"; il semble qu'il faille rattacher ces noms à l'ha-
bitude qu'on avait de nommer le nouveau-né d'après le premier objet ou le premier être
qui frappait les yeux de la mère dès la fin de l'accouchement. Bien que les K'i-tan
aient parlé, à mon avis, une langue mongole d'ailleurs très palatalisée par le voisinage
des tribus tongous, il n'est pas impossible que le mot jucen pour "esclave", et précisé-
ment à raison de ce voisinage, ait également existé chez eux, ou encore que Ye-liu A-hai,
dont la famille, bien que d'origine k'i-tan, vivait sur le territoire et au service des Kin,
ait reçu un nom jucen. Même chez les anciens K'i-tan, la langue k'i-tan semble avoir
perdu beaucoup de terrain vers la fin des Kin, et le K'i-tan Ye-liu Tch'ou-ts'ai, celui
qui fut ministre de Gengis-khan et d'Ogôdài, passait, à tort ou à raison, pour être le
dernier qui connût l'écriture k'i-tan de ses ancêtres. Pour le nom de l'esclave femme,
la forme du Song-mo hi-wen suggère un original *aqaïjïn ou a%aïjïn, dont le correspondant
ne semble pas avoir existé ou survécu en mandchou; cette finale en -jin ne devra pas
être négligée quand on étudiera les féminins mongols en -cm et -qcïn; cf. par exemple
ce que Rasïdu-'d-Dîn dit des tribus tartares chez qui le nom tribal deviendrait un nom
personnel en ajoutant -iaï s'il s'agit d'un homme, et -cm (ou -fin?) s'il s'agit d'une
femme {Trudy,^, 51-—52); dans le mongol du l'Histoire secrète des Mongols, les noms
de personnes au féminin sont parfois en -qcïn (comme aujourd'hui pour les noms des
couleurs des femelles chez les animaux), mais la distinction de genre des adjectifs,
aujourd'hui inconnue, semble s'être marquée par le suffixe -tu {-tu) pour les hommes et
-tai (-tâi) pour les femmes.
i
50 PAULPELLIOT.
laissent pas laisser de doute qu'il faille lire <jÇo beki (bàki dans
VHistoire secrète des Mongols), peut-être pour *begi, ~*bâgi. Il n'est
exclu, comme on l'a, je crois, proposé, que ce soit là originaire-
pas
ment, et de même lorsque ce "titre" termine des noms de princesse,
le turc bâgi, c'est-à-dire bâg avec le suffixe possessif -i de la
3e personne, emprunté sous forme fixe en mongol, tout comme on
que c'est la même chose que ~Tr K kan-pou et que les deux formes s'emploient in-
différemment; nous n'avons donc là qu'une variante du "nom" ou plutôt de l'épithète
ou titre que l'Histoire secrète transcrit toujours gambu (ou gàmbiï ?) et qui entre à
l'époque mongole dans le nom d'un assez grand nomhre de gens, JVa-gambu (ou
Jaqa-ganibu), Asa-gambu, etc. ; le troisième fils de notre Si-li K'ien-pou s'est appelé
^V %rt nP ^ao K'ien-pou, c'est-à-dire le "petit gam.bu\
1
îvous avons l'habitude de
transcrire gambo, et de lire Jagambo le nom du frère de Ong-khan des Keràit, mais
c'est pure convention basée sur une étymologie du nom qui est encore hypothétique.
Rasïdu-'d-Dïn interprète K\ Ja-gambu par "chef du pays et chef honoré"
>
» , ^
(^iisLo ^A\ i^sSi* arrûr-i vilâyat u amïr-i mu azzam), ajoutant que ja signifie
_J_O!
o
"pays" {vilâyat) et que gambu signifie "honoré" (rmi'azzam) (Berezin, dans Trudy, V, 98 ;
VII, 125). M. Yladimircov (Cingis-hlum, 14) a dit que le titre de "gam-bo" ou "ju-gam-bo"
était "tangouto-tibétain", ce qui est sûrement exact sous cette réserve que "gam-bo" (gambu)
NOTES SUR LE "TUEKESTAN" DE M. W. BARTHOLD. 51
seul paraît être vraiment un titre, et que Ja-gambu est en fait un nom d'homme, mais
la connaissance encore très superficielle de la langue si-hia, qui a servi ici d'intermédiaire,
rend plus difficile la restitution de la forme véritable, même si à l'origine celle-ci est
purement tibétaine. Dans sa courte notice sur Ja'a-gambu (à la fin de la biographie de
Ong-khan; le ch. n'a pas de n°), le Mong-wou-eul che-Ici explique le nom par le vieux
titre tibétain de ican-p'o, ce qui est naturellement hors de question. En écriture ouigoure
du mongol, ja'a et jaqa s'écrivent de même; la leçon de Rasîdu-'d-Dïn doit donc nous
faire préférer la lecture ja'a = ja. Berezin n'a su que faire de ce mot, mais il me
paraît assez vraisemblable que ce soit là le tibétain rgya, "vaste", qui a pris en fait la
.
valeur de noms de pays dans rGya-nag ("Vaste noir") ou simplement rGya, "la Chine",
et dans rGya-gar ("Vaste blanc"), "l'Inde"; les Si-hia sembleut avoir connu les Chinois
sous le nom de Ja (j = de), qui serait aussi identique au tibétain rGya (cf. T^oung Pao,
1916, 65, où je ne suis pas d'accord avec l'opinion exprimée par M. Laufer; je recon-
nais toutefois que, si une prononciation ja de l'élément tibétain gya est conforme à cer-
taines prononciations dialectales tibétaines et à la prononciation mongole moderne du
tibétain, les transcriptions chinoises de l'époque mongole faites directement sur le
tibétain transcrivent encore avec gya et non ja; mais nous devons tenir compte ici de
l'intermédiaire si-hia). Quant à gamlu, Berezin (Trudy, V, 261) y a vu le tibétain
mkhan-po, prononcé jiratiquement Jchambo, et qui signifie "maître", "professeur", upadhyâya;
mais ce titre religieux ne va pas très bien ici, et on peut aussi songer à sgam-po, "accompli",
"parfait"; et enfin, ici encore, nous ne devons pas oublier que le titre arrive par le si-hia
et peut recouvrir tout autre chose.
1) Sur le siège de ces villes, cf. JA, 1920, I, 166, 168—169.
2) Ts'ien Ta-hin emprunte évidemment à cette source inconnue un autre nom de
Si-li K'ien-pou, }Li |j 1 | | Yi-li-chan, (ou lë§ |j MI Kai-li-chan?); comme Si-li
est le nom de clan et que Icien-pou est un titre, il est vraisemblable que ce soit là le
vrai nom du personnage.
52 PAUL PELLIOT.
que dans le nom du gouverneur d'Otrar, à une forme arabe IAS Qadr
comme l'avait cru Raverty, mais à un mot altaïque, en fait au turc
qadïr, "puissant", "terrible", qui se rencontre déjà dans l'épigraphie
deTOrkhon (Radlov, II, 326, et ajouter F. "W. K. Mûller, TJigurica II,
58 et 59), et qui, dialectement, a passé en turc à qazïr (Radlov,
II, 379); le changement est du même ordre que celui qui oppose
au turc qatïr, "mule", une forme dialectale turque qacïr également
passée dans le mongol du XIIIe siècle (cf. JA, 1927, II, 271)l).
Devant ces flottements, il n'est pas sans intérêt de noter que le nom
du gouverneur d'Otrar apparaît dans le ch. 1 du Yuan che (s.a. 1219)
sous la forme ^ê" M ^â M M ^ Ha-tche-eul Tche-lan-t'ou.
1) Elle est d'autant plus surprenante que, dans cette série, l'initiale turque ï- se
retrouve en mongol, aussi bien dans l'adjectif inaltu que dans inaq et ses dérivés. On
ne peut songer à une faute de texte dans le chinois, car le nom du gouverneur d'Otrar
apparaît encore sous la même forme Tche-lan-t'ou (cette fois sans Ha-tche-eul) dans la
biographie de Ye-liu A-bai {Yuan clie, 150, Ai).
2) On rétablit souvent ce nom en cIsmaïl, ce qui est tentant, mais en assez sérieux
désaccord avec les autres transcriptions chinoises de ce nom; il n'est pas sûr qu'il s'agisse
d'un nom musulman.
NOTES SUR LE "TORKESTAN" DE M. W. BARTHOLD. 55
PAR
Louis LIGETI.
sent Tub temur, Toi temur de certains auteurs, est très sujet a
caution. Sous cette forme il est complètement inconnu aux historiens
tibétains et on ne le trouve pas non plus dans les textes mongols
qui sont antérieurs à l'activité du comité de K'ien-long.
En consultant quelques textes historiques mongols et tibétains,
nous verrons que la bonne leçon doit être autre.
Sanang Secen ne connaît point ce nom ]). L'"Histoire secrète
des Mongols'1'' est hors de cause pour cette époque. 10"Altan tobci
publié par GTALSANG G-OMBOEV et les fragments d'un autre Altan
tobci édités dans la Chrestomathie de POZDNËEV me sont inacces-
sibles à présent. Le Yuivan ulus-un teûke. plus précisément le
YeJce yuwan ulus-un mandwysan tôrû-yin kôke sudur en 12 chapitres,
publié par le Mongyol bicig-un qoriy-a à Pékin, ne s'étend que sur
l'époque la plus ancienne de l'histoire mongole et sur Grengiskhan.
Un autre ouvrage historique, le Boyda Oinggis qayan-u cedig.
publié également par le Mongyol bicig-un qoriy-a, comprend en
réalité deux textes différents. A la fin de la première partie se
lit ce qui suit: Mongyol-un qad-un yabudal-i bariju qad-un ûndiisiln
qoriyangyui altan tobci neretil sudur tegûsbe. Pour le moment, je
ne saurais décider s'il est à rattacher à un des deux Altan tobci
déjà connus. Du reste, l'auteur de notre Altan tobci a largement
puisé aux sources chinoises en parcourant toute l'histoire mongole
jusqu'au XVIIeme siècle. Il est intéressant de voir qu'à la page 30
et suiv. la liste des empereurs des Ming est incomplète, elle se
termine avec ^jg^ Tien-Vi qui régnait de 1621 à 1627. C'est
donc aux environs de ces années que doit remonter la première
rédaction. Mais elle a été retouchée à une date plus récente,
non
1) A cette même catégorie appartient le nom du Tub temur dans l'album que le
Mongyol bïcig-ùn qorïy-a a publié contenant les portraits des empereurs et impératrices
de la dynastie Yuan. L'ouvrage, dont l'authenticité est plus que contestable, est pourvu
aussi d'un titre anglais pour les amateurs de curios. Dans un des derniers volumes de
VAsia Major on a réédité cette galerie de photographies.
60 LOUIS LIGETI.
quel The-mur rgyal bu yun du che rin zin de M. LAUFER est pré-
cédé de Thog d'une façon très nette. Comme on voit, le Kanjur
tibétain, où le texte du colophon paraît mieux conservé *) que dans
les trois exemplaires consultés par M. LAUFER, est également en
faveur de Thog the-mur.
Thog the-mur des transcriptions tibétaines représente un Tuy
temûr mongol qui semble donc être la leçon primitive.
1) Il n'a-même pas fait état, dans .les quelques Errata des vol. I—IV donnés ici
p. IX, des corrections que j'avais indiquées dans mon compte rendu, en particulier pour
des noms français. Bien plus, il nomme ici correctement Vauquelin et Thirnotée (p. 16),
mais ne songe pas que ce sont les mêmes personnages qu'il a appelés fautivement
"Vauguelin" et "Thimolée" dans les volumes précédents (II, 3 et 51).
2) Touny Fao, 1902, 288 (si toutefois M. Cordier n'a pas modernisé l'orthographe
des noms chinois dans cette pièce); le "toyjen" de M. M. (V, 105) ramène aussi à ta-jen.
Il y a peut-être aussi des leçons mauvaises chez M. M.; c'est ainsi qu'on est surpris de
trouver côte à côte, dans une pièce anglaise de 1767 (p. 128), une transcription cantonaise
"tsontoe" et une transcription mandarine française "tsontou" pour le titre de tsong-tou.
Enfin, quand des documents donnent des formes "Tien Sing" (I, 298) et "Tienting"
(V, 83 et 105) pour Tientsin, il eût valu d'indiquer l'équivalence entre parenthèses.
64 BIBLIOGRAPHIE.
1) Flint était né vers 1720 et dut arriver à la Chine vers 1740. C'est lui qui
servit d'interprète à Anson dans l'audience que celui-ci obtint du vice-roi de Canton le
30 novembre 1742; je possède, venant de Cordier, la copie récente d'une Anecdote sur
le Sr Flint écrite en 1763 ou 1764 par quelqu'un qui l'avait connu en Chine en 1751;
la pièce est curieuse, bien qu'inexacte par endroits; j'en ignore l'origine.
2) Sur le voyage et la condamnation de Flint, cf. aussi une lettre de Saint-Martin
écrite de Canton le 31 décembre 1759 et que Cordier a publiée dans T'oung Fao, 1902,
287—289; deux dates y diffèrent d'un jour de celles indiquées dans les documents de
M. Morse.
BIBLIOGRAPHIE. 65
que la traduction hollandaise parue à Haarlem en 1791 —1792; l'édition anglaise don-
née par Pasûeld Oliver en 1893 est indiquée, mais non celle de 1904; l'ouvrage de
Cultru n'est pas mentionné.
1) Je n'ai pas à ma disposition les éditions de P. Oliver et cite l'édition française
des Mémoires parue à Paris en 1791.
BIBLIOGRAPHIE. 67
1) Les Anglais ont adopté le calendrier grégorien dès 1753, et en tout cas il serait
exclu que Mgr Le Bon, catholique et français, l'eût employé.
68 BIBLIOGRAPHIE.
1) M. W.n'a pas de chance avec le calendrier; la feuille de titre de son ouvrage porte
J UN iing-mao avec une équivalence 1928; mais ting-mao est 1927.
70 BIBLIOGRAPHIE.
de Lu Pou-wei comme une simple belle fille qui dansait très bien
(1ffi?BJiSJE$6^#îl^lh> oe vu les habitudes du
1ui>
temps, n'indique pas une origine bien élevée, mais déclare plus loin
qu'elle appartenait à une des grandes familles de l'état de Tchao
(ES W» ^ ~3K)- Enfin,
pour tout ce qui concerne l'origine de Lu
Pou-wei et son rôle jusqu'à l'avènement du roi Tchouang-siang,
les critiques chinois ont déjà signalé de nombreuses divergences
entre les indications du Tchan-houo ts'ô et celles de Sseu-ma Ts'ien;
une comparaison minutieuse de ces deux sources sera nécessaire
pour arriver à des conclusions qui, sans être certaines, soient du
moins probables l).
Lors de son avènement en 250, le roi Tchouang-siang combla
d'honneurs Lu Pou-wei, qui devint bientôt une sorte de premier
ministre quand le roi Tchouang-siang fut remplacé sur le trône par
un enfant de 12 ans en 247 2). Du vivant du roi Tchouang-siang,
raison, et le gS" ^rj" Chouo yuan raconte l'épisode d'une manière qui suppose que
HouandeTs'i ( ^V J°L 0^
ichong-fou ait été pour Kouan Tchong un véritable titre de parenté conféré par le duc
|g {41 ^C le Che /ci> ck 62> ne cite Pas le titre
;
le roi prit le chapeau viril et ceignit l'épée. [Lao] Ngai, marquis de Tch'ang-sin, fo-
menta une rébellion" (Chavannes, Mém. MsL, II, 108). C'est quand on atteignait 20 ans
BIBLIOGRAPHIE. 73
à la chinoise (19 ans pour nous) qu'on prenait le chapeau viril, et naturellement on
n'avait pas tendance, en principe, à reculer cette date pour un prince déjà régnant. Or,
Ts'in Che-houang-ti, né en 259, avait en 238 vingt-deux ans à la chinoise (c'est aussi
ce que dit Chavannes; ce doit être par une faute de texte que le commentaire de
Tchang Oheou-tsie parle de 21 ans); le rôle qu'il devait jouer par la suite ne suppose
pas par ailleurs une nature timide ou arriérée. Il me semble donc probable que Ts'in
Che-houang-ti n'ait pas attendu la dénonciation de 238 pour savoir plus ou moins ce
qui se passait à sa Cour; mais sa mère et l'entourage de sa mère le maintenaient sinon
en chartre privée, du moins dans une minorité dont il ne put s'émanciper sans peine;
son départ pour Yong dut être une sorte de coup d'état, et Lao Ngai y répondit par
une révolte ouverte.
1) Lao Ngai fut exécuté le 9e mois de la 9e année (filie ki, 85, 3 a), et Lu Pou-wei
fut remercié le 10e mois de la 10e année; il semblerait donc à première vue que plus
d'un an se fût écoulé entre les deux événements; mais, à cette période des Ts'in, l'année
civile commençait au 10e mois astronomique; le 9e mois (astronomique) est donc en
principe le dernier mois de la 9e année, et le 10e mois (astronomique) de la 10e année
vient immédiatement après lui. Ce système n'a pas été d'ailleurs sans causer chez les
historiens des malentendus et des erreurs, et je ne suis pas sûr que les Annalesprincipales
des Ts'in et celles de Ts'in Che-houang-ti ne soient pas parfois fautives de ce chef.
Pour des difficultés, cf. en tout cas Chavannes, Mém. Idst., II, 92, n. 3; 93, n. 1;
ajouter qu'à la p. 103, le dixième mois est mentionné après le troisième, au lieu que,
d'après le système, il devrait commencer l'année; ici encore, comme dans d'autres cas
relevés dans les notes précitées de Chavannes, il semble qu'il s'agisse du dixième mois
qui inaugurait l'année civile suivante (c'est ce que suggèrent les caractères cycliques
cités pour un jour de ce mois); par contre, dans notre texte du eh. 85, le 10e mois
de la 10e année doit bien être le mois par lequel cette année débute, comme c'est le cas
dans Chavannes, Mém. hist., II, 91, pour le premier fait relaté sous l'année 259 av. J.-C.
2) Chavannes, Mém. hist., II, 112, a traduit par "donner sa démission", mais le mot
~§p mien
a les deux sens sous les Han, et la construction du ch. 85, Sa (+ 4Ë
yf© lïil JC* -5L )> aussi kien que les circonstances, sont en faveur
~T /J 7r
d'une sorte de révocation.
74 BIBLIOGRAPHIE.
1) M. W., qui a bien traduit par "im achten Jahr" p. 154, a écrit par inadvertance
"in das zehnte Jahr" dans sa discussion de la p. x.
2) M. W. (p. 154) écrit "gun-ttm", soit pour nous Hun-fan; je ne crois pas que
cette lecture existe.
3) Lu Pou-wei avait été nommé "marquis de Wen-sin" la lre année du roi Tchouang-
siang, c'est-à-dire en 250 av. J.-C. (Che ki, 85, 2 b). Au lieu de "Le marquis de Wen-sin
dit", M. W. traduit "Je dis", en ajoutant en note que Lu Pou-wei se désigne ici lui-même
par son titre nobiliaire; M. Forke (Gesch. d. alten cliin. Philos., 5 39) a compris de même,
et. a admis en outre que le Eî yl leang-jen, 1'"homme de bonne compagnie", n'était
autre que le "pupille" de Lu Pou-wei, c'est-à-dire Ts'in Che-houang-ti (qui avait alors
20 ans; M. Forke aurait-il compris au sens de "prince" le ~S~ -¥* kiun-iseu par lequel
Kao Yeou glose leang-jen?). Tout ceci me paraît peu vraisemblable, et il est clair, à mon
sens, qui c'est un autre qui parle de Lu Pou-wei en le désignant par son titre.
4) M. W. traduit (p. 154): "Es gibt einen grossen Konig in der Hôhe", mais "Kônig"
doit être une faute d'impression pour "Ring".
5) Il me semble qu'on attendrait au moins un mot comme 3E toang, "roi", après Ts'in.
76 BIBLIOGRAPHIE.
1) Cf. Chavannes, Mém. hist., III, 659 — 660; de Saussure, dans T'oicng Tao, 1908,
456; 1914, 678 — 684. Dans l'édition de Pi Yuan (que M. W. paraît avoir eue entre
les mains), il est fait e'tat des calculs de ^gë i)M Ts'ien T'ang (1735—1790), qui, au
hésité à dire que Sseu-ma Ts'ien s'est trompé 1). Un autre lettré
connu, 5f ^f jjjj Ts'i Chao-nan (1703—1768), a fait remarquer s)
or on sait que ces personnages s'appelaient Tso-k'ieou Ming et Souen Pin. Il y a quelque
artifice littéraire assez peu digne d'un écrivain sérieux à faire état de traditions qui de
BIBLIOGRAPHIE. 79
toute évidence sont si étroitement apparentées au nom même des individus qu'elles de-
viennent sus2)eetes en quelque manière. Mais la question des remaniements que le Che M
a subis est trop complexe pour être abordée de biais et en passant.
1) -^f-» .&& ts'ienrkin; la valeur de l'expression a changé au cours des siècles, et
je ne suis pas convaincu que les "mille livres d'or" souvent adoptées soient correctes;
"mille pièces d'or" se justifie encore moins dans un pays qui, pratiquement, n'a jamais
monnayé l'or; les "tausend Pfund Xreld" de M. W. (p. m) sont par contre bien vagues
(si du moins "Geld" n'est pas une faute d'impression pour "Gold").
80 BIBLIOGRAPHIE.
que l'ouvrage doit son titre d'Annales du sieur Lu, déjà donné par
Sseu-ma Ts'ien, et, si la postface a quelque valeur, ces Régulateurs
sont de 239 avant notre ère; mais dès l'année suivante Lu Pou-wei
était tombé, et je ne vois pas que l'oeuvre ait pu paraître en deux
fois. Dans ces conditions, et malgré l'ordre dans lequel Sseu-ma Ts'ien
énumère les sections, j'incline à penser que, dès l'origine, l'ordre
était le même qu'au temps de Kao Teou et de nos jours.
Que sont ces douze ^
ki, ou "Régulateurs", qui, à mon avis,
ont toujours ouvert l'ouvrage et lui ont valu son titre? M. "W. les
appelle des "Aufzeichnungen", à quoi je préférerais l'équivalence
"Regeln" de M. Forke {Gesch. cl. alten chines. Phil., 539): ce sont
des détails calendériques sur les douze mois considérés comme
norme et marque-temps, ou du moins c'est là le sujet du premier
paragraphe de chacun des douze chapitres, à un mois par chapitre.
Ces premiers paragraphes de chacun des douze chapitres ont eu,
souvent, bien, qu'à tort, que la liste complète des 28 mansions lu-
naires se trouve pour la première fois en Chine dans ces paragraphes
du Lu-che tch'ouen-ts'ieou ]). Il est clair en effet que les premiers
paragraphes de chacun des douze chapitres des "Régulateurs" et le
Yue ling sont copiés l'un de l'autre, à moins qu'ils ne soient
tous deux copiés d'une troisième source. Or cette troisième source
a dû exister, bien qu'elle ne remonte pas au temps du "duc de
Tcheou" comme M. "W. paraît presque incliner à l'admettre (p. vu),
mais à la fin de la dynastie Tcheou: c'est le jj|j Tcheou chou, ^
ou ^MS Yi Tcheou chou. Tcheng Hiuan (127—200) disait
que le Yue ling du Li ki était pris au Lu-che tch'ouen-ts'ieou, mais
Ts'ai Tong (133—192) soutenait qu'en réalité cette partie du
Lu-che tcli'ouen-ts'ieou et le Yue ling du Li ki étaient tous deux
•empruntés au ch. 53 du [Yi] Tcheou chou, précisément intitulé
Yue ling2). Le Yi Tcheou chou est un recueil de morceaux de
dates diverses, mais qui remontent dans leur ensemble au temps
des Tcheou; Sseu-ma Ts'ien l'a connu; malheureusement, si la
table en énumère bien encore aujourd'hui 71 chapitres comme au
temps de Ts'ai Yong, le texte en est aujourd'hui très incomplet
et altéré; en particulier onze chapitres sont perdus au moins depuis
le milieu du XIVe siècle et probablement dès l'an 600 environ,
et parmi eux le Yue ling 3). Mais il ne me paraît nullement in-
chou fait bien probablement erreur et que le Yv.e ling devait faire partie de la collection
de traités qui a formé le Li Jci, à savoir le recueil dit du "petit Tai", au moins dès le
temps de- Lieou Hiang (1"' siècle av. J.-C). Tcheng Hiuan parle d'ailleurs de l'incorpo-
ration du Yue ling au Li ki en des termes qui excluent que cette incorporation soifc due
à Ma Jong, dont il était le disciple préféré. En réalité, i'histoire du Li ki n'a été faite
sérieusement jusqu'ici par aucun de ses traducteurs.
1) C'est encore ce qui est dit dans l'édition posthume des notes du P. Havret,
Mélanges sur la chronol. chinoise (Yar. Sinol. n° 52), Changhai, 1920, p. 26. Pour des
mentions des mansions lunaires avant Lu Pou-wei, cf. de Saussure, dans T'oung Pao,
1922, 283—284, et H. Maspero, ibid., 1929, 277—284.
2) Pour les textes de Tcheng Hiuan et de Ts'ai Yong, cf. le fou-lcao de l'édition
de Pi Yuan, 1 a.
3) Cf. la notice du Sseu Je ou..., 50, \l—4 a.
84 BIBLIOGRAPHIE.
vraisemblable que Ts'ai Yong ait raison et que le Yue ling perdu
du [Yi] Tcheou chou soit l'original des textes correspondants du
Lu-che tch-ouen-tsieou et du Yue ling du Li M 1). Par ailleurs c'est
1) Le ch. Yue ling du Yi Tcheou chou existait sûrement au IIe siècle de notre ère,
commentaire àuLovengu
car il est expressément cité par Ma Jong (79—166) dans son
(cf. Sseu Fou..., 50, 2 b). Ts'ai Yong connaissait bien la question du Yue ling, et lui-
même avait écrit un H & j|p -p}J Yue-liug Ichang-kiu, ou Commentaire du Yue-livg,
en 12 cli. (cf. Souei chou, 32, 7 b), dont de longs passages sont cités dans la première
moitié du VIe siècle par ^fl JKfj Lieou Tchao dans les notes des chapitres qu'il a ajoutés
au Heou Han chou, en particulier dans celles des chapitres sur le calendrier; on admet
qu'il s'agit d'un commentaire du Yue ling du Li Ai, mais il pouvait aussi bien s'agir
de celui du Yi Tcheou chou. Les raisons pour lesquelles Tcheng Hiuan soutenait que le
Yue ling était l'oeuvre de Lu Pou-wei sont rappelées par K'ong Ying-ta (574—648) au
début de son sous-commentaire sur ce chapitre du Li Ici. Les deux principales sont
l'identité entre le Yue ling et le premier paragraphe de chacun des douze "Régulateurs"
de Lu Pou-wei, et le fait que le Yue ling suppose des institutions des Ts'in et non des
Tcheou, en particulier quand il place le commencement de l'année au dixième mois.
L'identité des textes ne prouverait rien si tous deux étaient pris à une même source.
A la seconde raison, K'ong Ying-ta lui-même répond que Lu Pou-wei est mort quinze ans
(quatorze pour nous) avant que Ts'in Che-houang-ti n'eût conquis tout l'empire (221 av. J.-C.)
et ce n'est qu'après cette conquête que Ts'in Che-houang-ti imposa le début de l'année
au dixième mois. Je ne suis pas sûr que cette réponse de K'ong Ying-ta ait grande valeur,
car les Annales principales des Ts'in supposent le commencement de l'année au dixième
mois bien avant 221, et les chronologistes l'adoptent à partir de 255 avant J.-C. (cf.
la Concordance du P. Hoang). Tcheng Hiuan tenait surtout pour l'attribution à Lu Pou-
wei parce que l'autre école, celle de Ts'ai Yong, voulait que l'auteur fût le duc de
Tcheou, qu'on plaçait alors au XIIe siècle avant notre ère. Ceci revient à dire que
l'autre école voyait dans le lue ling un chapitre du Yi tcheou chou attribué au duc de
Tcheou; mais le Yi Tcheou chou ne remonte pas si haut; ce n'est pas une oeuvre uni-
forme, et les opuscules qui le composent sont des derniers siècles des Tcheou; son Yue
ling, même s'il est la source de Lu Pou-wei, pouvait très bien n'être que de la première
moitié du IIIe siècle avant notre ère et avoir subi l'empreinte de la puissance croissante
des Ts'in (certains commentateurs, comme Lou Wen-tch'ao, nient d'ailleurs que le texte
du Lu-che tch'ouen-ts ieou ou du Yue ling impose ce commencement de l'année au
dixième mois). Par une note de Lou To-ming (circa 600 A.D.) iosérée en tête des
commentaires du Yue ling, nous savons que l'attribution du Yue ling au duc de Tcheou,
donc au Yi Tcheou chou, fut encore soutenue, après Ts'ai Yong, par YYane Sou (195 256)
grand lettré, encore que grand faussaire, et auteur d'un commentaire du Li hi, en 30 ch.
qui existait encore sous les Souei (Souei chou, 32, 7 b), mais est perdu; selon toute
vraisemblance, Wang Sou avait encore accès au Yue ling du Yi Tcheou chou. Mais déjà,
clans la première moitié du VIIe siècle, K'ong Ying-ta, en discutant l'opinion de Tchen"
Hiuan, écrit: "Le [Yï] Tcheou chou avait antérieurement un Yue Une/; comment peut-on
BIBLIOGRAPHIE. 85
dire que [le Tue ling] est l'oeuvre de [Lu] Pou-wei ?" ( RH i=fi> Jr~ /O H -^J*
itjf *|ï: -77- X~\ BL pjT ^W ) ; et j'entends par là non pas que, selon K'ong Ying-ta,
le Ti Tclieou chou avait un Tue ling "antérieurement" à Lu Pou-wei (quoique cela soit
impliqué), mais que le Ti Tcheoic chou contenant "antérieurement" un Tue ling déjà
perdu au temps de K'ong Ying-ta; la disparition du ci. 53 du Ti Tcheou chou se pla-
cerait alors entre le milieu du IIIe siècle et la fin du VIe, et peut-être sa trop grande
ressemilance avec Tue ling du Li ki y a-t-elle contribué.
1) Ceci aussi a été signalé par Ts'ai Yong, mais ce chapitre du Houai-nan-tseu,
qui est aujourd'iui le cinquième, est indiqué par lui comme le quatrième. On sait que
le ïïouai-nan-lseu est un recueil de morceaux d'auteurs divers, encore plus que le Lu-che
tçh'ouen-ts'ieou. Dans le cas présent, la concordance avec le Lu-che tcliouen-ts'ieou et le
Tue ling n'est que partielle, mais suffisante toutefois pour qu'une étude critique du Tue
ling doive discuter soigneusement les leçons du Houai-nan-tseu; aucune de nos traductions
ne l'a fait.
2) Parues seulement en 1920 dans le n° 52 des Variétés [et non "Variations"]
Sinologiques.
86 BIBLIOGRAPHIE.
1) Cf. en dernier lieu H. Maspero dans T'omuj Pao, 1929, 278—284. :\I. Hartner
commet à deux reprises l'erreur de lire "Wu" le nom de la mansion 3* che; lui-même
n'est pas sinologue, et son informateur aura confondu che et flg"
imu.
2) Je n'ose pas encore faire état, pour ou contre la date des données du Lu-che
tcli'oue/i-U'ieon, de la remarque de M. Hartner (p. 509) selon qui "le début de
l'année
BIBLIOGRAPHIE. 87
aux travaux critiques, M. W. cite une ou deux fois le gjg ^gf- %&
^ Tou-chou tsa-tche de =£ ^ |^
Wang Men-souen (1744—1832),
assez souvent le f|f ^jr ^^
Tchou-tseu fing-yi de Yu Tue
(1821
—
1906), et au moins une fois (p. 495) un -p fif ^ ^
Tchou-tseu piing-louen. Mais il y aurait bien d'autres études criti-
ques à faire intervenir. Parmi celles sensiblement contemporaines
de l'édition de Pi Yuan, le g -^ ^ f<fi Lu-tseu Hao-pou en 2 ch.,
par |^ 3Ê MÊ Leang Yu-cheng, est accessible entre autres dans le
Che-hiun-Vang ts'ong-chou. Depuis Pi Yuan, ^ f& Ts'ai Yun a fait
paraître un § "P $5£ ?<ît )É)t %& Lu-tseu kiao-pou hien-yi. et il y a
des notes critiques sur le Lu-che tcW ouen-ts 1ieou dans les oeuvres de
JJ$ g
7§f Tch'en Tch'ang-ts'i (1743—1820), dans les oeuvres de
Wang Nien-souen et de Yu Yue qu'a citées M. W., dans le yjï^ }J^
1) Ogiu Futamatsu et Tozaki Immei ont écrit sur un certain nombre de philosophes
chinois, et le second en particulier sur Mo-lseu. M. Forlce (Mé Ti, p. 11, et Gesch. cl.
alieii chines. Philos., 373) écrit le second nom O jëS ; je ne crois pas soit
que ce
l'orthographe correcte.
BIBLIOGRAPHIE. 89'
1) L'index, qui renvoie aux chapitres et non aux liages, est très incommode et donne
l'impression d'avoir été établi directement sur le texte chinois plutôt que pour la présente
traduction.
90 BIBLIOGRAPHIE.
1) Tang-chu the Epicurian in kis relation io Lieh-lse the Paniheist, dans J. of the
Pehing Or. Soc, III [1893], 203—258.
2) The Chinese Sophisls, dans JChBrBÂS, XXXIV [1901—1902], 1—100.
3) Lun-Hêng, lre partie, 1907 (avait paru originairement dans les Mitleihtngen du
Séminaire de Berlin de 1906, et a été réimprimé à part en 1907); 2e partie, 1911
(comme Beiband des Mitteil. de Berlin) ; j'ai donné une "bibliographie du Louen heng et
un long compte rendu de la 2e partie dans JA, 1912, II, 156—171.
4) Me Ti, des Sosialethikers und s'einèr Schiller philosophische Werke, Berlin, 1922,
in-8, XIY -f- 638 pages (Beiband pour les années XXIII—XXV des Mitteilungen).
92 BIBLIOGRAPHIE.
1) Il n'est pas tout à fait juste de dire que les synthèses antérieures n'avaient
pour ainsi dire ajouté rien de nouveau à nos connaissances (p. TU); la Sioria délia
Tilosofia Cinese Anlica de M. G. Tucci (Bologne, 1921), dont ~SI. Y. parle d'ailleurs
avec éloges, donne la traduction de morceaux importants qui n'avaient jamais passé au-
paravant dans une langue européenne.
2) Je regrette de n'avoir pas l'ouvrage de M. Hou Che à ma disposition
en écrivant
le présent compte-rendu.
BIBLIOGRAPHIE. 93
pas composé de —' y\ "un", et ~j^ ta, "grand"; les inscriptions des
Tin sur écailles et sur os l'ont surabondamment démontré.
P. 47. —Le "Wang Kêng-yen", emprunté au "Wang Kang-
yan" de Legge, Chin. Class., III, 527, résulte d'une faute d'im-
pression de ce dernier; il faut lire chez Legge "Wang Kang-yay"
1) Sur ces dates, préférables à celles du Biogr. Dict. de G-iles, n° 265, mais en-
core douteuses, cf. T'oung Pao, 1924, 13.
94 BIBLIOGRAPHIE.
1) Un lecteur non averti croira que les dates de 1131 —1163 mises par M. F.
après le nom de Tchang Kiu-chan sont celles de sa naissance et de sa mort; mais ce
sont seulement les dates extrêmes de la période chao-liivg.
2) Cf. par exemple Sseu-k'oic..., 101, 2—3; Chan-pen-cJwu-che isang-clwu iche, 16,
\b — 2a; etc.
BIBLIOGRAPHIE. 95
"Tse Lu", "Tse Yu"; je n'y vois aucun motif, et il me semble que
son système même: de transcription des noms propres devrait lui
faire écrire "-Tse-lu", "Tse-yu", c'est-à-dire Tseu-lou, Tseu-yeou
pour nous.
P. 118. — Mao Si-ho est le hao de % ^ §£ Mao K'i-ling
(1623—1716) !).
P. 150, n. 1 (et p. 260, n. 4). — Les vraies dates de J^ y||
Wou Tch'eng ne sont décidément ni 1249—1333 comme le disait
le Yi-nien lou, ni 1247—1331 comme l'a dit M. Griles (Biogr. Dict.,
n° 2316), mais 1249—1331.; cf. le Yi-nien-lou houei-pien, 5, 105.
P. 150, n. 2. — Il n'y eut que douze classiques sous les T'ang,
car Mencius n'en faisait pas partie; il ne leur fut adjoint comme
treizième que sous les Song, et c'est alors seulement que son texte
fut ajouté aux classiques gravés sur pierre de Si-ngan-fou; cf.
d'ailleurs p. 196.
P. 193, n. 3. — ;fgr i(j£ Tang Hiong (^§ $|
de M. F. est une
faute d'impression) est mort en 18 de notre ère, non en 15.
P. 197. —Il doit y avoir quelque erreur dans l'attribution à
Jouan Yuan d'un commentaire important sur Mencius.
P. 216. — M. F. qui, dans son Me Ti (pp. 8 et 11) lisait
>^H iM "Yang Tchiang" (Yang Kiang pour nous) le nom de l'an-
1) Cf. Giles, Biogr. DicL, n° 1496, qui indiquait 1623—1707; le Yi-nien lou
donnait 1622—1713 et a été suivi par Courant, Oaial., 3110—3111, et par Le Gall,
Tchou Ei, 17; 1623—1716 sont les dates auxquelles conduit la discussion du Yi-nien-lou
houei-pien, 9, 11—12.
36 BIBLIOGRAPHIE.
nom d'un personnage "Yu Ts'ing"; mais 3Ë iju est presque inconnu
•comme nom de famille; je soupçonne que, dans ce. passage du
commentaire de Tchang Cheou-tsie au Che M (63, 2a), nous avons
affaire ou bien à un taoïste dont Yu-ts'ing était l'appellation, ou
au titre abrégé d'un ouvrage se rattachant à l'orbe du Yu-ts'ing,
l'un des trois orbes du taoïsme.
254, n: 7. — Sur la "préface du -Ko Sien-kong", cf. Toung
P,
Pao, 1912, 396 et 408; quant à la citation que M. P. en emprunte
'-au Che-ki tcheng-i/i, c'est-à-dire à Tchang Cheou-tsie, il eût bien dû
dire où il l'avait prise, car elle ne se. trouve pas dans le commen-
taire de la biographie de Lao-tseu 'dans Che M, 63,- 1—2.- Cette
préface est plutôt de -g^. ^ Kih.Hiuan que de Ko Hong à qui
M. P. a songé; c'est .sous", lé-' 'nom tde/SKo Hiuan - (écrit jâ jC, Ko
/*& /... t h V:! 7
^!
\%\_l\ U ir
•%^V
BIBLIOGRAPHIE.
Sseu-k'ou..., 146, 20a, ont déjà fait remarquer que, d'après la pré-
face même de Tchang Tchan, sa mère était la cousine germaine
de Wang Pi (226—249); si Tchang Tchan dit vrai, il dut vivre
par conséquent tout au début des Tsin, dans la seconde moitié du
IIIe siècle.
.,
ajoutant son pseudonyme qui est [p -|fj| -^- Tcheng-yi-tseu (cf. {Jt-J JjÉff |||j 0B
H 3la^ TT^ y> Ssew~k'ou kien-ming mou-lou piao-tchou de «K WÎ^ fp^ Chao Yi-tch'en,
14, 49 v°). La leçon "Tchou Yuan" du Sseu-k'ou... a probablement été empruntée au
Wen-hien t'ong-k'ao, 211, citant le Kiun-tchai tou-chou-tche de Tch'ao Kong-wou; mais
on sait combien les noms propres sont altérés dans le Weu-hien t'ong-k'ao, et d'autre j>art
certaines de ces fautes ont été réintroduites par des lettrés dans le Kiun-tchai iou-clwu-
tche; l'édition de Wang Sien-kien, qui en a corrigé beaucoup, a laissé subsister celle-ci
sans aucune remarque (Kiun-tchai tou-chou-tche, 11, 8b). Le Song che (205,25) garantit
indirectement Tehou Pien en écrivant yjfc; '-ft où le second caractère, forme abrégée de
3tg: Ici, est évidemment altéré de JÏL pien et non pas de yr" yuan. Le catalogue du
Canon indique ne donne pas de date pour Tcbou Pien; le P. Wieger le place sous les
Song, mais peut-être simplement piarce qu'il a trouvé mention de son commentaire dans
le Song che; la même raison vaudrait alors pour le Ssetc-k'ou kien-ming mou-Ion piao-
tchou, 14, 49 v°, qui dit aussi Song (mais cet ouvrage est souvent fautif; à la même
page, il met Siu Ling-fou une fois sous les T'ang, ce qui est correct, et une fois fau-
tivement sous les Song) ; mais le Kiun-tchai tou-chou-tche dit que Tcbou Yuan (lire
Tcbou Pien) était des T'ang, et peut-être a-t-il raison. Tous les catalogues des Song
indiquent 12 cb..pour le commentaire de Tcbou Pien; il semble donc qu'une partie en
soit perdue, puisque le catalogue du Canon indique ne lui en donne plus que 7; il man-
quait d'ailleurs déjà un chapitre à l'exemplaire qu'a décrit Tcb'ao Kong-wou.
.• 1) Toutefois le nom est souvent estropié; on a ainsi
-jp* p3 jfË Li Po-tsin dans
le Tseu lio, 2, 10 5, et -^p |J|| gjjj Tseu Sien-biun dans Song che, 205, 2b; ce sont
là simples altérations graphiques, doublées dans le Song che d'une fausse interprétation
où le gffl hiun de gfl Vi hiun-tchou, "commentaire explicatif", est devenu une partie
du nom (le Sin T'ang chou, 59, 3oe, était déjà amphibologique); c'est sous l'influence de
cette faute qu'on trouve "Li Sien-hiun" au lieu de Li Sien à l'index de Wieger, p. 321
(cf. aussi JA, 1912, II, 154).
102 BIBLIOGRAPHIE.
App. II, 116); on voit donc que, d'après la seule source qui donne
une indication chronologique sur ce commentaire de Wen-tseu, il
faut le placer vers 540—550, et non au Ve siècle. Mais une autre
question se pose. J'ai montré dans le T'oung Pao (1926, 198—207)
^5 j||
Li Sien était la vraie forme du nom d'un commentateur
que
du ^^^ Ts'ien-tseu-iven dont l'ouvrage est attesté au moins
dès la fin du IXe siècle, et ce Li Sien, dans sa suscription, se di-
sait sujet des Leang; je n'avais pas relevé alors les indications
relatives au commentateur de Wen-tseu. Il est extrêmement pro-
bable qu'il s'agit dans les deux cas du même individu, et l'indi-
cation des Leang s'accorderait bien avec la date de 540—550 en-
viron qui nous est suggérée par le fait que Li Sien, commentateur
de Wen-tseu, fut élève de Grautama Prajnâruci. Une difficulté sub-
siste cependant, même à ce point de vue, c'est que Grautama Prajnâruci
vivait chez les Wei, et non chez les Leang; mais on peut admettre
qu'un sien disciple ait passé d'un territoire à l'autre. Malgré tout,
et si je ne doute guère de l'identité du commentateur de Wen-tseu
et de celui du Ts'ien-tseu-icen, je conserve quelque hésitation sur
sa date véritable. Il est assez inattendu de voir Wen-tseu commenté
sous les derniers "Wei, et Li Sien, qui a eu sur la personnalité de
Wen-tseu une théorie assez singulière, a parlé du Ts'ien-tseu-wen
en termes qui m'ont paru et me paraissent encore difficilement
conciliables avec une date si voisine de la rédaction même du
Ts'ien-tseu-'iven. Sans vouloir rien affirmer encore, je n'écarte donc
1) Les catalogues des Leang et des Souei l'ignorent; par contre il est mentionné
dans le Sin Tang chou, 59, 3a.
