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Metallurgie Soudage
Metallurgie Soudage
SOUDABILITE
Claude PHILIP
Objectifs du cours :
La notion de soudabilité est difficile à définir, car elle fait appel à de nombreux
paramètres. On a trop souvent tendance à ramener la soudabilité à une étude du
matériau. En fait, la soudabilité est l'interaction de trois facteurs :
le matériau,
le procédé de soudage,
la construction.
En effet, un matériau n'aura pas le même comportement suivant qu'on le soude
à l'arc électrique ou au faisceau d'électrons. De même, les conditions d'utilisation
de la construction introduiront des contraintes sur la qualité exigée et donc sur
celle de l'étude du comportement du matériau.
Prérequis :
Notion de métallurgie
Notion de soudage
Version :
16/08/07
SOMMAIRE
Notions de soudabilité p. 3
Introduction p. 3
Principaux facteurs de la soudabilité p. 5
Aspects thermiques du soudage p. 9
Approche globale p. 9
Objectifs de l'analyse thermique du soudage p. 11
Cycles thermiques p. 16
Aspects thermomécaniques du soudage p. 25
Génèses des contraintes et des déformations p. 25
Déformations au cours du soudage p. 29
contraintes dans les assemblages soudés p. 37
Aspects physico-chimiques du soudage P. 44
Formation du bain de fusion p. 44
Elaboration du bain de fusion p. 50
Aspects métallurgiques du soudage P. 57
Introduction p. 57
Transformations au chauffage p. 58
Transformations au refroidissement p. 59
Particularités liées au soudage p. 60
Dureté sous cordon p. 62
Endommagement des soudures P. 65
Fissures p. 65
Arrachement lamellaire p. 66
Fissuration à froid p. 70
Lexique P. 82
Bibliographie P. 84
1 NOTION DE SOUDABILITE
1.1 Introduction
Composantes du soudage
FIGURE 1
Facteurs de la soudabilité
TABLEAU 1
A ces facteurs il y a lieu d'intégrer le facteur humain, à savoir la formation (ou qualification) et
la responsabilisation des opérateurs de soudage.
1.2.1 Métal de base
La composition du métal de base et la teneur en impuretés ont une influence capitale sur le
comportement du matériau.
L'ingénieur doit analysé l'influence de chaque élément sur le soudage, comme par exemple
dans le tableau 2 pour un acier au C-Mn.
Un certain nombre d'outils (formules paramétriques, abaques,..) permettent de prendre en
compte l'influence de la composition chimique, citons à titre d'exemple :
le carbone équivalent,
la dureté sous cordon,
paramètre de fissuration à froid,
les courbes de fissuration,
sensibilité à l'arrachement lamellaire,
sensibilité à la fissuration à chaud,
...
div (k . grad T) + qi = ρ c dT
dt
avec :
k conductivité thermique
qi source interne
ρ densité du solide
c chaleur spécifique
Régime quasi-stationnaire
Dans le cas du soudage de proche en proche, il existe une période durant laquelle la
répartition thermique est considérée dans le même système d'axes, ne dépend plus
du temps. Cette étape est dite "quasi-stationnaire", c'est à dire stationnaire dans le
système d'axes mobile.
T = f(x,y,z)
Couplage
FIGURE 3
Les principaux phénomènes ayant une action sur la répartition de la température dans les tôles
et dans le bain sont les suivants :
Apport de chaleur par l'intermédiaire de l'arc.
Echauffement interne par effet Joule.
Transfert interne de chaleur par convection forcée (dans le bain) et par conduction
(dans le métal solide).
Pertes par convection et rayonnement en surface des pièces.
Chaleur latente à l'interface liquide-solide.
Répartition thermique
FIGURE 4
Déterminer les régimes thermiques, c'est à dire donner en un point de la pièce soudée
le cycle thermique (Figure 5) : c'est à dire la variation de température du point
considéré en fonction du temps T = f(t). On déterminera en particulier :
la température maximale Tm atteinte,
le temps de maintien t au-dessus d'une température critique Tc,
la loi de refroidissement qui sera représentée par le temps de
refroidissement entre deux températures, 800°C et 500°C par exemple.
