Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Quelles conséquences
pour les entreprises
et leurs acheteurs.
1
1 – LES ENTREPRISES FACE A LA CRISE SANITAIRE
Traverser la crise sanitaire sans « y laisser sa peau », telle est certainement l'ambition de toutes
les entreprises et de leurs salariés qui, pour y parvenir doivent compter sur leurs propres
moyens même si certains pays mettent en place des mesures d’aide financières, de report de
charges, pour empêcher les entreprises de déposer le bilan et pour soutenir l’emploi.
Il n'y a pas de recette miracle, il faudra surtout pouvoir s'adapter et faire face à toutes les
difficultés économiques engendrées par ce virus.
Certaines entreprises et les sous-traitants, compte tenu de leur niveau de stocks continuent à
produire mais jusqu’à quand ?
D’autres, trop dépendantes de pays comme la Chine, subissent de plein fouet l’arrêt de leurs
approvisionnements et de leurs chaînes de production.
Les entreprises qui ont des trésoreries fragiles vont-elles pouvoir tenir malgré un carnet de
commandes rempli ?
Autre mesure : l'autorité bancaire va assouplir les conditions d'octroi et de renégociation des
prêts destinés aux « petites et moyennes entreprises ». Enfin, elle autorise les banques à opérer
temporairement en dessous des exigences de fonds propres et de liquidité en vigueur.
Compte tenu de cette situation et malgré l’intervention de la BCE et des gouvernements des
différents pays européens, les banques vont-elles durcir les conditions d’octroi des découverts
ou de crédits ? Cela représenterait un réel danger pour les entreprises et notamment les PME.
2
1.2 - La situation actuelle de nos entreprises
Aujourd’hui les grandes entreprises peuvent disposer de moyens pour faire face à la crise, il
n’en est pas de même pour les PME qui manquent de trésorerie.
Face à cette crise sanitaire, les PME sont les plus exposées, le danger réside surtout au sein des
entreprises qui se sont endettées du fait de la reprise économique et qui, aujourd’hui, doivent
faire face à des dépenses importantes non compensées par des recettes immédiates.
Pour une PME qui attend le paiement d’un client, le risque est de voir le délai de paiement de
son client s’allonger par manque de liquidités. A son tour, la PME éprouvera des difficultés à
payer ses fournisseurs et pourra se retrouver dans une situation délicate. Cela peut devenir des
faillites en cascade.
Certains gouvernements européens ont précisé qu’ils soutiendront les entreprises « quoiqu’il en
coûte ». Mais auront-ils les moyens et les moyens seront-ils suffisants ?
Il est quasiment certain qu’une partie des TPE ou PME déposera le bilan malgré les aides
qu’apporteront les Etats.
« Si les trésoreries s'écroulent et que les PME ne peuvent plus payer leurs factures à temps, on
court à la catastrophe en chaîne », s'inquiétait en 2009 le président de la Confédération générale
des petites et moyennes entreprises française (CGPME) ». Ne risque-t-on pas, aujourd’hui, de se
retrouver dans la même situation ?
Parmi eux le ministre français de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire qui
souligne "la nécessité impérative de relocaliser un certain nombre d’activités et d’être
plus indépendant sur un certain nombre de chaînes de production".
Laurence BOONE cheffe économiste à l’OCDE précise : « Ce que cette crise a mis en
exergue, c’est la dépendance parfois très forte à un pays comme la Chine, c’est le
manque de diversification dans nos approvisionnements pour les chaînes de
3
production et pour la consommation. Cette crise amènera tous les pays qui sont
touchés à réfléchir. »
Ainsi certains secteurs d’activité ont subi des arrêts de production du fait de l’arrêt
total de l’activité chinoise durant 47 jours, et même si la production semble reprendre
en Chine, le redémarrage prendra un certain temps et à ce temps il conviendra
d’ajouter le délai d’acheminement des pièces ou matières.
Rarement les risques et notamment la sécurité des approvisionnements ont été pris
en compte dans les critères prioritaires du choix du fournisseur. Combien
d’entreprises ont mis en place des plans de sécurisation des approvisionnements
dans lequel un plan B est prévu en cas de défaillance provisoire ou définitive du
fournisseur A ? A ce jour, elles sont très peu nombreuses !
La sécurité des approvisionnements deviendra une des priorités au même niveau que
les critères de prix et de qualité.
Ce plan de sécurisation impactera sur la stratégie achat car elle amènera les
acheteurs à se poser les bonnes questions :
- Quel fournisseur B ?
4
- Quel impact sur le niveau de stock ? Le fournisseur B a-t-il la même réactivité
que le fournisseur A ? Le même délai de fabrication ?
La priorité de certaines entreprises était de réduire les coûts. Aujourd’hui elles vont demander
également aux acheteurs de sécuriser leurs approvisionnements et de manager ce risque.
Dans ce contexte, les directions générales vont compter en partie sur leurs acheteurs. En
première ligne pour réaliser des économies, car la notion de coût demeurera présente, ces
derniers se trouveront néanmoins face à une problématique stratégique : Sécuriser les
approvisionnements sans impacter le coût global !
Les achats devront agir avant tout comme des gestionnaires des risques d’approvisionnement
avec un objectif en vue : assurer la continuité de la production au moindre coût.
Or tous les acheteurs savent que la répartition des quantités entre 2 ou plusieurs fournisseurs,
si elle sécurise les approvisionnements, elle impacte le prix par la division des quantités et le
coût par la multiplication des transports.
Se passer des pays à bas coûts comme fournisseurs uniques sera également un challenge que
les acheteurs devront intégrer.