BIBLIOGRAPHIE. 103
pelle que von der Grabelentz a invoqué cette perte pour révoquer
en doute l'authenticité de trois de ces chapitres; mais le texte
complet de Tou Tao-kien se trouve en réalité dans le Canon taoïque
("Wieger, Canon taoïste, n° 742), et le T'ie-k'in-t'ong-kien-leou pos-
sède un exemplaire des Yuan également complet1).
P. 372. — Comme meilleure édition ancienne de Mo-tseu,
M. P. cite „das Tao-tsang pên von Ku Tclïien-li, 1445 n. Chr.
herausgegeben". Cette phrase se trouvait déjà dans le Me Ti de
M. P. (p. 6), et on constate ainsi, non sans quelque stupeur, que
M. P. fait de |||
-^ Jjî Kou Ts'ien-li un personnage du XVe siècle,
éditeur du Canon taoïque sous les Ming. Faut-il donc rappeler que
Kou Ts'ien-li n'est que le tseu de |§| Jlf jffî Kou Kouang-k'i, un
des meilleurs bibliophiles modernes et dont les uns et les autres
nous avons parlé maintes fois? Il a vécu de 1770 à 1839. M. P.
a dû mal comprendre une phrase de la préface du Mo-tseu hien-kou
de Souen Ti-jang.
Pp. 422, 423 et 589. — "Tschung Tschang"; lire "Tschung-
tsch'ang"; -ftp -^ Tchong-tch'ang est un nom de famille en deux
caractères.
Pp. 427 et 538. — Dans le cas de JËL jj^ Houei Che comme
dans celui de Lu Pou-wei, le titre de -fïjj ^C tchong-fou rappelle
celui donné antérieurement à Kouan Tchong, mais signifie seulement
"Second père" et non "Père Tchong"; cf. d'ailleurs supra, p. 72.
1) Tou Tao-kien, bien que sujet des Song, vécut assez avant sous les Yuan. Les
commissaires du Sseu-Jcou... (146, 30 v°) ont invoqué à ce sujet une préface qu'il aurait
écrite en 1306 pour le -yi ^hp 4ê Kieou-houo tsi (c'est une faute du Ssen-k'ou..., au
moins dans l'édition de Canton en petit format, pour ptj ^k\\ 4M Tclwng-houo tsi) de
S5 -îg iftfp Li Tao-chouen ; mais c'est oublier l'épitaphe de Tou Tao-kien par Tchao
Mong-fou, insérée au Song-siue-tcJiai tsi, et d'où il résulte que Tou Tao-kien a dû vivre
de 1222 à 1303. L'édition du Tchong-houo tsi est bien, elle, de 1306 (cf. Chan-pen-
clwu-che ts' ang-chou-tche, 22, 17#), et je suppose que les commissaires de K'ien-long ont
confondu la date de la préface et celle de l'édition. Tou Tao-kien est parfois désigné
.sous son pseudonyme de Jw ^A». -¥~ Nan-kou-tseu.
104 BIBLIOGRAPHIE.
P. 77: Il serait plus clair de dire que Tardu sad avait épousé
la soeur du roi de Tourfan alors régnant, plutôt que de le faire le
gendre d'un roi mort depuis une dizaine d'années.
P. 79: M. a été hanté par le souvenir du voyageur Song Yun
Grr.
du VIe siècle, mais la citation est en réalité du vieux poète Song Tu.
P. 123: Pararnartha a "traduit", mais non "écrit" une Vie de
Vasubandhu.
Pp. 155, 159: Sur les soi-disant kanaka, cf. Toung Pao. 1929,384.
P. 158: M. dans sa récente Histoire de VExtrême-Orient,
Grr. qui,
—
N. ADRIANI, Bare'e-Nederlandsch Woordenboek, met Nederlandsch-Bare'e
Begister, Leyde, Brill, 1928, in-8, xv + 1074 pages. [Publ. de la Kon. Batav.
Gen. v. K. en Wetenseh.]
— M. S. ANDREEV, Po êtnologii Afganistana, Dolina Pandssir ("Sur l'ethno-
graphie de l'Afghanistan, La vallée de Panjsir"), Tachkend, -1927, in-8, vm 4-
103 pages + '1 fnch Errata, avec 10 pi. (non numérotées, et saus table des
[^ ^ ^
l'édition du prof. L. F. Benedetto.]
— CHANG Chung Tao TCHANG Tchong-tao], Les traités in-
égaux de la Chine et l'attitude des puissances, Paris, Marcel Rivière, 1929,
in-8, 216 pages.
— E. CHASSIGNEUX, L'Indochine, Géographie physique, Le pays et ses
habitants, Paris, Van Oest, 1929, gr. in-4, 50 pages, avec 4 pi. et 3 cartes.
[Réimpr. de L'Indochine, publiée sous la direction de G. MASPERO.]
[CHIKAMATSU Monzaemon,] Chefs d'oeuvre de Tchikamatsou,
— le grand
dramaturge japonais, traduits du japonais en anglais par Asataro MIYAMORI
LIVRES REÇUS. 111
M ^ le
— T. HANEDA, A Chinese nestorian scriplure uChili hsilan an lo ching"
#§ $1 24 Paê'es- LTir- à Part du
Jg
T^ gaku-h-o, t. 18.].
— Ching-lin HSIA
>
[ SE.|g| DJA Tsm-lin] et James L. E. CHOAY [ jg
|g Jg TCHEOU Fou-k'ing], The Civil Code of the Republic of China, Book I,
General principles, trad. en anglais, si, 1929, in-8, m + 57 pages. [Ce premier
LIVK.ES REÇUS. 113
Livre, seul paru jusqu'ici, a-été promulgué le 23 mai 1929; il est donné ici
parallèlement en chinois et en traduction anglaise.]
— i3r
llf lIÉ tffi Hôbôgirin, Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme
d'après les sources chinoises et japonaises, publié sous le haut patronage de
l'Académie impériale du Japon et sous la direction de Sylvain LÉVI et de J.
TAKAKUSU ; rédacteur en chef, Paul DEMIÉVILLE. Premier fascicule A—Bombay,
:
Tokyo, Maison franco-japonaise, 1929, in-8, 2 fnch + iv + 96
pages, avec les
planches I—VIII (noir et couleurs), et un Supplément de xv pages. [Publié
grâce à la Fondation Ôtani et Wada.]
— Izvestiya Obscestva dlya izuceniya Tajikistana i iranskikh narodnosteï
za ego predelami ("Journal de la Soc. pour l'étude du Tajikistan...."), t. I,
Tachkend, 1928, in-8, vu -f- 247 pages, ill. [Rédacteurs chef: N.L. Korzenevskiï,
en
A. A. Semenov et V. I. Solov'ev.J
fication and Distribution of Vases with Spouts, slncl, in-8 raisin, 6 pages.
[Résumé from papers of the Anthropolog. Institute, Collège of Science, Imp.
Univ. of Tokyo, n° 4, 1927.]
E. OBERMILLER, Indices verborurn Sanscrit-Tibetan and
Tibetan-Sanscrit
—
io the Nyâyabindu of Dharmakïrti and the NyâyabinduiïkU of
Dharmottara,
préface de Th. Stcherbatsky, I, Sanscrit-Tibetan Index, Leningrad, 1927,
avec
in_8, iv + 123 pages [= Bibliotheca Buddhica, XXIV]; II, Tibetan-Sanscrit
Index, Leningrad, 1928, in-8, 1 fnch + 145 pages [= Bibl. Buddhica, XXV].
Ulrich ODIN, Peintures chinoises et japonaises de la collection Ulrich Odin,
—
avant-propos de Sylvain LÉVI, Paris et Bruxelles, Van Oest, 1929, in-4,
avec
-vu + 63 pages, et LXIV planches. [= Ars
Asiatica, t. XIV.]
P. PEETERS, Un nouveau document sur l'histoire des Turcs?, Liège,
—
1929, in-8, 6 pages. [Tir. à part de Byzantion, IV (1927—1928). C'est un
compte-rendu du travail de A. MINGANA, The Early Spread of Christianily
in Central Asia and the Far Easl: a Neio Document, paru en 1925. Le Père
P. P. considère que le "nouveau document" de M. M. est un faux tout récent,
et j'en suis d'accord avec lui.]
I. L. PIERSON Jr., The Manyôéû, translated and annotated, Book I,
—
Leyde, Brill, 1929, in-8, x + 239 pages A- 1 fnch (Errata).
Hartmut PIPER, Die Gesetze der Weltgeschichte, 2e division: Vôlker-
—
biogr. und -biologie der Menschheit, 1" partie, Der gesetzmâssige Lebenslauf
der Vôlker Chinas und Japan, Leipzig, Th. Weicher, 1929, in-8, XY -|- 110 pages :
RM. 3.50.
— E. D. POLIVANOY, Vvedenie v
yazykoznaniedlya vostokovednykh VUZov
("Introduction à la linguistique pour les établissements supérieurs d'études
orientales"), Leningrad, 1929, in-8, YI A- 220 pages. [= Publ. du Leningradskiï
Vostocn. Institut irneni A. S. Enukidze, n° 31. Une annonce-résumé en anglais,
de 1 fnch -|- 4 pages, est jointe à l'ouvrage. Le présent volume ne contient
que le début de l'ouvrage considérable envisagé par M. P.]
— Jean PRZYLUSKI, La ville du
Cakravartin, Influences babyloniennes sur
la civilisation de l'Inde, Lwôw, 1929, in-8, 21 pages. [Tir. à part du Rocznik
OrjentaL, V, 165—185.]
— J. PRZYLUSKI, Les inpuences populaires dans la
Chândogya-upanisad.
[Réimpr. de Bull. Sch. Or. St., V, 303-306.]
— J. PRZYLUSKI, Fables in the Vinaya-Pitaka of the
Sarvâstivadin School.
[Extr. de The Indian Hist. Rev., V (1929), 1—5.]
— E. J. RAPSON et P. S. NOBLE, Kharosthî inscriptions discovered by Sir
Aurel Stein in Chinese ïurkestan, III: Text of Inscriptions discovered at the
Niya aud Lou-lan sites 1913—1914, Oxford, Clarendon Press, 1929, gr. in-4,
vin pages + pp. 267 à 379 et pi. XIII et XIV. [Ce fascicule achève la pu-
blication entreprise par MM. Boyer, R,apson et Senart. Les pages 329—379 sont
occupées par un index de tous les mots qui figurent dans les inscriptions.]
— Louis RENOU, Les maîtres de
la-philologievédique, Paris, Geuthner 1928
in-8, 74 pages. [Ann. du Musée Guimet, Bibl. d'études, t. 38.]
— M. I. ROSTOYCEY, Sredinnaya Aziya,
Rossiya, Kital i zvérinyï stil'
LIVRES KEÇUS. 115
("Le centre de l'Asie, la Russie, la Chine et le style animal"), Prague, 1929,
in-4, 48 pages et 11 pi. [= XXVÙIKUI, autrement dit première des monographies
consacrées par le Seminarium Kondakovianum de Prague à l'archéologie et
l'histoire des nomades.]
— M. ROSTOVTZEFF, The Animal Style in South Russia and China, Princeton,
Princeton University Press, 1929, in-4, xvi + 112 pages,
avec 33 planches.
[= Princeton Monographs in art and archaeology n° XIV.J
— P. Y. SAEKI, The Nestorian monument in China, avec notice prélimi-
naire de Lord William GASCOYNE-CECIL et préface de A. H. SAYCE, Londres,
Society for promoting Christian Knowledge, [1928,] in-8, + 342
x pages.
12 sh. 6. [Réimpression pure et simple de l'édition de 1916..]
— S. H. l'Emir de Boukharie SAID ALIM KHAN, La Voix de la Boukharie
Opprimée, Paris, Maisonneuve frères, [1929,] in-12, 71
pages + 3 fhch, avec
6 pi. et 1 carte. [Le titre ci-dessus est celui de la couverture; il n'y
a pas
de titre intérieur général.]
— Arménag Bey SAKISIAN, La miniature persane du Xlle au XVIIe siècle,
Paris et Bruxelles, Van Oest, 1929, petit in-folio, xm -f 175 pages, avec 106 pi.,
dont 2 en couleurs.
— L. SCHERMAN, Die àltesten Buddhadarstellungen des Miinchener Muséums
fur Yôlkerkunde. [Extr. du Mùnchner Jahrbuch der bildenden Kunst, V (1928),
64—80, et VI (1929), 147—166].
— B. SCHRIEKE, The effect of Western influence on native civilizations in
the Malay Archipelago, Batavia, Kolff, 1929, in-8, vu -f- 247 pages. [Publ. de
la Kon. Batav. Gen. v. K. u. Wetensch. Le D1 Schrieke a édité le volume, dû
à onze collaborateurs.]
— Georg SCHURHAMMER, Die Disputationen des P. Cosme de Torres S.J.
mit den Buddhisten in Yamaguchi im Jahre 155i, Tokyo, 1929, in-8, x +114
pages, avec 1 pi. fac-similé. [= Mitt. d. deutsch. Gesellsch. f. Nat. und Vôlker-
kunde Ostas., XXIV, partie A.]
—
Second Conférence on the promotion of Ghinese studies, Cambridge,
Mass., April S, 1929. [Réimpr. de Bull. no. 11 of the Amer. Council of Leamed
Societies, 60—75.]
— A. A. SEMENOV, K dogmatike Pamirskogo ismailizma ("Sur là dogma-
tique de l'ismaïlisme du Pamir"), Tachkend, 1926, in-8, xiv + 52 pages.
[Publ. de la Soc. pour l'étude du Tajikistan. C'est la traduction annotée du
ch. 11 du "Visage de la foi" de Nasir-i-khusraw.j
•«M ^fe Shina ni okeru kesho no genryu ("Sur les origines du fard Chine").
en
[Tirage à part du Shigaku zasshi, t. 40, 1073—1124.]
— Osvald SIRÉN, Histoire des arts anciens de la Chine, t. II, L'époque
Han et les Six Dynasties, Paris et Bruxelles, Van Oest, 1929, in-4, 3 + 121
pages et 120 planches. [= Ann. du Musée Guimet, Bibl. d'art, N"e série, III.]
— Maria Wilkins SMITH, Studies in the syntax of the gathas of Zarathushtra
together with text, translation, and notes, Philadelphie, 1929, in-8, 160 pages.
[= Language Dissertations published by the Linguistic Society of America, n° 4.]
116 LIVRES REÇUS.
- §p 7K+ fit+^i
in-8, 1 -[• 2 1
SuztJKI Torao' M fS $St ^yôkan-roku, Kyoto, 1928,
368 pages. [M. S. réunit ici plusieurs travaux, dont
certains avaient déjà paru ailleurs. Le recueil comprend: 1° Une biographie
par années de ^/j? $T} Chen Yo, 441—513 (avait paru en 1928 dans les Mé-
langes Kanô, sur lesquels cf. T'oung Pao, 1929, 401); 2° Une étude critique
sur le rass. fragmentaire des T'ang du A7~ ;\^V jSft -rf-p Wen-sin tiao-long
(sect. 1—14) que j'ai rapporté de Touen-houang (avait paru en 192(5 dans les
Mélanges Naitô, sur lesquels cf. T'oung Pao, 1928, 208; 3° Sur les docteurs
( JîfÊ J^ tsin-che) des T'ang (avait paru dans le Shina-gaku de 1927);
4° Critique textuelle du ^Jj Êj^ JjMp Sin-yo-fou de Po Kiu-yi (inédit; est
précédé d'une bonne bibliographie critique des oeuvres de Po Kiu-yi); 5° Sur
la poésie philosophique des Song (inédit); 6° Sur les origines Song des mor-
ceaux à couplets balancés qui, sous le nom de f\ B& ~A7~ Jip pa-kou
ive-n-
tchang, ont joué le rôle principal dans les examens littéraires dès les Yuan
et surtout à partir des Ming (paru d'abord dans Shina-gaku de 1926);
7° In memoriam pour Wang Kouo-wei (paru d'abord dans le Geimon de 1927;
cf. T'oung Pao, 1929, 72); 8° Quatre morceaux poétiques (inédits).]
—
TCHAITsoun-tchun [ ^ ^^ ^£ TCHAI Tsiun-tsien], Essai historique
et analytique sur la situation internationale de la Chine, conséquences des traités
sino-étrangers, Paris, Geuthner, 1929, in-8, 235 pages; 50 francs. [= Bibliolheca
Franco-Sinica Lugdunensis, t. III.]
—
m m TCH'SN Yuan, ^ ^ Z K Vi H * ~R B H ¥
V3L "§* Min9~ki tche Ngeou-Houa mei-chou ki Lo-ma-tseu tchou-yin ("Les
beaux-arts européano-ehinois et les transcriptions phonétiques romanisées
sous les Ming"), Pékin, 1927, gr. in-8, 20 ffnch. [Pointe sur les planches
chrétiennes du 7^ j^ ^g ^T TcKeng-che mo-yuan qui ont déjà été étudiées
dans le travail connu, de M. Laufer, Christian Art in China.]
Mien TCHENG [Kïfr &j| TCH'EN Mien], Le théâtre chinois moderne,
—
Paris, Presses modernes, 1929, in-8, 195 pages. [Thèse de doctorat ès-lettres.]
[TCH'EN Mien], Répertoire analytique du théâtre chinois
— Mien TCHENG
moderne, Paris, Jouve, 1929, in-8,182 pages. [Thèse complémentaire de doctorat
ès-lettres.]
— Jôrg TRÙBNER, YU und Kuang, Zur Typologie der chinesischenBronzen,
Leipzig, Klinkhardt & Biermann, 1929, in-4, 32 pages et 64 planches; RM. 66.
TSING Tung chun [^©* ff3J 3ΧC TSENG T'ong-tch'ouen], De la-production
—
et du commerce de la soie en Chine, Paris, Geuthner, 1928, in-8, 228 pages;
50 francs. [= Bibliotheca Franco-Sinica Lugdunensis, t. IV.]
PAR
Louis LIGETI.
Canstadt ont parfois leur titre dans une langue autre que le mongol,
le tibétain ou le sanscrit. Nous nous bornons à signaler ces titres
encore trop énigmatiques. En zang-zung, langue de la religion bon-po
et en partie de l'école de Padmasambhava, nous y lisons ces deux
titres: Bal ling aa lie gu ge M a (n° 3608) et Ta la pa ta y a na lia
(n° 3589, LXXVIPj, en sum-pa A ra na ha li ya (n° 3589, LXXVII),
ensuite deux titres en pseudo-chinois: Arya bar-a yang gyad rta
(n° 3589, LXXXII), et Gcug lag 'phrul gyi rcis srid pa. lha'i skad
du kong ce ling ce mer ma roi ma (n° 3589, LXXVI). Une des
Vajracchedikâ fut traduite de la "langue des dieux" (n° 3587).
Le ~^C ^\ Htl Mk $x: -^
te0u ts'i s^n9 hing y est intitulé en chinois
Bl du chi sing ging (n° 3589, LXXX) a).
A la fin de chaque dhâranï et sûtra nous avons indiqué, autant
qu'il était possible, leur concordance d'après le Kanjur, néanmoins
sans vouloir impliquer par là l'identité absolue des textes confrontés.
Nous avons jugé inutile de citer, outre les références de Beckh,
celles de Csoma et de Schmidt-Canstadt, réunies dans un index
synoptique à la fin du catalogue du Kanjur tibétain de Berlin.
Quant à la transcription mongole j'ai suivi à très peu de chose
près le système que la plupart de nos confrères russes ont adopté
(mais j'ai remplacé par exemple % par q et supprimé 1).
Pour les mots tibétains j'ai suivi la transcription qui est aussi
celle de M. Pelliot et que voici: ka, kha, ga, na, ca, clia, ja, na,
ta, tha, da, na, pa, plia, ba, ma, ca, clia, ja, va, la, za, 'a, ya, ra,
la, sa, set, lia, a.
Les titres sanscrits dans les transcriptions mongole et tibétaine
ont un aspect plus ou moins méconnaissable; et ce qui est pire,
1) Je n'ai pas souvenir d'avoir lu dans l'article de M. H. Franke, cité plus loin
le titre en langue de l'Urgyan (TJ-rgyan skad-du) Mu aksa sa ka ra na, en tibétain Gu
ru padma 'byu/i gnas Icyi slcyes rais rnam par thar pa ses bya ba, en mongol Badina
yadang sudur-un onisiba.
LA COLLECTION MONGOLE SCHILLING VON CÀNSTADT. ' 123
3533.
Qutuy-tu bilig-ûn cinadu kijayar-a kûrùgsen vcir oytaluyci ke-
megdekil yeke kôlgen sudur.
Arya vajraccliedikâprajhâpâramitci nâma mahâyânasûtra en ti-
bétain et en mongol.
Xylographe, cf. Jacques Bacot, dans Journal Asiatique, 1924,
octobre-décembre, p. 333.
3543.
Ilaju tegils nûgagsen eke bilig baramid-un yool jirilken nere-tù
yeke kôlgen sudur.
BhagccvaUprajnûpciramitdhrdaya en sanscrit, en tibétain, en chi-
nois, en mongol et en mandchou.
Xylographe, cf. Jacques Bacot, op. cit., p. 335.
3572.
"L'océan des mots". Titre mongol manque, en tibétain Min gi
rgya mcho etc.
Xylographe, cf. Jacques Bacot, op. cit., p. 345.
Les sections III (104 feuillets) et IV (8 feuillets) seulement.
La Bibliothèque Nationale en possède un exemplaire complet dans
le Fonds Tibétain sous les nos 466, 467, 468. Son titre est en mongol
Nere-yin dalai-yin dandya yeke dag yig ûges-iin dalai ba ilges-un
jûil dotorayulun ûiledilgci yeke naran kemekii orusiba, en tibétain
124 LOUIS LIGETI.
Min gi rgya mch'oi rgyab gnon dag yig chen po skad kyi rgya
mcho 'am skad rigs gsal byed ni ma chen po les bya ba bzugs so.
Son sigle ]) chinois est B|J $££ Ming liai. L'ouvrage est réparti en
quatre sections: 1° min mcho, "l'océan des noms", en tibétain, vol.
I, 43 feuillets; 2° dag yig, "l'orthographe", en tibétain et en mongol,
vol. II, 121 feuillets; 3° M 'od, "la lumière du soleil", en tibétain
et en mongol, vol. III, 104 feuillets, c'est le dictionnaire proprement
dit, il est cité, comme ouvrage indépendant, parmi les sources du
dictionnaire de Kovalevski; 4° rmi lam, "le songe", en tibétain et
en mongol, vol. III (section 4), 8 feuillets.
Cf. B. Laufer, Skizze der mongolischen Literatur, dans Keleti
Szemle, t. VIII (1907), p. 180.
3573.
1) Les quelques caractères chinois que portent tous les xylographes mongols et ti-
bétains imprimés en Chine sont plutôt des sigles commerciaux en vue de retrouver
ra-
pidement l'ouvrage voulu que des traductions du titre.
2) Huth, Geschichte des Bîiddhismus, t. II, p. 306. GrùH Ho bzan isod pa dans
LA COLLECTION MONGOLE SCHILLING VON CANSTADT. 125
kemegdekù tokiyan bicig, soit Brda 1 yig min don gsal bar byed
pa'i zla ba'i ''od snan les bya ba. publié en 1838. (... Qalq-a-yin
yeke kûriyen-ece erekûy-e kilbar kemegdekù nigen delgerenggili tol-
kiyan-u bicig sin-e yaruysan ece jokistay-yi inu yekebëilen abuyad,
Hal-lia ye-ge khu-re phyogs nas \hol bar sla ba les ba'i brda' yig
gyas pa lig gsar du byun ba las lags ëha pliai cher blans sin).
Laufer, Ocerh mongoVsloï literaiury, Leningrad, 1927, p. 17, doit être une faute d'im-
pression et non pas une correction.
3) |i|9 "T* lirt Kouo iseu hien.
4) 3? Jmî ppH |B| Tong-tcKang liou-long.
5) Huth, op. cit., t. Il, p. 230.
6) Huth, t. II, p. 272; P. Cordier, Catalogue du Fonds Tibétain de la, Bibliothèque
Nationale, IIIème partie, Paris, 1915, pp. 535—536.
126 LOUIS LIGE TI.
3574.
Alphabet comparé des écritures lantsa, tibétaine et mongole.
Cf. Jacques Bacot, op. cit., p. 346.
3575.
Li gur khan, aujourd'hui perdu ou égaré. A la Bibliothèque
sVi
Nationale on garde la copie de ce dictionnaire préparée par le lama
Galsang Gromboev.
Cf. Vladimircov, 0 tibetsko-mongoVskom slovare Li-cihi gur-khan,
Doklady Akademii Nauk SSSE, 1926, pp. 27—30.
3580.
Bilig-ûn cinadu kijayar-a kurûgsen qoriu tabun mingyatu orusiba,
La sagesse transcendante en vingt-cinq mille (vers).
En sanscrit PaJimvimkitisaliasrikâprajnâpTiramitU, en tibétain
Ses rab kiji plia roi tuphyin pa ston plirag ni su Ina pa.
Kanjur, Ser phyin XV—XVIII, Beckh, p. 8.
Xylographe en format moyen, 330 feuillets. Première partie.
3581.
Suite du précédent.
Xylographe en format moyen, 302 feuillets.
3582.
Eldeb juil-un uliger-ûn dalai kemegdekil neretil sudur orusibai.
Sûtra appelé la mer des différentes comparaisons.
En tibétain 'Jans bluii. Le titre sanscrit Damamûko ncmia sûtra
n'a très probablement jamais existé; cf. Pelliot, Notes à propos d'un
catalogue du Kanjur, dans Journ. As., juillet-août, 1914, p. 139, et
aussi T'oung Pao, 1929, p. 261.
Mdo XXX 2, B. p. 67.
LA COLLECTION MONGOLE SCHILLING VON CANSTADT. 127
3583.
Qutwy-tu degedû altan gerel-til erketû sudur-nwyud-un qayan neretil
yeke kôlgen sudur.
Sublime saint éclat de l'or, puissant roi des sutra. Sûtra du
Grand Véhicule 2).
3584.
Qutuy-tu pahcaraksâ kemeku neretil sudur.
Sûtra des cinq protections sublimes.
I. Yeke kôlgen-û yeke mingyan yirtïncii-yi mayad daruqui neretil sudur.
Sûtra du suprême triomphe sur les grands mille mondes du Grand
Véhicule.
En sanscrit Mahâsahasrapramardana riâma sûtra, en tibétain
Ston chen po rab tu 'joins pa zes bya baH mdo.
36 feuillets.
Kanjur Rgyud XIV 2 B, p. 102.
tib. 'phags-pa, mo. quiuytu, "saint", "sublime", porte sur tout l'ensemble du titre, et
non sur un de ses éléments. — Paul Pelliot.]
LA COLLECTION MONGOLE SCHILLING VON CANSTÀDT. 129
1) Cf. ouigour bu sav all(ï)q ylrsuvda, W. Radloff, Kuan-ki-im Pusar, eine tiirkische
Ueberseizung des XXV. Kapitels der chinesischen Ausgahe des Saddharmapuddarika, St.
Pbg, 1911, Bibliotheca Buddhica, XIV, p. 48.
2) Bodisv.ng de notre manuscrit, attesté sous cette même forme dans les dictionnaires
mongols, n'est qu'une méprise graphique et il est à supprimer, il. Pankratov
me com-
munique que B. Vladimircov, TurecJcie elemeniy v mongol'skom jazyke, dans les Zapiski,
t. XX, p. 164, s'est prononcé dans le même sens.
LA COLLECTION MONGOLE SCHILLING- VON CANSTÀDT. 131
3585.
Qutuy-tu yekede tonilyàyci jug-ûd-tur delgeregsen yasiyutan gern-
sikili-ber kilincas-i arilyayad burqan bolyan butiigetuy-e teyin bôged
jokiyaysan yeke kôlgen sudur.
La méthode de devenir Bouddha en effaçant les péchés par le
profond repentir en vue de la sublime délivrance complète qui dé-
passe les points cardinaux. Sûtra du Grand Véhicule.
En tibétain 'Phags pa thar pa chen po phyogs su rgyas pa \jyod
chans kyis sdig byans te sans rgyas su grub par main par bkod
pa
zes bya ba tlieg pa chen po'i mdo.
LA COLLECTION MONGOLE SCHILLING VON CANSTADT. 133
3586.
Qutuy-tu vcir-iyar oytaluyci bïlig-iin cinadu kijayar-a (sic) neretû
yeke kolgen sudur.
Xylographe en petit format, 54 feuillets.
Cf. le n° 3533.
||||
1) On ne
T'ien-tch'ong (1627—1635) appelé ~fc ^
peut guère songer à Qubilai, ni non plus à Secen qayan, yç
~^Ç |||_ ffi T'ai isong
tven Iwuang ti,
qui est d'ailleurs des Ts'ing. Cf. Kotwicz, 0 chronologji mongolslciej,Rocznik Orjentalisticsny.
A la fin du volume XXXIII du Mdo dans le Kanjur mongol de Paris (Fonds Mongol, n° 92)
nous lisons : Ùlemji sayin luyan-tu masi uqaya-tu dayiming secen Cinggis qayan-ujarliy-iyar
Kun-dga 'Od-zer helemûrci qordun-a orciyulju orusiyulbai.
2) En ouigour sous cette même forme; il est attesté dans le colophon du JMjUvavâdaka
maliâyanasûtra, publié par V. Radlov, Kuan-si-im Pusar, p. 82.
134 LOUIS LIG-ETI.
3587.
Qutuy-tu bilig-ûn cinadu kijayar-a kûrilgsen vcir-iyar oytaluyci
neretii kemekû yeke kolgen sudur orusibai.
Même que le précédent. Xylographe en petit format, 36 feuillets.
Traduit de la "langue des dieux" par Pan-'chen Diristan (?) :
Bancen Diristan kelemurci tngri-ner-un kelen-ece-iyen jokistay-a orci-
•yulju tamayalyayulbai.
3588.
Sungdui terigun bôlug orusiba.
Première partie du gZuns bsdus.
I (ka) Qutuy-tu maujuéri-yin ner-e-yi ilneger dgulekUi.
Sublime psalmodie des litanies de Manjusrï.
En sanscrit Arya manjuérînamasamglti, en tibétain ^Phags pa
'jam dp al gyi mchan yaii dag par brjod pa.
1—11 v°.
Cf. le n° 3546 où M. Bacot l'identifia, à tort, avec le premier
volume du gZuns bsdus. Dans le Kanjur tibétain de Berlin, le
titre — et probablement le texte aussi
— est plus complet,
Beckh, Verzeichnis, p. 72.
Colophon: Enedkeg-ïm ubadini Sraddhakaravarma kiged Ka-
malagupta luy-a yeke ôcigci kelemurci Bin chen bzanpo orciyuluyad
nayirayulju orusiyulbai.
II (kha) Qutuy-tu caylasi ilgei nasun kiged belge bilig-tii neretu yeke
kolgen sudur.
Sublime vie et sagesse sans limite. Sûtra du Grand Véhicule.
En sanscrit Arya aparimtiâyurjhana nama mahciycmamtra,
en tibétain 'Phags pa che dan ye ses dpag tu med pa zes bya
ba theg pa chen po'i mdo.
11 v°—18 v°.
Rgyud XV 75, B, p. 122.
LA COLLECTION MONGOLE SCHILLING VON CANSTADT. 135
Cf. tib. 'Phags pa sïïkya thub pa'i shin po, Rgyud XII 5, B.
p. 98.
Biyrocan-a burqan-u jiriïken darni.
L'essence du Bouddha Vairocana. Dhâranï.
44 v°.
Cf. tib. Thags pa mam par snan mjad kyi shin po zes bya
bal. gzuhs, Rgyud XII 6, B. p. 98.
Qutuy yuywysan yosuyar t'ôrùkiï darni.
Dhâranï sur les renaissances conformes aux prières récitées.
44 y°—45 r°.
Saran gerel-tii-yin ner-e dayan duradqui darni.
Souvenir des noms de "Clair-de-lune". Dhâranï.
Cf. tib. Zla baH 'od kyi radian rjes su dranpa, Rgyud XXIII,
B. p. 139.
45 r°_45 v°.
Qamuy tegiïncilen iregsed-iïn jiriïken.
L'essence de tous les Bouddhas.
45 v°.
Cf. tib. De bzin gsegs pa spyi-i shin po rjes su dran pa,
Beckh, p. 99.
Ratna siki burqan-u ner-e-yi orusiba.
Les noms du Bouddha Ratnasikhin.
45 v°.
Cf. tib. Sans rgyas rin clien gcug tor can gyi mchan rjes su
dran pa, Beckh, p. 99.
Qutuy-tu bilig baramid-un jayun naiman ner-e.
Les sublimes cent huit noms de la sagesse transcendante.
En sanscrit Arya prajhapâramitânâmdstaéatakam, en tibétain
'Pliags pa ses rab kyi plia roi tu phyin paH mchan brgya rca
brgyad pa.
45 v°—47 v°.
138 LOUIS LIGETI.
67 r°—80 v°.
Egyud XVIII 15, B. p. 129.
XIII {pa) Qutuy-tu jerlig doysin kùmûn-i teyin bôgecl nomoyadyayci
neretil darni.
La sublime méthode de pacifier les sauvages. Dhâranï.
En sanscrit Arya coravidlwamsana nama dhâranï, en tibétain
"Plxags pa mi rgod rnam par 'joins pa zes bya ba'i gzuns.
80 v°—81 v°.
Egyud XIV 40, B. p. 108.
Qutuy-tu qamuy jedker oytal-un arilyayci toyiayal darni.
Sublime effacement de tous les obstacles. Dhâranï m antra.
En sanscrit Arya sarvântarasamgrdsa dhdranimantra, en ti-
bétain 'Phags pa bar du gcod pa tliams cad sel hcCi gzuns snags.
81 v°—82 r°.
Egyud XV 20, B. p. 116.
XIV {plia) Ary-a, avalokitesuvari-yin darni kemegdekii.
Dhâranï de Ârya Avalokitesvara.
En sanscrit Arya avalokitesvara nama dhâram. en tibétain
'Pliags pa spyan ras gzigs dbah pliyug gi gzuns zes bya ba.
83 r°—83 v°.
Egyud XVII 2, B. p. 124.
Ary-a avalokitesuvari-yin jiruken.
L'essence de Ârya Avalokitesvara.
83 v°.
Cf. tib. 'Phags pa spyan ras gzigs kyi shin po, Egyud XVIII
3, B. p. 124.
Arslan dayutu-yin darni.
La voix de lion. Dhâranï.
83 v°.
Cf. tib. Sen ge sgraH gzuns, Egyud XVII 18, B. p. 126.
Colophon : Enedkeg-ïin ubadini Vakisuvar-a {= Vagïsvara)
LA COLLECTION MONGOLE SCHILLING VON CANSTADT. 141
1) En tibétain : Rgyagar gyi mkhan po Jinamitra dan zu chen gyi locchava bande
Ye ses sde-s bsgyur cih sus te skad gsar bcad hyis kyah bcos
nas gtan la phab pa.
Cette phrase tibétaine a été considérée par M. Beckh, jusqu'à un certain point,
comme
une crux qui résistait à une explication satisfaisante. A mon sens, la version mongole
donne une interprétation acceptable. Sin-e jasayvluysan (ailleurs ja-saysan) ayalyu veut
simplement dire la "nouvelle" orthographe tibétaine, par opposition à l'ancienne ortho-
graphe dont aujourd'hui les collections tibétaines de Paris, de Berlin et de Londres
fournissent de bons spécimens.
LA COLLECTION MONGOLE SCHILLING VON CANSTADT. 143
1) Dans l'original tibétain on lit Chos gritb, cf. Journ. As., 1927 (octobre-décembre),
p. 240, note 1.
LA. COLLECTION" MONGOLE SCHILLING VON CANSTADT. 151
go.~ o.ii-ëcë éd. kiged adw, usun-t sa.kin nernegidugei neretu d.o.rni.
Dhâranï pour protéger er augmenter les biens et le bétail.
tirée du Suvarnaprabbâsa.
En sanscrit Arya surarna dliâranl. en tibétain Phags pa
LA COLLECTION MONGOLE SCHILLING VON CANSTADT. 153
gser 'od dam pa mdo sdeH dban po'i rgyal po las nor phyugs
skyoh zin spel ba zes bya baH gzuns.
182 v°—187 r°.
Qutuy-tu degedû altan gerel-tù erhetû sudur-nuyud-un qayan
ece kesig-i ôggûgci neretû yeke kolgen sudur.
Sûtra du Grand Véhicule pour donner le bonheur, tiré du
Suvarnaprabhâsa.
En sanscrit Arya suvarnasata nâma mahâylmasûtra, en tibé-
tain 'Phags pa gser 'od dam pa mdo sdeH dban poH rgyal po
las khyan skyabs ëes bya ba.
187 v°—196 v°.
XLII (go) Qutuy-tai ed-ûn sijim neretû dami.
Sublime Vasudhârâ (celle qui possède la richesse). Dhâranî.
En sanscrit Arya vasudhârâ nâma dhâranî, en tibétain ''Phags
pa nor gyi rgyun ëes bya ba'i gzuns.
197 r°—201 v°.
Rgyud XV 57, B. p. 120.
XLTII (ni) Qutuy-tu sayin erdeni neretû dami.
Le sublime joyau précieux. Dhâranî.
En sanscrit Arya manibhadra nâma dhâranî, en tibétain
''Phags pa nor bu bzaiï po zes bya ba'i gzuns.
201 v°—202 v°.
Rgyud XVIII 21, B. p. 130.
XLIV (nu) Busud-ta ûlû ilaydaqu ûneger medegci yaks-a-yin dami.
Dhâranî du yaksa invincible qui connaît réellement.
En sanscrit Yaksâparâjita nâma dhâranî, en tibétain Gnod
sbyin gzan gyis mi thub pa yan dag ses gyi gzuiis.
202 v°—203 v°.
XLV (ne) Qutuy-tu- ed mal-i sakin nemegûlûgci neretû dami.
Dhâranî pour protéger et augmenter les biens.
En sanscrit Arya kuberaratnabhabhesarvata nâma dhâranî (sic),
154 LOUIS LIGETI.
en tibétain Thags pa nor phyugs bsruh zih spel ba zes bya baH
gzuns.
203 v°—206 r°.
XLVI (no) Qutuy-tu ciyulyam-u ejen-i darni.
Dhâranî du sublime maître de l'assemblée.
En sanscrit Arya ganapatihrdaya, en tibétain 'Phags pa chogs
kyi bdag po'i gzuns.
206 r°—207 v°.
Rgyud XV 54, B. p. 120.
XLVII (ci) Qutuy-tu ciyulyan-u ejen erdeni ûren yarqu-yin sang iir-e
tariyan kiged ed ayursun-i arbidqayci kerneku darni.
En sanscrit Arya ganaratnabliayadliâranâma (?), en tibétain
'Phags pa chogs kyi bdag po rin po che 'bru'i dkor mjod dan
'bru dan Ions sbyon spel ba zes bya bcCi gzuns.
207 v°—208 r°.
XLVIII (eu) Qutuy-tu sedkigsen sidis-ùn yarqu-yin oron ed-ùn ejen
nece doyor-a-tan kiged aduyusun-u ayimay-i ilayuyci darni.
En sanscrit Arya aparâjitâdhiratnasiddhi nâma, en tibétain
"Phags pa duos grub "byuh pa thugs kyi nor bdag rkyah 'gro
dan gyul las rgyal bah' gzuns.
208 r°—209 v°.
Qutuy-tu jambala qainuy qonin-u ukiil-i sayitur amurliyul-un
uiledugci darni.
Dhâranî pour préserver de la mort tous les moutons de
Jambhala (?).
En sanscrit Arya jambhala, en tibétain 'Phagspa jam-bha-kci
lug nad thams cad rab tu si bar byed pcCi gzuns.
209 v°.
XLIX (ce) Qutuy-turemanda neretu darni.
Sublime Remanta. Dhâranî.
En sanscrit Arya tathagatâremanta nama dharam, en tibétain
"Phags pa re-man-ta zes bya ba.i gzuns.
LA COLLECTION MONGOLE SCHILLING VON CANSTADT. 155
3589.
Nigen silug-tu.
(Dhâranï en) un vers.
En sanscrit Ekagdthâ, en tibétain Chigs su bcad pa gcig pa.
13 v°—14 r°.
Mdo XXVIII 23, B. p. 65.
Qoyar silug-tu.
(Dhâranï en) deux vers.
En sanscrit Gâthâdvaya dhâranï., en tibétain Chigs
su bcad
pa ghis pa'i gzuns.
14 r°—14 v°.
Rgyud XV 27, B. p. 117.
Dorben silug-tu.
(Dhâranï en) quatre vers.
En sanscrit Caturgcdhâ, en tibétain Chigs su bcad
pa bëi pa.
Là COLLECTION MONGOLE SCHILLING VON CANSTADT. 159
14 V°.
1) Dans le texte tibétain on lit zalu, cf. aussi P. Cordier, Catalogue, t. III, p. 175.
160 LOUIS LIGETI.
60 v°—84 v°.
XXII 17, B. p. 56.
Mdo
LIX (ni) Qutuy-tu yajar-un jirùken-ù jayun naiman ner-e toytayal
darni luy-a nigen-e.
Les cent huit noms de Ksitigarbha avec dhâranî.
84 v°—86 v°.
pa sari min poH mchan brgya rca brgyad pa
Cf. tib. 'Phags
gzuïis snags dan bcas pa.
LX (nu) Tajar-un sudur.
Sûtra de la terre.
Eu sanscrit Bhûmisûtra, en tibétain Sa'i mdo.
87 ru—89 r°.
LXI (ne) Ger dabqucayuluysan sudur.
La maison à étage (?). Sûtra.
En sanscrit Kutagâra sûtra, en tibétain Khcoï bu brcegs
pdi mdo.
89 r°—93 v°.
Mdo XXVIII 32, B. p. 66.
LXII (no) Qutuy-tu mayidari-yin ôcigsen naiman nom neretil yeke
kôlgen sudur.
Les questions du sublime Maitreya sur les huit dharma.
Sûtra du Grand Véhicule.
En sanscrit Arya mmtreyapcmprcchâdharmâsta nâma malul-
yânasïitra, en tibétain 'Phags pa byams bas eus pa chos brgyad
zes hya ba theg pa chen po'i mdo.
93 v°—97 r°.
Dkon brcegs VI 5, B. p. 24.
LXIII (ti) Qutuy-tu sagar-a luus-un qayan-u ôcigsen neretil yeke
kôlgen sudur.
Les questions du sublime roi des dragons, Sagara. Sûtra du
Grand Véhicule.
LA COLLECTION MONGOLE SCHILLING YON CAJSSTADT. 161
Beckh, p. 13.
Saran-u sudur.
Sûtra de la lune.
En sanscrit CandrasUtra, en tibétain Zla ba'i mdo.
100 Y0—101 r°.
èer phyin 24, 24, B. p. 13.
LXV (te) Qutuy-tu erdeni saran kôbegïm-iï ôcigsen neretû yeke kôlgen
sudur.
Les questions du sublime Ratnacandra. Sûtra du Grand Vé-
hicule.
En sanscrit Arya ratnacandrapariprcdm nâma mahâyânasûtra,
en tibétain 'Phags pa rin chen zla bas zus pa zes bya ba theg pa
chen po'i mdo.
101 r°—112 r°.
162 LOUIS LIGETI.
Mdo XV 7, B. p. 40.
LXVI (to) Qutuy-tu emegen-û ocigsen neretil yeke kolgen sudur.
Les questions de la vénérable vieille. Sûtra du Grand Véhicule.
En sanscrit Arya mahâlalikâptariprccha nâma mahâyânasùtra,
tibétain 'Phags pa bgres mos eus pa zes bya ba theg pa chen
en
po'i mdo.