Cycle thermique
FIGURE 5
Dans la pluparts des applications on peut se contenter d'une approche analytique avec des
hypothèses simplifiées:
Propriétés physiques du matériaux constantes
Conditions adiabatiques (pas de pertes en surfaces)
Pas de sources internes par effet Joule (sauf évidement pour le soudage par résistance)
Source de chaleur ponctuelle
Etat quasi-stationnaire
Pas de transfert de métal
La figure 6 montre un exemple de résolution à partir de ces hypothèses.
On ne considère en général que la deuxième étape, ce qui revient à négliger les périodes
d'amorçage et d'extinction des soudures.
Cet état permet d'introduire la notion de solide thermique (Figure 7) représentant l'état des
température autour de la source de soudage.
Les coupes par des plans parallèles au cordon donnent les cycles thermiques.
Les coupes par des plans perpendiculaires au cordon donnent les répartitions
thermiques.
Dans ces méthodes des hypothèses simplificatrices sont nécessaires afin de faciliter la
résolution. En général, ces hypothèses concernent :
Le nombre de phases en présence. Souvent seule la résolution de la conduction est
envisagée, ce qui revient à négliger la zone liquide.
Les propriétés thermiques du matériau. Elles peuvent être supposées constantes ou
présentées des lois de variation difficiles à obtenir surtout à haute température.
La source de chaleur Q. Elle est supposée ponctuelle ou de forme gaussienne.
Solide thermique
FIGURE 7
De nombreuses résolution ont été proposées par des méthodes analytiques ou numériques.
Dans ce qui suit nous présentons un exemple de résolution tiré des étude de Rosenthal et
Rykaline
2.2.3.2 Répartition thermique
Dans l'état quasi-stationnaire, la répartition de température à un point P(x,y,z) d'un corps
semi-infini est donnée par l'expression (Figure 8) :
q -v(x+ r)/2a
2π k r e
T(x, y,z) =
où
q est l'énergie de la source de soudage (J/s)
k est la conductivité thermique du matériau (J/cm.s.°C)
a est la diffusivité thermique du matériau (cm2/s)
v la vitesse de déplacement de la source de soudage (cm/s)
r2 = x2 + y2 + z2
De l'expression précédente on peut tirer les expressions de la répartition pour les tôles
épaisses (Epaisseur infinie) et les tôles minces.
Tôles épaisses
La répartition de la température est obtenue par superposition des températures
correspondantes à des corps semi-infinis. L'expression de cette répartition est donnée
par :
q
∑
-v(x+ rn)/2a
T(x, y,z) =
2π k rn e
où :
rn2 = x2 + y2 + (z - 2nδ)2
Tôles minces
Dans ce cas, l'expression devient :
q -v.x/2a
T(x, y,z) =
2π k r e K0(r)
où :
K0 Fonction de Bessel d'ordre 0 de seconde espèce
r2 = x2 + y2
Il est donc important de maîtriser les composantes principales du soudage qui conduisent à un
cycle thermique déterminé.
Durée de refroidissement
FIGURE 10
Dans ce qui suit, il faut considérer les pièces comme les parties froides d'un système dont la
partie chaude est la soudure.
Pour un procédé de soudage donné, les paramètres exerçant une influence sur la durée de
refroidissement sont (Figure 11) :
les propriétés thermiques du matériau,
la température initiales des pièces,
la massivité de la pièce,
l'énergie de soudage.
Influence de l'épaisseur
FIGURE 12
Influence de la préparation
FIGURE 13
Les travaux de Rykaline ont permis de proposer une méthode simplifiée basée sur
l'introduction du concept d'énergie équivalente, définie par un coefficient d'équivalence Kf qui
tient compte du type de joint.
