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alimentaire en
Tunisie
15 Février 2023
La sécurité alimentaire en Tunisie DGRE
Plan
I. Contexte national actuel : Contraintes sous-jacentes de la crise sanitaire
et la guerre Russo -Ukrainienne
II. L’évolution de la subvention des produits de base
III. La réforme du système de subvention
IV. La stratégie de la Tunisie pour assurer la sécurité alimentaire
V. Conclusion
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La sécurité alimentaire en Tunisie DGRE
A l’addition des dépenses urgentes pour le secteur de la santé et les fonds de soutien
aux entreprises et aux ménages lésés par la crise, le gouvernement a alloué plus que 500
MD pour assurer un stock stratégique des produits de base.
Et alors que les premièrs signes de reprise économique commençaient à se ressentir, la
guerre Russo-Ukrainienne s’est déclenchée au début de l’année 2022 et ses
répercussions ont aggravé la situation économique mondiale. Les premières retombées
se dévoilent dans la flambée des prix internationaux des produits alimentaires, les
perturbations des chaines d’approvisionnement ainsi que la dépréciation du taux de
change du dinar.
Ainsi, le coût d’importation des produits alimentaires de base est devenu très élevé
dépassant les capacités de l’économie à le financer (Les importations alimentaires ont
représenté 10,8% des importations totales en 2022). En effet, la Tunisie importe plus
que 50% de ses besoins. Et par conséquent, Le déficit de la balance commerciale
globale du pays au cours de l’année 2022 a enregistré une hausse de 55,6% avec (-
25216,0 MD) en 2022 contre (-16210,7 MD) en 2021. La balance commerciale
alimentaire a enregistré au cours de l’année 2022 un déficit de 2920,2 MD contre un
déficit de 1942,1 MD durant l’année précédente ; enregistrant ainsi, un taux de
couverture de 67,4% en 2022 contre 70,2% en 2021. La part du déficit de la balance
commerciale alimentaire dans le déficit de la balance commerciale globale a baissé par
rapport à la même période de l’année dernière passant de 12,0% à 11,6%.
Aussi, le niveau élevé de l’inflation a causé la baisse du pouvoir d'achat principalement
pour les couches les plus vulnérables de la population. Malgré les décisions de la BCT
d’augmenter le taux d’intérêt directeur, la Tunisie n’a pu fléchir la tendance haussière
de l’inflation qui a atteint 10.2% en janvier 2023. A ceci s’ajoute les difficultés
financières des PME agricoles et non agricoles et ce facteur ne fait qu’accentuer les
risques budgétaires et aggraver la crise des finances publiques et de l’endettement.
D’autre part, le secteur agricole est confronté à de grands défis en relation avec les
aléas climatiques futurs qui se caractérisent par l’incertitude. La Tunisie, étant un pays
faible en ressources en eau se trouve aujourd’hui exposé à un stress hydrique « élevé ».
Elle est classée 30 sur 164 pays selon le WRI (Institut des ressources mondiales) avec
une moyenne de 420 m³ d’eau par habitant et par an. Cela est dû à la nette baisse des
apports pluviométriques ces dernières années, mais aussi à l’épuisement des ressources
en eau, notamment dans les barrages (selon L'Observatoire National de l'Agriculture-
ONAGRI le taux de remplissage est de 31.1% jusqu'au 13 février 2023). Face aux
changements climatiques d’ampleur, l’eau demeure le facteur le plus déterminant. Et le
défi sera d’assurer les ressources nécessaires pour couvrir les besoins d’irrigation et de
consommation. Compte tenu de l’importance de l’enjeu, une vision stratégique du
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secteur de l’eau à l’horizon 2050 pour la Tunisie a été préparé par L’ONAGRI en
collaboration avec BAD, KFW et GIZ.
Les principaux secteurs exportateurs de l’huile d’olive (représente 41.5% en 2022 des
produits exportés), de dattes (représente 12.6% en 2022 des produits exportés) et des
agrumes (représente 3.7% en 2022 des produits exportés) ont été impacté par la baisse
de la demande internationale.
Étant donnée de ce qui précède, les répercussions de la crise pèsent sur le budget de
l’État et principalement sur les dépenses publiques à travers la compensation des
produits de base mais aussi à cause du recours aux stock de devises pour assurer les
importations primordiales des produits de base.
Encadré 1 : Situation de la Tunisie en matière de sécurité alimentaire
La question de sécurité alimentaire est incluse dans le deuxième objectif de
développement durable (ODD) adopté par l’ONU dans le cadre de l’Agenda 20230 :
Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir
une agriculture durable.
Selon la FAO (l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) «
la sécurité alimentaire existe lorsque tous les citoyens ont, à tout moment, un accès
physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de
satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une
vie saine et active ». Cette définition implique que la sécurité alimentaire est tributaire
de la vérification de quatre dimensions à savoir, la disponibilité, l’accès, l’utilisation et
la stabilité.
Dans ce contexte, L’Indice Global de la Sécurité Alimentaire indique que la Tunisie
est classée 55ème en 2021 (sur 113 pays comparés). Le score global de la Tunisie n’a
augmenté toutefois que de 60 à 62,7% entre 2012 et 2021 avec des variations
importantes d’année en année.
L’indice Global de la Faim classe la Tunisie 22ème sur 116 pays en 2021. Le pays est
en situation jugée confortable par rapport au reste des pays du monde. A ce titre, le
score de la Tunisie est passé de 10.3 en 2000 à 7.0 en 2012 puis à 6.0 en 2021.
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Les facteurs contribuant à cette évolution sont multiples. D’une part, des facteurs
extérieurs tels que l’augmentation sans précédent des prix sur le marché international,
la dépréciation du taux de change du dinar tunisien face au dollar et l’euro. D’autre
part, des facteurs intérieurs notamment l’expansion de la contrebande, du gaspillage et
de la mauvaise utilisation des produits subventionnés ainsi que l’augmentation des
coûts des facteurs de production. A ceci s’ajoute, la stagnation des prix sur le marché
local depuis 2008. En conclusion, un fardeau de plus en plus lourd qui pèse sur le
budget de l’État et d’où la nécessité d’entamer une réforme du système actuel de
subvention
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vérité des prix d’ici 2026, Ce qui réduira le gaspillage et favorisera l’utilisation d’autres
produits substituables.
Un comité de pilotage du projet de réforme a été créer le 8 mars 2022 et chargé de la
mise en œuvre du portail national de ciblage de subvention et qui regroupe des
représentants du ministère des affaires sociales, ministère du commerce, ministère de
l’intérieur, ministère de l’économie et de la planification, ministère des finances ainsi
que le ministère de l’industrie, des mines et de l’énergie.
La direction du portail sera à la charge de la direction générale de la promotion sociale
relevant du ministère des Affaires sociales. Ce portail assurera les services suivants :
La possibilité d’enregistrement à distance ou en présentiel,
La possibilité de modification et/ou la mise à jour des informations personnelles,
Envoi des SMS de validation, de rappel de la date de réception des transferts,
Le choix de recevoir les transferts par un compte bancaire, postale ou
électronique e-wallet
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V. Conclusion :
En Conclusion, il est vrai que la situation actuelle est alarmante. La plupart des
indicateurs sont en orage/rouge. Ceci est visible clairement par la dégradation du
pouvoir d’achat des citoyens face à la flambée des prix, la pénurie de certains produits
sur le marché local, les difficultés de financement des importations, etc.
Néanmoins la conscience des enjeux en premier lieu, et la vision engagée pour les
années à venir en second lieu, sont nécessaires et suffisantes pour calmer les
inquiétudes.
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Références :