112 r°—117 v°.
Mdo XV 14, B. p. 41. Le féminin -lalikâ est assuré par le
tibétain, et aussi par le mongol (qutuy-tai emegen)] voir Beckh,
p. 41.
LXVII (thï) Sans titre. (Incipit: yurban erdeni-dûr mûrgiïmili, "je
me prosterne devant les trois joyaux").
118 r°—120 v°.
Qutuy-tu eme bars-un ocigsen neretil yeke kolgen sudur.
Les questions de la sublime tigresse. Sûtra du Grand Véhicule.
En sanscrit Arya vyâghripariprcclm nâma sûtra (sic), en ti-
bétain 'Pliags pa stag mos eus pa zes bya ba theg pa chen
jxfi mdo.
120 v°—127 r°.
LXVIII (thu) Dbang skung neretil milrgiil.
Bénédiction appelée dbaii skun.
127 v°—131 r°.
LX1X (the) Qutuy-tu iiker-iln ayidan-dur vivangkirid-i ') ujilgulugsen
neretil yeke kolgen sudur.
Sublime prédication sur la "Montagne du boeuf". Sûtra du
Grand Véhicule.
En sanscrit Arya goérnavyâkarana nâma mahâyânasïïtra, en
1) Le mot vivangkirid doit appartenir à ce nombre de termes sanscrits etc. qui sont
parvenus au mongol par l'intermédiaire d'une langue d'Asie Centrale (dans la plupart
des cas c'était l'ouigour) et ont survécu sous une forme plus ou moins estropiée. J'ai
vu dans plusieurs sylographes la graphie viyâkarid.
LA COLLECTION MONGOLE SCHILLING VON CANSTADT. 163
nés par les locchava tibétains, cite le titre d'un sïïtra tibétain,
traduit du chinois, le Dag pa gser gyi mdo tlvig qui porte le
même titre chinois (rgya nag skad du) que nous venons de lire
plus haut. Seulement, M. Laufer l'avait coupé en deux après
\jyur rcis et il voulait que srid pa IhcCi skad du eût la signi-
fication: "en langue des dieux du monde". Le titre serait donc
mi-"chinois", mi-tibétain. M. A. H. Francke a récemment repris
l'interprétation de ce titre dans son Dokument aus Turfan in
tibetischer Schrift, aber unbekannter Sprache, dans les Sitzungs-
berichte de l'Académie de Berlin (1927, p. 130), à propos des
documents en écriture tibétaine mais en langues étrangères.
En omettant le final zes bya &a, il reproduit exactement le
même titre, d'après le Dkar chag dgos \lod kun 'byun, mais il
considère la langue des dieux, srid pa IhcCi skad, comme étant
du domaine de la fantaisie. Sans entrer dans la discussion de
cette question qui du reste ne saurait être tranchée toute seule,
nous insisterons sur deux points. D'abord notre xylographe porte
un point après srid pa. Selon l'interprétation ou bien du tra-
ducteur mongol, ou bien du copiste, il faut lire par conséquent
lhaH skad du, "en langue des dieux", tout court. Ensuite, no-
tons qu'un colophon de la Vajracchedikâ affirme que Pan chen
Diristan (?) l'a traduite de la langue des dieux: B. I). kelemurci
tngri-ner-iln. kelen-ece-iyen jokistay-a orciyulju (cf. le n° 3587).
Est-ce le sanscrit, ou le chinois?
A la fin de la dhâranï se lit le colophon suivant: Kitad-un
oron-durjokigaysan, ene altan dusul kemekil sudur-i Kun gci qayan
yidam bolyan sitïïgsen-iyer masi sayitur ôljei qutuy-i olbai.
LXXVII (ne) Lims-un qayan-u tayalal-i qangyayci.
Exaucement des désirs du roi des nâga.
En sanscrit Nâgarâjadhaya, en tibétain Klu'i dpad bkon.
214 v°—222 v°.
LA COLLECTION MONGOLE SCHILLING VON CANSTADT. 167
1) Le —- -^ Yffi ^jÊ San pien lan, t. III, 78 v°, lit dans la transcrijition
ho
mandchoue nanggiyad. M. Pelliot a expliqué le mot, cf. Sur quelques mots d'Asie Cen-
trale attestés dans les textes chinois, Journal Asiatique, 1913, mars-avril, pp. 451—469,
sur le mot Nafikiâs, pp. 460—466. Dans ce même article a été analysé Manzi, une
autre dénomination des Chinois du Sud à l'époque mongole. Or aux environs de Souei-
yuan les Chinois se désignent eux-mêmes /glft -jp* Man-iseu: PS j|"j ^yjjjy ~jp 5j\0
i|j| -3£» Jt^ /fà| Les lettrés que j'ai consultés à ce sujet, étaient tous d'accord
sur le caractère en question et ont refusé le caractère
V?|| que je leur ai suggéré.
2) [Lire Par yah kyefi, qui est la vraie forme supposée par les transcriptions tibétaines ;
elle répond à la prononciation chinoise ancienne de Pa yang king. — P. P.]
170 LOUIS LIGE TI.
clios gsal zin y ans pa snan brgyad ces bya ba'i mdo. Voir Vas
buddhistische Sûlra der "Acht Erscheinungm", tibetischer Text
mit Uebersetzung von J. Weber, herausgegeben von G. Huth, dans
Zeitschr. d. Deutsch. Morgenl. Ges., t. XLV, 1891, pp. 577—591.
Ce dernier sûtra est incorporé dans le Kanjur, chez Beckh,
Egyud XXIV 296 a.
LXXXIII (phi) Qutuy-tu ôljei qutuy coycalaysan neretil yeke kôlgen
sudur.
Le sublime bonheur entassé. Sûtra du Grand Véhicule.
En sanscrit Arya mangcdagathd nâma mahâyânasïïtra, en ti-
bétain 'Phags pa bkra sis brcegs pa zes bya ba theg pa chen
pcfi mdo.
246 v°—252 v°.
Egyud XVIII 48, B. p. 133.
Ôljeitu situg.
Vers de bénédictions.
252 v°—255 r°.
LXXXIV (phn) Qutuy-tu vayisali balyasun-dw oruysan yeke sudur.
L'entrée à la sublime ville de Vaisali. Grand sûtra.
En sanscrit Arya vipalapravesa mahâsûtm, en tibétain 'Phags
pa yans pa'i gron khyer du Jug pa'i mdo chen po.
255 v°—260 r°.
Egyud XII 4, B. p. 98.
LXXXV (plie) Bajar dovqja-yin iriïger.
Bénédiction de vajradhvaja.
En sanscrit Vajradhvajaparinâina, en tibétain Rdo rje rgyal
mclian gyi yoûs su bstod pa.
260 v°—261 v°.
.
LXXXVI (pho) Tabun tegihicilen iregsen-fi ôljei-til silug.
Les vers de bénédictions des cinq Bienheureux.
En sanscrit Pahcatatlmgata rnangalagâthd, en tibétain De bzin
gsegs pa Ina'i bkra sis kyi chigs su bcad pa.
LA COLLECTION MONGOLE SCHILLING VON CANSTADT. 171
3590.
Darnis-un quriyangyui kemegdekû orusiba.
Recueil de dhâranï.
Recueil analogue au précédent. Quelques traités y sont omis.
Xylographe en très mauvais état. Un volume.
3591.
Itegel sudur orusiba.
Sûtra de la foi.
Xylographe en petit format, 7 feuillets.
172 LOUIS LIGE TI.
3592.
Sonosuyad yelcede tonilyayci neretu yeke kôlgen sudur.
Délivrance complète par l'attention, Sûtra du Grand Véhicule.
Copie à l'encre médiocre. Format moyen, 61 feuillets.
Sigle chinois ^
J^ So ni.
3593.
Même que le précédent.
Xylographe en format moyen, 154 feuillets. Imprimé en 1715:
Dayicing ulus-un Englce amuyulang-un dorbeduger on-u narnur-un segiïl
sarayin sayin ediir. [Tabin paraît sauté devant dorbeduger. P. P.]
3594.
Sajin badarangyui-yin irûgel-ûn orusiba.
Bénédiction pour l'extension de la doctrine religieuse.
Xylographe en petit format, 6 feuillets.
3595.
Bisman tngri sudur orusiba.
Sûtra du dieux Bisman (Bnam sras, Vaisravana).
Xylographe en format moyen, 11 feuillets.
Sigle chinois |||
J§| Tô kouang.
3596.
Bya rog kha sor neretu sudur orusiba.
Le sûtra nommé Bya rog kha sor. Autrement Qong keriyen-û
aldaysan neretu sudur, "Sûtra des prophéties du corbeau" ').
Traduit par le gelong Serab (Ses-rab).
Date: Ere usun kalu jil-un namur-un segill sara.
1) [Pour la divination basée sur les cris du corbeau, cf. le travail de M. Laufer
dans T'oung Pao, 1914, 1 110.
— — P. P.]
LA COLLECTION MONGOLE SCHILLING VON CANSTADT. 173
3597.
Ciqula kereglegci tegiïs udqa-tu sastir orusiba.
Eecueil complet de tout ce qu'il est nécessaire de savoir.
Copie à l'encre, format moyen, 55 feuillets.
3598.
Qutuy-tu gegen toli kemekû sudur orusiba.
Sûtra du sublime miroir clair.
Copie à l'encre, format moyen, 37 feuillets.
Traduction du tibétain Rgyal rabs gsal ba'i me Ion? Sur ce dernier,
voir Laufer, Skizze, p. 213.
3599.
Eril-i qangyayci erdeiii sastir-un sudur.
Le livre de Erdeni sastir qui exauce les désirs.
Copie à l'encre, petit format, 13 feuillets.
Titre abrégé Erdeni sastir.
3600.
Bodov-a-tan-u ayimay-un iïlemji nom udq-a-yi geyigill-ùn ûiledilgci
jula, ûleger-ûn nom erdeni coycalaysan laks-a tayilburi ornsibai.
Lampe expliquant le sens de la doctrine Po to ba etc.
En tibétain Po to skor baS khyad clios don gsal bar byed pa'i
sgron me dpe chos rin clien spuns ba'i ''bum 'grel bzugs so.
Sigle chinois -fc ^^^ Ta p'ou fi king.
Xylographe en format moyen, 331 feuillets.
Traduit par le grand lama gusri gelong Culgrim (?) rinchen du
monastère de Plm-nin-sïi (sic; en chinois ^^^ P'ou-ning-sseu,
en mongol Qotala engkejigûlugci silm-e; cf. Franke-Laufer, Epigra-
phische Denkmaler aus China, planches 40—51) près de Ye hoH (sic).
Copié par Sayin Coy-tu et Bilig-tù.
174 LOUIS LIGE ÏI.
3601.
Bodi sedkil legusiigsen kôke qoyolai-tu saran kokege neretil sibayun-u
toyiiji orcilang biikun-i jirilken ugei kemen medegcid-un ecigen-û cimeg
kemekït orusiba.
L'histoire de l'oiseau appelé Kôke qoyolai-tu saran kokege etc.
Xylographe en format moyen, 166 feuillets.
Traduit par Ta'i gusrl vagindra sasna varta.
Commencé: Ilangqui tngri-yin tedgûgsen-il yucin tabtayar (1770)
ilergï cayan temiir bars jil-un oki cayan sar-a-yin sin-e-yin nigen-e,
achevé : doloyan sar-a-yin sin-e-yin naiman-a.
3602.
Arban jug-ihi ejen acitu merg en Geser boyda qayan-u toyuji-yin
sndur.
Le livre de l'histoire du roi charitable et sage Bo^da Gfeser,
souverain des dix points cardinaux.
Copie à l'encre lithographiée, format moyen.
Sigle chinois ^ j||J=f^ San kouo tche.
3603.
3604.
Suite du précédent. Deuxième partie.
Chap. VI 1—155, chap. VII 155—207, chap. VIII 207—225,
chap. IX 226—264, chap. X 264—275.
Date: Tngri-yin tedgiigsen-û teregûn on (1736) namur-un dumdadu
sar-a-yin sin-e-yin nigen-e. Imprimé à: An ding men-û tong ai soko (?)
neretû pusen-diir Bkra sis slong kiciyenggùyilen keb-tûr seyilgiibei.
Cf. les nos 3578—9, Laufer, Skizze, p. 221.
3605.
Qutuy-tu amin aabiy-a-tu molon toyin-u eke-dur-iyen aci qari-
yulwysan neretû sudur.
Le livre du sublime Amin qabiy-a-tu Molon toyin, comment ij.
3606.
Rasiyan-u jirïiken naiman gesigutii niyuca ubadis erdem-un ùndil-
sûn-ii nemegsen ary-a emgeg-iin enelgekùi qalayun-i arilyayci qadbur-a
cay busu-yin ûkûl-ûn sehn-e-yi oytaluyci ildun neretil sastir.
L'essence de l'ambroisie de la racine à huit branches de la
science secrète, le moyen de guérir les maladies et les souffrances,
le glaive qui délivre les hommes menacés par la mort prématurée.
Tantra.
En sanscrit Amriahrdayâstâiigâguhya, upadesa tantra. en tibétain
Bdud rci snin po y an lag brgyad pa gsaiï ba m an nag gi rgyud.
Xylographe en format moyen, 426 + 1 feuillets.
3607.
Basiyan-u jirtiken naiman gesigi.itil niyuca ubadis-un Undiisiin ece
yutayar keseg ubadis-un Undiisiin kemekii undiisiin.
Extrait de l'ouvrage précédent.
Xylographe en format moyen, 369 feuillets.
Cf. A. Pozdneev, Ucebnik tibetskoi mediciny,
s mongol'skago i
tibetskayo jjerevel, t. I, St. Pétersbourg, 1908.
En tibétain voir le n° 3568.
3608.
Unen iigetn erdeni qubilyan bonbo-yin ariyun 'bain cayan hius-un
yeke kôlgen sudur.
Les cent mille dragons (naga) blancs sans souillure du bon-po,
incarnation du joyau véridique. Sûtra du Grand Véhicule.
En tibétain Gcan ma klu "bum dkar po bon rin po che "phrul
dag bden pa theg pa. Bien poH mdo, en zang zung (jang jung-un
keleber) Bal ling aa lie gu ge bi a.
LÀ COLLECTION MONGOLE SCHILLING TON CÀNSTADT. 177
1) [Le texte mandchou de cet ouvrage a été traduit en russe par Lipovcov en 182S
;
cf. Cordier, Bill. Sin. 2, 533. — P. P.]
AN INTRODUCTION TO THE
I TU T'U CHIH
OR "PICTURES AND DESCRIPTIONS OE STRANOEE NATIONS'
IN THE WADE COLLECTION AT CAMBRIDGE
BY
A. C. MOULE.
This book, which claims attention both for the merit and
interest of the illustrations and because it appears to be the only
copy known to exist, lias kitherto been known ckiefly througli
brief notices of it by Professor Griles in his Adversaria and else-
wkere. It is one of the treasures of the Wade Collection which
was itself until rather recently the best collection of Chinese books
in Europe, and bears traces of the value which Sir Thomas AVade
set upon it, although it seems that in his old âge he left it with
several other books which he had not had time or energy to place
upon the shelves. Thanks to the interest of the late Mr Charles
Sayle it has for the last few years been placed in a box and so
In writing the following notes I
is protected from dust and wear.
hâve been very much helped by Professor Paul Pelliot.
The book measures 31 cm. by 19 cm., exclusive of the binding
and mounting which are in European style. Each leaf is printed
from a block, surrounded by a heavy black line and a finer inner
-
ISO A. C. MO Vh K.
1) The book gives the distances of places from Ying-t'ien fu, the name in the
Ming dynasty of the présent Nanking. Chin's argument was that another Ying-t'ien
(now Kuei-tê) was also the Nan-ching (Nanking) of the Sung from 1014 onwards, so
that the use of that name would not fix the date of the book in the Ming dynasty.
182 A. C. MOULE.
and the title does indeed occur in the prolegomena. fol. 30 v°, in
the list of books transmitted to the Ssù k'u from that library. But
there is no notice of the book in the catalogue itself, nor in any
other printed library catalogue known to Professor Pelliot, and the
volume, which was not thought worthy of transcription for the
Ssû k'u collection, may not hâve found its way back to Xing-po.
The lion. Masa Hachisuka, who took a very great interest in the
book while he was at Cambridge and but for various obstacles
would hâve had it reproduced in facsimile, tells me that no copy
of the book is known to the book-collectors or librarians of Japan
nor to the librarian of the National Library at Peking. The copy
described in the Ssû k'u is however described again in $)y yX ffit
:Hl *â %M ^k- (-^1'- rh'a>l9 t^a'' ('hi- sJni tsung lu (a list of the
w *
books sent from Chê-chiang province for the Ssù k'u collection),
section jj£, fol. 66 r°, as follows:
"I yii t'u chih, one fascicule, a printed book. At the beginning
(4^f) is a note of chi-yu of Hung-cliih (1489) by Chin Hsien to
say that the compiler's name and surname are not known. If we
examine the works of Ch'iian, Prince Hsien of Ning x), they in-
clude an 7 yii f>< rhi-h, which must be this book. In the book are
drawn the likenesses of the men of other lands. alto°'ether 158
Mngdoms, and in each case .'it is noted that the road is sucli a
distance from Ying-t'ien fu."
Finally tliere is the manuscript note on the fly-leaf of the
Cambridge copy, .which. reads:
"At the end of the .Ssù k'u Bureau copy was a note by Chin
Hsien, prefect of Kuang-hsin in the Ming, that he supposed that
this Avas written by a man of the Sung. The [SsU k'u] tsung mu
réfutes this by the fact that in the book it is recorded that the son
of the Prince of.Liang of the Yuan was enfeoffed at Tan-lo in the
Ming. I note that there is also a place where Shih Tsu (Kubilai)
of the Yuan is "addressed as Emperor", and "the présent Ho-lin lu",
and so on. And under An-nan it does not corne down to the
establishment of chùn and hsien after the annihilation of ^^ ^
^ Li Chi-li. So this book is the work of a man of the time of
Hung-wu in the. Ming, and consequently the distances are reckoned
from Ying-t'ien fu throughout. Note by Yùn-mei]), during the
1) =p^- J$a- Yûn-mei was the hao of Tï2 "TT* Jrm P'êng Yûan-jui of tw gt
Nan-ch'ang, whose tzû were *J3± Afh Chang-jêng and WS. ~fj_ Chi-wu, and bis
posthumous title A/ |gn Wên ch'in. He was born in 1731, graduated chin chih in
1757, and died in 1803. Of the seals on the first page of the book (p. 180 above)
"Nan ch'ang p'êng shih" is clearly P'êng's private seal and "Chih shêng tao chai
ts'ang shu" is his library stamp. For his library or studio was named -fi$ -ffi? 5g z5&
Chih shêng tao chai. Professor Pelliot also writes "I do not find anything about his
library in the tefi 1||> \ftP S gi Ts'ang shu chi shih shih of ~tfc g\ Iffijjr Yeh
Ch'ang-chih. His biographies are eollected in gj; BtH ^ Isjr 3p| 3?? Kuo ch'ao
ch'i hsien lei chêng, c. 31, fol. 21 — 29. In one of them, by TEJ| fffîr jy|
Chao Ching-
hsiang, we read (fol. 29 r°), He published critical notes on many of the books in his
library under the title of -p^ |TI 'vÉk P'ei ying chi. But I do not know of any
édition of the E^ei ying chi." The note, however, which is hère translated bas been
found by Professor Pelliot printed without the date in the original édition of -fift JE
Jg 7J)K- =S ^&- {FA/
.
For.the identification of Yùn-
mei I was obliged in.the iirst instance to Wylie, Chinese Liferature, 1901, p. 79, and,
j
tbrough Mr Arthur Waley, to Chung kuo en ming ta tzû tien, p. 1149. Mr L. C. Hop-
13
184 A. C. MOULE.
MES very kindly gave me some help in reading the seals. Of the tliird and fourth seals
I can offer no explanation. Sliu tzû is the équivalent of the very common surname
3E Wang.
AN INTRODUCTION TO THE I YÙ T'U CI-IIH. 185
1) Yiin-mei accidentally writes and prints Ho-lin lu (cf. p. 183 above), but the book
itaelf has Ho-ning correctly.
186 A. C. MOULE.
but the first envoys came in 1414, after Chêng Ho's visit; and
the first envoys from Zufar in 1421. Mecca (^ç ~jj T'ien-fang)
,
!
comme les T'ou-kiue septentrionaux de l'Orkhon, il n'était nulle-
ment établi qu'ils eussent prononcé gôl comme le fait l'osmanli,
au lieu de kôl; et cependant l'équivalence phonétique avec P'ing-
yue n'était à la rigueur possible qu'avec une prononciation *Bïn/ôl,
aboutissement de *Bïng-gôl, mais non avec Bïng-kôl. Il restait
d'ailleurs toujours que kôl signifie "lac" ou "étang", mais non
"source".
Je suis convaincu aujourd'hui qu'on doit renoncer à Mïng-kôl
ou *Bïng-gôl. Il y a en koïbal un mot gui, "ruisseau de montagne",
dont je n'aurais pas osé faire état parce qu'il était isolé et que
son sens n'était pas exactement "source". Mais il m'avait échappé
que, dès le XIe siècle, Mahmûd Kâs/arî donne à plusieurs reprises
190 MÉLANGES.
1) Le mot |gE yu est rareen transcription; l'équivalence certaine obtenue ici aidera
peut-être à restituer le nom encore mystérieux de J1E Sfr Yu-sseu, sur lequel cf. JA,
1913, I, 169; Chavannes et moi l'avons alors lu Yi-sseu, et le caractère =P- a aujour-
d'hui les deux prononciations; mais l'exemple de Bïng-yul amène à préférer yu dans les
transcriptions des T.'ang.
2) Cf. Rockhill, ltubruck, à l'index et surtout p. 156; Y'ule et Cordier, Gathay2, 159 ;
A. Van Den Wyngaert, Sinica Franciscana, I [1929], 237 (l'index, s.v. iascot, ne renvoie
qu'à deux des passages où le mot apparaît réellement dans le livre). Dans le premier
passage, un des mss. de Rubruck (le principal d'ailleurs) ajoute, après iascot, les mots
"vel cosmos" (Sinica Franciscana, 237). Yule-Cordier et Rockhill ont vu dans ces *cosmi
(cosmos serait l'ace, plur.) le même mot que le sommo de Pegolotti (cf. Cattiay2, III, 148),
c'est-à-dire le mot bien connu en turc sous les formes som et siim (cf. le dictionnaire de
Radlov) et qui est aujourd'hui la désignation ordinaire du rouble dans le turc de l'Asie
Centrale. Il est possible que soin se dissimule sous le pseudo-acc. plur. cosmos, si l'ad-
dition du mss. C est bien fondée, et on admettra alors qu'un copiste a altéré en cosmos
un ace. plur. "sommos sous l'influence de cosmos qui est la forme prise chez Rubrouck
par le mot turc q'imïz ou qmriis, le koumis; mais il n'est pas absolument exclu que les
mots "vel cosmos" dans le mss. C soient une addition sans valeur.
MÉLANGES. 191
ou par les Persans aux Turcs; on croirait volontiers, par des rai-
sons de voisinage plus immédiat avec la Chine, que les Turcs ont
été ici les initiateurs, mais un texte syriaque cité par M. Mùller
semble faire pencher du côté des Persans. Il faut remarquer toute-
fois qu'avec leurs "coussins", le turc et le persan s'opposent au
mongol, où une autre image avait prévalu: en mongol de l'époque
mongole, les lingots d'argent ou d'or s'appelaient siiJcâ, mot-à-mot
"hache" 4), et le mot, oublié aujourd'hui en mongol dans ce sens
spécial mais emprunté par le mandchou, est resté le nom des lin-
gots dans cette dernière langue; une inscription mongole de 1340
emploie siïka eau pour désigner le papier-monnaie 1), tout comme
on a balis eau en persan et yastuq eau en turc. Sur la forme de
ces lingots, qui rappelle en effet, au Moyen Age, une hache plus
encore qu'un coussin, cf. l'article de M. Bauer et mes remarques
dans Bev. des arts asiatiques, II [1925], 10—13, ainsi que les
travaux de M. Katô Shigerii signalés dans T'oung Pao, 1929,
360—361. Peut-être la forme des lingots et leur nom mongol
sont-ils d'ailleurs des survivances d'un état de choses très ancien,
remontant jusqu'aux haches préhistoriques — pierre et bronze —.
qui semblent avoir été parfois des instruments d'échange. Ce ne
doit pas être un hasard si le mot chinois qui a toujours désigné
le poids type, la livre chinoise ( fy kin), signifie au sens propre
une "hache". Paul Pelliot.
1) Je cite depuis longtemps cet exemple à mes auditeurs comme un cas d'amphi-
bologie que rien dans l'écriture ouigouro-mongole ne peut déceler. La confusion entre
jam et ya-men n'a pas été commise seulement.d'ailleurs par M. Ramstedt; on la retrouve
partiellement dans W. Bang, Tùrkisches Lelmgut im Mandscu.'rischeniJJngar.Jahrbûcher,
IV, 19), où yamun (= cli. ya-men) est faussement décomposé en yam -j- un, et tout à fait
dans G.- I. Bratianu, Bech. sur le commerce génois dans la Mer Noire au Aille siècle,
Paris, 1929, in-8, p. 216. Le mot jam a été transcrit d'abord mtê tchan [*cam] (Eei-
Ta che-lio, 9 a).
2) Môr se rencontre déjà dans YHistoire secrète des Mongols; idrgà'iïr est le mot
qui traduit "grand'route" dans le vocabulaire sino-mongol Houa-yi yi-yu du début des
Ming. M. Vladimircov invoque un troisième mot ja'ur-a, "en chemin", d'après l'Histoire
secrète des Mongols; mais ja'ura, qui apparaît très souvent en effet dans cet ouvrage, y
a le sens de "dans l'intervalle" (aussi bien dans l'espace que dans le temps); le terme
me paraît probablement issu de *jaj3ura et s'apparenterait alors à jabsar, "intervalle";
je ne crois pas qu'il faille y chercher le locatif d'un mot signifiant "route". Le mot
mura entre en outre dans une expression obscure cul y.l ja'ttra du § 254 de ['Histoire
secrète, épithète injurieuse adressée à Jôëi et qui doit signifier "bâtard" ou quelque chose
d'approchant.
3) Aux formes mongoles indiquées pour ôriàgâ par M. VI. (p. 294), il faut joindre
orlcing, qui est la forme turque usitée actuellement au Turkestan chinois.
194 MÉLANGES.
1) M. Vladimircov n'a rien dit des emprunts persans: on a déjàyUm. dans Rasïdu-'d-Dïn,
et les lexicographes persans connaissent aussi les dérivés -i/amci et yameïk (cf. le diction-
naire de Vnllers, II, 1508); les lexiques persans n'ont naturellement pas le sens de
"route" pour yam, mais celui de "cheval de poste" et de "relais postal". Le vrai sens
doit être "relais de poste"; les chevaux de poste eux-mêmes étaient appelés proprement
ulay en turc, ulaa en mongol, et ce mot turc est déjà dans Hiuan-tsang vers 630 (cf.
T'owig Pao, 1929, 219—221).
2) Il resterait toutefois à expliquer pourquoi, dans un document turc de 1469 en
écriture ouigoure, le mot est écrit non pas yam, mais cam en valeur de jam, c'est-à-dire
avec une prononciation mongolo-kirghize (cf. Melioranskiï dans ZVOIRAO, XVI [1906],
02—03, 011).
3) Je me suis occupé de quelques uns des mots de cette liste dans JA, 1925, I,
254—255, mais pas de celui qui signifie "relais postal".
4) M. Shiratori est moins heureux quand il veut expliquer par yam-hana, "maison
de poste", le yam-qa du vocabulaire sioo-ouigour du Bureau des interprètes, et par
yam-ab, "maison de poste", le yamb de Marco Polo. Yam-qa est probablement un datif,
comme l'a proposé M. Bang, et yamb est vraisemblablement à interpréter par addition
d'explosive labiale paragogique après la nasale labiale.
MÉLANGES. 195
1) J'ai déjà dit souvent que les Wei ne devaient pas être des Tongous comme on
le répète d'ordinaire, mais des Turcs ou des Mongols. Les mots des Wei semblent
plutôt turcs, et le mot ijamcin viendrait à l'appui d'une parenté spécifiquement turque.
Je ne veux pas cependant en tirer argument, puisqu'on connaît des mots mongols où la
prononciation en j- n'est pas primitive, et qui se prononçaient' encore avec y- au Moyen
Age; à la rigueur, on pourrait supposer que jam, bien que prononcé ainsi en mongol
dès le XIIIe siècle, s'y est prononcé yam plus anciennement. Au cours de son article,
M. Vladimircov donne quelques indications sur le mot mongol côlgà, aujourd'hui inconnu,
qui traduisait sous les Mongols le terme administratif de && lou, "district"; je viens
justement de m'occuper de ce-mot dans T'oung Pan, 1930, 18—21; il me semble qu'il
y a quelque chose d'artificiel dans les couples mo. côlgâ, tib. lui, et mo. jam, tib. lam,
que pose M. VI., puisqu'aussi bien lui-même ne paraît pas supposer un lien phonétique
entre les composants de l'un ou l'autre couple.
196 MÉLANGES.
1) En traduisant zapisi par "notes" (p. 39), je n'ai pas bien rendu la pense'e de
Palladius.
2) L'expression ts'ing-ts'i) est attestée dès la seconde moitié du Ve siècle (cf. le
E'ei-vjen y un-fou), mais dans un texte où elle sert de parallèle à la "'roue rouge" des
chars des grands, et ne semble pas avoir de valeur technique.
3) La forme turque Sàmizkânt du nom de Samarkand est surtout attestée à l'époque
mongole, mais elle remonte beaucoup plus haut. Albïrïïnï la connaît déjà dans la première
moitié du XIe siècle (cf. Bretschneider, lied. Resmrc/ie.s, II, 60); un demi-siècle plus
tard, elle se retrouve chez Kâsyarï (cf. Brockelmann, lliliellurk. Worisdurfz, Budapest
et Leipzig, 192S, gr. in-8, p. 248); les Chinois l'ont ensuite connue au XIIe siècle (cf.
Bretschneider, Med. Researches, I, 215). Pour l'époque mongole, cf. Bretschneider, ibid.,
I, 21, et JA, 1927, II, 266, 272. Sàmizkânt (Sémïz-kënt) est encore mentionné dans
les Mémoires de Babur (trad. A. Beveridge, p. 75), mais paraît être sorti de l'usaee
peu après.
MÉLANGES. 197
que leurs ancêtres, les divers fils de Gengis-khan, avaient reçus lors
de la conquête du Turkestan russe. Le 15 septembre 1308, quelques
jours avant l'arrivée de Te-le-men Ha-san, l'empereur mongol avait
fait partir pour Samarkand ^^ p^yfv ||? Siue-ni-t'ai T'ie-
mou-tch'a (*Sùnitài Tâmùca?)1); mais, dès le octobre 1308, sans
9
1) Le premier élément est formé du nom tribal des Sùnit; le second contient
vraisemblablement le mot iâmûr, "fer".
198 MÉLANGES.
que, dans les noms propres, le Yv.an che emploie régulièrement 'py- ho en valeur de
IjA» ha; Ha-san est vraisemblablement Hasan, et il s'agirait alors d'un Musulman.
1) Je cite ce manuscrit d'après la copie qui m'en a été envoyée par le Comité
scientifique mongol d'Ourga; une édition a dû en être publiée récemment à Pékin, mais
je ne l'ai pas encore vue.
2) Peut-être le pluriel titras, dans ce nom de lieu, s'applique-t-il non à des "boucliers"
mais à des "tours fortifiées" (on ne peut guère songer à des stupa dans cette région et
à cette date).
BIBLIOGRAPHIE.
mot turc ordu n'a rien à voir avec turc urta et orta, "milieu"
(cf. d'ailleurs Poppe, dans Asia Major, II, 618). C'est naturellement
de ordu qu'est venu le nom de la "Horde" d'Or, puis notre sub-
stantif horde] c'est aussi le pluriel mongol de ordo qui vaut leur
nom aux Mongols Ordos de la boucle du Fleuve Jaune, parce
qu'ils prétendent se rattacher aux ordo ou "campements" des épouses
principales de Grengis-khan. Cf. encore Yule et Burnell, Hobson
Jobson2, 639—640, s.v. oordoo. Malgré notre orthographe "horde",
le mot ordu (ou ordo) n'est pas de ceux qui, à l'époque mongole,
comportaient en mongol un A-initial (l'A- de l'emprunt tibétain
hor-du paraît également d'origine secondaire; cf. T'oung Pao, 1916,
499). C'est peut-être aussi sans raison suffisante qu'on écrit parfois
avec A-initial le nom du frère aîné de Batu (par exemple dans
Cordier, Hist. gén. de la Chine, II, 391, "Hordou"; Van Den Wyn-
gaert, 66, "Hordu"). Il est exact que ce dernier nom est écrit ^J>
Hôrdu (Hôrdù?) par Juwainï (cf. l'index de l'éd. de Mirzâ Mu-
hammad) 1), mais il est orthographié "Ordu" par Plan Carpin, >o 3i
Orda (Ôrdâ?) chez Rasïdu-'d-Dïn, "Urdyu" *Urdù dans les an-
=
ciennes chroniques russes (cf. Bretschneider, Med. Res., I, 318), et
ces formes sont confirmées par le ij^l ^^
Wo-lou-to (= Ordo ou
à la rigueur Ôrdô) de Yuan che, ch. 2, s.a. 1236 (toutes ces formes
condamnent en tout cas la lecture "Urida" adoptée par M. Blochet,
Hist. des Mongols, II, 92, et App., p. 7). Comme les formes de Juwainï
sont assez souvent aberrantes, je serais tenté de ne pas tenir compte
ici de son orthographe si le P^J1 Jj! j£ Hiu-li-wou de Yuan che,
121, 2 a (cf. Bretschneider, Med. Res., I, 331) n'était peut-être à
corriger en P-^- j|ï ^g Hiu-li-t'ou, c'est-à-dire *Hûrtù = *Hûrdû; mais
ce *Hôrdù ou *Hùrdù, à la classe faible, n'aurait alors rien de commun
avec ordu, "palais", et, à raison de l'orthographe de Rasïdu-'d-Dîn, on y
1) On a de même Hôrdu dans Bar Hebraeus (trad. Bruns, 499, "Harreru" pour
:'Hôrdu"), mais Bar Hebraeus copie Juwainï.
210 BIBLIOGRAPHIE.
verrait un des rares mots dans lesquels, dès la fin du XIIIe siècle,
la prononciation du A-initial n'était déjà plus générale parmi les
Mongols. Si Hiu-li-wou n'était pas *Hùrdù, on songerait naturelle-
ment à Hùlà'ù (Iiulagu), comme l'a fait l'auteur du Yuaiv-che pen-
tcheng, 42, 3 a; Hûlâ'ù avait 23 ans en 1240, mais rien ne montre
qu'il ait participé à la campagne dans l'Europe orientale et centrale.
P. 232:—
"Jaylak" est un nom turc possible; "Alaka" est
connu comme nom de femme en mongol au XIIIe siècle; il n'y a
donc aucune raison de chercher dans ce dernier nom l'indice d'une
origine "lezgkienne".
P. 237: — "Le collecteur du "koinmerkion" impérial de Caffa
est le syrien Jeremichali". C'est possible, mais, dans les Actes, ce
collecteur est appelé "Zilimichali", et il n'est pas qualifié là de
"syrien" (p. 198). Par ailleurs, on trouve à plusieurs reprises dans
les Actes un "Syrien" appelé "Jeremichali", mais, à ma connaissance,
il y est simplement dit "habitant de Caffa" ]). M. B., qui n'avait
pas rapproché les deux noms dans les Actes, admet tacitement ici
une identité qui ne s'impose pas.
P. 239: — "Iving Shi Ta Tien" n'est pas un nom d'homme,
mais le titre d'un ouvrage. Pour ce qui est de l'équivalence
"Sa-ghi-la [^ ^
fi] Sa-ki-la]" = Solhat, Bretschneider l'avait
accompagnée d'un point d'interrogation qu'il valait de garder; au
fond Sa-ki-la répondrait phonétiquement mieux à Saqlab, les Slaves,
si on était sûr que cette forme eût passé dans la nomenclature
mongole (les Turcs la connaissaient, au moins dans la légende
d'Uyuz-kkan). La lettre de Montecorvino ne parle pas du "pays
des Gfoths" (c'est là une erreur des anciens éditeurs), mais du pays
de "Cothay, empereur des Tartares du Nord"; il faut évidemment
1) "Zilimichali" est donné à l'index des Actes, mais non "Jeremichali"; -j'ai relevé
ce dernier nom aux pages 286, 289, 298; peut-être se retrouve-t-il encore dans des actes
où il m'a échappé.
BIBLIO GRAPHIE. 211
lire Toctay; cf. d'ailleurs A. C. Moule, dans JRAS, 1914, 550, 552.
P. 240: — Que veut dire M. B. en parlant des "sommi", "dont
chaque charge équivaut à 5 florins"? C'est chacun des "sommi" ou
lingots d'argent qui, au dire de Pegolotti, vaut cinq florins.
P. 242: —.Le terme de "pays des Ténèbres" n'est pas seule-
ment arménien, mais se trouve dans tous les géographes orientaux,
et par suite ne suffit pas a autoriser les conclusions que M. B. en
tire quant aux informateurs de .Marco Polo.
P. 245: — Le passage cité de J. de Besse n'implique pas en
soi qu'il s'agisse vraiment d'un commerce par troc.
P. 258 : — L'expédition contre le Japon n'est pas la seule grande
entreprise navale de Khubilai; il y faut joindre la campagne contre
Java.
P. 261: — Pourquoi ne pas indiquer qu'"Abtas" est une mau-
vaise leçon pour "Abcas"?
P. 319: — Il n'y a pas de raison pour changer ici et à l'index
"Cigala" en "Cicala", quand on garde "Cigala" dans tous les autres
documents.
Aux pages 295—300, M. B. reproduit sa note précédente sur
le "Lak" de Marco Polo où on a vu jusqu'ici la Yalachie et où
lui reconnaît les Lezghiens du Caucase; j'en suis tout à fait d'accord
avec lui. P. Pelliot.
1) Ce compte-rendu réduit à une table des matières sera, j'espère, selon le coeur de
M. Hentze. Ma réserve est amenée par un article que M. Hentze a donné dans Artibus
Asiae, 1928/1929 [paru réellement en février-mars 1930], 96 —110; j'y ai répondu par
une Lettre ou.verte dans la Iievue des arts asiatiques de 1930. Le lecteur qui voudrait en
savoir plus long sur Les figurines de la céramique funéraire trouvera dans ma Lettre
ouverte les remarques critiques dont je me suis abstenu ici.
NOTES BIBLIOGEAPHIQUES.
^ tl %. ^ publié par j! ^
Gengo to bungaku, le
B jl^ Il ^ Taihoku kokugo-kokubungaku-kwai.
— TÊf
G. Van Oest, 1928, hi-4, 119 pages et 26 pi.; t. II, Recherches sur les in-
fluences byzantines et orientales en France pendant les croisades, ifrid.,1929,
113 pages et 16 pi. [Quelques remarques sur cet ouvrage généralement très
bien informé: t. II, p. 40: Je crois bien que, dans les prétendus "draps de
Tarse", "panni Tarsenses", etc., il faut voir l'équivalent des "tartaires" de
la p. 53, "Tarse" étant deveuu alors un des synonymes de "Tartare" et
n'ayant en ce cas rien à voir avec la ville de Tarse en Cilicie. — P. 42: le
départ de Rabban Çauma pour l'Europe n'est pas de "1285", mais de 1287.—
P. 50—51 : Comment peut-on encore citer Jean de Mandeville comme un
voyageur véritable? Par ailleurs, si M. E. avait consulté le Recueil des hist.
des Croisades, Hist. Armén., t. II, au lieu d'en rester au si mauvais livre de
L. de Backer, il ne ferait plus mourir Hethonm l'historien à Poitiers, et
saurait qu'il y a un texte original français de son ouvrage, indépendant de
la traduction de Jean Le Long.]
— Jean ESCARRA. Code pénal de la République de Chine promulgué le
10 mars 1928, entré en vigueur le 1er septembre 1928, traduit du chinois; pré-
face de P. GA.RRA.UD, Paris, M. Giard, 1930. in-8, LXXX + 214 pages, et 1 fnch.
Errata. [= Bïbl. de VInst. de droit comparé de Lyon, Sér. de crimin. et de
droit pénal comparé, t. II, 1™ partie.]
— Extrême Asie, n° 40 (oct. 1929), n° spécial sur le Japon (pp. 701—764).
[Entre autres, art. de L. FINOT sur les relations anciennes entre le Japon et
l'Indochine, et de V. GOLOUBEW sur Cl. E. Maitre et N. Péri.]
— Louis FINOT, Emile Smart. [Extr. de BEFEO, XXVIII (1928), 335—347.]
— Charles S. GARDNER, A modem System for the romanization of Chinese,
si, mars 1930, in-8, 11 pages. [M. G. propose des modifications au système de
Wade, grâce auxquelles, pense-t-jl, la transcription suggérera, pour le non-
sinologue, une prononciation moins éloignée de la prononciation chinoise
réelle qu'avec le système de Wade proprement dit. Je n'ai personnellement
de parti pris pour aucun système, mais ai fait bloc avec Vissière et Chavannes
pour une uniformité au moins nationale. M. G. s'adresse surtout aux Anglo-
Saxons, et c'est à eux de choisir; une transcription qui remplace le jj jih
de Wade par rir ne me paraît pas acceptable pour des Français.]
— M. F. GAVRILOV, Materialy k ôtnografii "Tyurok" Ura-tyubinskogorciiona
("Matériaux pour l'ethnographie des "Turcs" de la région d'Ura-tubé"),
Tachkend, 1929, in-8, 25 pages, ill., avec résumé final en allemand. [= Acta
Univers. Asiae Madiae, Ser. II, Orienta lia, fasc. 2.]
— U. N. GHOSHAL, Contributions to the history of the Hindu revenue System,
Calcutta, Univ. de Calcutta, 1929, in-8, xvn + 313 pages.
— Fernand
GRENARD; voir Raoul BLANCHARD.
— G. E. GRUM-GRZIMAÏJLO, Zapadnaya Mongoliya i
Uryankhaïskiï kraï,
t. III, 2E fasc, n pages + pp. 413—859/ Leningrad, 1930, in-8. [Publ. de la
Soc. russe de Géographie. Ce gros fascicule complète l'ouvrage considérable
consacré par M. Gr.-Gr. à "La Mongolie .occidentale et la région Uriangkhai".
L'introduction nous apprend que notre confrère a encore, prête pour l'im-
pression, une Histoire des Mongols. On ne peut qu'admirer son effort si on
220 LIVRES REÇUS.
le
songe que la Société de Géographie russe -vient de fêter au mois de mars
50e anniversaire de l'activité scientifique de l'auteur.]
Maçamouné HAKOUTCHÔ, Les larmes froides, trad. du japonais par S.
—
ASADA et Charles JACOB, Paris, Editions Ridder, 1930, in-12, 248 pages:
avant-propos de Serge ELISSÉEV.
Sung-nien Hsu, Cinquante Poèmes Chinois, traduits, Lyon, 1929, in-8,
—
15 pages. [Extr. des Ann. franco-chinoises. Trad. de poèmes allant des T'ang
aux Ts'ing. Voir du même auteur un article sur Ton Fou dans le Mercure
de France du 1er oct. 1929, 78—96.]
[Vincenz HUNDHAUSEN,] Der Fail Erich Schmitt, slnd [Pékin, 1929],
—
in-4, 11 pages nch. [M. Erich Schmitt avait dit dans un compte rendu que
M. H. avait traduit le roman [JEf j*j| =^ Si siang ki en 1926 non pas di-
rectement du chinois, mais sur la version française de Stanislas Julien.