L'énergie équivalente Eeq est à partir de l'énergie efficace Eeff par :
Eeq = Eeff . Kf
Les joints soudés peuvent être classés en deux catégories :
les joints bout à bout avec ou sans chanfrein
les assemblages a recouvrement ou en angle
emin emin
0 0,25 0,5 0,75 1
emax emax
K 1 0,88 0,80 0,72 0,67
Facteur de forme K
Forme
45° 60° 75° 90°
Coefficients d'équivalence Kf
TABLEAU 3
Une diminution de la température initiale se traduit par les effets inverses. D'où les
précautions à prendre lors du soudage par temps froid (dégourdissage).
Tôles minces
2
tr800− 500 = 0,24 Eeq 1 1 - 1
e 4π k ρ 5 c5 (500 - T0) ρ 8 c8 (800 - T0)
avec :
Eeq énergie équivalente en J/cm
e épaisseur de la pièce en cm
k diffusivité thermique en cm2/s
T0 température initiale des tôles
ρ5 et ρ8 masse volumique à 500 et 800°C en kg/cm3
c5 et c8 chaleur massique à 500 et 800°C en cal/kg.°C
2.3.3.2 Abaque
La détermination de tr800-500 peut également se faire avec un abaque (Figure 15).
La figure 16 montre un exemple d'utilisation de cet abaque.
On étudie dans ce cas un assemblage en Té soudé dans les conditions suivantes:
Energie équivalente : 15KJ/cm
Température de préchauffage : 200°c
Les flèches indiquent l'utilisation de l'abaque :
Entrée de l'épaisseur et de l'énergie
Décalage pour tenir compte de la température de préchauffage
Détermination du tr
Apres interpolation entre deux courbes on obtient un tr de 13s.
Abaque de refroidissement
FIGURE 15
Par ailleurs, chaque passe provoque une régénération structurale de métal fondu et du métal
de base (pour les aciers possédant un point de transformation allotropique).
Pour un point situé dans la zone affectée par la dernière passe, on note que :
le cycle le plus sévère est le dernier,
ce cycle est moins sévère que celui du point situé près du premier cordon,
il n'y a pas régénération de la structure.
Soudage multipasses
FIGURE 17
Les propriétés physiques et mécaniques des matériaux varient fortement avec la température.
La figure 19 schématise la variation de la déformation élastique εe pour un acier doux
(absence de transformation métallurgique). On a superposé à cette courbe celle de la
déformation thermique εth.
Cas n°1
FIGURE 20
Refroidissement
Il y a annulation des contraintes et apparition d'un retrait dans le cas d'une plastification
au cours du chauffage
Annulation des contraintes σr = 0
Apparition d'un retrait εr = εp
Cas n°2
FIGURE 21
Cas n°3
FIGURE 22
Figure 23
Types de retraits
Séquence de soudage
Il existe un ordre d'exécution des soudures pour lequel les déformations sont minimisées.
La détermination de cet enchaînement n'est pas toujours facile à mettre au point. Il
existe tout de même quelques règles simples à respecter.
Energie de soudage
L'action de l'énergie de soudage sur les déformations dépend :
de la valeur de l'énergie de soudage (Une forte énergie est défavorable),
de la concentration de cette énergie (Un chauffage hétérogène est défavorable),
de la symétrie du chauffage (Une dissymétrie est défavorable).
Température des pièces
Une traitement de préchauffage, par l'homogénéisation que températures qu'il apporte,
est favorable à la limitation des déformations.
3.2.2.4 Facteurs de bridage
Les facteurs de bridage d'une soudure sont de deux types :
la rigidité de la pièce,
le montage de soudage.
Une augmentation du bridage entraînera par opposition une augmentation des contraintes
internes et donc du risque de fissuration.
3.2.3 Prévision des déformations
La prévision des déformations est nécessaire afin de pouvoir les corriger par :
prédéformation inverse,
bridage avec déformation élastique opposée,
séquence de soudage optimale,
chaude de retrait.
Les différentes méthodes permettant la prévision des déformations sont classées en trois
catégories :
les bases de données,
les formulations paramétriques,
les simulations numériques.
3.2.3.1 Bases de données
Ces bases de données sont issus d'essais expérimentaux ou de mesures en situation réelle.
Elles se présentent le plus souvent, sous la forme d'abaque.