Enfin ils devront faire face à la volonté de leur entreprise de relocaliser leurs
approvisionnements dans un périmètre plus restreint et cela représentera un travail colossal
pour sourcer des nouveaux fournisseurs, les présélectionner, lancer les appels d’offres,
dépouiller les offres, négocier, faire le choix des fournisseurs, préparer les contrats ou
commandes, suivre la livraison des échantillons pour validation et enfin mettre en place un suivi
de performance de ces nouveaux fournisseurs, tout en assurant le travail courant.
5
2 – LES ACHETEURS FACE A LA SORTIE DE CRISE
Les entreprises et leurs acheteurs devront donc agir de manière coordonnée dans la gestion de
leurs approvisionnements. Mais là ne s’arrêteront pas les problèmes auxquels les acheteurs
seront confrontés !!!!
En effet d’autres, tous aussi importants, seront à prendre en compte pour assurer les
approvisionnements afin de ne pas mettre en péril la pérennité de leur entreprise.
Et quand bien même ils retrouveraient des fournisseurs répondant aux critères définis, leur
agrément et la validation de leurs produits risquent de prendre quelques temps sans tenir
compte des coûts engendrés par ces démarches. Or les clients n’attendront pas, ils
continueront à être exigeants sur les délais de livraison !!!
• Le dépôt de bilan de clients avec des créances qu’ils ne pourront jamais recouvrer
• Une mauvaise cotation par les organismes d’analyse financière d’où un risque de
réduction des lignes de crédit et par conséquent des difficultés à obtenir des matières,
difficultés assorties d’une réduction importante des délais de paiement de leurs propres
fournisseurs.
6
2.4 - Les difficultés d’approvisionnement et le rallongement des délais
des fournisseurs
Pour faire face à la crise, nos propres fournisseurs mais également les fournisseurs de nos
fournisseurs ont été contraints d’ arrêter ou réduire considérablement leur production. Lors de
la reprise, tous ces fournisseurs seront incapables de répondre à la demande dans des délais
initialement fixés, la demande importante des matières premières impactera sur les délais de
livraison.
Les délais fournisseurs se trouvant rallongés, une mise à jour de la base de données
fournisseurs s’avèrera nécessaire dans l’ERP afin de prendre en compte les délais
d’approvisionnement nécessaires à la détermination du point de commande pour la gestion des
stocks.
L’absence de cette mise à jour de cette base pourrait entraîner des retards dans l’émission des
commandes ou des appels de livraison ce qui engendrerait inévitablement une répercussion sur
les délais de livraisons des produits finis aux clients et leur insatisfaction.
Si l’activité reprenait très rapidement dans la plupart des secteurs d’activité, les offres pour les
personnes disponibles sur le marché de l’emploi seraient nombreuses. Les premières
entreprises choisiront les personnes les plus qualifiées. Les autres devront « se contenter » des
moins qualifiées en misant sur une formation « sur le tas » nécessitant une adaptation aux
postes.
Ceci impactera inéluctablement sur la productivité et rallongera les délais de livraison aux
clients.
Ces entreprises n’auront pas matériellement le temps ou ne prendront pas le temps de former
correctement ces personnels ce qui risque d’impacter sur la qualité des produits livrés.
Quant à la non-qualité découverte chez le client, elle génèrera également des coûts c’est un
moindre mal, mais elle risque surtout d’entraîner la perte du client ce qui est bien plus grave !
7
2.6 - La hausse des coûts d’achats
Tout d’abord, la relocalisation des productions chez des fournisseurs européens se traduira en
règle générale par des augmentations de prix, de coûts et éventuellement de délais de livraison.
Les offres d’emploi des personnes qualifiées étant nombreuses, les entreprises devront se
« battre » sur le niveau des salaires pour attirer les personnes les plus qualifiées vers elles.
Cette situation aura pour conséquence l’augmentation des salaires et ainsi l’augmentation des
coûts de production donc des prix de revient des produits finis.
3- CONCLUSION
« Si cela dure deux à trois mois, la récession sera certes brutale et violente mais les
conséquences seront moins fortes qu'en 2008 où des plans de licenciements avaient mis des
millions de gens au chômage, analyse le directeur de Montségur Finance. Si la crise est courte,
l'économie se relèvera rapidement. »
Certains experts assurent que la seule bonne nouvelle ne pourrait venir que d'une sortie de crise
sanitaire.
La situation pour les entreprises et leurs acheteurs s’annonce donc difficile. Ceux qui auront su
anticiper les difficultés à venir et prendre des mesures avant la crise auront les meilleures
chances de « tirer leur épingle du jeu ». Ceux qui auront su tisser des liens forts avec leurs
fournisseurs et qui auront pris en compte les risques d’approvisionnement en répartissant leurs
achats sur au moins deux fournisseurs et sur deux continents différents auront une longueur
d’avance.
Mais il convient cependant de noter que toutes les « cartes » ne sont pas entre les mains des
entreprises et des acheteurs, certains facteurs sont extérieurs : la durée de la crise et la façon
dont la reprise interviendra, sur ces 2 points ni les fournisseurs ni les acheteurs n’en ont la
maîtrise.
Si la durée de la crise est longue, elle génèrera de nombreux problèmes ! Courte, elle les
atténuera !
8
Enfin si la reprise est rapide, elle engendrera d’autres problèmes (capacité de production,
approvisionnement de matières premières, etc.…) Lente, elle les atténuera.
Il sera donc nécessaire pour les entreprises et leurs acheteurs de composer avec l’ensemble de
ces facteurs !
Louis LANGUENOU
Mail : languenou.louis@orange.fr
Sources :
Le Nouvel économiste
Les échos
Le Parisien