M. H. affirme n'avoir connu la version de Julien que tout récemment, bien
après l'apparition de son livre. Nous n'avons aucune raison de douter de
l'affirmation de M. H. Quant à ses traductions, il en est une qu'il maintient,
mais à laquelle je ne puis me rallier. Les expressions Wfc f|j| ki-wei et
Éifc Uj ki-wet s'emploient indifféremment l'une pour l'autre (sauf quand il
s'agit de la "porte de Ki", par exemple dans le Tso tchouan, Legge, Ch. Cl,
~\T, 643); cf. le P'ei voen y un fou. Et le terme a bien le sens de "enceinte
des examens" comme l'a dit Julien; "der armselige Stuhlsitz" de M. H. n'est
pas défendable.]
— Yusuf HUSAIN, L'Inde mystique au Moyen Age, Paris, Adrien Maison-
neuve, 1929, in-8, xvi -f- 211 pages. [Bonne étude, et neuve dans l'ensemble,
sur l'action que le mysticisme hindou et le mysticisme musulman ont exercée
l'un s.ur l'autre. On voit mieux, après l'avoir lu, comment Akbar a pu songe]'
à créer une religion nouvelle. Pp. 116 et 117: Dans un livre scientifique,
-5Si^S
écrire plutôt "Babur" que "Bâbar".]
ISHIHAMA Juntarô, ffc ^ || % Tonkôzakkô
(suite). [Extr. du Shinagaku, Y, 153—162. Notes sur l'épigraphie des grottes'
de Touen-houang.]
- ISHIHAMA Juntarô, WWmïWiïM$Ê:% Seika-go yaku
««
^ÏTT
Rfi !f'L-.WLi
JUQtar5'^*^^«^*^*(DK
( k°nJ'1 Mo-bun Zo-kyo Kon-komyo-kyo no dankan ni tsuite
("Sur un fragment du Suvarnaprabhâsa provenant d'un Kanjur mono-ol en
lettres d'or"), 29 pages. [Extr. du Shinagaku, I\7, n° 3.]
- #U IL JONG Tchao-tsou, jg£ {g M fë ^Mi-sinyutch'ouan-
chouo ("Superstitions et traditions"), Cauton, 1929, in-12, 2 -j- 5 -j- 261 pa^es,
avec 1 tableau et 1 fnch (Errata). [Fait partie du Jj| Jâ if|à= âÊ |fe
LIVRES REÇUS. 221
||| ^
et qui compte déjà une trentaine d'oeuvres, dont au moins deux de l'érudit
[^f|j Kou Kie-kang. L'ouvrage de M. Jong est
bien connu un recueil
d'articles qu'il avait déjà fait paraître dans divers recueils, principalement
dans la Revue du Département historique et philologique de l'Université de
Pékin et dans la Revue d'ethnographie ( $£ -jfè. ^j3 ^jj Min-soutcheou-k'an)
de l'Université Tchong-chan de Canton; je crois bien qu'aucune de nos biblio-
thèques d'Europe ne possède au complet ces deux revues importantes. Les
principaux articles que M. Jong reproduit ici portent sur la divination depuis
les Yin jusqu'aux temps modernes (pp. 1—67), sur Pao-p'ou-tseu (pp. 68—131),
sur l'histoire de la fameuse ^ jj£[ jBr Wang Tchao-kiun d'après un texte
de littérature populaire incomplet que j'ai rapporté de Touen-bouang (pp.
172—195). Je profite de l'occasion pour signaler que M. Jong a sous presse un
4v "BK ifË "J ^Jfl HPF Kong-souen Long-lseu tsi-kiai.']
— B. KARLGREN, The authenlicity of ancient
Chinese texts, Stockholm,
1929, in-8. [Tir. à part de Bull, of the Muséum of Far Eastern Antiquities,
I, 165—183. Je suis d'accord avec M. K. sur la majorité des points de cet
exposé méthodologique, sauf certaines nuances dans l'expression qui me semble
être parfois trop affirmative. Quelques remarques: P. 167: Le rjffi, IS =fL
(non im IS =jj>) n'a pas été retrouvé dans la tombe de Ri. Song Lien (plus
juste que "Sung Ring-lien") fut homme d'Etat, historien, tout ce qu'on vou-
dra, mais la qualification de "critique" ne lui convient guère. P.. 69: écrire
iilj: jÊà Leou Yo. P. 172, écrire "Hung I-hûan" et non "Hung I-sùan").
P. 178: JÊH JËB k'i-k'i ne me parait pas être un pur bégaiement, et ce n'est
pas non plus là l'opinion des commentateurs chinois; le mot k'i a parfois le
sens de "extrêmement", "expressément", "décidément", et il me parait clair
que c'est le cas ici; le bégaiement se manifeste par le redoublement du mot.
P. 181, n. 1 : Il resterait à montrer pourquoi c'est un homme duNgan-houei
(Tchouang-tseu) qui emploie le premier un mot dialectal du Chansi.]
Sj tffi ES -fi" Ift =^ Kao-yao Tchen mou cheou-yen, 1 pen d'en-
—
viron 500 pages, slnd (1929). [Ce sont les adresses, en prose et en vers, reçues
par M. Kjjï /H*L JE; Tch'en Houan-tchang pour le 60e et le 70e anniversaire
de sa mère Mme Tch'en, née tffe Li, de Kao-yao au Kouang-tong. On sait que
M. Tch'en Houan-tchang, auteur d'un livre The économie principles of Con-
fucius and his school, est l'apôtre en Chine du confucéisme intégral.]
Sten RONOW, Saka versions of the Bhadrakalptikâsïltra, Oslo, 1929,
—
in-8, 22. pages, avec 1 pi. [= Avhandlinger de l'Acad. norvég. des sciences,
Hist.-filos. Rlasse, 1929, n° 1. Le texte fait partie d'un mss. rapporté des
Grottes des Mille Buddha de Touen-houang par Sir A. Stein; le mss. a été
écrit à Touen-houang même.]
RÔPRÙLÛZADE MEHMED FUAD, Influence du chamanisme turco-mongol
—
222 LIVRES REÇUS.
de M' ^
Ting Chan d'une formule obscure des inscriptions des Yin; un long article
7$i lie Yu Yong-leang sur les j^ JH yao-ts'eu et leur auteur;
^
une étude fort importante de M. J|=| jjf|| Jong Tchao-tsou sur l'histoire
tf *
belle tenue scientifique; souhaitons-lui longue vie.]
—
H JJL *ff J£ gS BÈ $J J3# A'°«°-K tohong-yang
yen-kieou-yuan yuan-wou yue-pao ("Bulletin mensuel de l'Institut national
de recherche"), t. 1, n 08 1 et 2, Changhai, juillet et août 1929, in-8, 147 et
77 pages. [Porte sur l'activité de l'Institut national de recherche, dont
l'Institut d'histoire et de philologie n'est qu'une branche. Donne, outre des
nouvelles administratives, des extraits ou résumés de rapports techniques.]
—
SjJL^^^ff^ÊKKMft Kouo-li tchong-yang yen-
kieou-yuan tche-yuan-lou ("Annuaire de l'Institut national de recherche"),
année 1929, in-8. 31 pages. [On trouve là les noms et adresses des principaux
savants chinois vivants; trois étrangers y figurent également, élus membres
correspondants eu septembre 1928: MM. F. W. K. Mùller, B. Karlgren, et
moi-même.]
—
Bl .PC JW K°u°-min lh 1 Pen in-8 non paginé. [Calendriernational
pour 1930. établi par le Département d'astronomie du Bureau national de
recherche, et consacré essentiellement à la mémoire de Sun Yatsen.J
— Louis de LA VALLÉE-POUSSIN, L'Inde aux temps des Mauryas et des
Barbares, Grecs, Scythes, Parthes et Yue-tchi, Paris, Boccard, 1930, in-8,
376 pages -f I p. Addenda, avec 1 carte. [= Hist. du monde dirigée par E.
CAVAIGNAC, t. VI1.]
Paris, Impr. Nat., 1929, in-8, 139 pages, avec 1 pi. et 28 fig., la plupart hors
texte. [Extr. du Bull, de la Sect. de Géogr. du Com. des trav. hist. et scient.,
1928. Analyse, faite de main de maître, des travaux géographiques du Dr Sven
Hedin relatifs au Tibet, et principalement de son grand ouvrage Southern Tibet.]
— A. M. MERVART, Grammatika Tamil'skogo razgovornogo yazyka ("Gram-
maire de la langue tamoule parlée"), Leningrad, 1929, in-8, 228 pages et 1 tabl.;
5 roubles. [= Izd. Leningr. Vostoc. Inst. imeni A. S. Enukiclze, n° 34.]
— The Metropolitan Library, Third' Annual Report for tbe year ending
June, 1929, Peping [Pékin], The Metropolitan Library, 1929, in-8, 53 pages.
[C'est le dernier rapport à paraître sous ce titre; la Metropolitan Library,
réunie avee la Peping Library, forme maintenant la National Library of Peping;
cf. aussi supra, sous Kouo-li Pei-p'ing T'ou-chou-kouan.]
— Wsewolod MILLER, Ossetisch-Russisch-Deutsches Wôrterbuch, édité et
complété par A. Freiman, t. II, lettres I à S, vi pages + 2 ffnch -j- pp. 619
à 1176, Leningrad, Acad. des Sciences, 1929, in-8, 10 roubles.
— Ellis H. MINNS, Small Bronzes from Northern Asia, 1930, 23 pages et
4 pi. [Réimprimé de The Antiquaries Journal, X (1930), n°l. Sur les bronzes
"scythes" provenant.de la Chine du Nord. A la p. 12, M. M. parie d'un animal
du type du tigre "trampling on and biting a long double-headed dragon".
Dans la pièce en question et clans d'autres analogues, je vois un quadrupède
qui mord la queue d'un serpent, lequel mord la queue d'un autre serpent,
lequel mord à son tour la queue du quadrupède.]
— Paul Mrs, Etudes indiennes et indochinoises, [1929,], gr. in-8,134 pages
-\- 1 fnch Errata, avec 2 pi. [Contient : I, L'inscription à Vâlmïki de Prakaça-
dharma. II, Le Buddha paré; son origine indienne; Çâkyamuni dans le
mahayânisme moyen. Tirage à part du BEFEO, XXVIII, nos 1—2. Travail
de grande valeur pour l'iconographie du Buddha.]
—
The Muséum of Far Eastern Antiquities (Ôstasiatiska Samlingarna)
Stockholm, Bulletin N° 1, Stockholm, 1929. petit in-4,191 pages et 26 planches.
[Le Musée d'archéologie extrême-orientale a été créé à Stockholm à la suite
des découvertes du prof. Andersson dans la Chine du Nord; il contient en
particulier de la poterie préhistorique et de petits bronzes "scytho-sibériens",
mais son activité doit s'étendre peu à peu à tous les aspects de l'archéologie
en Asie Centrale, en Chine et au Japon. Le nouveau Bulletin lui servira
d'organe. Le présent numéro contient: 1° (pp. 11--27) J. C. ANDERSSON, The
origin and aims of the Muséum of Far Eastern antiquities. 2° (pp. 29—37)
"CHOU Chao-hsiang", Pottery of the Chou Dynasty. Les déchiffrements de
M. "Chou" sont assez fantaisistes. Par ailleurs la n. 2 de la p. 29 est erronée;
c'est le Tchou-chou ki-nien, ou uAnnales écrites sur bambou", qui constitue
des annales du Wei; quant aux Yi Tcheou chou, ce sont des morceaux de
caractère varié, et, malgré le nom inexact de Ki-tchong Tcheou chou qu'on
leur donne souvent, ils étaient connus sous les Han et n'ont pas été décou-
verts dans la tombe de Ki en 281. 3° (pp. 39—59) G. BOUILLARD, Note suc-
cincte sur l'historique du territoire de Peking. Utile, surtout par ses plans.
Pas mal d'erreurs de détail, comme celle de la p. 41, n. 4, où le roi Tchao-
226 LIVRES REÇUS.
—
* # fê ¥
t. II complet, broché, 63 M.
Zl US NAHAVA Jiujrrô, 0 # ;g g ft fê
;pqg ]||L Nihon sekki jidai teiyo ("Manuel de l'âge de pierre au Japon"),
Tokyo, 19'i9, petit in-8, 16 + 581 pages, avec 1 pi. hors texte et 1 carte:
3 yen 80. [Clair; minutieusement informé; illustration bien choisie;
on at-
tachera un prix particulier à la répartition topographique des trouvailles et
à la bibliographie analytique.]
— NÉMETH Gyula, Géza. [Extr. de Magyar nyelv, XXIV (1928), 147—150.
Essai pour tirer ce nom royal hongrois du turc yeg, "suprême".]
— NÉMETH Gyula, Szabirok es magyarok. [Extr. de Magyar nyelv XXV
LIVRES REÇUS. 227
- W M *
avait notées à Paris pour M. Sirén.]
VO UMEHARA Sueji, |j£ gfy| J ^ fâ \fî fè ^^
%~$Î ^ _h (7~) S W t K (7~) w IË ^ste ni °keru shina k5k°-
gaku jô~ no shiryo to sono kenkyil ("Les matériaux archéologiqueschinois qui
se trouvent en Europe et leur étude"), 14 pages et 6 pi. [Tir. à part du
Bukkyô bijutsu n° 15. [Parle des diverses collections publiques et privées, et
•des problèmes qu'elles posent. Les planches reproduisent un rare miroir et
deux vases de céramique funéraire recueillis par le Dr Buckens au Honan, des
animaux en jade archaïque de M. Loo, l'éléphant en bronze de la collection
Camondo au Louvre, des plaques "sibériennes" de M. Loo, des bronzes "Ts'in"
de M. Wannieck.J
— Dr. Richard WILHELM, Chinesische Wirtschaftspsychologie, Leipzig,
Deutsche wissensch. Buchhandlung, 1930, in-8, '120 pages, avec 1 carte;
relié, 9 RM. [= Schriften des Weltwirtschafts-Instihdsdes Handels-Hochschide
Leipzig, tome 5.]
— Wou Sao-fong [=
h±. ^vî* 4#s Wou Sieou-fong], Sun Yat-sen, Sa Vie
et sa Doctrine, Paris, Presses Universitaires, 1929, in-8, xxxv + 219 pages.
Préfaces en chinois et en trad. française par MM. WANG Chin-wei [= ^£
WANG, tseu 4»j| j^tr Tsing-wei], Hu Han-min [= ~feU $=j| Jjï Hou Han-min],
WANG Chung-hui [= 5E |f|| JE! WANG Tch'ong-houei], et par l'auteur. [Un
accident de mise en pages a brouillé la pagination et l'ordre des pages entre
la p. 178 et la p. 185.]
— W. Perceval YETTS, Notes on
Chinese roof-tiles, avec appendice par le
Dr. H. J. PLENDERLEITH, [1929,] in-4, avec 1 pi. [Réimpr. des Transactions of
the Oriental Ceramic Society, 1927—28, pp. 13—44. Travail solide, avec une
bonne bibliographie chinoise. L'appendice du Dr. Plenderleith donne des
analyses chimiques.]
16
CHRONIQUE.
1) L'orthographe varie.
•CHRONIQUE. 233
secrétaire.
NÉCROLOGIE.
Ronin n'a pas publié de gros livres; son travail le plus volumineux est
Le Royaume des neiges, paru en 1911 et qui est consacré a l'histoire des états
de l'Himalaya. Mais il a donné à nombre de revues des articles, que parfois
il n'a même pas signés. Outre ceux qui ont été indiqués ci-dessus, je citerai
entre autres:
1° DeTourane au Mékong, avec carte {Bull, de la Soc. de Géogr., Ie série,
XVII [1896], 99 ss.);
2° Aboies sur les sources du Fleuve Rouge (ibid., XVIII [1897], 202 ss.);
3° Les derniers voyages dans le Tibet oriental {ibid., XIX [1898], 389 ss.):
4° Visite au tombeau de Gongis khan {Rev. de Paris, 15 février 1898);
5° Note sur les anciennes chrétientés nesloriennes de l'Asie Centrale (JA,
mai-juin 1900, 584-592);
6° Notes sur le -panislamisme (Ouest, dipl. et colon., 1909, 2e semestre):
7° Les Mahomélans du Kansou et leur dernière révolte {Rev. du monde
musulman, févr. 1910):
8° Le transfert à ÏJehli de la capitale des Indes {Bull, du Comité de VAsie
française, 1912, 22 ss.);
9° Organisation des études orientales au Portugal (ibid., 1924, 73 ss.).
P. Pelliot.
Arnold VISSIÈRE.
En ce premier semestre de 1930, où l'orientalismea été si durement frappé,
nous avons perdu en France Arnold YISSIÈRE, mort à Paris le 28 mars 1930
dans sa 72e année. Nous lui consacrerons dans le prochain numéro du T'oung
Pao un article spécial, avec une bibliographie complète de ses travaux.
P. Pelliot.
Richard WILHELM.
Le professeur Richard WILHELM était gravement malade depuis un an,
sans que son activité d'écrivain en fût ralentie. Le 14 février 1930, on le
conduisit à une clinique de Tùbingen; c'est là qu'il s'est éteint prématuré-
ment le 1er mars, âgé seulement de 56 ans; on l'a enterré à Bad Boll près
Gôppingen, là où il avait débuté comme vicaire, là où il s'était marié.
Richard Wilhelm était né à Stuttgart le 10 mai 1873. Poète, musicien,
il se sentit en même temps attiré par la théologie; ses examens achevés, il
alla comme vicaire à Bad Boll, puis à Backnang. C'est de Backnang qu'en
1899 il fut envoyé comme missionnaire à Kiao-tcheou; bien vite, la Chine le
conquit. Dans le chaleureux article qu'il consacre à la mémoire de Wilhelm
(Sinica,VI, 49^57), M._ W. F. Otto conteste que Wilhelm soit revenu de Chine
autre qu'il n'3r était parti; et c'est exact si on entend par là qu'il avait gardé
son enthousiasme, son ardeur au travail, son optimisme, sa bonhomie. Mais,
quelques pages plus loin, M. Carsun Chang (p. 72) rapporte ce propos que
Wilhelm lui tint un jour: "Ce m'est une consolation que, comme missionnaire,
je n'aie converti aucun Chinois." Il faut donc bien que Wilhelm, parti sin-
cèrement en Chine pour être missionnaire, ait chaDgé là-bas. Comme le dit
M. C. Chang, "Richard Wilhelm vint en Chine théologien et missionnaire et
quitta la Chine disciple de Confucius". Après être parti pour prêcher en Chine
des doctrines occidentales, il revint pour convertir l'Europe à des idées chinoises;
[:unité de sa vie a été dans son besoin d'apostolat.
Avant tout, il fallait révéler au public allemand les oeuvres fondamentales
de l'ancienne littérature chinoise. La Deutsch-chinesische Hochschule de Ts'ing-
tao (Kiao-tcheou) est fondée en -J909, et Wilhelm, qui a abandonné toute
activité religieuse, lui fait publier en 4911 un Deutsch-Englisch-Chinesisches
Fachwôrterbuch. Mais, en même temps, il avait inauguré chez un éditeur à
grand tirage, Eugen Diederichs de Iéna, cette suite de traductions qui, com-
mençant par le Loaen yu [Kung Fu Tse Gespràche (Lim Yii)~\ (1910; et con-
tinuant par le Tao-lô king [Laotse, Taoteking] (1911), devait s'achever par le
Lu-che Ich'ouen-ts'ieou [FrïMing und Herbst des Lu Bu We] (1928; : on nous
promet encore un Li Ki [Li Gi], actuellement sous presse. Ces traductions, qui
devaient répandre clans un large public des oeuvres connues seulement jusque-là
de rares initiés, ont atteint leur but; le Laotse. Taoteking, en particulier,
s'est déjà vendu à 14000 exemplaires; il est vrai que cet opuscule, à qui on
peut faire dire tant de choses, et si contradictoires parfois, a toujours attiré
les lecteurs. La révolution de 1911 valut à Wilhelm des concours inespérés;
des lettrés monarchistes quittèrent Pékin, et tandis que certains, comme
M. Lo Tchen-yn, M. Tong K'ang, Wang Kouo-wei, érnigraient au Japon, cer-
tains se réfugièrent à Ts'ing-tao; parmi ces derniers se trouvait *j=? ~J^ *^
Lao Nai-siuan, ancien recteur de l'Université de Pékin, et c'est avec lui que
Wilhelm prépara, entre autres, la traduction du Yi king, qu'il publia seule-
ment en 1924 (I Ging, 2 vol. in-8).
Sur- la valeur des traductions de Wilhelm, je me suis exprimé récemment
ici même, à propos du Lu-che tch'ouen-ls'ieoîi (supra, 68—91) ; dans l'ensemble,
ces traductions sont bonnes. M. W. Schùler (p. 58) dit à ce propos qu'une
faute manifeste peut échapper au plus avisé, "y compris De Groot qui occupe
une. si haute place précisément comme traducteur". Wilhelm n'a pas autre-
ment besoin de pareilles circonstances atténuantes. Que ce soit le résultat de
sa connaissance de la langue ou d'une heureuse utilisation d'amis chinois
lettrés, peu importe: ses traductions valent mieux que celles de De Groot,
qui fut un travailleur très diligent, mais dont les traductions fourmillent de
méprises.
C'est à un autre point de vue que l'activité de Wilhelm me parait, ap-
peler quelques réserves. Son enthousiasme a attiré l'attention de beaucoup
d'Allemands vers les choses de Chine, et lui a permis de fonder à Francfort
le China-Institut, dont il étendit l'activité à Munich, si même il ne songea
pas un moment à l'y transférer tout entier. Et ceci est un bien. Mais sa foi
d'apôtre l'a peut-être porté plus que de raison à tout magnifier de ce qu'il
croyait trouver dans la Chine ancienne. Comme le dit M. W. Schùler, la-
traduction du Yi king est probablement l'oeuvre que Wilhelm voyait avec le
plus de tendresse. Mais, quand on débarrasse l'interprétation du Yi king de
tout ce que les âges successifs y ont ajouté, il est permis de douter qu'il y
ait dans cette sorte de clef divinatoire le chef-d'oeuvre de sagesse qu'on nous
convie à y contempler. Et je sais bien qu'à prendre cette attitude critique,
KÉCKOLOGIE. 239
1) J'ai emprunté bien des détails de cette biographie aux articles consacrés à Wilhelm
dans Sinica, V, 49—73; on trouvera une bibliographie presque complète des travaux de
Wilhelm ibid., 100—111. On sait que les Sinica ont. pris en 1927 la suite des Chinesische
Blâttèr. fur. Wissenschaft und Kunsi (1925—1927), et que Wilhelm a été le créateur et
L'animateur, de ces deux séries.
240 NÉCROLOGIE.
seigner, je ne crois pas que personne en Allemagne ait compris les textes
chinois, surtout ceux du chinois bouddhique, avec plus de sûreté que lui.
Mais sa conscience même l'a fait parfois tarder à publier des travaux im-
portants qui pratiquement étaient prêts; il faut espérer en particulier qu'un
de ses héritiers scientifiques, M. Lenz par exemple, fera paraître prochaine-
ment la liasse considérable de ses déchiffrements sogdiens.
F. W. Iv. Mûller avait été élu à l'Académie des Sciences de Berlin assez
peu de temps après la publication des Handschriften-Reste de 1904 2). En 1913,
il fut gravement malade et dut subir la trépanation. Ses toutes dernières
il resta sous ses ordres dans la troisième expédition jusqu'en juillet 1906,
date à laquelle, malade, il dut quitter le Turkestan chinois. Enfin, de mars
'1913 à mars 1914, il dirigea la quatrième expédition, dont les dernières
caisses franchirent la frontière russo-allemande à la vieille de la déclaration
de guerre.
Ce n'est pas le lieu d'insister sur les trouvailles exceptionnelles faites
par von Le Coq au cours des deux expéditions qu'il a dirigées et de celle à
laquelle il a participé. Dans l'un comme dans l'autre cas, c'est à lui que ces
succès sont dus avant tout; il convient seulement d'associer à son nom celui de
l'excellent technicien Bartus qui fut adjoint aux quatre missions prussiennes
et dont l'habileté permit de ramener à Berlin fresques et statues avec un
minimum de dommage.
De 1906 à 1913, puis surtout après son retour de la quatrième expédition
en 1914, von Le Coq s'attela à une double tâche: l'installation des
collections
au Musée et leur publication. L'installation surtout lui causa de grands soucis.
Des conceptions opposées aux siennes régnaient à ce sujet dans certains milieux
de Berlin, et il fut amené à engager et à soutenir des luttes très vives.
D'autre part, les difficultés de l'après guerre ne laissaient guère l'espoir de
trouvei' les crédits nécessités par la mise en état des objets et l'aménagement
des salles. La persévérance de von Le Coq triompha de tous les obstacles,
et il eut la satisfaction en 1928 de voir ses dernières collections présentées
au public de la manière même qu'il avait souhaitée.
Ce succès était celui de l'homme d'action; l'activité du savant ne lui
céda en rien. Au point de vue philologique, von Le Coq, encouragé par
F. W. K. Mùller, se consacra surtout à la publication de documents turcs
en écriture ouigoure ou manichéenne: le Khuastuanëft ou formulaire de
confession manichéen en 1910—1911, les Manichaica I—III (1911—1922).
Mais il avait aussi recueilli des informations précieuses sur la langue et les
habitudes des gens du Turkestan: de là son livre Volkskundliehes eues Ost-
Turkistan (1916), et une série d'articles qui ont paru principalement dans le
Beiessler-Archiv, en particulier les Sprichwôrter unel Lieeler eius eler Gegenel
von Turfan (1910) et les Bemerkungen i'iber Liirkische Fedknerei (1913).
L'archéologie marcha de front: ce fut d'abord l'imposant et somptueux
Chotscho (1913), puis, de 1922 à 1928, les six volumes Die budelhistische
Spàlaniike in Miitelnsien. Un Bilderatlas zur Kunst unel Geschichte Mittel-
asiens parut en 1925; le récit de voyage des deuxième et troisième expédi-
tions fait le sujet de Auf Hellas Spuren in Ost-Turkistein (1926); à la
quatrième expédition est consacré Von Land tend Leuten in Ostturkistan
(1928). Le titre même à?Auf Helleis Spuren s'inspire d'une thèse chère à
von Le Coq, celle de la dépendance foncière de l'art chinois envers l'art grec.
Il en était si convaincu qu'il avait accueilli sans défaveur les rêveries récentes
qui, en Allemagne et en France, ont voulu nier l'existence de bronzes chinois
antérieurs aux Han. Pour lui, le prototype du dragon chinois était à chercher
dans l'Orient hellénisé. Beaucoup d'entre nous, et il le savait, se refusaient
a le suivre dans cette voie, mais ses remarques mêmes soulignent la corn-
NECROLOGIE. 243
A. H. FRAITCKE.
A. H. FRANCKK, qui est mort il y a quelques mois, avait été pendant de
longues années missionnaire des Frères moraves à Khalatse (Ladakh); la
guerre l'avait ramené à Berlin, où on l'avait nommé professeur; c'était un
des meilleurs connaisseurs du Tibet et des Tibétains. Outre des articles
dans Vlndian Antiquary et VEpigraphia Indica, ses principales publications,
avant son retour en Allemagne, sont Der Frùhlings- und Wintermythus der
Kesarsage (MSFO, XV [1902]) ; A lower Ladakhi version of tlie Kesar-saga
(Bibliotheca Indica, 1909); A History of Western Tibet (Londres, 1907, in-12) ;
des articles dans JBAS sur trois noms de pays dans les Mémoires de Hiuan-
tsang (1908 et 1910), sur le sceau du Dalai-lama (1910, 1911, 1912), sur Om
manipadme hûm (1915), et surtout sur les documents tibétains rapportés du
Turkestan chinois par Sir A. Stein (1914); à ce dernier travail se rattachent
les appendices.dûs à Francke dans Serindia et dans Innermost Asia.
Jôrg TRÙENEH,.
Le Dr Jorg TRÛBNER a été enlevé par une maladie brutale en pleine jeunesse,
le 7 février 1930, alors qu'il voyageait en Chine depuis neuf mois comme associé
de son beau-frère l'antiquaire de Berlin Edgar WORCH. Trûbner, qui n'avait
quitté l'Université que depuis quelques années, avait déjà fait preuve d'un
goût très sûr, et en 1928 en particulier avait acquis plusieurs bronzes d'une
qualité exceptionnelle. En 1929, il avait publié chez Klinkhardt et Biermann
un livre Yu und Kuang, in-4 de 32 pages et 64 planches, qui était déjà une
contribution importante à la typologie des bronzes chinois anciens.
P. Pelliot.
Heinrieh GLUCK.
Heinrich GLUCK a été enlevé le 24 juin 1930; il n'avait que 40 ans.
Professeur et conservateur de musée, il appartenait au groupe viennois qui
doit beaucoup de son inspiration à M. Joseph Strzygowski. Ses publications
se rapportent principalement à l'architecture, la sculpture et la peinture de
l'Asie antérieure; il s'est occupé, en particulier, du problème de la voûte,
et il a publié en 1923 Die chrislliche Kunst des Ostens dans la série Die
Kunst des Ostens. Mais on sait toute l'importance que l'école de Strzyo-owski
NÉCROLOGIE. 245
attache à l'art, du Nord de l'Asie. Gluck lie l'a pas négligé, et il a tenté de
retirer aux-Scythes le caractère iranien qu'on en était venu à leur reconnaître
généralement, pour reprendre la vieille théorie qui voyait en eux des Turcs.
De tout ce qu'il a écrit, ce qui nous intéresse ici plus directement est son
article Die EntwicklungsgeschichtlicheStellung des Grabmales des lluo Kiu-ping,
paru dans Artibus Asiate en 1927 (pp. 29—41). Gluck tente de montrer que
ce tombeau, avec son tumulus et le groupe principal du cheval debout et du
guerrier renversé entre ses jambes, dérive des kurgan {qoryan) des peuples
nomades de la Mongolie, de la Sibérie et de la Russie méridionale, lesquels
kurgan sont aussi l'aboutissement du prototype de tombe nomade qui a passé
en Arménie, en Asie Mineure, et jusque dans l'Afrique berbère. M. Strz3rgowski.
renvoyant à l'artikle de Gluck, se demande même (Asiens bildende Kunst,
1930, 269) "si les pyramides d'Egypte ne sont pas déjà des imitations de
semblables tertres, et par suite la transposition en grand art d'une forme
populaire asiatique beaucoup plus ancienne". Je ne doute pas, moi non plus, du
rapport qu'il faut établir entre le tombeau de Houo K'iu-ping et les habitudes
funéraires des nomades; par ailleurs, ce n'est ni le moment ni le lieu de
formuler les réserves que j'aurais à faire sur le détail de l'argumentation et
sur une théorie dont les généralisations et les excommunications me semblent
abusives; j'y reviendrai à un autre propos, et je ne veux aujourd'hui que
déplorer la disparition prématurée d'un savant consciencieux qui était en
même temps un homme de goût.
Paul Pelliot.
Alfred DIRE,.
Alfred DIRE,, qui est mort récemment, avait passé un certain temps à
Paris il y a trente-cinq ans; c'est alors que je l'ai rencontré et ce Bavarois
était déjà étonnamment polyglotte. Bientôt il publia dans la collection Hart-
leben une grammaire annamite, une grammaire de l'arabe vulgaire, et même
une Panstenographie. Plus personnelle est, dans la même collection, sa
Theoretiseh-praktische Grammatik der modernen georgischen (grusinischen)
Sprache; il était là sur le domaine où il devait enfin se fixer. De Tiflis où
il résidait, il voyagea dans tout le Caucase, étudiant infatigablement les
langues si diverses des montagnards. Il les a décrites dans des travaux
nombreux, en même temps qu'il éditait des manuels écrits dans ces langues
à l'usage des écoles. En 1924, il avait fondé au Verlag der Asia Major la
revue Caucasica, et y a publié en 1928 son Einfùhrung in das Studium der
Kaukasischen Sprachen. Je n'ai connu qu'Edouard Huber qui pût accumuler
les idiomes et en tirer profit au point de vue scientifique comme Alfred Dirr.
Paul Pelliot.
Frédéric COURTOIS, S. J.
Le Père Frédéric COURTOIS, S. J., de son nom chinois
^ ^
jj^ Po
ïong-nien, est mort en voyage, à Hai-tcheou, le 21 septembre 1929. Né à
Châtelliers-Notre-Dame le 25 octobre 1860, entré dans la Compagnie de Jésus
246 NÉCROLOGIE.
Mathias TCHA1TO, S. J.
Le P. Mathias TOHANG, né le 24 février 1852, était entré dans la Com-
pagnie de Jésus le 1er septembre 1893. D'abord missionnaire, puis attaché à
l'orphelinat de T'ou-se-wé, il est mort le 3 mai 1929. Tous les sinologues
connaissent son nom, à raison de son abondante collaboration aux Variétés
Sinologiques où il a donné en 1905 ses très utiles Synclironisrn.es chinois ')
et, en 1909, le Tombeau des Liang. ire partie, Siao Choen-tche (la suite n'a
jamais paru). Dans la même collection, il avait joint un appendice de Biblio-
graphie aux Quelques mots sur la folitesse chinoise du P. Simon Kiong, et
publié en 1914, en collaboration avec le P. de Prunelé, une monographie
consacrée à un peintre chinois devenu Jésuite, Le Père Simon A. Cunha (Ou
Li Yu-chan) _^L g|J/gj |Jj
(1631-1718).
P. Pelliot.
1) Un extrait des Sijnchronismes avait paru dès 1901 dans BEFEO, I, 312—321,
sous le titre de Tableau des souverains du JSan-ichao.
SUR LA LÉGENDE D'UTOZ-KHAN
EN ÉCRITURE OUIGOURE
PAR
PAUL PELLIOT.
complètes des 42 pages en 1891 2); une version russe de 1893 est
entièrement conforme à la traduction allemande de 1891 ").
Le Dr Riza Nour a connu ces travaux de Radlov, mais a estimé
à bon droit qu'ils laissaient encore beaucoup à faire. La transcription
de Radlov en caractères ouigours n'est pas toujours fidèle; sa tra-
duction, souvent assez libre, est dépourvue de notes. On ne peut
donc que savoir gré au D 1' Riza Nour d'avoir appelé à nouveau
l'attention sur ce monument fort intéressant et assez énigmatique.
Enigmatique, il le demeure même après la nouvelle publication.
L'éditeur y voit le plus ancien monument de la littérature turque,
ce qui paraît bien exagéré. Je tiens au contraire le tout pour de
date assez basse, mais, avant d'en indiquer quelques raisons, et
sans prétendre à donner ici plus que des notes qui pourront servir
à l'édition définitive du texte4), je voudrais préciser ou rectifier
dans bien des passages les versions de Radlov et du Dl Riza JSTour ;
il sera plus facile de dégager ensuite certaines conclusions.
1) Eudatku Bilik, Facsitn.ile der uigur. Handschrift der K.K. Hofbibliothek in Wien,
S* Pétersbourg, 1890, in-fol, xm -)- 200 pages.
2) Das Eudatku bilik des Jusuf Chass-Hadsehib ans Bàlasagun, lre partie, S' Péters-
bourg, 1891, in-fol., aux pages x—xm et 232—244.
3) K roprosu ob TJïgurakh, suppP au t. 72 des Zapiski de l'Ac. des Se. de S1 Péters-
bourg, n° 2 [1893], aux pages 21 — 28.
4) Il faudrait, avant de l'entreprendre, refaire minutieusement d'après l'original tout
le déchiffrement; les facsimilés publiés ne sont que partiels et trop indistincts pour per-
mettre dans bien des cas les vérifications. Naturellement cette édition définitive, basée
sur un manuscrit que je tiens pour tardif et qui est en tout cas très fautif, demandera
à l'éditeur de longues discussions, et le résultat sera toujours dans une certaine mesure
un compromis entre les leçons incorrectes et incohérentes du manuscrit et ce que la
linguistique turque paraîtra imposer. Dans une écriture' qui ne distingue pas entre -q-,
-y- et -'-, entre t et d, entre -s- et -z-, entre -a, -s et -z, entre o, ô, u, il, et qui con-
fond en outre constamment a («) avec ï (?'), il est bien évident qu'il ne peut s'agir d'nn
déchiffrement et d'une transcription en quelque sorte mécaniques. En ce qui concerne
mes remarques, bien que la plupart m'aient été suggérées par la simple lecture des dé-
chiffrements de Radlov et de M. Riza Nour, je me suis reporté au manuscrit dans tous
les cas.
SÛR LA LÉGENDE D'UrUZ-KHAN EN ÉCRITURE OUIGOURE. 249
mot yarudï (VIII, 3, et X, 4); dans les deux cas, Radlov a ajouté
kôzi devant yarudï et traduit à nouveau par "ses yeux ont brillé";
M. R. N. a adopté l'addition de Radlov, mais traduit à nouveau
1) M. Deny nie dit qu'il existe en osmanli une expression gbzuîi did'in (olsun),
"que ton oeil soit lumineux", pour annoncer à un père qu'il lui est né un fils (non
une fille). Dans notre texte, les yeux brillants paraissent indiquer un accouchement
seulement prochain, et en tout cas la comparaison des trois passages implique "bien qu'il
s'agisse des yeux de la mère et non de ceux du père. Mais il n'est pas impossible qu'il
y ait cependant quelque analogie entre les deux expressions ; peut-être considérait-on
l'éclat des yeux de la femme au terme de sa grossesse comme l'indice qu'elle allait
mettre au monde un enfant mâle. Pour un autre cas d'hésitation possible entre yiïr- (yari-)
et yaru-, encore que là aussi yaru- soit vraisemblablement la leçon correcte, cf. J. Deny,
A propos d'un traité de morale turc, dans Rev. du monde musulman, 1925, p. 203. En
faveur de l'explication par yaru- dans notre texte, on pourrait encore faire valoir
secondairement que, d'après Kiïsyarî, yaru-, accompagné de yasu-, signifie "se réjouir"
(yarudï yasudï; cf. Deny, ibid., 203; Brockelmann, 80; la traduction de Malov, Zap.
Koll. Vostolcov., III, 245, par "s'éloigner", "se cacher", repose sur quelque méprise).
SUR LA LÉGENDE D'urUZ-KHAN EN ÉCRITURE OUIGOURE. 251
selon le même usage d'où est sorti le titre de hânïm A~> pour les
princesses et les dames des Turcs de Crimée et du monde osmanli.
Eeste enfin le mot "butadV. Contrairement à l'usage de l'écriture
ouigoure ancienne, le manuscrit ne note pas la mouillure des voyelles
labiales en première syllabe (sauf dans deux cas que je discuterai
plus loin); on peut donc lire indifféremment butciclï ou butadi.
RadloY n'a pas tenu compte du mot dans sa traduction. M. R. K
a lu butadi et a traduit par "elle a enfanté", ajoutant en note que
buta signifie "enfant" et buta- "enfanter"; ces sens me sont incon-
nus (bota signifie un "jeune chameau"; buta- signifie "se ramifier";
pour un sens douteux du causatif butât-, voir T'oung Pao, 1914,
230; cf. en dernier lieu Brockelmann, Mittelturhischer Wortschatz
nach Mahmnd al-Kâh/arts Divan luyût at-TurJc, Budapest et Leipzig,
1928, in-8, p. 45)1). Je n'aboutis à rien de bien précis pour ce
passage et ai voulu seulement en souligner les difficultés.
1) Kâsyarï (Brockelmann, 45) indique, pour "jeune chameau", botu (et une fois botuq) ;
M. Brockelmann a transcrit buta et biduq, mais c'est bota (et non buta) que Radlov
enregistre et que j'ai toujours entendu pour ma part au Turkestan chinois ; bota ne se
confond pas au Turkestan chinois avec buta, "jeune pousse" (surtout attesté dans d'autres
dialectes; mais on trouvera les deux mots côte à côte par exemple dans Shaw, Vocabul., 47).
On a fait état parfois de buta, "enfant", en Jaghatai; cf. par exemple Z. Gombocz, Die
bulgar.-tiirk. Lehnw'orter in der ungar. Sprache, 213; mais c'est sur la foi d'un distique
Jaghatai où, en écriture arabe, on a ^(j-j (cf. Pavet de Courteille, Dict. turc-oriental, 161;
Budagov, I, 272). Vambéry et Budagov ont vocalisé en butam; je puis garantir qu'au
contraire la prononciation du Turkestan chinois est botam, et que c'est là un terme de
caresse pour dire "mon enfant", littéralement "mon petit chameau". C'est vraisemblable-
ment par quelque confusion que ^j'»j botam est en outre donné par Pavet de Courteille
(p. 162) comme un mot indépendant signifiant aussi "jeune chameau". L'emploi hypo-
coristique de bota dans botam a été omis dans le dictionnaire de Radlov.
2) Le manuscrit a en réalité carayï, aussi bien ici que dans XXXIV, 3 ; mais il
n'est pas douteux que cette orthographe soit fautive.
252 PAUL PELLIOT.
représente cïra'ï <( cïrayï ; nous verrons plus loin un autre exemple
aussi net avec le mot signifiant "eau". Sur cïraï, cf. W. Bang,
Tiïrk. Lehngut im Mandschurischen {JJncjar., Jahrbûcher, IV, 18).
1) Il n'y a pas à s'étonner que le verbe "être", erdi, ne soitpas répété après al;
le texte offre, à deux autres reprises, des énumérations analogues de trois termes et où
le verbe "être" est omis après le second d'entre eux (IX, 3—5; XXVIII, 6—8).
2) Ce dernier mot se rencontre dans II, 1, mais il y est écrit artaq, et non aflïq
comme Radlov et M. R. N. l'ont lu; artaq peut aussi bien représenter la forme ouigoure
arhiq que la forme artïq des autres dialectes.
3) Le mot al, "rouge vif", existe dans la plupart des dialectes turcs, et est attesté
déjà dans le Qutadyti bilig (cf. le dictionnaire de Radlov, I, 350) et chez Kâsyarï
(Brockelmann., p. 6, au sens de "brocart de couleur orange"), mais, pour autant que je
254 PAUL PELL10T.
sache, n'a pas été signalé dans le turc de l'Orkhon; il existe aussi en mongol et a passé
dans le russe ahj'i. Mais il est également bien connu en persan, écrit \ \ al. M. H. S.
Nyberg (JJ, 1929, I, 295) ramène le persan ni à un ancien iranien *âla-, et ajoute que,
"sans aucun doute", c'est là le même mot que le sanscrit nia, "arsenic" et "fard".
M. Nyberg n'a pas fait allusion à la présence de al dans les langues altaïques, et il est
peut-être allé un peu loin en admettant "sans aucun doute" l'identité du sanscrit nia
et d'une forme iranienne *âla- qui n'est encore qu'une restitution. Je n'en tiens pas
moins ses solutions pour vraisemblables; al {ni) serait alors à joindre aus emprunts
anciens faits par les langues altaïques à l'iranien.
1) Le mss. a fautivement Jcôriïkliïgruk jrdi.
SUR LA LÉGENDE D'uruZ-KI-IAN EN ÉCRITURE OUIGOURE. 255
1) L'exemple le plus ancien du mot en turc est fourni par Kasyarï qui écrit .%£[
ayitz, et enregistre aussi l'adjectif <ç_j;iS ayuzluy (cf. Broclcelmann, Mittellirrk. Wort-
schaïz, 5); mais cette orthographe, où le -z ne peut guère être qu'une prononciation
dialectale, n'est pas décisive non plus pour la voyelle initiale soit en turc commun soit
même/jen dialecte ouigour. La question des z en turc ancien devra d'ailleurs être reprise;
cf. provisoirement ma remarque de T'oung Pao, 1929, 215, n. 3 in fine.