A titre d'exemple, nous donnons un abaque pour la prévision des déformations de la semelle
d'une poutre en acier (Figure 28).
avec
Rt retrait transversal
s surface transversale de la zone fondue
e épaisseur des pièces soudées
Retrait longitudinal
avec
Rl retrait longitudinal
s surface de la section normale du cordon
L longueur du cordon
d distance à la fibre neutre de l'assemblage
I moment d'inertie
Déformation angulaire d'une poutre
∆i = 0,51 [L a1,3 / e2 ]
avec
∆i déplacement de l'extrémité de l'aile
L longueur de l'aile
a profondeur de gorge de la soudure
e épaisseur de l'aile considérée
Conception de la construction
FIGURE 29
Prédéformation
FIGURE 30
Séquence de soudage
FIGURE 31
Montage de soudage
Afin d'éviter les déformations les éléments sont assemblés sur des montages de soudage
ou mannequins. Les rôles de ces montages sont les suivants :
mise en place rapide et précise des éléments à assembler,
accessibilité aux joints,
résistance aux déformations,
évacuation de la chaleur,
évacuation de l'ensemble soudé.
Dans le cas de pièces plus simple ou de grande dimension, le bridage des pièces peut
également se faire :
sur un marbre,
en bridant deux pièces identiques.
Martelage
FIGURE 32
Redressage mécaniques
Le redressage mécanique d'ensembles déformés se fait à la presse à froid ou à chaud
suivant :
le matériau et son épaisseur,
l'importance des déformations,
la morphologie de la construction.
C'est une opération délicate qui risque dans certains cas d'endommager la construction
par apparition de fissures par exemple.
Chaudes de retrait (Figure 33)
La méthode consiste en une opération de chauffage rapide et localisée de certaines zones
des pièces, afin d'obtenir au refroidissement une contraction locale du métal aux endroits
qui ont été chauffés. Cette contraction entraîne donc une déformation provoquant :
un formage si la pièce était sans déformation,
un redressage si la pièce était préalablement déformée.
Les chaudes de retrait se pratiquent le plus souvent manuellement avec une source de
chaleur :
soit se déplaçant en ligne, soit immobile ou animée d'un mouvement circulaire,
provenant soit d'un flamme, soit d'un chauffage par induction.
Le phénomène entraîne :
l'apparition de contraintes résiduelles,
des modifications des propriétés du métal par surchauffe, vieillissement et revenu.
Pour ces raisons, il est nécessaire de maîtriser les paramètres des chaudes de retrait :
cycle thermique,
dimension de la zone chauffée.
Chaudes de retrait
FIGURE 33
Intensité de bridage
FIGURE 37
Kb est la force transversale nécessaire (par unité de longueur) pour rapprocher les bords à
souder d'une unité de longueur. Kb s'exprime en daN/mm.mm. Elle est fonction :
du module d'élasticité du matériau,
de l'épaisseur e des tôles,
de la longueur libre l.
Si σs > Re, on suppose que le métal fondu est parfaitement plastique On a alors :
σs = Re
La détermination de se fait :
soit, expérimentalement (Figure 39),
soit, par calcul numérique.
Un grenaillage
Un effet identique est obtenu par projection de grenaille (billes ou fragments d'acier dur)
sur la surface du cordon (Figure 40).
Les paramètres opératoires sont :
la nature de la grenaille,
la vitesse et l'angle d'impact de la grenaille,
le temps de grenaillage.
Les épaisseurs mises en compression sont plus faibles que dans le cas du martelage
(Quelques 1/10 de mm).
Grenaillage
FIGURE 40
Dans le cas d'un régime quasi-stationnaire, la variation d'énergie interne est nulle. L'énergie
nécessaire à la fusion du métal est équivalente à celle libérée par la solidification du bain.
L'énergie de l'arc compense alors les pertes à la surface du bain et la conduction dans le métal
de base.
4.1.2 Formation du bain de fusion
4.1.2.1 Physique de formation du bain de fusion
La forme du bain de soudure, et en particulier sa profondeur conditionne la qualité de
l'assemblage. La morphologie du bain dépend de nombreux facteurs, les plus importants
étant :
l'arc électrique, sa forme, sa température,
les mouvements du métal liquide dans le bain.