SUR LA. LÉGENDE D'urUZ-KHAN EN ÉCRITURE OUIGOURE. 257
1) Il
ne serait plus nécessaire de dénoncer la vieille erreur d'Erdmann {Temudschin
der unerschûtterliche, 88), qui explique Uyuz par ôkûz, "boeuf" (ceci n'a rien à voir avec
le rôle que j'ai prêté au boeuf plus haut), si elle n'avait été reprise par N. A. Aristov
dans la Zivaya Starina, VI (1896), 418—419. Les hypothèses de M. Maksoudoff (JA,
1924, I, 141—148) sur le manque d'autorité du nom des Ouigours (Uïyur), que les
auteurs arabes ignoreraient "jusqu'au XIIIe siècle" et qu'il faudrait toujours remplacer
par Oyuz, sont ruinées, sans qu'il soit besoin d'autres preuves, par la présence du nom
des Uïyur au XIe siècle chez KîHyarï (Brockelmann, Ein mittelturk. Wortschatz, 251).
Je ne puis accorder plus d'autorité à la conclusion de M. Maksoudoff (p. 147) selon
qui "la légende d'Oguz-Khan, père de toute la race turque, s'est formée dans le Turkestan
au VIIIe siècle après le contact des Turcs avec le monde islamique". M. G. Németh,
qui, comme M. Brockelmann, lit O/uz (et non Uyuz) le nom des "Toquz Oyuz", a
expliqué en 1927 oyuz par „fièche" et subsidiairement "tribu" {Symbola grammat. in
honorera Ioannis Bozwadovjski, Cracovie, 1927, in-8, II, 218, article "La provenance du
nom bulgar"), et j'avoue ne pas voir sur quoi M. Németh se base pour attribuer ainsi
à oyuz le sens de oq. Mais, dans un article de 1929 (Magna Uungaria, dans Beiir. zur
Ustor. Geogr. de Hans Mzik, Leipzig et Vienne, 1929, in-8, p. 97), il n'indique pour
oyuz (et oyur) que le sens primitif de "tribu", sans plus rien dire du sens de "flèche"
que lui-même semble donc avoir abandonné.
2) A la rigueur, le rapprochement entre le mot signifiant "petit-lait" et le nom
d'Uyuz-khan, que notre texte me semble bien impliquer, pourrait s'appuyer sur une
analogie phonétique n'allant pas jusqu'à l'identité.
3) Le mss a ici, comme presque toujours, iâlà- au lieu de tila-, et aussi ensuite
.
UUi, "sa langue".
258 PAUL PELLIOT.
1) La phrase y est transcrite ijik as surm'd tilâdi, et traduite "er forderte rohes (?)
Fleisch als Speise"; autrement dit, Radlov a oublié ai dans le texte turc, et siïrmiï dans
la traduction. Le vocabulaire turco-arabe étudié par Houtsma (ffin lurkiseh-arabisclies
G-lossar, Leyde, 1894, in-8, p. 72—73) contient une expression 0IjCo>- cikât, "viande
crue". Houtsma y a vu le "turc oriental" cik, "crû", plus une forme de pluriel arabe
ou mongole. Il me paraît bien plus naturel de lire 0j (j)v_>j> cig lit, "viande crue",
0|
correspondant exactement au yig ai de notre texte. On a déjà o — \A^j>
o
yig dt à deux
reprises daus Xâsyarï (I, 283", et III, 1064); je ne sais pourquoi M. Brockelmann
{MiUeWlrlc. Wortschaiz, 55 et 89) lit yig seulement dans le second cas, et transcrit cig
dans le premier.
SUR LÀ LÉGENDE D'urUZ-KHAN EN ÉCRITURE OUIGOURE. 259
1) L'histoire de ce mot ciirmà est elle-même obscure; il n'est pas attesté à date
ancienne; nos' dictionnaires l'empruntent aux dictionnaires polyglottes de Pékin. D'après
le Sseu-fi ho-pi wen-Jcien, 27, 86 b, le nom mandchou du ciirmà est sase, son nom chi-
nois est -yy Tjws ho-lo, son nom tibétain est 'jur-bag. Zakharov donne en effet sase en
mandchou, mais d'après les mêmes sources qui ont fourni ciirmà en mongol à Kovalevskiï.
Quant au' chinois lio-lo et au tibétain 'jur-bag, nos dictionnaires ne les ont pas enregistrés,
mais il paraît bien y avoir une parenté phonétique entre 'jur-bag et ciirmà, et comme
bag signifie "farine" en tibétain, il est vraisemblable soit que ciirmà soit dérivé de 'jur-bag,
soit que 'jur-bag soit issu.de ciirmà, mais avec adaptation sémantique.
2) Pour d'autres formes dialectales, cf. le dictionnaire de Radlov, s.v. surpa, suria,
corba, curpa, sorpa, cobra; à IV, 1030, Radlov a vocalisé en sorba la forme du vocabulaire
sino-ouigour, et je suis d'accord que, dans bien des cas, la vocalisation indiquée par les
transcriptions de ce vocabulaire n'est pas impeccable; il ne faudrait pourtant s'en écarter
qu'à bon escient; le vocabulaire sino-ouigour de l'ancienne collection Morrison (aujourd'hui
à la School of Oriental Studies) transcrit également suria.
260 PAUL PELLIOT.
1) A vrai dire, je ne suis pas sûr que cette anomalie dans l'orthographe du ma-
nuscrit n'ait pas fait he'siter Radlov et que, secondairement, il n'ait pas en effet transcrit
soir m a comme son déchriffremeDt en ouigour l'avait fait croire à AI. R. N. En effet, il
est bien surprenant qu'il ait oublié le mot à sa place dans son dictionnaire. Or, si on
n'y trouve pas siirmà (ni sorma), on y a (IV, 515) uu mot "soirma", donné en écriture
ouigoure avec la même orthographe que dans notre manuscrit, et traduit par "la viande
des animaux abattus". Aucune référence n'est indiquée, mais je crois bien que l'ortho-
graphe ouigoure est prise à notre texte; Radlov, cherchant une solution qui n'impliquât
pas la notation d'une voyelle labiale palatalisée, aura renoncé tacitement et à sa tra-
duction antérieure de "boisson" et à sa transcription antérieure de siirmà, et, lisant "soirma",
aura expliqué le mot arbitrairement en le rattachant à la racine soi- (soi-), osmanli s'iyïr-,
sir-, "écorcher (un animal)".
SUE. LA LÉGENDE D'UTUZ-KHAN EN ÉCRITURE OUIGOURE. 261
1) Dans Toung Fao, 1926, 62, n. 1, une double faute d'impression me prête des
formes "sormax, sorma," au lieu de "sorma, sorma".
2) Une dernière solution serait de supposer que notre manuscrit, qui offre quelques
formes aberrantes qu'on a pu considérer comme très archaïques, eût conservé ici une
forme *soïrma ou *suïrma qui serait à l'origine d'un sorma on surma plus tardif;
je n'y incline pas, mais sans l'écarter toutefois absolument; tout ce que je considère
comme certain, c'est l'identité foncière du mot du manuscrit avec sorma {sôrmà) ou
surma (surma), et par suite son sens de "vin".
262 PAUL PELLIOT.
c'est ce qui l'a amené à traduire par "tout son corps". Je crois
que le bon sens est ici du côté de M. R. 'N., et que sa traduction
est exacte, mais je doute que badan, mot arabe, doive entrer en
ligne de compte. La seule solution que j'entrevoie est la suivante.
Le vocabulaire sino-ouigour du Bureau des Interprètes a pour
ifp chen, "corps", un mot qui est écrit une première fois -budïn,
mais une seconde fois budun\ ce pourrait être là le mot turc
signifiant "corps", non relevé dans le dictionnaire de Radlov, qui
1) Ce mot "turc" ludun ou bildiin est peut-être d'ailleurs, dans le vocabulaire sino-
ouigour du Bureau des interprères, un mongolisme. ~& Histoire secrète des Mongols donne
à deux reprises (§ 103 et 200) un mot budun ou hildiin, traduit par A\ pen, "propre",
"personnel" (bv.d?m biiya, "[son] propre corps": budun âjàn, "[son] propre maitre") ; le
manuscrit mongol retrouvé récemment contient le premier passage et transcrit budun (ou
iiililn). Ce mot mongol, aujourd'hui inconnu je crois, ne paraît se confondre ni avec le
turco-mongol biitùn, "entier" (je soupçonne que le mss. retrouvé récemment en Mongolie
vocalise en û par confusion avec biitiln), ni avec le mongol boda (et bodo), "matière',
"chose". Ou bien le budun (ou bildiin) mongol de l'Histoire secrète est emprunté au turc,
et alors nous retrouverons ce mot turc dans le vocabulaire sino-ouigour et dans la légende
d-Uyuz-khan; ou bien le budun {bildiln?) du vocabulaire sino-ouigour est un mongolisme,
et nous admettrons que ce mongolisme se retrouve dans notre texte de la légende
d'Uyuz-.khan ; ce ne serait pas le seul mongolisme qu'elle contiendrait.
2) Qamay, qui n'est pas donné dans le dictionnaire de Radlov, semble être une
forme spécifiquement ouigoure; c'est à peu près la seule qu'on rencontre dans le texte
que j'ai publié dans le T'oung Pao en 1914, et c'est aussi celle qui est usuelle dans
les documents de Tourfan (cf. Radlov et Malov, Uigur. Sprachdenhnaler, 278). Par
"ouigour", j'entends ici le dialecte des Ouigours de Tourfan, et non tous les textes
écrits en écriture ouigoure; c'est ainsi que la forme ordinaire du Qutadyu bilig est
qamuy et non qamay.
18
264 PAUL PELLIOT.
III, 2: hop mùràn-lâr hop ôgûz-làr bar erdi] "il y avait [là]
beaucoup de fleuves et beaucoup de rivières". La traduction ne fait
pas difficulté, mais il importe de remarquer l'emploi dans ce texte
turc, comme un des deux mots désignant les cours d'eau, du mot
mongol mûran] c'est évidemment le mot employé pour un grand
fleuve, puisque c'est celui qui reparaîtra plus loin (XVIII, 5) à
propos de la Volga. Jusqu'ici, muran n'a été signalé dans aucun
dialecte turc, à l'exception du présent texte et du vocabulaire
sino-ouigour du Bureau des Interprètes; ce vocabulaire donne mûr an
pour équivalent du chinois JQL hiang, et ôgûz (transcrit à tort ûhils)
pour équivalent du chinois ^J" ho\ kiang et ho sont les deux mots
chinois désignant des grands fleuves, essentiellement le Tang-tseu-
kiang et le Houang-ho. Le vocabulaire sino-ouigour de la collection
Morrison donne de son côté le mot mûr an comme équivalent du
chinois et, dans un bref itinéraire de Samarkand à Pékin, in-
Ao,
1) Sa traduction russe de 1893 est plus précise encore: "[La licorne] détruisait les
gens en les aspirant en elle" (vtyagyvaya v sehya).
268 PAUL PELLIOT.
àmgàk dans les deux cas, mais dois faire remarquer que le mss.
final
a la première fois *àmgciz (ou àmgdn si on suppose un n
dont le point a été omis), et la seconde fois cimgci; la double faute
est assez surprenante 1). Bcïrka ou herltii se rencontre déjà peut-être
dans le Qutadyu hilig au sens de "sévère" (cf. le dictionnaire de
Radio v, s.v. -parg ci, IV, 1234), et se rattache assez vraisemblablement
à Ixirh, "solide", et parfois "sévère"; en mongol, bàrkà, sûrement
identique, signifie "difficile", "pénible". El-hiln est composé de el
ou "peuple", "gens soumis", et de Min, "peuple"; j'ai déjà dit
cil,
qu'aucune des deux leçons n'est juste. Le mot qayan vient de façon
très anormale entre "irik" et Msi, et la traduction même de M. R. N".
trahit cette gaucherie; en outre, si le manuscrit, comme le dit M. R. îsL,
n'a pas le point de Vn sous la dernière lettre àHrin, il n'y en a pas
non plus sous la dernière lettre du prétendu qayan; le texte porte
donc en réalité iriz qayaz (ou iris qayas). Or le vocabulaire sino-
ouigour du Bureau des Interprètes a, pour équivalent du chinois
JUf£ 'lll k'ang-Fai, "généreux", "chevaleresque", "valeureux",
une
expression ouigoure écrite et transcrite iris qayas; je ne connais
pas l'origine de qayas (qayaz), mais peut-être iris est-il ères,
équivalent au terme aras du mongol, mot-à-mot "les mâles" (de
ara, "homme", "mâle"), mais aussi "les braves", et qui a pris en
mongol même la valeur adjective et adverbiale de "brave" et
"bravement". Comme de juste, il y a parenté entre le turc âr,
"homme", "époux", "héros", et le mongol ara qui a exactement
le même sens; et puisque erik dérive de àr, tout comme ciras
(ères, iris) est originairement le pluriel de cira, il y a parenté entre
le irih (erik, ârik) de M. R. et le ciras que je propose, mais
IST.
IV, 4—5: tang ertà cayda, "à l'aube" (mot-à-mot "au moment
du matin-aube"). De même chez Radlov et M. R. X., mais, à
IV, 7—8, où (en dépit de la note de M. R,. X., p. 35) le mss. donne
la même leçon, Radlov a lu tang ertà cïqtï et M. R. X. tang irdi
ciqd'i. De même, dans XVI, 1, et dans XXV, 6, il faut lire tang
ertà bolduq-da. bien que le mss. ait dans le premier cas cang ertà
et dans le second tang erti. Tang ertà, "aube", est une expression
toute faite qui est donnée, entre autres, dans le vocabulaire sino-
ouigour du Bureau des Interprètes.
Bogen haben (den Greier) getôdtet, da sie von Kupfer sind" (Radlov);
"La bête a mangé le cerf et l'ours; ma pique aurait tué la bête
même si elle avait été en fer. Le sounghour a mangé la bête;
mon arc et ma flèche auraient tué le sounghour même si c'était
le vent (ou l'an ou le printemps)" x) (M. R. N.).
Au point de vue morphologique, M. R. K a transcrit jidâm,
mais le mot n'est pas palatalisé (à plusieurs reprises, XI, 9, etc.,
le mss. a une orthographe fautive jada). Le manuscrit rend
par
un même signe le j- répondant dialectalement au turc ordinaire y-,
et le c-. On sait que l'usage mongol est, dans l'écriture ouigouro-
mongole, de réserver au contraire le c- pour le c- véritable, et
d'employer y- à l'initiale à la .fois pour y- et pour J-, convention
regrettable elle aussi, mais qui du moins est conforme à la vérité
étymologique. Je rends donc le c- initial du manuscrit Schefer
tantôt par j-
et tantôt par c-, suivant ' les mots ; M. R. ~E. a fait
de même, mais de façon sporadique et souvent inexacte. Il me
paraît légitime de transcrire tantôt par c- et tantôt par j-, car
même les dialectes turcs qui ont j- là où le turc commun a y-
De prononcent pas en principe ce j- en
c-, sauf de rares dialectes
comme le sor et le sagaï. Les prononciations en j- sont aujourd'hui
caractéristiques du turc de Kazan et des dialectes kirghiz, mais les
vocabulaires sino-ouigours du Bureau des Interprètes et de la col-
lection Morrison en fournissent quelques exemples; j'y vois, en
ouigour tardif, des mongolismes; nous aurons à examiner s'il faut
expliquer par des influences kirghiz ou par des mongolismes leur
présence assez fréquente, mais non constante même pour les mêmes
1) Les Mongols prononcent jida <Cjida; si le mot pour "lance" en ouigour ancien
de Tourfan était bien sôngii à l'exclusion de yïda, il n'y aura pas à s'étonner que ce
dernier mot, entré dans l'usage de Tourfan au temps de l'influence mongole, y ait été
adopté avec la prononciation mongole. Le jucen et le mandchou disent gida. Au fond,
et malgré le soi-disant jïdaq ou jïday du Qutadyu bilig, il est bien possible que le mot
soit spécifiquement mongol, et emprunté par les dialectes turcs assez tardivement. Sur
tida, voir aussi Bang, Tiirlc. Lehngut im mandschur., p. 19.
274 PAUL PELLIOT.
que le sujet du verbe, quel qu'il soit, était en fer, mais envisage
le cas où il aurait été ou pourra être en fer. Je comprends donc
finalement: "Ma lance a tué la licorne; elle '(= ma lance)
sera
[telle] le fer". Le mot jïda, substitué en ouigour tardif
au plus
ancien sôngù, peut, comme ce dernier, avoir eu d'abord le simple
sens d'"épieu". Dans ce morceau de caractère épique, Uyuz-khan
est supposé avoir tué la licorne avec un épieu, mais il annonce
déjà les lances à pointe de fer de ses armées futures. Quant
au
"cuivre" de Radlov, même en le restreignant à la pointe de la
flèche, il est trop clair que Radlov n'y a songé que par analogie
avec le "fer" du membre de phrase précédent. Puisque le manuscrit
porte réellement y{d)l, et à moins de faire une véritable correction,
nous devons, je crois, nous en tenir au "vent". Le sens sera alors:
"Mon arc-et-flèche 1) a tué le gerfaut; elle (= ma flèche) sera [telle]
le vent". Et tout ceci vise les combats futurs que le héros livrera
pour créer son empire.
1) On remarquera que "arc et flèche" font un binôme, qui ne prend qu'un seul
affixe possessif et reste au singulier.
2) Le mss. a en réalité aï aï-dan; la répétition de aï est une faute du copiste,
mais le dan (et non dïn) pour marque de l'ablatif peut être gardé comme indice de
prononciation bien que le manuscrit confonde sans cesse a et z du seul point de vue
graphique.
276 PAUL PELLIOT.
"VII, 3—4 : Anung basïnda atasluy yarualuy bir mangi bar erdi ;
"auf dessert Haupte sich ein feuriges, leuchtendes Mal befand"
(Radlov); "sa tête avait un visage lumineux et enflammé" (M. R. K).
M. R. N. a cherché ici bien inutilement une série de mots inac-
ceptables; Radlov avait lu et compris correctement mangi, qui
signifie "marque", "grain de beauté". Le manuscrit écrit màng-i,
et la forme usuelle du mot est mâng en ouigour (cf. Radlov et
Malov, Uigur. Sprachclenhn., p. 60), en ja^ataï et dans l'Altaï,
bâng en Crimée, ban en osmanli (cf. aussi mâng de Kâsyarï dans
Brockelmann, Mittelturk. Wortschatz, 121). Mais je ne suis pas
certain que le i final soit, comme le pense M. R. N., un affixe
possessif qui ici ne s'expliquerait guère. De même que le Qutadyu
bilig et le turkï actuel du Turkestan chinois connaissent une forme
mangi pour le mot mâng, "cerveau" (cf. Radlov, IV, 2080), je sup-
pose que le ouigour proprement dit a pu dire tardivement mangi
au sens de mâng pour "grain de beauté"; et je verrais une confir-
mation éventuelle de cette forme allongée dans le mot mongol pour
"signe" et "grain de beauté", mânggâ.
1) Radlov donne boyaz pour le tarancï, mais ce doit être une erreur; Shaw vocali-
sait en buyaz pour le Turkestan chinois, et c'est la forme que j'ai entendue aussi bien
à Kachgar qu'à Koutcha, M. Bang {Vngar. Jahrbiicher, V [1925], 234) accepte la forme
boyae pour le tarancï, et paraît même la considérer comme primitive.
278 PAUL PELLIO T.
à lire probablement tiL>-<J tôlccik, "femelle qui a mis bas [se dit
surtout des brebis]" (oJJi, et non JOJ), "postérité", comme l'a
imprimé M. Malov dans Zap. Koll. Vest., III, 238) l). Ceci paraît
bien nous laisser parmi les animaux, mais M. Malov (loc. cit.) a
rappelé le Kirghiz tillôk, "enfant nouveau-né"; et toi, dans divers
dialectes turcs septentrionaux, signifie "fécondité", "postérité (en
général)", "enfants" (cf. Radlov, III, 1260). Le "tul" de Validi Bey
serait-il finalement à lire tul? Ou le mot ouigour en serait-il
différent, et ne faudrait-il pas lire alors toi buyaz? M. Bang n'a
pas fait intervenir tul ou toi dans sa nomenclature des termes turcs
désignant la grossesse (Ungar. Jahrb., V [1925], 234).
1) Les hypothèses que M. R. N. formule sur qapu, "porte", qui viendrait de qalu,
"en avant", parce que la porte est "en avant" des bâtiments, ne reposent sur rien. Le
mot "porte" en turc est anciennement qapïy, et se rattache à la racine verbale qap-,
forme allongée qapa-, en mongol qaya- (= qda- <^ qa(3a-), "saisir entre deux", "enfermer",
"fermer", "couvrir".
2) Le vocabulaire sino-ouigour du Bureau des Interprètes écrit et transcrit toujours
qabï, mais Radlov n'a enregistré dans son dictionnaire ni qabï, ni' même qapi. Le voca-
bulaire sino-ouigour de la collection Morrison donne qabu.
19
280 PAUL PELLIOT.
ont leur raison d'être, et "un peu en avant" n'ajouterait rien, dans
le cas présent, à un simple "en avant". Et surtout, malgré,l'assu-
rance avec laquelle M. R. K formule ici ses critiques, un mot turc
indépendant qabur "en avant", ne me paraît pas exister. Mon opinion
est que le présent passage du manuscrit Schefer nous conserve,
sous une forme plus ou moins altérée, la trace d'un vieux mot
qui 1 a joué un rôle important dans la légende turque. Dans son
tableau des tribus turques, Rasïdu-'d-Dïn raconte qu'après un com-
bat soutenu par U/uz, une femme enceinte, dont le mari avait été
tué, se réfugia dans le trou d'un arbre creux; et, ajoute Rasïd,
comme, en turc, on appelle \3yj> qabuq un "arbre dont le milieu
est pourri", les descendants de cette femme furent appelés les
o'csuï Qïbcaq (Qïpcaq). Abu-'l-Grbazï dit de manière analogue que
l'enfant fut appelé Q.ïpcaq, parce que, dans le turc ancien, un arbre
creux était dit qïpcaq 1). Notre manuscrit, qui a, sur l'origine des
noms des mêmes tribus turques, des traditions apparentées à celles
transmises par Rasïdu-'d-Dïn et par Abu-'l-Grhazï, mentionne plus
loin les Qïpcaq, mais sans rien dire de la raison pour laquelle ils
ont été appelés ainsi. Il me paraît clair que nous avons dans le
présent passage l'élément de la légende qui manque plus loin.
Le mot \3yà de Rasïd, que j'ai vocalisé en qabnq, est foncièrement
identique à qabaq du tarancï, qawaq du turc de Crimée, qui signifie
"arbre creux", "creux d'un arbre", et la. voyelle a de la première
1) Abu-'l-Ghazi ajoute que, de son temps, on ne disait plus, pour "arbre creux",
qïpcaq, mais V_3LJ>^> cïpcaq, par altération populaire du ^j j en
^ c. Radlov a en-
registré cïpcaq dans son dictionnaire sous qïpcaq (II, 844; mais il a supprimé la partie
relative à la forme qïpcaq, ce qui rend sa citation inintelligible), et par contre ne le
donne pas à sa place alphabétique. Bien que les éditeurs d'Abïï-'l-G-hazï et Zaleman
aient gardé le texte tel quel (cf. Zaleman dans Radlov, Kudatku lilik, 1891, p. xxxm),
le changement de q- en c- est assez singulier, et on est tenté de se demander s'il ne
faut pas lire ^ h au lieu de c, ce qui donnerait une prononciation populaire Hïpëaq.
Autrement, nous devrons supposer qu'Abu-'l-Ghazi a rapproché deux mots qui n'étaient
pas vraiment apparentés au point de vue étymologique.
SUR LA LÉGENDE p'ufUZ-KHAN EN ÉCRITURE OUIGOURE. 28!
syllabe est ainsi justifiée 1). Abu-'l-Grhazï nous fournit de
son côté
la -finale -caq avec son "turc ancien" qïpcaq, de même sens. Le
copiste du manuscrit Schefer ' ne connaissait vraisemblablement plus
le mot, puisqu'il a coupé en qabu -f caq (de même qu'il
coupe
cubu-yan à XI, 3), mais je n'ai pour ma part guère d'hésitation
à rétablir qabucaqïnda, locatif de la forme possessive de qabucaq,
et à traduire "dans le creux de cet arbre"; autrement dit, nous
avons affaire là au même mot par lequel la légende d'Up-mz ex-
pliquait le nom des Qïpcaq 2).
1) Berezin {Trudy TOIliAO, V, 19) avait, lu qubuq, mais Zaleman adopté qabuq
a
dans'Kadlov, Kudatlcu bililc, 1891, p. xx. En réalité, il y a eu aussi des formes du mot
à voyelle labiale dans la première syllabe. Kâsyarï enregistre au XIe siècle qovï et qowï,
"[arbre] creux", et qovuq et qoviuq, "creux" (Brockelmann, Miitelturh. Wortscliaiz, 161
et 162). Ce qovï ou qowï, "creux", paraît par ailleurs inséparable du qobï, "creux", "vide",
du Quiadyu bilig, et ce n'est pas un basard si, dès le Qutadyu bilig, les mots qïpcaq et
qobï sont associés dans une épitbète double qïpcaq qobï qui s'emploie au figuré et
appa-
remment au sens de "vide" (cf. le dictionnaire de Radlov, II, 659 et 843); pour le
turc qobï, cf. peut-être le mongol yobï, "désert". Ainsi, tout en lisant qabûq le mot
donné par Rasïdu-'d-Dïn, je n'exclus pas la possibilité d'une vocalisation en qabûq.
Quant à la légende qui reliait qïpcaq, nom de tribu, à qabucaq, *qabcaq, etc., "arbre
creux", elle j)eut très bien rapprocher deux mots radicalement différents, et peut-être
qïpcaq a-t-il signifié "steppe" comme le mongol yobi (on paraît avoir ce sens pour qïpcaq
dans une énigme du Codex Comanicus ; cf. éd. Geza Kuun, p. 144, et W. Bang, TJeber
die Râtsel des Codex Cumanicus, dans Site. d. Je. pr. Ah. d. W., 1912, 340), mais l'un
et l'autre ont pris la valeur d'un nom propre, nom de lieu en mongol (le Gobi), nom
de tribu en turc (les Qïpcap). Peut-être est-ce par le sens de "désert", et non par le
nom de la tribu, qu'il'faut expliquer le nom de Qïfëaq que Kasyarï mentionne dans la
région de Kasyar (Brockelmann, p. 247), et on sait que la notion de "steppe" resta si
bien attachée au nom même des Qïpcaq que l'immense plaine de la Russie méridionale
et de la Sibérie occidentale fut longtemps connue sous le nom persan de Dast-i Qïpcaq,
"steppe du Qïpcaq" (cf. les textes cités par Quatremère, Hist. des Mongols, 66—68),
de même que nous "disons "désert de Gobi" pour la plaine de Mongolie. Scbmidt {Gesch.
der Ost-Mongolen, p. 407) dit que les Mongols occidentaux appellent le Qïpcaq "Qabëïq";
en mongol, qabciq signifie "tenailles"; en turc, qabcïq ou qabcuq désigne un "petit sac",
une "bourse"; il faudrait être mieux assuré du renseignement de Scbmidt pour songer à
retrouver dans le "Qapèïq" des Mongols occidentaux un souvenir de la légende qui
rattachait le nom des Qïpcaq à qabuèaq, "creux d'arbre".
2) Le mot en question a donc existé et n'est pas dû à une fantaisie comme le sup-
posait M. Bang dans Marquart, TJeber das Volhstum der Komanen, 1914, p. 160, n. 1;
Marquart (pp. 158—162) a une longue discussion sur le nom des Qïpcaq, et s'élève
282 PAUL PELLIOT.
IX, 2—4: anung kôzi kôk-din kôk-rak erdi; anung sacï muran
usu'ï Ukj, anung tisi iinàl tdg erdi, "ihr Auge war blauer als der
Himmel, ihr Haar wie Bâche und Flùsse, ilire Zâhne wie Perlen"
(Radlov); "ses yeux étaient plus bleus que le ciel; ses cheveux
étaient comme ceux du "euçuk" du fleuve; ses dents étaient comme
des perles" (M. R. N.). Deux mots seulement prêtent à des obser-
vations. M. R. K dit que R.adlov a eu tort de lire kôk-rdk et que
le manuscrit a kôk-yak; en réalité, les deux formes sont graphi-
quement très voisines, mais le mss. a bien kôk-rdk, et il est clair
que kôk-rdk est seul correct. Quant à itsuyï, que Radlov avait bien
lu comme moi dans le manuscrit, il l'a corrigé en ôgiizi. M. R. N.
s'est absolument fourvoyé en attribuant à Radlov une lecture ôkïizi,
et en croyant que Radlov avait songé à un "boeuf du fleuve",
peut-être "hippopotame"; comme la traduction de Radlov le montre,
il a lu ôgiïzi, forme possessive de ôgiiz, "fleuve", mais sa traduction
prête à cette critique qu'elle ne justifie pas une forme possessive.
M. R. N. dit que le manuscrit a en réalité uôsilkid\ dont il ne
sait que faire, mais qui est évidemment à la forme possessive par
rapport à rniirdn. Mais M. R. N. s'est trompé à son tour. Le ma-
nuscrit, de façon absolument certaine, écrit usuyï, qui est la forme
contre une traduction de Charmoy pour un passage où qipcaq est interprété par "désert"
(le texte est en tout cas peu clair, et il faudrait pouvoir le citer autrement qu'à travers
le dictionnaire de R.adlov, II, 880); dans l'énigme du Codex Comanicus, le sens de "désert",
quoi que Marquart en dise, va au moins aussi bien que celui d'"arbre creux"; et Mar-
quait, qui a cité les qipcaq qobï du Quladyu bilig, n'a rien trouvé à opposer à l'inter-
prétation de "vide", "désert", mise en avant pour eux par Radlov. Enfin, on avait
remarqué depuis longtemps l'habitude des anciens historiens arabes de ne pas préfixer
l'article au nom des Qipcaq, autrement dit de traiter leur nom comme un nom de lieu
et non comme un nom de tribu. Ici encore, la tentative faite par Marquart pour en
rendre compte (p. 162) est moins satisfaisante que la simple admission d'un sens primitif
de "désert" qui s'est plus ou moins spécifié en un nom de lieu avant de devenir un
ethnique. Sur les flottements dans l'application du nom de Qïpcaq, et sur des incertitudes
dans sa vocalisation, cf. aussi mes remarques du JA, 1920, I, 147 —150; M. Grum-Grzimaïlo
{Zapaclnuija Mongolïya, III [1930], 170 —172) vient de faire à ces remarques des objections
qui sont en fait facilement conciliables avec mes hypothèses.
SUR LA LÉGENDE DUrUZ-KHAN EN ÉCRITURE OUIGOURE. 283
IX, 7: OÀ aï, a a, ôlàrbiz] "ei ei! ah, ah! wir sterben" (Radlov) ;
"nous serions comme lune (croissant) et arc (courbé)" (M. R. ÏL).
Radlov a évidemment raison, et aï aï, a a sont des exclamations
à caractère d'onomatopées. Même en lisant avec Radlov et M. R. IST.,
contre la lettre du mss., aï aï, yu ya, il est hors de question de
songer à la "lune" et à l'"arc". Aï ai reparaît d'ailleurs à XVI, 8,
et XVII, 1, et M. R. N. y a bien vu alors une exclamation. Sa
lecture olarbïz est en outre condamnée par le fait que, dans tout
notre texte, le verbe "être", "devenir", est naturellement bol-
comme dans le turc ancien et les dialectes orientaux, et non ol-
comme en osmanli. La Ie personne du pluriel des verbes était bien
en -bis en ouigour; cf. ôliirbiz, "nous mourrons", dans T'oung Pao,
1914, 240.
1) Kadlov a les deux fois qirq; M. R. N. lit qïrïq; le mss. a qaraq; cf. supra,
p. 261.
284 PAULPELLIOT.
1) Cf. aussi peut-être l'obscur civiya de Y. "W. K. Mùller, TJigurica III, 8517 et
93;
je ne pense pas qu'on puisse faire intervenir le civgin (opposé à kiivgin) de Kàsyarï
(Brockelmann, Mittelturk. Wortschatz, 57).
SUR LA LÉGENDE D'UrUZ-KHAN EN ÉCRITURE OUIGOTJRE. 287
qalqan, tamya bizgà bolsun buyan, kôk bôri bolsun-yïl uran, tàmûr
jïdalar bol orman, av yerdà yùrùsùn qulan, tayï taluï tayï mûran,
kûn tuy bolyïl kôk qorïyan; "Ich bin nun euer Kagan, lasst uns
Bogen und Schild nehmen, sie môgen uns als Tamga dienen, unser
Bujan rnôge der blaue Wolf sein, unser Uran môge "der eiserne
Speer" sein, im "Walde môge das "Wild leben, die Kulane und die
Talui, und die Musse und die Bâche môgen die Fahne sein. Dies
is der blaue Kurigan" (Radiov) ; "Je suis devenu votre souverain.
Prenez l'arc et le bouclier! Que le "boyau" soit notre tamgha
(empreinte)! Que "loup gris" soit notre mot d'ordre! Lances de fer,
soyez une forêt! Que le gibier et le zèbre courent à l'endroit où
on chasse, dans la mer et dans la rivière! Que la tente bleue soit
comme le soleil!" (M. R. K). Dans ce petit discours que U/uz-
khan prononce à la fin du festin, et qui est annoncé par kim,
M. R. E". a eu parfaitement raison de reconnaître un couplet de
huit vers octosyllabiques rimes; Radlov ne l'avait pas vu puisqu'il
avait introduit de ci de là dans son déchiffrement quelques formes
qui lui semblaient grammaticalement plus naturelles, mais qui ont
le tort de rompre la mesure; en outre la coupe des vers condamne
2 88 PAUL PELLIOX
, ,
les lances dressées de ses soldats lui tiendront lieu de forêt. En-
suite le mss. a ab ijirclir (ou av yirdi). Le plus simple est /peut-être
de corriger en av yerdà comme l'a fait M. R. K, et il faut alors,
sans reprendre le mot gibier, traduire: "Que dans: les territoires
de chasse se .promènent les qul-anl"; les j«i«n ne sont pas des
"zèbres", animaux africains, mais des hémiones (cf., outre Radlov,.
Brockelmann, Mitteltùrk. Wortschatz, 163). J'avoue, toutefois que
ce vers ne me semble pas cadrer, ainsi corrigé et traduit, avec le
ton guerrier de toute la strophe.
Le vers iayï taluï tayï muran est moins clair. Il est singulier
que, dans ses traductions allemande de 1891 et russe de 1893,
Radlov ait cherché dans taluï un nom d'animal, car, dès 1822-,
quand Klaproth avait édité et traduit le vocabulaire sino-ouigour
du Bureau des Interprètes, on avait appris que taluï avait signifié
"mer" en ouigour tardif, tout comme dalaï en-mongol; et" aujour-
d'hui on suit taluï en turc jusque dans l'épigraphie de l'Orkhon
(le manuscrit Schefer a l'orthographe talaï. dans XVIII,- 5; c'est
un mongolisme selon moi). Dans son dictionnaire (III, 888), Radlov
a .-corrigé en 1905 sa version de ce passage, mais en'reliant encore
à mûran le mot initial, mal lu, du vers suivant. -Taluï, bien que
traduit dans le vocabulaire sino-ouigour par v/^ hai, "mer", peut
s'appliquer aussi à une grande masse d'eau courante comme un
grand fleuve; ce sera le cas pour la Volga dans XVIII, 5. Le
môt-à-môt du vers est simplement "et la mer, et le fleuve"; il n'y
a donc pas à faire courir les hémiones "dans la mer et dans là
rivière", comme le dit M. R. K, ce qui serait d'ailleurs pour ces
animaux un exercice singulier. Je suis d'avis de considérer ce vers
en fonction non pas de celui qui le précède, mais de celui qui le
suit,.et ce sera d'ailleurs conforme au rythme selon lequel-les huit
vers forment quatre distiques. Avant de passer, à ce vers suivant,
290 PAUL PELLIOT.
dans Denlcschr. de l'Acad. de Vienne, XXXV, 113; XXXVII, 73; XXXVIII, 161; em-
prunté également dans le persan | X guran (Vullers, II, 1044) et dans le russe leuren!.
.
1) Le Iïoua-yi yi-yu, vocabulaire sino-mongol du début des Ming, rend gûri'àn (=
huriyân) par "enclos" ( |^| --P- k'iuan-tseu), et qorïyan par "cour" ( Kjf- >JAL yuan-lo).
292 PAUL PELLIOT.
1) C'est ainsi que jimalâ-, "accuser", "blâmer", n'a rien de commun avec ci m ala-,
"être insatiable".
2) Ce mot semble isolé en turc, et n'est connu que par ce vocabulaire (cf. le
dictionnaire de Radlov, III, 2 L03) ; il n'est donc pas exclu a priori qu'il puisse être
d'origine mongole, mais en mongol même le mot le plus voisin est cïmal-, "réprimander"
(à ne pas confondre phonétiquement avec jimâlà-, quoiqu'il en ait pu subir l'attraction
sémantique), et il se peut qu'au contraire le verbe mongol cimat- soit emprunté au turc.
Il y a un mot carnyun ou cïmyun, "calomniateur", dans Kïïsyarî (Brockelmann, Mit.
Wortsch., 49, 54); sa parenté m'est inconnue.
20
296 PAUL PELL10T.
\
Uigur. Sprachdmhnàler, p. 293 (le passage tabïraq y tavraq tauraq
est tout à fait parallèle à celui du nom du "lièvre", tab'tsqan \
tavsqan y tausqau). Basïp signifie "ayant écrasé"; il n'y a
pas de
SUR LA. LEGENDE D'urUZ-KHAN EN ÉCRITURE 0U1G0URE. 297
connu jusqu'ici, je crois, que dans des dialectes très occidentaux 1).
L'Altun qa^an ou "Souverain d'Or" est naturellement le souverain
des Kin ou Jucen, qui ont régné dans le Nord de la Chine de
1115 à 1234; mais ce sont par suite les mêmes que les Jùrcât
(Jucen est en fait une mauvaise forme de Jùrcât) nommés dans
XXIX, 9, et que le texte distingue à tort du pays de l'Altun qa^an.
A un autre point de vue, on notera que l'Altun qa^an est placé
au "côté droit", et que, dans XIY, 7, le qa^an d'Urum, c'est-à-dire
du Rûm, sera placé au "côté gauche". Ceci semble indiquer une
orientation face au Word, qui n'est conforme ni à l'orientation face
à l'Est la plus générale anciennement chez les peuples altaïques,
ni à l'orientation face au Sud, que certains d'entre eux ont adoptée
vraisemblablement sous l'influence chinoise 2). Mais il y a là une
1) Le mss. écrit très souvent g(à)nâ; par là même il garde une partie de la tradition
des mss. de Tourfan, où on a très souvent y{a)na [ou y{u)na\ ; cf. par exemple von Le Coq,
Tiïrlc. Manichaica, I, 56.-
2) De même les fils qui sont envoyés à l'Est (XXXVIII, 2) et qui sont placés à
298 PAUL PELLIOT.
XIV, 2—3: kop tCdim alturt kûmûs tartïp, kop telim qas yaqut
tas alup) "ayant offert [en tribut] beaucoup d'or et d'argent, ayant
pris [pour les offrir] beaucoup de jade et de corindons". Le texte
est clair. On notera (il y en a bien d'autres exemples dans le
manuscrit) le participe alup de al-, au lieu de l'usuel alïp] c'est
un aspect de la grande prépondérance de u sur ï dans le manuscrit
Schefer. Pour qa\ le manuscrit n'a ni la forme, ni les deux points
du s, et le déchiffrement de Eadlov porte qas. tout en traduisant
par "jaspe" (lire "jade"). M. R. N. a préféré adopter qïs - qïz,
"fille", et c'est ce que donne sa traduction, bien qu'en note il ad-
mette la possibilité qu'il s'agisse du jade, auquel cas, selon lui,
qas ou qaz serait la forme ancienne de qas] enfin "jade" serait,
selon M. P. N., la "pierre de bague", en ancien turc yôd. Il y a
là pas mal d'erreurs. Les "filles" sont tout à fait hors de place
au milieu de ces métaux et de ces pierres, et il s'agit certainement
cle jade. Si le manuscrit écrit qas (ou qaz) au lieu de qas, on
droite (XLI, 7) sont les "Bozuq" qui régneront dans l'Est, au lieu que les fils envoyés
à l'Ouest (XXXVIII, 3) et qui sont placés à gauche (XLI, 8) régneront dans l'Ouest.
Ici le placement à droite et à gauche pourrait provenir seulement de ce que la droite
était considérée comme la place d'honneur, mais on est frappé de voir que la même ré-
partition se retrouve pour les troupes de "droite" et de "gauche" données aux fils d'Uyuz
d'après ltasîdu-'d-Dïn.
SUR LA LÉGENDE D'ur[JZ-KÏÏAN EN ÉCRITURE OUIGOURE. 299
Pour ce qui est du yat, yada ou jada, je voudrais encore formuler quelques remarques.
En premier lieu, d'après les textes chinois de l'époque mongole, tout comme d après le
§ 143 de YHistoire secrète des Mongols,
Jada n'est pas en soi le nom de la pierre, mais
celui du procédé magique qui amène le vent et la pluie; il en est de même pour son
verte dénominatif jadala-, "faire naître le vent et la pluie"; malgré le ^Regenstein" de
M. Brockelmann, c'est bien aussi la divination par la pierre, et non la pierre
elle-même,
("Tûsi" pour Jôci, etc.). J'incline donc à admettre qu'il a bien employé y ai, qui serait
ainsi attesté, comme prononciation dialectale de y al, dès le XIII" siècle. Les formes
yat et yaicï de Kâsyarî sont toutefois confirmées par le yadcï de F. W. K. Mûller,
TJigurioa II, 84. Dans ce dernier texte, Mûller a rattaché à yadcï, comme une épitliète,
les mots précédents, luu bntnrgiicï, "qui fait lever les naga", et cela l'a amené à parler
d'un rite probable de Schlaugenbeschwôrer analogue au ah.iguntjdka des jataka. Comme
il s'agit d'une énumération de dix-huit conditions pécheresses (ïïsrava), M. BaDg {Znr
Kriiik und Erklàrung der Berliner TJigur. Turfanfragmenle, dans Sitzungsberichte de
l'Ac. de Berlin, 1915, 623—624) s'est demandé si, pour arriver au chiffre de dix-huit,
il ne fallait pas séparer luu ôntiïrgiïci de yadcï; mais cette hypothèse entraîne aussi à
dissocier ensuite le groupe qïnayucï amgâtynci qui n'a cependant qu'un même complément
et à séparer cantal {candcda) de kisi ôlurgiici, "tueur d'hommes"; c'est assez peu admis-
sible. Il me paraît plus vraisemblable que l'énumération soit incomplète (je ne lui con-
nais malheureusement pas de parallèle) et que le yadcï fasse bien "lever les naga".