Le bain de fusion est soumis a un ensemble de forces internes ou externes (Figure 42) :
gravité,
pression de l'arc,
forces électromagnétiques,
tension superficielle.
Les principaux phénomènes ayant une action sur la répartition de la température dans les tôles
et dans le bain sont les suivants :
apport de chaleur par l'intermédiaire de l'arc,
échauffement interne par effet Joule,
transfert interne de chaleur par convection forcée (dans le bain) et par conduction
(dans le métal solide),
pertes par convection et rayonnement en surface des pièces,
chaleur latente à l'interface liquide-solide.
La distribution de température T dans le métal liquide est régie par une équation du type
convection-diffusion :
v .∇ T= χ ∆ T
avec :
χ diffusivité thermique du matériau
Convection électromagnétique
Figure 43
Tension superficielle
Figure 44
Effet Marangoni
La valeur de la tension superficielle γ d'un liquide est fonction de la température. La
présence d'un fort gradient de température dans le bain entraîne la formation d'un
gradient de tension superficielle provoquant un mouvement du métal liquide. Le métal se
déplace des régions à basse tension superficielle vers celle à tension superficielle élevée.
Effet Marangoni
Figure 45
4.1.2.4 Résolution
Afin de connaître l'influence des phénomènes de convection dans le bain de fusion, il est
nécessaire de faire une étude couplée de tous les phénomènes (Electromagnétisme,
mécanique des fluides et thermique). Toutefois cette modélisation du comportement du bain
demande une simplification importante
Les hypothèses de calcul généralement admises sont les suivantes :
La géométrie est supposée de révolution et les grandeurs sont définies par rapport à un
repère cylindrique (r,θ,z).
Le régime thermique est permanent, ce qui revient à maintenir un arc statique. Une
telle hypothèse donne une idée partielle du régime établi.
Le bord de la tôle est à température fixe.
Les propriétés physiques, hormis la tension superficielle, ne dépendent pas de la
température.
Les grandeurs électriques et hydrodynamiques sont découplées.
La figure 46 montre la schématisation de la géométrie et les principales conditions aux
limites.
z
u.n=0
j = j (r)
Ω = 1/ ρ ν . δ γ / δ r z 0
δ T/ δ r = 0 T = T0 r
j =0
z
δ T/ δ z = 0
Pression de l'arc
Un arc électrique exerce sur la surface du bain une pression qui influence sa forme, en
particulier sa pénétration (Figure 47). Cette pression est issue de trois composantes :
la force électromagnétique,
le bombardement électronique,
le jet de plasma (la plus importante).
Les différents facteurs influençant cette action sont les suivants :
l'intensité,
l'état de surface de l'électrode,
la géométrie de l'électrode,
la longueur de l'arc,
la gaz de protection.
La distribution de la pression peut être représentée par une forme gaussienne :
p(r) = P0 exp [-3(r/r0)2]
avec :
P0 Pression maxi
r0 rayon définissant la région recevant 95% de la pression
Transfert de métal
Pour certains procédés, le métal d'apport est transféré vers le bain de fusion sous forme
de gouttes. L'action de ces dernières sur le bain contribue à créer un mouvement
supplémentaire. La nature et la vitesse de ce mouvement dépendent :
du rapport de la masse de métal d'apport et de celle du métal de base,
de la vitesse de soudage,
de l'orientation de l'arc par rapport à la normale au bain.
Réactions chimiques
Figure 49
Pertes d'éléments
Figure 50
Influence du procédé
TABLEAU 4
Dilution
Figure 51
Cristallographie
Figure 52
Soudage multipasses
Le caractère épitaxique de la solidification se retrouve aussi dans le cas de soudage
multipasses.
Dans le cas d'alliages exempt de points de transformations allotropiques (Alliages
légers, aciers inoxydables austénitiques,...) le cycle thermique de chaque passe
ne modifie pas la structure de solidification de la précédente (figure 53-a). Au
contraire, le réseau cristallin du métal en cours de solidification s'édifie en
s'orientant sur le métal antérieurement déposé.
Dans le cas contraire (Aciers faiblement alliés,...) chaque passe régénère
structurellement une partie du métal déposé précédemment (figure 53-b).
Soudage multipasses
Figure 53
Vitesse de solidification
Dans la plupart des cas, la solidification dans le bain de fusion se fait à vitesse variable R.
Elle est directement reliée à la vitesse de soudage Vs par la relation (figure 54) :
R = Vs cos ϕ
La vitesse commence au point A avec une vitesse nulle et croit au fur et à mesure que le
grain se développe pour atteindre son maximum en B.
Pour une vitesse de soudage Vs faible la solidification suit facilement le bain de
fusion. Les grains s'incurvent pour devenir parallèles à la ligne de soudage au
milieu du cordon.
Pour une vitesse Vs élevée, les grains se développent transversalement, afin que
la vitesse R reste inférieure à un maximum.
Vitesse de solidification
Figure 54
Surfusion
La structure de solidification dépend de l'importance de la surfusion constitutionnelle
provoquée par l'existence d'une couche liquide ségréguée au contact de l'interface.
Pour une surfusion faible, la solidification s'opère suivant une structure basaltique. A
l'opposé pour des ségrégations importantes, la solidification est du type dendritique
(figure 55).
Surfusion
Figure 55
Soufflures
Les soufflures sont parmi les défauts les plus courants dans les soudures. Elles
proviennent de l'emprisonnement de gaz lors de la solidification. Leur formation est
fonction de :
de la quantité de gaz dissous, en liaison avec la protection,
de la vitesse de soudage.
Retassures
La contraction de la plupart des métaux au moment de la solidification, provoque la
formation de retassures situées à l'endroit où se trouvait la dernière fraction de métal
liquide.
La retassure n'apparaît pas si la cristallisation s'oriente vers le haut (figure 57). Par
contre pour les soudures plus étroites et plus profondes, les cristaux croissent
horizontalement vers l'intérieur en provoquant la formation d'une retassure.
Ces phénomènes sont nombreux et variés, il n'est donc pas question de faire une étude
exhaustive de tous les problèmes métallurgiques apparaissant sur tous les matériaux,
mais de montrer ces transformations pour un acier non allié ou faiblement allié.
5.1 Introduction
La figure 58 schématise les phénomènes métallurgiques intervenant au cours d'un cycle de
soudage. Le cycle thermique peut être divis‚ en deux périodes : le chauffage et le
refroidissement.
La première période est caractérisée par la vitesse de chauffage Vc et par la température
maximale Tm atteinte.
L'importance de la zone affectée par l'élévation de température est fonction pour un
matériau et une pièce donnés, de l'énergie de soudage et de la température initiale des
pièces.
Cette élévation de température va se traduire par l'apparition d'une zone austénitisée
(ZAT) définie pour les aciers par l'inégalité : Tm > Ac3 (A c3 étant fonction des conditions
de chauffage).
Le chauffage se traduit par les phénomènes suivants :
austénitisation,
recristallisation
grossissement du grain,
dissolution des carbures.
5.2.1 Austénitisation
La formation de l'austénite à partir de la perlite devient possible après une faible surchauffe
au-dessus du point Ac1. Cette formation s'explique par le fait qu'au-dessus de Ac1 l'énergie libre
de l'austénite est plus faible que celle du mélange α + Fe3C.
L'austénite obtenue sera caractérisée par son homogénéité, la présence ou non de carbures
résiduels, la grosseur des grains.
5.2.2 Recristallisation
Il s'agit d'une réorganisation du réseau cristallin et donc des grains d'un alliage, par suite d'un
échauffement à partir d'un état écroui. Ce phénomène s'opère avec la température avec les
phases suivantes :
pour une température dite de recristallisation, apparition de germes,
à partir de ces germes, recristallisation primaire avec des grains fins,
pour des températures plus ‚levées recristallisation secondaire et surchauffe.