Dans cette hypothèse, qui était celle de F. W. K. Mûller, on pourrait bien admettre
que les naga, selon le terme hindou, ou, à la chinoise, les dragons n'interviennent ici
qu'en tant qu'ils sont les agents des perturbations atmosphériques. Mais un des textes
cités par M. Mehmed Fuad paraît autoriser une interprétation plus concrète, puisqu'un
serpent véritable y joue précisément un rôle dans la cérémonie magique à laquelle se
livre le yadacï. [Eu parlant plus haut d'une énigme du Codex Comanicus, j'ai accepté,
sous réserves, l'explication de M. Bang qui explique le mot bey de la solution par une
"jument" qui met bas un poulain. Le mot existe en effet sous des formes dialectales
qui vont de bà (M?) à pa, pi, pili, bià, biyà; on a déjà bi dans Kâsyarî (Broçkelmann,
36; je ne pense pas par contre qu'on puisse en rapprocher bcldau, "stérile", "brehaigne",
comme le fait M. Bang); et on voit bien, par le "klunlagan" (= qidunlayan) qui suit,
ce qui amené M. Bang à proposer cette solution. Elle se heurte cependant à trois diffi-
cultés: 1° On voit mal le rapport entre l'énigme et sa solution; mais le cas est assez
fréquent. 2° Le mot bey, dans les deux parties du Codex Comanicus, a partout (sauf
éventuellement dans cette énigme) le sens de "seigneur" (<^ bïicj); ce peut être un cas
d'homophonié. 3° Dans la première partie de l'ouvrage, et c'est là la raison principale
de ma remarque, il y a pour "jument" un mot qu'on n'a pas reconnu et qui n'est pas
"bey". Parmi les noms d'animaux de la p. 127 de l'édition de Kuun, après le cheval
et le lion, et avant la mule et l'âne, on lit: leopardus, en persan madian, en coman
chestrac; Kuun a accepté ce sens de cliestrac dans son index (p. 271), Radlov a rétabli
qïstrac (Das iiirk. Sprachmaterial des Codex Comanicus, p. 28), et ce nom "coman" du
"léopard" a été recueilli dans son dictionnaire (II, 816). Mais le persan madian, comme
l'a vu Kuun (p. 347) et bien qu'il ait gardé l'équivalence "léopard", est évidemment
lolo mâdiyân, "jument", et dès lors il est clair que le coman "chestrac" (= qïslraq)
.
est identique à qïsraq, "jument"; c'est une erreur de copie qui aura donné, sous "léopard",
les noms persan et coman de la "jument". Ceci ne ruine d'ailleurs pas l'explication de
M. Bang, car Kâsyarï (Broçkelmann, 156) interprète qïsraq par "jeune jument", et
plusieurs dialectes modernes (ceux qui n'emploient pas en ce sens baïlal) ont gardé
trace de cette spécification. Au contraire, bi, bâ, etc., s'applique à une jument adulte,
qui a eu un ou des poulains, et ce serait précisément le cas dans l'énigme. En consé-
quence, et sans garantir l'explication de M. Bang, je la crois très probable.]
302 PAUL PELLIOÏ.
donc amené à conclure que, ici comme plus haut pour tartqu tartïp
(XIII, 2—3), le rédacteur a mal employé des mots ayant un sens
protocolaire 1).
194 et 210) ont rencontré un verbe qu'ils lisent suyurqa-; il est associé à irinckà- (erincka),
"avoir de la compassion", et doit en être un synonyme. Ils l'ont retrouvé,
avec le même
sens, dans le Stivar/japrablutsa, une fois seul, une fois associé également à arincka-, mais
les deux fois écrit 1 suyurqa-, Cette initiale 1s- ne se rencontrant guère,
que dans des mots
d'emprunt, et surtout d'emprunts au chinois, nos confrères ont considéré
comme certain
que suyurqa- on tsityurqa- représentait le chinois 3-12 1s 1eu, "compassion", plus un suffixe
verbal -ïrqa-, -urqa-, et ils ont fait à nouveau état de cette dérivation dans leurs
UiguriscJie Stvdieit, Vngar. Jalirbih-Jwr, X, 205); ils n'ont rien dit de
soyurya-, "octroyer".
En réalité, la dérivation proposée se heurte à des difficultés phonétiques
assez sérieuses,
car 22 tseu est *chci, c'est-à-dire que le mot n'a jamais comporté de voyelle labiale,
et, jusque vers l'an 1000, il s'est prononcé avec initiale
sonore. La seconde objection
ne vaut naturellement pas pour un mot qui serait emprunté vers l'an 1800 par exemple;
en fait, la traduction ouigoure même du S/rearnaprab/iûsa, qui paraît dater environ de
ce moment-là, transcrit Getse ou Getso le nom de ;É|E j|& Yi-tsing et samtso le titre de
—- psj£ snn-tsang (cf. F. W. K. Mùller, TJigurica, 14—15, où l'interprétation de Kitsï
[= Getse] par ïue-tche est à abandonner, et Radiov et Malov, Siwarjjaprabliâsa,^.i\);
or le tsing de Yi-tsing et le tsang de san-tsaug sont à anciennes sonores initiales; mais,
pour un emprunt ancien, il faudrait citer des exemples de transcriptions de
ce type 1s-
avec des mots dont l'initiale sonore n'était pas encore assourdie. Par ailleurs, je
ne vois
pas de raison pour que la voyelle de ts'eu (*dzci) se soit labialisée dans
un emprunt turc.
Enfin suyurqa- peut aussi bien se transcrire soyurya-, et
on hésite à séparer les deux mots.
Soyurya-, "accorder une faveur", ne se trouve pas dans Rasyarï, mais
est néanmoins assez
SUR LA LÉGENDE D'urUZ-KHAN EN ÉCRITURE OUIGOURE. 303
XIV, 5—6: yaqsï bàgil (?) birlà dostluy qïldï, "durcli treffliche
Fùrsten (Gresandten) schloss er mit ilim Freundschaft" (Radlov);
"il a noué des relations d'amitié avec son grand bey" (M. R. K).
Ces traductions me paraissent très peu probables en tant qu'elles
voient dans bâgù (M. R. K lit à tort ici bigiï) le mot bàg, "chef",
"beg", qui n'est attesté nulle part avec un -il final, et que le
manuscrit mentionne à plusieurs reprises sous les formes beg, bclg.
On a de même dans XXII, 6—7, begiï berip dostluy-dïn cïqmas tur,
ce qui a été traduit comme suit: "Wenn der Fùrst gibt, so verlâsst
er nicht die Freundschaft" (Radlov), et "Je ne sortirai pas de
l'amitié en vous donnant [un] bey (il devra être gage)" (M. R. N.).
M. R. N., qui n'avait rien dit sur le premier passage, a en effet
sur le second une note où, hypothétiquement. il met en avant le
mongol bàki, "beaucoup", mais se prononce en faveur de "bey";
le personnage aurait "donné" un "bey" en otage. Si le sens avait
été satisfaisant, on aurait pu à la rigueur voir dans bcigû une forme
ancien en turc, puisqu'il est employé dès le Qutadyu bilig; on le connaît en coman
(Cod. Com., 2155 : "soyurgadi") et en osmanli; le substantif dérivé soyuryal, "faveur",
est attesté en coman (Cod. Com., 2042: "soyurgal", traduit par gratis) et en Jaghatai;
cf. aussi W. Bang, Beitràge zur Erklarung des homanischen Marienliy mnus (Nachr. d. K.
Ges. d.Wiss. eu Gôitingen, 1910, 62; la mauvaise lecture de Radlov que dénonce M. Bang,
et que Radlov n'a d'ailleurs pas recueillie dans son dictionnaire, lui avait été inspirée,
semble-t-il, par une mauvaise remarque de Pavet de Courteille dans JA, 1878, II, 213—214).
Le mongol emploie de même soyurya-, soyuryal et toute une série de dérivés, dont le
nom Soyuryaqtani de la mère de Mongka et de Kbubïlaï. Le persan des Mongols de
Perse a connu de même \\_£ l'abstrait persan ^iXjuoLc <y-w soyuryamisi
v^w soyuryal et
(cf. Vullers, II, 353 et 376). Le Qidadyu bilig prouve que soyurya- était employé en
turc dès la fin du XIe siècle, mais je ne suis pas sûr que le substantif soyuryal, vu sa
dérivation, ne soit pas, même en coman, un mongolisme. Si une étymologie chinoise de
suyurya-, tsuyurqa-, "avoir compassion", se confirmait, on pourrait naturellement en
proposer une analogue pour soyurqa-, dont l'équivalent chinois régulier est Bji ts'eu ou
sseu (*sie) ; maisj'avoue conserver des doutes dans les deux cas. Il ne me paraît pas
exclu que suyurqa- (soyurya-), "avoir pitié", soit identique à soyurya-, "accorder une
faveur", par une évolution sémantique analogue à celle qui fait que yarliqa- ou yarliya-,
"ordonner", signifie aussi "se montrer bienveillant", "se montrer compatissant". Il resterait
à expliquer le ts- de tsuyurya-; peut-être est-ce une notation dialectale (mongolisme?),
sans valeur étymologique.
304 PAUL PELLIOT.
1) Cf. F. W. K. Miiller, Zwei PfaMinschrifien, p. 11, et, pour la date, mes remar-
ques du T'oung Pao, 1929, 254.
SUR LÀ LÉGENDE D'urUZ-KHAN EN ÉCRITURE OUIGOURE. 305
sens. Ainsi, après avoir fait amitié (dost, mot persan), les person-
nages visés "furent en affection".
XV, 2—3: qataqlayu barmaz erdi; "er ging nicht um sich ihm
anzuschliessen" (Radlov)- "il n'allait pas chez lui; il se retranchait
dans un endroit escarpé (inaccessible)" (M. R. N.). M. R. N. dit
1) Radlov (III, 11 et 153) indique deux formes différentes pour le "taranci", y ail
et ijTd, et renvoie en outre, sous cette dernière, au yakout siii.l; personnellement, j'ai
entendu yal dans tout le Turkestan chinois. Dans la partie imprimée de son dictionnaire
ouigour (col. 84), Radlov cite en outre un adjectif "y'dillik", "ayant une crinière", avec
une indication de source "4 D. 8" dont le sens m'échappe.
2) Dans le vocabulaire arabo-mongol de Leyde, le terme "loup à crinière" désigne
l'hyène; cf. Poppe dans Izv. Ak. Naulc, 1928, 56.
310 PAUL PELLIOT.
1) Si c'est bien là le mot douteux des JJigur. S-prachdenkmàler, 5840, il faut le lire
qïdïy, à raison même de qïyïg et qïyï, et non qïiïy comme M. Malov l'a transcrit p. 282.
Kïïsyarî a correctement qï'Sïy, "rive" et "bord" (Brockelmann, Mitlelliirk. JForl.sc//al's, 153).
Pour le sens, cf. aussi le mot mongol correspondant Icijaar (<^ *qïdïyar?), "frontière",
"rive (d'un fleuve)".
SUR LA LEGENDE p'uruZ-KHAN EN ÉCRITURE OUIG-OURE. 311
être surtout ici ceux des non-combattants restés au pays, les fem-
mes y compris, quand ils apprennent la mort de tant de guerriers;
même à l'armée, les el seraient à mon sens les non-combattants
Jciin
encore swy, dont la forme possessive est par suite suvï (la spirante
finale a laissé une trace même dans l'osmanli où le cas possessif
de su est suyu, et non *susu). Mais le -v- spirant intervocalique
était en voie d'amuissement et aboutissait presque à un hiatus
intervocalique, c'est-à-dire à ce que l'usage mongol, dans l'écriture
otligouro-mongole, a été de noter par un -y- en fonction de -'-.
Nous avons donc ici, dans suyï - su'ï <( suvï, l'équivalent exact
pour la semi-voyelle labiale de ce que nous avons rencontré dans
I, 5, avec cïrayï = cïra'ï \ cïrayï, pour la semi-voyelle palatale
(le -y de suy en sor, etc., est certainement d'apparition secondaire
que nous avons ici, et qu'il faut comprendre: "La lutte et le combat
furent tels que l'eau du fleuve Edàl en devint toute rouge, comme
du cinabre".
aux formes arabisées, donc à ziwj&fr, appuyé aussi par les 1 formes de l'osmanli, zinji.frâ
et zanjifi-à. Mais il est intéressant de voir que le Codex Comanicus donne pour le persan
une forme qui s'accorde avec le *singàfr que j'avais supposé dans ma note de 1926,
c'est-à-dire où la' métàthèse qui a abouti au persan actuel scmgàrf « *singàrf) ne s'était
pas encore produite. Je considère le "zincfàr" de Radlov comme mal vocalisé; il ne l'a
d'ailleurs pas recueilli dans son dictionnaire. La métàthèse *Hngàfr > persan sàuyàrf
est la même qui, en face d'avest. vafra-, pehlvi vafr, kurde va.fr, afgban vUvra, "neige",
a donné persan- barf (cf. aussi "saka" baura, "neige", dans Sten Konow, Saka versions
of tké Bhadrakalpilcâsûtra, Oslo, 1929, in-8, p. 14); et précisément c'est la forme bafr
{"bâfre'''') qui existait dans le dialecte persan que note le Codex Comanicus (pp. 40 et 82).
316 fAÏÏL PELLIOT.
niais l'édition publiée à Kazan par Fraehn portait TJyuz han baMï (cf. Radlov, Bas
KudatMi bilik, I [1891], p. xxxii; je n'ai pas l'édition de Fraehn). Comme le verbe
n'est pas accompagné d'un complément, au lieu qu'on en attendrait un avec baslï, je
pense qu'Abû-'l-G-hazï avait gardé ici le làstï du teste primitif.
318 PAUL PELLIOT.
Il est tout à fait gratuit de chercher dans ce prétendu "Tarang muràn" le Dnieper,
1)
comme l'a fait hypothétiquemeut Marquart, JJeber dos Volkstum cler Komanen, 145; à la
p. 159, Marquart a reparlé d'un fleuve Tarang qui ne doit pas provenir d'une source
différente et est donc également à supprimer.
SUR LA LÉGENDE D'ùfUZ-KHAN EN ÉCRITURE OUIGOURE. 319
1) C'est la même construction billûg bol- de ces passages que nous avons aussi ici,
d'après le mss. lui-même; Radlov et M. R. N. ont lu à tort billûg bilà-màn.
SUR LA LÉGENDE D'urUZ-KHAN EN ÉCRITURE OUIGOURE. 321
XXIII, 2—3 : anung ûcùn, "à cause de cela". Telle est bien
la leçon du mss., et non anung icûn comme le donne M. R. X.
(qui dans d'autres passages transcrit ucun, à la classe non palatalisée).
de cas (pour des exemples .ouigours, cf. par exemple T'oung Pao,
1914, 246, ou Radlov, Tisastvustik, p. 5 [20&8]). "Du côté de l'Edàl",
ainsi obtenu, signifie vraisemblablement "de l'autre côté de l'Edâl".
XXIV, — 7:
6 aï aï sein mn tu bàg bolung, Qïpcaq tâgân sàn
bàg bolung; "Àh! ah! sois bàg ici (?) ; sois un bâg appelé Qïpcaq!"
Dans le premier membre de phrase, Radlov et M. R. X. ont lu
mân tàg, et traduit par suite "sois bâg comme moi" (cf. aussi le
dictionnaire de Radlov, II, 844—845). Ils peuvent à la rigueur
avoir raison, mais TJyuz n'est pas bâg, il est qayeen; l'analogie du
muntï de XXVIII, 2, m'amène à compléter ici en mun-tu, et à y
voir le mot signifiant "ceci, ici" (cf. T'oung Pao, 1914, 268).
Dans le second membre de phrase, je n'ai pu distinguer la dési-
nence du dernier mot sur le mss., mais le contexte veut plutôt
que ce soit le bolung de Radlov que le bolsun de M. R. X.
Devant bolung, Radlov a lu tâp et M. R. X. tàg; je ne puis lire
que bàg; en outre M. R. X. a ajouté après tâgân un mot josun
qu'il dit oublié par Radlov, mais qui résulte de quelque inadvertance,
car il n'y en a pas trace dans le mss. En somme, il s'agit ici de la
désignation du bàg des Qïpcaq, et on remarquera que, conformément
à la tradition qui s'attachait à leur nom, c'est à propos d'arbres
qu'il est question du bàg des Qïpcaq; mais c'est à une autre occa-
sion (cf. supra, p. 280) que le nom même de qeibuceiq, "arbre creux",
par lequel on explique ordinairement Qïpcaq, est donné dans notre
texte. Il n'est pas invraisemblable que nous ayons ici affaire à une
légende déjà altérée et qui a dédoublé les épisodes.
XXVI, 5—6 : ûzà ùstûndà tong tayï muz-lar turur; "auf dem-
selben war Eis und Schnee" (Radlov); "il y avait de la glace et
326 PAUL PELLIOT.
du gel à son sommet" (M. R. K). Le mot intéressant est ûzâ, que
M. R. N. a transcrit uôyse" (ce qui ferait *ôi$à dans mon système
de transcription), mais dans lequel il a bien reconnu le ozâ ou ûzâ,
"en haut", qu'on rencontre déjà dans l'épigrapkie de l'Orkhon. En
réalité, nous avons là un second exemple (après celui de sôrmà-
cf. supra, p. 260) de la survivance, dans l'écriture ouigoure de
notre manuscrit, de la notation de la voyelle labiale mouillée, en
syllabe initiale, au moyen d'un i placé après cette voyelle l). Le
mot uzii signifie normalement "sur", et par suite "en haut". Le
vocabulaire sino-ouigour du Bureau des Interprètes donne un terme
signifiant "toujours", et qui irait bien ici si le mot
usa, (= iïzci?)
était placé devant turur au lieu d'être au début de la phrase. Le
texte parle de "gel" (tong) et de glaces (inuzlar)] la "neige" de
Radlov n'est pas dans le texte du présent passage.
XXVII, 1—2: càrik-clà bir bàclàk qayas er bàg bar erdi; "bei
dem Heere befand sich ein hoher Kagan einHelden Fùrst" (Radlov);
"il y avait un grand bey héroïque et savant dans l'armée" (M. R. 1ST.).
Au lieu de qayas, Radlov et M. R. N. ont lu qayan, et Radlov
a traduit bravement en conséquence; M. R. N., au prix d'une tra-
duction dont le mot-à-mot échappe (avec qayan = héroïque et er -
savant?), a évité du moins de dire qu'un des bàg d'Uyuz était un
"grand qayan". Le prétendu mot qayan n'a pas de point sous n
dans le mss., et la lecture normale est donc qayas (ou qaqaz?),
"brave", "valeureux"; cf. à ce sujet supra, p. 268. Badàk est pour
bàdùk, "grand", "haut"; mais je considère que, placé devant un
adjectif, bàdilk forme un superlatif (comme yaqsï, sur lequel cf.
supra, p. 318) et que bàdilk qayas signifie "très valeureux". Quant
à er, je le joins à bàg; il y avait "un homme-6%", un bàg qui
était vraiment un homme, vraiment un guerrier, et le très valeu-
reux porterait sur cette sorte d'expression composée. Je traduirais
donc: "Il y avait dans l'armée un &â^-héros très valeureux".
23
328 PAUL PELLIOT.
1) KUUD (p. 143) et Radlov (I, 358) écrivent alang-hdan; mais cf. Bang, TJeber
die Ticithsel des Codex Cumanicits, 338.
SUR LA LEGENDE D'UTUZ-KI-IAN EN ECRITURE OUIGOURE. 329
onga) se trouve, écrit de même bG3! onga (ou ongà\ dans le voca-
bulaire arabo-turc d'Ibn lluhannâ"2), où il traduit l'arabe *Jio^
mustaqïm. M. R. N. rend ce dernier terme par "droit", "tout droit
(au sens physique)", mais le mot arabe signifie aussi "droit", "fidèle"
au figuré, et en outre, à raison de l'idée de quelque chose de droit,
"ferme", "inébranlable". En commentant les mots obscurs
ou nou-
veaux d'Ibn Muhannâ, M. Malov {Zap. Koll. Vostokovedov, III [1928],
232) a rendu onga par "juste", "fidèle", et a cité un autre exem-
ple du mot dans un texte en écriture ouigoure tardives) ; mais,
comme Radlov n'avait pas recueilli le mot de la légende d'U^uz
dans son dictionnaire, le présent passage s'est trouvé échapper à
M. Malov. Toutes nos citations n'employant onga (ou onga) qu'au
1) L'explication de btdang par bulya- crée une autre possibilité pour le mot précé-
dent. Le verbe bulya- est souvent associé à un verbe tiilgâ- (cf. F. W. K. Mùller,
TJigurica III, 2414; Brockelmann, Mitteltiïrk. Wortschaiz, 202); il y a dans notre texte
au moins trois exemples où c- (_/-) a pris indûment la j'iace de i- ; en lisant *iMlàmg
bulang, *tâlang serait à t'ilg'd- ce que bulang est à bulya-. Talang est également possible
(de tala-, "détruire", "piller"), et M. Deny me signale alan-talan en osmanli.
2) Ed. de Constantinople, 188; le mot est de ceux qui ne se trouvaient pas dans
les manuscrits utilisés par Melioranskiï pour son édition (p. 83).
3) Cf. Radlov, Mn uigurischer Text ans déni XII. Jahrhundert, dans Izv. Im.p. Ak.
Nauk, 1907, 377—394, surtout à la p. 382. Quelle que soit la date de composition
du texte dont parle Radlov, l'orthograplie en est très postérieure au XIIe siècle. Le
texte en question est celui qui est connu sous le nom encore incertain de Hibet-ul-/iaqâiq,
et dont M. Deny s'est occupé dans son article de 1925 sur Un traité de morale en turc.
Sur l'incertitude de la date de composition (circa 1100?), cf. Deny, pp. 208, 214—215;
sur l'écriture, ibid., 215 — 217; le mss. ne note pas la mouillure des voyages labiales
en syllabe initiale.
330 PAUL PELLIOT.
1) En tout cas, les oiuja d'Ibn Mulianna et du présent teste ne paraissent pas être
en faveur de la transcription ong-a qui a été adoptée par M. Deny, Joe. cil. 193.
SUR LA LÉGENDE D'urUZ-KHAN EN ÉCRITURE OUIGOURE. 331
1) Radlov n'a pas recueilli le mot dans dictionnaire; je ne sais s'il est fon-
son
cièrement identique à qaï'tq, "ciel", l'idée commune étant celle de
ce qui est élevé, ce-
vers quoi on monte; le dictionnaire de Radlov (II, 241) donne des exemples de qalïq,
"sauf où il a dû avoir ses raisons pour traduire ainsi, mais où
, un esprit, non prévenu
a l'impression qu'il pourrait bien s'y agir des "étages" des cieux.
SUR LA LÉGENDE D'urUZ-KHAN EN ÉCRITURE OUI GOURE. 335
XXIX, 8—9: tarla'u-sïz bir yazi yer erdi] "es war eine zum
Ackern geeignete Ebene" (Radlov); "c'était dans une plaine où il
y avait des champs à cultiver" (M. R. N.). Radlov, suivi par M. R. N.,
1) Le mss. mongol récemment retrouvé qui contient, fort altérée 'd'ailleurs, environ
la moitié du teste mongol original de l'Histoire secrète des Mongols, écrit toujours on
presque toujours Tûmûliin pour Tamûlùn, Tûmùjin pour Tâmiïjin, etc.
336 PAUL PELLIOT.
XXXI, 3—4: at qa'atïr ucl azlay boldï, "les chevaux, les mules,
les boeufs furent trop peu nombreux". Je ne sais pourquoi Radlov
n'a pas enregistré dans son dictionnaire azlay ou azlaq, qui a été
conservé dans le passage d'Abu-'l-Grhazï correspondant à celui-ci.
SUR LA LÉGENDE D'urUZ-KHAN EN ÉCRITURE OUIGOURE. 337
Le mot qa'atir est écrit qayatïr; c'est qâtïr, "mule"; le cas est le
même que plus haut avec qa'ar, tdarn, etc.
1) Des deux autresl'un est Àniidkàk, qui remonte à une forme iranisante *Endàkàg
du nom de l'Inde; l'autre s'écrivait en écriture ouigoure Indu, mais se prononçait Hindu,
comme le montrent les nombreux noms d'hommes "Hindu" qu'où rencontre à l'époque
mongole en transcription persane ou chinoise.
SUR LA LEGENDE D'urUZ-KHAN" EN ÉCRITURE OUIGOURE. 339
1) Baraqa est assez vraisemblablement une forme plus ou moins altérée de Baraq.
Sur la formation possible de ce nom ("les Velus"?), cf. le dictionnaire de Radlov, IV, 1477;
Marquart, TJeber das Volksium der Komanen, 146 ; Brockelmann, dans Asia Major, II, 120,
et Miileltiïrk. WortscMts, 31. Le nom a peut-être passé dans l'onomastique mongole.
Il y a en effet un prince de la branche de Cayataï qu'on appelle généralement "Bôraq"
ou "Borrâq", mais cette vocalisation, due à l'influence de l'islam, n'est garantie par rien,
et a contre elle le "Barac" de Marco Polo et la transcription cbinoise J\ W|J Pa-la
du cb. 107 du Yuan che, laquelle suppose Baraq. La même correction en Baraq de la
fausse lecture "Buraq" ou "Berraq" a été faite pour un personnage de l'entourage des
340 PAUL PELLIOT.
ilkhan par M. Kôpriilùzade Mehmed Fuad dans son article Influences du chamanisme
iurco-mongol sur les ordres mystiques musulmans {Mém. de VInst. de iurcol. doe VTJniv.
de Stamboul, Nne Série, I [1929], pp. 14—15). Dans son e'dition de l'Hisl. des sultans
mamlouks {Patrol. orientalis de G-raffin et Nau, XX, i, 177), M. Bloehet a proposé pour
le nom de Barâq une série d'étyrnologies, pour s'arrêter à baraq, "homme", qui appa-
raîtrait dans le "turc oriental y^o! [, barakh-sin "unique", de barakh, "homme", avec
le suffixe mongol-turc -soun". Ce soi-disant mot baraq, "homme", n'est, à ma connais-
sance, donné nulle part, et j'ignore où M. Bloehet a pris son orthographe en écriture,
arabe de baraqsïn, "unique", en "turc oriental". Ce dernier mot, au sens de "tout seul"
et surtout de "pauvre", "misérable", est mentionné seulement par Radlov (IV, 1147)
sous les formes 'paraqsan et paraqsm dans quelques dialectes de l'Altaï, et il a tout l'air
d'être emprunté au mongol baraqsan, participe passé passif de bara-, "épuiser".
SUR LA. LEGENDE D'urUZ-KHAN EN ÉCRITURE OUIGOURE. 341
XXXV, 6—7: aq saqalluy m[o]z (?) sacluy uzun uzluy bir qart
km turur bar erdi. "il y avait un vieil homme, à la barbe blanche,
aux chevreux gris (?), à l'expérience longue". Le mot qart. "vieux",
est connu dans de nombreux dialectes, du kirghiz à l'osmanli, et y
compris le coman et le tartare de Kazan, mais non pas en ouigour
qui employait qari'; mais précisément nous avons ici la trace d'un
remaniement dialectal du texte, car, dans XXXVII, 9, c'est bien
le mot ouigour qari qui s'est maintenu 2). Le seul mot douteux
du passage est celui que Radlov a lu mor et M. R. X. moz] tous
deux ont traduit par "gris". Mais mor est un mot osmanli dont le
sens est "violet" (cf. à son sujet Bang, Tilrlc. Lehnwort., 18);
M. R. X. dit que moz est le même que boz, "gris". Moz
= boz
1) Dans son dictionnaire ouigour (col. 167), Radlov cite à denx reprises un passage
du Suvarnwprablïâsa, 1877, où il lit àr tuzïn àrànlàrig ioruliurdaci, qu'il interj)rète par
"der das Salz (?) der Mânner, die Helden zur Ruhe gebracht habende". Mais àr se rap-
porte à l'expression précédente (ôz ihgsiz àr= ïH£ \ ~~[~" wou-chang-che, "héros sans
supérieur", amdtara) et tuzïn àrànlàrig ioruliurdaci traduit Sljj3 Àm) ~yT ~7C tiao-yic
tchang-fou, "qui dompte et conduit les mâles", purusadamf/asâratM. Le "sel" me paraît
exclu, et iuzin, instrumental de lus ou ioz, ne paraît pas donner de sens. On peut songer
à tiiz-in, instrumental de liiz, "uniformément" (?), mais je lirais presque aussi volontiers
iuzûn; même ailleurs que dans notre mss., tiïziin, "excellent", est souvent associé à àr
(cf. par exemple von Le Coq, Tûrk. Manichaica I, 512, 620).
.
2) Cette lecture de Radlov a le tort de s'écrire en écriture ouigoure tardive comme
dusman,. "ennemi", si bien que M. R. N. a "cru que Radlov adoptait cette dernière forme.
Le mot employé pour "rêve" dans XXXVI, 6, et XXXVII, 2, est le mot turc ordinaire
tus, mais la forme usuelle du ouigour de Tourfan semble avoir été tiil (le verbe restant
iiisa-, "rêver"); cf. F. W. K. Mûller, Uigurioa II, 108; Radlov et Malov, Suoarnupra-
bhâsa, 572^°, 62017—]b; TJigurische Sprachdenkmaler, 300.
23
344 PA.ULPELLIOT.
"Mes fils,' j;ai beaucoup vécu; Des combats, j'en ai beaucoup vu. —
—
Outre (?) la lance, j'ai tiré bien des flèches; — Avec mon étalon, j'ai
beaucoup parcouru. — J'ai fait pleurer bien des ennemis;
— Et j'ai
fait rire mes amis. — J'ai fait mon dû envers le Ciel bleu; — Et à
vous je donne mon pays."
en vers 2).
-
point de vue de. M. Marquart (Ueber das Volksium der Ko-
1) C'est également le
manen, 142—146), mais je ne puis le suivre dans le détail de sa théorie où il veut
que chaque passage des campagnes d'Uyuz se rapporte, noms compris, à une campagne
de G-engis-khan ou de ses généraux.
2) N. A. Aristov, Zaméthi ob êtniceskom sostavé iyurkskikli plemèn i narodno&tëi,
dans Zivaya Starina, VI [1896], 418.
3) Ueber das Volksium der Komanen, 142.
4) Compte-rendu du travail d'Aristov, par Bartol'd, daDS ZVOIRAO, XI [1899],
347 n. 3. M. R. N. (p. 8) dénonce à son tour par un point d'exclamation Tépithète
de ouigoure appliquée par Radlov à la légende du mss. Schefer.
352 PAUL PELL10T.
1) La traduction T*Q 4jm yu-pei, "préparer", ne laisse pas de doute sur le mot visé,
.
mais le vocabulaire est fautif en ce que V-r- est omise en écriture ouigoure, et a été
.
omise, également dans la transcription phonétique chinoise JrX, ïfl) J=|f tcha-tou-isouen.
La- transcription montre du moins que le transcripteur admettait des j- en ouigour et
prononçait en -z- les finales verbales en -suri {-zim) ; cette prononciation en -sun nous
est d'ailleurs bien connue dans les textes ouigours anciens. Le même verbe yaplnr- se
rencontre dans- le mss. Schefer, et y est précisément écrit japtur- (XI, 2). Radlov a
oublié d'enregistrer le verbe causatif ouigour ijaptur- dans son dictionnaire, mais il a
pour d'autres dialectes yaptïr- et japi'ir-.
2) Dans son livre Les peintures des mss. orientaux de la Bibliothèque Nationale
(Paris, 1914—1920, in-4, publié pour la Société française de reproductions de mss. à
peintures), M. Blochet a dit (p. 237) que le "manuscrit de l'histoire d'Oughouz est
...
certainement postérieur au XVE siècle, vraisemblablement du XVIIIe siècle", puis, à la
p. 273, indique; sans restriction, que cette "histoire d'Oughouz" a été "écrite en ouighour,
au XVIIIe siècle". M. Blochet utilise cette datation tardive pour montrer que l'écriture
ouigoure n'a pas disparu d'Asie Centrale au XVe siècle, et il affirme, sur la foi de
Vâmbéry, que l'écriture ouigoure "était encore utilisée dans le pays turc au milieu du
XIXe siècle". On lit de même, dans Les peintures orientales de la collection Possi
{Bull. : de la Soc. franc. d,e reprod. de mss. à peintures, 12e année [1928], 13): "Vâm-
béry, dans ses Cagalaisch-e Studien, qui connaissait parfaitement la question, s'est porté
354 PAUL PELLIOT.
garant de ce fait que cette graphie [= Vécriture ouigouré] était encore usitée dans les
villes telles qu'Aksou, Karashar, dans la seconde moitié du XIXe siècle, sous la plume
évidemment des mollas, qui constituent l'aristocratie intellectuelle du monde musulman
dans ces contrées lointaines." Le texte invoqué est celui des Cagalaische SpracJisladieti
(Leipzig, 1867, in-8), pp. 2—3; il suffit de le lire pour voir que Vambéry "ne con-
naissait pas parfaitement la question". Vambéry parle du Turkestan chinois, où il n'est
jamais allé, et y distingue la langue turque de la population sédentaire et le dialecte turc
parlé par les nomades habitant "dans les vallées des Monts T'ien-chan et en Dzoungarie".
Une grande partie de ces derniers, dit-il, professe le bouddhisme et le chamanisme, et
se servent des signes d'écriture apparentés à ceux de l'écriture mongole et
qu'en Asie
occidentale et en Europe on appelle ouigours. "Des mollah de Kàsyar [d'où le "Karashar"
de M. Blochet] et d'Aqsu, qui séjournent chez les dits nomades pour y faire oeuvre de
propagande, se servent encore aujourd'hui de la même écriture " Vambéry ajoute que,
parmi ses compagnons de voyage, il eut à un moment donné un mollah originaire du
Turkestan chinois et qui, ayant vécu longtemps chez les Tungan, connaissait les caractères
ouigours. On sait qu'il n'y a plus depuis longtemps de Turcs bouddhistes dans "les
vallées des Monts T'ien-chan et en Dzoungarie", mais qu'il y a par contre des Mongols,
qui pratiquent le bouddhisme lamaïque; des mollah de Kàsyar ou d'Aqsu, voulant les
convertir à l'islam, ont été très normalement amenés à s'initier à l'écriture mongole.
Que Vambéry, en 1867, ait pris de loin des Mongols pour des Turcs et leur écriture
mongole pour du ouigour, nul ne songera à le lui reprocher; mais il est moios excusable
de répéter avec assurance ces vieilles erreurs en 1920 et en 1928. M. Blochet ajoute
qu'on a trouvé, dans l'Est du Turkestan, un manuscrit ouigour du Suvar?iaprdbliâsa
copié au début du XVIIIe siècle. Il est exact que, dans les montagnes du Sud du Kansou,
déjà sur le territoire de la Chine propre, des Turcs bouddhiques, descendants probables
des Ouigours de Kan-tcheou, ont encore employé l'écriture ouigouré vers l'an 1700;
mais cela n'a rien à voir avec ce qui s'est passé dans les milieux musulmans dans la
partie occidentale du Turkestan chinois et au Turkestan russe. Vers 1700, l'écriture
ouigouré bouddhique du Kansou écrit encore la langue ouigouré véritable et marque la
mouillure des voyelles labiales en syllabe initiale, au lieu que dès la fin du XVe siècle,
dans les régions plus occidentales, les manuscrits en écriture ouigouré provenant du
monde musulman ont supprimé le plus souvent cette notation excellente, et notent un
ou des dialectes qui ne sont plus le dialecte ouigour au sens étroit. Faut-il ajouter que
nous avons maintenant un certain nombre de manuscrits ou de. documents en écriture
ouigouré de provenance musulmane, et qu'il n'en est aucun qu'on puisse placer maté-
riellement après le XVIe siècle? Ni en 1920, ni en 1928, M. Blochet n'a d'ailleurs
rappelé que lui-même, en 1900, datait du XVIe siècle le mss. de la légende d'Uyuz-khan
(cf. supra, p. 247). L'affirmation de Vambéry endossée par M. Blochet quant à l'emploi
contemporain de l'écriture ouigouré par des mollah de Kàsyar va de pair avec cette
autre affirmation de Vambéry {Joe. cit., p. 3) que la langue parlée au Turkestan chinois
y est appelée ouigouré "encore aujourd'hui" (en 1867). D'après Radlov (Zap. Vosi. Otd.
Tmp. Russie. Arhli. Obic., III, 4), le document en écriture ouigouré dont les caractères
graphiques sont le plus voisins de ceux de notre légende d'Uyuz-khan est le varlïy de
Toqtamïs de l'année 1392 (795 de l'hégire); je n'en ai pas actuellement de facsimilé à
ma disposition. Je manque de compétence pour rien déduire de l'examen du papier.
SUR LA LÉGENDE D'urUZ-KHAN" EN ÉCRITURE OUIGOURE. 355
PAR
PAUL PELLIOT.
pendice sur les beaux arts), de M. j|f JJL |fjç Houang Li-yeou,
paru en 1926; c'est essentiellement, au dire même de l'auteur, la
bibliographie des sources qu'il a utilisées en préparant son grand
répertoire épigraphique ^ ^ij ;^J |p| Che-h'o ming-houei, en 48 ch.,
qui a dû paraître également en 1926 et que je n'ai pas vu. Mais
la bibliographie de Houang Li-yeou n'est pas la seule du genre.
Il faut nommer, à côté d'elle, le Kin-che chou-mou en 1 ch., de
H^ Ye Ming, paru en 1910;le^5^g^^g Kin-che
ming-tchou homi-mou de M. |U it |t|| T'ien Che-yi, en 1 ch., plus
1ch. de supplément et des appendices, paru en 1925; enfin le
^5 JM. &-?ï IS^ Che-lou kin-che chou-tche de M. ffi |£j Lin
W
Kiun, en 22 ch., paru en 1928. Outre l'ouvrage de M. Houang
Li-yeou, je ne possède que celui de Ye Ming; tous deux sont très
sommaires, et il en est de même de celui de M. T'ien Che-yi.
L'ouvrage de M. Lin Kiun est plus ample, mais, au cours d'une
étude comparative publiée dans le Bull, of the Metropolitan Library
362 PAUL PELLIOT.
1) Voir sur lui le compte rendu de M. H. Maspero dans JA, 1927, 129—142.
364 PAUL PELLIOT.
chinois anciens ont été fondus à cire perdue. Mais, et ceci est plus
nouveau, M. Yetts montre que, même dans des cas où on avait
conclu à l'emploi de moules temporaires de sable par sections à
raison de raccords visibles sur les bronzes, c'est encore de cire
perdue qu'il doit s'agir: les raccords ne proviennent pas de la fonte
même du bronze, ils résulteraient de l'application préalable du décor,
par estampage sectionné, sur le moule en cire lui-même. Evidem-
ment, la composition même des bronzes vaudrait aussi une étude
approfondie; malheureusement, les analyses effectuées sont trop peu
nombreuses pour autoriser encore aucune conclusion; tout ce qu'on
peut dire, c'est que les proportions de cuivre et d'étain indiquées
théoriquement par un chapitre suspect du Tcheou U cadrent mal
avec la réalité, et aussi que le plomb a joué dans les alliages un
rôle que le Tcheou U ne faisait pas soupçonner.
Dans son troisième chapitre, "Types et emplois des vases"
(pp. 40—51), M. Yetts étudie les noms anciens à attribuer à chaque
type de vase. On sait qu'une partie de cette nomenclature a été
bien identifiée dès le Po-kou t'ou-Iou des Song; mais les érudits du
XIIe siècle avaient commis aussi certaines erreurs qui se sont per-
pétuées jusqu'à nos jours. Des érudits contemporains, en particulier
Wang Kouo-wei, se sont appliqués à les redresser. M. Yetts est
au courant de leurs travaux; son tableau est jusqu'ici le seul à
donner, dans une langue européenne, le dernier état de recherches
que les savants chinois ont poussées bien plus loin que nous.
Le second volume n'avait pas à traiter de questions aussi
générales, et les quarante-deux pages qui précédent la description
critique des pièces sont des études substantielles consacrées
aux
cloches, aux tambours et aux miroirs. Nous les retrouverons plus
loin, au cours des remarques que je voudrais maintenant soumettre
à notre confrère sur des points spéciaux.
LES BRONZES DE LA COLLECTION EUMORFOPOTTLOS. 365
1) Hiu Chen, dont la carrière n'a commencé qu'à la fin du Ier siècle de notre ère,
n'était peut-être que cinquantenaire en 12.1, et ce n'est pas l'âge, mais la maladie (vraie,
ou feinte pour voiler une disgrâce), qui avait déterminé sa retraite. On trouvera dans le
g& AJT &££? =É| Chouo-iven kiao-yi (ch. 15 è, 8—9, de l'édition du ^£ j^ gl| =|£
Tao-che tiong-clwv) des arguments pour prolonger éventuellement la vie de Hiu Chen.
jusque vers le milieu du IIe siècle.
368 PAUL PELLIOT.
dès 974. Le Souei chou (32, 14 mentionnait déjà un gër ~AT -S" fe. Chouo-wen
V)
yin-yin, en 4 cb., d'auteur inconnu; nous ne sommes pas en mesure de dire si les
"prononciations du Chouo wen" que citent des auteurs des T'aDg sont empruntées à ce
dernier ouvrage ou à des prononciations en fan-is'ie déjà ajoutées à la recension alors
courante du Chouo vjen, ni si les fan-is'ie du Chouo xoen fragmentaire des T'ang sont
ou ne sont pas ceux du Chouo-ioen yin-yin. Le fragment du Chouo-wen calligrapbié sous
1) Ceci paraît être un lapsus pour "près de 500 ans"; Sseu-ma Ts'ien écrivait vers
100 av. J.-C, et l'auteur du Heou-Han chou, Fan Ye, dans la première moitié du VE siècle
de l'ère chrétienne.
2) On songe naturellement à chercher ce passage au ch. 102, dans la biographie
de Tang Tcho (f 192), qui détruisit les statues de bronze de Ts'in Che-houang-ti; mais
il n'y est rien dit soit de ping, soit de ping-Tci.
3) Si, en parlant de "l'auteur du Heou-Han chou", M. Yetts avait eu en vue celui
'des monographies, le lapsus chronologique que j'ai signalé plus haut disparaîtrait; mais
les termes mêmes de la phrase le rendent peu probable.
372 PAUL PELLIOT.
1) Le San-fon kieou-che ou Sun-fou. Icou [ jW j-cfe est donné comme une oeuvre des
Tsin dans le So/iei chou; cf. les renseignements réunis au sujet de cet ouvrage disparu
par Tchang Tsong-yuan dans le Souei hing-tsi-iche Ic'ao-icheng, 6, 24 b—25 b. Les cita-
tions du San-fov Icieon-clie données sous les T'ang à propos de cette fonte des douze
statues par Ts'in Che-houang-ti, d'une part dans le commentaire Che-lci tcheng-yi sur
Cl/e ki, 6, 6 a (Tcliang Tsong-yuan prête cette citation
au Che-lci so-yin de Sseu-ma
TcLeng; il semble que ce soit une inadvertance), d'autre part dans le commentaire
sur
Heou-Han chou-, 102, 3« — b, sont différentes; c'est dans celle du Che-lci Icheng-yi qu'on
rencontre l'expression pivg-lc'i. D'autre part, le commentaire du Heou-Hun chou 102, 3 a—b,
donne comme tirée du Cl/e Ici lui-même une citation où,
au même propos, pivo-fc'i apparaît
(au lieu du ping seul du texte original) mais c'est
; un résumé altéré où il ne reste
presque aucun des mots employés réellement par Sseu-ma Ts'ien. Je me demande cepen-
dant si ce n'est pas cette citation altérée du Clie hi dans le commentaire du Heou-Han
chou qui, à travers l'ouvrage de P'an Tsou-yin, est indiquée
par M. Yetts comme une
phrase du Heou-Han chou lui-même. [Au dernier moment, j'ai
eu accès à l'ouvrage de
P'an Tsou-yin. C'est bien la citation du Che ki faite dans le commentaire du Heou-Han
chou, que P'an Tsou-yin invoque, et
non le Heou-Han chou lui-même comme l'a cru M. Yetts.
Par ailleurs, il est exact que P'an Tsou-yin donne de ping-lc'i l'interprétation
par ping,
"armes", et Ici, "vases", que M. Yetts a suivie; mais c'est
que P'an Tsou-yin croit que
le commentaire du Heou-Han chou donne le texte correct du Che-lci, où
un mot manquerait
dans le texte traditionnel actuel. Mais P'an Tsou-yin
se trompe. J'ai donné plus haut
le texte original du Che Ici; la prétendue citation de
ce même texte dans le commentaire
du Heou-Han chou porte simplement Tfg &. 0EZ ~j!c K _C §& -|V _|_. *
» .
1) M. Yetts transcrit fo,
ÏÏ m m m. mm z
transcription française.
ce qui
ii z %. iK *•.- s. K. * z m w /A *.* m ®.