La taille du grain obtenu est fonction :
de la température atteinte,
du taux d'écrouissage initial.
5.2.3 Grossissement du grain
Le grossissement du grain commence à une température légèrement supérieure à Ac3, puis se
prolonge jusqu'à une température critique
Thermodynamiquement, la croissance du grain austénitique s'explique par la tendance du
système à diminuer l'énergie libre par réduction de la surface enveloppe des grains.
Les grains grossissent en accaparant d'autres grains plus petits, donc moins stables du point
de vue thermodynamique.
Le grossissement du grain est fonction :
de la température,
du temps de maintien,
des éléments d'alliage.
5.2.4 Dissolution des carbures
La présence d'éléments d'alliage carburigènes se traduit par l'obtention de carbures précipités
dont la composition peut être variable suivant celle de l'alliage. Au cours du chauffage, ces
carbures se mettent en général en solution dans un certain domaine de températures. Mais
cette mise en solution peut être précédée d'un changement de composition des carbures.
Pour des conditions de chauffage imposées (vitesse essentiellement), le décalage des points de
dissolution vers les hautes températures est d'autant plus important que les carbures initiaux
sont plus gros, plus globulaires et ont une composition plus proche de l'état d'équilibre.
Il faut noter également le fait que dans le soudage multipasse, ces zones peuvent être
totalement ou partiellement détruites.
Courbes TRC-S
FIGURE 62
La dureté sous cordon est un moyen simple de connaître de façon approchée les structures et
les propriétés dans la ZAT. On trace donc une courbe donnant la dureté en fonction du
paramètre de refroidissement (Figure 64).
Cette courbe peut être tracée à partir de cas réel de soudage ou lors de la réalisation d'essais.
Courbe dureté-tr800-500
FIGURE 64
La mesure de la dureté sous cordon (Figure 65) fait l'objet de la norme NF A 81-460. L'essai
consiste à :
prélever par usinage une éprouvette constituée par une section droite du joint
considéré,
réaliser un polissage micrographique afin d'identifier la zone à gros grains du métal de
base thermiquement affecté,
effectuer, dans cette zone, une série de mesures de dureté Vickers sous une charge de
49,2N.
La valeur à retenir pour la dureté sous cordon est la moyenne des trois valeurs les plus
élevées.
6.1 Fissures
6.1.1 Description
Il s'agit de décohésion pouvant apparaître dans l'une quelconque des zones d'une soudure
(Zone fondue, zone de liaison, zone affectée thermiquement, métal de base). Ces fissures
(Figure 66) sont classées :
soit, suivant leur zone d'apparition et leur orientation,
soit, suivant leur mécanisme de formation.
Exemples de fissures
FIGURE 66
Arrachement lamellaire
FIGURE 67
Joints sensibles
FIGURE 70
6.2.3 Essais
Des essais de soudabilité ont été étudiés pour évaluer la sensibilité à l'arrachement lamellaire.
On distingue :
les essais en conditions réelles,
les essais de traction dans les sens travers courts (Essai en H, essai FARRAR,...),
les essais de pliage (Essais Cranfield,...),
les essais de résilience.
6.2.4 Prévention
6.2.4.1 Conception du joint
Dans la mesure du possible, il faut :
revoir le tracé de la région critique de l'ensemble soudé,
modifier la préparation du joint,
afin de réduire le niveau de contrainte et d'éviter une orientation perpendiculaire au plan de la
tôle (figure 71).
Conception du joint
FIGURE 71
Séquence de soudage
FIGURE 72
Beurrage
Cette technique consiste à déposer sur le matériau critique une couche de métal
présentant un fort allongement (Acier austénitique, nickel) afin de réduire la transmission
des sollicitations (figure 73).
Beurrage
FIGURE 73
Dans ce but, il convient d'étudier chronologiquement ces transformations suivant une coupe
longitudinale, afin de situer les positions des isothermes correspondantes à ces
transformations, à savoir :
isothermes TZF de transformation du métal fondue,
isothermes TZAT de transformation du métal de la ZAT.