.
paraît être une inadvertance pour "fu", fou en
%m z * #. m
Les trois derniers mots, plus petits et mis sur deux colonnes, sont naturellementla glose
phonétique empruntée au T'ang yun par les éditeurs du X.e siècle.
3) Je laisse du côté une glose absurde de Siu K'iai sur la composition du caractère,
et la glose phonétique tirée du T'ang y/m, qui indique la prononciation pi (*piSt). Une
discussion détaillée de tout le passage du Chouo wen et de ses gloses entraînerait beau-
coup trop loin. Je ne suis pas éloigné de penser que le texte primitif du Chouo wen a
été ici plus ou moins brouillé, car c'est immédiatement après "en Yen, on l'appelle fou"
qu'on s'attendrait à avoir "en Ts'in, on l'appelle pi"; ou alors, après la rubrique pi, il
faudrait une définition comme jlK -ftt, "c'est ce avec quoi on écrit"; dans le texte actuel,
,
on est amené à sous-entendre cette définition, mais la construction est boiteuse.
LES BRONZES DE LA COLLECTION EUMORFOPOULOS. 377
T. 1, pp. 34 et suiv. :
—
Dans cet excellent chapitre sur la
technique de la fonte du bronze, où M. Yetts étudie en particulier
si minutieusement la technique de la fonte à cire perdue, je regrette
qu'il ne dise pas ce qu'il pense de l'invention de ce procédé. On
sait que la fonte à cire perdue est connue également de très bonne
heure dans l'Asie occidentale, et il me paraît a priori bien peu
1) Je ne crois pas plus que INI. Yetts à l'explication du Chouo wen qui voit dans
=|=: =jp nie, pins
yu (*/?<!) l'élément sémantique yî (*-tft) comme phonétique.
Toutefois, comme • yi (*",<£/) ne
paraît jamais avoir comporté de consonne initiale,
cette explication, même erronée, suppose que le *b1- que nous sommes amenés à supposer
à l'initiale de Jp* yn pour l'époque archaïque ait été déjà amui vers l'an 100 de notre ère.
LES BRONZES DE LA COLLECTION EUMORFOPOULOS. 379
1) Les meilleures reproductions s'en trouvent dans Coll. Paul Mallon, 2e fasc, pi. II,
dans d'Ardenne de Tizac, Les animaux dans l'art chinois, pi. XII, et dans K. With,
Bildwerhe Ost- und Sildasiens, pi. 1—5; elle est-aussi publiée dans Sirén, A hislory of
Chinese art, III, pi. 20. Cf. en outre mes remarques dans Artibus Asiae, n° 2 [1924],
152—153.
2) Cf. Sirén, Les peintures chinoises dans les collections américaines, pi. 2, B.
384 PAULPELLIOT.
T. II, p. 20:
— En racontant l'histoire du général Tchao T'o,
M. Yetts suit, comme on le fait d'ordinaire, les Mémoires historiques
de Sseu-ma Ts'ien. Mais j'avoue ne
pas admettre facilement que cet
homme du Nord, transféré de bonne heure dans les régions
assez
malsaines de la Chine méridionale, y soit mort plus
que centenaire.
M. H. Maspero a déjà signalé {T'oung Pao: 1924, 390,
n. 2, et
391, n. 1) des difficultés de détail dans les traditions concernant
Tchao T'o. J'incline à une solution plus radicale, mais
en remets
l'exposé à un travail où je compte reprendre en même temps la
question, à mon avis non moins délicate, des traditions relatives
aux
voyages de Tchang K'ien.
T. II, p. 21:
— M. Yetts parle de l'attention prêtée par l'em-
pereur Wou aux régions du Sud-Ouest "à partir de 135 av. J.-C.",
quand il conçut le projet d'ouvrir une route directe vers l'Inde par
le Sud. Il me semble qu'il s'est produit là quelque confusion.
D'après la chronologie traditionnelle, ces tentatives de l'empereur
furent provoquées par les récits que fit Tchang K'ien à son retour
de Bactriane, c'est-à-dire une dizaine d'années après 135 av. J.-C.
Je me demande si M. Yetts, tout en empruntant par inadvertance
la date de 135 à Chavannes, Mém. Jiist., I, LXXX, n'a pas eu
réellement en vue celle de ,123—122 indiquée ibid., I, LXXXII.
Par ailleurs, c'est peut-être aller trop loin que de donner sans ré-
serves l'ancien royaume de Tien comme un royaume lolo ; à la
rigueur, il pouvait être tai.
ce qui est plus rare, c'est que le hasard des documents nous garde
trace de telles homonymies. Mais ce que nous savons du Tchang
Fou du San-kouo tche me semble exclure qu'il puisse être le
Tchang Fou auteur du tambour. L'arrière-grand-père de Tchang Fou
1) Chines. AusicJden liber Bront.eiromm.eJn (Extr. des Mitt. d. Sera. f. Or. Spr.,\JIl,
1904, 50 — 51.
LES BRONZES DE LA COLLECTION EUMORPOPOULOS. 387
core, M. Tetts met à profit les résultats acquis par nos confrères
extrême-orientaux, en y ajoutant les informations réunies par
M. Kaiibeck dans le bassin de la Houai et le fruit de ses propres
1) Une autre hypothèse, que Hirth n'a pas envisagée, serait de comprendre iw tsao
au sens de "a fait faire"; cf. à ce sujet mon article Sur l'interprétation des marques d-es
porcelaines chinoises {Arlibns Asiae, 1927, 179—187), en particulier pp. 1S1—182. Mais
précisément l'emploi du mot Jcong, "artisan", implique que nous ayons bien ici le nom
de celui qui a vraiment fabriqué le vase.
LES BRONZES DE LA COLLECTION EUMOKFOPOULOS. 389
T. II, p. 30:
— A propos de la coutume de placer un grand
nombre de miroirs dans les tombes, M. Yetts cite l'exemple suivant:
"Il y a le récit bien connu des centaines de miroirs de fer trouvés
parmi le mobilier funéraire d'un prince de Wei mort vers 295
av.
J.-C"; et M. Yetts renvoie à de Grroot, Relig. System of China,
II, 398. Mais ce témoignage est un enchevêtrement de vieilles
er-'
leurs chinoises, auxquelles de Grroot a encore ajouté.
Le texte en question est emprunté au ^ J^jî |jj£ ffjj Si-king
tsa-M, qui prétend être un témoignage contemporain
sur des évé-
nements des Han occidentaux (206 av. J.-C.—25 ap. J.-C), mais
l'ouvrage est en réalité un faux qui paraît remonter au YIe siècle
et être dû à J^- j^J YVou Kiun. Cela, de Grroot le savait (II, 289) ;
il n'en a pas moins utilisé le Si-king tsa-ki à maintes reprises, en
particulier pour les ouvertures de tombes princières qui auraient
été le fait d'un prince de Jff )\\ Kouang-tch'ouan (II, 289; III,
392, 397, 728); la tombe du "roi de gjj Wei" serait l'une d'entre
elles. Ce prince de Kouang-tch'ouan, de Grroot l'appelle "a certain
Khû-tsih [•^f^]", et s'est pas enquis de lui autrement. Mais il
est clair que le personnage visé est ^J ^ Lieou K'iu, prince de
Kouang-tch'ouan, dont le Si-king tsa-ki dit qu'il "aimait extrême-
ment" (^ ^ tsi-hao) à violer les tombes; et le Si-king tsa-ki
décrit ensuite toute une série de ces ouvertures de tombes, et
énumère les trouvailles qui y auraient été faites. Si nous nous
reportons au Che ki (59, 3 6) et au Ts'ien-Han chou (14, 16 &;
535 Qa—7 6), nous voyons que Lieou K'iu fut nommé prince de
ses descendants.
1) Je ne veux toutefois pas dire par là que l'expression n'ait pas existé en chinois
a-vant-cette-ode.
392 PAUL PELLIOT.
occidentale (et cf. aussi Blochet, dans Patrol. orientalis, XX, i, 217)
se retrouvait en Chine, mais que je ne l'y connaissais pas avant
le VIIIe ou le IXe siècle; j'aurais dû ajouter cependant que la
conjonction du soleil et de la lune dans la "queue du dragon" se
trouve déjà dans le Tso tchouan (Couvreur, TàCoun TsHou, I, 256)
et dans le Kouo yu (cf. sur ce dernier passage le ^ ^|| =g? j|||
Wen-siuan tsien-tcheng, III, 21 r°), et il est possible que les deux
notions soient apparentées.
T. II, pp. 43—49 (et t. I, pp. 27—30): Ces pages sont l'étude
—
la plus serrée qu'un Européen ait encore consacrée à un bronze
chinois antérieur aux Ts'in pour tenter de le situer exactement
LES BRONZES DE LA COLLECTION EUMORFOPOULOS. 393
que M. Yetts signale, qu'il s'agit bien d'un jeu de douze cloches
(et non de treize ou plus), et que toute la série a bien été trouvée
dans le Sud du Chansi; nous passerons également sur des difficultés
d'interprétation des termes qni, dans l'inscription, concernent les
cloches elles-mêmes; bien qu'il faille s'écarter ici des explications
traditionnelles pour ^ sseu et ^ tou, en tant que termes techni-
T. II, p. 56: •—
Je ne crois pas que ^ ||| jen-cheou soit ici
une allusion au nien-hao de ce nom (601—604). Jen-cheou apparaît
dans plusieurs inscriptions de miroirs que donne le recueil de M.
Lo Tchen-yu (176, 18a, 19a) et paraît se rapporter au palais Jen-
cheou (Jen-cheou-tien).
1) Letitre est indiqué dans la notice du Kao-tch'ang insérée au Pei che 97, 5
a.
L'épigraphie confirme cette indication: dans l'inscription de ;p|J jfâr K'iu Pin trouvée
en 1911 dans la partie orientale de l'oasis de Turfan, et dont une partie est de 556,
"une autre de 575, un agnat de la famille royale du Kao-tch'ang porte le titre de Fou-po,
"dompteur des vagues" (cf. cette inscription dans l'éd. du Sin-lciang i'ou-tclw publiée
le Tong-fang hio-houei, 89, 12 £—16 £). L'inscription inédite de ||| -fj^ j|# K'iu Che-
par
antérieurement dans le 4É| "i* hn gg Tsi hou-yinp''oit de fin, J\^ VW Fan Ta-tch'ô
(1600; il s'agit d'un membre de la famille des célèbres bibliophiles Pan de Ning-po) ;
mais alors je ne comprends pas comment la discussion de K'iu Tchong-jong parle de ce
cachet comme étant "en [bronze] doré, à bouton [en forme] de chameau", au lieu que
le texte qu'il emprunte au catalogue de Fan Ta-tch'ô dit "en [bronze] doré, à bouton
[en forme] de tortue". J'ajouterai que, d'une façon générale, on me paraît retrouver en
Chine trop de cachets ayant appartenu à des personnages célèbres; juste avant le cachet
du "maréchal dompteur des vagues", qu'on pourrait en somme attribuer à des gens moins
connus que Lou Po-tô ou Ma Yuan, K'iu Tchong-jong étudie, d'après le f[0. ^" Jf~ j|jl
Mieou-tchouan fen-yun de ;jt[: |H| Kouei Fou (1736—1805 [ou 1806?]), un cachet portant
gU Érfi fjâu Epp fTj "cachet du maréchal de Eul-che";
, or il semble bien qu'il n'y
ait eu qu'un maréchal de Eul-che, le fameux Li Kouang-li (f 90 ou peut être 89 av. J.-C;
la date de f 94 donnée dans Giles, Biogr. Bict., n° 1161, est fausse), qui devait ce titre
à la campagne qui l'avait mené jusqu'à la ville de Eul-che au Perghâna; il n'est pas
impossible, mais il est a priori assez étonnant qu'on ait retrouvé précisément son cachet.
402 PAUL PELLIOT.
1) Le JF|| lïj? Â-^f TH Â-A* Xfr Tsi kou Iio/r-fou iju-fou k'ao de K'iu Tchong-
""jjT
par lui à Tumsuq une date trop haute; par ailleurs, malgré les
théories de M. Sten Konow qui veulent rattacher Kaniska à Khotan,
je crois hautement improbable que Tumsuq, au Nord de Maralbasi,
ait jamais fait partie du territoire de ce souverain indoscythe. Il
me semble d'ailleurs que M. Yetts, malgré sa réserve, incline à
penser comme moi au sujet des dates.
1) Voici de rares Errata au t. IL P. 15: "78 I 42", lire "78 I 421". P. 21,
1. 3: lire "Fu-po Chiang-chûn". P. 44, avant le 3e alinéa: "third référence"; lire
"fourth référence". P. 46, 1. 19 à partir du bas (etp. 98): "Ko-chai...", lire "K'o-chai..."'
comme à p. 92, s.v. "Wu Ta-ch'êng".
406 PAUL PELLIOT.
PAUL PELLIOT.
1)Je ne suis pas d'accord avec cette interprétation du terme de pcf Q sô-mou,
et je comprends mou au sens non pas d!"yeux", mais de "classe", "catégorie".
ARNOLD VISSIÈRE. 415
82° Compte rendu de Dr Legendre, Au Yunnan et dans le massif
du Kin-ho (ibid., déc. 1913, 530—531).
83° La décoration du Rang de mérite.
— Notes sur la géogr. polit...,
VIII. — Bibliographie {Bull. Ass. am. fr.-ch., VI, 1 [janv. 1914],
28—36, 63—65).
84° Compte rendu de La ligne du Chan-si, album (L'Asie firme,
févr. 1914, 82—83).
85° Nouvelles nomenclatures militaires en Chine [tir. à part, in-8, 16
pages]. — Les désignations ethniques Houei-houei et Lolo [compte
rendu par L. Aurousseau dans BEFEO, 1915, n° 4, p. 33.]
—
Compte rendu de Hirth et Rockhill, Chau Ju-lma (Chu fan chï)
(JA, janv.-févr. 1914, 59—70, 175—182 et 196—202).
86° Notes sur la géogr. polit..., IX (Bull. Ass. am. fr.-ch., VI, 2
[avril 1914], 107—109).
87° Notes sur la géogr. polit..., X.
— Examens de langue chinoise
à Paris. — Sou Tong-p'o sous la pluie.
— Bibliographie (ibid.,
VI, 3 [juillet 1914], 169—176, 179—183, 197—198).
88° Villes et pjorts de Chine ouverts au commerce international (JA,
juillet-août 1914, 161—173).
89° Notes sur la géogr. polit..., XI (Bull. Ass. am. fr.-eh., VI, 4
[oct. 1914], 234—236).
90° La marine chinoise et sa nouvelle nomenclature.
— Orthographe
officielle chinoise des noms de capitales étrangères (JA, nov.-déc.
1914, 639—658).
91° Méthode de transcription française des sons chinois (réimpression;
cf. n° 29). — Notes sur la géogr.polit..., XII (Bull. Ass. am. fr.-ch.,
VII, 1 [janv. 1915], 21—46).
92° Compte rendu de Charignon, Les chemins de fer chinois (LAsie
française, janv.-mars 1915, 34—36).
93° Le port de Long-k'eou, nouvellement ouvert en Chine (La Géographie,
avril 1915, 211—214).
94° Nouvelles divisions politiques de la Mongolie (ibid., nov. 1915,
376—379).
95° Les armoiries de la République chinoise. — Chants nationaux
chinois. — Le nom chinois du paon. — Principes cU gouvernement
de l'empereur K'ien-long. — Examens de langue chinoise à Paris. —
Facilités offertes aux étudiants chinois en France (anouyme). —
Notes sur la géogr. polit..., XIII. — Extraits de la presse chinoise. —
Nécrologie (anonyme). — Bibliographie (Bull. Ass. am. fr.-ch.,
VII, 2 [1915], 114—145, 155—161).
96° Compte rendu de Saeki, The Nestorian Monument in China,
(Intern. Rev. of Missions, oct. 1916).
416 PAUL PELLIOT.
97° Choses de Chine {Correspond. d'Orient, 25 sept. 1916).
98° Les lois conventionnelles de la République de Chine. — Examens
de langue chinoise à Paris.
— Nécrologie (anonyme) (Bull. Ass.
am. fr.-ch., VII, 3 [1916], 188—210, 216—221).
99° Compte rendu de Yule et Cordier, Cathay and the way thither
(Intern. Bev. of Missions, juillet 1918).
100° Comptes rendus de The Chinese Social and PoliticalScience Review,
vol. I, n° 1 (avril 1916); de J. M. Planchet, Les missions de Chine
et du Japon 1916] et de E.-A. Ross, trad. Delhorbe, La Chine
qui vient (New China Review, I, 1 [1919J, 96 — 100).
101° Le gouvernement de la République chinoise et sa représentation
diplomatique (JA, janv.-mars 1922, 49—62).
102" Notes sur la géogr. polit..., XIV (Bull. Ass. am. fr.-ch., YII, 4
[1922], 250—253).
103° Le gouvernement chinois. — Compte rendu de Wang Touen-
tch'ang, Etude juridique sur les effets de commerce chinois (Rev.
du Pacifique, nov. 1922, 129 131).
—
104" L'indemnité dite des Boxeurs due à la France (ibid.,janv. 1923,
79—82, et mars 1923, 301—303).
105° Le divorce dans le nouveau droit chinois, in-8, 19 pages (tir.
à part de ibid., mai 1923, 526 542). [A été reproduit dans la
—
Politique de Pékin.]
106" La Code commercial et les Chambres de commerce de la Répu-
blique chinoise, in-8, 22 pages (tir. à part de ibid., juillet 1923,
12—31). [A été reproduit dans la Politique de Pékin, 2 sept. 1923.]
107" Compte rendu de A. YValey, Index of Chinese artists (JA,
janv.-mars 1923, 111 — 114).
108" Législation chinoise sur les marques de commerce, in-8, 24
pages
(tir. à part de Rev. du Pacifique, oct. 1923, 330—351). [A été
reproduit dans la Politique de Pékin, 25 nov. et 2 déc. 1923.]
109° Les chambres d'agriculture en Chine, in-8, 16
pages (tir. à part
de ibid., nov. 1923, 427—440).
110" La Constitution définitive de la République de Chine, in-8, 22
pages (tir. à part de ibid., juillet 1924, 18—39.
111" La presse bolchéviste et la guerre civile en Chine (ibid.,
nov.
1924, 348—350).
112" L'Institut des Hautes Etudes chinoises de Paris.
— Travail et
capital en Chine (ibid., nov. 1925, 1092 1097 et 1121—1122).
—
113" "La voix de Mohammed", journal musulman et bolchéviste de
Pékin (Rev. du monde mus., vol. 62 [1925], 147—156,
avec 1 pi.
hors texte).
ARNOLD VISSIÈRE. 417
114° Compte rendu de G. Maspero, La Chine (La Géographie,
mars-avril 1926 [t. 45], 256).
115° L'Institut des Hautes Etudes chinoises de Paris (anonyme)
(Rev. du Pacifique, juillet 1926, 30—34).
116° Comptes rendus de d'Auxion de Ruffé, Chine et Chinois d'au-
jourd'hui] de Dubarbier, La Chine contemporaine; de A. Duboscq,
La Chine en face des puissances ; de Valentin, L'avènement d'une
République (La Géographie, juill.-août 1926 [t. 46], 166—168, 170).
117° Du classement des caractères chinois (Rev. du Pacifique, nov. 1926,
133—139).
118° Compte rendu de Pereira, Peking to Lhassa (La Géographie,
sept.-oct. 1926 [t. 46], 279).
119° Compte rendu de C. Notton, Annales du Siam, 1" partie
(ibid., nov.-déc. 1926 [t. 46], 420—421).
120° L'Institut des Hautes Etudes chinoises de Paris (Rev. du Pacifique,
15 mars 1927, 152—157).
121° Compte rendu de P. A. Legendre, La civilisation chinoise moderne
(La Géographie, janv.-févr. 1927 [t. 47], 164).
122° La Constitution chinoise et ses précédents français (I). —
L'Institut des Hautes Etudes chinoises de Paris. — L'Université
franco-chinoise de Pékin. — L'Institut des hautes études industrielles
et commerciales de Tientsin [anonyme] (Bull, franco-chinois, VIII, 1
[janv.-mars 1927], 14—24, 34—45).
123° Le dernier débordement du Fleuve Jaune (La Géographie, mars-
avril 1927 [t. 47], 224—227).
124° La concubine légale en Chine (Rev. du Pacifique, 15 mai 1927,
263—269).
125° La Constitution chinoise et ses précédents français (suite). —
Enseignement du chinois à Paris (anonyme). — Extraits de la
presse chinoise. — Bibliographie (Bull, franco-chinois, VIII, 2
[avril-juin 1927], 106—116, 146—152, 173—174).
126° Compte rendu de J. Brandt, Introduction to literary Chinese
(Rev. du Pacifique, 15 août 1927, 510—512).
127° Comptes rendus de Jean Bouchot, Scènes delà vie des Hutungs;
de Lao-P'ong-Yo, La Chine nouvelle; de Yerbrugge, La belle route-
maritime de France en Chine (La Géographie, juill.-août 1927 [t. 48],
101, 114—146).
128° La Constitution chinoise et ses précédents français [suite] (Bull,
franco-chinois, VIII, 3 [juill.-sept. 1927], 203—209).
129° Complément bibliographique pour l'étude du droit chinois (Rev.
du Pacifique, 15 déc. 1927, 711—725).
418 PAUL PELLIOT.
été inventé en Chine qu'au XIVe siècle, est d'une importance réelle
pour l'histoire des sciences; on eût même souhaité, s'il en eût pu
trouver le loisir dans une vie fort occupée, qu'il reprît et étendît
ses recherches sur les anciens procédés du calcul chinois en utili-
sant les matériaux accessibles depuis 1892. D'abord interprète de
premier ordre, puis professeur aussi clair que consciencieux, Vissière
a été un traducteur de textes extrêmement précis. C'était aussi un
ami sûr; personnellement, je n'oublierai pas la bienveillance qu'il
m'a témoignée presque à mes débuts, il y a trente ans, et les rap-
ports cordiaux que nous avons toujours entretenus par la suite 1).
1) Ibid., 69—70, lettre de Verbiest, écrite de Pékin, 20 août 1670: Saldanha fait
alors ses préparatifs de départ, "Car, quelques jours auparavant, le roi avait voulu le
retenir ici à cause de sa mauvaise santé; mais le léget avait hâte de partir, et nous
avions dit au roi qu'il fallait lui permettre de profiter des vents favorables, qui ne
soufflent qu'une fois l'an, vers janvier".
2) Du Halde et de Mailla disent que l'ambassade reste jusqu'au 3e mois de l'année
suivante; mais cela est peu probable à en juger par le texte cité à la note précédente;
et puisque du Halde et de Mailla se sont trompés de deux et de trois ans sur la date
de l'audience, il serait imprudent de leur accorder crédit sur le moment du départ.
3) Legalus Marwel de Saldanha optime ah imperaiore exceptas, obiit in
suo Macaum
redit/t.; ventru non oitinnit commercinm (lettre du P. Maldonado écrite de Macao 10 déc.
1671, dans H. Bosmans, Correspondance de Jean-Baptiste Maldonado, 1910, 44 rExtr. des
Analecles pour servir a fhisl. eccl. de la Belgique, t. 36]).
MÉLANGES. 425
1) Sur la vie de Tch'en Ngang et de Tch'en Louen-k'iong, cf. les notices hiogra-
^ ^ ^ ^ M^^W^MW-
passage de la requête a été mal compris par le P. de Mailla. Il y est question des pays
De Mailla a lu Ying-kouei-li,
Yu-sseu, La-houo-lan-si, Ho-lan ; mais il faut couper Ying-kouei-li (= Ying-ki-li, Angleterre),
Yu-sseu-la (= Espagne), Houo-lan-si (= France), Ho-lan (= Hollande). Sur Yu-sseu-la,
nom de l'Espagne, cf. B. Laufer, The relations of ihe Chinese to Ihe Philippine Islancls,
p. 249, qui propose d'y retrouver "las Islas", faute de mieux.
.MÉLANGES. ' 427
Rosmarus.
Le terme lo-sseu-ma a fort intrigué la sinologie.
Gr. SOHLEGEL, toujours affirmatif et fougueux, écrivait
en 1895
(T'oung.Pao, vol. VI, p. 24): "Le Narval est bien connu des
Chinois qui l'appellent Loh-sze-ma fâ 1j§f ,||
un nom que nous :
ftll. ^li^^f
1
*ffi„
1
|M0|0|0OOl||||.
ffl A.
| | 1
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ffl
O O
.
| |
o
Dictionnaire:
VERBIEST: Hf ^H j=§ #tï $iï$
„
Dictionnaire: I O I 1 I I
o
"Le morse, long d'environ 40 pieds, est court sur pattes. Il vit au
fond des mers et remonte rarement à la surface. Sa peau est si
428 MÉLANGES.
dure que les coups les plus vigouraux *) ne réussisent pas à la percer.
Sur le front il porte deux cornes en forme de crochets [avec les-
quels il s'attache aux rochers et reste des jours entiers au repos
sans se réveiller]" 2).
L. Yan Hee, S.J.
1)[Il me paraît sûr qu'au lieu de JH j\ yong-li, il faut lire Hî ~J1 yotig-tao,
et traduire: "Sa peau est très dure; si on [veut] la percer avec un couteau, il ne peut
y entrer." Peut-être y a-t-il un caractère indistinct ou une faute de gravure sur le
planisphère. — P. P.]
2) La partie mise entre crochets n'a pas été reproduite par le Tcheng tseu t'ong.
BIBLIOGRAPHIE.
uns au début des Han; lui du moins, à en juger par le livre qui
circule sous son nom et par l'opinion de Wang Tch'ong dans le
Louen Jieng, se réclamait du confucianisme orthodoxe. Il s'attacha
à la fortune du fondateur de la dynastie des Han; celui-ci l'envoya
comme ambassadeur, en 196 av. J.-C. s'il faut en croire la tradition,
auprès de ^£ ^Tchao T'o, qui s'était proclamé roi indépendant
du Nan-yue, c'est-à-dire des deux Kouang et du Tonkin.
P*g 7JH
Lou Kia aurait amené par son adresse et son éloquence la soumis-
430 BIBLIOGRAPHIE.
ne les contient pas. Mlle von Gr. a bien dit alors expressément:
"Auf das Pehlen dieser vielen SteHen ist der grôsste Wert zu legen";
mais il n'en est plus question dans la suite de son raisonnement.
D'autre part, Sseu-ma Ts'ien (97, 5b) dit avoir lu le Sin yu, et
on pourrait s'attendre par suite à en trouver trace dans le Che ki;
on n'a cependant rien signalé dans le Che ki qui rappelle un pas-
sage du Sin yu actuel2).
1) Les traditions relatives à Tchao T'o se trouvent déjà dans le texte actuel des
Mémoires historiques de Sseu-ma Ts'ien ; ce n'est pas le lieu de rechercher s'il faut leur
accorder pleine créance.
2) Les commissaires du Sseu-k'ov..., qui regardent le Sin
yu actuel comme un faux
ancien, donnent à cet argument une apparence beaucoup plus forte en disant (91,10a):
"Dans la biographie de Sseu-ma Ts'ien du [Ts'ien-~}IIan clwit, il est dit
que Sseu-ma
BIBLIOGRAPHIE. 431
Ts'ien fit les Mémoires historiques en prenant le Tcha?i-kouo ts'o, le 2E3Î Va -=£Ç* ïjr
Tch'ou Han tch'ouen-is'ieou, [enfin] le Sin yu de Lou Kia. Le Tch'ou Han tch'ouen-ts'ieou
est encore cité dans le [Che kï\ Tcheng-yi de Tchang Cheou-tsie ; aujourd'hui il est perdu
et on ne peut vérifier. Du Tchan-kouo ts'ô, [Sseu-ma Ts'ien] a pris 93 faits, qui tous
sont d'accord avec le texte actuel [du Tchan-kouo ts'o]. Il n'y a que le texte de ce
livre-ci [= le Sin yu actuel) qui n'apparaisse nulle part dans le Che ki." Mais si, dans
la biographie de Sseu-ma Ts'ien au Ts'ien-Man chou (62, 95—10#), il est bien question
du Tchan-kouo ts'ô et du Tch'ou Han tch'ouen-is'ieou, on n'y trouve pas de mention du
Sin yu de Lou Kia. Les commissaires du Sseu-k'ou... me semblent s'être trompés, et la
confusion est peut-être née de ce que Lou Kia est donné par Pan Piao, le père de
Pan Kou, comme l'auteur également du Tch'ou Han tch'ouen-is'ieou (cf. Chavannes, Mém.
hist., I, CLVii; Heou-IIan chou, 70, 2a—&). M1' 0 von Gabain, qui cite à d'autres propos
la notice du Sseu-k'ou..., n'a rien dit du présent passage; si c'est parce qu'il'lui a paru
erroné, il eût convenu de le dire.
1) Les commissaires du Sseu-k'ou... ne connaissaient pas le K'iun-choit tche-yao, qui
n'est revenu du Japon qu'à la fin du XVIIIe siècle, mais le Yi lin, qu'eux-mêmes in-
voquent, eût dû suffire ici à les mettre en garde.
2) Mais ceci n'implique naturellement pas que ce Sin yu existant au VIIe siècle
soit celui des Han. Je retrouve une note où j'avais relevé qu'un passage du Sin yu,
cité dans le commentaire de Kouo P'o au Mou i'ien-tseu ichouan à propos de la visite
du palais de Houang-ti sur le K'ouen-louen par le roi Mou et qui est invoqué également
dans le commentaire de Tchang Tchan à Lie tseu, manque au Sin yu actuel. Je n'ai pas
repris la recherche. Si ma note est exacte, il y aurait là un indice, sans plus, que le
.
vrai Sin yu aurait pu se perdre après le début du IVe siècle, et être remplacé par le
Sin yu actuel avant le VIIe siècle.
.
432 BIBLIOGRAPHIE.
faire attention aux titres qu'on cite; partout, dans son mémoire,
il est question de ^^ Song chou et de 0£| ||pMing chou, au
lieu de ^ j||
Song cite et de B£J jf* Ming che- et c'est d'autant
1) La meilleure édition du Yi lin, avec notes critiques, est celle du J[£ ÊÊk $£(•
ÊÊ? illi 'J-'sv<i-hïO-hi-iutn ts'ong-chou.
2) On peut consulter le X'inn-chou tche-yao soit dans le -r^fc JhfL ^&* MÊ? Yi-
is'o/ien ts'ong-chou (qui a eu deux éditions, dont une récente), soit dans le iîîf +/$
SxtK- ^M-, -3ft-
^» «^ "J
-£P T=ÎS* -3=?" Lieii-iin-ii-iii ts'onq-choit.
1
BIBLIOGRAPHIE. 433
tsa-che est, dans le Wen siuan, la désignation d'une catégorie particulière de poèmes,
et ne signifie pas "gesamrnelte Gedichte".
434 BIBLIOGRAPHIE.
Ptolémée, Paris, Paj^ot, 1930, ia-8, 427 pages, avec 23 cartes en noir et une
en couleurs; 60 fr. [Fait partie de la Bibliothèque géographique. M. B. établit
les équivalences suivantes: La Tour de Pierre du livre I (celle de Marin de Tyr)
est à Tas-quryan (mais pas celle du livre VI); le ITormétérion est Louen-t'ai
des Han, Bugur; l'Oïkhardès est à la fois ITénisséi, l'Orkhon et la Selenga:
l'Issédon scytbique est vers Gucen (au N.E. d'Ururnci) ; Khaurana est à C'arkblïq
(au S.O. du Lop); les Bautes sont les Tibétains du Koukou-nor: l'Issédon sé-
rique est Sou-tcheou du Kausou; la Sera metropolis est Si-ngan-fou ; Cattigara
est à Tcbang-tcheou du Fou-kien; la ville des Thinae est King-tcbeou (entre
Han-k'eou et Yi-tch'ang). Ce gros travail de géographie mathématique soulèvera
beaucoup de discussions; il y a certaines solutions et certains points de vue
qui me paraissent justes, d'autres auxquels je résiste. Je compte revenir sur
le sujet; en particulier, je ne crois ni à Cattigara = Tcbang-tcheou, ni à
Thinae = King-tcheou.]
BODDE-HOLIGKINSON et Peter GEYL, Willem Ysbrantsz Bontekoe,
— M""-'C. B.
Mémorable description of Ihc East Indian Voyage 1618—25, trad. du hollandais,
avec introd. et notes, Londres, G. Routledge, 1929, in-8,168 pages, avec 10 pi.,
7 sh 6 cl. [Fait partie de The Broadway Travellers ; la traduction est très soignée,
l'annotation sobre, mais suffisante. Le récit de Bontekoe (né à Hôorn en 1587)
a joui d'une grande popularité depuis sa publication en 1646 (voir sa biblio-
graphie dans Bibl. Sin. 2, 2332—2338, 3195—3196 et 4116); il nous intéresse
ici surtout parce que Bontekoe commandait un des navires de la flottille de
Cornelis Reyersz, le Groeningen, lors de l'attaque tentée par les Hollandais
contre Macao le 24 juin 1622 et lors de l'occupation subséquente des Pescadores.
C'est d'après une ancienne traduction française, d'ailleurs infidèle, du texte
de Bontekoe que l'attaque de Macao est racontée dans Cordier, Hist. g en. de
la Chine, III, 226—228; Cordier renvoie en outre à un document de W. Foster,
The English Faetories in Indice, 1622—1623, 225. Groeneveldt (De Nederlanders
in China, 87—91, 353—357 et 434—435) a publié entres autres, sur le même
événement, le journal de Reyersz, une lettre de Reyersz au gouverneur-général
Coen du 10 sept. 1622 et un passage d'une lettre de Bontekoe au même du
4 janvier 1623. M. C. R. Boxer a édité à Lisbonne en 1928 Ataque des Holandeses
à Macau ern 1622, relaçcis inedita de Fr. Alvaro do Piosario. Il faut ajouter la
pièce portugaise publiée en 1899 clans le t. I du Ta-ssi-yang-kuo (Bibl. Sin.2,
2325), et sa traduction espagnole dont je ne connais pas d'autre exemplaire
que le mien, intitulé: Pielacion de la vittoria que los Por-\\tugueses alcançaron
en la ciudacl de Macao, en la China, contra los Olandeses, \\ en 24. de Junio de
1622. tracluzida de la que embiù el padre Visilador de \\ la Compahia de Jésus,
de aquellas partes, a los padres de su Colegio de Madrid. \\ in-fol., 2 ffnch;
,
à la fin: Tracluzida de lengua Poriuguesa en Castellana, por Antonio Noguera
Barrocas, || Portugues, Mercador de Libros. || Impresso con licencia en Madrid aùo
de 1623. || — P. 13: Il valait de dire que "Pehu" est le chinois P'ong-hou, les
Pescadores. — P. 162: Pour File de "Lemon", pourquoi proposer "the Lema
Islands?" au lieu du Namoa de Groeneveldt? Et qu'est-ce que "Kiuhang-Ici"?]
C. R. BOXER, Commentâmes of Buy Freyre de Andrada, Londres,
—
LIVRÉS REÇUS. 437
Routledge, 1930, in-8, LVI + 328 pages, avec 14 pi. hors texte; 15 ch. [Fait
partie de The Broadway Travellers. Volume remarquable, qui fait grand
honneur à la collection. L'original portugais a été publié à Lisbonne en 1647
par le libraire Paulo Craesbeeck, qui dit l'avoir composé d'après des "docu-
ments dignes de foi"; il n'a jamais été republié ni traduit après cette date.
La vie d'aventures de Ruy Freyre de Andrada, à partir au moins de 1619
et jusqu'à sa mort en 1633, s'est passée surtout dans le Golfe Persique, pour
un temps à Goa; les Commentarios sont une des sources importantes poul-
ies événements de 1622, au cours desquels les Portugais perdirent Ormuz.
M. C. R. B. a annoté le texte sobrement, mais avec une extrême précision,
et il y a joint, dans les appendices, toute une documentation annexe puisée
dans les dépôts de Lisbonne et de Londres. Incidemment, l'histoire des
Européens en Extrême-Orient trouve à glaner soit dans le texte, soit dans
les notes et les appendices, par exemple p. xxn pour la carrière du Miguel
de Sousa Pimentel qui fut à Macao en 1613; p. 80 pour le Todos os Sanctos
qui alla, de Goa en Chine en 1615 sous le commandement de Francisco Lopes
Carrasco; pp. 312—313 pour le carrière de Gonçalo da Silveira qui se rendit
de Malacca à Macao en 1630, et alla résider ensuite six années au Japon; etc.]
— Bfl 'fep "o $S B PB
Chosen koseki zufu ("Album des antiquités
de la Corée"), publié par le Gouvernement Général de Corée, t. VIII, Séoul,
1928, in-folio, 4 ffnch (Table) et planches 981—1150; t. IX, ibid., 1929, in-folio,
4 ffnch (Table) et planches 1151—1300; t. X, ibid., 1930, in-folio, 3 ffnch (Table)
et planches 1301—1470.
Homer H. DOBS, The works of Hsùntze SQI -^-, Londres, A. Probsthain,
—
1928, in-12, 336 pages. [= Probsthain''s Oriental Séries, XVI; 24 sh. Cette
traduction de Siun-tseic est à lire conjointement avec l'autre ouvrage de M.
DUBS, Hsùntze, Ihe Moulder of Ancient Confucianism, paru en 1927 comme
t. XV de la même série.]
A. DUPRONT, P.-D. Huet et l'exégèse comparatiste au XVIIe siècle,
—
Paris, Leroux, 1930, in-12, 311 pages. [Livre curieux, où il est souvent question
de la Chine, en partie à raison des querelles sur Confucius et les rites.
P. 251: Il ne faudrait plus écrire "Guillaume de Ruysbroek";il s'agit presque
sûrement de Rubrouck près Cassel. — P. 252: de Gennes a été autre chose
qu'un "aventurier" ayant fondé une "compagnie de forbans". — Pp. 255 et
258: Ce que M. D. dit de Melchisedech (et non Nicolas) Thevenot et de son
neveu (et non son fils) est un tissu d'erreurs; cf. en particulier A. G. Camus,
Mém. sur la coll. des gr. et des petits voyages, Paris, 1802, iu-4, 279—284.—
P. 263: "On [= les premiers missionnaires jésuites) parlait du Christ, le nom-
mant Confucius..."; je crois que M. D. serait bien embarrassé pour donner une
référence valable sur ce point. — Pp. 264—265: Dalquié n'est pas l'éditeur
de la China illustrata, mais le traducteur de l'édition française, et on ne
peut dire que Kircher y soit "assez rapide sur le monument syro-chinois";
Kircher, qui s'était déjà occupé de l'inscription de Si-ngau-fou dans le
Prodromus Coptus de 1636, y revient longuement dans la China Illustrata
de 1667.]
438 LIVRES REÇUS.
— Easiem Art, an Annual, vol. II, 1930, publié pour The Collège Art
Association, Mémorial Hall, Fairmount Park, Philadelphie, -1930, in-4, 246 pages,
nombreuses figures, avec 1 pi. frontispice et 136 planches dans le texte et
hors texte, dont plusieurs en couleurs. [Le premier volume avait paru en 4
numéros, comme une revue trimestrielle en principe, mais qui s'est échelonnée
sur les deux années 1928 et 1929; l'initiative en revenait à Hamilton BELL,
qui en fut directeur avec MM. Langdon WARNER et Horace H. F. JAYNE.
Hamilton Bell était déjà malade, et ce galant homme, de goût très fin, est
mort en 1929; mais la publication est continuée par MM. Warner et Jayne.
Après une courte biographie de Hamilton Bell (1857—1929), le volume com-
prend: (pp. 4—36) Muneyoshi YANAGJ, The peasant painlings of Ôtsu, Japan
(peinture populaire de la région d'Ôtsu, fin du XYIP siècle et tout le XVIIIe);
(pp. 37—121) Lorraine d'O. WARNER, Kôrai Céladon in America; (pp. 122—125)
Muneyoshi YANAGI, A note on the pottery kilns of the Kôrai dynasty; (pp.
126—141) G. GROSLIER, Contemporary Cambodian Art studied in the light of
ils past forms ; (pp. 142—166) H. GOETZ, Indian miniatures in Gerrnan muséums
and private collections:, (pp. 167—206) W. Norman BROWN, Early Vaùhnava
miniature painlings from Western India (sur 40 miniatures d'un rnss. frag-
mentaire qui doit être du milieu du Xe siècle); (pp. 208—242) Ananda IL
COOMARASWAMY, Early Indian architecture (sur les cités et leurs portes et
sur les bodhighara; information étendue et riche nomenclature: pour la
question du vâram de l'arbre de la bodhi, il y aurait lieu de faire intervenir
également Fa-hien et Hiuan-tsang) ; (pp. 236—240) A. K. COOMARASWAMY,
An illustrated Svetambàra Jaina manuscript of A.D. 1260 (sur un mss. prakrit
donné récemment au Musée de Boston par le Dr DenmanRoss); (pp. 240—242)
A. K. COOMARASWAMY, Corrigenda and Addenda à son article Eaxly Indiam
Iconography paru dans les nos 1 et 3 du vol. I d'Eastern Art; (pp. 244—245)
N. MARTINOVITCH, A glass globe of Arghûn (ce globe a été généralement
rapporté au temps de Vilkhan Aryun, 1284—1291; M. M. montre qu'il doit
avoir été exécuté par ordre d'un Aryun qui était haut fonctionnaire en Egypte
au milieu du XIVe siècle). En définitive, volume de haute tenue scientifique,
aux planches excellentes]
— Sir William FOSTER, Thomas Herbert, Travels in Persia 1627—1629,
Londres, Routledge, 1928, in-8, XL + 352 pages, avec 13 pi. hors texte: 15 sh.
[Fait partie de The Broadway Travellers. Thomas Herbert, qui accompagna
l'ambassade de Dodmore Cotton, publia un récit du voyage en 1634, déjà
plein d'informations de seconde main, et qu'il quadrupla presque par d'autres
emprunts au cours des éditions qu'il donna encore en 1638, 1665, 1677; il a
fallu supprimer toute cette information parasite dans l'édition nouvelle, ba-
sée pour ce qui reste sur le texte de 1677. Sir W. F., l'éditeur des treize
volumes des English Factories in India, 1608—1669, des Early Travels in India,
de The Embassy of Sir Thomas Roe, était particulièrement qualifié pour mener
à bien ce travail assez délicat.
— P. 42 (et p. 306, n. 3): pelo, "pilaff". Mal-
gré Hobson-Jobson2, 710, et le rapprochement avec le sanscrit de lexiquepmlâka,
je ne suis pas convaincu que la vocalisation "pulâo" soit à préférer en persan
LIVRES REÇUS. 439
un peu à la manière de Fernand Mendez Pinto, qui, lui aussi, avait beaucoup
voyagé. Quelques vétilles: P. 8 et passim: "Ts'wan chow-fu" (Ts'iuan-tcheou-
fou) est mauvais dans tous les systèmes, puisqu'il ne rend pas la mouillure
du premier mot. — Pp. 152 et 357: A-t-on ailleurs l'orthographe oi^y- Sûrdaq
pour Soldaia et Sïïdâq? Il me paraît bien qu'il faut lire
o^ Sïïdâq comme
à la p. 46. — P. 358: Lire "Bertrandon de la Broquière". — P. 358, n. 36:
barbara, "transcription of hyperpyron", l'byperpère; c'est exact, mais on peut
ajouter que l'aphérèse n'est pas ici un fait arabe; on a de même "perpres"
dans Bratianu, Rech. sur le commerça génois, 86, et c'est certainement là,
en syriaque, le "parparé" qui a été méconnu successivement par Chabot
(Hist. du patriarche Mar Jabalaha III, 88), J. A. Montgomery (The History
of Yaballaha III, 70) et Sir E. A. W. Budge (The monks of Kûblâi Khân,
193). •— P. 368: La ressemblance phonétique entre "Urduja" et "Aï-yaruq"
(Aï-Jaruq est une forme "kirghize") n'est pas grande, et on sait eu outre
que Aï-yaruq n'est donné que par Marco Polo comme nom de la fille de Qaïdu
que les autres sources appellent Qutulun. Quand Ibn Battïïta commet l'in-
vraisemblance de placer son Urduja, qui a un nom turc, vers l'archipel Sulu
ou les Philippines, il est excessif de dire qu'une simple confusion phonétique
est "quite probable". — P. 369: Le balis, ou lingot d'argent, est passé de la
Chine aux nomades; quant au nom de balis, il n'a jamais été employé en
Chine que là où on parlait persan; le nom turc était yastuq; le nom mongol,
sûkà; le nom chinois, ting. — P. 369: Les Khitan n'étaient pas des "Turcs"
à proprement parler: on les a souvent considérés comme de langue tongouse;
je pense au contraire qu'ils parlaient un dialecte mongol. — P. 372, n. 26:
"toiva or tuwi"; lire loi. — P. 373: Khân-bâliq n'est pas mongol, mais turc.
Quant à _yùti> Kbâniqïï (Hâniqïï), son explication par Hanqïï, "celle du khan",
me semble, malgré Cl. Huart, insoutenable; le plus simple rne parait être
d'y voir une mauvaise application du vieux nom _^ÂJL> Hânfïï de la capitale
de la Chine, pour lequel il y a d'autres exemples de la faute graphique Hanqïï
(cf. G. Ferrand, Relat. de voyages et textes géogr., II, 711, s.v. "Khânfïï" et
"Khankïï"). — P. 373, n. 32—35: Il est clair que le texte d'ibn Battïïta, dans
cette partie tout au moins, est de pure imagination; les éléments m'en pa-
raissent fournis en partie par ce qu'on racontait populairement des funérailles
des souverains mongols, et en partie par des traditions relatives aux révoltes
de Qaidu et à ses incursions dans les régions de Qaraqorum et de Bes-balïq;
c'est Qaidu qui aurait fourni le prototype du "cousin" Fïrïïz (M. G., p. 299,
a une fois "cousin", une fois "nephew"; c'est "cousin" qui est correct);
peut-être même l'analogie graphique de ^LXJË (?3UX-O) et de 33^s a-t-elle
aidé à faire sortir Fïrïïz de Qaidu.]
— Victor GOLOUBEW, L'âge du bronze au Tonkin et dans le Nord-Annam,
sd [1930], gr. in-8, 46 pages et 32 pi, hors texte. (_Extr. du BEFEO, XXIX,
1929 (paru en fait en 1930). Dans ce bel article, M. G, part des bronzes
trouvés à x)ông-so'n dans le Thanh-hoâ, et qui donnent un repère sûr de
lieu et de temps pour un art dont les monuments les plus curieux sont les
fameux tambours de bronze. On a fait des bronzes de ce type au Thanh-hoâ
LIVRES REÇUS. 441
sous les Han; voilà qui est désormais acquis sans doute possible, et tels dé-
cors de guerriers de ces tambours se retrouvent eu particuliers sur des haches;
j'ajouterai qu'un oiseau du type de ceux des tambours figure
sur un vase de
bronze de la collection Pouyanne actuellement déposé
au Musée Guimet (cf.
supra, p 384). Des bronzes de type chiuois garantissent l'époque Han dans
certains cas; il y aurait lieu de mentionner à ce propos la bouilloire Han
de la collection Pouyanne en "cuivre de Si-yu"
que j'ai signalée dans
Toung Pao, 1929, 120. Certains points particulièrement importants deman-
deront des confirmations nouvelles: il me paraît incertain
que les débuts de
l'art du bronze de l'ancien Kieou-tchen coïncident vraiment avec la campagne
de Ma Yuan (p. 41). Par ailleurs, le rapprochement entre certains motifs des
tambours de bronze et ceux de dotaku japonais (p. 40) pourrait peut-être être
appujré par la composition même de ces bronzes, qui ont
un aspect assez
différent de celui des bronzes proprement chinois; et il serait évidemment
capital de pouvoir y joindre des parentés linguistiques entre le japonais et
les langues de i'Insulinde et de l'Océanie, mais il me semble prématuré de
trouver dans les rapprochements tentés par M. Matsumoto la preuve d'"affi-
nités indiscutables". Enfin j'admets moins facilement que l'auteur que des
tambours trouvés tant au Laos qu'à Java aient été "fondus et ciselés dans
un atelier indigène du Thanli-hoâ antique" (p. 45); le petit tambour de Java
dont parle M. G. dans la note des pp. 44—45 semble être le tambour-miniature
reproduit maintenant dans Oudheidkundig Verslag 1929, pi. 40 (cf. aussi
Tijdschrift v. Ind. Taal-, 1930, 141); mais précisément, comme M. G. l'indique,
ce tambour, en dépit d'une parenté évidente avec les petits tambours du
Thanh-hoâ, s'en distingue par une caisse plus allongée. Si on devait donner
le nom d'"art de Dông-so'n" à l'art dont les tambours de bronze sont les
monuments les plus importants, il ne faudrait donc pas être dupe des mots;
cette dénomination serait provisoirement analogue à tant d'autres adoptées
pour distinguer les diverses phases des civilisations préhistoriques; elle ca-
ractériserait un type qui s'est rencontré largement à x)ông-so'n, mais dont
on. ne peut encore affirmer qu'il s'y soit créé et que ce soit de là qu'il ait
rayonné.]
— Fernand GRENÂRD, Baber, fondateur de Vempire des Indes,
1483—1530,
Paris, Firmin-Didot, 1930, in-12, vr + 183 pages, avec 9 pi. [Fait partie de
la collection Vies. Narration très vivante, faite de première main par quelqu'un
qui connaît bien les textes, le pays et les gens.]
—
T )1l W H HlRÀFUKU Hyakusui, 0 ^ jl ffî H§ 3fc Nihon
yogwa no shokô ("L'aube de la peinture occidentale au Japon"), Tokyo, 1930,
in-folio, 1 + 1 + 3 ffnch + 79 + 3 + 4 pages, avec 30 planches en cou-
leurs; tiré à 300 exemplaires; 30 yen. [Somptueuse publication sur les débuts
de l'art l'occidental au Japon, principalement sous l'influence hollandaise.]
Lewis HODODS, Folkways in China, Londres, A. Probsthain, 1929, in-12,
—
IX _|_ 248 pages, avec 18 pi. hors texte. [= Probsthain''s Oriental Séries, XVIII;
12 sh. 6d. M. HODOUS a été longtemps missionnaire en Chine, surtout au
Foukien, mais il a également visité le Chansi, le Houpei, le Hounan. Attaché
442 LIVRES REÇUS.
1° *5c ipf ^
titre donné à la dernière collection de ses écrits. Le deux pen comprennent:
3|§ O y' Vao-che ("Déchiffrement du vase de O "):- ^
s'agit d'un très beau vase sorti de terre assez récemment; le couvercle a une
inscription de 115 caractères; le vase lui-même en a 116; le nom de l'auteur
du vase est inexpliqué ; le vase a été fabriqué au moyen des dons faits à l'auteur
par un descendant du duc de Tcheou. — 2° fj| ÉP jj^fc J2^ f§£ f$j ]E
Si-yin sing-che tcheng pou-tcheng ("Supplément au Répertoire des noms de
famille qui figurent sur des cachets"). Le Répertoire publié par M. Lo en 1915
était basé sur le dépouillement des catalogues de 46 collections de cachets
anciens; le présent supplément dépouille 20 autres catalogues, dont cinq
8° iffi Jp||^
leçons qui doivent sûrement l'emporter sur celles du texte traditionnel.
^fff Ti-fan Mao-pou ("Supplément aux Notes critiques
—
sur le
Ti fan"). M. Lo avait publié ses Notes critiques en 1924, en comparant le texte
du Yong-lo ta-tien et celui d'une éd. japonaise de la période kwambun
(1661—1673); il a connu ensuite un ancien rouleau mss. appartenant à
M. Kojima, et en indique ici les variantes. On sait que le Ti- fan oeuvre de
LIVRES REÇUS. 445
-^
~y^ ~y^ J^. ^ jfijs 2JS^
l'empereur T'ai-tsong des T'ang, s'est mal conservé en Chine. — 9°
0E ,S°nS' tchan Wen-yuan ying-houa ts'an-pen
mt
kiao-ki ("Notes critiques sur un exemplaire fragmentaire du Wen-yuan ying-
houa gravé sous les Song"). On sait que nous n'atteignons cette monumentale
collection littéraire que par une édition des Ming, dont le texte est assez fautif;
M. Lo donne la collation des en. 231 à 240 d'après l'exemplaire fragmentaire
retrouvé au Nei-ko; l'oeuvre était restée longtemps manuscrite et cette édition,
— Lo Tchen-yu,
6
^^2j5'^^^^^^
du début du XIII siècle, est probablement l'édition princeps.]
H an hi-p'ing che-
king ts'an-tseu tsi-lou ("Recueil des fragments des classiquesgravés sur pierre
dans la période hi-p'ing [172—177] des Han"), 1 ch., avec 1 ch. d'additions;
Han hi-p'ing che-king tsan-ts'eu tsi-lou siu-pien ( $ÊÊ &JS, ), idem, 2e série,
avec 1 ch. d'additions; Han hi-p'ing che-king ts'an-tseu tsi-lou san-pien
( —-. /éS )i idem, 3e série, avec 1 ch. d'additions; 2 pen en tout. [Il s'agit de
fragments des classiques gravés sur pierre à Lo-yang de 175 à 183 (cf.
T'oung Pao, 1924, 1—3). Pendant longtemps, on ne connut que quelques
fragments recueillis sous les Song; mais on en retrouve actuellement un
grand nombre, et M. Lo, à quatre mois d'intervalle, a eu à publier trois
séries, avec chacune un supplément, à mesure qu'il connaissait des fragments
nouveaux. J'ai à peine besoin d'ajouter que les fragments ne donnent rien des
chapitres du "Chou king en kou-wen", puisque ces faux chapitres n'existaient
pas encore en 175—183.]
•—•
Georges MASPERO, Un empire colonial français, L'Indochine, t. II,
L'Indochine française; L'Indochine économique;L'Indochine pittoresque, Paris
et Bruxelles, Van Oest, 1930, in-4, 303 pages, avec 155 figures dans le texte,
et 3 dessins, 24 planches et 5 cartes hors texte. Les 2 vol., 300 francs. [Pour
le 1er vol., cf. T'oung Pao, 1929, 405. Le présent volume complète la très belle
publication rédigée sous la direction de M. G. Maspero. Les collaborateurs
sont cette fois H. BRENIER, Eugène CASENAVE, Auguste CHEVALIER, H. GOURDON,
Georges LAMARRE, H. MARCHAL, G. MASPERO, Pierre PASQUIER, le prince et la
princesse Achille MURÂT.]
— Yi-pao MEI, The ethical andpoliticalworksofMot.se ||j| -^p, Londres,
A. Probsthain, 1929, in-12, xiv + 275 pages. {= Probsthain''s Oriental Séries,
XIX. Cette traduction consciencieuse et indépendante est moins complète que
celle publiée en allemand par M. Forke, car elle laisse de côté non seulement
les sections "militaires" (§ 51—71, déjà abrégées chez M. Forke), mais aussi
les sections de dialectique (§ 40—45), dont il est cependant possible de. donner
aujourd'hui, après Leang K'i-tch'ao, MM. Hou Che, H. Maspero et d'autres,
une meilleure interprétation que M. Forke ne l'avait fait en 1922. M. MEI
est parti naturellement de l'édition critique de Souen Yi-jaug.]
A. MONESTIER, A travers la crise nationaliste, t. I, 1er semestre 1927,
Pékin, Impr. de la "Politique de Pékin", 1928, petit in-8, 4 + 410 pages,
1927, ïbid.,
avec nombr. illustr. dans le texte et hors texte ; t. II, 2° semestre
1928, 462 pages; t. III, 1er semestre 1928, ibid., 1928, 421 pages; t. IV, 2e semestre
446 LIVRES REÇUS.
1928, ibid., 1928, 439 pages; t. V, 1" semestre 1929, ibid., 1929, 578 + 5 pages:
t. VI, 2e semestre 1929, ibid., 1930, 461 + 5 pages; t. VII, 1er semestre 1930»
ibid., 1930, 361 + 5 pages. [Fait partie de la Collection de la "-Politique de
Pékin"- chaque vol., $ 3.00. M. Monestier, directeur de la "Politique de Pékin",
a eu l'excellente idée de réunir là en volumes les chroniques hebdomadaires
qu'il donne dans son journal, en les accompagnant des caricatures chinoises
qui sont un des aspects si pittoresques du nouveau journalisme en Extrême-
Orient. Il y a là, au double point de vue de l'actualité politique et des réactions
quotidiennes de l'esprit chinois en présence d'un kaléidoscope d'influences rivales,
une mine d'informations que les historiens futurs de la jeune Républiquechinoise
consulteront avec un intérêt croissant]
— A. C. MOULE,
Christians in China before ihe yeo.r 1550, Londres, Soc.
for promotiug Christian knowledge, 1930, in-12, xvi + 293 pages, avec 13
planches hors texte. [Livre fondamental.]
— Albert NACHBAUR et WâNoNgen Joûng [ ^ }%^ é^ WANG Ngen-jong],
populaire d'un titre qui n'existait, pas sous les Ming; et ce n'est pas non plus
W& Wt tou-fong
luso-asiâtico, II, 395 et 574; l'original chinois est ^
comme on pourrait le penser d'après Dalgado, Glossârio
^fif* tou-fang;
sur
l'emploi de ce titre sous les Ming, cf. le Ts'eu yuan. Pour la 3° partie, con-
sacrée à l'établissement de Philippe de Brito au Pégou, M. P. s'est servi de
Guerreiro, qui s'arrête en 1609, et a complété le récit jusqu'à la ruine finale
de 1613 au moyen de Faria y Sousa (1666—1675) et de la Decada de Bocarro
achevée en 1635. Mais je suis surpris de ne trouver, ni dans l'Introduction,
ni dans les notes, aucune allusion à une autre source connue depuis long-
temps (cf. par exemple, les indications de Cordier, Bibl. Indosinica, 435—437,
ou de A. Cabaton, Brève et vérid. relat. des évén. du Cambodge, 102—103),
c'est-à-dire au Brève discurso espagnol imprimé à Lisbonne dès 1617 (un ex.
en vente chez Maggs en 1927, cat. 495), dont une traduction portugaise a
été jointe aux éditions portugaises de Pinto en 1711,1725 et 1829. Antérieure-
ment encore, dès 1614, une Relation de las guerras entre les Portugais et les
Pégouans, en 4 pages in-folio, avait été publiée à Séville (un ex. sur même
catalogue de Maggs en 1927; un autre [ou le même?] chez Vindel en 1928).
P. 270: M. P. dit que talapoin vient "probablement" de tala-pattra, talipot, et
ne cite que secondairement, d'après Sir W. Foster, le mon talapoy, mot-à-mot
"seigneur de nous"; mais le seconde explication est seule valable; cf. à ce
sujet A. Coedès, dans BEFEO, XVIII, ix, 7. P. 277: Je ne vois pas comment
"daruré" peut représenter dàrvls, a moins d'une faute de texte chez Guerreiro.]
— Léopold de SAUSSURE, Les Origines de l'astronomie chinoise, Paris,
Mâisonneuve frères, 1930, in-8, x -j- 598 pages, avec préface de G. FERRAND.
[C'est la reproduction photomécanique des articles publiés dans le T'oung Pao
de-1907 à 1922; on sait que la mort a interrompu cette série après la
première partie du "zodiaque lunaire". Telle quelle, il sera précieux de l'avoir
en un volume auquel on a bien fait de donner une pagination continue;
mais il eût valu de laisser entre crochets les paginations originelles, aux-
quelles tous les renvois dans le texte continuent de se rapporter et sans qu'il
y ait même nulle part l'indication des années du T'oung Pao où les divers
articles ont paru. Les idées de Saussure avaient bien évolué sur la fin de sa
vie, et il eût vraisemblablement changé beaucoup à ses premiers articles.
Parti de l'indépendance de l'astronomie chinoise, il aboutissait à faire venir
celle-ci du monde indo-iranien à date très ancienne. Sa lettre du 2 juillet
1925, que M. Ferrand reproduit dans sa préface, est caractéristique de cette
attitude nouvelle; mais il n'est pas certain qu'il s'y fût tenu rigidement s'il
eût vécu.]
— Emile SENART, Chândogya-wpanisad, trad. et
annotée, Paris, Les
Belles-Lettres, 1930, in-12, xxm + 121 + 142 pages, avec un portr. en héliogr. ;
30 francs. [Inaugure brillamment la Collection Emile Senart, publiée par
l'Institut de Civilis. indienne de l'Univ. de Paris sous le patronage de la
Société Asiatique et de l'Association Guillaume Budé. Le principe de la
collection est de publier des textes hindous en romanisation, avec traduction
française vis à vis. La présente traduction a été trouvée prête pour l'im-
448 LIVRES REÇUS.
Winter
27° M. Walleser, Die Sekten des alten Buddhismus, Heidelberg,
(Muséum, Maandblad voor Philologie en Geschiedenis, 3D 6 jaaig-, ^ ^
;
Georges BO"OTLLASD.
Georges BOUILLARD est mort le 5 septembre 1930 dans ce Pékin qu'il
aimait et où sa vie d'homme s'est presque toute passée: il repose à ses portes,
dans le vieux cimetière de Cha-lan-eul (Chala).
Né en 1862, Bouillard avait passé par l'Ecole Centrale, puis débuté comme
ingénieur aux chemins de fer du Nord; c'est de là qu'il partit en 1898 pour
la construction de la première grande ligne chinoise, le King-Han, ou chemin
de fer de Pékin à Hank'eou. L'insurrection des Boxeurs le surprit avec son
personnel à Tch'ang-sin-tieu, où je fus des quelques uns qui l'allèrent chercher;
le siège des Légations lui valut la croix de la Légion d'honneur. Il reprit
ensuite ses fonctions, tant comme ingénieur en chef du Kiog-han qu'ensuite
comme conseiller technique du gouvernement chinois: même une fois libre
de toute attache officielle, après 27 ans de service, il resta à Pékin où il
s'était construit une résidence à son goût et d'où il pouvait rayonner pour
poursuivre ses travaux de cartographie, de topographie et d'archéologie.
Bouillard ne poussa jamais très loin l'étude de la langue chinoise écrite; il
se faisait traduire les textes; mais il les contrôlait par l'étude directe des
sites et des monuments. A ce titre, ses publications donnent une masse
d'indications et de précisions qu'on chercherait vainement, ailleurs. Je suis
mal placé pour établir une bibliographie complète de ses travaux, et en outre
j'ai eu autrefois connaissance de rapports et de projets techniques qui n'ont
pas été imprimés. Dans le domaine qui intéresse plus particulièrement les
études chinoises, il faut faire une place à part d'un côté à ses cartes de la
région de Pékin et des régions traversées par le réseau des chemins de fer,
de l'autre à ses monographies des environs de Pékin parues dans La Chine
de M. Nachbaur; les tirages à part de ces dernières sont épuisées: Bouillard
m'écrivait il y a quelques mois pour me consulter sur un projet de réédition
qui n'a pas abouti. Il était correspondant de l'École française d'Extrême-Orient
depuis 1916.
Voici quelques indications bibliographiques, assez incomplètes:
NECROLOGIE. 455
1° Les Chemins de fer en Chine (Rev. gén. des Chemins de fer, mai 1900,
430—438, avec 1 carte).
2°.(en collaboration avec le commandant VAUDESCAL)Les sépultures impériales
des Ming (Che-san ling). [B.E.F.E.O, XX, m, 128 pages et 44 planches
;
cf. mon compte rendu de T'oung Pao, 1922, 57—66.]
3° Péking et ses environs. Première série: Le Yang Shan[^t [U Yang-chan]
et ses temples (avec 8 cartes et plans), dessins de J. Ruedolf, Pékin,
A. Nachbaur, 1921, in-8, 42 pages non chiffrées et 8 pi. hors texte, dont
les planches I—VII en couleurs et 1 pi. en noir non chiffrée.
4° Deuxième série: Un temple bouddhiste: Kie T'ai Sze [-E& lÊt ^
Kiai-
t'ai-sseu], Pékin, A. Nachbaur, 1922, in-8, 34 pages non chiffrées, 2 pi.
en couleurs (VIII—IX) e't 4 pi. en noir.
5° Troisième série: Les Tombeaux Impériaux des Dynasties Ming et Ts'ing
(avec cartes et plans), Pékin, A. Nachbaur, 1922, in-8, 23 ffnch. imprimés
à la chinoise d'un seul côté et plies à la chinoise, et 108 pages nch., avec
14 pi. en couleur (I—XIV; mais pi. V n'existe pas; il y a 2 états de la
pi. VIII, et deux pi. XI sans rapports entre elles) 2).
6° Quatrième série: Le Temple du Ciel, Pékin, A. Nachbaur, 1923, in-8, 38
ffnch. imprimés et plies à la chinoise, et 11 pages nch., avec 11 pi. nch.
en noir. [Basé en partie, comme les n03 suivants, sur des notes publiées
par Vaudescal avant la guerre dans le Journal de Pékin. Donne entre
autres la parole et la musique de neuf hymnes exécutées lors des sacri-
fices au Temple du Ciel.]
7° Cinquième série: Le Temple de la Terre, Les Temples du Soleil et de la
Lune, Le Temple de VAgriculture, Pékin, A. Nachbaur, 1923, in-8,24 ffnch.
la plupart imprimés et plies à la chinoise, avec 10 pi.
8° Sixième série: Le Temple de Pi Yùn Sze [3g- fjg ==fe Pi-yun-sseu], Pékin,
A. Nachbaur, 1923, in-8, 21 pages nch., avec 7 pi. en noir et un grand
plan en couleurs.
9° Septième série: Hsiang Shan [^]J£ [Jj Hiang-chan] ou Parc de Chasse,
Pékin, A. Nachbaur, 1923, in-8, 46 pages nch., avec 10 pi. en noir et en
rouge et un grand plan en couleurs.
10° Huitième série : Les Temples autour du Hsiang Shan : Tien fai sze [ ^Ç
-fc ^T'ien-t'ai-sseu], Wo fo sze [ g\ ^^ Wo-fo-sseu], SI yu sze
[?§ $$$ TF Si-yu-sseu], etc., Pékin, A. Nachbaur, 1923, in-8, 77 pages
nch. 16 pi. en noir et 3 grands plans en couleurs. [La partie relative
au Si-yu-sseu est marquée en réalité "14e série", et se retrouve en effet
dans cette dernière dont elle constitue le en. 4.]
11° Neuvième série : Le Temple lamaïste de Yung Ho Kung ou Temple des Lamas,
Pékin, A. Nachbaur, 1924, in-8, 86 pages nch., avec 6 planches et 2 plans.
12° Dixième série: Tsing Ming Yuan [^0^ (gj ] (La Fontaine de Jade),
Pékin, A. Nachbaur, 1925, in-8, 76 pages nch., avec 9 planches et 3 plans
(ceux-ci appelés "Planches" I, III et IV).
^
-13° Quatorzième série1): Environs Sud-Ouest: She King Shan
[^Jpj ^
Che-king-chan], Yun Kiù Sze \JÊt jjî~ Yun-kiu-sseu], Tung Yù Sze.
[jfC W§ ^f Tong-yu-sseu], Si Yù Sze [Si-yu-sseu], Pékin, A. Nachbaur.
1924, in-8, 76 pages nch., avec 12 planches en noir et 5 cartes et plans
en couleurs. [Le Che-king-ehan est important à raison de ses dalles
d'écritures bouddhiques, sur lesquelles cf. Vaudescal, dans .TA, 1914, I,
375—459; la brochure de Bouillard a de bons plans et des photographies
intéressantes.]
14° Quinzième série: Environs Sud-Ouest: Tien K'ai Shan [ -^
pg [ ( [ 1,
Ku Shen [ gft |_|j ], Shan Fang Shan [ J^ J§ [_[j ], Tow Shuai Sze
[ 5TJ ^ ^f ] et ies grottes de Yun Shui tung [WÈt ~jj^ */|p] J, Pékin,
A. Nachbauer, 1924, in-8, 54 pages nch., avec 11 planches en noir et 5
grands plans (dont 2 en couleurs).
15° Les Grottes de Yûn Shui T'icng [Yun-chouei-tongJ du Shang Fang Shan.
[Réimprimé de Bull, of the Geol. Soc. of China, III, 2 (1924), 147—152,
avec 4 planches.]
16° Les grands vins de France: Bordelais, Bourgogne, Champagne, Pékin.
A. Nachbauer, 1924, in-8, 28 pages nch., avec 3 cartes hors texte.
[Bouillard, gourmet, avait une cave réputée à Pékin.]
17° Notes diverses sur les cultes en Chine: Les ornements rituels des temples
lamaïques et buddhiques, Pékin, Nachbaur, 1924, in-8, 10 pages nch.
18° Notes diverses sur les cultes en Chine: Les attitudes des Buddhas, Pékin,
Nachbaur, 1924, in-8, 28 pages nch. avec 5 planches. [Les 10 premières
pages reproduisent le n° 17.]
19° Carte des environs de Peking au 1/25.000e, en 20 feuilles, avec 1 feuille
d'assemblage au l/200.000e. [La préparation en a duré de 1902 à 1923;
le dessin des minutes et le tirage sont de 1922—1923; 6 couleurs. Le lieu
du tirage n'est pas indiqué; je crois (malgré T'oung Pao, 1926, 406) que
Bouillard fit lithographie)- les cartes sous ses yeux. La feuille d'assemblage
indique, comme agents de vente, La Librairie Française, Tientsin et Pékin.
C'est le meilleur document cartographique sur la région.]
20° Carte au l/i00.000e des régions traversées par les chemins de fer. Peu
après la publication de la Carte des environs de Péking, le Ministère des
communications demanda à Bouillard d'établir des cartes analogues pour
toutes les régions traversées par le réseau des chemins de fer chinois.
Entreprise formidable et qu'il était au-dessus des forces d'un homme de
1) Les séries 11, 12 et 13 n'ont pas été publiées; la série 14 avait paru immé-
diatement ajarès la série 8.
NÉCROLOGIE. 457
Antoine CHARIGHTON.
Antoine J. H. CHARIGNON est mort très prématurément à Pékin le 17 août
1930; né à Châteaudouble (Drôme) le 22 septembre 1872, il allait seulement
avoir 58 ans. Ingénieur des arts et manufactures, Charignon était venu en
Chine en 1898, la même année que Bouillard, pour travailler aux constructions
de chemins de fer; il fut en poste au Yunnan, sur le King-Han, sur le Long-hai :
puis, en 1908, il fut nommé conseiller technique du gouvernement chinois.
Marié à la fille de Léon Médard, le fondateur de l'école française de Foutcheou,
qui était chinoise par sa mère, Charignon fut un des tout premiers Européens
à se faire naturaliser Chinois. Mais il restait Français de coeur. Lors de la
guerre, il revint servir en France, et reçut la croix de la Légion d'honneur
comme commandant d'artillerie; même après l'armistice, il accompagna le
général Janin en Sibérie. Puis il revint à Pékin; mais il avait été gazé, et,
comme tant d'autres, il est tombé, après coup, victime du conflit qui semblait
l'avoir épargné.
En 1914, Charignon avait publié un bon livre sur Les Chemins de
fer chinois, qui était à la fois un exposé du présent et un programme
458 NÉCROLOGIE.
d'avenir >). Mais c'est surtout après la guerre qu'il se voua à la sinologie et
entreprit en particulier les recherches qui, après quelques essais préliminaires,
aboutirent aux trois volumes de son Marco Polo (1924, 1926 et 1928) 2). J'ai
l'occasion de dire dans le T'oung Pao (1928, 156—169), à propos des deux
eu
premiers volumes, tout le labeur que comportait l'utilisation des sources
chinoises par Charignon, mais aussi les raisons qui, dans des cas fréquents,
avaient frappé cet effort de stérilité. Charignon, qui était la conscience et la
loyauté mêmes, a tenu compte de mes remarques dans son troisième volume.
En tout cas, et bien que je ne puisse me rallier à nombre de ses hypothèses,
il reste beaucoup à glaner dans ses notes et parfois, comme par exemple
dans la question si controversée de Ckigin-talas, ses solutions me paraissent
nettement préférables à celles de ses prédécesseurs. J'ai connu d'autres tra-
vaux manuscrits de Charignon, sur Chô-p'o qui ne serait pas Java, mais la
péninsule malaise, sur Zaïtun qui ne serait pas Ts'iuan-tcheou, mais Canton :
conclusions où je ne pouvais le suivre, et il n'y aura pas, je crois, d'intérêt
à publier les mémoires où elles sont développées. Charignon a été obligé par
les circonstances de travailler en isolé, et ses résultats s'en sont ressentis;
mais on ne peut que s'incliner devant le zèle et la probité de son effort.
P. Pelliot.
W. BARTHOLD.
A tous les deuils de cette sombre année 1930, il faut encore ajouter la
disparition de W. BARTHOLD (V. Y. BARTOL'D), mort à Leningrad le 20 août
1930. Bien que, comme philologue, Barthold appartienne à l'Asie antérieure
et non à l'Extrême-Orient, il fut avant tout un historien et, comme tel, se
tint toujours minutieusement informé de ce qui se publiait dans le domaine
des études asiatiques en général. D'une activité prodigieuse, il a travaillé
su)- le terrain comme archéologue, et surtout il a énormément publié. Ses
livres sont de grande valeur, tel ce Turkestan à l'époque de l'invasion mongole
qui le classa en 1900 au premier rang des historiens de l'Asie travaillant
directement sur les sources imprimées et manuscrites; j'ai eu récemment
l'occasion de m'occuper longuement de cet ouvrage fondamental (T'oung Pao,
1930, 11-—56) à propos de la traduction anglaise, mise à jour par l'auteur',
qui en a été publiée en 1928 dans le UE. J. W. Gibb Mémorial" Séries. Mais,
outre ses livres, Barthold a donné une masse de mémoires et d'articles aux pério-
diques russes et étrangers les plus divers, à Leningrad, à Moscou, à Tachkend,
en Allemagne, et jusqu'en Turquie. En particulier, les articles qu'il a écrits
pour l'Encyclopédie de VIslam sont pleins de renseignements nouveaux ou
représentent des synthèses d'informations que nul n'avait groupées aussi
richement avant lui. Et il n'est pas jusqu'à ses comptes rendus, parfois très
développés, qui n'aient souvent l'importance d'un mémoire original. Tant par
l'étendue des connaissances que par la pénétration et la netteté de l'esprit
critique, l'oeuvre de Barthold est d'une solidité et d'une variété exceptionnelles.
Ce grand savant laisse vide une place que nul n'est préparé à occuper comme
lui. Et il vaut peut-être de rappeler que, par la loyauté, le désintéressement
et le courage, l'homme fut chez lui à la hauteur du savant.
P. Pelliot.
INDEX ALPHABÉTIQUE.
A.
Page
Abe Fusajiro, Shôrai-kwan kinsho 448
Academia Sinica; ses publications 222
Adler (E. N.), Jewish Travellers 435
Age (L') du bronze au Tonkin et dans le Nord-Annam, par V. Goloubew 440
Ambassade (V) de Manoel de Saldanha à Pékin, par P. Pelliot
Andrada (Ruy Freyre de); ses "Commentaires"
.... 421
436
Arderme de Tizac (Mme d'); pseudonyme: Viollis (Andrée)
As, "nourriture"; n'est pas d'origine iranienne
.... 449
285
Asie (L') ancienne centrale et sud-orientale cVaprès Ptolémée, par A. Berthelot 435
Authenticity (The) of ancient Chinese texts, par B. Karlgren 221
A%ai et a%dicin, "esclave" 49
A~ nrâli es a tôrôk nyelvek ôsi kapcsolata, par G. Németh 227
B.
Bagchi (Prabodh Chandra), Deux lexiques sanskrit-chinois 109
Baraq (prince); la vraie forme de son nom n'est pas Borrâq 339
Barthold (AV.); notes sur son ouvrage Turkestan clown to the Mongol
invasion 12
—, nécrologie par P. Pelliot 458
Beki (bàki) et begi (bâgi) 49
Benedetto (L. F.), Di uno scritto poco noto del P. Ippolito Desideri . 110
Berg (C. C), Rangga Lawe 217
Bei'thGlot (André), L'Asie ancienne centrale et sud-orientale d'après
Ptolémée 435
Bodde-Hodgkinson (C. B.), Willem Ysbrantsz Bontekoe 436
Bôgàiil, bàkàiil 26
Bonin (Charles Eudesj, nécrologie par P. Pelliot 235
Bontekoe (Willem Ysbrantsz), par C. B. Bodde-Hodgkinson et P. Geyl 436
'Bouillard (Georges), nécrologie, par P. Pelliot .
454
Boxer (C. R ), Commentaries of Ruy Freyre de Andrada 436
Bratiann (G. I.), Recherches sur le commerce génois dans la Mer Noire
au XIII» siècle 203
Bronzes {Les) de la collection Eumorfopoulos publiés par W. P. Yetts (I et II),
par Paul Pelliot 358
INDEX ALPHABÉTIQUE. 461
c.
Charignon (Antoine), nécrologie par P. Pelliot Page
457
Chouo-wen; sa date et son histoire
365
Chronicles (The) of the East India Company
trading to China, t. V, par
H. B. Morse
62
Classiques (Les) sur pierre de 175—183
445
Clavijo, Embassy to Tamerlane 1403—1406,
Côl et côlgâ
par Guy Le Strange ... 443
^g
Collection (La) mongole de Schilling
von Canstadt à la Bibliothèque de
l'Institut, par Louis. Ligeti 119
Commentâmes of Buy Freyre de Andrada,
par C. R, Boxer 436
Courtois (Frédéric), nécrologie par P. Pelliot 245
Customary Law of the Mongol tribes,
par V. A. Riasanovsky 229
D.
Demiéville (Paul), Sur l'authenticité du Ta tch'eng k'i sin louen 218
Desideri (Ippolito); mémoire de lui étudié par L. F. Benedetto . .
110
. . .
Deux lexiques sanskrit-chinois, par Pr. Ch. Bagchi 109
Dirr (Alfred), nécrologie, par Paul Pelliot 245
Dupront (A.), P.-A. Huet et l'exégèse comparatiste au XVIIe siècle 437
Duyvendak (J. J. L.), nécrologie de M. W. de Visser .
451
E.
Eastem Art, t. II 438
Ebersolt (Jean). Orient et Occident 218
Ein Fùrstenspiegel: Da.s Sin-yii des Lu Kia, par A. von Gabain
Elisséev (S.), notice sur Gengo to bungaku .... 429
213
Erkes (Ed.), Die Spraehe des alten Ch'u 1
Ethical (The) and political works of Motse, par Yi-pao Mei 445
Eumorfopouios (Georges); bronzes de sa collection publiés par W. P. Tetts 358
P.
Fail (Der) Erich Schmitt, par Vincent Hundhausen 220
Figurines (Les) de la céramique funéraire, par C. Hentze 211
Folkways in China,, par L. Hodous 441
Forke (Alfred), Geschichte der alten chinesischen Philosophie
Poster (Sir W.), Thomas Herbert, Travels in Persia 1627—1629
....
...
91
438
Francke (A. H.), nécrologie par P. Pelliot 243
Fruhling und Eerbst des Lu Bu We, par R. Wilhelm 68
G.
Gabain Ein Fùrstenspiegel : Das Sin-yû des Lu Kia
( A. von), ....
G-ardner (Ch. S.), A modem System for the romanization of Chinese
429
219
Gengo to bungaku, publié par l'Université Taihoku de Formose .... .
213
462 INDEX ALPHABÉTIQUE.
Page
Geschichte der alien chinesischen Philosophie, par A. Forke '91
Geyl (P ), Willem Ysbrantsz Bontekoe 436
Gibb (H. A. R.), Ibn-Battûta, Travels in Asia and Africa 439
Gluck (Heinricb), nécrologie par P. Pelliot 244
Goloubew (V.), L'âge du bronze au Tonkin et dans le Nord-Annam . 440
Gx'ousset (René), Sur les traces du Bouddha 106
Grura-Grzimaïlo (G. E.), Zapadnaya Mongoliya i Uryankhaïskiïkraï, t. III 219
Guerreiro ; ses cinq Relaçam 446
Gyôkan-roku, par Suzuki Torao 116
H.
Han Jti-p'ing che-king ts'an-iseu tsi-lou, par Lo Tcben-jru 445
Hartner (AV.), Note sur le calendrier de Lu Pou-wei 85
Hentze (Cari), Les figurines de la céramique funéraire 211
Herbert (Thomas), Travels in Persia 1627—1629, par Sir W. Foster . . 438
Hethum (le moine arménien) 448
Histoire secrète des Mongols (Un passage altéré dans 1') 199
Hiu Yeou-jen; auteur de l'inscription de 1346 à Karakorum 228
Hiuan-tsang; le nom turc des "Mille Sources" dans sa Relation
Hodous (Lewis), Folkways in China
.... 188
441
Hou-fou, ou "tailles au tigre" 397
Hou-k'eou ts'ing-ts'en ou kôkô-dàbtâr 39, 195
Huet (P.-A.) et l'exégèse comparatiste au XVIIe siècle, par A. Dupront 437
.
Hundhausen (Vincent), Der Fall Erich Schmitt 220
Husain (Yusuf), L'Inde mystique au Moyen Age 220
I.
"Iascot" de Guillaume de Rubrouck = yastuq 190
Ibn-Bo,tlûta, Travels in Asia and Africa 1325—1354, par H. A. R. Gibbs 439
Inde (U) mystique au Moyen Age, par Yusuf Husain 220
Introductian (An) io the I yu Vu chih, par A. C. Moule 179
J.
Jade (étymologie du mot) 299
Jahangïr and the Jesuits, par C. H. Payne 446
Jewish Travellers, par E. N. Adler 435
K.
Kabtàût 30
Karakorum (inscription de 1346 à) 228
Karlgren (B.), The authenticity of ancient Chinese texts 221
— Some fecundity symbols in ancient China 442
Kàsiktàn (kàsiktàn) 27
Keng-tche t'oa de Tsiao Ping-tcheng .--'.'TTi,
' i. 224
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SOMMAIRE.
Pages
Louis LifiETi, La collection mongole Schilling von Canstadt à la bibliothèque
de l'Institut 119
•
A. G. MOULE, An introduction to the I yù t'u chih 179.
Mélanges: Le nom turc des "Mille Sources" chez Iiiuan-tsang, par P. Pelliot 189
Le prétendu mot "iascof chez Guillaume de Rubrouck, par P. Pelliot 190
Sur yam ou ]am, "relais postal", par P. Pelliot
Les hôkô-dàblàr et les SP ^ .
jffi hou-k'eou ts'ing-ts'eu, par P.
192
Pelliot 195
Un passage altéré dans le texte mongol ancien de YHistoire secrète
des Mongols., par P. Pelliot -...
Bibliographie : G. I. Bratianu, Recherches sur le commerce génois dans la
Mer Noire au XlIIe siècle] G. Hentze, Les figurines de la céramique
199
AVIS.
— Il sera rendu compte de tous les ouvrages dont un exemplaire
aura été envoyé au Directeur.
—
Le Directeur ne prend pas la responsabilité des opinions émises
par les collaborateurs de la Revue.
— Les Auteurs ont droit à un tirage à part à 25 exemplaires
de leurs articles. Ils peuvent obtenir des exemplaires supplémentaires
au prix de 10 cents par feuille d'impression et par exemplaire pourvu
que l'imprimeur soit avisé avec le bon à tirer.
— D'écrire les articles en gros caractères latin et d'une manière
très lisible, si possible à la machine à écrire.
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Çhing-Sh.an. — Diary, being a Chinese account of the boxer troubles.
Published and translated by J. J. L. DUYVENDAK. 1925. 8° 7.50
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Fêng-Shên-Yên-I. — Die Metamorphosen der Goetter. Historisch-Mytholo-
gischer Roman aus dem Chinesischen. Uebersetzung der Kapittel l'bis 46,
von. WILHELM GRUBE, duvch eine Inhaltsangabe der Kap. 47 bis 100 ergânzt,
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Harlez, C. de, Vocabulaire Bouddhique Sanscrit-Chinois V||
.'. Han-Fan Tsih-yao. Précis de doctrine bouddhique. 8°
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Hirth, Fr., Scraps from a collector's note hook, being notes on some chinese
painters of the présent Dynastjr with appendices on some old masters and
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Hoffmann, J. J., Japanische Sprachlehre. 1877. gr. 8° 11.—
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.— A Japanese grammar. 2d edit. 1876. gr. S0, doth ,,
12.—
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toriens Chinois. 1—20 .,
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Parallélisme en Style chinois, démontrée par la préface du
Si-Yù-Ki (.[Jlj jïfr sR)- La traduction de cette préface par feu Stanislas
Yulien défendue contre la nouvelle traduction du Père A. Gueluy. 8° 6.—
„
"jj§ 5fe|J T'OUNGr PAO, Archives pour servir à l'Etude de l'Histoire des
Langues, de la Géographie et de l'Ethnographie de l'Asie Orientale (Chine,
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GUST. SCHLEGEL, H. CORDIER, ED. CHAVANNES et PAUL PELLIOT. le Série.
Vol. 1—X; 2me Série. Vol. I—XIII L'année „ 12.—
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(OPPOSITE THE
SOMMAIRE.
Pages
Paul Sur la légende d'Uyuz-khan en écriture ouigoure . . . 247
PELLIOT,
Paul PELLIOT, Les bronzes de la collection Eumorfopoulos publiés, par
M. W. P. Yetts (1 et II) 359
Paul PELLIOT, Arnold Yissière 407
AVIS.
— Il sera rendu compte de tous les ouvrages dont un exemplaire
aura été envoyé au Directeur.
—
Le Directeur ne prend pas la responsabilité des opinions émises
par les collaborateurs de la Revue.
— Les Auteurs ont droit à un tirage à part à -25
exemplaires
de leurs articles. Ils peuvent obtenir des exemplaires supplémentaires
au prix de 10 cents par feuille d'impression et par exemplaire pourvu
que l'imprimeur soit avisé avec le bon à tirer.
— Prière d'écrire les articles en gros
caractères latins et d'une
manière très lisible, si possible à la machine à écrire.
BruiJi, A. Gr. de, Introduction to modem Chinese. 8°. 3 Vol. FI. 14.—
. .
Ch.ing-Sh.an. — Diary, tieing a Chinese accouut of the boxer troubles.
Published and translated by J. J. L. DUYVENDAK. 1925. 8° 7.50
. . ,, .
3?êng-Shên-Yên-I.— Die Metamorphosen der Goetter. Historisch-Mytholo-
gisclier Roman aus dem Chinesischen. Uebersetzung der Kapittel 1 bis 46,
von WILHELM. GRUBE, durch eine Inhaltsangabe der Kap. 47 bis 100 ergânzt,
eingeléitet und herausgegeben von HERBERT MUELLER. Band I 1er und 2e>-
.
Halbband. 1912. gt\ in-4° 17.50
„
^Tariez, C. de, Vocabulaire Bouddhique Sanscrit-Chinois Vm ^^ 4tk 1SL
Han-Fan Tsih-yao. Précis de doctrine bouddhique. 8° 1.75
,
Hirth, Fr., Scraps from a collector's note book, being notes on some chinese
art historians. 1905. (IV. 135. With 21 pi.) 8°
Hoffmann, J. J., Japanische Spracblehre. 1877. gr. 8°
........
painters of the présent ï)ynasty with appendices on some old rnasters and
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11.—
Leinwand •„ 12.—
— A Japanese grammar. 2d edit. 1876. gr. 8°. cloth ,,
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La loi du Parallélisme en Style chinois, démontrée par la préface du
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(jjlîj jjjfr !§E)' La traduction de cette préface par feu Stanislas
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