Cas d'un métal d'apport non trempant
Dans ce cas :
le métal fondu subit une transformation perlitique à haute température
le métal de base subit une transformation martensitique à basse température
Les phénomènes se produisent dans l'ordre chronologique suivant :
1. Solidification du bain de fusion
2. Transformation perlitique de la ZF
3. Transformation martensitique de la ZAT
Cas d'un métal d'apport trempant
Dans ce cas :
le métal fondu subit une transformation martensitique à basse température
le métal de base moins trempant peut subir une transformation perlitique à haute
température
Essais CTS
L'essai CTS (Sévérité thermique contrôlée) s'exécute sur deux plaques de l'acier à tester.
La procédure est la suivante (Figure 80) :
serrage par boulon des deux plaques,
solidarisation des deux plaques par les deux soudures de fixation F1 et F2,
réalisation des cordons d'essais C1 et C2,
prélèvement et analyse des échantillons sur C1 et C2.
Les résultats de l'essai CTS peuvent être rendus relativement quantitatifs par la notion de
sévérité thermique.
Essai CTS
FIGURE 80
Ces essais ont permis de tracer les courbes limites de fissuration d'un acier (Figure 83).
Courbes de fissuration
FIGURE 83
Démarche d'étude
FIGURE 84
La détermination du t100c se fait par l'intermédiaire du paramètre de fissuration Pw. Pour tout
apport de chaleur supérieur à 6KJ/cm, on a :
t100c(s) = 2238 Pw - 562
avec
Pw = Pcm + H/60 + Kb/40.103
Pcm = C + Si/30 + (Mn + Cu + Cr)/20 + Ni/60 + Mo/15 + V/10
H taux d'hydrogène dans le métal fondu (ml/100gr)
Kb intensité de bridage
Démarche d'étude
FIGURE 86
7 Lexique
Arrachement lamellaire Lamellar cracking or tearing
Austénitisation Austenitizing
Bain de fusion Weld pool, Molten pool
Bainite Bainite
Beurrage Buttering
Bridage Restraint
Champ magnétique Magnetic flux
Chaude de retrait Flame-shrinking
Chauffage Heating
Conductivité électrique Electric conductivity
Conductivité thermique Thermal conductivity
Contrainte Stress
Contrainte résiduelle Residual stress
Cristallographie Crystallography
Cycle thermique Temperature curves
Déformation Distorsion, strain
Densité de courant Current density
Diffusivité thermique Thermal conductivity
Dilution Dilution
Dissolution de carbures Carbide dissolution
Effet Marangoni Marangoni effect
Essais mécaniques Mechanical tests
Fissuration à chaud Hot cracking
Fissuration à froid Cold cracking
Fissuration au réchauffage Reheat cracking
Flux thermique Heat flow
Force électromagnétique Electromagnetic force
Grossissement du grain Grain growth
Inclusion Inclusion
Intensité de bridage Intensity of restraint
Martensite Martensite
Montage de soudage Fixture
Pénétration Penetration, Depth of fusion
Perlite Pearlite
Perméabilité magnétique Magnetic permeability
Porosité Porosity
Pression de l'arc Arc pressure
Recristallisation Recrystallization
Refroidissement Cooling
Relaxation des contraintes Stress relieving
Retassure Pipe
Retrait angulaire Angular shrinkage
Retrait longitudinal Longitudinal shrinkage
Retrait transversal Transverse shrinkage
Séquence de soudage Sequence welds
Solidification Solidification
Soudabilité Weldability
Soudage discontinu Intermittent welding
Soudage multipasses Multipass welding
8 Bibliographie
R. BAUS, W. CHAPEAU
Application du soudage aux constructions
EYROLLES
J. CORNU
Notions fondamentales
Traité de soudage automatique
HERMES
J.P. FERTE
Brasage-diffusion
Soudage et Techniques Connexes
Vol 48; n°9/10; 1994
H. GRANJON
Bases métallurgiques du soudage
Publications de la Soudure Autogène
EYROLLES
Mécanosoudage
Conception - Fabrication
Publication du CETIM
Metals Handbook
Volume 6
Welding and brazing